près que les sondes, après leur passage, s'éloignent de la Terre à une vitesse légèrement différente des prévisions. Là
encore, l'écart est très faible. Mais il ne devrait pas exister!
Cette fois, c'est carrément louche. D'autant que ces sondes ne sont pas les seules à se colleter avec la gravitation. La
cosmologie, la branche de la physique qui étudie l'Univers, est confrontée à plusieurs énigmes dont le nom est déjà tout un
programme : énergie sombre et matière noire. Dans les deux cas, la gravitation semble mêlée à l'affaire. Une modification
de la loi de la gravitation pourrait peut-être résoudre ces énigmes, sans avoir à imaginer une nouvelle force, ni des
particules étranges (voir encadré ci-dessous).
ÉNERGIE NOIRE
Depuis le big-bang, il y a 14 milliards d'années
environ, l'Univers ne cesse de grandir, tel un ballon
que l'on gonfle. Les galaxies, îlots de matière dans
l'espace, se fuient les unes les autres comme le
feraient des points dessinés à la surface du ballon.
C'est déjà étrange, vu que la seule force s'exerçant à
travers ces distances considérables, c'est la
gravitation, censée rapprocher les corps! Mais il y a
pire: depuis quelques années, on s'est aperçu que
l'expansion de l'Univers s'accélère. On souffle de
plus en plus fort dans le ballon! Pour expliquer
cela, les astrophysiciens ont postulé l'existence
d'une « énergie noire » qui repousserait les
galaxies, agissant comme une antigravité. Mais ils
n'ont aucune idée de sa nature.
Décidément, l'anomalie Pioneer, celle survenant après le «tour de chauffe» des sondes, l'énergie sombre, la matière noire...
ça commence à faire beaucoup. Peut-on pour autant remettre en cause la théorie de la gravitation, véritable socle sur lequel
repose une grande partie de la physique? Certains physiciens s'y risquent, mais sans convaincre le reste de la communauté.
De fait, jusqu'à présent, tous les tests effectués sur la relativité générale n'ont jamais pris en défaut la géniale théorie.
Cependant, avant les sondes Pioneer, jamais on n'avait fait d'expériences sur d'aussi grandes distances. C'est peut-être ça le
truc: la gravitation ne tiendrait pas la (très grande) distance.
De par le monde, des chercheurs persuadés qu'il faut chercher de ce côté-là sont parvenus à triturer les équations de la
relativité pour les faire coller aux nouvelles observations. Le problème, c'est que modifier des équations ne livre pas les
concepts qu'il y a derrière. Faut-il imaginer une cinquième force fondamentale, alors que jusqu'à présent, seules quatre
forces fondamentales permettent de rendre compte de l'Univers tel qu'on l'observe? Il est encore trop tôt pour le dire. Mais
de nombreux physiciens ne seraient pas surpris qu'une véritable révolution vienne secouer toute la physique, du même
ordre que celle engendrée par Einstein en 1915. Au fait, de quoi était-il parti? Au milieu du XIXe siècle, les astronomes
avaient découvert que l'orbite de Mercure n'était pas exactement conforme à ce que prévoyait Newton. Oh, presque rien!
Tout comme Pioneer, ce n'était qu'une toute petite anomalie...
Article tiré de Sciences et vie Junior février 2009.
A voir sur internet pour les passionnés anglophones : www.nasa.gov/centers/ames/missions/archive/pioneer.htlm
MATIÈRE SOMBRE
Nul ne l'a jamais observée, mais les cosmologistes en
ont bien besoin pour rendre compte de la masse
totale des galaxies. Ah bon? Ça se pèse, une galaxie?
Oui, ces immenses concentrations d'étoiles. tournent
sur elles-mêmes à une vitesse qui dépend de leur
masse. Il "suffit" donc de mesurer cette vitesse pour
estimer la masse. Le problème, c'est que la masse
déduite de ce calcul est bien plus importante que
celle obtenue en additionnant toute la matière visible
(étoiles, planètes, nuages de gaz) qui compose les
galaxies. Pour compléter, les cosmologistes ont donc
imaginé l'existence d'une matière invisible... dont la
nature leur échappe toujours! À moins que la
gravitation, impliquée dans la rotation des galaxies,
ne se comporte pas comme prévu. Alors, il faudrait
remettre en cause la première méthode de calcul.