Echanges TDAH: Diagnostic et prise en charge Charleville, 27/09/2012 Dr Olivier BRICHET TDAH 1 Pourquoi s’y intéresser ? 2 Une réalité historique 3 Une réalité clinique 4 Une réalité épidémiologique 5 Une souffrance pour l’enfant et sa famille 6 Un diagnostic pas à pas 7 Une nécessaire prise en charge multimodale 2 TDAH, pourquoi s’y intéresser ? 1 3 Le Trouble Déficit de l’Attention Hyperactivité TDAH constitue un motif fréquent de consultation (1) 1. Gaucher M. Les enjeux de l’évaluation diagnostique du trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. Journal de thérapie comportementale et cognitive. 2010 ; 20 : 73-8. 4 Aspects développementaux du TDAH Impact du trouble dans le temps Un TDAH non traité durant l’enfance risque d’entraîner des conséquences significatives : Chez l’enfant(1,2) Chez l’adolescent(2) - Comportement perturbateur - Trouble oppositionnel - Mauvais résultats scolaires - Faible estime de soi - Faibles aptitudes sociales - Relations parent-enfant difficile - Blessures - Suspension de l’école - Difficultés scolaires - Abus de substances - Exclusion sociale - Troubles de l’humeur - Troubles du comportement - Manque de motivation - Accidents de la route (1) Mouren MC. In L’hyperactivité de l’enfant, coordonné par Valérie Vatalon. John Libbey Eurotext 2005;p24 (2) Greenhill, J Clin Psychiatry, 1998;59, suppl 7:31-41. 5 Aspects développementaux du TDAH Impact du trouble dans le temps Conséquences psychosociales du TDAH chez l’adulte(1,2) Rendement au travail : - Moins aptes à répondre aux exigences du travail - Moins autonomes au travail - Plus de conflits professionnels - Plus à risque d’être renvoyés - Statut professionnel moins élevé - Plus de changements professionnels (1) Faraone et al., Biol Psychiatry; 2000,48:9-20. (2) Searight et al., AM Fam Physician, 2000, 62: 2077-86 Faible estime de soi - Perception de moindre compétence Préoccupations familiales - Conflits familiaux plus fréquents - Taux de divorces plus élevés Handicap social - Problèmes relationnels et sociaux plus importants 6 Problématique TDA/H Un problème de société ? Un syndrome encore mal connu. Comment lutter contre les préjugés ? Une prise en charge multimodale difficile à mettre en place Qui est concerné ? Quelle place pour la médication ? Avantages et inconvénients Un problème pour qui ? Ceux qui en souffrent: l'enfant, les parents, leur entourage, les enseignants Ceux qui le posent : les pédopsychiatres, les neuropédiatres, les médiats, les industries pharmaceutiques Ceux qui cherchent à le résoudre : tous les intervenants qui travaillent pour le bien de l'enfant Ceux qui décident : Chaque intervenant décide de sa prise en charge à son niveau • Le médecin prescris (bilans, rééducations, traitements), coordonne et conseil • Le gouvernement décide du nombre d'intervenant et du remboursement Ceux qui sont impliqués dans la mise en œuvre de solution : Un vaste programme… Un problème qui en masque un autre ? Pédagogique: formation des enseignants (styles d'apprentissages…) Sanitaire : formation continue des différents professionnels Social : société de consommation, les voleurs de temps Éducatif : "l'enfant roi"… Économique : prise en charge du handicap, insertion socio-professionnelle Individuel : accepter la différence sans juger Un problème: Un problème urgent ? Heureusement, non ! Exceptionnel / spectaculaire ? Non (5%), Visible surtout lors des complications / troubles associés, d'où sa négligence... Important ? Oui, car responsable d'échec scolaire et majore ou favorise l'apparition de troubles associés La démarche : Repérer : Parents ou enseignants Signes d’appels Dépister : Médecin PMI ou scolaire, psychologue, orthophoniste Outils: questionnaires Orienter la prise en charge (adaptations pédagogiques, accompagnements, suivi et évaluations complémentaires) Diagnostiquer : Consultation médicale spécialisée (pédiatre ou pédopsychiatre) Synthèse des différents tests Optimiser la prise en charge, suivi, orientation TDAH, une réalité historique 2 12 Quelques personnages célèbres : Dyonisos (Djédaï) Pierre Richard Louis de Funès Roi Dagobert Les malheurs de sophie Tom Soyer Napoléon Bonaparte Albert Einstein Mozart Sarko... 13 1902 - George Still 1950 Syndrome Hyperkinétique Minimal Brain Damage Nombreuses descriptions de cas isolés d’enfants hyperactifs publiés dans la littérature 1897 - Bourneville Enfant instable 1904 - Emil Kraepelin Haltlosen Psychopathen 1917-1918 Troubles comportementaux post-encéphalitiques 1950 - 1960 Minimal Brain Dysfunction 1960 - Chess Syndrome de l’enfant hyperactif 1925 – Henri Wallon L’enfant turbulent 1. Bouvard M et al. L’hyperactivité de l’enfant à l’âge adulte. 2e édition. Doin Groupe Liaisons. 2006. 2. Vautalon V. L’hyperactivité de l’enfant. John Libbey Eurotext, 2005. 14 1902 - George Still 1950 Syndrome Hyperkinétique Minimal Brain Damage Nombreuses descriptions de cas isolés d’enfants hyperactifs publiés dans la littérature 1904 - Emil Kraepelin Haltlosen Psychopathen 1950 - 1960 Minimal Brain Dysfunction 1917-1918 1960 - Chess Troubles comportementaux post-encéphalitiques 1897 - Bourneville Enfant instable Syndrome de l’enfant hyperactif 1925 – Henri Wallon L’enfant turbulent 2012 DSM-V? CIM-11? 1968 - DSM-II Réaction hyperkinétique de l’enfance 1994 - DSM-IV TDAH avec trois sous-types 1976 120 études publiées avec les psychostimulants 1980 - DSM-III Trouble déficit de l’attention 1993 - CIM-10 Trouble hyperkinétique 2000 – CFTMEA Instabilité psychomotrice 1987 - DSM-III-R Optique unidimensionnelle 1. Bouvard M et al. L’hyperactivité de l’enfant à l’âge adulte. 2e édition. Doin Groupe Liaisons. 2006. 2. Vautalon V. L’hyperactivité de l’enfant. John Libbey Eurotext, 2005. 15 TDAH, une réalité clinique 2 16 TDAH, une réalité clinique Le TDAH est un trouble chronique, d’origine multifactorielle, défini par un ensemble de symptômes proposé par différentes classifications (1) Ces classifications permettent d’étayer le diagnostic et d’harmoniser les recherches (2) mais ne permettent pas, à elles seules, de confirmer le diagnostic qui doit s’appuyer sur un faisceau d’arguments (2) 1. Revol O et al Diagnostic des troubles attentionnels et de l’hyperactivité in Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité 2010 Masson. 2. Bouvard M et al. L’hyperactivité de l’enfance à l’âge adulte. 2ème édition. Collection conduites. Doin, 2006. 17 Les classifications 2 systèmes de classification internationaux : DSM-IV(TR) (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders-Fourth Edition-Text Revision) (1) CIM 10 (International Classification of Diseases-Tenth Edition) (2) 1 système de classification français : CFTMEA-R-2000 (Classification française des troubles mentaux de l'enfant et de l'adolescent, révisée) (3) 1. DSM-IV(TR) (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders-Fourth Edition-Text Revision). 2. Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes : CIM-10. Dixième révision. 3. Classification française des troubles mentaux de l’enfant et de l’adolescent R-2000. 18 Les enfants TDA-H: signes d’alerte • à 6 / 8 ans : – – – – – Incapacité à rester en place, à se tenir à une activité Difficultés à attendre son tour Très bavard « touche à tout » Echec scolaire alors que considéré comme « ayant du potentiel » • à 10 /12 ans : – persistance de difficultés attentionnelles (indépendantes du contexte) – Impulsivité invalidante sur le plan social Journée DYS, Troyes, le 7 octobre 2011 Critères diagnostiques du trouble déficit de l’attention hyperactivité d’après le DSM-IV-TR Présence de symptômes d’inattention A titre d’exemples A souvent du mal à organiser ses travaux ou ses activités A souvent du mal à soutenir son attention au travail ou dans les jeux DSM-IV(TR) (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders-Fourth Edition-Text Revision). 20 1° Inattention L’air de ne pas écouter quand on lui parle Ne se conforme pas aux consignes TROP DISTRACTIBLE +++ 21 A des difficultés à organiser ses travaux et ses activités évite ou fait à contrecoeur les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu Perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à ses activités 22 Critères diagnostiques du trouble déficit de l’attention hyperactivité d’après le DSM-IV-TR Présence de symptômes d’hyperactivité A titre d’exemples Remue souvent les mains ou les pieds ou se tortille sur son siège A souvent du mal à se tenir tranquille dans les jeux ou les activités de loisirs DSM-IV(TR) (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders-Fourth Edition-Text Revision). 23 2° Hyperactivité Souvent court, saute exagérément dans les situations où cela n’est pas approprié 24 Critères diagnostiques du trouble déficit de l’attention hyperactivité d’après le DSM-IV-TR Présence de symptômes d’impulsivité A titre d’exemples Interrompt souvent les autres ou… DSM-IV(TR) (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders-Fourth Edition-Text Revision). impose sa présence 25 3° Impulsivité Se précipite pour répondre aux questions sans attendre qu’on ait terminé de les poser A du mal à attendre son tour 26 Limites de la triade Inattention: Toutes les rêveries et étourderies ne sont pas liées à un déficit du système attentionnel (TED, psychose, RM, trouble sensoriel, précocité, motivation, anxiété/dépression…) Hyperactivité: Tout ce qui bouge n'est pas de l'hyperactivité (TOP, TC, pb psycho-affectif, éducatif, socio-économique…) Impulsivité: Tous les troubles de régulations du comportement ne sont pas lié à un TDAH (TED, TOC, manque d'empathie, TOP…) 27 Critères diagnostiques du trouble déficit de l’attention hyperactivité d’après le DSM-IV-TR Pré-requis importants Ces symptômes étaient présents avant l’âge de 7 ans doivent être présents dans des situations différentes provoquent une altération significative du fonctionnement social, scolaire ou familial DSM-IV(TR) (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders-Fourth Edition-Text Revision). 28 3 formes cliniques (sous-types) de TDAH TDAH avec hyperactivité/impulsivité prédominante TDAH avec inattention prédominante TDAH de type mixte DSM-IV(TR) (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders-Fourth Edition-Text Revision). 29 Et au-delà de la triade « Inattention-Hyperactivité-Impulsivité » Un réel DYS-fonctionnement cérébral Ou Une DYS-férence 30 Anticipation du but à atteindre, planification des actions Sélection des informations pertinentes, inhibition des réponses automatiques / surapprises Application des procédures de résolution de problèmes Ensemble d’opérations mentales nécessaire à l’adaptation face à des situations nouvelles QUA 2310-09/2010 Contrôle du déroulement de l’activité et modification si éloignement du but Organisation des procédures de traitement en mémoire de travail Fonctions exécutives Attention Mémoire de travail Goldstein S & Naglieri JA. Encyclopedia of child behavior and development. Springer, 2010. p. 616 31 Les réseaux attentionnels 3 unités (Modèle de Luria) : Réseau Alerte, vigilance : Tronc cérébral postérieur et système limbique (1,2) Réseau postérieur : système visuo-attentionnel, attention sélective(1,2) Réseau antérieur : maintien de l’attention et fonctions de contrôle(1,2) (1) Posner MI and Petersen SE, Annual Rev Neurosci 1990;13:25-42 (2) Posner MI, Proc Natl Acad Sci 1994;91:7398-7403 Réseau antérieur Composante sous-corticale 32 Le circuit striato-préfronto-cérebelleux(1,2) Cortex préfrontal latéral Cortex cingulaire antérieur Striatum Cervelet via le Thalamus Ralentissement Distractibilité Fonctions exécutives « froides » c’est-à-dire sans dimension ou composante émotionnelle ou affective inhibition, désengagement, résistance aux distracteurs fonctions impliquant la mémoire de travail (1) Berquin PC et al. Neurology 1998;50(4):1087-93 (2) Durston S et al. J Child Psychol Psychiatry 2007 48(9):881-9 33 33 Corrélations cliniques ? Aires cérébrales dont l’activation est corrélée avec les symptômes inattention 1 middle frontal gyrus (MFG) 2 putamen (Puta) 3 nucleus accumbens (NAC) 4 inferior frontal gyrus (IFG) 5 medial orbital frontal cortex (mOFC) 6 inferior temporal gyrus (ITG) 7 cerebellum (Cereb) 8 lateral inferior parietal (LIP) 9 thalamus (Thal). Depue BE et al. Psychiatry Res 2010;182(2):96-102 34 Dysfonctionnements des fonctions exécutives n’impliquant pas que les régions pré-frontales Schulz KP et al. Neuropsychology 2005;19:390-402 35 Défaut d’activation des régions striato-préfrontales restauré sous méthylphénidate Au cours d’une tache de Go-NoGo Vayida CJ et al. Proc. Natl . Acad. Sci . USA 1998;95:14994-9 36 Hypothèse dopaminergique ? Dopamine : le méthylphénidate et les amphétamines augmentent le taux de dopamine dans le striatum et les aires préfrontales chez l’animal et in vivo (spectro-IRM)(1,2) Mais - des résultats parfois contradictoires et discutés(3) - d’autres neuromédiateurs sont impliqués : – Neuromédiateurs adrénergiques et noradrénergiques(4,5) – Sérotonine(6) (1) (2) (3) (4) (5) (6) Pliszka SR et al. J Am Acad Child Adolesc Psychiatry 1996;35(3):264-72 Volkow ND et al. Arch Gen Psychiatry 2007;64(8):932-940 Gonon F. Trends in Neurosciences 2009;31(1):1-8 Engert V and Pruessner JC. Current Neuropharmacology 2008;6:322-328 Cabral P Eur J Paediatr Neurol 2006;10:66-77 Gainetdinov RR et al. Science 1999;283(5400):397-401 37 Comorbidités et diagnostics différentiels 38 Comorbidités et diagnostics différentiels Il importe de différencier : les troubles d’attention et/ou d’hyperactivité qui ne relèvent pas d’un TDAH et s’inscrivent dans le cadre d’une autre pathologie : il s’agit des diagnostics différentiels les troubles, ou symptômes, associés à un TDAH : il s’agit des comorbidités Revol O et al Diagnostic des troubles attentionnels et de l’hyperactivité in Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans Hyperactivité 2010. Masson. 39 Diagnostics différentiels ou associés ? Qui de l'œuf ou la poule ? • • • • • • Atteintes neurologiques Troubles psychopathologiques Problèmes psychosociaux, carences éducatives Autre trouble spécifique d’apprentissage Retard mental Précocité La réponse est-elle essentielle pour débuter une prise en charge adaptée et multidisciplinaire ? Journée DYS, Troyes, le 7 octobre 2011 Diagnostics différentiels Dépression Déficit sensoriel Anxiété Trouble bipolaire Dysthyroïdie TDAH Diabète Troubles d’apprentissage Troubles neurologiques Anémie Canadian ADHD Ressource Alliance. Lignes directrices canadiennes sur le TDAH, 3ème édition, 2011. Troubles du sommeil 43 Comorbidités Troubles des apprentissages Troubles oppositionnels Troubles dépressifs TDAH Troubles anxieux Troubles de conduite Canadian ADHD Ressource Alliance. Lignes directrices canadiennes sur le TDAH, 3ème édition, 2011. 44 Sommeil et TDAH Endormissement A de la misère à s’endormir Changements quotidiens d'horaire de sommeil S'endort tard et se réveille tard Qualité du sommeil Sommeil agité Sentiment de jambes sans repos tout en essayant de s'endormir Donne des coups de pied brusques pendant le sommeil Fait du somnambulisme Fait des cauchemars A de la misère à rester endormi A un profil de sommeil anormal pendant le jour S'endort sans avertissement de jour Ronflement excessif A de la difficulté à respirer pendant le sommeil (apnées) 45 Comorbidités dans le TDA/H 54 Comorbidités Prévalence des principaux troubles comorbides chez les enfants TDAH Troubles comorbides Prévalence estimée % Intervalle de confiance Troubles oppositionnels 35,2 27,2-43,8 Troubles des conduites 25,7 12,8-41,3 Troubles anxieux 25,8 17,6-37,3 Troubles dépressifs 18,2 11,1-26,6 50 à 80 % des enfants souffrant de TDAH présenteraient au moins un trouble psychopathologique associé (2) 1. Martin-Guehl C. Comorbidité avec les troubles du comportement et les troubles émotionnels. In Vantalon V : L’hyperactivité de l’enfant. John Liibbey Eurotext 2005. 2. Franc N et al. Trouble déficit d’attention/hyperactivité et comorbidités psychiatriques. In : Revol O et Brun V. Trouble Déficit de l’attention avec ou sans Hyperactivité : de la théorie à la pratique Ed Masson 2010. 55 Des symptômes qui varient au cours du développement Symptômes du TDAH (enfance) Symptômes du TDAH (âge adulte) Inattention Inattention Hyperactivité Impatience motrice Impulsivité Impulsivité Désorganisation Troubles comorbides (impact sur la vie quotidienne) Instabilité affective Réactions émotionnelles extrêmes Troubles affectifs Troubles oppositionnels et des conduites - Déficit dans les compétences sociales, rejet parents / pairs Préscolaire Anxiété scolaire, de performance - Conflits avec les devoirs, évitement, refus scolaire Entrée à l’école Abus de substance, délinquance - Influence du groupe des pairs, problèmes de conduite, résignation Troubles de la personnalité borderline/antisociale - Problèmes à la maison et au travail (organisation, problèmes relationnels, labilité affective) Transition à l’âge adulte Schmidt S et Petermann. Developmental psychopathology: Attention Deficit Hyperactivity Disorder (ADHD). BMC Psychiatry 2009 ; 9 : 1-10. 56 TDAH, une réalité épidémiologique 3 57 Prévalence du TDAH chez l’enfant et l’adolescent Analyse sur 102 études depuis 1980 (N = 171 756) : 5,29 % avec un IC95 = [5,01-5,56] Prévalence plus faible si : sexe féminin tranche d’âge 12-18 ans DSM-IIIR ou ICD-10 Polanczyk G, Silva de Lima M, Lessa Horta B et al. The worldwide prevalence of ADHD: a systematic review and metaregression analysis. Am J Psychiatry 200 7;164 :942-8. 58 Etude de la prévalence du TDAH en France Prévalence du TDAH en France : 3,5 % (intervalle de confiance 95 % : 2,4-4,7) La répartition des sous-types le type mixte 17,6 % le type hyperactivité/impulsivité 35,9 % le type inattention prédominante 46,5 % Autre membre de la famille atteint de TDAH dans 22 % des cas (versus 4,2 % des familles des enfants non TDAH, p = 0,0001) Enquête téléphonique menée auprès d’un échantillon représentatif de familles ayant un enfant entre 6 et 12 ans (n=1012) 1. Lecendreux M, Konofal E, Faraone SV. Prevalence of attention deficit hyperactivity disorder and associated features in french children. Journal of Attention Disorders published online 2 August 2010. 59 Inné ou Acquis ? 61 Facteurs environnementaux et génétiques : (E.G. Villcutt) Facteurs environnementaux : Facteurs prénataux : 0-4 % Facteurs périnataux : 0-2 % Pb familiaux et conjugaux : 9 % Statut socio-économique : 1-7 % Facteurs génétiques : Études sur les jumeaux : 30-79 % Comorbidité chez l’enfant : 0-57 % TDA/H chez frères/ sœurs/ parents : 4-10 % Comorbidité chez frères/ sœurs/ parents : 0-1 % Gènes candidats ? Plusieurs gènes candidats ont été suspectés : les résultats non pas toujours été répliqués la variance de chacun n’excède pas 5 % les tailles des effets sont très hétérogènes entre les études sans pouvoir en identifier la cause Gènes de la voie dopaminergique : Récepteurs D4 et D5 DAT1 Gènes de la voie sérotoninergique : 5HTTP (transporteur de la sérotonine) Récepteur 5HT1B Autres : SNAP-25 (Synaptosomal Associated Protein 25) Gizer IR et al. Human Genetics. 2009; 126:51-90 63 Facteurs environnementaux : Facteurs environnementaux familiaux, psychopathologie familiale et parentale (« adversity », Rutter 1975) l’influence significative de 6 facteurs environnementaux : Une mésentente sévère Un niveau socio-économique peu élevé ou bas Une famille nombreuse Une criminalité paternelle Un trouble mental maternel Un placement familial Bouvard M et al. L’hyperactivité de l’enfance à l’âge adulte. Doin 2 e Edition 2006 : 81-96 TDAH, un retentissement sur l’enfant et sa famille 4 69 70 Les enseignants: enfant agité, bavard, turbulent, excessif, impulsif, perturbateur au niveau du groupe, “intelligent mais... ”, pas concentré, inattentif La famille: enfant opposant, n’écoute rien, chahuteur, se lève de table au milieu des repas, perd toujours ses affaires, souvent irritable, entêté, autoritaire Par les autres enfants, l’enfant hyperactif est souvent exclus... L’enfant est vu par lui-même de façon assez négative, il a une faible estime de soi, puisqu’il est confronté à de nombreux échecs L’enfant n’est pas toujours vu par le médecin comme un enfant hyperactif surtout à la première consultation 71 Un retentissement tout au long du développement Les symptômes du TDAH affectent généralement l’enfant à travers les différents contextes de sa vie : famille école vie sociale et « perdurent à travers le temps » (1) L’impact sur le développement socio-affectif de l’enfant se traduit notamment par : des difficultés d’ajustement cognitivo-émotionnel chez l’enfant le risque de développer de l’anxiété et une mauvaise estime de soi (2) 1. Lemelin G et al. Étude du fonctionnement familial et de la symptomatologie des enfants présentant un TDA/H. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 2009 ; 57 : 392–403. 2. Celestin-Westreich S et al. Ajustements cognitivoémotionnels familiaux face au Trouble Déficit de l’Attention et Hyperactivité (TDAH). Annales Médico-Psychologiques 2008 ;166 : 343–9. 72 Un retentissement chez l’enfant et l’adolescent Un tiers des jeunes TDAH développent des comportements à risques variés, comme : un trouble oppositionnel avec provocation, des conduites addictives et des conduites de violence ou des tentatives de suicide Celestin-Westreich S et al. Ajustements cognitivoémotionnels familiaux face au Trouble Déficit de l’Attention et Hyperactivité (TDAH). Annales Médico-Psychologiques 2008 ;166 : 343–9. 73 Un retentissement sur la famille Perturbation, stress Enfant TDAH Famille Exacerbation des symptômes, dévalorisation de l’enfant Lemelin G et al. Étude du fonctionnement familial et de la symptomatologie des enfants présentant un TDA/H. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence 2009 ; 57 : 392–403. Bouvard M et al. L’hyperactivité de l’enfance à l’adulte, 2ème édition. Doin, collection conduites, 2006. p. 141. 74 5 TDAH, un diagnostic pas à pas 75 Différents objectifs Identifier et quantifier les manifestations principales du trouble Rechercher les pathologies associées Apprécier de façon précise et systématique le retentissement du trouble dans les différents domaines de fonctionnement de l’enfant : scolaire, familial, social Evaluer le développement de l’enfant dans ses différents aspects cognitifs, psycho-affectifs et somatiques Bouvard M et al. L’hyperactivité de l’enfance à l’âge adulte. 2ème édition. Collection conduites. Doin, 2006. 76 Approche diagnostique Entretien avec les parents Entretien avec l’enfant Information des tiers Observation Examen physique Bilans complémentaires Vantalon V. Evaluation diagnostique in Ventalon V. L’hyperactivité de l’enfant. John Liibbey Eurotext 2005. 77 Entretien avec les parents et l’enfant (ensemble et/ou séparément) Motifs ayant motivé la consultation Structure familiale Antécédents anténataux Histoire du développement de l’enfant Fonctionnement à domicile Fonctionnement à l’école Fonctionnement dans la vie sociale ATCD de l’enfant et des parents Vantalon V. Evaluation diagnostique in Ventalon V. L’hyperactivité de l’enfant. John Liibbey Eurotext 2005. 78 Une évaluation qui amène à un véritable temps d’information des familles et du patient Pour favoriser la compréhension du trouble Pour mettre en place des stratégies éducatives plus efficaces et des adaptations de l’environnement Pour développer une alliance thérapeutique dans le cadre d’un suivi au long cours Vantalon V. L’hyperactivité de l’enfant. John Liibbey Eurotext 2005. 79 Outils standardisés Ce qu’ils apportent : Améliorent la fiabilité du diagnostic Facilitent la communication entre les soignants Quantifient les symptômes Mesurent les réponses au traitement Mais ils nécessitent : Une bonne concordance inter-juge (inconstante entre les parents et les enseignants) Des normes par rapport à la population générale, en fonction de l’âge et du sexe (exceptionnel pour les versions françaises) 80 On utilise le plus souvent les échelles de Conners… Conners rating scale version parents et enseignants Version complète pour parents : 48 items dans la forme révisée Version complète pour enseignants : 28 items dans la forme révisée Versions courtes (parents : 28 items, enseignants : 27 items, mais non validées en France) Bouvard M et al. L’hyperactivité de l’enfance à l’adulte, 2ème édition. Doin, collection conduites, 2006. p.71-72. 81 Pour mesurer l’impact fonctionnel et les troubles associés Weiss Functional Impairment Rating Scale – Parent scale (WFIRS-P) Famille, école, vie quotidienne, Concept de soi, fonctionnement social, comportements à risques Weiss Symptom Record (WSR) Inattention, Hyperactivité/Impulsivité TOP, TC, Anxiété, dépression, manie, habileté sociales, psychose, abus de substances Sommeil, alimentation, transit… Disponibles gratuitement sur le site CADDRA American Psychiatric Association – DSM IV. Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 4ème édition. Masson, Paris, 1996. p. 36-38. 82 Variations de la symptomatologie Si situations exigeant un effort intellectuel et/ou attention Si situations monotones Si situations non structurées Si fatigue Si situation duelle Si situation nouvelle Si récompense du sujet prévue Si renforcement fréquent des comportements appropriés Barkley, R. A. ADHD and the nature of self control. New York, Guilford Publications. The Guilford Press, 1997 83 Informations des tiers Carnet de santé, médecins scolaires, psychologues scolaires… Très utiles 84 Examen clinique Il est important de faire un examen clinique notamment pour écarter les diagnostics différentiels Pression artérielle, Régularité du pouls (battements/minute) Courbe poids-santé, IMC, Recherche d’un surpoids Périmètre crânien Peau (Transpiration abondante, Stigmates cutanés par exemple : taches café au lait) Dysmorphie (signes caractéristiques de dysmorphisme, signes de dysmorphisme évoquant un syndrome alcoolo-foetal, sinusite chronique) Examen respiratoire et ORL (signes d’apnée du sommeil, respiration nasale) Examen neurosensoriel (audition, vision…) Musculo-squelettique (Signes d’accidents et/ou de violence) Neurologiques : signes neurologiques mineurs (soft signs) Canadian ADHD Ressource Alliance. Lignes directrices canadiennes sur le TDAH, 3ème édition, 2011 85 TDAH, une prise en charge multimodale 6 86 Une démarche coordonnée Repérer, dépister, diagnostiquer Prise en charge : Rééducations (RASED, CMP, CMPP, SESSAD, libéral…) Suppléances (ordinateur avec logiciels, fiches et supports mnémotechniques…) Réadaptations (aménagement de l’environnement ou de la pédagogie) Objectifs explicites et précis Projet individuel Information et accompagnement : Rôle des associations Une prise en charge multimodale Le traitement optimal de l’enfant TDAH reste le traitement multimodal associant, selon les cas, approches psychologiques éducatives pédagogiques et médicamenteuses …soutenues, le cas échéant par une aide rééducative Revol O et al. TDAH : aspects thérapeutiques in Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans hyperactivité, 2010 Ed Masson. 88 Les thérapeutiques Elles sont adaptées à l’enfant mais aussi • à son environnement • à la nature de son trouble • à la présence éventuelle de comorbidités Vantalon V. Stratégies thérapeutiques in Ventalon V. L’hyperactivité de l’enfant. John Liibbey Eurotext 2005. 89 Les enjeux et objectifs thérapeutiques Réduire les symptômes cliniques Prendre en charge et/ou prévenir le retentissement scolaire familial relationnel Améliorer l’adaptation à son environnement et pour ses activités Vantalon V. L'hyperactivité de l'enfant. John Libbey Eurotext, Paris 2005. p. 103-106 ; 121-125. 90 Information et éducation L’aide éducative, véritable travail de guidance familiale, est le 1er temps thérapeutique Information sur le trouble et son impact fonctionnel Evaluation de l’implication de l’entourage Proposition des stratégies thérapeutiques Discussion des approches médicamenteuses avec leurs effets attendus et leur tolérance Organisation du suivi pour approches multimodales Revol O et al. TDAH : aspects thérapeutiques in Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans hyperactivité, 2010 Ed Masson. Bouvard M et al. L’hyperactivité de l’enfance à l’adulte, 2ème édition. Doin, collection conduites, 2006. p. 141-5. Canadian ADHD Ressource Alliance. Lignes directrices canadiennes sur le TDAH, 3ème édition.2011. 91 L’aide psychothérapique Elle peut prendre plusieurs facettes les thérapies cognitivo-comportementales qui cherchent à atténuer les symptômes afin d’améliorer la qualité de vie de l’enfant et de son entourage les psychothérapies, notamment en cas de troubles psychopathologiques associés : • troubles de l’humeur, • troubles anxieux, • troubles oppositionnels... Revol O et al. TDAH : aspects thérapeutiques in Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans hyperactivité, 2010 Ed Masson. 92 Thérapies cognitives et comportementales (TCC) Les TCC permettent d’agir sur différentes dimensions du trouble Thérapie Cognitive Stratégies d’autocontrôle : leur utilisation suppose que l’enfant reconnaisse ses difficultés, ce qui n’est pas toujours le cas chez les sujets TDAH Stratégies de résolution de problèmes Techniques d’entrainement aux habiletés sociales Prise en charge du groupe parents Bouvard M. et al. L’hyperactivité de l’enfance à l’adulte, 2ème édition. Doin, collection conduites, 2006. p. 125-128 93 Thérapies cognitives et comportementales Thérapie Comportementale La mise en place de ces techniques nécessitent une intervention auprès de l’entourage proche de l’enfant (parents, enseignants) Techniques de renforcement positif (favoriser les comportements souhaités), extinction (ignorer les comportements-problèmes) et techniques de renforcement négatif Prise en charge en groupe parents Le Heuzey M.-F. Quoi de neuf dans le traitement de l’enfant hyperactif ? Archives de pédiatrie, 2008. 15 : 1249–1252 94 Les groupes de parents Entraîner une ou plusieurs familles à se confronter aux situations difficiles Partager les expériences Objectifs : diminuer l’intensité des troubles et surtout leur impact sur le fonctionnement familial renforcer les comportements positifs de l’entourage Revol O et al. TDAH : aspects thérapeutiques in Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans hyperactivité, 2010 Ed Masson. 95 Les rééducations orthophoniques et psychomotrices Indispensables dans les cas où il existe des troubles spécifiques de développement du langage oral, du langage écrit ou de la coordination La prise en compte de ces difficultés associées permet non seulement d’améliorer le rendement scolaire mais a également des conséquences positives sur le comportement Le Heuzey MF. Quoi de neuf dans le traitement de l’enfant hyperactif ? Archives de pédiatrie 2008 ; 15 :1249–52. 96 Remédiation cognitive Intervention cognitive sous forme de « training » des fonctions exécutives (telles que la planification, l'organisation, la mémoire de travail, l’attention sélective,…) Programmes informatisés avec possibilité de proposer avec l’ordinateur des exercices, de donner un feedback précis et immédiat et de graduer les niveaux de difficultés Giroux S. et al. La remédiation cognitive et la remédiation métacognitive pour les personnes ayant un TDAH : deux stratégies d’intervention novatrices et pourquoi pas complémentaires ? Journal de thérapie comportementale et cognitive (2010) 20, 87—92 97 Les actions au niveau de l’école Aménagement de l’environnement d’un enfant hyperactif dans sa classe est un défi pour l’enseignant. Cela nécessite certaines adaptations de l’enseignement et de la structure scolaire La loi « pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » du 11 février 2005 permet de mettre en place : les programmes personnalisés de réussite éducative (PPRE) les projets personnalisés de scolarisation (PPS) Revol O et al. TDAH : aspects thérapeutiques in Trouble Déficit de l’Attention avec ou sans hyperactivité, 2010 Ed Masson. Le Heuzey MF. Quoi de neuf dans le traitement de l’enfant hyperactif ? Archives de pédiatrie 2008 ; 15 : 1249–52. Loi n° 2005-102, JO n° 36 du 12 février 2005. 98 Adapter l’environnement Adapter l’environnement pour diminuer l’expression du trouble Exemple de l’école : Mettre l’enfant devant, près du bureau de l’enseignant Lui donner la possibilité de bouger (ramasser les copies, effacer le tableau, distribuer…) Faire varier les activités Diminuer les distracteurs: bureau rangé, pas de fenêtre en face ou d’enfant bavard à côté, niveau sonore bas dans la classe Tolérer que l’enfant bouge les jambes ou tripote son crayon… Proposer des photocopies pour la copie des devoirs ou les leçons si l’enfant est trop lent Associer support verbal et écrit Bouvard M. et al. L’hyperactivité de l’enfance à l’adulte, 2ème édition. Doin, collection conduites, 2006. p. 150-1 99 Quelques exemples de conseils (1) Réduire le nombre de consignes dites à la fois Parler clairement à un rythme modéré avec des pauses occasionnelles pour faciliter la compréhension Insister sur les mots clefs Vérifier la compréhension avant de changer de sujet en demandant à l’enfant de résumer ce qu’il a compris 100 Quelques exemples de conseils (2) Attirer l’attention de l’enfant avant de lui parler, s’assurer qu’il regarde et écoute le locuteur Contrôler les périodes d’effort en alternant travail et moments de détente Lui donner de bonnes occasions de se lever de temps en temps (services …) Encourager l’enfant pour ses progrès, même minimes 101 Quelques exemples de conseils (3) Éviter de diviser son attention en lui demandant d’écrire en même temps que l’on parle Assurer un emplacement préférentiel en classe pour l’enfant, proche de l’enseignant et loin des sources de bruits (fenêtres, couloirs fréquentés …) Contrôler le niveau de bruit dans la classe lors des dictées, consignes, explications orales Limiter la longueur des travaux afin que l’enfant ne se fatigue pas inutilement dans des tâches non productives 102 Le traitement pharmacologique Le traitement pharmacologique repose en première intention sur les psychostimulants Le seul commercialisé en France est le méthylphénidate forme à libération rapide formes à libération prolongée 20% des patients ne répondent pas 1 à 2 % d’entre eux développent des effets secondaires nécessitant l’arrêt du traitement Revol O et al. TDAH : aspects thérapeutiques inTrouble Déficit de l’Attention avec ou sans hyperactivité, 2010 Ed Masson. Bouvard M et al. L’hyperactivité de l’enfance à l’âge adulte. 2ème édition. Collection conduites. Doin, 2006. 103 Prenez des risques calculés 104 Acteurs Moyens actuels Repérer Parents Enseignants Médiats Politique Critiques de l'entourage Bulletin scolaire Information et curiosité personnelle Émissions télé, magazines, bouche à oreille Dépister Enseignants Médecin ou psychologue scolaire Médecin traitant, pédiatre Rééducateurs (ortho, PM…) Évaluation du comportement scolaire Questionnaires Interrogatoire orienté par la sensibilité individuelle Tests classiques (neuropsy, ortho, PM…) Diagnostiquer Médecin (pédiatre, pédopsy) Expérience et bagage théorique Questionnaires Observation (longue ou réévaluation…) Examens complémentaires Regard multidisciplinaire Rééduquer Groupes, associations, livres, listes conseils Styles d'apprentissage Formations professionnelles (initiale ou continue), Psycho dynamique, TCC Coaching, méthodologie, soutient/accompagnement Parents Enseignants Psychologue Pédopsy Ortho (gestion mental) PM (planification)... 105 Conclusion Un trouble connu de longue date Une démarche diagnostique bien établie Un retentissement chez l’enfant et ses proches Un impact dans les différents domaines de la vie de l’enfant Une nécessaire prise en charge multimodale Un recul important sur le traitement psychostimulant 106 QUA 2310-09/2010 Quentin P, 8ans 1/2 Demande de CS par les parents, pour trouble des apprentissages et « maladresse » ATCD Familiaux: Frère TLO et LE; Père dyslexie Personnels: Terme. Vision: Strabisme + hypermétropie (12 séances orthoptie). Audition: ATT. Énurésie nocturne. HDM Développement Psychomoteur (DPM): Motricité: • Marche à 18M, • maladroit (inquiétude parentale dès 2 ans), • trouble graphisme (signalé par les enseignants en GSM). Langage: • retard de parole et de langage (RPLO) • Difficultés d’apprentissage de la lecture (RLE) Évaluations: WPPSI-R (psychologue scolaire, CP): • QIV 95, QIP 77 Rééducations: Orthophonie: pendant 1 an (CP) Psychomotricité: pendant 1 an (CP) 109 1er bilan CRTL en CE1 Bilan neuropsychologique: WISC-III: QIV 102, QIP 92, VT 80 Examen neuropédiatrique: Syncinésies, ROT vifs IRMc Normale Dyspraxie ? 2e bilan lors redoublement CE1 Neuropsychologique: WISC-IV: ICV 103, IRP 88, MT 85, VT 88 Orthophonique: K-ABC et Alouette: normal Bilan psychomoteur: Dyspraxie associant: • Un trouble d’aquisition des coordinations (TAC) • Des difficultés visuo-constructives (VC) • Des difficultés visuo-spatiales (VS) Examen neuropédiatrique: Syncinésies, distractibilité (statue), adiadococinésie, trouble de la régulation tonus. Plaintes de l’entourage (École et maison): Rêveur, désordonné, « zap », oublie affaires Depuis toujours, en tous lieux Hypothèses: Trouble dysexécutif secondaire à sa dyspraxie ? Cooccurrence / comorbidité ? Comment confirmer ou infirmer le TDAH ? Quelle prise en charge proposer ? Place des questionnaires : CONNERS (Parents) : Indice d’hyperactivité 83 (N < 70e percentile) impulsivité 72, apprentissage 97, conduites 88, anxiété 50, psychosomatique 44 DSM-IV: 9/9 inattention, 9/9 impulsivité-hyperactivité Pas de trouble du sommeil ni de l’alimentation Prise en charge proposée: Reprise de la psychomotricité Nouveau bilan orthoptique Liste de conseils (DA, TAC) Information (livres et sites internet) Méthylphénidate 0,5 mg/kg/j en LP les jours de classe Évolution: Traitement efficace: résultats scolaires, confiance en soi et comportement régulation du tonus, qualité de l’écriture, mémoire, vitesse Conseil à nouveau reprise de la psychomotricité (pour organisation, planification, contrôle de soi)… Adaptations scolaires mises en place avec système de récompense/ encouragements Kylian, 9 ans, CM1 Adressé par la psychologue scolaire pour des difficultés en mathématiques, lecture et concentration ATCD familiaux : Difficultés scolaires et « agitation » chez père et petit frère. Mère juriste. DPM: marche 17M, trouble motricité fine et coordination (sport). 1er mot 8 mois, phrases avant 3 ans Rééducations: Orthophonie depuis le CP (RLE puis calcule) Suivis psychologique en CMPP depuis 1an (anxiété et plaintes somatiques) Bilan psychométrique (psychologue scolaire, CE1): WISC-IV: ICV 108, IRP 96, IMT 85, IVT 106 1er bilan CRTL (CM1) Rapport scolaire: dysgraphie, logico-math, lenteur, organisation, sensible au stress Bilan Orthophonique: âge lexique -16M (confusions visuelles); orthographe normale Bilan psychomoteur: amélioration de la dysgraphie, difficulté VS; coordinations OK; attention fluctuante Bilan Neuropsychologique: faiblesses en MC, arithmétique et épreuves attentionnelles Questionnaires: CONNERS (Parents): Indice d’hyperactivité 60, apprentissage 86, impulsivité 47, conduites 56, psychosomatique 62, anxiété 57 ADD (de Brown): Déficit Attentionnel 67, effort 70, énergie 71, mémoire 77, attention 61, affect <50 Questionnaires: WSR: Inattention 7/9, impulsivité-hyperactivité 0/9, TOP 2/8, 3/8 apprentissage, 1/3 coordinations; Négatif pour: conduite, anxiété, dépression, manies, habiletés sociales, psychoses, personnalité, abus de substances, troubles du sommeil, troubles d'élimination, troubles des conduites alimentaires. WFIRS-P: famille 14/30, école 12/30, aptitudes à la vie quotidienne (4/30), concept de soi et fonctionnement social (0/30) et comportements à risque (3/30) 119 Prise en charge: Liste de conseils (DA, LE, dysgraphie) MDPH: adaptations scolaires, aide aux devoirs 4h/sem Information (livres et associations) Méthylphénidate LP 4j/7 +- LI merc et WE Poursuite CMPP et orthophonie (LE et logico-math) Suivis sur Charleville Hugo, 9a, CM1 Maternelle: hyperkinésie, besoin de réassurance GSM: ergothérapie pour trouble du graphisme (pendant 4 ans); QIV 130, QIP 111; suivis psychologique proposé (CAMSP) CP-CE1: remuant -> adressé par la psychologue scolaire Bilan CRTL, CE1 Bilan neuropsychologique: WISC-III: QIV 126, QIP 101, VT 94 CCL: TAC, DA secondaire ? Rééducation orthoptique, poursuite ergo (x2) et ortho (x1) SESSAD (psychomotricité x2) + AVS Évolution (CE2): Persistance des difficultés malgré rééducations Bilan Orthophonique (CE2): LE déviant (-3DS, 24M lecture et orthographe). Compréhension texte difficile, et attention labile Mise au clavier laborieuse Hypothèses TAC car gradient de 25 points au dépend des performances Pourquoi DA secondaire, puisque gradient de 30 points par rapport à l’ICV ? Peu d’évolution avec la prise en charge actuelle: Ergothérapie: mise au clavier difficile Orthophonie: dyslexie-dysorthographie mixte secondaire L’hyperkinésie a disparue, mais le trouble attentionnel persiste et gène les apprentissages Quelle place donner aux difficultés attentionnelles dans ce contexte ? 124 Questionnaires (CM1): CONNERS (parents): Indice d’Hyperactivité 87, impulsivité 76, apprentissage 86, anxiété 73, conduite 66, psychosomatique 62 DSM-IV: 9/9 inattention, 9/9 impulsivité-hyperactivité Difficulté d’endormissement: mélatonine 2 mg pendant 1 mois Prise en charge proposée: Information Listes de conseils Allègement des rééducations, encouragements, favoriser autonomie Suivis psychologique proposé (confiance en soi, organisation, gestion des émotions) Méthylphénidate LP Que retenir de ces 3 exemples ? Diagnostic tardif Le diagnostic de TDAH a été posé à l’âge de 9 ans, dans les 3 cas lors d’une réévaluation demandée par les parents ou par l’école Alors que la plainte attentionnelle associée à une maladresse ou à une hyperkinésie était présente depuis la petite enfance et a retentit dès le CP sur les apprentissages Causes Les bilans réalisés en CE1 montraient des troubles praxiques (dysgraphie au premier plan) et des difficultés en LE qui on fait considérer le TDAH comme un diagnostic différentiel plutôt que comme une comorbidité Conséquences Il a fallut 2 ans de non amélioration avec les rééducations, et l’apparition de nouvelles difficultés pour reconsidérer le diagnostic L’enfant qui a redoublé sont CE1 a développé des troubles du comportement associé, le deuxième enfant présentait un découragement et une faible estime de lui entrainant un désinvestissement scolaire (dyslexie secondaire), le troisième enfant montrait des signes d’anxiété et des troubles du sommeil 127 Comment améliorer la prise en charge des enfants TDAH ? Le repérage (parents puis enseignants) s’est fait à l’âge habituel Le dépistage a été confié aux psychologues scolaires Qui ont constaté des difficultés attentionnelles associés à des troubles des apprentissages Puis qui ont adressé les enfants au centre référents Intérêt des questionnaires pour accélérer la mise en place d’une prise en charge adaptée, précoce et d’emblée optimale ? Le diagnostic a été posé tardivement Longue liste d’attente au centre référent • Proposer une consultation pédiatrique ou pédopsychiatrique en première intention ? Réticences à poser ce diagnostic • Trop grande prudence = ne pas nuire ? • Connaissance insuffisante de ce syndrome ou préjugés ? 128 Pour agir à notre niveau: Garder à l’esprit qu’il s’agit d’un syndrome fréquent (5%) Écouter les plaintes de l’entourage Ne pas confondre comorbidité (ou cooccurrence) et diagnostic différentiel: 1/3 des enfants qui présentent un trouble spécifique des apprentissages présente également un TDAH Bien reprendre la trajectoire développementale pour repérer le « noyaux dur » du tableau, avant l’apparition des comorbidités (TOP, anxiété, conduites, dépression…) Doit-on exclure du diagnostic les enfants qui présentent une pathologie chronique (TED, RM, précocité … ou diabète ! ) ? Intérêt des questionnaires pour améliorer la sensibilité du dépistage (la spécificité restant à l’interprétation du clinicien) 129 Merci pour votre attention… 130