Ventre, deuxième cerveau?

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VENTRE, DEUXIEME CERVEAU ?
ANALYSE OSTEOPATHIQUE DU SYSTEME
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Mémoire
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NERVEUX ENTERIQUE DU CHEVAL.
Pour l’obtention du diplôme de l’ESAO en Ostéopathie Animale
Présenté et soutenu publiquement à Lisieux.
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Devant l’European School of Animal Osteopathy.
Le 1er juillet 2015.
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Maître de mémoire : Adrien VINCENT, Thérapeute manuel.
Par
PUCHEU Pauline
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Née le 15 mars 1988, à Le Blanc-Mesnil (93)
Membres du jury
M. Jean-Yves GIRARD, Directeur Général de l’ESAO,
Mme Natacha BERTHON, Directrice Administrative de l’ESAO,
M. Jean-Charles GRANGE, Ostéopathe D.O,
M. Nicolas GRAINDORGE, Docteur en Biologie cellulaire et moléculaire.
REMERCIEMENTS
- À mes parents et mes frères pour avoir été aux petits soins durant ces cinq
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années.
- À Arnaud mon chéri, pour sa confiance, son amour et son soutien
indéfectibles.
- À Régine pour ses vives et justes recommandations.
- À ma famille qui m’a accueillie aux quatre coins de la France lors de mes
CH
séjours de longue durée sur le continent et qui a partagé mes sorties footing,
shopping et « culturing ».
- À Adrien, maître de mémoire, ami et ostéopathe pour ses conseils et ses
relectures avisés.
- À Daniel, ostéopathe pour ses longs et intéressants monologues sur tout sujet
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qui le passionne.
- Au JoHaTeam pour sa bienveillance, sa solidarité et sa motivation sans faille
tant au niveau sportif que psychologique pour franchir convenablement la
ligne d’arrivée.
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- À l’ESAO Brighton et Lisieux, son équipe pédagogique toute entière et
Monsieur Jean-Yves Girard son directeur, pour le riche enseignement et le
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partage d’expériences.
- À mes amies, collègues ostéopathes animaliers passionnées, Cam, Élo, Clio,
Mél pour leur bonne humeur partagée pendant ces cinq années d’étude.
- À Tail, ma minette dévouée, patiente et source d’inspiration.
- À tous les animaux, mes premiers cobayes, mes amis, Câline, Fiby, Océan,
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Horizon, Phlore, Lacouma, Quésako, Utopia, Héros et tous les autres, qui ont
su faire confiance à ma main devenue de plus en plus experte grâce à chacun
d’entre-eux.
- À Sabine, Franck et Pierre pour leur généreux accueil dans leur club hippique
balnéaire à l’Hermitage.
- À tous les transports, aériens, terriens ou sous-terrains pour m’avoir
accompagnée jusqu’à bon port, en toute sécurité.
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PREFACE.
« Rien de grand ne s’est accompli dans le monde sans passion. »
- F. Hegel, Précis de l’encyclopédie des sciences philosophiques (1817), §474 -
Ma volonté de traiter d’un sujet sur le ventre et son étonnant système nerveux,
est née tout naturellement d’un travail fait sur moi-même, depuis maintenant
EU
plus d’un an.
En effet, comprendre les liens entre le ventre (plus particulièrement, les
systèmes digestif et nerveux), l’organisme tout entier et les facteurs extérieurs
influençant ce système m’a permis de lever certaines barrières ; certaines des
limites que mon propre corps avait posées pour me (se) protéger - la Nature
CH
étant bien faite -, j’en ai vite conclus que c’était un moyen de protection. La
mise en place de compensations, à force d’accumulation, provoquait des
troubles récurrents et « incurables » par la médecine générale allopathique.
Après de nombreux tests (alimentaires et émotionnels), soutenus par un
PU
traitement ostéopathique régulier ainsi que par le choix de séances de sport de
meilleure qualité, j’ai enfin pu parler le même langage que mon corps pour
comprendre les signaux de détresse qu’il m’envoyait.
Mes nombreuses recherches sur des orientations variées m’ont fait prendre
conscience de l’importance de la sphère abdominale.
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Combien de personnes souffrent de maux récurrents qui ne sont jamais
éradiqués parce que jamais fouillés à la racine ? Je pense notamment aux
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douleurs abdominales (transit anormal, ballonnements, reflux gastrique) pour
les plus faciles à mettre en relation avec le système digestif ; mais je peux
également citer les douleurs articulaires et/ou musculaires chroniques, les
migraines soudaines, les problèmes de peau agaçants, l’anémie, en passant
par les communes « dorsalgies » et les problèmes psychosomatiques tels que
la dépression ou l’anxiété. Et la liste n’est pas exhaustive.
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Tous ces symptômes sont en général confondus avec d’autres pathologies plus
courantes (comme l’obésité, l’arthrose ou l’acné) qui sont prioritaires lors d’un
diagnostic différentiel classique de la médecine allopathique.
Ma réflexion s’est élargie alors tout naturellement vers « mes futurs patients ».
Qu’en est-il de nos amis les animaux ? Et particulièrement des Chevaux ?
Leur domestication, soumis par l’Homme, et leur utilisation en tant que
coéquipier sportif les soumettent à de fortes émotions (stress, peur, dépression,
joie).
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L’évolution d’une alimentation qui peut s’apparenter aux fast-food humains, de
plus en plus concentrée et de moins en moins naturelle entraînent des
conséquences visibles sur l’organisme.
C’est alors que le corps va mettre en place un système de verrous, appelés
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« compensations », réversibles par la main de l’ostéopathe, mais qui avec le
temps pourront devenir des « adaptations » irréversibles, modifiant la structure
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et donc la fonction du tissu « adapté ».
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TABLE DES MATIERES.
11
• TABLE DES ILLUSTRATIONS ET DES ANNEXES
23
• LISTE DES ABREVIATIONS
29
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• BIBLIOGRAPHIE
• INTRODUCTION
31
• 1.1 Origines du SNE
CH
• PARTIE 1 : SYSTEME NERVEUX ENTERIQUE DU CHEVAL
34
36
36
• 1.1.1.a Le SNE au sein du système nerveux
36
• 1.1.1.b Le SNE au sein du système digestif
39
• 1.1.2 Structure propre du SNE
41
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• 1.1.1 Situation du SNE dans l’organisme
• 1.1.2.a Composition
41
44
• 1.2 Ventre, deuxième cerveau
46
• 1.2.1 Le SNE, indispensable à la survie
48
• 1.2.1.a Une certaine indépendance du SNE
48
• 1.2.1.b Echanges étroits avec le SNC
49
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• 1.1.2.b Développement embryonnaire
52
• 1.2.2.a Apprentissage
52
• 1.2.2.b Compétences
55
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• 1.2.2 Fonctions affines du SNE
• PARTIE 2 : ANALYSE OSTEOPATHIQUE DU SYSTEME NERVEUX
ENTERIQUE DU CHEVAL
61
61
• 2.1.1 Quand la structure gouverne la fonction
63
• 2.1.1.a Digestion enzymatique
63
• 2.1.1.b Digestion microbienne
64
• 2.1.2.b Système musculo-squelettique
• 2.1.2.c Système cardio-circulatoire
• 2.1.2.e Système respiratoire
• 2.1.2.f Système nerveux
• 2.1.2.g Système sensoriel
• 2.1.2.h Système endocrinien
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• 2.1.2.d Système humoral
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• 2.1.2 Inter-relation globale et complexe
• 2.1.2.a Système digestif
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• 2.1. Vision globale centrée sur le SNE : l’unité du corps
66
66
67
70
71
72
73
75
77
79
• 2.1.2.j Systèmes immunitaire et lymphatique
80
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• 2.1.2.i Systèmes urinaire et génital
85
• 2.1.3 a Alimentation du Cheval
85
• 2.1.3.b Environnement du Cheval
93
• 2.1.3.c Activité de l’animal
94
• 2.2 Perturbations du SNE
96
• 2.2.1 Notions de « Maladie » et de « Santé »
96
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• 2.1.3 Facteurs extérieurs
• 2.2.1.a La Santé
96
• 2.2.1.b La Maladie
97
• 2.2.2 Potentiel d’auto-régulation et d’auto-guérison de l’organisme
98
• 2.2.3 Mouvements des viscères
100
• 2.2.3.a Mouvements normaux des viscères
100
• 2.2.3.a Mouvements dysfonctionnels des viscères
104
• PARTIE 3 : APPLICATION OSTEOPATHIQUE A TRAVERS DEUX
TYPES D’AFFECTIONS VISCERALES EQUINES
107
109
• 3.1.1 Définitions du parasitisme interne
109
• 3.1.1.a Définition vétérinaire
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• 3.1 Pathologie infectieuse : parasitisme interne
109
• 3.1.1.b Analyse ostéopathique
112
• 3.1.2.a Traitement allopathique
• 3.1.2.b Traitement ostéopathique
CH
• 3.1.2 Traitements du parasitisme interne
113
113
114
• 3.2 Pathologie émotionnelle : colique due au stress du voyage 123
124
• 3.2.1.a Définition vétérinaire
124
PU
• 3.2.1 Définition et traitement vétérinaires de la pathologie
125
• 3.2.2 Analyse et traitement ostéopathiques de la pathologie
126
• 3.2.2.a Analyse ostéopathique
126
• 3.2.2.b Traitement ostéopathique
128
• CONCLUSION
139
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• 3.2.1.b Traitement allopathique
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• ANNEXES
142
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E
BIBLIOGRAPHIE.
I. FORMAT PAPIER.
AUQUIER Olivier
EU
I.1. OUVRAGES.
Ostéopathie, Principes et applications ostéoarticulaires, éd. Elsevier, 2007.
157 pages.
CH
BARRAL Jean-Pierre et MERCIER Pierre
Manipulations viscérales 1, éd. Elsevier, 2004.
250 pages.
BARONE Robert
PU
Anatomie comparée des Mammifères domestiques, Tome 6, Neurologie I,
Système Nerveux Central, éd. Vigot, 2004.
652 pages.
BARONE Robert
Anatomie comparée des Mammifères domestiques, Tome 7, Neurologie II,
LIN
838 pages.
E
Système Nerveux Périphérique, éd. Vigot, 2010.
BEKOFF Marc
Les Emotions des animaux, éd. Payot et Rivages, 3ème édition, 2013.
280 pages.
CAILLE-EUGÈNE Rachel
PA
U
Une année de bien-être, éd. Hachette, 2015.
255 pages.
JOLY GOMEZ Francesca
L’intestin, notre deuxième cerveau, éd. Marabout, 2014.
317 pages.
!12
KORR Irvin M.
Bases physiologiques de l’ostéopathie, éd. Frison-Roche, 2ème édition, 1982.
EU
209 pages.
LE PETIT LAROUSSE
Dictionnaire, éd. Larousse, 2001.
1851 pages.
CH
LOVING Nancy S.
Nouveau manuel vétérinaire pour propriétaires de chevaux, éd. Vigot, 2ème
édition, 2009.
STILL Andrew Taylor
PU
615 pages.
Philosophie de l’ostéopathie, traduit, présenté et annoté par Pierre Tricot, 3°
édition, éd. Sully, 2007.
318 pages.
STILL Andrew Taylor
E
Philosophie et principes mécaniques de l’ostéopathie, traduit, présenté et
annoté par Pierre Tricot, éd. Sully, 2009.
LIN
366 pages.
TRICOT Pierre
Approche tissulaire de l’ostéopathie, Livre 1, Un modèle du corps conscient, éd.
Sully, 4ème édition, 2002.
PA
U
319 pages.
WOLTER Roger
Alimentation du cheval, éd. France Agricole, 2000.
477 pages.
!13
II.2. ARTICLES DE PRESSE.
BOUNHOL S.
EU
Magazine Valeurs mutualistes
Dossier : Un deuxième cerveau dans le ventre, n°291, juillet/août 2014.
34 pages.
SENDER Elena.
CH
Magazine Science et Avenir
Dossier : Ventre, notre deuxième cerveau, n°784 juin 2012.
82 pages.
Système lymphatique, 2014.
Biomécanique viscérale, 2015.
PU
II.3. COURS ESAO.
E
Philosophie et Ostéopathie, 2010 et 2013.
LIN
Biologie : système endocrinien, 2013.
Biologie : système nerveux, 2014.
Pharmacologie, 2015.
PA
U
Alimentation du Cheval, 2010.
Appareil digestif du Cheval, 2010.
Ostéopathie viscérale du Cheval, 2014.
!14
II. FORMAT ELECTRONIQUE.
CHAMBRE D’AGRICULTURE DU LOT.
EU
II.1. OUVRAGES COLLECTIFS.
Le parasitisme. Disponible au format PDF sur <http://www.lot.chambagri.fr/
fileadmin/documents_ca46/internet/Productions-animales/Sante_animale/
CH
Maladies/ft-parasitisme.pdf>
EQUIPE DES RESEAUX EQUINS DE NORMANDIE.
Dirigée par PAVIE Jérôme
Alimenter les Equins, juin 2011. Disponible au format PDF sur <http://
w w w. c h a m b r e s - a g r i c u l t u r e - p i c a r d i e . f r / f i l e a d m i n / d o c u m e n t s /
PU
Piloter_les_productions/Cheval/alimenter_les_equins.pdf>
FACULTE DE MEDECINE VETERINAIRE DE LIEGE.
Les maladies parasitaires du Cheval, 19 février 2014. Disponible au format PDF
sur <http://www.dmipfmv.ulg.ac.be/parasitovet/m/doc1/Cheval.pdf>
E
LES HARAS NATIONAUX.
Fiche élaborée par I. BARRIER et C. LAUGIER
LIN
Les parasites digestifs, janvier 2011.
Disponible sur <http://www.haras-nationaux.fr/information/accueil-equipaedia/
maladies/maladies-parasitaires/les-parasites-digestifs.html#c39172>
NUTRILIFE.
Le système nerveux entérique : le second cerveau du corps !, janvier 2013.
PA
U
Disponible sur <http://blog.nutrilifeshop.com/le-systeme-nerveux-enterique-lesecond-cerveau-du-corps/>
SAULEAU Paul, DRAGOMIR Sonia et KUCHENBUCH Mathieu.
Système nerveux végétatif, 2012.
Disponible sur <https://sites.google.com/site/aphysionado/home/fonctionssn/
sna>
!15
UNIVERSITE DE MONTREAL.
Tube digestif. Disponible sur <http://mapageweb.umontreal.ca/cabanat/bio2412/
EU
Chapitre13.html>
II.2. ARTICLES.
LE MONDE
L'Assemblée confirme que les animaux sont ‘’doués de sensibilité’’.
CH
Le 4 novembre 2014. Disponible sur <http://www.lemonde.fr/politique/article/
2014/10/31/l-assemble-confirme-que-les-animaux-sont-doues-desensibilite_4515761_823448.html>
GINDENSPERGER Sophie.
Libération, 30 janvier 2014.
PU
Le Ventre… je panse donc je suis.
Disponible sur <http://www.liberation.fr/auteur/12683-sophie-gindensperger>
METZGER M.
Neurogenesis in the enteric nervous system.
E
Archives italiennes de biologie, 2010.
Disponible sur <http://www.architalbiol.org/index.php/aib/article/viewFile/
LIN
1199/1070>
NOTHIAS Jean-Luc.
Histoires de savoir : à quoi rêvent les animaux ?
Le Figaro, 11 octobre 2006. Disponible sur <http://www.lefigaro.fr/sciences/
PA
U
2006/10/11/01008-20061011ARTFIG90058-a_quoi_revent_les_animaux.php>
SADET-BOURGETEAU S. et JULLIAND V.
La diversité de l’écosystème microbien du tractus digestif équin.
Revue n°5 Productions Animales, INRA, 2012. Disponible au format PDF sur
<http://prodinra.inra.fr/ft?id=C583C0B0-8487-4A62-A77F-9E4AEFAFF11F>
!16
II.3. DOCUMENTS DE TYPE THESE OU MEMOIRE.
AIT BELGNAOUI Afifa.
EU
Influence d’un traitement probiotique (Lactobacillus farciminis) sur les
altérations de la sensibilité viscérale liées au stress : rôle de la barrière
épithéliale colique.
Thèse pour le titre de docteur de l’Institut National Polytechnique de Toulouse,
soutenue devant l’Unité de Neuro-Gastroentérologie et Nutrition, INRA
CH
Toulouse, le 11 décembre 2006, 191 pages. Disponible au format PDF sur
<http://ethesis.inp-toulouse.fr/archive/00000470/01/ait_belgnaoui.pdf>
ESNAULT Alexandre.
Lésions de la tunique musculaire du tube digestif des principaux Mammifères
PU
domestiques.
Thèse pour le doctorat de vétérinaire de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort,
soutenue devant La Faculté de Médecine de Créteil en 2012, 156 pages.
Disponible au format PDF sur <http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?
id=1542>
E
HASSINE Fabienne.
Intérêt de l’ostéopathie dans les pathologies digestives du cheval.
LIN
Thèse pour le doctorat de vétérinaire de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort,
soutenue devant la Faculté de Médecine de Créteil en 2005, 174 pages.
Disponible au format PDF sur <http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?
id=717>
MOREAU Laurine.
PA
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Cycle vicieux, infection du vivant, maladies et zoonoses.
Mémoire de fin d’études pour le Diplôme Supérieur d’Arts Appliqués option
Design d’Illustration Scientifique de l’Ecole Supérieure des Arts et Industries,
partie scientifique, 2013.
Disponible au format PDF sur <http://laurinemoreau.com/wp-content/uploads/
2014/05/cycle-vicieux_parasites-et-zoonoses_memoire-2014-partiescientifique.pdf>
!17
II.4. SITES WEB.
BARATH Wladislas.
EU
Quand c’est pire après la séance, 9 janvier 2015. Disponible sur <http://
conscience-et-sante.com/effet-rebond/>
BERTRAND Yves.
index.php?cat=emotions-cheval>
BLONDEAU Nicolas.
CH
Les émotions du cheval, janvier 2000. Disponible sur <http://valotte.free.fr/
La mémoire du cheval n’est pas la mémoire de l’Homme. Disponible sur <http://
PU
www.clinique-veterinaire-saint-herbot.fr/animals.php?a=cheval>
CAILLAT-ZUCMAN Sophie.
Rôle des cellules MAIT dans la physiopathologie de la maladie de Sjogren.
Inserm Paris, 2014. Disponible sur <http://www.fondation-arthritis.org/larecherche/projets-soutenus/role-des-cellules-mait-mucosal-associated-
E
invariant-t-cells-dans-la-physiopathologie-de-la-maladie-de-sjogren/>
CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales).
LIN
2012, disponible sur <http://www.cnrtl.fr/definition/santé>
CNRTL (Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales).
2012, disponible sur <http://www.cnrtl.fr/definition/maladie>
DELISLE Robin.
PA
U
Hippocrate, la théorie des humeurs.
Académie de Lettres de Versailles, 7 octobre 2005. Disponible sur <http://
www.lettres.ac-versailles.fr/spip.php?article99>
DUPUIS Jean Marc et LOISELEUR Candide.
Une nouvelle thérapie ’’nettoie’’ les angoisses, 29 mai 2012. Disponible sur
<http://fr.sott.net/article/8207-Une-nouvelle-therapie-nettoie-les-angoisses>
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GERSHON D. Michael.
Anatomy and Cell biology faculty, 2001. Disponible sur <http://
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www.cumc.columbia.edu/dept/gsas/anatomy/Faculty/Gershon/>
GIUSEPPE Melillo.
Allez Savoir !, Institut de Physiologie de l’Université de Lausanne, octobre 2001
Disponible sur <http://www2.unil.ch/unicom/allez_savoir/as21/dossier5/
GIUSEPPE Melillo.
CH
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Nous avons un troisième cerveau, le cerveau abdominal.
Université de Lausanne, 2001. Disponible sur <http://www2.unil.ch/unicom/
JOUVENTIN Pierre.
PU
allez_savoir/as21/dossier5/index.html>
L’Inné & l’Acquis, 12 janvier 2012. Disponible sur <http://www.ecologieradicale.org/index.php?option=com_content&view=article&id=252:linne-a-
JOYEUX Henri.
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lacquis&catid=59:science-philosophie-et-biocentrisme&Itemid=94>
Le formidable rôle immunitaire de notre intestin, août 2014. Disponible sur
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<http://www.santenatureinnovation.com/le-formidable-role-immunitaire-denotre-intestin/>
KAEFFER Anne.
La nutrition, un soutien indispensable à la guérison, 1er octobre 2014.
Disponible sur <http://www.techniquesdelevage.fr/2014/09/la-nutrition-animale-
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U
un-soutien-indispensable-a-la-guerison.html>
MORICE Vincent.
Défense immunologique de l’appareil digestif : les formations lymphoïdes
annexées au tube digestif. Faculté de Médecine Pierre & Marie Curie.
Disponible sur <http://www.chups.jussieu.fr/polys/histo/histoP2/POLY.Chp.
1.2.1.2.html>
!19
PILATE Pascal.
Le corps à un pouvoir d’auto-guérison. Peut-on le comparer à un culbuto ?
POL Didier.
EU
Disponible sur <http://osteopilate.com/105.html>
Système digestif. Sécrétions digestives et phénomènes chimiques de la
digestion, 1er septembre 2001.
Disponible sur <http://www.fondation-lamap.org/fr/page/11285/s-cr-tions-
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digestives-et-ph-nom-nes-chimiques-de-la-digestion>
RAYMOND Danny.
Un cerveau dans vos entrailles, 15 février 2013.
vos-entrailles>
ROSIER Florence.
PU
Disponible sur <http://www.sciencepresse.qc.ca/blogue/2013/02/15/cerveau-
Ces microbes qui nous gouvernent, 2 septembre 2013.
Disponible sur <http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/09/02/ces-
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microbes-qui-nous-gouvernent_3469923_1650684.html>
THIEBAULD Anne.
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Soins aux chevaux.
Disponible sur <http://www.equireliance.be/soins-aux-chevaux/>
VULGARIS MEDICAL.
Disponible sur <http://www.vulgaris-medical.com/encyclopedie-medicale/
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WRIGHT B.
Structure et fonction du système digestif des chevaux, Septembre 1999.
Disponible sur <http://www.omafra.gov.on.ca/french/livestock/horses/facts/
info_digest.htm>
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II.5. PAGE WEB.
ROF (Registre des Ostéopathes de France)
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27 septembre 2013. Disponible sur <http://www.osteopathie.org/88-decouvrez-losteopathie-definition-et-concept.html>
II.6. FICHIERS EN LIGNE.
CH
CONSTITUTION DE L’ORGANISATION MONDIALE DE LA SANTE.
Documents fondamentaux, 1946. Disponible au format PDF sur <http://
www.who.int/governance/eb/who_constitution_fr.pdf>
GABLIER Miriam.
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L’intelligence du ventre, Janvier 2014.
Disponible sur <http://miriamgablier.com/index.php/une-nouvelle-biologie/210-lintelligence-du-ventre.html>
MARTY Alain.
Neurobiologie des émotions, 23 septembre 2009.
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Cours de psychologie et neurosciences comportementales de l’Université de
LIN
Rouen. Disponible au format PDF sur <http://www.neur-one.fr/Emotions.pdf>
Physiologie des systèmes sensoriels, 28 septembre 2009. Disponible au format
PDF sur <http://www.neur-one.fr/physiologiesensorielle1.pdf>
NICOLAS Jean-François.
Immunologie médicale, DC1 - UFR Lyon Sud. Disponible au format PDF sur
PA
U
<http://allergo.lyon.inserm.fr/affiches/Cours_DC1.pdf>
RAYNAL R.
Tube digestif et homéostasie, Université de Toulouse, novembre 2014.
Disponible au format PDF sur <http://www.exobiologie.info/diabete/
6%20homeostasie.pdf>
!21
RICHARD Denis.
Physiologie digestive
EU
Faculté de médecine Laval du Québec, 2006. Disponible au format PDF sur
<http://www.fmed.ulaval.ca/med-18654/prive/Cours%2006%20et%2007/Pdf/
Physiologie%20digestive.PDF>
SIMONETTO Isabelle.
CH
Le système nerveux entérique ou deuxième cerveau.
Disponible au format PDF sur <http://nellyclauzel.com/pdf/articles/
ventre_deuxieme_cerveau.pdf>
TRICOT Pierre et GAISNON Laurent.
Le 7 mars 2009
PU
Andrew Taylor Still 1828-1917, Société des ostéopathes de l’Ouest,
Disponible au format PDF sur <http://soosteo.free.fr/IMG/pdf/ATStill-SOO.pdf>
III. AUTRES FORMATS.
E
DARMAUN Dominique.
Le ventre notre deuxième cerveau.
LIN
Emission radio France Inter, La tête au carré, 27 octobre 2014.
DENJEAN Cécile.
Le ventre, notre deuxième cerveau.
DVD ARTE France - Inserm, Scientifilms, 2013.
PA
U
KENNER Robert.
Les alimenteurs.
Extrait du film, Food Inc., 2 décembre 2009.
Disponible sur <https://www.youtube.com/watch?v=7tGTkO6rekA>
NEUNLIST Michel.
Le ventre notre deuxième cerveau.
Emission radio France Inter, La tête au carré, 27 octobre 2014.
!22
EU
CH
PU
TABLE DES ILLUSTRATIONS
PA
U
LIN
E
ET DES ANNEXES.
!23
I. LISTE DES FIGURES ET TABLEAU.
I. 1. PARTIE 1 :
Organisation générale du Système Nerveux.
EU
Figure n°1, p.39 :
source : Auteur
Figure n°2, p.39 :
Organisation générale du Système Nerveux.
Figure n°3, p.40 :
Innervation digestive.
source : Auteur
Figure n°4, p.42 :
CH
source : Auteur
Organes viscéraux concernés par le SNE du Cheval.
Figure n°5, p.44 :
PU
source n°1 : Green J., Horse Anatomy, éd. Green, p.20.
Organisation anatomique des plexus nerveux entériques.
source n°2 : Furness J.B et Costa M., 1980.
Figure n°6, p.45 :
Innervation extrinsèque et couplage aux plexus
E
intrinsèques.
LIN
source n°3 : Netter,Atlas de neurosciences humaines, 2011.
Figure n°7, p.47 :
Devenir des CCNs selon leur position sur l’axe rostrocaudal chez l’embryon humain.
source n°4 : Bailliez Y., Origine et Devenir des
Cellules des Crêtes Neurales, 2012-2013, disponible sur :
<http://spiralconnect.univ-lyon1.fr/spiral-files/download?
PA
U
mode=inline&data=1958531>
Figure n°8, p.48. : Schéma du système nerveux autonome sympathique
Figure n°9, p.53 :
lombaire.
source : Auteur
Schéma du trajet du Nerf vague.
source : Auteur
!24
Figure n°10, p.55 : Libération de neurotransmetteur.
source : Auteur
EU
Figure n°11, p.59 : Le cerveau de l’Homme séparé en trois parties.
source n°6 : Morin G., Nos trois cerveaux, reptilien,
limbique et cortex, 13 novembre 2012, disponible sur :
<http://mesacosan.com/bien-etre-au-travail/nos-trois-cerveaux-reptilien-
CH
limbique-et-cortex-a1945.html>
Figure n°12, p.63 : Durée des phases de sommeil chez différentes espèces
animales (Mammifères).
I.2. PARTIE 2 :
PU
source : Auteur
Figure n°13, p.70 : La digestion du Cheval.
source n°7 : Equipe des Réseaux Equins de Normandie,
Alimenter les Equins, 2011
E
Figure n°14, p.74 : Exemple de DO vertébrale centrifuge (à gauche) et
centripète (à droite).
LIN
source : Auteur
Figure n°15, p.79 : Situation sub-arachnoïdienne du LCR dans le crâne.
source : Auteur
PA
U
Figure n°16, p.80 : Liens étroits entre les systèmes nerveux entérique,
autonome et endocrinien.
source : Auteur
Figure n°17, p.81 : Les organes lymphoïdes du Cheval.
source n°8 : ESAO, Système immunitaire du Cheval, 2012
!25
Figure n°18, p.84 : Paroi intestinale.
source n°9 : Ladoire, Le tube digestif, Faculté de médecine
de Dijon, octobre 2011, disponible sur : <http://medecine.u-bourgogne.fr/Plans-
EU
Supports-de-Cours/Plans-Supports-de-Cours/id-menu-99/Page-2.html>
Figure n°19, p.86 : Système lymphatique intestinal schématique du Cheval et
circulation de la lymphe.
CH
source : Auteur
Figure n°20, p.88 : Synthèse de la durée d’ingestion alimentaire du Cheval et
des conséquences sur sa motricité digestive.
source n°7 : p.5
PU
Figure n°21, p.90 : Schéma d’un pied normal et d'un pied fourbu.
source : Auteur
Figure n°22, p.101 : Schéma de l’homéostasie : acteurs et relations entre-eux.
source : Auteur
E
Figure n°23, p.103 :Une zone qui retient l’énergie se rétracte et attire les tissus
connectés.
LIN
source n°10 : Tricot P., Approche tissulaire de l’ostéopathie,
Livre 1, un modèle du corps conscient, éd. Sully, 4° édition,
2002, 317 pages, p.103
PA
U
I.3. PARTIE 3 :
Figure n°24, p.112 : Schéma du cycle parasitaire des vers intestinaux de type
grands strongles du Cheval
source n°11 : Les Haras Nationaux, par Barrier I. et
Laugier C., Parasites digestifs, janvier 2011, disponible sur :
<http://www.haras-nationaux.fr/information/accueil-equipaedia/maladies/
maladies-parasitaires/les-parasites-digestifs.html#c39172>
!26
Figure n°25, p.120 : Chaîne lésionnelle du cas de parasitisme
source : Auteur
EU
Figure n°26, p.126 : Les courbures vertébrales, charnières et anticlinaux
source n°12 : Evrard P., Introduction à l’ostéopathie
structurelle appliquée, éd. De Parry, 2005, 411 pages,p.276
Tableau n°1, p.130 : Symptômes de coliques et classification en fonction de
CH
l’intensité de la douleur
source n°13 : Walter L., Étude épidémiologique descriptive
de 831 cas de coliques médicales en France dans le
département des Yvelines (1994-2004), thèse vétérinaire
soutenue devant la Faculté de Médecine de Créteil en
PU
2006. 139 pages, disponible sur :
<http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=37>
Figure n°27, p.132 :Les voies de la nociception des récepteurs périphériques
jusqu’au cerveau
source n°14 : Drendel T., Coliques digestives du Cheval :
E
étiologie, examen clinique et prise en charge en pratique
ambulatoire, thèse vétérinaire soutenue devant la Faculté
LIN
de médecine, de pharmacie et d’odonto- stomatologie de
Dakar, le 19 novembre 2009, 167 pages, disponible sur :
<http://www.academia.edu/9034180/COLIQUES_DIGESTIVES_DU_CHEVAL>
PA
U
Figure n° 28, p.136 : Chaîne lésionnelle du cas de stress émotionnel
source : Auteur
Figure n° 29, p.142 : L’effet rebond
source n°15 : Barath W., Quand c’est pire après la séance,
9 janvier 2015, disponible sur :
<http://conscience-et-sante.com/effet-rebond/>
!27
II. LISTE DES PHOTOS.
Photo n°1, p.49 :
Enypniastes, concombre de mer transparent, organisme
EU
primitif.
source n°5 : Woods Hole Oceanographic Institution/CMarZ,
Census of Marine Life, disponible sur : <http://ocean.si.edu/
CH
ocean-photos/transparent-sea-cucumber>
III. ANNEXES.
Annexe n°1, p.148 : Topographie des viscères du Cheval, au niveau des parois
droites du thorax et de l’abdomen. Les insertions costales du diaphragme (trait
PU
plein) et la projection de sa convexité (pointillé) sont figurées en rouge.
BARONE Robert, Anatomie comparée des mammifères domestiques, Tome 3
Splanchnologie, planche 249, p.462, éd.Vigot, 2009
Annexe n°2, p.149 : Topographie des viscères du Cheval, au niveau des parois
E
gauches du thorax et de l’abdomen. Les insertions costales du diaphragme
LIN
(trait plein) et la projection de sa convexité (pointillé) sont figurées en rouge.
BARONE Robert, Anatomie comparée des mammifères domestiques, Tome 3
PA
U
Splanchnologie, planche 249, p.463, éd.Vigot, 2009.
!28
EU
CH
PU
PA
U
LIN
E
LISTE DES ABREVIATIONS.
!29
CCN cellules des crêtes neurales
DO dysfonction ostéopathique
DOP dysfonction ostéopathique primaire
DOS dysfonction ostéopathique secondaire
DOT dysfonction ostéopathique tissulaire
DOV dysfonction ostéopathique viscérale
FC fréquence cardiaque
MRP mouvement respiratoire primaire
SN système nerveux
SNA système nerveux autonome
SNC système nerveux central
PU
SNE système nerveux entérique
CH
LCR liquide céphalo-rachidien (ou cérébro-spinal)
EU
DOA dysfonction ostéopathique articulaire
SNP système nerveux périphérique
Abréviations des segments osseux :
C0 à C7 de l’occiput à la septième vertèbre cervicale
T1 à T18 de la première à la dix-huitième vertèbre thoracique
E
L1 à L6 de la première à la sixième vertèbre lombaire
S1 à S5 de la première à la cinquième vertèbre sacrée
LIN
K1 à K18 de la première à la dix-huitième côte
Abréviations biomécanique :
RHI - RHE rotation horizontale interne - externe
RHD - RHG rotation horizontale droite - gauche
RFI - RFE rotation frontale interne - externe
PA
U
RFD - RFG rotation frontale droite - gauche
TVS - TVI translation verticale supérieure - inférieure
THA - THP translation horizontale antérieure - postérieure
3
! 0
EU
CH
PU
PA
U
LIN
E
INTRODUCTION.
« L’animal n’est pas une machine thermodynamique isolée mais un corps vivant qui interagit
avec son environnement. »
- Antoine Spire, Le Monde de l’éducation (juillet-août 2001) -
!31
« Contrôler le fonctionnement des organes », « véhiculer les informations
sensorielles et motrices », « réguler les émotions » sont toutes des actions
EU
effectuées par le système nerveux central.
Pour être plus précis, ce système est constitué par le cerveau, le tronc cérébral,
le cervelet ainsi que la moelle épinière. Il est le centre de régulation et
d’intégration de l’organisme. C’est-à-dire que non seulement il reçoit et traite
l’information sensorielle venant de l’intérieur ou de l’extérieur de l’organisme,
CH
mais aussi, il envoie une réponse motrice pour activer les effecteurs (muscles,
glandes).
C’est un véritable travail d’équipe qui est mis en place entre lui et le reste de
l’organisme pour maintenir le mouvement du corps, la Vie. Mais ce système
PU
nerveux central est-il réellement l’unique cerveau de l’organisme ?
La science avait récemment découvert la présence de pas moins de 40 000
neurones centralisés au niveau du coeur. Ce petit complexe lui a valu le nom
de « maître émotionnel1 ».
Tout comme la boite crânienne (et médullaire) renferme le système nerveux
central et le coeur sa nébuleuse neuronale cardiaque, l’abdomen protège son
E
propre système nerveux, le système nerveux entérique.
LIN
Les études sur ce sujet relativement récent en sciences humaines, sont de plus
en plus nombreuses. Par contre, les recherches ciblées sur le système nerveux
entérique des animaux sont inexistantes.
Néanmoins, pour comprendre celui de l’Homme, les scientifiques ont dû étudier
celui des souris de laboratoire, des chiens ou des singes, puisque les études
PA
U
ont pour objet les Mammifères.
En effet, l’Homme fait partie du règne des Mammifères, tout comme la souris, le
chien, le chimpanzé et donc le cheval : ils sont tous constitués de la même
manière.
Gablier Miriam, « L’intelligence du ventre », 21 janvier 2014, disponible sur <http://
www.inrees.com/articles/intelligence-du-ventre/> [site consulté le 15 août et le 3 octobre 2014]
1
!32
Je me suis donc rapidement demandée si les connexions avérées chez
l’humain étaient tout aussi repérables chez les Equidés, notamment chez les
EU
chevaux.
J’ai poussé alors ma réflexion plus loin : en quoi une connaissance approfondie
du système nerveux entérique du cheval peut-elle rendre plus efficiente notre
approche ostéopathique ? En quoi est-elle importante pour nos mains
CH
d’ostéopathes ?
Une description globale du système nerveux entérique du cheval,
complétée par des rappels anatomiques indispensables seront exposés dans
une première partie.
PU
L’ostéopathe traite le corps dans son ensemble. Il prend donc en
considération tous les facteurs intérieurs et extérieurs intervenant sur le cheval
pour comprendre au mieux son état physique, psychique et émotionnel.
L’ostéopathe mettra nécessairement en évidence tous les liens qui relient le
système nerveux entérique à tout l’organisme. C’est ce qui sera développé
E
dans une deuxième partie.
Si le praticien peut agir sur le système nerveux entérique de l’Homme
LIN
pour ré-harmoniser l’organisme, qu’en est-il du domaine d’action de
l’ostéopathe animalier sur celui du cheval ? L’ostéopathie a-t-elle sa place suite
à une pathologie, traitée en amont par le vétérinaire ?
Dans la troisième partie du mémoire, je tenterai de répondre à ces questions
PA
U
par le biais de deux exemples de pathologies.
!33
EU
CH
PU
PARTIE 1 :
LE SYSTEME NERVEUX ENTERIQUE
PA
U
LIN
E
DU CHEVAL.
« L'ostéopathie est une science, un art et une philosophie. »
- Convention Européenne d’Ostéopathie, 1987 -
!34
1. LE SYSTEME NERVEUX ENTERIQUE DU CHEVAL
La découverte du système nerveux est relativement récente par rapport à
EU
l’Histoire de la médecine. En effet, la médecine compte plusieurs millénaires
d’existence, mais elle n'a atteint son âge adulte que depuis moins de deux
cents ans. Cela tient à ce qu'elle est à la fois un art et une science. Un art, elle
pouvait l'être dès l'origine des civilisations, à la mesure de l'intuition, de
l'empirisme, de la psychologie et de l'habileté de ceux qui l’exerçaient. Au
CH
Moyen-Âge par exemple, la médecine est peu rationnelle : la maladie et la
santé sont deux concepts mis entre les mains de Dieu, c’est l’époque où
prévalent magie et religion.
C’est à la Renaissance que la médecine progresse avec une connaissance
plus approfondie de l’anatomie. En revanche, pour ce qui est du système
PU
digestif, le ventre reste encore un domaine loin d’être élucidé : les troubles
intestinaux demeurent mystérieux.
Au fil du temps, les éléments composant le ventre sont mis en lumière, par les
anatomistes tel que Robert Remak (1815-1865) embryologiste, physiologiste et
neurologue allemand, qui observe en 1836 les premiers tissus du système
nerveux. Grâce aux « procédés de coloration, véritable moteur de progrès en
E
neurologie2 », Léopold Auerbach (1828-1897) anatomiste et neuropathologiste
allemand découvre vers 1862 les premiers neurones digestifs de l’intestin.
LIN
Au début du XXème siècle, Andrew Taylor Still aiguise à travers ses nombreuses
dissections, ses compétences en anatomie générale et de l’abdomen plus
particulièrement : les organes viscéraux, les vaisseaux lymphatiques, sanguins
et nerveux qui les traversent, les muscles qui les recouvrent, les os qui les
suspendent.
PA
U
Au cours du XXème siècle, la microscopie électronique complète les méthodes
d’investigation. Les recherches se font donc de plus en plus nombreuses afin
de mieux comprendre cet important tissu nerveux intestinal encore méconnu.
Ce cadre historique brossé à grands traits voudrait mettre en évidence qu’à
l’instar des recherches sur le cerveau, les recherches sur le système nerveux
entérique (SNE) sont également capitales.
Barone Robert, « Anatomie comparée des Mammifères domestiques », Tome 6, Neurologie I,
Système Nerveux Central, éd. Vigot, 2004, 652 pages, p. 81
2
!35
1.1. Origines du Système Nerveux Entérique
Le SNE se retrouve directement en lien non seulement avec les émergences
EU
nerveuses du SNC mais aussi avec les tissus musculaires des intestins.
C’est pourquoi, il m’a semblé essentiel de remettre le SNE dans son contexte
avant de le présenter. Où se place-t-il dans l’organisation du système nerveux
tout entier ?
CH
1.1.1. Situation du Système Nerveux Entérique dans l’organisme
1.1.1.a Le SNE au sein du système nerveux
PU
• Le Système Nerveux.
Le système nerveux est composé de deux grandes parties : le SNC, constitué
par l’encéphale et la moelle épinière et le SNP, formé par les nerfs crâniens et
spinaux.
• Le Système Nerveux Périphérique.
E
Les informations acheminées empruntent deux voies du SNP pour atteindre le
SNC : l’une sensitive (ou afférente) et l’autre motrice (ou efférente).
LIN
La voie motrice permet l’acheminement des informations du SNC vers les
effecteurs. Les effecteurs sont soit des muscles répondant au système nerveux
somatique volontaire (SN Somatique), soit des glandes ou des muscles lisses
fonctionnant via le système nerveux somatique involontaire, appelé système
nerveux autonome (SNA).
PA
U
• Le Système Nerveux Autonome.
Le SNA est un ensemble efférent de fibres qui se distribue aux viscères. Cet
ensemble contrôle de façon involontaire l’activité des organes viscéraux mais
aussi la totalité de l’organisme. Le SNA a donc une fonction motrice.
Il faut noter que le SNA reçoit des fibres afférentes, sensitives, provenant du
SNC dans le but de maintenir un équilibre interne et externe appelé
l’homéostasie.
!36
Le SNA commande par le biais des systèmes parasympathique et sympathique
la motricité (péristaltisme) et la motilité des viscères (mouvement propre) ainsi
EU
que leur vascularisation et la sécrétion des sucs.
Certains auteurs ajoutent le SNE au SNA, puisqu’il a la particularité d’être
autonome. Le SNE « représente la plus grande et très probablement la plus
PU
CH
complexe division du SNA » pour le vétérinaire Alexandre Esnault3.
Figure n° 1 : Organisation générale du Système Nerveux.
Le SNE fait partie du SNA. (source : Auteur)
A contrario, d’autres auteurs s’accordent à dire que le SNE est une troisième
E
subdivision du système nerveux périphérique4, étant donné son importance et
PA
U
LIN
sa spécialisation au niveau intestinal.
Figure n°2 : Organisation générale du Système Nerveux.
Le SNE est une subdivision de la voie motrice du SNP. (source : Auteur)
3
Esnault Alexandre, « Lésions de la tunique musculaire du tube digestif des principaux
Mammifères domestiques » thèse vétérinaire soutenue devant La Faculté de Médecine de
Créteil en 2012, 175 pages, disponible au format PDF sur <http://theses.vet-alfort.fr/
telecharger.php?id=1542> [consulté le 30 octobre 2014]
Simonetto Isabelle, « Le système nerveux entérique ou deuxième cerveau », 8 pages,
disponible au format PDF sur <http://nellyclauzel.com/pdf/articles/
ventre_deuxieme_cerveau.pdf>, [consulté le 25 février, le 30 octobre et le 1er novembre 2014]
4
!37
• Système Nerveux du tube digestif.
L’innervation du système digestif est en partie autonome, gérée par des fibres
EU
sympathiques et parasympathiques.
Le tube digestif possède deux systèmes nerveux distincts :
- Système nerveux extrinsèque : autonome, sous l’influence des
systèmes nerveux sympathique et parasympathique, il est spécialisé dans
CH
l’acheminement de l’information nerveuse du SNC vers les organes du tube
digestif. Il assure la motricité, la sécrétion et l’innervation sensitive des intestins.
Cette partie autonome du tube digestif est notamment gérée par les plexus
solaire, coeliaque, mésentérique crânial et mésentérique caudal.
PU
- Système nerveux intrinsèque : c’est le SNE. Il est propre au système
digestif. Il lui assure sa motilité mais gère aussi les sécrétions gastrointestinales et le débit sanguin local. Il est en partie sous l’influence du système
PA
U
LIN
E
nerveux extrinsèque autonome.
Figure n°3 : Innervation Digestive.
Le SNE est le SN intrinsèque du Système Digestif. (source : Auteur)
Il m’a semblé utile d’exposer sous forme de schémas le descriptif écrit, afin de
mettre en évidence de façon plus nette les relations entre les divers systèmes.
!38
1.1.1.b Le SNE au sein du système digestif du Cheval
• Localisation générale.
EU
Le SNE est réparti tout au long du tube digestif de l’oesophage à l’anus. Dans
un souci de concision, je citerai les organes viscéraux, à partir du pylore jusqu’à
l’anus en passant par l’intestin grêle et le gros intestin.
• Organes viscéraux concernés.
CH
Les organes à l’intérieur desquels loge le SNE sont en premier lieu l’intestin
grêle. Ce dernier est la « portion du tube digestif comprise entre le pylore (sphincter
stomacal) et l’ostium iléal, orifice d’abouchement de l’iléon dans le caecum 5 ». Chez
le Cheval, il est long de vingt deux mètres pour une capacité de cinquante litres.
Il est constitué par trois segments successifs : le duodénum, le jéjunum et
PU
l’iléum. Grâce aux nombreuses enzymes présentes (lipase, trypsine, maltase,
saccharase), l’intestin grêle a un rôle important dans la digestion enzymatique :
il scinde les protéines en acides aminés, digère les glucides hydrolysables et
absorbe les vitamines et minéraux.
E
Le second gros segment dans lequel on peut retrouver le SNE est le gros
intestin. Chez les Equidés, il fait suite à l’intestin grêle et mesure près de huit
mètres pour une capacité de cent cinquante litres. Il est composé de plusieurs
LIN
organes distincts : le caecum, le côlon (constitué lui-même par le côlon
ascendant, le côlon transverse et le côlon descendant), le rectum et l’anus.
Véritable cuve de fermentation grâce aux bactéries et protozoaires
naturellement présentes, le gros intestin métabolise la cellulose, dégrade les
glucides fermentescibles ainsi que les acides gras volatils. C’est le lieu de
PA
U
synthèse des vitamines du groupe B. Enfin, ce sont quinze à vingt kilogrammes
d’excréments que le Cheval évacue par jour (en milieu sauvage).
Le pancréas est la seule glande (avec la vésicule biliaire absente chez les
Equidés) qui est tapissée par le SNE. Le pancréas est une glande mixte, son
rôle est double : endocrine et exocrine. Via le plexus sous-muqueux du SNE, le
pancréas va sécréter les sucs pancréatiques dans le duodénum, c’est sa
5
Houbiers Sophie, « Appareil digestif du Cheval », cours ESAO, 2010.
!39
fonction exocrine. Sa fonction endocrine régule le taux de glucose dans le sang
LIN
E
PU
CH
EU
(glycémie) par l’intermédiaire de l’insuline et du glucagon.
2. Estomac
3. Duodénum
4. Jéjunum
PA
U
1. Oesophage
5. Caecum
5’. Pointe du caecum
6. Côlon ventral droit
7. Côlon ventral gauche
8. Côlon dorsal gauche
9. Côlon dorsal droit
10. Côlon descendant
11. Rectum
Figure n°4 : Organes viscéraux concernés par le SNE du Cheval (en jaune).
(source n°1, précisions apportées par l’Auteur au schéma initial)
!40
1.1.2 Structure propre du SNE
EU
1.1.2.a Composition
On distingue deux types de cellules dans le SNE, les mêmes que celles
retrouvées dans le SNC : les neurones et les cellules gliales (appelées cellules
de support). Les premières forment l’unité fonctionnelle du système nerveux,
CH
tandis que les secondes sont en contact intime avec les premières6.
• Les cellules gliales entourent et protègent les neurones contre les
agressions extérieures, les soutiennent et ont un rôle trophique non négligeable
(grâce à une surface d’échange avec le système vasculaire).
PU
• Les neurones quant à eux, produisent et transmettent les signaux
électriques tout comme ceux retrouvés dans le SNC.
Le SNE de l’Homme contient plus de 200 millions7 de neurones actifs
concentrés et connectés entre-eux dans la paroi du tube digestif. En
comparaison, le cerveau en contient une centaine de milliards et la moelle
épinière une centaine de millions8. Aucune étude n’a encore calculé le nombre
LIN
• Les plexus.
E
de neurones présent dans le SNE du Cheval.
Les neurones du SNE forment deux réseaux complexes9 par lesquels les
ganglions entériques sont interconnectés :
- Plexus myentérique (ou d’Auerbach en rappel à son découvreur).
PA
U
- Plexus sous-muqueux (ou de Meissner en rappel à son découvreur).
6
Esnault Alexandre, op. cit., <http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=1542>
Denjean Cécile, « Le ventre, notre deuxième cerveau », ARTE France-Inserm, 2013,
Scientifilms.
7
8
Simonetto Isabelle, op. cit., <http://nellyclauzel.com/pdf/articles/
ventre_deuxieme_cerveau.pdf>
Joly Gomez Francisca, « L’intestin, notre deuxième cerveau », éd. Marabout, 2014, 317pages,
p. 52
9
!41
Le premier plexus, d’Auerbach ou myentérique, est situé entre les fibres
musculaires longitudinales du tube digestif. Les neurones entériques impliqués
dans les fonctions motrices permettent de réguler la motricité de l’intestin : ce
EU
plexus gère le transit. Le second plexus, de Meissner ou sous-muqueux, est
localisé entre les fibres musculaires circulaires (dans la partie la plus proche de
la lumière intestinale). Son rôle est de contrôler la circulation des sécrétions
PA
U
LIN
E
PU
CH
dans le mécanisme de la digestion.
Figure n°5 : Organisation anatomique des plexus nerveux entériques (soulignés en jaune)
(source n°2, précisions apportées par l’Auteur au schéma initial)
!42
Ces deux plexus sont reliés au système autonome extrinsèque du système
LIN
E
PU
CH
EU
digestif.
PA
U
Figure n°6 : Innervation extrinsèque et couplage aux plexus intrinsèques
(source n°3, agrandissement et précisions apportées par l’Auteur au schéma initial)
Le SNE comprend un très grand nombre de circuits neuronaux qui contrôlent
les fonctions motrices, la vascularisation, les sécrétions intestinales, et
modulent les fonctions endocriniennes et immunitaires10.
10
Esnault Alexandre, op. cit., <http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=1542>
!43
La composition du SNE ressemble fortement à celle du SNC. En revanche, il
est nécessaire de noter quelques petites différences propres au SNE : ses
fibres conductrices (axones) ne sont pas entourées de gaine de myéline et ses
EU
connexions sont simples. Aussi, les synapses sont-elles absentes. La vitesse
de transmission des informations est donc plus lente. Toutes ces particularités
démontrent que la transmission des influx dans les processus digestifs se fait
sur des distances plus courtes que dans ceux régulant la marche ou le rythme
CH
cardiaque11.
Le SNE est à la base de l’innervation intrinsèque du tube digestif, c’est une
organisation complexe regroupant différents plexus nerveux. Mais quelle est
l’origine première de ses cellules ?
PU
1.1.2.b Développement embryonnaire
« Le SNE est entièrement composé d’un ensemble de cellules multipotentes dérivées
des cellules de la crête neurale (CCN)12 ».
En effet, les cellules d’origine du SNE naissent entre l’ectoderme dorsal et le
E
tube neural des Mammifères dans les premiers stades de l'embryogenèse.
Les cellules du SNE sont issues de la même plaque neurale embryonnaire que
LIN
les neurones cérébraux qui forment le tube neural et la tête. Elles se séparent
de celles du SNC pour migrer vers le ventre13, au moment de la phase
d’organogenèse, c’est-à-dire lors de la séparation du tube neural du reste de
l’ectoderme.
PA
U
Autrement dit, l’origine des cellules nerveuses du SNE et celles du SNC est la
même.
Sender Elena, Science et Avenir, dossier « Ventre, notre deuxième cerveau », juin 2012, 72
pages, p. 50
11
12
Metzger M., « Neurogenesis in the enteric nervous system », Archives italiennes de biologie,
juin 2010, disponible sur <http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/20830970> [consulté le 15
octobre 2014]
Simonetto Isabelle, op. cit., <http://nellyclauzel.com/pdf/articles/
ventre_deuxieme_cerveau.pdf>
13
!44
En plus de son autonomie et de l’importance de sa taille, le SNE présente des
analogies structurales avec le cerveau comme nous l’avons indiqué
précédemment14. C’est pour cette raison qu’il est souvent comparé à un second
LIN
E
PU
CH
EU
cerveau, le cerveau du ventre.
PA
U
Figure n°7 : Devenir des CCNs selon leur position sur l’axe rostro-caudal chez l’embryon humain.
(source n°4, précisions apportées par l’Auteur)
14
Cf. supra Partie 1.1
!45
1.2. Ventre, deuxième cerveau
En 1998, Michael D. Gershon, professeur d’anatomie et biologie cellulaire de
EU
l’Université de Columbia et membre du College of Physicians and Surgeons au
Centre Médical Presbyterian de New-York, est l’un des précurseurs avantgardistes qui présente l’intestin comme un véritable « second cerveau » à
travers la publication de son livre The second brain 15. Il est un peu le « Leonard
CH
de Vinci16 » de nos entrailles comme il le dit lui-même.
Cependant, bien avant le Dr. Gershon, en 1805, Meckel qualifiait déjà le plexus
solaire de « cerveau du ventre » tant l’ensemble cœliaco-mésentérique était
important17.
PU
SYSTÈMENERVEUXAUTONOME
-SYSTÈMESYMPATHIQUELOMBAIRE-
n L 1 - n L 2 - n L 3 - n L 4 - n L 5 - n L 6
Nerfssplanchniqueslombaires
N.Vague(cordondorsal)
N.splanchniquesthoraciques
LIN
Plexusmésentériquecrânial
L2
Plexus
coeliaque
T18-L1
Plexusurétérique
E
Plexusrénal
L3
Plexussurrénal
intes[ngrêle
caecum
côlonsascendant
ettransverse
Plexussolaire
L1
Plexusmésentériquecaudal
L5-L6
Plexuscolique(côlonfloQant)
N.hypogastrique>Plexuspelvien
Plexusiliaque
Plexusfémoral
Plexusovarique-tes[culaire
PA
U
Plexusgastrique
Plexushépa[que>Plexuspancréa[que
Plexussplénique
Plexusintermésentérique
Figure n°8 : Schéma du système nerveux autonome sympathique lombaire.
Le plexus solaire est représenté en jaune. (source : Auteur).
15
Gershon D. Michael, « Anatomy and Cell biology faculty », 2001, disponible sur <http://
www.cumc.columbia.edu/dept/gsas/anatomy/Faculty/Gershon/> [consulté le 15 octobre et le 3
décembre 2014]
16
Denjean Cécile, op. cit.
Barone Robert, « Anatomie comparée des Mammifères domestiques », Tome 7, Neurologie
II, Système Nerveux Périphérique, éd. Vigot, 2010, 838 pages, p. 344
17
!46
C’est en partie pour cela qu’on peut apparenter la complexité du « petit
cerveau18 » ou « cerveau du bas19 » à celle du cerveau principal qu’est le SNC ou
EU
« cerveau du haut20 ».
Michel Neunlist, directeur de recherche de l’unité 913 de l’Inserm de l’Institut
des Maladies de l’Appareil Digestif du CHU de Nantes et spécialiste de l’axe
cerveau-intestin, considère le SNE comme le premier cerveau, l’originel, dans
l’Évolution21. En effet, les organismes primitifs, comme les anémones ou
CH
méduses, ne présentent qu’un système digestif et donc qu’un seul cerveau, le
SNE.
Au départ, la fonction essentielle de la vie était de se nourrir. Au cours de
l’Évolution, les fonctions se sont diversifiées et complexifiées (marcher, chasser,
penser, communiquer) pour la survie de l’espèce. Dominique Darmaun,
PU
chercheur en nutrition humaine au CRNH de Nantes22 expose une théorie
expliquant que lorsque les organismes ont eu besoin de chasser pour se
nourrir, des fonctions cognitives (apprentissage, peur, circuits de la mémoire,
récompense) se sont mises en place dans le cerveau « du haut » qui a pu alors
LIN
E
évoluer indépendamment du SNE.
PA
U
Photo n°1 : Enypniastes, « concombre de mer transparent »
organisme primitif :
Le tube digestif est arpenté par quelques neurones.
(source n°5)
18
Esnault Alexandre, op. cit., <http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=1542>
19
Denjean Cécile, op. cit.
20
Denjean Cécile, ibid.
21
Denjean Cécile, ibid.
Darmaun Dominique, émission radio France Inter, La tête au carré, « Le ventre notre
deuxième cerveau », le 27 octobre 2014.
22
!47
Ce dernier a ainsi conservé ses fonctions digestives et immunitaires tandis que
le SNC a pu se développer pour des attributions spécifiques. Le SNC n’aurait
importantes et complexes.
1.2.1 Le SNE, indispensable à la survie
EU
pas pu prendre le relais du SNE tant les fonctions de ce dernier sont
CH
1.2.1.a Une certaine indépendance du SNE
La richesse neuronale fait du tube digestif un véritable second cerveau qui est
assez autonome. Grâce à ses plexus myentérique et sous-muqueux, le SNE
PU
peut travailler indépendamment du SNC.
Déjà au XIXème siècle, en Angleterre, deux chercheurs, William Bayliss et
Ernest Starling avaient suspecté que le SNE constituait un centre nerveux
indépendant du cerveau central23. Leur expérience avait été entreprise sur la
dissection d’un chien : après avoir coupé tout lien entre le SNC et les cellules
nerveuses présentes dans la paroi intestinale, ils avaient constaté que l’activité
E
digestive de l’animal se poursuivait quasi normalement.
Cette découverte, confirmée de nos jours par l’équipe de recherche de l’Inserm,
LIN
prouve que le SNC n’a qu’un petit rôle dans la modulation des fonctions
digestives. En effet, l’acteur principal de la régulation de l’ensemble de ces
fonctions est le système nerveux localisé dans la paroi même du tube digestif,
le SNE.
PA
U
Michel Neunlist affirme la nature indispensable des neurones intestinaux. Il le
prouve en prenant l’exemple d’une affection humaine congénitale rare, la
maladie de Hirschsprung caractérisée par l’absence de neurone dans une
partie du côlon. Cette dernière est mortelle car elle entraîne une obstruction qui
Giuseppe Melillo, « Allez Savoir ! », Magazine de l’Institut de Physiologie de l’Université de
Lausanne, octobre 2001, disponible sur <http://www2.unil.ch/unicom/allez_savoir/as21/
dossier5/index.html> [consulté en août, septembre et novembre 2014]
23
!48
doit être opérée à la naissance 24. En effet, sans neurone, le tube digestif ne
fonctionnerait pas et provoquerait à très court terme la mort de l’individu.
constante avec le SNC.
1.2.1.b Échanges étroits avec le SNC
EU
Si le SNE présente une certaine autonomie, il est néanmoins en communication
CH
En effet, de nombreuses études chez l’animal ont mis en lumière une
« communication intestin-cerveau à double sens 25 », appelée « Brain gut axis » par
nos voisins anglophones. En d’autres termes, le cerveau et le ventre
dialoguent. La communication entre ces deux organes se fait par deux voies.
La première est nerveuse, via le nerf vague et la seconde est humorale grâce à
PU
la libération de neurotransmetteurs dans le sang.
• La voie nerveuse : le nerf vague.
Le nerf vague (ou nerf X, anciennement appelé nerf pneumogastrique) est
l’autoroute directe nerveuse qui relie l’intestin au cerveau. Il est le « principal
médiateur de la communication bi-directionnelle intestin-cerveau26 ». Cet important
E
dixième nerf est le seul nerf crânien s’étendant de la tête aux viscères
abdominaux (où il se termine en deux troncs vagaux dorsal et ventral). Il a une
LIN
action à la fois sympathique et parasympathique. Il met en circulation des
informations motrices, sensitives, excito-sécrétoires et modératrices sur le
coeur.
La branche motrice (ou efférente) du nerf régule les mouvements intestinaux :
relaxation et fréquence de contraction de l’estomac, accélération ou
PA
U
ralentissement du transit. Il module aussi les sécrétions intestinales et
gastriques. C’est par cette voie que le SNC envoie des informations motrices au
ventre, en réponse aux messages reçus par la voie sensitive.
En plus des rôles sensitifs pour les muqueuses pharyngienne, trachéale et
oesophagienne, la branche sensitive du nerf X tient le cerveau informé de ce
24
Sender Elena op. cit.
25
Bounhol Séverine, magazine Valeurs mutualistes, dossier « Un deuxième cerveau dans le
ventre », n°291, juillet/août 2014, 34 pages, pp. 21 à 25
26
Sender Elena op. cit.
!49
qu’il se passe dans le tube digestif. En assurant que « 80% des fibres vagales
sont des fibres dites sensitives27 », le docteur Joly Gomez affirme que la majorité
EU
de l’information circule de l’intestin vers le cerveau.
En outre, les neurones sensitifs situés dans les viscères agissent comme des
récepteurs mécaniques à la déformation-distension abdominale mais aussi
comme des récepteurs thermiques, chimiques et de douleur. Appelés
« viscérocepteurs », ils captent les informations du milieu intérieur des viscères,
CH
les transmettent aux fibres vagales du nerf crânien qui en informe le cerveau.
Cette communication sans faille entre les deux centres nerveux est garante de
la bonne santé de l’individu. De plus, outre une communication dite
« nerveuse », l’intestin et le cerveau vont dialoguer grâce à des médiateurs
PA
U
LIN
E
PU
particuliers libérés dans la circulation sanguine.
27
Figure n°9 : Schéma du trajet du Nerf vague.
(source : Auteur)
Joly Gomez Francisca, op. cit., p. 54.
!50
• La voie humorale : les neurotransmetteurs.
Les neurotransmetteurs (ou neuromédiateurs) ont une action locale immédiate.
Leur action est transmise grâce aux connexions neuronales du SNE.
EU
Un neurotransmetteur est un « médiateur chimique synthétisé et libéré par un
neurone, permettant à celui-ci de transmettre des messages en se fixant sur d’autres
cellules28 ».
Les neurones du ventre produisent les mêmes neurotransmetteurs que ceux du
CH
cerveau. Ils parlent donc le même langage. Parmi les types de neuromédiateurs
synthétisés et libérés comme la sérotonine, l’acétylcholine, le glutamate, la
noradrénaline et la dopamine, certains d’entre-eux agissent tels des hormones
et sont appelés « neurohormones ». Au lieu de parcourir les neurones, ils sont
PU
libérés dans la circulation sanguine pour atteindre l’organe cible, le cerveau.
L’exemple le plus flagrant est celui de la sérotonine. Au niveau intestinal, la
sérotonine a des fonctions très spécifiques : elle agit sur le contrôle de la
motricité et sur la stimulation du système immunitaire. Elle est connue aussi
pour jouer un rôle essentiel d’une part, dans le fonctionnement du cerveau car
elle est impliquée dans de nombreuses fonctions comme le rythme circadien
E
ainsi que « les comportements alimentaires et sexuels, le cycle veille-sommeil, la
modulation de la température, (…) et le contrôle moteur29 ». D’autre part, il lui
LIN
incombe d’autres fonctions importantes au niveau de l’organisme tout entier
puisqu’elle « répare les cellules endommagées des poumons et du foie, assure le bon
fonctionnement du coeur et régule la densité osseuse30 ».
Plus de 90% de ce neurotransmetteur produit par l’organisme est synthétisé par
PA
U
les cellules nerveuses entériques. Il constitue donc un véritable trait d’union
entre l’intestin et le cerveau.
28
Le Petit Larousse, grand format, dictionnaire, éd. Larousse, 2001,1851 pages, p. 694
29
Joly Gomez Francisca, op. cit., p. 56.
Raymond Danny, « Un cerveau dans vos entrailles », 15 février 2013, disponible sur <http://
www.sciencepresse.qc.ca/blogue/2013/02/15/cerveau-vos-entrailles> [consulté le 3 novembre
2014]
30
!51
Un autre médiateur important est la dopamine qui est autant sécrétée par le
système neuronal entérique que par celui du cerveau. Elle est responsable de
EU
la sensation de satiété et régule donc l’appétit.
Par ses rôles fondamentaux que sont l’absorption des nutriments nécessaires à
la survie et la protection du tube digestif contre les agressions extérieures, le
PU
CH
SNE est un organe capital et indissociable de l’organisme.
E
Figure n°10 : Libération de neurotransmetteur (source : Auteur)
LIN
1.2.2 Fonctions affines du SNE
1.2.2.a Apprentissage.
Le dictionnaire Larousse définit l’apprentissage comme « l’ensemble des
processus de mémorisation mis en oeuvre par l’animal ou l’homme pour élaborer ou
PA
U
modifier les schémas comportementaux spécifiques sous l’influence de son
environnement et de son expérience31 ».
En biologie, l’apprentissage par le cerveau est caractérisée par « une
modification et une ramification des connexions synaptiques 32 ». Or, d’un point de
vue anatomique et scientifique, le SNE ne possède que peu de synapses. Mais,
si l’on considère que la stimulation développe l’apprentissage, on peut imaginer
31
Le Petit Larousse, Dictionnaire, éd. Larousse, 2001, p.77, 1851 pages.
32
Graindorge Nicolas, « Biologie, système nerveux », cours ESAO, 2014.
!52
que le cerveau du ventre acquiert des compétences pour développer sa
fonction propre et innée de la digestion.
Il me semble nécessaire de rappeler que tout comportement implique en réalité
EU
un mélange inextricable d’inné et d’acquis 33. En effet, le développement de
l’intestin permet la digestion, mais s’il n’est pas stimulé, il ne pourra pas
développer cette fonction. Aussi, si à l’âge adulte un animal n’a jamais connu
un aliment, son tube digestif n’aura pas appris à le digérer. Mais au second
voire au troisième contact avec cet aliment étranger, l’estomac et les intestins
CH
se seront adaptés pour sécréter des sucs de digestion particuliers pour le
digérer. L’exemple de Harpo, un bouvier des Flandres adulte illustre bien cette
explication : il ignorait les os jusqu’à ce qu’il prenne exemple sur d’autres chiens
et se mit à en ronger un. La quantité importante d’une bouillie d’os dans ses
intestins, mise en lumière par radiographie, a démontré que les sucs digestifs
PU
pour dissoudre le calcium n’étaient pas sécrétés ce qui provoqua de la
constipation chez ce chien. Mais après plusieurs autres tentatives, l’intestin
apprit à digérer et l’animal ne souffrit plus de troubles digestifs26. Ce cas
d’apprentissage met en lumière la nécessité d’une stimulation progressive du
tube digestif à l’ingestion d’un nouvel aliment.
E
Si l’intelligence est l’aptitude à s’adapter à un environnement nouveau et si le
système digestif s’adapte à de nouvelles stimulations, alors on peut dire que
LIN
non seulement le SNE est un organe intelligent, mais encore il est un véritable
« concentré d’intelligence34 ».
Dominique Darmaun 35, pédiatre et chercheur en nutrition humaine (CRNH) de
Nantes, pense que l’intestin foetal nait stérile. C’est à l’accouchement que la
PA
U
flore, ou « microbiote intestinal » est héritée et va évoluer jusqu’à l’âge de deux
ou trois ans chez l’humain. C’est la même chose chez l’animal. Le foetus étant
enfermé dans une poche amniotique stérile, sa flore intestinale ne commence à
se développer qu’au contact des bactéries de la mère lors de l’accouchement.
Jouventin Pierre, « L’Inné & l’Acquis », 12 janvier 2012, disponible sur <http://www.ecologieradicale.org/index.php?option=com_content&view=article&id=252:linne-alacquis&catid=59:science-philosophie-et-biocentrisme&Itemid=94>, [consulté le 18 et le 30
novembre 2014]
33
34
Denjean Cécile, op. cit.
35
Denjean Cécile, ibid.
!53
Dès la naissance, l’allaitement du nouveau-né va stimuler les neurones
intestinaux qui vont enclencher leur activité en envoyant des informations pour
mouvoir le tube digestif. Parallèlement, la population des bactéries, composant
EU
la flore intestinale, va se développer pour acquérir petit à petit ses fonctions.
Comme un enfant apprenant à lire, le SNE apprend son rôle par le biais de
stimuli extérieurs (sensation de faim, de soif, de satiété). Cela reflète bien le
principe ostéopathique d’Andrew Taylor Still selon lequel « la structure
gouverne la fonction ; la fonction détermine la structure ». Le système digestif
CH
va véritablement apprendre ce pour quoi il a été créé.
Ses fonctions sont multiples et complexes. Dans l’alimentation ingérée, il va
non seulement savoir digérer les éléments essentiels pour emmagasiner de
l’énergie nécessaire à l’organisme, mais aussi savoir transformer une partie des
PU
nutriments pour la stocker dans des tissus particuliers (le glucose est
transformé en glycogène et stocké dans le foie par exemple).
Enfin, le tube digestif va savoir à quel moment puiser le nécessaire stocké pour
libérer davantage d’énergie lors de situations de stress, d’efforts ou de carence
passagère.
E
En plus des fonctions purement digestives, les intestins vont apprendre à se
protéger contre les agressions extérieures et intérieures. Le Docteur Gershon
LIN
affirme qu’« au delà de la digestion et de l’absorption des nutriments, les intestins
doivent aussi nous défendre contre l’invasion de bactéries hostiles. (…) Il est alors
logique que l’évolution ait placé un cerveau nécessaire à ces performances
primordiales à notre survie à cet endroit-là. Il faut tellement de cellules nerveuses pour
accomplir toutes ces tâches, que si elles étaient contrôlées depuis la tête, l’épaisseur
des câbles neuronaux pour toutes ces connexions serait intolérable. Il est plus sûr et
PA
U
plus effectif de laisser les intestins s’occuper de ces affaires. 36 ». La muqueuse
digestive est une « véritable barrière entre le monde externe et interne de
l’organisme37 ».
36
Gablier Miriam, op. cit., <http://www.inrees.com/articles/intelligence-du-ventre/>
Giuseppe Melillo, « Nous avons un troisième cerveau, le cerveau abdominal », Université de
Lausanne, 2001, disponible sur <http://www2.unil.ch/unicom/allez_savoir/as21/dossier5/
index.html> [consulté le 30 octobre 2014]
37
!54
En cas d’intoxication alimentaire, la barrière intestinale va activer le système
immunitaire pour produire des médiateurs inflammatoires. Le SNE doit agir très
rapidement quand se déclare l’intoxication en provoquant vomissement ou
EU
diarrhée. C’est donc grâce à son propre cerveau que le système digestif exerce
au mieux ses fonctions.
1.2.2.b Compétences
CH
Outre ses fonctions digestives et de protection au niveau intestinal, le SNE
serait capable d’actions plus larges sur l’organisme. La circulation des
hormones et la production de bactéries au sein même du ventre pourraient, en
communiquant avec le cerveau « du haut », moduler certains aspects de
l’organisme. Il me semble intéressant de rappeler brièvement l’évolution des
parties superposées :
PU
cerveaux avant d’analyser la suite. Le cerveau de l’Homme possède trois
- le cerveau dit « reptilien », primitif, instinctif, constitué par le tronc
cérébral et l’hypothalamus, responsable des pulsions fondamentales. C’est la
seule partie que possèdent les reptiles.
- le cerveau de la mémoire et des émotions dit « limbique », plus
E
évolué, celui que possèdent tous les Mammifères (celui qui nous intéresse).
- le cerveau complexe dit « cortex », associatif, retrouvé chez l’Homme
PA
U
LIN
seulement, responsable de l’anticipation, de l’imagination et de l’abstraction38.
Figure n°11 : Le cerveau de l’Homme séparé en trois parties
(source n°6)
Blondeau Nicolas, « La mémoire du cheval n’est pas la mémoire de l’Homme », fondateur de
l’école Blondeau, équitation éthologique, à Saumur, disponible sur <http://www.cliniqueveterinaire-saint-herbot.fr/animals.php?a=cheval> [consulté le 15 novembre 2014]
38
!55
La deuxième partie du cerveau est aussi appelée le cerveau limbique, il est
constitué par l’amygdale et l’hippocampe. Cette région est le siège de
l’affectivité, de l’émotion, de l’apprentissage et de la mémoire. Il est
EU
particulièrement développé chez le Cheval, chez qui l’audition et la vocalisation
sont très importantes pour la compréhension de la hiérarchie, la communication
entre individus et l’apprentissage à long terme.
• Les émotions
CH
Même si l’Assemblée Nationale française reconnait symboliquement « les
animaux doués de sensibilité39 », les expériences ont prouvé qu’ils ressentent
effectivement des émotions positives comme le plaisir, le bonheur, la surprise,
la joie et l’affection mais aussi des émotions négatives comme la colère,
l’anxiété, le stress, la peur et la dépression. Tout cavalier ou propriétaire
PU
d’animaux pourra aussi l’affirmer. Les émotions sont essentielles dans la vie du
cheval. Leurs fonctions sont multiples : elles lui permettent non seulement de
communiquer avec ses congénères afin d’organiser et de réguler la vie sociale
du groupe (ex : hennissement, flehmen) mais aussi, elles lui dictent les
réactions spécifiques à une situation déclenchante (ex : fuir l’ennemi ou
redresser l’encolure et les oreilles en présence d’un bruit). Cette seconde
E
fonction va modifier l’état interne de l’organisme dans le but d’augmenter les
chances de survie en milieu naturel ; c’est une fonction d’adaptation qui
LIN
s’applique autant pour l’individu que pour le groupe social 40.
L’émotion est définie comme « une sensation plus ou moins nette de plaisir ou de
déplaisir que l’on peut reconnaitre en soi ou prêter aux autres par extrapolation.
L’émotion est une réponse adaptative qui présente trois composantes : physiologique,
PA
U
comportementale et subjective41 ».
Le Monde, « L'Assemblée confirme que les animaux sont ‘’doués de sensibilité’’ », 4
novembre 2014, disponible sur <http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/10/31/l-assembleconfirme-que-les-animaux-sont-doues-de-sensibilite_4515761_823448.html> [consulté le 3
décembre 2014]
Curieusement, Sénat et Assemblée Nationale ont oscillé entre approbation et refus de cette
reconnaissance entre le 30 octobre 2014 et le 28 janvier 2015.
39
40
Bertrand Yves, « Les émotions du cheval », janvier 2000, disponible sur <http://valotte.free.fr/
index.php?cat=emotions-cheval> [consulté le 10 avril 2015]
Marty Alain, cours « Neurobiologie des émotions », 23 septembre 2009, 11 pages, disponible
au format PDF sur <http://www.neur-one.fr/Emotions.pdf> [consulté le 15 septembre et le 10
octobre 2014]
41
!56
« Physiologique », car il y a une modification hormonale entraînant des
réponses végétatives au niveau des organes via les systèmes sympathique et
parasympathique (accélération ou diminution du rythme cardiaque par
EU
exemple). C’est pourquoi en situation d’anxiété on peut « avoir l’estomac
noué », quand on est amoureux « des papillons dans le ventre » et une
expérience peut même « nous prendre aux tripes ». Il existe donc bel et bien un
lien entre l’émotion vécue et l’expression traduite par notre ventre. En effet,
selon la psychologie biodynamique fondée par Gerda Boyes, chacun de nos
CH
organes possède deux fonctions : physiologique et émotionnelle. Cela recoupe
les principes des médecines empiriques, comme la médecine chinoise.
L’intestin a une fonction physiologique, le péristaltisme grâce auquel il peut
digérer le bol alimentaire, et une fonction émotionnelle. Cette dernière est
appelée « psycho-péristaltisme ». C’est une activité parallèle au péristaltisme
PU
physiologique qui est un « moyen de régulation naturel des conflits émotionnels. Il
permet en fait, de digérer les résidus métaboliques42 » de ces conflits (comme
l’adrénaline et la noradrénaline libérées en cas de stress par exemple).
Jean-Pierre Barral, ostéopathe DO, n’hésite pas à faire le lien entre l’organe
dysfonctionnel et l’émotion qui lui est reliée : « Les organes sont la cible directe
des réactions psychoémotionnelles ». Pour lui, si l’estomac représente l’organe du
E
stress, l’intestin grêle et le côlon seraient quant à eux des organes à travers
lesquels le manque de protection familiale et/ou sociale entraînerait des
LIN
fixations viscérales. Il ajoute que le côlon est « l’organe de somatisation par
excellence43 ».
Ce dernier a donc un rôle particulièrement important dans le stockage et
l’élimination des émotions. Le docteur Ghislain Devroede chirurgien spécialisé
dans les maladies du côlon a aussi confirmé les liens entre le physique et le
psychique. Pour lui, le ventre représenterait le centre d’archives de la vie
PA
U
émotionnelle44. En effet, ce qu’il se passe dans le tube digestif ne serait pas
sans conséquence pour l’atmosphère psychique et réciproquement.
Dupuis Jean Marc et Candide Loiseleur, « Une nouvelle thérapie ’’nettoie’’ les angoisses », 29
mai 2012, disponible sur <http://fr.sott.net/article/8207-Une-nouvelle-therapie-nettoie-lesangoisses> [consulté le 15 septembre et le 10 octobre 2014]
42
43
Barral Jean-Pierre et Mercier Pierre, « Manipulations viscérales 1 », éd. Elsevier, 2004, 250
pages, p. 169
Nutrilife, « Le système nerveux entérique : le second cerveau du corps ! », janvier 2013,
disponible sur <http://blog.nutrilifeshop.com/le-systeme-nerveux-enterique-le-second-cerveaudu-corps/> [consulté le 12 septembre et le 10 octobre 2014]
44
!57
Les neurotransmetteurs produits par les neurones entériques et cérébraux
jouent un rôle dans les émotions.
Selon le professeur M. Gershon, la douleur, le stress et l’anxiété ressentis au
EU
niveau du SNE agissent directement sur la muqueuse intestinale et provoque
ainsi un excès de sécrétion de sérotonine qui maintient le corps dans cet état
de déséquilibre. À l’inverse, la carence de sérotonine engendre un état de
dépression.
La dopamine quant à elle est responsable de la sensation de bonheur. Sa
CH
diminution contribue également à une diminution du tonus de l’énergie et un
état de tristesse.
Physiologiquement et anatomiquement parlant, les informations provenant des
viscères via le nerf vague sont traitées au niveau du tronc cérébral. Elles sont
ensuite envoyées à l’hypothalamus et à l’amygdale. La première structure est le
PU
siège de la coordination des comportements émotionnels tandis que
« l’amygdale, située dans les lobes temporaux joue un rôle important dans les activités
végétatives, émotionnelles et sexuelles45 ». Elle est située dans les lobes
temporaux et constitue en partie le système limbique. Enfin, l’information
termine son trajet dans le cortex cérébral.
Hypothalamus
Amygdale
E
Tronc cérébral
Cortex
cérébral
LIN
Figure n°10 : Trajet de l’information sensitive provenant des viscères
et transmise par le nerf vague (Source : Auteur)
De plus, des constats médicaux ont démontré que des lésions totales de la
moelle épinière chez l’Homme entraînaient une nette diminution des
manifestations émotionnelles. Sans poser de conclusion hâtive, on peut
supposer que les informations envoyées par le SNE via le nerf vague ne
circuleraient plus correctement, ce qui générerait l’absence partielle ou totale
PA
U
des sensations émotionnelles au niveau du cerveau.
• Les comportements
Les comportements peuvent aussi être modulés selon les hôtes intestinaux
présents dans l’intestin. En effet, plusieurs expériences ont été effectuées sur
des souris de laboratoire : elles consistent à intervertir la flore intestinale d’une
Simonetto Isabelle, op. cit., <http://nellyclauzel.com/pdf/articles/
ventre_deuxieme_cerveau.pdf>
45
!58
souris agressive et celle d’une souris calme. Le résultat est que leur
comportement a été lui aussi interverti46. La conclusion des chercheurs est que
les bactéries intestinales agiraient aussi sur le SNC de l’animal.
EU
La flore intestinale, composée de bactéries, de souches microbiennes et de
probiotiques lactiques, influence indéniablement la chimie cérébrale en
favorisant la survie des cellules nerveuses de l’hippocampe et du système
limbique ou en freinant la libération du messager cérébral du stress et de
l’anxiété, par exemple. De nombreuses expériences ont démontré l’impact de la
chronique47.
• Les souvenirs / les rêves
CH
qualité de la flore sur les performances cognitives, la dépression et le stress
Le système limbique est responsable de la mémorisation. Les rêves et les
PU
souvenirs ne naissent qu’à partir de mémorisation d’évènements vécus.
Plusieurs expériences prouvent que les animaux rêvent, comme celle menée
au Massachusetts Institute of Technology qui a enregistré l’activité cérébrale de
quatre rats courant dans des roues leur offrant des récompenses. Une fois les
rats endormis, leur activité cérébrale et les mouvements oculaires ont continué
à être enregistrés. Pendant les phases correspondant aux rêves, l’activité
E
cérébrale reproduisait de manière très exacte celle enregistrée pendant la
course dans les roues48. Selon le professeur Michael Gershon, le cerveau
LIN
abdominal serait aussi capable de se souvenir et participerait à la phase de
PA
U
rêves pendant le sommeil en produisant de la sérotonine 49.
Eveil
Sommeil à ondes lentes
Sommeil paradoxal
Figure n°12 : Durée des phases de sommeil chez différentes espèces animales (Mammifères).
(source : Auteur)
46 Denjean Cécile, op. cit.
47
Nutrilife, op. cit.
48
Nothias Jean-Luc, Le Figaro « Histoires de savoir : à quoi rêvent les animaux ? », 2006,
disponible sur <http://www.lefigaro.fr/sciences/2006/10/11/01008-20061011ARTFIG90058a_quoi_revent_les_animaux.php> [consulté le 15 septembre et le 10 octobre 2014]
Simonetto Isabelle, op. cit., <http://nellyclauzel.com/pdf/articles/
ventre_deuxieme_cerveau.pdf>
49
!59
Tous ces liens font du SNE un cerveau quasiment semblable à celui de la tête.
EU
Peut-on aller plus loin en disant que le cerveau du ventre pense ?
Le docteur Michael Gershon émet l’hypothèse selon laquelle il pourrait
constituer la matrice biologique de l’inconscient. On ne peut rien affirmer à ce
jour, mais les termes « pense » et « panse » reflètent une sympathique
PA
U
LIN
E
PU
CH
coïncidence sémantique qui laisse les plus curieux réfléchir.
!60
EU
CH
PARTIE 2 :
PU
ANALYSE OSTEOPATHIQUE DU
SYSTEME NERVEUX ENTERIQUE
PA
U
LIN
E
DU CHEVAL.
« L’art de la thérapeutique manuelle est ancien : je tiens en haute estime ceux qui, génération
après génération, me succéderont et dont tous les travaux contribueront au développement de
l’art naturel de guérir. »
- Hippocrate, De articulis 47 -
!61
2. ANALYSE OSTEOPATHIQUE DU SNE DU CHEVAL
L’analyse ostéopathique est la base de notre réflexion pour poser un diagnostic
EU
cohérent afin de libérer l’animal de ses dysfonctions. Rappelons que
l’ostéopathie est une médecine manuelle et holistique. En effet, elle prend en
compte le corps du patient dans sa globalité environnementale et physique, elle
rééquilibre l’organisme dans le but de rendre le fonctionnement optimal de
toutes ses structures. Andrew Taylor Still voit l’ostéopathe comme un
CH
« mécanicien de la vie 50 ». Par le biais de liens qui unissent les structures du
corps, une dysfonction articulaire en aval peut entraîner un ou plusieurs autres
types de dysfonctions (tissulaire, viscérale, crânienne, articulaire, neurologique,
lymphatique, endocrinienne), en amont, parfois même situées à distance de la
PU
première.
2.1. Vision globale centrée sur le SNE : l’unité du corps
Selon Andrew Taylor Still, fondateur de l’ostéopathie, « l’unité du corps » met en
avant l’importance de la globalité. En effet, toutes les parties du corps qui le
E
composent (structures osseuses, articulaires, viscérales, nerveuses, sanguines,
lymphatiques, hormonales) constituent une véritable « unité fonctionnelle
indissociable51 ». Un viscère digestif ne peut pas digérer à lui seul l’ensemble du
LIN
bol alimentaire. C’est pourquoi la structure de chacun des organes est
différente ; ce qui lui octroie un rôle propre, distinct des autres organes certes
mais complémentaire. Cela illustre le principe selon lequel « la structure
gouverne la fonction et la fonction détermine la structure » du père de
PA
U
l’ostéopathie.
Comme les communications internes, il existe des communications à distance
entre le SNE, le tube digestif et le reste de l’organisme.
50
Tricot Pierre et Gaisnon Laurent « Andrew Taylor Still 1828-1917 » Société des ostéopathes
de l’Ouest, 7 mars 2009, 55 pages, disponible au format PDF sur <http://soosteo.free.fr/IMG/
pdf/ATStill-SOO.pdf> [consulté le 30 novembre 2014]
ROF (Registre des Ostéopathes de France), 27 septembre 2013, disponible sur <http://
www.osteopathie.org/88-decouvrez-l-osteopathie-definition-et-concept.html> [consulté le 30
novembre 2014]
51
!62
2.1.1 Quand la structure gouverne la fonction
Comme nous l’avons décrit précédemment, le SNE est intimement lié à certains
EU
organes du tube digestif. La partie antérieure du tractus digestif aura un rôle
différent de la partie postérieure de celui-ci. La structure propre à chaque
organe leur octroie une fonction bien particulière.
Chez le Cheval, la digestion est un phénomène complexe en deux phases,
CH
correspondant aux deux parties du tube digestif : la digestion enzymatique et la
digestion microbienne.
2.1.1.a Digestion enzymatique
PU
La digestion enzymatique se déroule au niveau du tube digestif antérieur
composé par l’estomac, le duodénum, le jéjunum et l’iléum (intestin grêle). Le
transit est très rapide, moins de trois heures, grâce à l’accumulation importante
d’enzymes digestives provenant de la salive (sécrétions salivaires), de
l’estomac (sucs gastriques), du foie (la bile), du pancréas (sécrétions
pancréatiques) et de l’intestin grêle (sucs intestinaux). La trypsine, la lypase et
E
la bile ainsi que la maltase, la saccharase et la glucomylase vont permettre de
transformer respectivement les grosses molécules de protéines, lipides et
LIN
glucides hydrolysables en petites molécules pour pouvoir les absorber et les
utiliser plus aisément. Les acteurs de la régulation de la sécrétion de toutes ces
enzymes sont nombreux. Ils se composent du SNC, de l’hypothalamus, du nerf
vague, mais aussi des plexus gastriques, pancréatiques, coeliaque et
mésentériques, du plexus sous-muqueux du SNE ainsi que des hormones
PA
U
sécrétées dans le tube digestif.
Tous ces protagonistes travaillent en synergie afin de sécréter suffisamment
d’enzymes pour une digestion optimale. Si l’un d’eux se trouvait défaillant,
l’organisme dans un état de déséquilibre cherchera toujours à retrouver un
certain équilibre en sollicitant davantage les autres régulateurs, ce qui pourrait à
terme user et fatiguer précocement ceux-ci ainsi.
!63
En plus des enzymes, l’intestin grêle « sécrète du mucus, protecteur contre l’acidité
du chyme52 ». Ce mucus est situé à la surface de l’épithélium du tractus gastro-
intestinal des Mammifères. Son intérêt est qu’il établit une barrière physique
EU
entre non seulement le tissu sous-jacent et les micro-organismes, mais aussi
entre les toxines qu’il produit et les autres substances potentiellement nocives
présentes dans la lumière intestinale. Il est produit par l’épithélium, mais sa
2.1.1.b Digestion microbienne
CH
régulation reste encore mal connue et difficile à étudier.
C’est dans le caecum et le côlon que la deuxième phase de digestion
s’actionne. C’est la fermentation microbienne. Le tube digestif postérieur est
l’hôte naturel d’un microbiote 53 spécialisé, composé de « bactéries, de
gros intestin du Cheval.
PU
protozoaires, de champignons, des Archaea et de virus54 » dans le caecum et le
« La population microbienne dans le caecum et le côlon replié du cheval serait
comprise entre 5 et 7 x 109 germes par gramme de contenu digestif. 55 » Cet
écosystème complexe a un rôle important dans la décomposition et la
métabolisation optimale de la cellulose. Sans lui, les troubles digestifs peuvent
E
voir le jour. En effet, le dérèglement de la flore, appelé « dysmicrobisme », peut
perturber la dégradation des aliments et ainsi augmenter les zones pré-
LIN
enflammées, ce qui favoriserait les pathologies allergiques, inflammatoires,
infectieuses et auto-immunes. L’inflammation constante de la muqueuse
intestinale rend celle-ci hyper-perméable, ce qui laisserait passer les éléments
toxiques à travers le sang. Ces hôtes naturels sont indispensables au bon
fonctionnement du tractus intestinal et si l’un est défaillant, l’autre peut aussi se
PA
U
mettre en dysfonction générant un déséquilibre généralisé de tous les organes.
Pol Didier « Système digestif. Sécrétions digestives et phénomènes chimiques de la digestion
», 1er septembre 2001, disponible sur <http://www.fondation-lamap.org/fr/page/11285/s-crtions-digestives-et-ph-nom-nes-chimiques-de-la-digestion> [consulté le 30 novembre et le 2
décembre 2014]
52
53
Microbiote = flore intestinale
54
Sadet-Bourgeteau S. et Julliand V. « La diversité de l’écosystème microbien du tractus
digestif équin » INRA, revue n°5 Productions Animales, 2012, 12 pages, disponible au format
PDF sur <http://prodinra.inra.fr/ft?id=C583C0B0-8487-4A62-A77F-9E4AEFAFF11F> [consulté
le 30 novembre et le 2 décembre 2014]
55
Wolter Roger, « Alimentation du cheval » éd. France Agricole, 16 mars 2000, 477 pages, p.64
!64
Pour palier à une flore pauvre ou dégradée, des traitements à base de
probiotiques sont parfois prescrits. Les probiotiques sont un « supplément
alimentaire microbien vivant qui affecte de façon bénéfique l’hôte en améliorant
EU
l’équilibre de sa flore intestinale.56 »
Outre une action potentielle sur la flore, les probiotiques jouent un rôle antiinflammatoire et immunitaire non négligeable dans l’intestin. Il a été prouvé que
la sensibilité viscérale liée au stress chez l’animal diminuerait nettement sous
un tel traitement57.
CH
En sus de cette adjonction de probiotiques, il sera judicieux d’analyser la cause
LIN
E
PU
première de ce dysmicrobisme afin de l’éliminer.
PA
U
Figure n°13 : La digestion du Cheval.
(Source n°7)
56
Ait Belgnaoui Afifa, « Influence d’un traitement probiotique (Lactobacillus farciminis) sur les
altérations de la sensibilité viscérale liées au stress : rôle de la barrière épithéliale colique »,
thèse vétérinaire soutenue devant l’Unité de Neuro-Gastroentérologie et Nutrition, INRA
Toulouse, le 11 décembre 2006, 191 pages, disponible au format PDF sur <http://ethesis.inptoulouse.fr/archive/00000470/01/ait_belgnaoui.pdf> [consulté le 30 novembre et le 2 décembre
2014]
57
Ait Belgnaoui Afifa, ibid.
!65
2.1.2 Inter-relation globale et complexe entre le SNE et les autres
systèmes
EU
L’inter-relation entre les structures rejoint le premier principe d’A.T. Still « l’unité
du corps ». C’est cette relation étroite entre tous les systèmes du corps, via les
tissus organiques qui le composent, qui rend l’organisme global et unique dans
chaque singularité. Les liens unissant la structure et la fonction sont toujours à
la fois mécaniques (muscles, tendons, ligaments, fascias), neurologiques (SNC,
CH
SNP, ganglions, plexus, systèmes sympathique et parasympathique) et
fluidiques (systèmes artério-veineux, lymphatique, endocrinien et le liquide
céphalo-rachidien (LCR)).
PU
2.1.2.a Système digestif
Le SNE tapisse l’intérieur du tube digestif, de l’oesophage au rectum58. Il est
donc en lien direct avec le système digestif. Toute dysfonction d’un organe aura
pour conséquence une défaillance de son système nerveux entérique.
Les organes viscéraux sont tous maintenus par des séreuses dérivant
embryologiquement du coelome, creusé dans le mésoderme. Le coelome intra-
E
embryonnaire donne alors trois grandes cavités qui sont le péricarde pour le
coeur, la plèvre pour les poumons et le péritoine pour la cavité abdominale et
LIN
ses viscères.
Le péritoine est une vaste séreuse qui enveloppe toute la cavité abdominale. Il
est constitué de deux feuillets, l’un viscéral qui adhère à l’organe et l’autre
pariétal situé contre la paroi de la cavité. Cette séreuse complexe présente des
plis, appelés mésos ou ligaments, qui permettent le passage des vaisseaux
vasculo-nerveux pour la nutrition et l’innervation des organes qu’elle enveloppe.
PA
U
Même si le péritoine n’a pas de lien direct avec le SNE, une inflammation de la
séreuse pourra provoquer une fixation viscérale qui verrouillera la portion du
SNE propre à l’organe fixé.
Enfin, le péritoine présente des zones d’adhérence physiologiquement
normales qui unissent certains viscères entre-eux ou aux parois du tronc. Ces
58
Cf. supra. Partie 1.1.1.b
6
! 6
liens avec les corps vertébraux pourraient déclencher d’autres dysfonctions, de
2.1.2.b Système musculo-squelettique
EU
type ostéo-articulaire par exemple.
Le système musculo-squelettique (SMS) prime largement sur les autres
systèmes car un dysfonctionnement de celui-ci entraînera forcément un
verrouillage des autres systèmes selon le sixième principe fondamental de
CH
l’ostéopathie « prépondérance du SMS ». En effet, si l’animal souffre
musculairement ou articulairement, il se mobilisera moins. Cette conséquence
va entraver, au niveau physique, le bon fonctionnement de ses autres systèmes
(digestif, vasculaire, lymphatique) et au niveau psychique, sa douleur peut
l’inciter à s’éloigner de ses compagnons. Son moral peut faiblir, impliquant un
PU
état d’apathie, de déprime ou au contraire d’agressivité. Le système musculosquelettique est essentiel au mouvement, à la vie, il est la « machinerie primaire
de la vie59 » pour Irvin Korr. C’est pourquoi, il est essentiel de donner à ce
système toute l’harmonie qu’il doit avoir pour permettre à l’organisme de s’autoguérir.
E
• Os et articulations :
D’abord, il est nécessaire de rappeler que le rachis vertébral obéit à un mode
LIN
d’organisation particulier : la métamérie. C’est une division primitive du cordon
dorsal de l’embryon en métamères (ou segments). On retrouve alors chez
l’organisme adulte une succession de métamères (dermatome pour la peau,
myotome pour les muscles, sclérotome pour les os et viscérotome pour les
organes viscéraux), toute innervée par le segment de moelle correspondant.
Ceci illustre bien l’existence de connexions entre chaque segment du rachis et
PA
U
les structures à distance. Par exemple, l’étage métamérique T18-L1 correspond
au caecum et à ses troubles.
Ensuite, selon la loi de Hilton, les nerfs qui fournissent la sensibilité d’une
articulation innervent les muscles qui la mobilisent, la peau qui la recouvre ainsi
que les insertions. Ceci permet d’expliquer que l’action de l’ostéopathe sur la
Korr Irvin M., « Bases physiologiques de l’ostéopathie », éd. Frison-Roche, 2ème édition,
1982, 209 pages, p.152
59
6
! 7
peau aura un impact sur les tissus sous-jacents tels que les muscles et les
articulations.
EU
Par le biais des mésentères, des ligaments et des zones d’adhérences (précitées), du duodénum au rectum, le tube digestif est appendu aux processus
transverses des dernières vertèbres thoraciques et des premières lombaires.
Par exemple, le caecum présente une grosse zone d’adhérence sous-lombaire
de la dix-septième thoracique à la deuxième lombaire à droite. Selon le
CH
contexte neuro-physiologique de la vertèbre 60, ces dernières sont reliées les
unes aux autres par des « tissus nobles61 » d’après Olivier Auquier. Ceux-ci font
le lien entre la vertèbre et le système nerveux ainsi que le reste du corps. Ils se
composent de la dure-mère, du LCR, des paires de nerfs rachidiens, des
ganglions paravertébraux et de l’ensemble du réseau artério-veineux. Cette
PU
étroite promiscuité entre la vertèbre et ces tissus nerveux et vasculaires fait que
la dysfonction ostéopathique articulaire ne doit pas être prise à la légère. En
effet, en plus de l’impact possible sur le LCR et la dure-mère et donc sur le
SNC, les nerfs rachidiens émergeants des vertèbres pourront avoir une large
incidence sur l’organisme. Ces derniers nerfs possèdent trois types de fibres :
moteur, sensitif et neurovégétatif. C’est pourquoi en cas d’atteinte d’une
E
vertèbre, les dysfonctions peuvent être multiples : paralysie, atrophie
musculaire (atteinte des fibres motrices), douleur, déficit de proprioception,
LIN
ataxie (atteinte des fibres sensitives) ou bien dysfonctionnement viscéral ou
encore défaut circulatoire (atteinte des fibres neurovégétatives).
Une dysfonction ostéopathique (DO) vertébrale pourra être centrifuge, elle sera
primaire (DOP) et provoquera alors des dysfonctions ostéopathiques
secondaires (DOS), de type viscéral avec verrouillage de l’organe, atonie de
PA
U
son système nerveux (le SNE) et donc engendrerait un défaut dans le transit
intestinal (par exemple : constipation, colique). Autre exemple, une dysfonction
ostéopathique de L2-L3, pourra via les liens neurologiques (plexus solaire et
mésentérique crânial), fluidiques (artère mésentérique crâniale) ou mécaniques
(zone d’adhérence sous lombaire) entraîner une DO viscérale du gros côlon.
60
Girard Jean-Yves, « Philosophie et Ostéopathie », cours ESAO, 2013.
Auquier Olivier « Ostéopathie, Principes et applications ostéoarticulaires », éd. Elsevier,
2007, 157 pages, p. 37
61
6
! 8
Mais elle pourra être aussi centripète, si la dysfonction primaire est la fixation
d’un organe. Par exemple, en cas de DOP du duodénum, par un lien
mécanique, son pli duodéno-colique est relié au méso-côlon inséré sur la
EU
deuxième lombaire, on pourra trouver une DOS vertébrale au niveau de L2.
Aussi, via un lien neurologique, l’intestin grêle étant innervé par les fibres
parasympathiques du nerf vague traversant les plexus coeliaque et
mésentérique crânial, plusieurs DOS vertébrales peuvent être mises en lumière
comme une DOA de T18-L1 pour le plexus coeliaque, une DOA de L1-L2 pour
CH
le plexus mésentérique crânial mais aussi une DOA de C0-C1 ou de C7-T1
pour le nerf vague. Enfin, par le lien fluidique, une défaillance de l’artère
mésentérique crâniale peut entraîner un état inflammatoire, voire une stase
sanguine amenant à un oedème en regard de T18-L1, articulation qui sera alors
DOP Vertébrale (ex : T18-L1)
PU
fixée par protection.
via un lien neurologique
(ex : plexus solaire)
E
DOS Viscérale (ex : caecum)
DOP Viscérale (ex : jéjunum)
via un lien fluidique (ex :
mésentérique crâniale via l’artère
jéjunale)
DOS Vertébrale (ex : L1-L2)
LIN
Figure n°14 : Exemple d’une DO vertébrale centrifuge (à gauche) et centripète (à droite).
(Source : Auteur)
• Muscles et fascia :
Le SNE a un lien étroit avec les muscles des viscères creux, muscles dits
« blancs » ou « lisses » contrôlés par le SNA (systèmes para et
orthosympathique). En effet, le plexus myentérique est intégré à la couche
PA
U
musculaire longitudinale et le plexus sous-muqueux est situé dans la couche
musculaire circulaire des organes digestifs. Une hyperactivité de ce système
nerveux conduira à une accélération du péristaltisme comme dans le cas d’une
allergie alimentaire, par exemple. L’aliment indésirable irrite les parois et les
villosités de la muqueuse intestinale provoquant l’inflammation de celle-ci ainsi
que des plexus nerveux. Ce dernier envoie de nombreuses informations
motrices aux couches musculeuses de l’intestin pour évacuer au plus vite
l’aliment allergisant.
6
! 9
Avec une vision plus globale sur les muscles squelettiques, dits « rouges »,
contrôlés par le SNC, l’exemple le plus flagrant est celui concernant les
abdominaux et leurs fascias qui maintiennent et soutiennent le poids de tous
EU
les viscères (particulièrement important chez le Cheval). Ce n’est pas forcément
leur lien direct qui entre en jeu, mais c’est la superposition des couches
musculaires, fasciales, péritonéales et viscérales qui fait le pont entre les
haubans musculaires et tendineux et les organes digestifs.
Une dysfonction ostéopathique du gros côlon, au niveau de la courbure
CH
pelvienne - entre les côlons ventral et dorsal gauches - aurait pour
conséquences une inflammation, une hyper ou une hypo-activité du plexus
mésentérique crânial et du nerf vague qui est lui-même en lien avec le SNE, ce
qui pourrait occasionner une douleur importante dans la sphère pelvienne.
PU
Le Cheval prendra alors une position antalgique en ramenant les postérieurs
sous-lui pour protéger la zone douloureuse. Cette position accentue la
contraction puissante et permanente des muscles abdominaux (externe,
interne, droit et transverse) qui pourront à moyen terme se voir indurer,
contracturer, être pris de crampes ou subir des micro-déchirures.
E
Enfin, les fascias et notamment la peau recouvrant les abdominaux est un
important émonctoire quant aux dysfonctions éventuelles sous-jacentes. Par la
LIN
structure, la texture et la forme de ce dernier, il indiquera s’il existe des
verrouillages viscéraux, musculaires, respiratoires ou même vasculaires.
2.1.2.c Système cardio-circulatoire
La circulation sanguine est rendue possible par l’efficacité de la pompe
PA
U
cardiaque, autrement dit le coeur. Le sang est composé du plasma qui
transporte les érythrocytes 62, les leucocytes 63, les thrombocytes64, les anticorps,
les hormones, les nutriments et les déchets métaboliques. En parcourant le
corps en entier, les vaisseaux sanguins sont considérés comme une véritable
62
Érythrocytes = globules rouges
63
Leucocytes = globules blancs
64
Thrombocytes = plaquettes
7
! 0
autoroute aussi bien nourricière qu’éliminatrice. Comme l’a justement dit A. T.
Still dans son troisième principe, le « rôle de l’Artère est suprême et universel 65 ».
EU
Son rôle trophique pour les organes du corps nourrit aussi les fibres nerveuses
composant le SNE. En effet, comme les vaisseaux sanguins sont innervés, les
nerfs sont réciproquement vascularisés. Le second rôle du système sanguin
consiste en la collecte des cellules mortes et des sous-produits d’élimination
toxiques (ex : urée, ammoniac, dioxyde de carbone). Cette fonction est
CH
particulièrement importante puisqu’en cas de défaillance de celle-ci, les
organes s’asphyxieraient et mourraient. Les veines qui nourrissent le SNE et
évacuent les déchets qui entravent le bon fonctionnement de ce dernier, lui sont
indispensables.
PU
Les vaisseaux sanguins permettent beaucoup d’échanges d’informations entre
les organes. C’est aussi grâce à la circulation sanguine que les neurohormones libérées par les neurones du SNE sont mises en mouvement pour
être échangées avec le SNC. Le système cardio-vasculaire revêt une
importance fondamentale dans la communication entre les neurones du ventre
et ceux de la tête. Les états inflammatoires permanents, les compressions dues
E
à l’accumulation de sang qui n’arrive pas à s’évacuer, les congestions, les
stases sanguines voire les nécroses sont des signes d’un réel
LIN
dysfonctionnement. Ainsi, comme nous l’avons dit précédemment, le sang
circule partout. C’est pourquoi, les inflammations aiguës ou chroniques comme
des ulcères gastriques par exemple auront des conséquences aussi bien sur
les centres nerveux (plexus, nerfs rachidiens) et les lymphatiques, mais aussi
sur le diaphragme puis les poumons, via le rapport direct avec l’estomac.
PA
U
2.1.2.d Système humoral
Le système humoral est défini par la théorie des humeurs, élaborée par
Hippocrate66. Elle considère que la santé de l’esprit comme celle du corps est
fonction de l’équilibre des quatre humeurs : le sang, la phlegme (ou lymphe), la
65
Still Andrew Taylor, « Philosophie et principes mécaniques de l’ostéopathie », éd. Sully, 2009,
366 pages, p. 79
Hippocrate (460 env.-env. 370 av. J.-C.), médecin grec de l’Antiquité, considéré comme père
de la médecine.
66
7
! 1
bile jaune et la bile noire. Elles correspondraient aux quatre éléments : l’air,
l’eau, le feu et la terre ainsi qu’à quatre états physiques : sanguin, flegmatique,
colérique et mélancolique.
EU
Cette théorie de l’humorisme reste une référence dans le domaine de
l’ostéopathie, puisqu’elle souligne l’importance du rôle des circulations
fluidiques à travers le troisième principe d’A.T. Still : le sang67, la lymphe68, la
2.1.2.e Système respiratoire
CH
bile69.
Le diaphragme est le muscle central de l’équilibre corporel. C’est une coupole
séparant la cavité pulmonaire de la cavité abdominale. Il s’insère sur le corps
des premières lombaires (de L1 à L5), sur les côtes (de K8 à K18) et sur le
PU
processus xiphoïde du sternum. Il est en contact direct avec les poumons en
crânial et, avec le péritoine et certains viscères digestifs (foie, reins, rate,
estomac) caudalement 70.
Son mouvement va suivre celui des poumons : à l’inspiration, lorsque ces
derniers vont se remplir, la coupole va aller en direction caudale en appuyant
E
sur les viscères digestifs.
LIN
Inversement, à l’expiration lorsqu’ils vont se vider, le diaphragme va plaquer les
poumons en direction crâniale, laissant un espace plus grand pour les viscères
abdominaux. On comprend donc pourquoi en cas de pathologies respiratoires
(allergies, emphysèmes, par exemple), les alvéoles pulmonaires étant abîmées,
la respiration s’effectue difficilement, ce qui limite le bon fonctionnement du
PA
U
diaphragme.
Un diaphragme verrouillé peut avoir plusieurs effets notamment sur le
fonctionnement digestif. Si l’inspiration et l’expiration sont moins amples, la
pression intra-abdominale sera plus faible et par conséquent l’espace digestif
67
Cf. supra Partie 2.1.2.c
68
Cf. infra Partie 2.1.2.j
69
Cf. infra Partie 2.1.3.a
70
Cf. infra Annexes 1 et 2.
7
! 2
sera réduit. Ce qui pourrait entraîner un verrouillage du tube digestif et donc un
fonctionnement moins efficace de celui-ci : troubles digestifs, diarrhée et
constipation. Dans ce cas, le SNE pourrait être soit anormalement excité, soit
EU
inhibé, ce qui provoquerait des douleurs, une hyper ou une hypoesthésie, et
dans certains cas graves une paralysie des organes du tube digestif.
2.1.2.f Système nerveux
CH
Comme nous l’avons démontré précédemment 71, en tant que système nerveux,
le SNE est forcément en lien avec les connexions nerveuses qui circulent dans
l’organisme.
Le principal et premier lien entre le SNE et le SNC est le nerf vague. Les
PU
viscères tels que l’estomac et les intestins sont innervés par le nerf vague, dont
le niveau d’émergence se situe dans le tronc cérébral. En sortant par le trou
déchiré postérieur, il parvient à innerver le début du gros côlon. Le rôle du nerf
vague étant d’agir sur la sécrétion de mucus digestif, l’augmentation ou la
diminution de celle-ci altère la motilité de l’organe concerné. En cas de
dysfonction de la branche motrice du nerf vague, des risques de troubles
E
digestifs seront à noter : ralentissement des contractions péristaltiques en cas
d’hyperactivité (engendrant une constipation) ou accélération du transit en
LIN
hypoactivité (provoquant des diarrhées).
Le deuxième lien correspond à la libération des neurotransmetteurs par le SNC
qui a une action sur le système nerveux entérique. Les six principaux sont
l’acétylcholine, la dopamine, la noradrénaline, la sérotonine, le GABA72 et
l’adrénaline. En cas de dysfonction crânienne avec impact sur la structure du
PA
U
bulbe rachidien, du pont et du mésencéphale (au niveau des noyaux du Raphé,
principaux centres de sécrétion de la sérotonine au niveau cérébral), ceux-ci
pourront libérer soit excessivement, soit en insuffisance la sérotonine,
indispensable pour la communication intestin-cerveau.
71
Cf. supra Partie 1.2.1.b
72
GABA = Acide Gamma-AminoButyrique.
7
! 3
Le troisième lien que nous pouvons citer est un lien fluidique, grâce au liquide
céphalo-rachidien ou cérébro-spinal. Le LCR se trouve entre la pie-mère et
l’arachnoïde dans le cerveau et la moelle épinière. Ses rôles sont la protection
EU
mécanique du cerveau contre les chocs par amortissement et allègement du
poids de la tête, la protection contre les infections (rôle immunitaire) et le
transport des hormones et les nutriments.
Après la pie-mère et l’arachnoïde, la dure-mère est le troisième et, le plus
CH
important feuillet composant les méninges. En effet, elle possède des
expansions membraneuses de tension réciproque : la tente du cerveau, la faux
du cervelet et la tente de l’hypophyse qui non seulement protègent les
structures nerveuses (cerveau et moelle épinière) mais aussi s’adaptent à tous
les changements posturaux selon W.G. Sutherland73. En cas de dysfonction
PU
articulaire crânienne due à un traumatisme physique (accident, choc) ou de
dysfonction tissulaire (tension des membranes) provoquée par un stress
émotionnel, la circulation du LCR sera restreinte et sera la cause de céphalées,
de douleur, de changement de comportement (agressivité, apathie) ou de
fragilité immunitaire chez le Cheval.
E
Enfin, la pie-mère est le feuillet le plus interne constituant les méninges. Elle
s’insère au niveau du trou occipital du crâne qui est une zone importante de
LIN
traitement pour l’ostéopathe. La pie-mère est une membrane nourricière du
système nerveux qui forme une gaine pour accompagner chaque nerf crânien
et chaque nerf spinal hors du crâne jusqu’au rachis et aux divers organes. C’est
pourquoi une information sensitive d’une douleur caeliaque par exemple sera
ressentie par le plexus caeliaque et véhiculée par le nerf spinal correspondant
(nerf splanchnique lombaire). Ce dernier transférera l’influx jusqu’à la moelle
PA
U
épinière où la pie-mère et intrinsèquement le LCR prendra le relais. Cette
information circulera jusqu’au cerveau qui la traitera et y réagira par une
réponse motrice jusqu’au plexus sous-muqueux (SNE) pour contracter ou
décontracter les fibres musculaires du caecum.
William Garner Sutherland (1873-1954), ostéopathe. Il pose la théorie selon laquelle les os
du crâne sont mobiles et créé la notion de MRP (mouvement respiratoire primaire) et devient
alors précurseur de l’ostéopathie crânienne.
73
7
! 4
Le quatrième lien impliquant le SNC et le SNE est le système limbique. Centre
générateur des émotions, il facilite la dysfonction ostéopathique mnésique74.
Le système nerveux entérique sécrète la sérotonine et la dopamine tout comme
EU
l’hypothalamus connecté par des axones à l’amygdale (partie constituant le
système limbique), il jouera donc un rôle prépondérant dans la gestion des
émotions et dans l’apparition ou non d’une DO mnésique.
Peau
CH
Périoste
Méninges
- Dure-mère
- Arachnoïde
- Pie-mère
Os du crâne
LCR
PU
Figure n°15 : Situation sub-arachnoïdienne du LCR dans le crâne.
(source : Auteur)
2.1.2.g Système sensoriel
Le système sensoriel dans son ensemble permet à tout organisme de vivre en
« interaction constante avec son environnement75 ». Cette interaction est constituée
E
par de nombreux stimuli extérieurs ou intérieurs provoquant la circulation de
messages à travers le corps grâce notamment aux principaux médiateurs de la
communication intercellulaire, les systèmes nerveux et endocrinien. La
LIN
connaissance et la conscience de l’environnement qui nous entoure sont
permises par nos organes sensoriels. Ils se subdivisent en deux groupes :
d’abord une sensibilité générale, ensuite, une plus spécifique.
La sensibilité générale se caractérise par la somesthésie (du grec : sôma =
PA
U
corps et aisthesis = sensibilité). C’est la sensibilité aux diverses excitations
subies par le corps à l’exception de celles provenant des organes sensoriels76.
Une DO mnésique est caractérisée par l’ensemble des voies neuronales présentant des
synapses à mauvais rendement à cause d’un environnement défavorable (mauvaise
alimentation, émotions négatives par exemple) et qui achemine incorrectement les informations.
74
75
Marty Alain, Physiologie des systèmes sensoriels, cours de physiologie et neurosciences
comportementales de l’Université de Rouen, le 28 septembre 2009. Disponible au format PDF
sur <http://www.neur-one.fr/physiologiesensorielle1.pdf>, [consulté le 4 avril 2015]
76
Cf. infra, dans la même partie 2.1.2.g
7
! 5
Elle comprend les sensations :
- Extéroceptives, grâce aux récepteurs situés à la surface du corps, sensibles
aux vibrations, à la pression pour les mécanorécepteurs et à la chaleur, au
EU
froid pour les thermorécepteurs.
- Proprioceptives, grâce aux récepteurs situés dans les articulations, ligaments,
muscles, tendons ainsi que dans l’oreille interne. En effet, ils jouent non
seulement un rôle dans les tensions musculaires/tendineuses et les
mouvements articulaires, mais aussi dans le réflexe de la posture, l’orientation
CH
dans l’espace et l’équilibre. Les récepteurs responsables de la sensibilité
proprioceptives sont les organes de Ruffini, les corpuscules de Pacini, les
organes de Golgi et les fuseaux neuro-musculaires.
- Nociceptives, permises par les récepteurs de la douleur.
PU
Quant au système sensoriel spécifique, il regroupe les cinq sens : l’odorat, la
vue, le toucher, l’ouïe et le goût. Ils se situent sur la tête du Cheval et sont
connectés au système nerveux par les nerfs crâniens sensitifs (ou mixtes).
En tant qu’animal de fuite, les sens du Cheval doivent être particulièrement
développés afin de réagir très rapidement face au danger. En effet, l’odorat, la
vue, le toucher et l’ouïe sont ses quatre sens les plus développés. La perte d’un
E
sens pour le Cheval représente une perte importante de repère spatial ou
social. Par exemple, l’inhibition d’un nerf mixte de la gustation (nerf trijumeau,
LIN
facial ou glosso-pharyngien) provoque une agueusie. Une telle dysfonction
nerveuse aura pour conséquence une diminution de la prise alimentaire ou une
prise d’une substance non nutritive (par absence de goût) pouvant entraîner un
manque de nutrition, des bouchons oesophagiens voire des dommages
viscéraux importants.
Tous les nerfs crâniens responsables du système sensoriel ont pour origine le
PA
U
bulbe rachidien, comme le nerf vague, principal lien entre les systèmes nerveux
et digestif. Outre leur origine commune avec le nerf vague, certains nerfs
crâniens tels que les nerfs glosso-pharyngiens, accessoires et hypoglosses,
forment des anastomoses avec lui, au niveau du ganglion cervical crânial en
regard de l’aile de l’atlas et accolé à l’artère carotide interne.
Ces liens étroits entre les nerfs crâniens démontrent bien les conséquences
crâniennes et viscérales d’une dysfonction d’un nerf sensitif. En effet, elle
pourra engendrer non seulement une dysfonction au niveau d’un sens de
7
! 6
l’animal, mais aussi des dysfonctions des organes du tube digestif (de
l’oesophage aux intestins) et par voie de conséquence une atteinte du SNE.
associées :
Numéro des paires et
Noms des nerfs crâniens
Catégorie
EU
Le tableau ci-dessous regroupe l’ensemble des nerfs crâniens et leurs fonctions
Fonctions
Nerf olfactif
Sensitif (S)
II
Nerf optique
S
III
Nerf occulo-moteur
Moteur (M)
IV
Nerf pathétique (ou
trochléaire)
M
V
Nerf trijumeau
VI
Nerf abducens
VII
Nerf facial
VIII
Nerf vestibulocochléaire
IX
Nerf
glossopharyngien
X
Nerf vague
XI
Nerf accessoire
M
Mouvements des muscles de
l’encolure
Nerf hypoglosse
M
Mouvements de la langue
Vision
Mouvements des muscles de l’oeil
Mouvements des yeux
Sensations de la face, des deux tiers
de la langue et mouvements pour les
muscles masticateurs
PU
M
S et M
S
S et M
E
LIN
XII
S et M
Odorat
CH
I
S et M
Mouvement des muscles de l’oeil
Mouvements et sensations de la face
Audition et équilibre
Sensations et mouvements du
pharynx et sensations de la langue
Sensations et mouvements du coeur,
des vaisseaux sanguins et des
appareils respiratoire et digestif.
PA
U
2.1.2.h Système endocrinien
L’épithélium de surface intestinal s’invagine dans la lamina propria pour former
les glandes intestinales. On retrouve dans la muqueuse de l’intestin des
glandes (ou cryptes) de Lieberkühn. Alors que les glandes de la partie haute du
tube digestif (oesophage et estomac) sont plutôt dépendantes du système
nerveux parasympathique, toutes celles de « l’intestin grêle et du gros intestin sont
7
! 7
principalement sous contrôle de facteurs locaux et du système nerveux intrinsèque77 »
(SNE). L’épithélium de ces glandes est composé de cellules de Paneth, cellules
entéroendocrines qui sécrètent diverses neurohormones tels que la sérotonine,
EU
la sécrétine, la cholécystokinine, la somatostatine et d’un opioïde appelé
endorphine78. La plupart d’entre-eux (sérotonine, somatostatine, endorphine)
sont aussi sécrétés par le complexe hypothalamo-hypophysaire. Ce sont des
messagers importants pour la communication ventre-cerveau. Ils constituent le
CH
principal lien entre le corps (sôma) et l’esprit.
Une dysfonction du caecum pourrait provoquer un blocage de l’information
nerveuse au niveau des plexus entériques. Ceux-ci n’innerveraient plus
correctement la sous-muqueuse, la muqueuse et la musculeuse qui seraient en
hypoactivité ; ce manque d’activité verrouillerait le bon fonctionnement des
PU
glandes entéroendocrines. Ces dernières ne sécréteraient plus assez
d’hormones ce qui déréglerait la balance endocrine et par conséquent la
diffusion de l’information vers l’hypothalamus.
Hormones gastrointestinales
E
Plexus nerveux
extrinsèques
(SNA)
LIN
Plexus nerveux
intrinsèques
(SNE)
Auto-excitation
Muscle lisse
(contraction et motilité)
PA
U
Cellules des glandes exocrines
(sécrétion des sucs digestifs)
Cellules des glandes endocrines
(sécrétion des hormones digestives)
Figure n°16 : Liens étroits entre les systèmes nerveux entérique, autonome et endocrinien.
(Source : Auteur)
2.1.2.i Systèmes urinaire et génital
77
Sauleau Paul, Dragomir Sonia et Kuchenbuch Mathieu, « Système nerveux végétatif »,
ouvrage collectif, 2012, disponible sur <https://sites.google.com/site/aphysionado/home/
fonctionssn/sna> [consulté le 10 avril 2015], inspiré du « Précis de Physiologie Médicale » de
Guyton & Hal. éd. Piccin.
Université de Montréal, « Tube digestif », disponible sur <http://mapageweb.umontreal.ca/
cabanat/bio2412/Chapitre13.html> [consulté le 12 janvier et le 25 mars 2015]
78
7
! 8
Les systèmes urinaire et génital se situent tous les deux dans la cavité
pelvienne, on parle d’ailleurs souvent de « système uro-génital » tellement ils
EU
sont liés.
Le tractus urinaire est constitué par les reins, les uretères, la vessie et les
urètres. Les reins sont topographiquement en lien avec la sphère digestive. En
effet, le rein droit est placé sous le processus transverse de la première
vertèbre lombaire, en contact avec le lobe caudé du foie, le duodénum, le
CH
pancréas, la base du caecum ainsi que le diaphragme et les muscles petit et
grand psoas. Le rein gauche lui, est plus caudal que son homologue, il est
porteur de la racine du mésentère sous le processus transverse de la troisième
vertèbre lombaire. Il a donc un lien direct avec le jéjunum, le duodénum, le petit
côlon et la rate. La vessie est en contact avec la cavité digestive (courbure
PU
pelvienne du côlon replié), mais aussi avec le tractus génital (conduits déférents
et glandes vésiculaires chez l’étalon et vagin et utérus chez la jument). Les
ovaires chez la jument sont en contact avec le caecum, le jéjunum et le petit
côlon.
Les rapports anatomiques directs et étroits entre les systèmes urinaire, génital
et digestif en font des points faibles en cas de restriction de mobilité, d’hyper ou
E
d’hypotrophie de l’un de ces organes.
Un déficit de mobilité du rein gauche par exemple viendra limiter le mouvement
LIN
du mésentère et donc du jéjunum. Une perte de mouvement jéjunale entraîne
une atonie dans la motilité et par la même, une atteinte du SNE.
De même, une vessie trop pleine (ou dans l’impossibilité de se vider à cause
d’une pathologie) ou un utérus gravide se déplacera dans la cavité abdominale
en compressant les viscères digestifs en direction crâniale. L’augmentation de
PA
U
la pression intra-abdominale risquera de limiter les mouvements des viscères.
Les conséquences possibles peuvent être par exemple une diminution du
transit intestinal par inhibition des plexus nerveux entériques ou bien une
excitation de ces derniers dans l’estomac, plaqué contre le diaphragme à cause
de la pression, où l’acide gastrique se retrouvant sur la muqueuse
proventriculaire non-glandulaire particulièrement sensible à un pH bas, peut
engendrer des ulcères.
7
! 9
2.1.2.j Systèmes immunitaire et lymphatique J’ai choisi de regrouper les systèmes immunitaire et lymphatique car ils sont
EU
tous les deux très intrinsèquement liés. En effet, l’organisme est chaque jour
confronté à de multiples bactéries et virus hostiles et ce n’est pas pour cela qu’il
est tout le temps malade. C’est le système immunitaire qui combat et protège le
corps de manière efficace : les phagocytes et les lymphocytes situés dans les
organes lymphatiques79 sont les cellules essentielles à la défense de
CH
l’organisme et à la résistance aux maladies. Les agents pathogènes détruits par
les cellules immunitaires se retrouvent dans la lymphe canalisée. Celle-ci va
être « examinée80 », épurée, drainée par les cellules du système immunitaire,
les deux systèmes sont donc interdépendants, l’un ne pouvant fonctionner sans
l’autre.
PU
Le tube digestif et plus particulièrement l’intestin est l’un des plus importants
PA
U
LIN
E
siège lymphatique et immunitaire de l’organisme.
Figure n°17 : Les organes lymphoïdes du Cheval.
(Source n°8)
!
79
Nicolas Jean-François, « Immunologie médicale », DC1 - UFR Lyon Sud, 62 pages,
disponible au format PDF sur <http://allergo.lyon.inserm.fr/affiches/Cours_DC1.pdf> [consulté le
20 février et le 7 mars 2015]
80
Nicolas Jean-François, ibid.
8
! 0
• « L’intestin grêle est l’organe-clé de l’immunité81 ».
Il est habité par de nombreuses cellules, dont la plus connue est l’entérocyte.
Son rôle est l’absorption des aliments devenus nutriments au moment de la
EU
digestion. Cette fonction n’est remplie que si aucune gêne infectieuse ou
bactérienne n’entrave son bon fonctionnement. Tout au long du tube digestif, on
retrouve une immunité innée et acquise très efficace.
L’immunité innée est actionnée par les Toll-Like-Receptor (très ancien
CH
récepteurs de reconnaissance innée des pathogènes chez les Mammifères),
par les cellules MAIT82 (lymphocyte T à fonction innée, localisé dans les
muqueuses, répondant rapidement à une infection microbienne en libérant des
cytokines83) et enfin, par le Glycocalyx, couche d’oligosaccharides présente sur
la surface de la membrane cellulaire des Mammifères pour identifier les
PU
cellules. Le Glycocalyx est à la fois perméable aux micro-nutriments afin qu’ils
accèdent aux enzymes digestives et à la fois imperméable aux macromolécules et micro-organismes pour protéger les entérocytes.
L’immunité acquise est, quant à elle mise en jeu par le GALT 84, tissu lymphoïde
associé au tube digestif contenant plus de lymphocytes que tous les organes
E
lymphoïdes de l’organisme85. En effet, il comporte en plus des cellules et
follicules lymphoïdes, les amygdales, l’appendice iléocaecal (dont le Cheval est
LIN
dépourvu) et les plaques de Peyer86. Les plaques de Peyer sont localisées
dans « le chorion de la muqueuse de la partie terminale de l’iléon 87 », dans l’intestin
Joyeux Henri, « Le formidable rôle immunitaire de notre intestin », août 2014, disponible sur
<http://www.santenatureinnovation.com/le-formidable-role-immunitaire-de-notre-intestin/>
[consulté le 30 octobre 2014 et le 5 février 2015]
81
MAIT = Mucosal Associated Invariant T Cells
PA
U
82
Caillat-Zucman Sophie, « Rôle des cellules MAIT dans la physiopathologie de la maladie de
Sjogren », Inserm Paris, 2014, disponible sur <http://www.fondation-arthritis.org/la-recherche/
projets-soutenus/role-des-cellules-mait-mucosal-associated-invariant-t-cells-dans-laphysiopathologie-de-la-maladie-de-sjogren/> [consulté le 15 février et le 2 mars 2015]
83
84
GALT = Gut Associated Lymphoid Tissue
85
Joyeux Henri, ibid.
86
Berthon Natacha, « Système lymphatique », cours ESAO, 2014.
Morice Vincent, faculté de Médecine Pierre & Marie Curie « Défense immunologique de
l’appareil digestif : les formations lymphoïdes annexées au tube digestif », disponible sur
<http://www.chups.jussieu.fr/polys/histo/histoP2/POLY.Chp.1.2.1.2.html> [consulté le 30
novembre 2014 et le 15 mars 2015]
87
8
! 1
grêle. La muqueuse de ce dernier est composée de centaines de nodules
lymphatiques. Tous les organes lymphoïdes sont vascularisés et innervés pour
pouvoir fonctionner. Les plaques de Peyer sont innervées par les plexus
EU
myentérique d’Auerback et sous-muqueux de Meissner du système nerveux de
l’intestin. Il existe donc bel et bien, un lien étroit entre les neurones du tube
digestif et les différents types de cellules musculaires, immunitaires et
épithéliales de l’intestin 88.
CH
Au moment de la digestion, à travers ses capillaires, la muqueuse intestinale va
laisser s’échapper des liquides et des protéines dans les espaces interstitiels.
Ce sont les vaisseaux lymphatiques qui vont les capter pour éliminer les trop
pleins. Aussi, le tube digestif va-t-il produire des nutriments essentiels pour les
cellules des organes lymphatiques. De plus, des processus naturels de défense
pénétrer dans le sang89.
PU
telle l’acidité de l’estomac, empêchent les agents pathogènes de proliférer et de
Enfin, le système immunitaire est renforcé par la flore intestinale puisqu’elle
contribue à la défense non seulement de l’intestin mais aussi de l’organisme
dans sa totalité, comme le démontre l’expérience faite auprès des souris90. Le
E
fait de soustraire le microbiote intestinal des souris induisait des perturbations
du développement des cellules immunitaires (lymphocytes B) alors que la
LIN
réinjection de la flore augmentait le répertoire des anticorps.
L’ensemble du schéma ci-après établit les rapports étroits entre le SNE, les
couches musculeuses et muqueuses intestinales, les glandes exocrines (crypte
de Lieberkühn), les cellules entéroendocrines (cellules de Paneth) et les
PA
U
vaisseaux sanguins.
88
Denjean Cécile, op. cit.
89
Nicolas Jean-François, op. cit., <http://allergo.lyon.inserm.fr/affiches/Cours_DC1.pdf>
Rosier Florence, « Ces microbes qui nous gouvernent », 2 septembre 2013, disponible sur
< h t t p : / / w w w. l e m o n d e . f r / s c i e n c e s / a r t i c l e / 2 0 1 3 / 0 9 / 0 2 / c e s - m i c r o b e s - q u i - n o u s gouvernent_3469923_1650684.html> [consulté le 10 avril 2015]
90
8
! 2
EU
CH
Légende :
PU
• Muqueuse
1. Epithélium de surface (villosité), simple, cylindrique, à bordure en brosse et
muqueux
1’. Chorion
1’’. Musculaire muqueuse
10. Crypte de Lieberkühn : glande simple tubulaire, séro-muqueuse
11. Cellule de Paneth de la crypte
• Sous-muqueuse
2. Glande sous-muqueuse
2’. Vaisseau sanguin
2’’. Plexus sous-muqueux (SNE)
4. Séreuse
5. Mésentère
6. Veine
7. Artère
8. Lymphatique
LIN
E
• Musculeuse
3. Musculeuse interne circulaire
3’. Plexus myentérique d’Auerbach (SNE)
3’’. Musculaire externe longitudinale
Figure n°18 : Paroi intestinale.
(source n°9 : modifications apportée par l’Auteur au schéma initial)
• Importante protection par la lymphe et les noeuds lymphatiques :
La protection du tube digestif se fait grâce à la lymphe et aux noeuds (ou
PA
U
ganglions) lymphatiques énormément présents dans le tube digestif. En effet,
« les villosités de la muqueuse intestinale sont tapies de capillaires lymphatiques
hautement spécialisés appelés vaisseaux chylifères. 91 » La lymphe qui y circule a
même un nom particulier : le chyle. La lymphe contient des cellules clés du
système immunitaire : les lymphocytes et les molécules protéiques et lipidiques
provenant de l’alimentation 92.
91
Nicolas Jean-François, op. cit.
Joyeux Henri, op. cit., <http://www.santenatureinnovation.com/le-formidable-role-immunitairede-notre-intestin/>
92
8
! 3
Les ganglions lymphatiques se situent au niveau des grands axes vasculaires.
Ils vont drainer la lymphe provenant des capillaires lymphatiques répartis dans
l’ensemble de l’organisme.
EU
Il existe deux grands troncs collecteurs de la lymphe : la grande veine
lymphatique droite qui génère le drainage du membre antérieur droit, de la
moitié droite de la tête, du cou et du thorax ; le conduit thoracique, qui draine la
lymphe du corps à l’exception de celle collectée par la grande veine
lymphatique droite. Ce dernier débute par la citerne de Pecquet (ou du Chyle)
CH
en regard de la première ou de la seconde lombaire où viennent aboutir les
efférences des groupes ganglionnaires lymphatiques abdominaux et pelviens.
La citerne de Pecquet se situe sous les corps des deuxième à quatrième
lombaire, en contact avec l’aorte, la veine cave caudale, le ligament longitudinal
ventral, le muscle petit psoas et le tendon des piliers du diaphragme. Elle est
PU
constituée par l’affluence des troncs lombaires (collecteurs de la lymphe des
membres pelviens et du bassin) et du tronc viscéral. Ce dernier collecte la
lymphe du tronc caeliaque (à droite de la citerne) et du tronc intestinal (à
gauche de celle-ci). Le premier tronc réunit la lymphe des ganglions de
l’estomac, du foie et de la rate, tandis que le second collecte celle des
ganglions de l’intestin (composés des ganglions duodénaux, mésentériques
PA
U
LIN
E
antérieurs, du caecum, des côlons ascendant et descendant et du rectum).
Figure n°19 : Système lymphatique intestinal schématique du Cheval
et circulation de la lymphe.
(Source : Auteur, schéma non proportionnel).
8
! 4
Comme nous avons souhaité le démontrer dans cette sous-partie, les systèmes
digestif, lymphatique et immunitaire sont intimement liés, ils s’entraident et
s’auto-régulent. Mais nous ne pouvons oublier la fragilité de ce système,
EU
comme le dit Elena Sender « le tube digestif est si fragile et possède un système
immunitaire si puissant que, contrairement au coeur, les greffes sont quasi
impossibles 93 ».
CH
2.1.3 Facteurs et causes extérieurs
Le tube digestif doit non seulement se protéger de son propre milieu intérieur
mais aussi des éléments extérieurs auxquels il est particulièrement vulnérable.
D’abord et naturellement, les aliments sont les premiers éléments extérieurs qui
peuvent être la source d’agressions intestinales. En effet, les aliments
PU
traversent le corps en entrant par la bouche, parcourent les organes creux pour
en sortir par l’anus une fois assimilés.
L’entrée et la sortie sont donc en lien « direct » avec l’extérieur.
Ensuite, la zone géographique, le climat et la qualité de l’air vont jouer un rôle
E
sur l’état physique et digestif mais aussi mental des chevaux.
Enfin, le temps d’entrainement du Cheval et celui de son repos, qu’il soit
LIN
confiné au box ou lâché dans un pré est un facteur non négligeable quant aux
conséquences possibles sur le système digestif et son système nerveux.
2.1.3.a Alimentation du Cheval
PA
U
Sans rentrer dans les détails pointus de ce vaste et intéressant sujet qu’est
l’alimentation, il me semble tout de même important d’en parler dans la mesure
où elle a un impact direct sur le tube digestif, sa muqueuse, sa musculeuse,
son système neuronal ainsi que sa flore. Le comportement alimentaire a
énormément changé entre les Chevaux domestiques et ceux vivant à l’état
sauvage. En effet, l’animal sauvage va parcourir des kilomètres pour se nourrir
93
Sender Elena, op. cit.
8
! 5
toute la journée, par petites quantités, en choisissant les feuilles, herbes et
autres végétaux dont il a besoin.
EU
La domestication des Equidés a bouleversé cette habitude alimentaire. À
l’exception des animaux vivant en pâturage toute l’année avec du foin et de
l’herbe en libre service, la plupart des centres équestres ou écuries de concours
cloisonnent leurs animaux en box (par manque de place, d’argent ou parfois
même par inexpérience ou ignorance). La prise alimentaire est alors
CH
dépendante de l’Homme qui la modifie, la rationne (en moyenne trois repas par
jour) et la distribue à horaires plus ou moins fixes.
De nombreux paramètres comme l’évaluation des besoins de l’animal, le choix
et la quantité des aliments donnés, l’ajustement de la ration ou le mode de
PU
rationnement peuvent entraîner :
- des troubles comportementaux et alimentaires tels « l’anorexie, la boulimie, le
Pica 94 et la coprophagie95 » ;
E
- des troubles psychologiques tels que l’« adynamie, la mélancolie 96 », la
dépression, l’irritabilité et les problèmes de concentration ;
LIN
- des problèmes digestifs comme les occlusions intestinales, les acidoses
caecales et les ballonnements dus à une ration exceptionnelle trop riche en
glucides fermentescibles (dégradés en acides gras volatils libérant un trop
PA
U
plein de gaz et de chaleur).
Pica = trouble du comportement alimentaire caractérisé par l’ingestion durable de substances
non nutritives (tissu, plastique, métal, bois, sable).
94
95
Equipe des Réseaux Equins de Normandie dirigée par PAVIE Jérôme, « Alimenter les
Equins », juin 2011, 36 pages, disponible au format PDF sur <http://www.chambres-agriculturepicardie.fr/fileadmin/documents/Piloter_les_productions/Cheval/alimenter_les_equins.pdf>
[consulté le 16 février et le 3 mars 2015]
96Equipe
des Réseaux Equins de Normandie dirigée par PAVIE Jérôme, ibid., <http://
www.chambres-agriculture-picardie.fr/fileadmin/documents/Piloter_les_productions/Cheval/
alimenter_les_equins.pdf>
8
! 6
EU
CH
PU
Figure n°20 : Synthèse de la durée d’ingestion alimentaire du Cheval et des
conséquences sur la motricité digestive.
(Source n°7)
Ce schéma ci-dessus synthétise la durée d’ingestion alimentaire du Cheval
suivant deux environnements différents, et trois types d’alimentation et il décrit
les conséquences sur la motricité digestive et les troubles potentiels du
comportement. Outre les paramètres sus-dits, il est important pour une
E
meilleure digestion de donner au Cheval de l’eau à volonté et surtout du foin
avant les céréales ou les granulés. Ces derniers ont pour effet de créer des
LIN
obstructions (ou bouchons) intestinales au niveau des passages réduits du tube
digestif, comme les courbures sternale et diaphragmatique du côlon replié ou la
transition vers le côlon transverse. Ce qui peut provoquer les symptômes de
colique.
Aussi, les rations trop riches en céréales et pas assez en foin engendrent une
acidose caeco-colique97. Elles sont ingérées très rapidement par le Cheval
PA
U
chez qui les inconforts digestifs mais aussi l’ennui peuvent apparaitre. Pour
palier les carences métaboliques et troubles psychologiques, l’équidé pourra
rechercher à augmenter sa consommation d’éléments fibreux en se mettant à
grignoter le bois de la porte de son box ou des arbres s’il vit au pré par
exemple.
97
Wolter Roger, op. cit., p. 44
8
! 7
Pour un Cheval enfermé dans un box et privé de foin (en dehors de ses prises
alimentaires tri-quotidiennes) plusieurs troubles sont à craindre :
- le manque de mastication donc une usure incomplète des dents (qui
EU
poussent toute la vie de l’animal) ;
- l’ennui donc le stress et l’irritabilité ou au contraire l’apathie et la
dépression ;
- la production continue, par le foie, de bile déversée dans le duodénum
où elle s’y accumule (car pas de vésicule biliaire pour la stocker), engendre une
CH
augmentation de l’acidité stomacale, une irritation de la muqueuse gastrique,
voire des ulcères gastriques. Le SNE sera anormalement excité et irrité. Ce
trouble entraînera une défaillance au niveau de la motilité et de la motricité de
l’organe. Or, si sa structure se modifie, alors sa fonction s’altère ;
- une acidose caeco-colique provoque une augmentation de l’acidité du
PU
caecum et des côlons, l’irritation de la muqueuse, l’excitabilité du SNE qui
modifie les informations nerveuses de la fonction intestinale (motilité, motricité).
Cette acidose réduit l’absorption des nutriments occasionnant à moyen et long
terme des carences en minéraux et oligo-éléments. L’irritabilité de la muqueuse
intestinale et par conséquent celle des neurones entériques accélérera le
E
transit et provoquera des diarrhées.
L’excitabilité excessive du SNE peut provoquer l’envoi de nombreux influx
LIN
nerveux de douleur (via les nocicepteurs) à la moelle épinière d’abord, au SNC
ensuite. Le SNC va répondre par une tentative d’inhibition de cette douleur,
mais l’hyperactivité des influx nerveux rend la douleur résistante ; la boucle
gamma ne cesse d’être stimulée.
PA
U
La fonction de l’organe se trouvera modifiée, ce qui va générer à moyen terme
une muqueuse irritée qui pourra devenir poreuse à long terme. L’hyperperméabilité de cette dernière se traduira par une malabsorption, un transit
accéléré, de la diarrhée ou une colique par douleur accrue et/ou torsion. Voici
quelques exemples de répercussions possibles dues à l’absorption d’un
aliment, d’une substance allergisante ou médicamenteuse :
8
! 8
• Conséquence alimentaire sur les pieds :
L’irritation persistante de la muqueuse induit la possibilité de fourbure car les
déchets peuvent traverser la muqueuse devenue poreuse et passer dans le
EU
sang, d’où une modification rapide et la destruction de vastes populations de
bactéries. Cette destruction accrue entraîne le dégagement et la production de
grandes quantités d’endotoxines libérées par le cytoplasme des bactéries98 qui
ne sont pas évacuées. L’accumulation de ces déchets dans le(s) pied(s)
provoque une stase sanguine, puis des oedèmes qui, à leur tour engendrent le
CH
décollement des feuillets du podophylle. Le décollement des feuillets en dorsal
et la traction continue du tendon du muscle fléchisseur profond du doigt en
E
PU
palmaire conduisent à la bascule de la troisième phalange du pied.
LIN
Figure n°21 : Différence entre un pied normal (à gauche) et un pied fourbu (à droite).
(Source : Auteur)
• Conséquence alimentaire sur les articulations :
À la longue, la muqueuse intestinale hyper-perméable peut provoquer une
inflammation chronique articulaire car les déchets la traversant et passant dans
PA
U
le sang, qui vascularise les articulations, vont stagner dans les zones
articulaires en restriction. Zone de moindre mouvement et de moindre issue,
propice à l’installation des déchets et à la prolifération des bactéries ou virus.
Ce phénomène de stagnation peut provoquer des douleurs articulaires et
l’installation de verrouillages de compensation par des positions antalgiques.
Wright B., « Structure et fonction du système digestif des chevaux », septembre 1999,
disponible sur <http://www.omafra.gov.on.ca/french/livestock/horses/facts/info_digest.htm>
[consulté le 30 décembre 2014, le 13 janvier et le 4 mars 2015]
98
8
! 9
Un déficit de mouvement a pour conséquence une diminution de production de
synovie et donc moins de nutrition des cartilages nourris par imbibition par cette
dernière. Ces effets peuvent conduire à la destruction prématurée des
EU
cartilages et de l’articulation. C’est ce que l’on appelle l’arthrite (processus
inflammatoire) et l’arthrose.
• Conséquence alimentaire sur les muscles et les reins :
Un apport alimentaire trop riche, déséquilibré et ingéré en une prise
CH
exceptionnelle peut déclencher non seulement le phénomène de fourbure
(comme décrit précédemment) mais aussi une surcharge hépatique ou rénale,
organes filtres dans l'incapacité d’exercer correctement leur fonction. Une des
conséquences possibles sera la production excessive des déchets de type urée
ou acide lactique99 par ces organes. Ces types de déchets seraient la cause de
PU
la destruction des fibres des muscles avoisinant les reins, tels que les muscles
ilio-psoas ou petit psoas. Si une telle prise alimentaire devenait récurrente, le
Cheval souffrirait de myosites à répétition, d’insuffisance rénale ou hépatique
ou même de graves problèmes digestifs.
Non seulement les conséquences alimentaires ont un impact sur le SNE, car
E
l’aliment est en contact avec les villosités intestinales dans lesquelles les
l’animal.
LIN
neurones entériques s’y trouvent, mais aussi sur tout le système corporel de
• Conséquence sur le SNE d’une substance allergisante :
Nous pouvons toutefois noter que comme l’Homme, l’organisme du Cheval peut
présenter une sensibilité particulière à certaines substances alimentaires. Le
blé par exemple, est l’un des grains les plus modifiés par l’agro-alimentaire et
PA
U
qui contient le plus de gluten. Le gluten est une substance composée de
protéine, d’acides gras et de sucre, qui est présente dans certaines céréales.
Sa fonction est de lier et de faire gonfler les préparations culinaires. Dans
l’intestin des Equidés, il aura une action particulièrement agglomérante ; il aura
tendance à former des pâtons entravant le bon fonctionnement du tube digestif.
Wright B., op. cit., <http://www.omafra.gov.on.ca/french/livestock/horses/facts/
info_digest.htm>.
99
9
! 0
En sus d’avoir cette particularité, il contient un amidon très fermentescible 100
chez le Cheval.
L’ingestion de blé pourra entraîner un gonflement dans l’estomac, des gaz, de
EU
la chaleur et des douleurs dans les intestins. Toute inflammation ou irritation
des muqueuses du système digestif provoquera une réponse douloureuse au
sein du SNE qui est en contact avec le nerf vague qui va remonter l’information
afférente au SNC.
CH
• Conséquence sur le SNE d’une substance médicamenteuse :
Même si les doses prescrites au Cheval sont très bien respectées, les
médicaments sont des produits chimiques qui ont des effets indésirables sur le
corps notamment les organes filtres tels que les reins et le foie.
PU
Les prostaglandines, médiateurs lipidiques essentiels dans la vasodilatation
des vaisseaux, permettent non seulement de réguler la motilité intestinale mais
aussi de contrôler les sécrétions, le flux sanguin et la protection par le mucus.
Dans le cas d’une inflammation ou d’une infection, le corps va naturellement
libérer ces médiateurs afin d’augmenter la perméabilité vasculaire et la
vasodilatation, ce qui aura pour conséquence : douleur, rougeur, chaleur,
E
ischémie ; définition de la réaction inflammatoire, protection naturelle de
défense de l’organisme contre l’agent extérieur.
LIN
En général, suite à un accident, une chute ou un traumatisme, des
médicaments de type anti-inflammatoires sont prescrits pour limiter les effets
des prostaglandines et donc limiter la réaction inflammatoire 101.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens provoquent des irritations mais aussi
des ulcérations gastro-intestinales. Ces effets peuvent être associés à de
PA
U
l’anorexie, des coliques, de la diarrhée et même de la dépression.
Les anti-inflammatoires stéroïdiens favorisent la perméabilité intestinale et
inhibent les mécanismes de défense de la muqueuse102. Le Cheval est un
animal herbivore strict dont le système digestif est fragile comme nous l’avons
expliqué précédemment.
100
Houbiers Sophie, « Alimentation du Cheval », cours ESAO, 2010
101
Graindorge Nicolas, « Pharmacologie », cours ESAO, 2015
102
Graindorge Nicolas, « Pharmacologie », op. cit.
9
! 1
Les substances allopathiques soulagent l’animal mais peuvent avoir des effets
néfastes considérables si leur prescription est mal adaptée.
EU
Avant de conclure cette partie alimentation, il me parait nécessaire d’évoquer,
même rapidement, l’importance de la flore intestinale du Cheval, qui est
déterminée par l’alimentation dans les premiers mois de sa vie103.
En effet, le microbiote intestinal est un élément clé qui complique les effets de
l’alimentation. C’est pourquoi il faut être précis quant à la qualité et la quantité
CH
de nourriture fournie du Cheval. Cent mille milliards de bactéries, virus et microorganismes (correspondent à un à deux kilogrammes) cohabitent dans le tube
digestif de l’Homme. On peut en déduire que chez les Equidés cet écosystème
est égal voire plus important que chez l’humain. Sa fonction est essentielle
dans la transformation des éléments en nutriments, il joue également un rôle
PU
important sur le développement du tube digestif : les animaux qui vivent sans
flore présente un poids inférieur, et le développement digestif semble
anormal 104.
La flore peut être altérée ou même détruite par une mauvaise alimentation ou
un déséquilibre psychologique mais une adjonction de probiotiques pour
E
renforcer la flore intestinale serait un traitement possible pour palier ce
déséquilibre, comme le propose le vétérinaire Afifa Ait Belgnaoui dans sa
LIN
thèse 105. Le microbiote intestinal jouerait donc un rôle important dans la gestion
des émotions. Si la nutrition peut être la cause de dysfonctionnements,
particulièrement bien adaptée, elle devient un soutien inconditionnel à la
guérison106.
En effet, dès l’Antiquité, le père de la médecine Hippocrate (460-377 avant J-C)
PA
U
a décrit les quatre humeurs107, mais il fut le premier médecin à comprendre les
effets de l’alimentation et du climat sur le corps. Il a dit : « l’alimentation est notre
103
Cf. supra Partie 1.2.2.a
104
Neunlist Michel, FRANCE INTER émission
105
Ait Belgnaoui Afifa, op. cit.
106
Kaeffer Anne, « La nutrition, un soutien indispensable à la guérison », 1 octobre 2014,
disponible sur <http://www.techniquesdelevage.fr/2014/09/la-nutrition-animale-un-soutienindispensable-a-la-guerison.html> [consulté le 30 novembre et 5 décembre 2014, le 14 février
et 3 mars 2015]
107
Cf. infra Partie 2.2.1.b
9
! 2
première médecine108 ». De nombreux exemples comme l’alimentation
industrielle chez la Vache confirment cette opinion puisque une alimentation
déséquilibrée et inadaptée entraîne un appauvrissement de la flore intestinale
EU
et des barrières immunitaires. Ce terrain dépourvu de résistance a permis le
développement et la mutation de la bactérie mortelle e-coli109.
2.1.3.b Environnement du Cheval
CH
Chaque individu sera plus ou moins sensible à un environnement donné. C’est
pourquoi, on ne peut pas en faire une généralité, mais certains points qui me
semblent importants peuvent être évoqués et notamment ceux provoqués par
l’Homme. Les modifications artificielles émanantes de l’industrie humaine sont
les pollutions de tout type (sonore, visuelle, olfactive, gustative et respiratoire)
PU
liées à des agents extérieurs tels que les produits phytosanitaires toxiques, les
bactéries pathogènes, les axes routiers ou les aéroports. Tous ces paramètres
suscitent un état de stress physique et mental de l’animal.
Le stress est défini comme un « ensemble des évènements indésirables présents
dans l’environnement (…) induisant dans la psychologie ou le comportement d’un
E
animal des changements destinés à aider l’animal à faire face à (ce nouvel)
environnement110 ». C’est en fait une réponse normale au niveau biologique et
LIN
psychique provoquée par un changement. L’organisme va sécréter davantage
de cortisol pour que l’animal puisse répondre aux changements qui lui font face.
Le stress devient négatif lorsqu’il est présent en excès : il génèrera des
souffrances physiques et mentales telles que l’inconfort, la peur, la maladie, la
soif, la faim, la colère, la douleur, la frustration et le stress de la compétition 111.
PA
U
Ainsi, un environnement bruyant comme le passage incessant de véhicules
routiers ou aériens va augmenter l’agitation et mettre le cheval - proie, animal
108
Caille-Eugène Rachel, « Une année de bien-être », 2015, éd. Hachette, 255 pages, p.34
Kenner Robert, « Les alimenteurs », Food Inc., 2 décembre 2009, extrait du film disponible
sur <https://www.youtube.com/watch?v=7tGTkO6rekA> [consulté le 14 janvier 2015]
109
110
Loving Nancy, S., « Nouveau manuel vétérinaire pour propriétaires de chevaux », éd. Vigot,
2ème édition, 2009, p. 472, 615 pages.
Thiebauld Anne « Soins aux chevaux », disponible sur <http://www.equireliance.be/soinsaux-chevaux/> [consulté le 14 janvier 2015]
111
9
! 3
de fuite - dans un état de peur et de stress psychologique important. Cet état
l’empêche de bien se reposer et la fatigue accumulée accentue les problèmes
de récupération ce qui engendre des problèmes musculaires, tendineux,
EU
psychiques, nerveux et digestifs (diarrhée, stase, colique).
De même, le stress psychologique dû à un changement d’habitude, de lieu ou
d’alimentation, à un isolement ou à un confinement peut provoquer chez le
Cheval des comportements stéréotypés de type « tic112 » qui mettent en valeur
des sentiments d’anxiété, d’ennui, de frustration et même de conflit de
CH
personnalité. Qui n’a jamais rencontré d’équidés présentant un tic à l’appui, à
l’air, un tic rongeur, d’encensement ou de l’ours ? La plupart des tics peut
entraîner de graves problèmes dentaires, respiratoires et aussi viscéraux. En
effectuant ce mouvement répétitif et incontrôlable du tic, non seulement le
Cheval limite sa douleur liée au stress mais il négligera de se nourrir pour
stase et ulcère par exemple.
PU
satisfaire son habitude, engendrant perte d’état, anorexie, problème de transit,
Pour conclure cette sous-partie, il parait judicieux de citer Sophie
Gindensperger, journaliste de Libération qui synthétise précisément notre
démonstration : « Ce lien particulier qui unit les deux systèmes nerveux peut
E
aujourd’hui être expérimenté par tous les Homo sapiens : face à des coups de stress
ou des émotions fortes, les mécanismes de la digestion peuvent se retrouver
LIN
entièrement perturbés. Et vice versa : les scientifiques qui se sont penchés sur cette
‘‘conversation secrète’’ entre ventre et tête ont repéré plusieurs canaux, à double sens.
C’est majoritairement dans le ventre qu’est produite la sérotonine, molécule qui
influence nos émotions et agit avec l’hypothalamus, au centre de notre cerveau.113 »
PA
U
2.1.3.c Activité de l’animal
Concernant l’activité du Cheval, plusieurs facteurs favorisant des DO viscérales
sont à souligner tels que le harnachement, la qualité du sol sur lequel il travaille,
l’état de la maréchalerie ainsi que son manque de déplacement.
112
Tic = Trouble Impulsif du Comportement, mouvement répétitif incontrôlable qui devient une
habitude.
Gindensperger Sophie, « Le Ventre… je panse donc je suis », article du journal Libération,
30 janvier 2014, disponible sur <http://www.liberation.fr/auteur/12683-sophie-gindensperger>
[consulté le 8 janvier 2015]
113
9
! 4
Quand on regarde un Cheval au travail, il est toujours harnaché au minimum
d’une selle et d’un filet. L’appui principal de la selle et du cavalier se situe sur la
colonne vertébrale du Cheval entre la onzième et la quatorzième vertèbre
EU
thoracique. Or, en regard de cette dernière vertèbre thoracique se trouve le
cardia de l’estomac qui est une zone à risque : possibilité de bouchons
provoquant une hypoactivité du nerf vague (motricité stomacale ralentie) et via
les rapports anatomiques, entraînerait une inhibition de la stimulation des
ostéopathiquement cette zone clé.
CH
neurones entériques intrinsèques. Il semble donc judicieux de vérifier
Cela peut paraitre évident lorsqu’on dit que l’idéal est de faire travailler le
Cheval sur un sol moelleux, non poussiéreux et le plus à niveau possible. Mais
en pratique, sur le terrain, très peu d’écuries en possèdent, les manèges et
PU
carrières sont souvent inondés car mal drainés ou non nivelés, poussiéreux ou
glissants, trop profonds ou trop durs et résonnants. L’ingestion et l’inhalation de
poussière peuvent déclencher non seulement des problèmes respiratoires,
mais aussi des dysfonctionnements au niveau digestif, tel que l’irritation des
muqueuses intestinales et donc la stimulation excessive des plexus entériques
E
intrinsèques.
Une maréchalerie mal comprise ou inadaptée à la conformation ou au travail de
LIN
l’animal peut être une cause extérieure à un dysfonctionnement viscéral. En
effet, par exemple, une usure importante d’un des appuis, un parage
dissymétrique, une ferrure trop serrée sont autant de problèmes pouvant
engendrer des déséquilibres posturaux (au niveau du garrot, des ceintures
scapulaire et pelvienne par compensation) et par conséquent des restrictions
PA
U
de mobilité et de motilité digestives.
Dans la plupart des écuries (excepté celles où le Cheval vit à l’extérieur toute
l’année), une sortie en paddock, dans un pré, en balade ou même au travail
sera importante pour lui dans le sens où cela sera un moment privilégié pour
faire fonctionner la machine : il va (enfin) sortir de son box dans lequel il est
malheureusement contraint. Même si le Cheval parait être plus « rassuré »
dans son propre box, il est nécessaire et vital pour lui de se déplacer car le
mouvement est garant du bon fonctionnement de son système digestif.
9
! 5
Les mouvements de l’animal par la marche et sa respiration garantissent le bon
fonctionnement du système intestinal. Ils permettent le glissement des muscles
sur leurs fascias, et activent les circulations sanguine (apport en oxygène et
EU
nutriments aux cellules de la zone, meilleur retour veineux), nerveuse et
lymphatique. C’est un auto-massage naturel et indispensable au bien-être
physique et mental de l’animal. S’il y a un déficit de mouvement, les fluides
circuleront moins bien, provoquant déficit de nutrition, mauvaise évacuation des
2.2. Perturbations du SNE
CH
déchets voire stase sanguine 114.
2.2.1.a La Santé
PU
2.2.1 Notions de « Santé » et de « Maladie »
Le terme médical « santé » correspond à un « état physiologique normal de
l’organisme d’un être vivant qui fonctionne harmonieusement, régulièrement, dont
aucune fonction vitale n’est atteinte, indépendamment d’anomalies ou d’infirmités dont
E
le sujet peut être affecté.115 »
Pour l’ostéopathe, la « santé » est une perpétuelle recherche d’équilibre à
LIN
travers un univers semé de déséquilibres. En effet, le mouvement par lequel le
corps est considéré comme vivant, est appelé « énergie vitale » par A. T. Still.
Le corps, l’esprit et l’âme doivent travailler en synergie pour que l’énergie de vie
puisse circuler librement dans l’organisme. Cette philosophie rejoint celle de la
médecine orientale qui trouve la santé à travers l’entretien du corps et de
PA
U
l’esprit pour tendre vers une qualité de vie élevée 116.
L’OMS a inscrit dans le préambule de sa Constitution en 1946 que « la santé est
un état complet de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement
114
Cf. supra Partie 2.1.2.c
115
Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), 2012, disponible sur
<http://www.cnrtl.fr/definition/santé> [consulté le 10 décembre 2014]
116
Caille-Eugène Rachel, op. cit., p. 9
9
! 6
en une absence de maladie ou d’infirmité117 ». Effectivement, la santé n’est pas
seulement physique, mentale ou sociale, elle regroupe ces trois acteurs de
source vitale.
EU
C’est grâce à l’importante fonction d’homéostasie que le corps vivant dans un
milieu agressif peut sans cesse se réguler, se préserver, se protéger et
s’équilibrer. Un organisme sain doit donc « satisfaire en permanence une
constante, synthèse fonctionnelle d’un triple compromis : il doit être résistant, mobile et
en équilibre. 118 » Si l’une de ces trois constantes varient, les autres devront
CH
s’adapter pour toujours flirter avec ce point d’équilibre - instable - pour rester en
bonne santé. Lorsque le corps est trop éloigné de cet équilibre délicat, les
déséquilibres s’accumulent entraînant des verrouillages fluidiques,
neurologiques et mécaniques. C’est à ce moment là que la maladie survient.
PU
2.2.1.b La Maladie
La « maladie » au sens médical du terme est une « altération de l’état de santé se
manifestant par un ensemble de signes et de symptômes perceptibles directement ou
non, correspondant à des troubles généraux ou localisés, fonctionnels ou lésionnels,
E
dus à des causes internes ou externes et comportant une évolution. 119 »
A. T. Still définit la « maladie » comme « une manifestation indésirable dans le
corps, que ce soit de la douleur, de l’hypertrophie au niveau d’un muscle, d’une glande
LIN
ou d’un organe, de la douleur physique, de la torpeur, de la chaleur, du froid, ou toute
chose indésirable à la vie et au bien-être.120 »
Ces deux définitions se rapprochent dans le sens où la maladie représente un
état de santé dégradé, altéré qui entrave l’organisme de son bien-être. La
« manifestation indésirable dans le corps » peut représenter n’importe quel
PA
U
signe lésionnel ou fonctionnel qui rompt l’harmonie vitale de l’organisme.
Constitution de l’Organisation Mondiale de la Santé, 1946, disponible au format PDF sur
<http://www.who.int/governance/eb/who_constitution_fr.pdf> [consulté le 15 décembre 2014]
117
118
Auquier Olivier, op. cit., p. 60
119
Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), 2012, disponible sur
<http://www.cnrtl.fr/definition/maladie> [consulté le 15 décembre 2014, le 20 janvier et le 3
février 2015]
120
Still Andrew Taylor « Philosophie et principes mécaniques de l’ostéopathie », op. cit., p. 80.
9
! 7
Selon la théorie des humeurs d’Hippocrate121, le déséquilibre apparaîtra alors
soit, lorsqu’une humeur l’emporte sur toutes les autres, soit que l’un des
des maladies physiques mais aussi psychiques 122.
EU
éléments domine par son excès. Ce déséquilibre se traduit par non seulement
Pour A. T. Still, les viscères abdominaux sont « responsables de notre bonne
santé » et « nous dépendons particulièrement d’eux pour notre forme et notre force
physiques 123. » Le SNA et plus particulièrement le SNE participe à et de la
CH
bonne santé de l’organisme.
2.2.2 Potentiel d’auto-régulation et d’auto-guérison de l’organisme
L’aptitude intrinsèque de l’organisme est l’auto-équilibre. Celle-ci est orchestrée
PU
par le trio efficace constitué par l’auto-régulation, l’auto-défense et l’autoguérison124 :
- L’auto-régulation est la capacité du corps à maintenir ses constantes vitales
dans un environnement fluctuant. C’est « la régulation automatique d’un
mécanisme physiologique qui assure le maintien des différents paramètres
E
biologiques 125 », grâce à des phénomènes de rétro-contrôle (appelé feed-back
par les anglo-saxons). Par exemple, l’insuline sécrétée par le pancréas se voit
LIN
interrompue lorsque le taux de sucre dans le sang (glycémie) est revenue à la
normale. L’organisme va mettre en place un système de compensation puis
d’adaptation pour faire face à la maladie ou au traumatisme subi, suivant le
cinquième principe de l’ostéopathie « adaptation et compensation ».
- L’auto-défense garantit l’intégrité du corps dans son ensemble (physique,
PA
U
mental et social) contre les agressions internes ou externes. Comme nous
121
Cf. supra Partie 2.1.2.d
Delisle Robin, « Hippocrate, la théorie des humeurs », Académie de Lettres de Versailles, 7
octobre 2005, disponible sur <http://www.lettres.ac-versailles.fr/spip.php?article99> [consulté le
3 mars 2015]
122
123
Still Andrew Taylor, ibid., p. 202
124
Pilate Pascal, « Le corps à un pouvoir d’auto-guérison. Peut-on le comparer à un
culbuto ? », disponible sur <http://osteopilate.com/105.html> [consulté le 8 mars 2015]
Vulgaris Médical, disponible sur <http://www.vulgaris-medical.com/encyclopedie-medicale/
autoregulation> [consulté le 8 mars 2015]
125
9
! 8
l’avons décrit précédemment126, l’atteinte du corps par un micro-organisme
déclenche une réaction immunitaire de défense contre l’agresseur.
EU
Ces deux mécanismes assurent l’homéostasie du corps. L’homéostasie
« maintient un équilibre vital dans les domaines biochimiques, structurels et
psychiques127 », un équilibre dynamique, quatrième principe fondamental de
l’ostéopathie.
CH
- L’auto-guérison enfin, est un système mis en jeu lorsque l’équilibre vital est
trop sollicité et lorsque le corps, grâce à l’homéostasie, ne tend plus vers un
« équilibre » harmonieux. La conséquence première est une déficience de la
santé de l’organisme rapidement rattrapée par l’installation de la maladie.
PU
Le mécanisme de l’homéostasie est très bien illustré par A.T. Still, qui comparait
l’organisme à un « drugstore de Dieu128 », dans lequel il trouvait tous les
remèdes utiles à sa bonne santé. Ce mécanisme est mis en oeuvre par des
systèmes de contrôle, de façon à limiter les trop grandes variations de pression,
de pH, de glycémie et de température corporelle centrale par exemple. Ces
systèmes d’émonctoires sont la peau, les reins, le foie, mais surtout les
LIN
par excellence 129.
E
poumons et les intestins qui forment les deux grands centres de l’homéostasie
En effet, ces derniers forment des « portes d’entrée dans l’organisme car ils
permettent l’absorption de molécules d’origine extérieure130 ». Les processus
biologiques, enzymatiques, chimiques, thermiques et endocriniens permettent
PA
U
de maintenir l’homéostasie du corps.
126
Cf. supra Partie 2.1.2.g
127
Pilate Pascal, ibid.
128
Auquier Olivier, op. cit., p. 24
129
Raynal R., Université de Toulouse, novembre 2014, « Tube digestif et homéostasie », 5
p a g e s , d i s p o n i b l e a u f o r m a t P D F s u r < h t t p : / / w w w. e x o b i o l o g i e . i n f o / d i a b e t e /
6%20homeostasie.pdf> [consulté le 20 mars et le 3 avril 2015]
130
Raynal R., ibid.
9
! 9
Comme nous l’avons démontré précédemment 131, le tube digestif possède des
cellules endocrines intestinales qui vont sécréter des hormones pour la
PU
CH
EU
régulation de l’homéostasie.
Figure n°22 : Schéma de l’homéostasie : acteurs et relations entre-eux.
(Source : Auteur)
E
2.2.3 Mouvements des viscères
Le mouvement est permis grâce aux articulations. On parle d’articulation
viscérale car les organes sont mobiles entre-eux grâce à leur surface de
LIN
glissement, à leur continuité mais aussi grâce à leur système d’attache par les
ligaments, les méso et les omentums qui les suspendent dans la cavité
abdominale. Le seul point qui distingue l’articulation viscérale d’une articulation
squelettique est l’absence de muscle moteur qui provoque le mouvement
PA
U
articulaire132.
2.2.3.a Mouvements normaux des viscères
Le péritoine va permettre aux organes de glisser entre-eux, sans accro. Ce rôle
est le même que les fascias pour les muscles.
131
Cf. supra Partie 2.1.2.f et Partie 2.1.2.g
132
Barral Jean-Pierre et Mercier Pierre, op. cit., p. 25
1
! 00
Quand une fixation fasciale ou péritonéale apparait, c’est toute la toile
d’araignée qui se modifie pour palier à ce dysfonctionnement. Le fascia a aussi
un rôle de support mémoriel133. En effet, une dysfonction inscrite au niveau d’un
EU
fascia oriente ses fibres vers celle-ci. C’est grâce à ce fascia que l’ostéopathe
PU
CH
va être attiré par la dysfonction.
E
Figure n°23 : Une zone qui retient l’énergie se rétracte et attire les tissus connectés.
(Source n°10)
LIN
Il me parait d’abord nécessaire de faire la différence entre la mobilité et la
motilité d’un viscère, avant de décrire les mouvements des organes propres à
notre étude.
PA
U
• La mobilité
La mobilité (ou motricité) est volontaire, elle est induite par les muscles qui sont
contrôlés par le système nerveux central. Les automatismes sont régis par le
système nerveux autonome ainsi que le système nerveux entérique.
La motricité est codifiée avec la topographie et la physiologie de l’organe
comme le rythme respiratoire, le rythme cardio-vasculaire et le péristaltisme.
Hassine Fabienne, « Intérêt de l’ostéopathie dans les pathologies digestives du cheval »
thèse vétérinaire, soutenue devant la Faculté de Médecine de Créteil en 2005, 174 pages,
disponible au format PDF sur <http://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=717> [consulté le 25
mars 2015]
133
1
! 01
• Les mouvements respiratoires
Le gonflement des poumons engendre directement des mouvements du muscle
diaphragme qui eux-même provoquent la mobilité passive des organes
EU
digestifs.
À chaque inspiration, le diaphragme va s’abaisser, les viscères vont se trouver
comprimés dans la cavité abdominale laissant la place aux poumons pour se
remplir. À l’expiration, l’air s’échappant de ces derniers va créer une
la cavité des viscères abdominaux.
CH
compression dans la cavité thoracique et ainsi provoquer une dépression dans
En fonction de l’âge, de la taille, de la race et de l’entrainement, le diaphragme
du Cheval se mettra en mouvement huit à quatorze fois par minute. Même si
• Les mouvements cardiaques
PU
c’est une mobilité passive des viscères, elle reste particulièrement importante.
Le muscle cardiaque a un mouvement continue de trente trois à quarante
quatre battements par minute. En sortant du ventricule gauche du coeur, le
sang artériel va propager l’onde pulsatile à travers tous les tissus mous
environnants et ainsi entraîner la mobilisation des poumons, du médiastin, de
E
l’oesophage et du diaphragme. Via ces deux derniers, l’onde vibratoire va
LIN
osciller jusque dans la cavité abdominale et mobiliser les organes digestifs.
• Les mouvements de péristaltisme
Ce sont de grands mouvements d’ondulation actifs qui contractent la paroi du
tube digestif pour brasser et faire avancer le contenu du système digestif. Il
concerne principalement le tube digestif, de l’oesophage au rectum.
PA
U
• La motilité
La motilité est le mouvement propre de l’organe, le viscère se mobilise par ses
propres moyens. Le mouvement est actif et intrinsèque à l’organe. La motilité
est induite par le développement embryonnaire, c’est un mouvement lent et de
faible amplitude et non « visible ». Il est perceptible par une main éduquée. La
motilité est l’expression cinétique des tissus en mouvement134.
134
Barral Jean-Pierre et Mercier Pierre, op. cit., p. 19
1
! 02
Cette explication atteste l’existence d’une mobilisation non seulement active et
aussi passive des organes de la cavité abdominale par tous les rythmes et les
mouvements de l’organisme.
EU
Il était judicieux d’en souligner l’importance puisque ces derniers mettent en
lumière les liens étroits et solides entre les systèmes qui bâtissent les principes
ostéopathiques forts que sont l’unité du corps et l’inter-relation entre les
systèmes. En effet, il parait alors aisé de comprendre les importantes
répercussions que peut conduire un verrouillage des organes thoraciques
CH
(diaphragme, coeur) sur le système digestif.
• La dynamique des organes concernés par l’étude
Les mouvements de motilité de l’estomac suivent les attaches ligamentaires.
PU
À l’inspiration, la grande courbure tourne autour de l’axe de la petite courbure.
C’est le mouvement de la migration embryonnaire.
À l’expiration, il est comme aspiré par le hiatus oesophagien (qui est très fixe).
Son mouvement dessinerait des rotations frontales (RF).
Le duodénum a une mobilité quasi-nulle car il est particulièrement bien fixé sur
E
la paroi lombaire au niveau de la troisième lombaire. Sa motilité est faible elle
aussi, son mouvement décrirait des translations horizontales (TH)135.
LIN
En revanche, le jéjunum est la partie de tous les intestins la plus libre de la
cavité abdominale, l’iléum est plus fixe car il est très solidaire au caecum. Leurs
mouvements de motilité sont les mêmes que le duodénum.
Le caecum est plutôt fixe à sa base, car il possède une grosse adhérence avec
le rein droit et le pancréas. Sa partie libre correspond à son apex, dans lequel
PA
U
se trouve l’important réseau de fibres musculaires qui permet le brassage et la
fermentation du bol alimentaire qui doit être remonté vers l’ostium caecocolique. Ses mouvements de motilité sont les mêmes que ceux de l’iléum (en
TH).
Le gros côlon est relativement bien fixé à la voûte sous-lombaire de part ses
adhérences au caecum. Le côlon transverse est peu mobile, il suit le gros
côlon. Le côlon descendant est beaucoup plus grêle ce qui lui permet de plus
135
Brindjonc Erwan, « Biomécanique viscérale », cours ESAO, 2015.
1
! 03
amples déplacements. Sa motricité est coordonnée à celle du caecum. Pendant
que le côlon est activé, le caecum est au repos.
EU
Le pancréas aura tendance à suivre les mouvements de mobilité du caecum.
Ses mouvements propres correspondent à des contractions d’inspiration et
d’expiration sur lui-même136.
Enfin, il me paraît utile d’expliquer, même rapidement, les mouvements du foie
CH
et des reins. En effet, ils ne sont pas directement concernés par le SNE, mais
ils jouent un rôle important tant par leur topographie et leurs attaches
anatomiques que par leurs fonctions de drainage.
Une inflammation, une hyper ou hypoactivité, une tension anormale sur l’un de
leurs ligaments, une restriction de mobilité de l’un d’eux aura forcément un
PU
impact sur le reste des organes viscéraux et sur le SNE.
À l’inspiration, le foie se mobilise en RHI, RSA et RFI, et inversement à
l’expiration (RHE, RSP et RFE).
Le mouvement des reins est semblable à celui de leur migration embryonnaire :
en THA à l’inspiration et en THP à l’expiration, associée à des RS et RF.
E
2.2.3.b Mouvements dysfonctionnels des viscères
LIN
La moindre altération de ces mouvements telle que la modification d’axe, la
variation d’amplitude, l’augmentation, la diminution ou la désynchronisation
dans la mobilité ou la motilité de l’organe, génère une dysfonction
ostéopathique viscérale.
Quand ces mouvements intestinaux deviennent dysfonctionnels, la partie
digestive concernée se verrouille et via les liens mécaniques, fluidiques et
PA
U
neurologiques le SNE peut être atteint.
Il faut cependant préciser qu’une dysfonction du SNE est toujours une
conséquence d’un verrouillage primaire, c’est donc une DOS.
Les viscères digestifs peuvent subir plusieurs dysfonctions mécaniques telles
que des adhérences, des ptoses ou des fixations musculaires.
136
Ponsot Marie, « Ostéopathie viscérale du Cheval », cours ESAO, 2014
1
! 04
Les adhérences dites « fixations articulaires viscérales » sont en général le
résultat d’une cicatrisation d’une lésion. Elles peuvent être plus ou moins
importantes selon la plaie. La cicatrisation va créer un « point d’ancrage
EU
pathologique137 ». Le principal effet de l’adhérence est la modification des axes
de la motilité. L’organe bloqué dans ses mouvements normaux, va tourner
autour de ce point de fixation. Ce dernier va alors devenir le nouvel axe de la
motilité de l’organe.
Si l’adhérence est vraiment très importante, il peut y avoir inhibition complète de
CH
la motilité de l’organe : l’organe perdra son rythme et sa vitalité, il deviendra
inerte. Sa structure se modifiant, sa fonction sera alors très rapidement
entravée, selon le deuxième principe fondamental de l’ostéopathie « la
réciprocité de la structure et de la fonction », comme l’a dit A. T. Still « la
PU
structure gouverne la fonction et la fonction détermine la structure ».
L’adhérence viscérale peut entraîner plusieurs conséquences sur les autres
systèmes :
- Au niveau tissulaire, le frottement permanent entre les tissus (fascias,
séreuses, muscles) provoque une irritation continue et donc un état
inflammatoire aigu au départ pour devenir chronique à long terme ;
E
- Au niveau ligamentaire, les insertions des attaches ligamentaires peuvent être
tiraillées par le changement d’axe de l’organe fixé. Les mécanorécepteurs et
LIN
les nocicepteurs seront excités, en hyperactivité, pouvant provoquer des
douleurs ;
- Sur la vascularisation, la circulation sanguine peut être altérée et provoquer
des stases ;
- Au niveau immunitaire, l’organe verrouillé génère un blocage fluidique
sanguin et lymphatique, ce qui empêche la bonne circulation des nutriments
PA
U
ainsi que des cellules de défense et la bonne évacuation des déchets.
Les adhérences tissulaires et viscérales sont appelées fibroses.
La traction anormale d’un organe en dysfonction peut provoquer une laxité avec
perte d’élasticité de ses moyens d’union et par conséquent des distensions et
des relâchements ligamentaires.
137
Barral Jean-Pierre et Mercier Pierre, op. cit., p. 30
1
! 05
L’organe n’est alors plus suffisamment soutenu, ses axes de motilité et son
amplitude seront affectés. La gravité jouant son rôle, le viscère va se trouver
« tiré » vers le bas, c’est ce que l’on appelle la ptose viscérale.
EU
Enfin, les organes creux du système digestif sont davantage sujets aux fixations
musculaires car ils sont composés d’une double musculature lisse à fibres
longitudinales et à fibres circulaires transversales.
Les muscles vont se contracter de manière alternative pour assurer le
péristaltisme et donc le bon fonctionnement du transit.
CH
En cas d’hyper-sensibilité chimique à un aliment ou à un produit, l’irritation de la
musculeuse et de la muqueuse intestinale va stimuler en excès les fibres
musculaires qui vont répondre par des spasmes répétés.
La fonction de l’organe ne sera plus remplie (car le transit sera accéléré) et, par
PU
conséquent la motilité de l’organe pourra être atteinte.
Cette seconde partie avait pour but d’une part, de cerner l’extrême importance
du SNE par rapport à l’ensemble des systèmes de l’organisme du Cheval. En
effet, le SNE doit gérer non seulement son propre fonctionnement (motricité et
contrôle de la circulation des sécrétions de la digestion), mais aussi ses
relations avec les divers éléments constitutifs du corps de l’animal (les
E
systèmes du corps). Ceci tend à prouver la justesse de notre démonstration, le
SNE peut être considéré comme un deuxième cerveau.
LIN
D’autre part, cette analyse ostéopathique du SNE a permis de mettre en
exergue la complexité et la fragilité du système digestif du Cheval et de son
délicat centre neuronal.
La composition des différentes couches de la paroi de l’intestin (musculaire et
muqueuse), ainsi que la richesse des réseaux nerveux, lymphatique,
immunitaire et bactérien rendent le tube digestif du Cheval particulièrement
PA
U
complexe.
Quant à sa fragilité, elle résulte de l’état de stress auquel est soumis l’animal.
La singularité du Cheval est en effet d’être confronté aux différentes
perturbations physiques et psychologiques. Alimentation, environnement,
contraintes de la monte, du travail et enfermement en box impactent fortement
le système nerveux entérique, émetteur ou récepteur en lien direct avec le
système nerveux central.
1
! 06
EU
CH
PARTIE 3 :
PU
APPLICATION OSTEOPATHIQUE A
TRAVERS DEUX TYPES
EQUINES.
PA
U
LIN
E
D’AFFECTIONS VISCERALES
« Le devoir du praticien n’est pas de guérir le malade mais d’ajuster une partie ou l’ensemble
du système afin que les fleuves de la vie puissent s’écouler et irriguer les champs desséchés. »
- Andrew Taylor Still, Autobiographie, p. 184 -
1
! 07
3. APPLICATION OSTEOPATHIQUE A TRAVERS DEUX TYPES
D’AFFECTIONS VISCERALES EQUINES
EU
Le vocable « pathologie » est synonyme de « maladie » avec une notion de
« lésion » ; ce sont des termes utilisés par la médecine vétérinaire. En tant
qu’ostéopathe, il faut les comprendre pour pouvoir dialoguer et coopérer avec
les autres corps de métier de la santé afin de soigner et traiter au mieux le
CH
patient.
La médecine holistique, elle, parlera d’excès ou de manque de physiologie ;
elle dira « dysfonction » et non « lésion » terme qui réduit à ce qui est visible.
La dysfonction résulte soit de phénomènes extérieurs défavorables, soit de
PU
l’absence de phénomènes favorables138. Elle peut être avec ou sans lésion.
Cette dernière partie du mémoire propose l’application de mon point de vue
ostéopathique sur certains cas sur le terrain. Evidemment, la liste des
pathologies et des dysfonctions qui vont suivre n’est pas exhaustive.
En outre, le diagnostic ainsi que les traitements proposés ne sont pas
strictement applicables sur d’autres cas présentant les mêmes symptômes,
E
puisque l’ostéopathie est une médecine holistique qui traite l’individu dans son
ensemble et que chaque cas est unique, c’est pourquoi le traitement de ce
LIN
dernier se doit de l’être également.
Pour étayer mon raisonnement, j’ai choisi de développer deux types de
pathologies viscérales ainsi que leurs conséquences sur le système nerveux
entérique, d’abord un trouble de nature infectieuse : le parasitisme interne,
PA
U
ensuite une affection à caractère émotionnel : la colique due au stress du
voyage.
Girard Jean-Yves, « Ostéopathie », cours ESAO, 2010.
Les phénomènes favorables sont l’oxygène, l’eau, l’alimentation, la chaleur et la communication
avec les congénères.
138
1
! 08
3.1 Pathologie infectieuse : parasitisme interne
La maladie infectieuse a pour origine une bactérie, un virus, un champignon, un
EU
ver, un protozoaire ou un parasite. Les symptômes peuvent être une fièvre, une
douleur, un écoulement, une perturbation de l’organe atteint (toux, diarrhée),
une anomalie sanguine. Le traitement est d’abord allopathique. Le médicament
est ciblé par rapport au micro-organisme pathogène. À noter que l’efficacité des
CH
médicaments allopathiques est très limitée face aux virus.
Parmi les diverses pathologies infectieuses, j’ai retenu le parasitisme interne
(ou endoparasitisme), pathologie fréquemment rencontrée dans ma région
d’origine : la Réunion. En effet, dans les pays au climat tropical (chaud et
humide), les parasites prolifèrent toute l’année. Il existe plusieurs parasites
PU
digestifs parmi lesquels les strongles (grands et petits), les ascaris, les oxyures,
les cestodes (ou ténias) et les gastérophiles sont les plus répandus. Je traiterai
les effets préjudiciables des grands strongles.
3.1.1 Définition vétérinaire et vision ostéopathique du parasitisme
E
interne
Le parasitisme est une affection due à un parasite. Ce dernier est « un être qui
LIN
prélève sa nourriture sur un autre être vivant appelé ‘‘hôte’’139 » vivant souvent en
symbiose (du grec ancien συµβίωσις : vie ensemble140).
3.1.1.a Définition vétérinaire
PA
U
Le parasitisme est une infestation interne par des vers. Les Chevaux s’infestent
en absorbant de l’eau, des aliments ou des crottins contaminés par des larves.
139
Chambre d’agriculture du Lot « Le parasitisme », disponible au format PDF sur <http://
www.lot.chambagri.fr/fileadmin/documents_ca46/internet/Productions-animales/Sante_animale/
Maladies/ft-parasitisme.pdf> [consulté le 13 avril 2015]
Moreau Laurine, « Cycle vicieux, infection du vivant, maladies et zoonoses », mémoire de fin
d’études Diplôme Supérieur d’Arts Appliqués option Design d’Illustration Scientifique de l’Ecole
Supérieure des Arts et Industries, partie scientifique, 2013, disponible au format PDF sur
<http://laurinemoreau.com/wp-content/uploads/2014/05/cycle-vicieux_parasites-etzoonoses_memoire-2014-partie-scientifique.pdf> [consulté le 13 avril 2015]
140
1
! 09
Ces dernières vont se loger dans la muqueuse de l’estomac, de l’intestin grêle
ou du gros côlon en fonction du type de parasite.
Ils peuvent occasionner des coliques et sont responsables de la mort dans 4%
Ingestion par le
Cheval
EU
à 9% des cas en Normandie.
Larves
CH
Évolution
migrations larvaires des
grands strongles
Milieu
intérieur
(Cheval)
PU
Formes infestantes :
Larves de strongles
Adultes dans le gros
intestin ou l’intestin grêle
Milieu
extérieur
(Pré)
Évolution
Oeufs évacués
dans les crottins
E
Formes non infestantes :
Larves ou oeufs non
embryonnés
Oeufs pondus
par les adultes
LIN
Figure n°24 : Schéma du cycle parasitaire des vers intestinaux de type grands strongles
du Cheval
(Source n°11, schéma modifié par l’Auteur)
Les trois espèces de grands strongles les plus fréquentes sont Strongylus
vulgaris, Strongylus equinus et Strongylus edentatus. L’infestation par les
grands strongles est appelée « strongylose ». Les grands strongles font partie
des vers ronds (comme les petits strongles, les ascaris ou les oxyures).
PA
U
Les vers adultes se fixent à la « muqueuse du gros intestin grâce à leur capsule
buccale équipée de dents 141 ». La muqueuse du Cheval est la principale source
d’énergie du ver qui va s’en nourrir.
Les Haras Nationaux, fiche élaborée par I. Barrier et C. Laugier, ouvrage collectif, « Les
parasites digestifs » janvier 2011 disponible sur <http://www.haras-nationaux.fr/information/
accueil-equipaedia/maladies/maladies-parasitaires/les-parasites-digestifs.html#c39172>
[consulté le 13 avril 2015]
141
1
! 10
Les principaux signes cliniques sont des ulcérations de la muqueuse stomacale
et intestinale (par lésions répétées), des hémorragies internes digestives, de
l’anémie, une perte d’appétit et un amaigrissement par douleur.
EU
Les larves quant à elles entraînent de plus graves conséquences.
D’abord, la larve de Strongylus vulgaris a un cycle interne de six à sept mois,
appelé période « prépatente 142 ». Elle est la cause majeure des coliques car
elle provoque ce que l’on appelle une « artérite vermineuse143 ». La larve vient se
loger dans la paroi des intestins et traverse les petites artères qui les
CH
vascularisent. En petite quantité, les larves peuvent créer des petits caillots
sanguins jusqu’à un infarctus. En grande quantité en revanche, elles peuvent
causer d’importants défauts d’irrigation des intestins qui peuvent aboutir à de
graves coliques. Elles remontent ensuite dans les grosses artères du tube
digestif (artères mésentériques). L’infestation massive peut déclencher non
PU
seulement des lésions de la paroi, des anévrismes, des obstructions partielles
ou totales des artères irriguant le membre postérieur (entraînant une boiterie
intermittente à chaud) mais aussi de graves troubles fonctionnels pour d’autres
organes comme le coeur, le foie et les reins.
Ensuite, la larve de Strongylus edentatus quant à elle, migre dans le foie par la
E
veine porte, traverse la cavité péritonéale et rejoint la paroi du gros intestin
(principalement le caecum et le côlon). Son cycle larvaire dure neuf mois. Elle
LIN
engendre les mêmes signes cliniques qu’une strongylose. Elle peut même
occasionner la péritonite parasitaire associée à de la fièvre. Etant donné qu’elle
loge principalement dans le foie et le caecum, les symptômes de douleur ou de
colique se verront du côté droit.
Enfin, la larve de Strongylus equinus a un cycle interne de onze mois. Ses
PA
U
organes de prédilection sont le foie et le pancréas en premier lieu puis elle
traverse la cavité péritonéale pour rentrer dans le caecum une fois adulte où
elle crée de graves lésions.
142
Période prépatente = délai entre l’ingestion d’une larve infestante et l’apparition d’oeufs dans
les crottins.
Les Haras Nationaux, op. cit., <http://www.haras-nationaux.fr/information/accueil-equipaedia/
maladies/maladies-parasitaires/les-parasites-digestifs.html#c39172>
143
!111
Pour résumer, les signes cliniques d’une strongylose sont : « diarrhée, coliques,
perte de poids, pelage terne, mauvais état général, abattement, perte d’appétit ou
apathie, anémie (avec réduction des performances sportives ou retard de croissance),
obstruction des vaisseaux sanguins 144 ».
3.1.1.b Analyse ostéopathique
EU
perturbations de la motilité intestinale (avec stases, torsions intestinales ou la mort),
CH
L’approche de l’ostéopathe, en ce qui concerne l’infestation du Cheval par les
vers diffère de celle du vétérinaire dans le sens où elle prend en compte les
lésions provoquées par les larves mais aussi les effets potentiellement néfastes
d’un médicament sur l’organisme.
En effet, plusieurs facteurs sont à considérer : la nature du ver, la quantité de
PU
parasite potentiellement présente dans le tube digestif de l’animal ainsi que les
organes et tissus d’abord lésés par la présence de larves puis par voie de
conséquence verrouillés par perte de mobilité et motilité.
En s’immisçant dans la paroi intestinale, les larves de Strongylus vulgaris vont
non seulement provoquer des ulcérations de cette dernière, mais aussi
occasionner une modification de l’afflux sanguin145 ainsi qu’entraîner la
E
compression nerveuse des plexus sympathiques et parasympathiques et donc
du système nerveux entérique.
LIN
Les conséquences directes peuvent alors être :
- L’excitation ou l’inhibition des plexus nerveux qui peut engendrer
l’augmentation ou la diminution de l’irrigation vasculaire, de la motricité
intestinale et la modification des sécrétions digestives ;
- Une hyper ou une hypoactivité de l’intestin grêle, du caecum ou du gros côlon
PA
U
(en fonction de la situation des larves) et donc une altération de la fonction de
ceux-ci provoquant des troubles du transit comme la colique, l’invagination et
le volvulus146 ;
- La douleur abdominale qui peut générer une perte d’état voire de l’anorexie ;
144
Loving Nancy S., op. cit., p. 461
145
Faculté de Médecine Vétérinaire de Liège, « Les maladies parasitaires du Cheval », ouvrage
collectif, 19 février 2014, 184 pages, disponible au format PDF sur <http://
www.dmipfmv.ulg.ac.be/parasitovet/m/doc1/Cheval.pdf> [consulté le 13 avril 2015]
146
Volvulus = torsion de l’intestin grêle au niveau de la jonction iléo-caecale.
1
! 12
- Une inflammation de la muqueuse digestive par les larves enkystées qui
créent ainsi des portes d’entrée aux divers germes risquant alors une infection
généralisée de l’organisme du Cheval (la septicémie).
proposer un traitement particulier.
3.1.2 Traitements du parasitisme interne
CH
3.1.2.a Traitement allopathique
EU
Dès lors que l’état parasitaire a été démontré, chaque corps de métier va
Prophylaxie.
La lutte efficace contre les parasites internes est l’un des « aspects essentiels
des soins de santé chez le cheval147 ». C’est pourquoi il est important de
PU
vermifuger régulièrement l’animal, selon des périodes très précises et en
fonction de l’espèce et du développement du parasite présent à ce moment-là.
Selon un protocole de soin préventif, le vétérinaire préconisera un vermifuge
adapté au Cheval, selon le type et le stade d’évolution du ver.
Pour notre exemple, les vermifuges efficaces contre les vers ronds et
E
particulièrement les grands strongles et conseillés par plusieurs vétérinaires
sont l’ivermectine, la moxidectine ou le fenbendazole. La vétérinaire N. S.
LIN
Loving recommande d’administrer ce vermifuge une fois par jour pendant cinq
jours consécutifs, au Cheval infesté par les grands strongles.
Mise en garde.
Le propriétaire d’un Cheval très infesté peut avoir tendance à lui faire avaler en
une seule prise une grosse quantité d’un vermifuge puissant. Le risque encouru
PA
U
par l’animal n’est pas négligeable. L’action du vermifuge sera d’éliminer un
grand nombre de larves. Deux conséquences en découlent ; la première est
qu’en mourant, les larves libèrent des toxines qui empoisonnent le Cheval,
d’autant plus si la quantité de parasites est importante.
147
Loving Nancy S., op. cit., p. 459
1
! 13
La seconde est qu’en se décollant de la paroi les larves enkystées laissent des
trous béants dans la paroi intestinale et provoquent des hémorragies internes,
3.1.2.b Traitement ostéopathique
EU
plus ou moins importantes toujours selon l’accumulation de parasites internes.
Après vermifugation de l’animal, l’ostéopathe pourra traiter les conséquences
de l’infestation ainsi que celles de la vermifugation. Et avant de traiter, le
CH
praticien devra poser un diagnostic précis en déterminant la cause qu’il faudra
éliminer, la structure responsable du déclenchement des réactions tissulaires
(la dysfonction primaire, DOP) et ses conséquences (les dysfonctions
secondaires, DOS) à traiter ou non.
PU
- Si la cause est le parasitisme interne, elle sera écartée par vermifugation du
Cheval.
- La DOP est généralement provoquée par « des forces extérieures à
l’organisme148 », tel que des traumatismes (chutes, accidents), chocs
physiques et émotionnels, effort brutal. Dans le cas de parasitisme, les larves
peuvent être responsables d’une DOP viscérale.
E
- Les conséquences sont multiples : les larves et les strongles adultes
LIN
s’accrochent à la paroi des intestins et provoquent des micro-lésions.
En se détachant, elles peuvent devenir plus importantes, des plaies se forment,
inflammation, douleur, rougeur, chaleur et ischémie sont présentes, c’est le
processus de cicatrisation. Les cellules élastiques deviennent fibreuses, le
collagène se positionne de façon anarchique par rapport à la direction des
PA
U
fibres. Des adhérences de cicatrisation se forment, ce sont des DOS tissulaires.
Comme nous le verrons plus tard149, d’autres conséquences ostéo-articulaires,
musculaires, nerveuses, viscérales sont possibles via les liens mécaniques,
neurologiques et fluidiques.
148
Auquier Olivier, op. cit., p.34
149
Cf. infra, chaîne lésionnelle, figure n°26, p. 117 du mémoire.
1
! 14
• Objectifs du traitement
Est-il utile de préciser que la mission première et spécifique de l’ostéopathe est
de traiter l’animal dans son ensemble, et pour ce faire, plusieurs objectifs
EU
doivent être atteints.
Le travail ostéopathique sera de rendre mobiles les structures en déficit de
mobilité et de motilité (pour les viscères) et de casser les éventuelles
adhérences dues aux larves enkystées mais aussi à cause de la douleur qui a
CH
bloqué le système digestif dans son ensemble. L’action même de déverrouillage
et de mobilisation permettra en premier lieu de stimuler les fluides (sang,
lymphe) et donc d’activer la pompe cardiaque pour éliminer les déchets,
emmener l’oxygène aux cellules, apporter les nutriments essentiels pour la
reconstruction musculaire et tissulaire ainsi que combattre les éventuels agents
PU
pathogènes présents. En deuxième lieu, la mobilisation stimulera les nerfs afin
non seulement de réactiver la motricité intestinale pour un meilleur retour à la
normale du transit, mais aussi d’informer le corps que les stimuli de douleur
n’ont plus lieu d’être et que les mouvements viscéraux normaux sont de
nouveau possibles. Enfin, le traitement par drainage du foie et des reins peut
aider l’organisme à évacuer les molécules chimiques du vermifuge. En
LIN
et confort au Cheval.
E
rééquilibrant le système tout entier l’ostéopathe va donc prodiguer apaisement
Toutes ces actions permettent de relancer l’homéostasie du corps150. En effet,
le praticien va corriger les axes anormaux de l’organisme pour que ce dernier
puisse ensuite se relancer et s’auto-réguler avec le temps. Effectivement,
comme l’a écrit Olivier Auquier, la « dysfonction ostéopathique est un élément
PA
U
perturbateur de l’équilibre général de l’organisme 151 » et « la correction imposée par le
thérapeute est également un élément perturbateur du nouvel équilibre mis en place par
les mécanismes d’adaptation 152. » C’est pourquoi il est primordial pour
l’ostéopathe d’accorder du temps au corps afin qu’il retrouve son nouvel
équilibre. En effet, chaque individu récupérera selon sa constitution à plus ou
moins long terme.
150
Cf. supra Partie 2.2.2
151
Auquier Olivier, op. cit., p. 75
152
Auquier Olivier, ibid.
1
! 15
• Diagnostic et Chaîne lésionnelle
Mon protocole de visite débute par une auscultation visuelle du patient dans sa
globalité. Le Cheval a été vermifugé un mois avant mon passage. Son état
EU
général est plutôt moyen, il a les côtes apparentes, un abdomen gonflé et le
poil sec et hirsute au niveau des flancs à droite. Ses muqueuses sont pâles.
L’animal ne présente pas de signe de déshydratation mais il laisse transparaître
une certaine apathie.
En deuxième lieu, je procède à un diagnostic palpatoire complet en prenant
CH
contact avec l’animal grâce à l’écoute tissulaire. J’évalue la souplesse des
tissus, la qualité et la quantité de mouvements de la peau et des fascias, je
note les zones anormalement chaudes et froides, dures et molles.
dans le sens crânio-caudal.
PU
Dans un souci de compréhension, je vais expliquer les points clés observés,
Il en ressort plusieurs données au niveau structurel et fascial :
- une petite sensibilité en regard de l’articulation occipito-atloïdienne (C0-C1) ;
- une chaleur au niveau de la charnière cervico-thoracique (C7-T1) ;
- une sensibilité cutanée avec frissonnement de la peau en regard du garrot ;
- une zone indurée et chaude de la charnière thoraco-lombaire (T18-L1) jusqu’à
E
la deuxième vertèbre lombaire (L2).
LIN
La technique d’écoute crânio-sacrée confirme l’état psychologique du patient :
le mouvement respiratoire primaire (MRP), provoqué par le flux circulatoire du
LCR, est limité, asymétrique et l’activité globale de l’organisme est ralentie.
La technique de triangulation viscérale attire mes mains à droite, au niveau du
caecum, zone plutôt froide et en hypoactivité globale, où les poils sont plus
PA
U
secs qu’ailleurs.
Le palpatoire viscéral m’indique également une perte de motricité et de motilité
à droite du foie et du rein (en ptose) ainsi que de l’estomac à gauche. Par
opposition, le rein gauche est légèrement hypertrophié et en hyperactivité.
Le flanc droit en regard du côlon dorsal droit est chaud, l’organe est quant à lui
en hyperactivité. Enfin, la respiration est peu symétrique, le diaphragme est
verrouillé.
1
! 16
En troisième lieu, la dynamique confirme le peu d’entrain de l’animal, son
énergie est basse. La bascule de son abdomen est dissymétrique. Ce dernier
se porte à gauche. L’amplitude de propulsion du postérieur droit est réduite par
de son côté droit en se refermant sur celui-ci.
EU
rapport à celle du postérieur gauche. Le Cheval est globalement en protection
Enfin, le quatrième point consiste en l’exécution de différents tests pour
confirmer ou infirmer mes premiers ressentis. Les testings me permettent de
préciser la qualité et la quantité de mouvement de chacune des articulations
CH
structurelles et viscérales ainsi que leur position dysfonctionnelle afin de
LIN
E
PU
pouvoir les traiter.
Figure n°25 : Chaîne lésionnelle du cas de parasitisme.
(Source : Auteur)
PA
U
• Manipulations pour ce cas particulier
J’ai commencé mon traitement par le caecum en premier car il est pour moi le
déclenchement de la chaîne lésionnelle de l’animal en souffrance. Toutes les
techniques qui suivent sont effectuées dans le respect total du patient et selon
le septième principe fondamental de l’ostéopathie, principe de la nondouleur153.
La non-douleur dans le traitement permet de gagner la confiance ainsi que la collaboration
du patient.
153
1
! 17
- Technique de l’effleurement
Après une écoute profonde de l’organe que je trouvais particulièrement atone,
j’ai entrepris l’effleurement afin de stimuler les centres nerveux sensitifs et donc
EU
de relancer l’information aux systèmes nerveux central et entérique. J’ai de
nouveau écouté la différence, de petits gargouillis coeliaques se sont faits
entendre ; le système sensoriel de l’animal était éveillé.
- Technique directe
CH
J’ai ensuite choisi de redonner de la mobilité au caecum au niveau de son
apex, partie normalement la plus mobile. J’ai mobilisé l’organe grâce à
l’élasticité de ses petits mouvements. Pour ce faire, après avoir effectué une
légère traction de l’apex, j’ai suivi la mobilisation de l’organe tout en maintenant
la tension. J’ai relâché progressivement cette tension en accentuant un peu
PU
plus le mouvement, sans jamais le forcer. Avant de réitérer l’opération sur la
base, j’ai préféré détendre la zone thoraco-lombaire afin de gagner un
maximum de mobilité.
- Technique fasciale et détente thoraco-lombaire
La base du caecum est physiologiquement attachée par une grosse adhérence
E
fasciale sur le corps des premières lombaires. C’est pourquoi, mon objectif est
de libérer les importantes tensions localisées au niveau de la charnière dans le
LIN
but de relâcher les haubans qui maintenaient la fixité dysfonctionnelle de la
base du caecum. Pour cela, j’ai effectué des mouvements de détente
musculaire et fasciale en regard des lombaires ainsi que de la base de l’organe
verrouillé.
PA
U
- Technique d’induction locale
Après avoir retrouvé un caecum plus mobile qu’au départ, il est important de
redonner « vitalité » à l’organe en relançant sa motilité. L’induction locale
consiste à suivre la motilité du caecum jusqu’à son amplitude maximale. J’ai
créé un still-point en bloquant le mouvement intrinsèque du caecum sur deux
respirations puis l’ai accompagné dans son retour de façon passive. Après
évaluation, j’ai recommencé l’opération deux fois pour retrouver une meilleure
motilité globale de l’organe.
1
! 18
Le caecum est en contact direct avec le foie ainsi que le rein droit. C’est
pourquoi, j’ai logiquement évalué la mobilité de ces organes, en hypoactivité et
EU
avec une légère ptose pour le rein (en comparaison avec le rein gauche qui
était en hyperactivité). Ces derniers sont des organes de filtration qui doivent
jouer un rôle clé pour l’évacuation des déchets organiques (toxines, ammoniac,
urée) et chimiques (vermifuge) : leur structure doit être irréprochable pour
exercer correctement leur fonction.
CH
La technique de traitement du foie et du rein droit est la même que pour le
caecum, avec une petite différence pour la ptose rénale chez qui la traction
s’est faite à l’inverse de son mouvement dysfonctionnel, c’est à dire vers le haut
(en appelant l’organe par petites pressions, par pompage). En parallèle du
traitement de la ptose du rein droit, j’ai effectué un rééquilibrage de l’activité du
PU
rein gauche qui était en hyperactivité.
Après manipulation du foie et des reins, la coupole diaphragmatique doit être
rééquilibrée. J’ai d’abord utilisé une technique directe selon laquelle mes mains
agissent simultanément sur l’insertion sternale et lombaire du muscle
diaphragme en rythme avec la respiration. Je bloque l’inspiration sur deux
E
cycles avant de relâcher doucement pour forcer l’expiration. J’évalue et j’écoute
la différence après manipulation. Je réitère la technique jusqu’à retrouver un
LIN
équilibre et une symétrie du diaphragme.
Enfin, l’estomac verrouillé au départ, en raison de sa situation topographique
(accolé au diaphragme et au foie maintenant traités), se mobilise davantage.
Les tensions sont levées, la place est plus libre, l’estomac a naturellement
retrouvé sa motricité. En effet, les organes de la cavité abdominale sont soumis
PA
U
à la cohésion viscérale. Ils vont occuper le maximum de place dans une cavité.
Cette faculté est appelée l’effet turgor. Par exemple, suite au traitement d’un
organe hypertrophié, la place anormale qu’il occupait dans la cavité sera
remplacée par les organes voisins, dès lors qu’il retrouve sa taille normale.
La technique directe 154 ainsi que la technique de vibratoire sont utilisées pour le
traitement de l’estomac.
154
Cf. supra Partie 3.1.2.b, Manipulations, Technique directe, p. 118 du mémoire
1
! 19
- Techniques directes : palpation-pression et lissage
L’hyperactivité et la chaleur du côlon dorsal droit peuvent expliquer la présence
de larves (qui normalement ont été évacuées) à cet endroit et qui ont pu
EU
provoquer des micro-lésions en se détachant. Le processus inflammatoire
(zone chaude et en hyperactivité) permet la cicatrisation de la zone. Des petites
adhérences ont pu se créer. L’action du traitement sera d’accélérer le
processus de cicatrisation en redonnant de la mobilité aux structures molles de
la peau en superficie, des fascias, des muscles situés en dessous tels les
CH
abdominaux, du péritoine entourant les viscères jusqu’à la paroi musculeuse du
côlon. Je commence par la technique de palpation-pression par un contact
léger jusqu’à rentrer en profondeur afin de maîtriser la circulation sanguine
intestinale (le but n’est pas de trop activer, mais de relancer doucement et
efficacement pour éviter les éventuelles stases). J’effectue ensuite des
PU
mouvements de lissage dans le sens de la motricité dans le but de lever les
adhérences, d’aider la cicatrisation et de redonner de la mobilité à l’organe.
- Techniques crâniennes
Enfin, la restriction articulaire occipito-atloïdienne est davantage tissulaire que
structurelle. C’est pourquoi, j’ai choisi, dans un premier temps de travailler la
l’articulation C0-C1.
E
base du crâne et le crâne lui-même afin de libérer les tensions au niveau de
LIN
La première technique crânienne consiste en un test de l’articulation, en
effectuant une petite traction-décompression de l’occiput et de l’atlas.
La seconde repose sur une palpation 155 puis un traitement occipitomastoïdienne et temporo-mandibulaire156 (OMTM) en m’appuyant sur l’inspir et
l’expir du crâne. Non seulement mon ressenti palpatoire m’a guidée vers un
PA
U
verrouillage de l’articulation temporo-mandibulaire droite, mais aussi, étant
donné l’état général du patient, je me suis posée la question d’un éventuel
problème dans sa mastication, même si la présence de possible surdent avait
155
Technique de palpation de l’OMTM : une main sur la suture fronto-temporale (avec l’avantbras collé au chanfrein) qui exerce une pression de mouvement à l’inspir et l’autre main sur
l’articulation condylo-temporale exerçant une pression de mouvement à l’expir.
Technique directe de l’OMTM : envoyer une impulse en fin d’expir et accompagner
passivement l’inspir et inversement, en recommençant jusqu’à rétablissement du mouvement.
Faire un still-point de 3 ou 4 secondes en bloquant l’articulation dans son mouvement
dysfonctionnel, puis relâcher.
156
1
! 20
été écartée lors de mon palpatoire (par le test de diduction et vérification
directe).
EU
J’ai terminé mon traitement crânien par des testings ostéo-articulaires de
l’articulation occipito-atloïdienne pour vérifier et évaluer les mouvements qui
m’ont paru plus souples et amples m’indiquant par la même que la restriction
- Techniques structurelles / mobilisations
CH
tissulaire était levée.
Enfin, après vérification des restrictions articulaires par les testings (en latéroflexions droite et gauche associées à des rotations), j’ai choisi de manipuler
l’articulation cervico-thoracique (C7-T1) ainsi que la treizième vertèbre
thoracique (T13) encore très bloquées et qui sont pour la première, une
PU
charnière et pour la seconde, un anticlinal. En effet, ce sont des zones clés où
se situe un changement d’orientation des courbes du rachis vertébral. Pour les
autres articulations en restriction (C0-C1, T6, T18-L1 par exemple), les
PA
U
LIN
E
techniques viscérales et crâniennes ont permis de les régulariser.
Figure n°26 : Les courbures vertébrales, charnières et anticlinaux.
(Source n°12)
- Technique globale
J’ai conclu le traitement par une technique globale crânienne d’abord puis
générale en crânio-sacrée qui m’a permis d’évaluer et d’éventuellement
relancer la circulation du LCR afin de finaliser le soin ostéopathique.
1
! 21
• Ressentis après manipulations et conseils
Après mon traitement, j’ai vérifié et évalué l’effet de mes manipulations, suivant
le neuvième principe fondamental de l’ostéopathie « tout traitement devra être
EU
vérifié et évalué ».
D’abord, durant mon traitement, l’animal a donné des signes de relâchement
(grosse expiration, mastication), et les bruits intestinaux (du caecum
notamment) ont confirmé un début de remise en fonctionnement de l’organisme
(meilleure mobilité et motilité des organes en hypotonie).
CH
La respiration de l’animal, bien qu’encore un peu rapide, est devenue plus
ample et symétrique. Son oeil est plus vif et le port de tête légèrement plus
relevé, ce qui dénotent une modification positive de son état.
L’équilibre global du Cheval est satisfaisant. Maintenant que les grands axes
sont alignés, l’organisme de l’animal doit « digérer » les nouvelles informations
Conseils.
PU
afin de trouver un équilibre harmonieux, et « la Nature fera le reste157 ».
Les conseils que j’ai proposés reposent sur un repos non strict de l’animal
pendant trois jours, dans un petit paddock. Les mouvements de l’animal sont la
clé d’un bon retour à la normale et d’un bon fonctionnement de l’organisme158.
E
Au niveau alimentaire, j’ai conseillé l’attribution d’une quantité non restreinte de
foin afin que les réflexes digestifs soient correctement sollicités.
LIN
Le propriétaire pourra ensuite, dans un premier temps, le sortir en main pour
éviter les pressions de l’harnachement (pour laisser les reins et le foie se
régénérer doucement) et dans un second temps, recommencer le travail monté
par de courtes sessions tout en évaluant l’évolution physique et psychologique
du Cheval. Avec l’accord du vétérinaire traitant, j’ai conseillé au propriétaire
d’apporter en soutien au traitement ostéopathique, un drainage hépatique et
PA
U
rénal. Dans le but de contrôler l’évolution de l’animal et de m’assurer de la
disparition effective de la dysfonction primaire, je suis repassée trois semaines
plus tard. Le Cheval présentait davantage d’entrain et se nourrissait mieux. Le
caecum était fonctionnel. En revanche, l’activité des reins n’était pas tout à fait
symétrique. Il manquait encore un peu de mobilité au foie. La zone en regard
du côlon dorsal droit avait la même température corporelle que le reste, mais sa
157
Andrew Taylor Still, op. cit. « Philosophie et principes mécanique de l’ostéopathie », p. 55
158
Cf. supra Partie 2.1.3.c
1
! 22
motilité semblait peu mobile par rapport aux autres côlons. Mon obligation
professionnelle étant de tendre vers le mieux, j’ai effectué quelques réglages
dans le cadre d’un second traitement pour ne pas laisser l’animal dans un
EU
inconfort relatif.
Après avoir travaillé sur une pathologie infectieuse, je vais maintenant
CH
m’intéresser à une pathologie émotionnelle.
3.2. Pathologie émotionnelle : colique due au stress du voyage
« Charles Darwin a constaté que les animaux éprouvent (à des degrés différents)
l’angoisse, le chagrin, l’abattement, le désespoir, la joie, l’amour, la « tendresse », le
PU
dévouement, la mauvaise humeur, le bouderie, l’acharnement, la haine, la colère, le
dédain, le mépris, le dégoût, le remords, l’orgueil, l’impuissance, la patience, la
surprise, l’étonnement, la peur, l’aversion, la honte, la timidité et la modestie 159. »
Compte tenu de l’importance des émotions ressenties par le Cheval 160, une
situation de stress peut déclencher des désordres non seulement
E
psychologiques mais aussi physiques et plus particulièrement viscéraux. Ainsi
le souligne Pierre Durant, cavalier olympique de Jappeloup, lors d’une
conférence à Bruxelles en 2013 : « Six chevaux sur dix ont des ulcères à
LIN
l’estomac 161. »
Dans le cadre de mon étude, je traiterai le cas d’un équidé sujet à des coliques
spasmodiques dues au stress du voyage. En effet, les émotions que peut
éprouver le Cheval durant un voyage en camion ou en van sont le stress, la
PA
U
nervosité, la peur, l’anxiété, l’angoisse, l’excitabilité, l’agacement ou
l’agressivité.
Bekoff Marc, « Les Emotions des animaux », éd. Payot et Rivages, 3ème édition, 2013, p.
73, 280 pages.
159
160
Cf. supra Partie 1.2.2.b
Thiebauld Anne, « Soins aux chevaux », disponible sur <http://www.equireliance.be/soinsaux-chevaux/> [consulté le 25 mars et le 10 avril 2015]
161
1
! 23
3.2.1 Définition et traitement vétérinaires de la pathologie
EU
3.2.1.a Définition vétérinaire
D’après le vétérinaire Nancy S. Loving, le terme de colique décrit « toute forme
de douleur abdominale162 », et plus précisément du tractus gastro-intestinal (de
l’estomac aux intestins). La colique est donc un symptôme du système digestif
et non une maladie.
CH
La complexité et les particularités anatomiques du tractus digestif du Cheval :
impossibilité de régurgiter grâce au puissant sphincter stomacal (le cardia),
entonnoir formé par la jonction iléo-caecale, sièges d’étranglement constitués
par les trois courbures du gros côlon, en font un animal prédisposé aux
PU
accidents viscéraux.
Les douleurs de colique peuvent provenir soit d’une « tension excessive ou d’un
étirement du mésentère 163 », soit de spasmes dus à une irritation de la muqueuse
ou bien d’une diminution de l’apport sanguin dans les organes digestifs.
C’est pourquoi il existe différents types de coliques, telles que la colique
E
spasmodique, gazeuse, de stase, de torsion ou de sable.
Le stress environnemental engendrera essentiellement des coliques
LIN
spasmodiques et de stase. Mais dans un souci de concision, je développerai
uniquement la colique spasmodique.
La colique spasmodique est due à des contractions de la paroi musculaire des
intestins. Le stress, la nervosité ou l’excitabilité, mais aussi tout stimulus
nerveux anormal dû à un changement climatique (température, pression
PA
U
barométrique) ou à l’ingestion de plantes toxiques ou de certains médicaments,
stimulent excessivement la motilité intestinale engendrant ainsi des spasmes de
légers à violents.
162
Loving Nancy S., op. cit., p. 297
163
Loving Nancy S., ibid.
1
! 24
Les signes cliniques de colique sont résumés dans le tableau ci-dessous :
Stade 3
Aucun
Douleur légère
- Inappétence
- Gratte le sol occasionnellement
- Se regarde le flanc
- Se campe comme pour uriner
- Se couche plus longtemps que la normale
- S’accule contre la paroi
- Retrousse la lèvre supérieure (flehmen)
- Joue avec l’eau sans boire
Douleur modérée
- Agité, ne reste pas en place
- Se rassemble comme pour se coucher
- Se frappe l’abdomen avec un postérieur
- Reste allongé de tout son long sur le sol
- Se roule - Adopte une position en « chien assis »
- Emet des grognements
CH
Stade 2
Absence de douleur
PU
Stade 1
Symptômes
EU
Stade de la douleur
Douleur sévère
Stade 5
Dépression
Etat de dépression
E
Stade 4
- Transpire
- Se roule violemment
- Se laisse tomber sur le sol
- Tout autre symptôme précédemment
décrit et exprimé violemment
LIN
Tableau n°1 : Symptômes de coliques et classification en fonction de l’intensité de
la douleur (d’après Gluntz X., 2005. Source n°13).
3.2.1.b Traitement allopathique
Lors des crises post-transport, la douleur est calmée par un traitement
PA
U
antispasmodique et antalgique léger. Ce seul traitement permet la résolution de
ce type de colique. La palpation transrectale ne permet pas toujours de palper
une éventuelle anomalie dans le système digestif. La vétérinaire Laure Walter
considère que les douleurs de colique spasmodique sont courtes et se
résolvent en général seules164.
Walter Laure, « Étude épidémiologique descriptive de 831 cas de coliques médicale en
France dans le département des Yvelines (1994-2004) », thèse vétérinaire soutenue devant la
Faculté de Médecine de Créteil en 2006, 139 pages, disponible au format PDF sur <http://
theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=37> [consulté le 1er mai 2015]
164
1
! 25
3.2.2 Analyse et traitement ostéopathiques de la pathologie
EU
3.2.2.a Analyse ostéopathique
La réflexion de l’ostéopathe sur ce type de symptôme diffère de celle du
vétérinaire qui va traiter la manifestation de la douleur par un traitement
antispasmodique.
En réalisant l’anamnèse, l’ostéopathe prend en compte les conditions
CH
environnementales qui ont été celles du Cheval avant son arrivée ainsi que ses
antécédents. Le voyage en camion a duré une heure, sur une route
départementale, en compagnie de quatre congénères. Cet Equidé, sujet aux
coliques spasmodiques, est habitué à taper ses postérieurs contre les parois du
PU
camion, il a été entravé.
Compte tenu du comportement du Cheval et de ses antécédents, l’ostéopathe
en déduit une nature stressée qui sera davantage fragilisée par les facteurs
environnementaux. En effet, dans un espace réduit (camion ou van), le Cheval
subit non seulement une mauvaise oxygénation de l’air (manque de ventilation,
air pollué) mais également des vibrations et des oscillations qui l’obligent à
E
perpétuellement rechercher son équilibre. Le fait d’être entravé augmente l’état
LIN
émotionnel négatif dû à la restriction des mouvements.
Physiologiquement, ces conditions de transport provoquent une stimulation de
l’hypothalamus qui active les systèmes hypothalamo-sympathique adrénergique
et hypothalamo-hypophysaire surrénalien. Ces deux systèmes sécrètent les
hormones cortico-surrénales (noradrénaline, adrénaline, cortisol) 165 ou
catécholamines qui vont oxygéner le cerveau et les muscles squelettiques
PA
U
grâce au système sanguin. Ces hormones augmentent la température
corporelle et les fréquences cardiaque et respiratoire. Des glucocorticoïdes sont
également sécrétés pour nourrir ces mêmes organes en glucose.
165
Cf. supra Partie 2.1.3.b
1
! 26
Lorsqu’il y a libération suffisante de ces hormones dans l’organisme, les
récepteurs du système nerveux central ralentissent leur production. Mais en cas
de prolongement de cette situation perturbatrice, le corps produira ces
EU
hormones en excès, ce qui affaiblira les défenses immunitaires de l’animal, car
le surplus de glucocorticoïdes provoquera une hyperglycémie et une
augmentation du catabolisme protéique. Avec pour conséquence une fatigue
physique musculaire et morale intenses, parfois accompagnée d’une
déshydratation due à la perte d’électrolytes évacués par l’excès de
CH
transpiration.
Ce mécanisme du stress implique donc une distribution sanguine déséquilibrée
au détriment de toute la sphère viscérale qui s’en trouve dépourvue. La
mauvaise irrigation des intestins est génératrice de douleurs par hypoxie. C’est
PU
cette douleur viscérale qui va solliciter le système nerveux central (système
limbique notamment) afin que ce dernier lui envoie une réponse adaptée, et
dans ce cas des spasmes. Le fonctionnement de la digestion s’en trouve alors
PA
U
LIN
E
perturbé.
Figure n°27 : Les voies de la nociception: des récepteurs périphériques jusqu’au cerveau
(d’après Gluntz X. Source n°14)
1
! 27
En règle générale un Cheval ne présentant pas de dysfonction ostéopathique
supporte un voyage de moins de cinq heures sans présenter de symptômes de
colique spasmodique. Si le cas étudié présente des signes de colique
EU
spasmodique après un tel voyage, c’est qu’il manifeste soit une fragilité due à
une dysfonction, soit que le stress du voyage s’ajoute à plusieurs facteurs
stressants subis dans les heures antérieures et postérieures à son
embarquement.
Le stress n’a plus une fonction positive166 sur l’organisme du Cheval mais il
CH
devient pernicieux et aggrave une dysfonction ostéopathique ou est aggravé
par elle. Cette dernière peut être une cause ou un effet 167.
Mon interrogation face à ces Chevaux en souffrance a été de rechercher
PU
comment réduire voire, supprimer ces crises.
3.2.2.b Traitement ostéopathique
L’élément stressant ponctuel ne sera donc pas forcément générateur de
colique, mais il peut aggraver une situation antérieure de stress et amplifier
E
l’effet néfaste d’une dysfonction viscérale ou structurelle déjà en place.
En effet, le segment vertébral « facilité » d’après Irvin Korr168 se qualifie par
LIN
l’abaissement du seuil d’excitation des neurones moteurs (squelettiques et
autonomes), sous l’influence d’influx afférents nociceptifs provenant du viscère
correspondant par exemple. Le segment facilité va alors distribuer des ordres
erronés entraînant divers troubles neurohormonaux (moteurs, sensitifs,
vasculaires, neurovégétatifs).
PA
U
J’ai eu l’opportunité d’avoir connu sur le terrain l’un de ces chevaux sujets aux
coliques spasmodiques alors qu’aucun signe de douleur n’était présent.
166
Cf. supra Partie 2.1.3.b
167
A. T. Still « Philosophie de l’ostéopathie », éd. Sully, 3° édition, 2007, 318 pages, p. 24, cf.
Les lois de cause à effet de Herbert Spencer.
Irvin M. Korr (1909-2004), éminent physiologiste américain, apporte une justification
scientifique à l’intérêt des thérapies manuelles dans le traitement des lésions ostéopathiques.
168
1
! 28
• Objectifs du traitement
L’objectif du traitement sera de supprimer les crises spasmodiques.
Pour ce faire, l’ostéopathe devra redonner la mobilité aux structures en
EU
restriction, activer les circulations sanguine et lymphatique, comme nous
l’avons dit précédemment169.
En plus, dans le cas présent, il faudra rééquilibrer le corps au niveau nerveux,
en inhibant le système sympathique (système préparant l’organisme à l’action,
en situation de stress, et qui donne une réponse de lutte ou de fuite) et en
CH
stimulant le système parasympathique (système amenant un ralentissement
général des fonctions de l’organisme dans un objectif de conservation de
l’énergie et maintien de l’homéostasie).
• Diagnostic et chaîne lésionnelle
PU
L’observation de l’animal et de son environnement de vie permettent d’identifier
précisément les facteurs extérieurs potentiellement stressants (contact ou non
avec ses congénères, alimentation) qui peuvent modifier vraisemblablement
son état émotionnel.
Si la cause extérieure est le stress, il faudra l’éviter au moment du traitement
ostéopathique. C’est pourquoi j’ai eu l’occasion d’effectuer un soin dans le lieu
E
de vie habituel de l’animal. C’est un Cheval de sport bien proportionné avec
une légère atrophie des muscles dorsaux. L’approche de ma main pour prendre
LIN
un premier contact a déclenché un réflexe décrivant l’agacement ou la douleur
du patient : il couche les oreilles et grince des dents, ce qui me permet
d’observer ses muscles masséters très puissants. Le propriétaire m’apprend
qu’il bat à la main au travail et qu’il fuit la soumission en s’encapuchonnant ou
au contraire en levant la tête. Un problème de dentition est écarté par
vérification par le dentiste. L’hypothèse d’une hypersensibilité de la tête serait
PA
U
due à une stimulation excessive des nerfs crâniens sensitifs ou mixtes (comme
le nerf facial ou le nerf trijumeau) par la restriction d’une ou plusieurs
articulations crâniennes. Je rentre véritablement en communication avec le
patient par son épaule. Le pli de peau ne revient pas rapidement, il présente
une légère déshydratation. Ses muqueuses sont normales à pâles. Le client
169
Cf. supra Partie 3.1.2.b
1
! 29
m’informe également que le Cheval a tendance à trébucher des antérieurs
pendant le travail et « il lui est même arrivé de tomber sur les genoux170 ».
EU
Du diagnostic palpatoire ressortent plusieurs informations :
- une hyperesthésie cutanée de la base du crâne avec contraction excessive
des petits muscles de la tête et des muscles de la mastication ;
- une raideur musculaire en regard de C5-C6 ;
- une chaleur au niveau de la charnière cervico-thoracique (C7-T1) ;
CH
- une hyperesthésie cutanée du garrot, en regard des pectoraux (au niveau du
passage de sangle) et au niveau de l’abdomen ;
- une qualité du tissu peaucier et des fibres musculaires abdominales en
« vague » en regard de la fin du côlon ventral gauche ;
- une induration et une froideur de la charnière thoraco-lombaire (T18-L1) ;
PU
- une froideur en regard du sacrum.
La technique globale (crânio-sacrée) m’indique une hyperactivité crâne-garrot
et non symétrique du mouvement du LCR. Mes mains sont d’abord attirées par
le crâne et l’os frontal droit plus particulièrement. En revanche, l’activité
quasiment atone du sacrum reflète une perte évidente du mouvement du
E
liquide céphalo-rachidien dans la partie sacrée.
LIN
Le palpatoire et la technique de triangulation viscérale révèlent :
- le diaphragme asymétrique ;
- le foie (à droite) en restriction, chaleur au niveau du ligament falciforme (en
lien avec le diaphragme) et du ligament triangulaire gauche (qui prend attache
sur le petit omentum) ;
- les deux reins en hyperactivité (pouvant se traduire par une hypersécrétion
PA
U
des glandes surrénales en rapport avec le stress) ;
- l’estomac (à gauche) en perte de mobilité et motilité ;
- la courbure pelvienne (à gauche) chaude et hypersensible.
170
Anatomiquement, sont appelés genoux du Cheval, les carpes.
1
! 30
EU
CH
PU
E
Figure n°28 : Chaîne lésionnelle du cas de stress émotionnel.
(Source : Auteur)
• Réflexion après constatation de l’état de l’animal et avant
manipulations
LIN
Etant donné les effets d’une stimulation excessive du système sympathique du
patient : l’augmentation de la pression artérielle, de la fréquence cardiaque, du
diamètre des bronches, de la sécrétion de la sueur et d’adrénaline et
noradrénaline et la diminution du péristaltisme et du calibre des vaisseaux
sanguins, il m’est apparu important et essentiel d’inhiber ses fonctions
PA
U
nerveuses pour calmer le stress du patient. En effet, le système sympathique,
via les ganglions coeliaques composés de fibres efférentes, exagérément excité
excitent l’action du système nerveux entérique. Ceci a pour conséquence
l’accélération de la motilité digestive.
Mon action a essentiellement joué sur les noyaux nerveux du système
sympathique qui se trouvent sous la colonne vertébrale sous forme de plexus
ou de ganglions prévertébraux, comme dans ce cas précis :
1
! 31
- le plexus solaire grâce aux manipulations structurelle de T18-L1 et viscérale
du gros côlon ;
- le plexus surrénal nourrit par les nerfs petits splanchniques et lombaires, par
EU
les traitements viscéral sur les reins et structurel de T18-L1 ;
- le plexus coeliaque via les manipulations du foie et de l’estomac ;
- le 6ème ganglion thoracique d’où se détache le nerf grand splanchnique via les
poumons (par l’action sur le diaphragme) et la mobilisation du garrot ;
l’articulation C7-T1 et le plexus brachial ;
CH
- le ganglion stellaire (d’où émergent les nerfs cardiaques et pulmonaires) via
- le ganglion cervical crânial en regard de l’articulation C0-C1 (et d’où émergent
les nerfs crâniens en lien avec les noyaux du système nerveux
parasympathique).
PU
En parallèle, il fallait stimuler le système parasympathique pour rechercher à
équilibrer l’excès du système sympathique et par là même à restaurer
l’homéostasie et à trouver détente et calme du patient. « Lorsque le système
parasympathique est stimulé, cela entraîne une augmentation tant motrice que
sécrétoire 171 » en activant le système nerveux entérique.
Comme les groupes de neurones parasympathiques sont situés dans le tronc
E
cérébral (tels que les ganglions ciliaire, ptérygo-palatin, mandibulaire et otique
ainsi que le nerf vague) et dans la corne latérale de la moelle sacrée grâce au
LIN
nerf honteux, mon traitement s’est poursuivi au niveau du crâne et du sacrum.
• Manipulations de ce cas particulier
- Techniques de détente musculaire
La manipulation du crâne en premier lieu n’était pas possible. Le patient était
particulièrement tendu. J’ai donc choisi de commencer la séance par des
PA
U
techniques de détente musculaire. En début de séance, cela permet de
soulager et décontracter le patient afin d’avoir toute son attention et sa
confiance avant d’utiliser des techniques de manipulation. Le second avantage
de la détente est qu’elle peut entraîner une auto-correction de la part du
Cheval. La décontraction de la zone de stress mettra en évidence les
dysfonctions ostéopathiques articulaires. J’ai donc débuté par une détente de la
Richard Denis, « Physiologie digestive », Faculté de médecine Laval du Québec, 2006,
disponible au format PDF sur <http://www.fmed.ulaval.ca/med-18654/prive/Cours%2006%20et
%2007/Pdf/Physiologie%20digestive.PDF> [consulté le 25 mars 2015]
171
1
! 32
ligne du dessus en décollant les groupes musculaires extenseurs du rachis,
jusqu’à la zone thoraco-lombaire très indurée. Avec l’accord de l’animal, j’ai
poursuivi la détente des postérieurs en effectuant une extension du jarret afin
EU
de libérer les tensions au niveau des abdominaux et des muscles psoas.
- Manipulation structurelle
Après avoir détendu la zone thoraco-lombaire, j’ai pris l’initiative de traiter la
dysfonction primaire en structurel. Après avoir de nouveau testé pour évaluer
CH
l’action du traitement, j’ai remarqué que l’articulation était beaucoup plus mobile
mais l’axe des vertèbres n’était pas exactement aligné, ce qui pouvait mettre en
avant des restes de tensions tissulaires et/ou viscérales. J’ai manipulé d’autres
articulations en structurel au cours de ma visite quand j’ai jugé nécessaire de le
faire (C7-T1 par exemple). Pour les autres restrictions (C0-C1, C5-C6 et T6-
PU
T7), j’ai insisté sur leur mobilisation tissulaire. En effet, puisqu’après avoir traité
les organes correspondants (crâne, diaphragme/poumons), les restrictions
avaient été levées.
- Manipulations viscérales
Le foie et les intestins jouent un rôle important dans la filtration des hormones.
E
Lorsque l’organisme sécrète des hormones en excès (ici glucocorticoïdes,
adrénaline et noradrénaline), ces organes croulent sous le travail et peuvent se
LIN
mettre en dysfonction.
J’ai alors utilisé des techniques directes et d’induction locale172 pour redonner
mobilité et motilité à ces organes ainsi qu’à l’estomac. Dans ce cas précis, je
me suis intéressée au côlon ventral gauche et plus particulièrement à la
courbure pelvienne, zone de somatisation, zone des spasmes douloureux. La
PA
U
technique employée a été de mobiliser le côlon dans le sens du transit, c’est à
dire du sternum au plancher pelvien jusqu’à la courbure pelvienne puis de
revenir en crânial sur le côlon dorsal gauche en direction de la courbure
diaphragmatique. Selon J.P Barral et P. Mercier, l’action du soin ostéopathique
sur le système gastro-intestinal stimule des « productions hormono-chimiques du
cerveau comme les endorphines, la sérotonine, la dopamine et les peptides
Cf. supra Partie 3.1.2.b, Manipulations, Technique directe et d’induction locale, p.118 du
mémoire.
172
1
! 33
opioïdes 173 ». Et comme nous l’avons vu précédemment, plus de 90% de la
sérotonine est fabriqué par le tube digestif des Mammifères. « Plus la synthèse
de la sérotonine augmente, plus l’activité cérébrale est stimulée et plus l’activité des
EU
muscles lisses des parois des vaisseaux sanguins, des muscles lisses viscéraux
(grâce au SNE) est activée 174 ».
Outre la mobilité des organes retrouvée, l’irrigation vasculaire est dans le même
temps facilitée pour permettre au sang désoxygéné et riche en déchets d’être
CH
envoyé par le système porte et d’être mieux filtré par le foie nouvellement traité.
Mon soin s’est ensuite porté sur le diaphragme afin dans un premier temps, de
retrouver une fréquence respiratoire calme et proche de la normalité et dans un
second temps, d’actionner la pompe lymphatique en effectuant une respiration
forcée. En effet, en plus de travailler sur le diaphragme et les muscles acteurs
PU
de la respiration, la respiration forcée permet une évacuation de la lymphe de la
citerne de Pecquet, en regard de la deuxième vertèbre lombaire vers le canal
thoracique. Il me paraissait nécessaire d’effectuer un drainage lymphatique afin
d’aider, d’accompagner et de soutenir le rôle des organes filtres pour une
meilleure efficacité de drainage et, également de renforcer les défenses
immunitaires qui ont pu être détériorées par l’excès de glucocorticoïdes libéré
E
par les situations de stress.
LIN
J’insiste sur le fait d’avoir pris cette décision qui pourrait sembler décalée quant
à l’état de stress dans lequel se trouvait le patient. En effet, une respiration
forcée aurait certes pu stresser davantage l’animal anxieux ; cependant cette
technique de drainage lymphatique a été effectuée après vérification au
stéthoscope d’éventuelles insuffisances respiratoires et/ou cardiaques du
patient. J’ai également toujours pris soin de veiller aux différents signes
PA
U
d’angoisse que l’animal pouvait me donner.
- Techniques d’induction générale et de viscoélasticité viscérale
J’ai ensuite effectué un traitement rénal afin de calmer l’hyperactivité des
glandes surrénales pour retrouver une harmonie. En utilisant l’induction
générale j’ai beaucoup écouté les structures afin de leur permettre de retrouver
173
Barral Jean-Pierre et Mercier Pierre, op. cit., p. 41
174
Barral Jean-Pierre et Mercier Pierre, ibid.
1
! 34
un mouvement souple et fonctionnel. La seconde technique m’a permis de
réduire le volume de la glande surrénale légèrement hypertrophiée. Pour ce
faire, j’ai délicatement compressé le rein avec ma main jusqu’à son mouvement
EU
le plus ample en crânial au moment de l’inspiration. Après avoir gagné le
maximum de mouvement, je relâche l’organe doucement sur l’expiration de
l’animal pour contrôler le retour à sa forme originelle.
- Techniques de détente musculaire
CH
J’ai poursuivi la détente sur les antérieurs pour relancer l’information nerveuse
sensitive et motrice jusque-là altérée (trébuchements fréquents du Cheval). En
effet, en regard de la charnière cervico-thoracique se situe l’important carrefour
nerveux du membre thoracique : le plexus brachial.
Enfin, j’ai terminé la détente des muscles de l’encolure pour relaxer le patient,
PU
avant de passer aux manipulations crâniennes.
- Manipulations crâniennes : sphéno-occipitale et ethmoïdale
J’ai choisi de traiter les sutures sphéno-ethmoïdale et fronto-ethmoïdale
puisque lors de mon palpatoire, mes mains avaient été attirées par l’os frontal
droit du patient. La crista galli de l’os ethmoïde est une expansion de la dure-
E
mère et a donc un lien important avec le reste du corps. En effet, cet os
constitue un point central de l’organisation viscérale. Il m’a donc semblé évident
LIN
d’apporter une attention particulière afin d’optimiser mon traitement global. L’os
sphénoïde quant à lui, abrite l’hypophyse à l’intérieur de la selle turcique, c’est
pourquoi je me suis intéressée à cette zone afin de réguler le complexe
hypothalamo-hypophysaire et par conséquent de contrôler l’hyper-sécrétion
d’hormones.
J’ai ensuite focalisé mon traitement sur l’os pariétal (en lien avec les os
PA
U
temporaux et frontaux) pour rééquilibrer les membranes de tension réciproques
(tente du cerveau et de l’hypophyse ainsi que la faux du cervelet) et leur
redonner mobilité et souplesse.
L’action du traitement crânien est particulièrement puissante sur la circulation
du sang, des nerfs, du LCR, sur la mobilité des sutures crâniennes, des
ligaments, des muscles et des fascias (cervical) mais aussi sur le sytème
limbique (émotion/stress) et le complexe hypothalamo-hypophysaire (système
1
! 35
hormonal). Le corps et plus particulièrement le crâne est considéré par Pierre
Tricot comme « un ensemble liquidien pulsatile rythmique175 » dont la dure-mère
est principale organisatrice de la mécanique et du mouvement depuis le crâne
EU
jusqu’au sacrum. Cette dernière offre donc un lien direct entre ces deux
extrémités. Elle met en relation les systèmes sympathique et parasympathique
ainsi que le nerf vague qui innerve les viscères et le crâne. Cela démontre bien
l’impact fondamental des manipulations crâniennes sur l’ensemble du corps.
CH
• Ressentis après manipulations et conseils
D’hypersensible en début de séance, le patient est devenu calme, relaxé et
supporte aisément le contact en fin de soin.
Certes, il a encore le réflexe de grincer des dents, mais il se laisse davantage
Conseils et rééducation.
PU
toucher la tête sans broncher. Je le sens bien plus détendu.
Pour aider l’évacuation des déchets toxiques potentiellement évacués dans le
corps par l’action des manipulations, il est essentiel de vérifier que l’animal ait
suffisamment d’eau fraîche à disposition (voire, le « forcer » à boire en lui
donnant un aliment floconné rafraîchissant trois fois par semaine maximum, de
E
type mash) et qu’il soit au minimum deux jours en repos non strict dans un
paddock dans lequel il puisse marcher. Si la compagnie d’un congénère
LIN
habituel le rassure, il sera possible de les placer ensemble dans le paddock.
Pendant une durée d’environ une semaine, de petites sorties en main (cinq ou
dix minutes) sur ligne droite l’aidera à maintenir son équilibre bilatéral sur un
lieu connu pour éviter tout stress.
La semaine suivante, la reprise du travail se fera sans enrênement, avec une
selle et un filet les mieux adaptés possibles au dos et à la tête du Cheval, sans
PA
U
dépasser trente minutes.
La phase d’échauffement durera une quinzaine de minutes au pas d’abord, en
laissant la tête libre. Le Cheval pourra se mouvoir de façon naturelle sans
contrainte. Pour assouplir l’animal et le mettre doucement dans le travail, des
flexions d’encolure seront effectuées sur ligne droite d’abord, puis, petit à petit,
Tricot Pierre, « Approche tissulaire de l’ostéopathie », Livre 1, Un modèle du corps
conscient, éd. Sully, 4ème édition, 2002, 319 pages, p. 170
175
1
! 36
une demande d’attitude tête-encolure apte au travail sera sollicitée par un
contact léger (tendre vers la mise en main). Ensuite, des extensions d’encolure
avec engagement des postérieurs re-muscleront le dos. Cinq minutes au trot
EU
suffisent en conservant une bonne attitude tête-encolure ainsi que
l’engagement des postérieurs. Le travail au trot consistera essentiellement en
plusieurs transitions montantes et descendantes sur ligne droite.
Enfin, le retour au calme au pas, rênes longues durera une dizaine de minutes.
permettre d’améliorer son état mental.
CH
Une balade en extérieur avec un ou plusieurs de ses congénères peut
L’intervention d’un éthologue d'une part, consolidera les bénéfices du traitement
ostéopathique, et d’autre part diminuera voire supprimera les symptômes du
stress associés au voyage en camion. Ainsi, l’animal sportif appréhendera
mieux l’environnement lié aux concours et par conséquent pourra améliorer ses
PU
performances.
Mise en garde.
En présence de ce type de symptômes, il faut prendre en considération
l’affaiblissement du système immunitaire du Cheval dans une écurie différente
et être vigilant sur le microbisme spécifique de cette écurie. Celui-ci est
E
susceptible de provoquer des infections virales ou bactériennes.
LIN
Phase transitoire potentielle après la séance.
Juste après la séance, le patient ressent en général « une sensation de légèreté,
de libération, de fluidité et de plus grande conscience corporelle 176 ». Les jours qui
suivent peuvent provoquer au contraire « des sensations de fatigue et de malêtre177 » de type courbatures ou boiterie.
PA
U
C’est ce que l’on appelle « l’effet rebond, qui vient du grec resbon, factice178 ».
En effet, après des manipulations tissulaires et viscérales, le corps doit
s’adapter aux changements induits par les libérations des fluides (sang,
176
Tricot Pierre, op. cit., p. 119
177
Tricot Pierre, ibid.
Barath Wladislas, « Quand c’est pire après la séance », 9 janvier 2015, disponible sur
<http://conscience-et-sante.com/effet-rebond/> [consulté le 20 avril 2015]
178
1
! 37
lymphe, LCR) et la remise en circulation des substances toxiques ou non qui
étaient jusque là retenues dans la zone de rétention 179.
C’est une phase d’aggravation transitoire qui peut arriver et dont le propriétaire
EU
doit être conscient pour éviter une inquiétude supplémentaire vis-à-vis de la
santé de son animal.
Enfin, comme son nom l’indique, cette phase doit être transitoire. Chaque
individu appréhendera différemment un traitement (selon son âge, sa nature, et
les types de dysfonctions traitées), c’est pourquoi la phase transitoire pourra
PU
pas dépasser la dizaine de jours180.
CH
durer deux jours pour un animal et une semaine pour un autre. Mais elle ne doit
E
Figure n°29 : L’effet rebond. (Source n°15)
LIN
Il peut paraître curieux d’avoir choisi deux pathologies aussi différentes, mais il
m’a semblé opportun de présenter deux cas distincts (le parasitisme et le stress
émotionnel) afin de prouver la justesse d’une suite logique impliquant réflexion,
diagnostic, traitement. Grâce aux divers liens raccordant tous les systèmes
avec le SNE181, l’action de l’ostéopathe dans son traitement aura un impact,
PA
U
même indirect, sur le système nerveux entérique (organe nerveux profond et
difficile d’accès) et inversement.
179
Cf. supra Partie 3.1.2.b, note n°135, p. 123 du mémoire
180
Barath Wladislas, ibid.
181
Cf. supra Partie 2.1.2
1
! 38
EU
CH
PU
PA
U
LIN
E
CONCLUSION.
« C’est parce qu’on bouge qu’on est en vie, mais pas parce qu’on vit qu’on bouge. »
- Dominique Giniaux -
134
Le Cheval a-t-il conscience d’avoir un estomac, un caecum ou une courbure
pelvienne ? Il possède un système limbique donc il a conscience du monde qui
l’entoure, il a conscience d’être lui, il a conscience de son corps, de lui-même.
EU
Lorsqu’il a une douleur, une gêne due à un problème de transit ou d’infestation
de vers, il va savoir quelle plante choisir pour se soigner. Il sait se limiter ou
soulager sa douleur par des positions antalgiques (incurvation à droite en cas
de souffrance au niveau du caecum par exemple). Ces réactions proviennent
toujours d’une action, d’un stimulus sensitif (émotionnel) par la voie afférente.
CH
Le stimulus sensitif du SNE (ou afférence) envoyé au SNC répond par un
stimulus moteur (ou efférence) pour diminuer la douleur par exemple. Cette
description correspond au Cheval dans la nature. L’ostéopathe animalier
traitera lui, les dysfonctions de l’animal domestiqué.
PU
L’étude présentée met en évidence l’importance d’une connaissance du
système nerveux entérique du Cheval afin qu’il en résulte une action efficace
dans notre traitement ostéopathique.
Si les « deux cerveaux » se ressemblent vraiment, est-il possible de traiter les
dysfonctions ostéopathiques viscérales par un travail sur le crâne ?
E
Il m’est apparu que oui, car il existe une relation intrinsèque entre les systèmes
nerveux entérique et central. La fragilité au niveau du ventre du Cheval trouve
LIN
une résonance dans sa fragilité émotionnelle et vice et versa. Ma première
partie avait pour objet de démontrer les liens nerveux et hormonaux qui
permettent au ventre (SNE) et au cerveau (SNC) de parler le même langage,
qui permettent le lien entre soma et psychique.
Le croisement de voies que j’ai dû emprunter afin d’étayer mon raisonnement
PA
U
ostéopathique se révèle effectivement dense dans ma deuxième partie, mais
j’ai voulu remonter et parcourir chaque système qui pouvait faire la liaison entre
mon sujet propre (SNE) et le reste de l’organisme. Outre les systèmes, je
voulais faire ressortir l’importance des facteurs extérieurs (alimentation,
environnement et activité de l’animal) potentiellement préjudiciables au bon
fonctionnement du système viscéral et particulièrement du système nerveux
entérique. Facteurs pouvant conduire à des dysfonctions ostéopathiques du
1
! 40
système digestif. Mon objectif dans cette deuxième partie a été de poser les
bases fondatrices de ma réflexion ostéopathique.
EU
Dans ma troisième partie, passant de la théorie à l’application ostéopathique,
j’ai étudié deux cas qui justifiaient, à mon sens, la réflexion que j’avais lancée.
J’ai travaillé sur deux types de pathologies à travers deux cas proposés pour
solidifier mon application ostéopathique. Il est évident que ces deux cas ne sont
pas exhaustifs. Et que, faut-il le rappeler, les diagnostics proposés sont uniques
CH
à chaque individu.
L’ostéopathe animalier a une action non seulement sur les dysfonctions
mécaniques et structurelles mais aussi sur l’émotionnel via les systèmes
nerveux entérique et central. En effet, les systèmes du corps étant tous liés et
le traitement ostéopathique ayant une action sur ces systèmes, l’ostéopathe
PU
agit ainsi indirectement sur le système nerveux entérique. Enfin, le travail
ostéopathique sur le crâne finalise le traitement viscéral afin que rien n’entrave
la circulation des flux vitaux, et prouve la corrélation existant entre la tête et le
ventre, c’est à dire entre le SNC et le SNE.
« Le SNE ne sait rien faire mais connait tout, le SNC ne connait rien mais sait tout
PA
U
LIN
E
faire », dit Daniel Rodes, ostéopathe humain et équin.
1
! 41
EU
CH
PU
PA
U
LIN
E
ANNEXES.
!142
PA
U
LIN
E
PU
CH
EU
Annexe 1 : Topographie des viscères du Cheval, au niveau des parois droites
du thorax et de l’abdomen. Les insertions costales du diaphragme (trait plein) et
la projection de sa convexité (pointillé) sont figurées en rouge.
Barone Robert, « Anatomie comparée des mammifères domestiques », Tome 3
Splanchnologie, planche 249, p.462, éd.Vigot, 2009.
!
!143
PA
U
LIN
E
PU
CH
EU
Annexe 2 : Topographie des viscères du Cheval, au niveau des parois gauches
du thorax et de l’abdomen. Les insertions costales du diaphragme (trait plein) et
la projection de sa convexité (pointillé) sont figurées en rouge.
Barone Robert, « Anatomie comparée des mammifères domestiques », Tome 3
Splanchnologie, planche 249, p.463, éd.Vigot, 2009.
!
!144
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