"LA PREPARATION MENTALE" (16 octobre 2009) à Seyssins

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Spécial colloque
COLLOQUE SUR
LA PREPARATION
MENTALE
Seyssins le 16 octobre 2009
La psychologie du sport est peu abordée
dans nos colonnes alors qu’elle suscite un
vif intérêt depuis quelques années. C’est
sans doute pourquoi le thème de la préparation mentale a mobilisé un nombre inégalé de participants à ce type de colloque
technico-médical, puisque nous avons largement dépassé la centaine. Tous ont pu
apprécier la qualité des intervenants qui a
largement répondu aux attentes du public.
Nous présentons nos excuses pour l’absence des champions qui figuraient sur
notre annonce. Nous tenons à remercier
profondément Laure Péquegnot qui s’est
rendue disponible au pied levé. Mention
spéciale à Pascal Silvestre qui nous a proposé un magnifique duo avec Laure, aussi
riche qu’original.
Merci à Nicolas Coulmy qui est venu présenter les travaux menés par la FFS en
lieu et place d’Emilie Baudoin, empêchée.
Ce dossier est constitué des communications transmises par les acteurs. Certains
nous ont laissé un document exclusif très
complet ; d’autres ont restreint leur texte à
une ou deux pages ; enfin nous avons récupéré les supports de la présentation
orale des derniers. Qu’ils soient tous remerciés pour leur participation et la passion dont ils ont tous fait preuve.
Gérard GAUTIER
Sont intervenus :
- Annick Barthalais (Enseignante, membre de la SFPS) «Les travaux précurseurs du Dr André Bouvet»
- Virginie Jacob (Psychologue du sport):
«De la préparation psychologique à la
préparation mentale»
- Raphaèle Blum (Coach/Préparateur
mental) : «La préparation mentale chez
les catégories jeunes en ski alpin»
- Jean-Philippe Heuzé (Enseignantchercheur) : «L'efficacité du psychologue
selon les athlètes»
- Emilie Beaudoin (Psychologue du
sport) : Présentation du travail de la commission FFS « Développement des habiletés mentales et suivi psychologique
des athlètes »
- Luc Guibbert (psychologue du sport)
«Une stratégie d'intervention pour la préparation des JO de Turin (ski de
bosses)»
- Bertrand Donzé (Entraîneur de
l’équipe universitaire haut-niveau) «L’entraîneur d’escalade face à la peur du
grimpeur»
- Pascal Silvestre (Entraîneur au Comité
de Savoie, ex-coach du groupe technique féminin france)
Crédit photos : J.C. LIPRANDI et B. COUTURIER
“L’ENTRAINEUR DE SKI ALPIN”
1
EN INTRODUCTION À LA JOURNÉE SUR
LA PRÉPARATION MENTALE
Par Annick BARTHALAIS
« Un skieur sans
tête… çà n’existe
pas… un entraîneur sans tête, çà
n’existe pas et la
technique du ski…
implique la mise
en jeu de nombreux processus
mentaux ! »
2
Le Dr Andrè Bouvet avait déjà compris l’importance des facteurs psychologiques dans la performance des skieurs, il y a près de… 50 ans (eh oui !)
et il aurait été heureux de voir un tel rassemblement d’entraîneurs… intéressés par le thème de la préparation mentale.
« Au début… le muscle a été privilégié par rapport au cerveau et la médecine s’est attachée à la biomécanique et à la physiologie délaissant les facteurs plus subtils et plus mystérieux du comportement. … Mais on ne peut
plus ignorer la part qui revient aux facteurs psychiques dans la réussite ou
l’échec en compétition… » (BMS n° 37, 1979)
Le domaine psychologique apparaît un peu comme mystérieux pour le
monde sportif, Andrè. Bouvet met en garde contre les « gourous » qui pourraient être néfastes pour les athlètes : « Il est tentant de faire appel au
« sorcier » qui pourrait exploiter les pouvoirs de l’esprit par quelques opérations magiques et conduire l’athlète aux plus hautes marches du podium »
Par son action, et celles de la Commission médicale, il va tenter de démystifier cette thématique, en s’appuyant sur des connaissances scientifiques, et en invitant les entraîneurs à se former pour optimiser les
performances de leurs athlètes.
Au delà des objectifs classiques (prévention des blessures, surveillance,
soins..) la Commission Médicale met en place une démarche scientifique
novatrice pour contribuer à l’amélioration de la performance des skieurs.
Différentes recherches sont initiées pour étudier les facteurs physiques,
physiologiques et psychologiques de la performance en ski alpin. Les
connaissances scientifiques (dans tous les domaines) sont mobilisées. Des
intervenants spécialistes sont sollicités (E. Ruchpaul, P. Baleydier, M. Lévêque, M.C.Lobrichon, J. Roget…) Les résultats sont diffusés par le Bulletin Médical du ski, par des communications (dès 1965 à Rome au premier
congrès international de psychologie du sport) et par des actions de formations des entraîneurs.
N° 72 - Décembre 2009
Spécial colloque
Identifier les facteurs de la performance de haut niveau nécessite de comprendre le fonctionnement psychologique du skieur,
de connaître les processus psychologiques indispensables à
l’apprentissage de la technique.
FACTEURS LIMITANTS
PROFIL DE
PERFORMANCE
FACTEURS DE REUSSITE
Bulletin médical n° 38, 1980
INTELLIGENCE
Q.I. +, vivacité, analyse
Q.I. -, lenteur
déficiente
Instabilité des temps de
réaction
MEMOIRE
APTITUDES SENSORIMOTRICES
Sélective, topographique
Rapidité perceptive
sens kinesthésique
APPRENTISSAGE
CONTROLE EMOTIONNEL
hyperémotivité anxiété
Médiocre
Faible
REGULATION TONIQUE
RESISTANCE AU STRESS
Maîtrise calme
Stable ajustée
élevée
FORCE DU MOI
Névrosisme, renoncement
Problèmes relationnels
Confiance en soi, adaptabilité
sociale, conduite réfléchie
Faible, instable, à court terme
MOTIVATION
NIVEAU D ’ ASPIRATION
bas
objectif à long terme
détermination, persévérance
élevé
Cela passera par la recherche : la Commision Médicale va innover et utiliser différents outils d’évaluation ; les skieurs des
équipes de France (et aussi les plus jeunes) passent à une batterie de tests particulièrement adaptés.
•Test de personnalité :
- QPS de Thill
- Test des couleurs de Luscher
- Entretien individualisé
•Aptitudes psychomotrices :
- Test de Macquarie (aptitudes visuo motrices, représentation spatiale
- Temps de réaction (signal auditif, visuel membres inférieurs)
- Labyrinthe enregistreur (mémorisation)
•Contrôle émotionnel :
-Trémomètre
Ces travaux vont permettre de définir un profil de performance
du skieur de haut niveau.
Différents profils de personnalité existent selon la discipline (M.
Lévêque, C. Bourbon) mais des ressources intellectuelles certaines s’avèrent indispensables.
La maîtrise émotionnelle est très importante chez les champions, et le test du trémomètre met en évidence la progression
parallèle (voire superposable) de la performance, des points FIS
et des résultats au test.
Différentes techniques de relaxation sont intégrées à l’entraînement dès les années 60… (yoga, hatha yoga pour les champions). G. Perillat affirme : « en 1965 je suis venu au yoga. J’en
faisais chaque jour… C. Bozon, B. Orcel, JC. Killy, le pratiquaient
aussi ».
Ces techniques sont adaptées aux tempéraments, à la personnalité de chaque coureur et chacun y trouve un intérêt : une meilleure concentration, et récupération (A.Famose), une meilleure
gestion de l’influx, et plus de souplesse (G. Perillat), la connaissance de soi, un bon contrôle de la respiration et du tonus musculaire (I. Lafforgue) (BMS n° 43)
Il y a une réelle volonté de collaborer avec les entraîneurs. Pour
A. Bouvet, l’intervention psychologique «… elle est affaire de
l’entraîneur. Il lui appartient de bien connaître le caractère de
ses skieurs, de créer un climat de confiance et d’émulation, d’intégrer dans l’entraînement des techniques de relaxation et d’entraînement mental » (BM n° 39, 1980)
Les skieurs les plus performants ont des aptitudes visuo-motrices excellentes ; leur capacité de mémorisation est rapide
(mémorisation spatiale, rythmique…) et ils sont très “imageants”
(très bonne représentation mentale des actions et situations).
D’autres facteurs ont un impact sur la performance. La qualité
de l’apprentissage, l’encadrement technique, l’environnement
affectif et relationnel, le contexte scolaire et/ou professionnel, la
cohérence de la politique sportive tout au long de la carrière ont
un impact sur la motivation..
Il semble que la dimension psychologique de la performance soit
mieux prise en compte actuellement.
« Les échecs ou les rejets de la part du milieu tiennent souvent
au caractère insolite ou agressif d’expériences parachutées, ou
à des psychologues de laboratoire ou de formation trop exclusivement universitaire, ou encore à des attitudes de méfiance ou
d’hostilité de l’encadrement sportif. » (BMS n° 37, 1979)
Ces travaux vont permettre l’évaluation psychologique des
skieurs et le suivi de leur évolution au cours de la carrière. Leurs
résultats sont confrontés aux observations des entraîneurs et
veulent être une aide à l’entraînement.
André BOUVET
Médecin, neuro-psychiatre,
skieur
Président la Commission
Médicale de la Fédération
Française de Ski à de nombreuses reprises,
jusqu’en1988
Un pionnier en psychologie
du sport : orientations et actions novatrices de la Commission Médicale
“L’ENTRAINEUR DE SKI ALPIN”
3
Spécial colloque
Les difficultés identifiées par A. Bouvet ne sont peut être pas
toutes balayées, mais la communication et l’information circulent
mieux. « C’est un problème de relation et de communication
entre les trois intéressés : psychologue-entraîneur-athlète.
Relation triangulaire qui implique :
a) que le psychologue soit qualifié et ait une bonne connaissance de la discipline sportive en question…
b) que le milieu sportif soit sensibilisé à l’approche psychologique.» (BMS n° 37, 1979)
nement concerné… qu’il développe à l’entraînement les habiletés mentales du skieur (traitement de l’information, mémorisation, contrôle émotionnel…) et qu’il tienne compte du contexte
et de l’environnement relationnel, professionnel.
C’est un tout, qui permet au skieur d’être en confiance et d’exprimer au mieux son potentiel. 
Annick BARTHALAIS
Enseignante, Membre de la SFPS
BE 3 entraîneur ski alpin
Et j’ajouterai…qu’il est nécessaire que l’entraîneur se sente plei-
Bibliographie
Le Bulletin Médical du Ski (BMS) :
N° 37, 1979 A. BOUVET : psychologie du sport (1).
N° 38, 1980 A. BOUVET : la personnalité du skieur.
N° 39, 1980 A. BOUVET : psychologie du sport (2).
N° 40, 1981 C. BOURBON : la personnalité de l’athlète féminine.
J.P. HERRY : surveillance médicale SSE Chamonix (bilan
psychologique).
N° 41, 1982 A. BOUVET : les motivations.
N° 42, 1983 A. BOUVET : méthode de relaxation au service des
sportifs.
N° 43, 1983 A. BOUVET : relaxation yoga, parole des champions.
N° 44, 1984 M. LEVEQUE : propos du psychologue.
A. BOUVET : les effets psychologiques de l’échauffement.
N° 45, 1984 D. ROQUES : résumé de thèse.
N° 49, 1986 R. CHAUVIER, formation et pouvoir pédagogique.
- A. BOUVET, Activités sportives et maturation de la personnalité chez
l’enfant (Société Française de Psychologie du Sport et de l’Education
Corporelle, ANNECY 1985).
- A. BOUVET, L’évaluation des jeunes espoirs (Entraînement du compétiteur de haut niveau, Colloque ALTITUDE, GAP 1985.
- A. BOUVET, Perception et mémorisation de l’espace chez le sportif.
3ème Congrès international de psychologie du sport, 1987, Paris.
R. Krzentowski, Aspects médico psychologiques du ski alpin de compétition, 197.
- A. BARTHALAIS, Ski alpin : la préparation psychologique de la compétition, Mémoire INSEP, 1988, BE 3ème degré.
- C. BOURBON, La personnalité de l’athlète féminin de compétition de
haut niveau, spécialisé dans l’épreuve de descente en ski alpin. 1981.
- L. CRESTE, Aspects psychologiques du sportif : application au ski
alpin de compétition, 1984.
- J.P. HERRY, Apprentissage et mémoire topographique du skieur de
compétition, 1976.
- D. ROQUES, Test de Macquarie, épreuve du trémomètre, inventaire
de personnalité d’Eysenck, dans le cadre du bilan médico-psychologique du sportif de compétition de haut niveau, 1983.
- J. TREVELO, Apport de la psychologie à l’entraînement et à la pédagogie du ski de compétition Mémoire INSEP, 1976.
Article sur le colloque paru dans le DAUPHINE LIBERE du 21 octobre 2009
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N° 72 - Décembre 2009
DE LA PRÉPARATION PSYCHOLOGIQUE
A LA PRÉPARATION MENTALE
Par Virginie JACOB DALLA COSTA
-La performance et le mental sont des
termes de plus en plus associés dans le
discours sur le sport. Il est apparaît maintenant comme une évidence qu’un sportif
pour réussir, être performant a besoin non
seulement de physique, de technique mais
aussi d’un mental pour gagner.
Malheureusement, nous rencontrons peu
de sportifs qui consultent un psychologue
du sport, préparateur mental ou autre spécialiste, dans le but d’améliorer sa performance actuelle. Bien souvent, c’est quand
tout va mal, lorsque le corps ne répond
plus, lorsque la tête ne suit plus… que
l’athlète s’interroge sur son mental…
Il cherche alors une solution à ses difficultés, sorte de potion magique qui lui permettrait de goûter de nouveau à la
performance.
Hors, tout comme le physique se travaille,
le corps se modèle, le « mental » se prépare, s’entraîne. Attention cependant à ne
pas considérer les techniques de préparation mentale comme une solution miracle
à d’autres difficultés plus personnelles,
plus « psychologiques ».
Préparation psychologique / préparation
mentale sont, pour moi, deux approches
complémentaires.
“L’ENTRAINEUR DE SKI ALPIN”
DEFINITION
Comment définir ses deux types de préparation :
Par préparation psychologique j’entends :
l’individu (en l’occurrence sportif) pris
dans son environnement. L’environnement c’est bien entendu l’environnement
sportif mais également la cellule familiale,
les relations affectives, les relations amicales, la scolarité ou la profession…
Le sportif n’est pas qu’un sportif. Il a une
vie à côté. Le rôle du psychologue est de
comprendre comment le sportif parvient à
trouver un équilibre entre le sportif et
l’homme, la femme qu’il est dans la société.
Les difficultés rencontrées sur le terrain
sportif sont parfois le simple reflet de difficultés rencontrées ailleurs :
« Je vis un conflit dans mon couple... je ne
parviens plus à être aussi concentré à l’entraînement. »
« A chaque difficulté que je dois dépasser,
je n’y arrive pas. J’ai peur et je fais des
contre performances. Et pourtant j’ai appris des techniques de gestion du stress…
cela ne marche pas ! Petit, j’étais déjà
comme ça. J’ai marché très tard »
« je ne parviens pas à dépasser la place
de 5 en coupe du monde. Dans ma tête,
dès que je suis devant je lâche. Mon frère
lui est devant, c’est un champion. Moi, je
ne parviens à le battre qu’à l’entraînement »…
Ces exemples vous permettront de comprendre très simplement le lien entre performance et difficultés psychologiques.
La préparation psychologique repose essentiellement sur des entretiens de face à
face cliniques.
Elle peut parfois s’accompagner de tests
de personnalité notamment.
Lors de ses entretiens, le psychologue fait
une sorte d’état des lieux. Il cherche à
comprendre l’individu dans sa globalité. Il
l’interroge donc sur sa famille, sur ses loisirs, globalement sur ce qu’il vit en dehors
du sport. Il s’intéresse aussi à la manière
dont il vit, pratique son sport. Le but est de
pointer à la fois les ressources et les difficultés que l’individu a à sa disposition. Il
s’agit aussi d’amener la personne à mieux
se connaître.
D’ailleurs une meilleure connaissance de
soi permet parfois d’atténuer des doutes
sur ses capacités.
5
Spécial colloque
La préparation mentale renvoie essentiellement à la pratique sportive. Cette préparation intéresse plus la compétition mais
elle peut parfois agir sur les comportements à l’entraînement (exemple : la
concentration à l’entraînement).
Nous pouvons mettre dans le catalogue
préparation mentale les notions suivantes
(liste non exhaustive) :
- stress et gestion du stress,
- travail sur la concentration,
- la confiance en soi,
- l’agressivité (j‘entends bien sûr la
bonne agressivité),
- la gestion des émotions (agressivité
« la mauvaise », l’énervement, l’abattement,….),
- les pensées positives,
- le travail sur la récupération (physique et mentale),
- l’amélioration des gestes techniques,
- préparation à une performance sportive,
- entretien de la motivation …
Différentes techniques sont utilisées en
préparation mentale. Cependant, chaque
technique utilisée varie aussi d’un préparateur mental à l’autre, mais surtout d’un
athlète à un autre.
En fait, même s’il y a une base théorique,
une trame sur la technique utilisée, le vécu
de l’athlète (les mots employés, sensations ressenties) va induire des variations.
Attention cependant : ce n’est pas parce
qu’on fait régulièrement de la préparation
mentale que l’on va devenir champion du
monde. La préparation mentale seule ne
fait rien car comme je le répète souvent
aux athlètes et entraîneurs avec qui je travaille « on ne fait pas d’un âne un cheval
de course, ni même d’un coureur du dimanche un marathonien chevronné ».
La préparation mentale doit être envisagée
comme un complément, un petit plus à
l’entraînement physique, technique, tactique.
DE LA PREPARATION PSYCHOLOGIQUE A LA PREPARATION MENTALE
Comment s’effectue le lien entre ces deux
types de préparation ?
Lorsque un sportif franchit pour la première fois le palier de mon cabinet c’est
bien souvent parce qu’il rencontre une difficulté dans son sport.
Cependant, consulter un psychologue,
même spécialisé dans le sport, reste encore marginal, voire tabou.
« Voir un psychologue ? Mais je ne suis
pas fou ! » reste aujourd’hui une des ré-
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ponses que des sportifs font.
Cette attitude résulte souvent d’une méconnaissance du travail que peut faire un
psychologue dans le sport et des apports
de cette collaboration tant dans le domaine du bien être, du plaisir pris à pratiquer son sport que dans l’amélioration de
la performance.
Les difficultés qu’avancent les sportifs ne
sont pas toutes du domaine de la psychopathologie, de la psychiatrie. Loin de là !
Leurs demandes sont particulièrement intéressantes dans le sens où elles relèvent
souvent de la préparation psychologique
ET de la préparation mentale.
Souvent, la demande du sportif porte sur
la préparation mentale. Il veut apprendre
des techniques pour être plus performant.
Le premier entretien s’avère fondamental
afin de déterminer quelle sera la nature du
travail à effectuer.
LES PRINCIPALES
DIFFICULTES MENTALES
CHEZ LE SPORTIF
Le stress
Le stress est une réaction normale de l’organisme. Il indique déjà que le sportif est
prêt mentalement pour la compétition. Cependant, trop de stress peut s’avérer néfaste et entraîner une diminution des
performances.
Il existe des techniques de régulations des
émotions. Ces dernières peuvent ne pas
suffire. Dans ce cas, il s’agit de comprendre les raisons psychologiques de la
venue du stress et sa difficulté pour le
gérer.
En effet, si le problème de stress du jeune
sportif vient de sa relation avec son entraîneur, celui-ci étant trop autoritaire, trop exigeant, les techniques de gestion de stress
s’avèreront inefficaces sur la durée. Il
s’agit avant tout de s’intéresser au vrai problème, sachant que derrière un problème
relationnel, de communication ou autre
avec l’entraîneur peut se masquer un
conflit latent avec la famille (notion de
transfert).
La confiance en soi
Le manque de confiance est un problème
plutôt fréquemment rencontré par le sportif, et ceci, quel que soit son niveau.
Dans le sport, croire en soi, en ses possibilités est fondamental. La confiance nous
permet d’oser prendre des risques, de
faire des choix, d’aborder une compétition
plutôt sereinement…
Ainsi, pour attaquer, un cycliste doit avoir
un minimum de confiance en soi. Sinon, il
se contente de suivre le mouvement. Il
fera peut être des places mais gagnera rarement avec des gens de son niveau.
La confiance intervient aussi dans l’apprentissage d’un geste, notamment
lorsqu’il s’agit d’abandonner un vieil automatisme pour en acquérir un autre plus
performant. Tel nageur pour espérer monter de niveau devra parfois apprendre une
technique un peu différente dans sa gestuelle et accepter alors d’être moins performant pendant ce temps d’apprentissage.
Tout est histoire de confiance en soi, en
son potentiel, mais aussi, en son entraîneur.
Le travail sur la confiance est parfois long
car il résulte assez souvent de l’éducation
reçue par nos parents mais aussi par nos
premiers entraîneurs, éducateurs. Il s’agit
aussi en parallèle d’apprendre au sportif
manquant de confiance à changer son discours sur lui : avoir un discours plus positif.
La concentration
Se concentrer au moment opportun permet bien souvent au sportif d’optimiser ses
performances. Tel biathlète lors du tir
devra parvenir à se mettre dans sa bulle,
tel basketteur au lancer franc, tel tennisman au service, tel grimpeur dans l’ascension de sa voie. Là aussi, il existe des
techniques pour apprendre à mieux se
concentrer. Mais il est aussi important de
se connaître et d’évaluer ce qui peut perturber notre concentration, ce peut être
des problèmes dans notre vie quotidienne
(soucis scolaire, difficultés relationnelles,
problèmes de couple…)
La démotivation
La motivation est la clé principale de la
réussite. Elle nous permet de vivre les
contraintes de l’entraînement de manière
moins difficile. Elle est aussi une aide précieuse pour notre progression, pour nous
fixer des objectifs et les atteindre.
La plupart du temps elle reste globalement
stable sur la saison. Cependant, il peut arriver que l’envie disparaisse, s’amenuise :
il n’y a plus de plaisir. Parfois, la démotivation conduit à l’abandon de l’activité.
Les raisons de cette démotivation: des
entraînements trop difficiles, routiniers, un
entraîneur trop autoritaire, une ambiance
trop compétitive dans l’équipe, une pression trop présente, une fatigue physique
ou/et émotionnelle, …
Le psychologue va chercher à comprendre
comment le sportif est arrivé à cet état là
et l’aider progressivement à retrouver ce
qui lui plaît dans ce sport, pour enfin reN° 72 - Décembre 2009
Spécial colloque
nouer avec LE PLAISIR DE FAIRE SON
SPORT ET la performance.
Cependant, parfois, l’athlète découvre que
le choix de son sport ou la manière de
pratiquer son sport ne lui correspond pas,
n’est pas véritablement son choix mais
celui de ses proches. Il stoppe ou change
d’activités mais de manière consciente.
exemple, un escrimeur menant au score
qui, sans aucune raison, va changer sa
tactique ou raccourcir son bras. Son adversaire va progressivement remonter et
peut même inverser la tendance.
Gagner entraîne parfois des conséquences qui ont plus de poids que la
victoire en elle-même.
La peur de perdre / la peur de gagner
Ces deux peurs se masquent souvent derrière des manifestations du stress. Elles
rendent inopérantes, sur le long terme, les
techniques de gestion du stress.
La peur de perdre est plus fréquente que
la peur de gagner. Elle est souvent en lien
avec une pression que le sportif se met ou
qui lui est mise. Elle traduit aussi un
manque de confiance en soi et une tendance à s’inférioriser. Elle entraîne une
perte de lucidité, « un pétage de plomb »
(comme disent certains sportifs), une rigidité dans la gestuelle, un comportement
inadapté…
Parfois la peur de perdre fait suite à une
blessure ou à une succession de moins
bonnes performances. Le sportif croit qu’il
n’est plus à la hauteur, qu’il n’a pas retrouvé son niveau, que l’autre est forcément plus fort.
Dans ce cas, un travail de discussion autour du résultat et de l’importance accordée à ce dernier, un travail sur la confiance
en soi et sur des objectifs de comporte-
ment amènera progressivement le sportif
à relativiser.
La peur de gagner est plus complexe. En
effet, gagner n’est pas aussi simple que
cela. Le sportif s’il veut gagner doit aller
chercher sa victoire. Il faut mentalement
être prêt. De plus cette dernière ne dépend
pas uniquement de lui.
Comment se traduit cette peur : c’est par
“L’ENTRAINEUR DE SKI ALPIN”
J’ai ainsi rencontré un judoka qui deux
ans de suite faisait un podium aux championnats de France alors qu’il avait la possibilité de gagner. Mais, s’il gagnait, une
place lui était offerte au pôle France et il
ne souhaitait pas quitter sa famille. Pour
lui, il était plus simple d’être second que de
choisir entre partir pour éventuellement
faire une carrière sportive et dans ce cas
s’éloigner de chez lui ou faire le podium et
rester auprès des siens (famille, amis,
quartier…) .
La perte de sensations
La perte de sensations se rencontre plus
spécifiquement dans les sports très techniques comme la gymnastique, le plongeon, le trampoline…Dans ce cas, ces
sportifs parlent plus de perte de figure.
Mais elle peut toucher aussi les autres disciplines : je l’ai notamment rencontrée
chez un basketteur.
Cette perte de sensation est associée à la
gestuelle, le mouvement du corps dans
l’espace, mais aussi au contact avec l’objet utilisé par le sportif. Ainsi ce basketteur
ne « sentait » plus son ballon.
Cette difficulté est souvent la conséquence
d’une blessure, ou d’une chute douloureuse ou qui a provoqué de la peur (sorte
de mini traumatisme).
A son retour, le sportif est à la fois dési-
reux de reprendre son activité mais aussi
a peur de se reblesser ou de ne pas retrouver son niveau d’avant. Il s’agit alors
de mettre en mots cette appréhension et
de travailler à partir d’images positives.
Le discours de confiance de l’entraîneur
est aussi très important. Ce dernier accompagne le sportif dans la réappropriation de son corps, de son geste, de son
sport.
La perte de sensations peut aussi être un
indicateur de la fatigue du sportif. C’est
une sorte de signal d’alarme : gare au surentraînement ! Dans ce cas, le rôle du
psychologue est d’apprendre au sportif à
écouter son corps et à reconnaître les signaux d’alarme.
La contre performance
Un bon résultat, tout comme un mauvais
résultat, est la conséquence d’une série de
comportements adaptés, ou inadaptés, à
la situation et aux événements.
La contre performance peut être parfois
d’origine psychologique. MAIS avant d’arriver à cette conclusion, il s’agit de se
poser les bonnes questions :
- Avant la compétition, physiquement est
ce que j’étais prêt ?
- Avant la compétition, comment étais-je
techniquement ?
- Tactiquement, ai-je fait des erreurs
inhabituelles ?
- Et sur le plan diététique ? Et sur le
plan hygiène de vie ?
- Ai-je des soucis dans ma vie de tous
les jours ? (votre copain ou copine
vient de vous quitter, ce n’est pas toujours évident d’être mentalement au
top pour réussir sa compétition !)
Un autre critère important avant de parler
de psychologie c’est le caractère répétitif
de ce type de contre performance.
Ainsi, à chaque tournant de leur carrière,
certains sportifs feront une ou plusieurs
contre performances. Cette dernière peut
dans ce cas exprimer leur appréhension
de l’échec ou des conséquences que la
réussite peut entraîner.
Parfois ces contre performances sont plus
délicates à analyser : ainsi elles peuvent
traduire une colère inconsciente contre
des personnes. Le sportif veut réussir mais
ne peut pas inconsciemment le faire.
Ainsi, certains sportifs seront contre performants pour « ne pas faire plaisir à leurs
parents » ou « parce que pour leurs parents le sport ce n’est pas bien »…
Le psychologue va, dans ce cas, les aider
à prendre conscience de la raison qui les
conduit à la contre performance pour les
aider ensuite à résoudre leur conflit intérieur.
7
Spécial colloque
En conclusion, il existe autant de raisons
à la contre performance que de demandes
concernant ce problème.
La blessure
Le psychologue peut intervenir pendant la
période de la blessure car beaucoup de
sportifs vivent ce moment comme une trahison de leur corps.
De plus du statut de sportif, il passe à celui
de patient. Il devient dépendant du corps
médical alors que l’indépendance est souvent un trait de personnalité du sportif.
Le psychologue l’aide à mieux accepter
cette blessure. Il intervient aussi pour accompagner le sportif dans son retour progressif dans son activité.
Mais la blessure peut aussi avoir un sens
et traduire un mal être, un conflit, …,
quelque chose de psychologique. Avant de
faire cette conclusion, là aussi plusieurs
critères doivent être pris en compte :
Les problèmes médicaux : tous les examens nécessaires doivent être faits. J’ai
mal quelque part, en 1 je prends rendez
vous avec mon médecin. Une entorse mal
guérie fragilise le membre touché.
L’hygiène de vie : le sommeil, l’alimentation, le rythme de vie…,
L’aspect répétitif et « bizarre » de ces blessures ou maladies : ainsi tel sportif avant
chaque sélection, tombera malade, ou se
foulera la cheville… 1 fois, 2 fois, cela peut
arriver mais quand ces problèmes prennent un caractère répétitif la question du
« psy » peut être posée et recherchée.
La liste pourrait être longue encore car les
demandes des sportifs sont très variées.
CONCLUSION
Comme vous l’aurez compris, préparation
psychologique et préparation mentale sont
2 approches différentes ET complémentaires. Les sportifs, entraîneurs, parents
seront très friands de techniques de préparation mentale. Mais attention de ne pas
faire l’impasse sur les conflits psychologiques que peuvent rencontrer les sportifs.
reposer s’avèrera beaucoup plus bénéfique.
N’allez pas croire cependant que je suis
opposée à la préparation mentale. Je l’utilise aussi dans mon travail avec les clubs,
fédérations sportives.
Pour moi, la préparation mentale a certes
son utilité dans la quête de la performance
mais il est important de se rappeler que
chaque sportif est avant tout une personne unique avec une histoire, un vécu
et que son histoire ne s’arrête pas à sa vie
de sportif ! 
Virginie JACOB DALLA COSTA
Psychologue, spécialisée dans le sport
Sophrologie, préparation mentale
[email protected]
Je compare souvent la préparation mentale à l’aspirine que l’on prend quand on a
mal à la tête. Si le mal de tête a comme
origine un manque de sommeil, dormir, se
En haut à gauche table ronde finale de gauche à droite :
Laure Péquegnot, Pascal Silvestre, Raphaèle Blum, Jean-Philippe
Heuzé et David Allemoz au micro
En bas à gauche : Jean Louis VIDAL, Marcel CALVAT et Gérard
GAUTIER
Ci dessous :Marcel CALVAT animant la table ronde finale
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N° 72 - Décembre 2009
LA PRÉPARATION MENTALE SUR LE TERRAIN
CHEZ LES JEUNES SKIEURS EN SKI ALPIN
Par Raphaèle Blum Préparateur psychologique/coach mental
LE SKI DE HAUT NIVEAU
Le ski alpin est tout d’abord un sport de
glisse qui se pratique dans un environnement incertain et instable.
C’est un sport d’équilibre et de déséquilibre en mouvement, le skieur doit ajuster
en permanence les inclinaisons de son
corps aux reliefs et aux variations des différentes forces s’exerçant sur les skis.
C’est un sport d’intelligence en mouvement, car il implique une adaptation et une
réadaptation permanente de sa gestuelle,
de son équilibration, à tous les paramètres
rencontrés.
des émotions... Qui demandent au skieur
d’être bon physiquement, techniquement
Une habileté mentale est un « processus
ou une technique permettant de contrôler
ou diriger les pensées, les sentiments ou
les émotions indispensables à la performance » (Smith, 1993).
Ex : la relaxation, l’imagerie, le dialogue interne, la fixation d’objectif, l’orientation,
l’attention…les habiletés mentales sont
apprises et non observables : on observe
ses manifestations.
et mentalement.
Lorsque nous observons deux skieurs de
haut-niveau, tous deux très bon techniquement et physiquement, ce qui va les distinguer sont les habiletés mentales
développées et la capacité à les utiliser et
à les maîtriser à l’instant t.
Ainsi, le ski est un sport d’habileté ouverte
où le skieur est constamment en mouvance gestuelle; ce qui implique donc une
intelligence gestuelle, de mouvement, qui
doit permettre, en fonction des fondamentaux, des acquis techniques ainsi que du
mental, de pouvoir s’adapter et se réadapter en permanence aux terrains instables.
LA PREPARATION MENTALE
Le ski de haut niveau requiert des capacités d’adaptation, de disponibilité, d’anticipation, de combativité, de concentration et
re-concentration, de motivation, de gestion
La préparation mentale est une préparation à la compétition par un apprentissage
d’habiletés mentales ainsi qu’un accompagnement quotidien des skieurs pour attein-
“L’ENTRAINEUR DE SKI ALPIN”
dre la performance.
La préparation mentale a donc pour objectif l’autonomie du sportif face à la production de performance en les amenant à
avoir « du mental » c’est à dire à être capable de contrôler, de manière consciente
ou inconsciente, son corps, ses émotions,
ses processus de traitement de l’information et ses relations aux autres dans le but
d’être performant.
En travaillant son « mental », le skieur
prend conscience de ses stratégies mentales de réussite, s’entraîne à les pratiquer
tout comme la technique, le physique ou
la tactique, afin de les automatiser et d’y
avoir accès systématiquement dans la
réalisation de l’objectif visé.
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Spécial colloque
Types
Caractéristiques
Le réformiste
Cherche
la
perfection,
réaliste,
consciencieux, raisonnable, honnête,
auto discipliné, fiable, haut sens moral
(principe et rigueur).
Attentionné,
chaleureux,
serviable,
généreux, indulgent et sincère, se fait du
souci pour les autres, répond aux désirs
des autres.
Energique, sûr de lui, optimiste, efficace,
autonome, confiant.
L’aidant
Le battant
L’artiste
Motivation
fondamentale
Vivre de manière juste.
Stress
Se sentir aimé et estimé.
Tendance à devenir possessif,
manipulateur, jaloux.
Réussir, être productif et
éviter l’échec.
Barre fixée haute.
Tendance
à
devenir
opportuniste, agressif, menteur,
inconstant,
à
rechercher
exagérément
sécurité
et
honneurs. Il se croit nul : « on
m’aime pas pour ce que je suis
mais pour ce que je fais ».
Tendance à devenir tourmenté,
dépressif.
Tendance à devenir intolérant,
colérique, obstiné, pointilleux.
Original, authentique, créatif, intuitif,
raffiné, mélancolique, sensible. Difficulté
à se positionner. Rien à faire des
principes.
Assoiffé de connaissance, curieux,
analytique,
capable
d’une
bonne
perception, réservé, objectif, autonome.
Chercher un sens à sa
vie, être compris, être
différent des autres.
Chercher à tout savoir et
tout comprendre, rester
autonome.
Tendance à devenir distant,
sceptique, théorique.
Le loyal
Est responsable, dévoué, digne de
confiance, engagé, courageux, doute
souvent,
anticipe
les
scénarios
possibles.
Cherche la sécurité.
Tendance à devenir rigide,
peureux, dépendant et agressif.
Il a peur d’être trahi.
Le généraliste
Est un bon vivant, optimiste, charmeur,
gai, curieux, spontané, enthousiaste.
Déteste l’ennui ou ennuyer les autres.
Avoir
des
activités
agréables, apporter une
contribution au
monde,
éviter
la
souffrance et la douleur.
Tendance à devenir impulsif,
dispersé, immodéré.
Le leader
Est puissant, dominant, courageux,
combatif,
protecteur,
responsable,
indépendant, sûr de lui,
loyal, réaliste.
Tendance à devenir violent,
cassant.
Le médiateur
Cherche l’union avec les gens, réceptif,
facile à vivre, paisible, patient et
diplomate. S’adapte facilement.
Se montrer fort, compter
sur soi-même, agir dans
son propre intérêt, être
indépendant, relever les
grands défis.
Préserver la paix et
éviter les conflits.
L’observateur
Tendance à devenir passif,
indécis, inactif.
« on me rejette quand j’exprime
mon opinion ».
Exemple de type de profil de personnalité des skieurs
LA PREPARATION MENTALE
CHEZ LES CATEGORIES
JEUNES
Sur le terrain, les skieurs s’expriment le
plus souvent directement en termes :
- D’énergie « je suis fatigué… j’ai la
forme… »,
- D’émotion « j’ai peur de ne pas y arriver, de me faire mal …»,
- De traitement de l’information « je me
suis déconcentré…»,
- De relationnel « subir son partenaire,
communication avec l’entraineur, avec
la famille »
- De confiance « je n’ai pas confiance…
j’ai confiance… ! ».
Ils expriment un besoin concret ou un état
lié à une situation qu’ils souhaitent soit modifier, soit reproduire. Il est donc important
de leurs répondre en termes de compétences c’est-à-dire de savoir-faire, de corrections, de représentations et d’émotions,
afin qu’ils puissent gérer leurs situations de
façon la plus autonome possible.
Cet objectif d’autonomie implique le savoir
minimum concernant chaque compétence : la connaissance du « pourquoi ».
Cela implique de savoir repérer ce qu’il
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faut modifier ou reproduire, quel en est
l’objectif et comment procéder pour modifier ou reproduire ?
Par exemple: dans une manche, lorsque le
skieur produit une erreur qui le déconcentre, il « sait » qu’il doit se « re-concentrer »,
son objectif est de se replacer et donc de
traiter immédiatement l’erreur.
Pour cela, des stratégies de concentration
et de re-concentration auront été mises en
place auparavant et intégrées (comme le
discours interne, l’ancrage, la respiration)
Ainsi, dès les catégories minimes-cadets
et même avant, des bases mises en place
seront constructives pour la suite.
LA RELATION ENTRAÎNEUR
/ ENTRAÎNÉ
1- S’adapter aux différents profils des
skieurs
Les jeunes skieurs, en plus de leurs corps
différents, de leurs passés différents, ont
également des profils de personnalité différents. En effet, les entraîneurs gèrent
des jeunes qui fonctionnent différemment,
qui n’ont pas la même motivation, pas la
même façon d’intégrer les informations,
pas la même façon de fonctionner, pas la
même éducation, pas la même autonomie…
Par exemple, au départ d’une compétition,
certains auront besoin d’être activés au départ et d’autres relaxés.
Ainsi, face à ces différents profils, l’entraîneur doit adapter et individualiser ses interventions.
2- La communication verbale
Mettre en place une communication
constructive
La communication est très importante
dans la progression du skieur. Les entraîneurs se trouvent donc face à des leaders,
des sensibles, des hyper actifs, des forces
tranquilles, des stressés… chacun réagit
différemment, et il est important pour l’entraîneur d’adapter sa communication.
Certains chercheront à tout comprendre,
d’autres à être le meilleur dans n’importe
quel domaine, d’autres à s’amuser…
Certains mots motivent ou peuvent avoir
un effet motivateur pour certains et ces
mêmes mots auront un effet destructeur
pour d’autres.
Par exemple, « si tu étais descendu à pied,
tu serais allé aussi vite… », « Si tu n’es pas
capable, tu rentres à la maison ».
L’entraîneur doit privilégier une communication constructive adaptée aux différents
skieurs.
N° 72 - Décembre 2009
Spécial colloque
Les consignes
Le vocabulaire utilisé lors des entraînements et des compétitions a également un
impact important sur la compréhension et
la réalisation de la consigne.
En effet, il est important pour l’entraîneur
d’éviter dans les consignes ou les corrections les tournures négatives et/ou limitantes. « Essaie de ne pas t’asseoir… » ;
« Si tu arrives à passer cette figure, ne
laisse pas tes bras en bas », « ne regarde
pas tes pieds » « ne dérape pas dans le
mur»…
Le skieur aura beau avoir bien saisi la
consigne, il recommence, recommence
encore et n’arrive pas à passer outre. Cela
a tendance à énerver l’entraîneur qui
prend cela pour un manque de concentration, de motivation, du je-m’en-foutisme…
Or le cerveau n’entend pas la négation,
l’entraîneur aura beau répéter la consigne,
si celle-ci est négative, le skieur mettra
beaucoup plus longtemps à l’intégrer et à
l’exécuter.
Ainsi, en reprenant les exemples ci-dessus « ne regarde pas tes pieds » « ne dérape pas dans le mur»… le cerveau retient
et se représente « regarde, pieds », « dérape, mur »! Alors que si la consigne est
« regarde devant », « appui au dessus de
la porte », le cerveau retient les termes, et
la consigne est intégrée et réalisée très rapidement.
De plus, les tournures limitantes comme
« essaye de… », « si tu arrives… », amènent un élément déterminant aux skieurs
qui est : « ce n’est pas sûr » ; la notion de
doute. Cela implique qu’il n’y arrivera peut
être pas ou alors qu’il peut essayer mais
que ce n’est pas sûr non plus. Il est donc
important d’éviter ces mots limitants.
Alors imaginons quand les deux tournures
sont ensembles dans une consigne : « essaie de ne pas t’asseoir… » ; « Si tu arrives à passer cette figure, ne laisse pas
tes bras en bas », le skieur se représente
s’asseoir ou les bras en bas et rajoute pardessus la notion de doute dans la capacité
à le faire.
Représentation du vocabulaire
Le skieur peut avoir des représentations
d’un mot différentes que l’entraîneur. En
effet, lorsque l’entraîneur communique,
lorsqu’il énonce une consigne, le sens
n’est peut être pas compris ou la signification peut être différente. Les consignes, les
corrections, doivent être précises et détaillées.
Prenons l’exemple du terme « performance » : quelle définition en donne l’entraîneur ? Et l’athlète ? Il se peut que
l’athlète en fasse une représentation différente de celle de l’entraîneur, ce qui peut
poser problème. Il est important de se synchroniser sur les termes.
“L’ENTRAINEUR DE SKI ALPIN”
La performance est l’atteinte d’objectifs
préalablement fixés. Mais pour les jeunes
elle est une recherche mentale induite par
le skieur, l’engagement sur le terrain. Que
ce soit en descente, en super géant, en
géant ou en slalom, « performer », c’est
avoir appris à lire le terrain, avoir emmagasiné les informations pour être efficace.
En effet, le skieur qui n’est pas capable de
lire le terrain, qui n’a pas emmagasiné son
parcours, les figures, les mouvements de
terrain, les différences de neige ne pourra
pas performer et à la première difficulté, il
sera à la faute.
Performer c’est également la préparation
de la course : la préparation du matériel,
le fartage, l’hygiène de vie… mais aussi
après la course : le bilan, la vidéo… Performer c’est mettre tout en place pour aller
vite et pour ne pas freiner.
Il est donc essentiel d’avoir un retour de la
compréhension de l’athlète lors d’un
échange avec l’entraîneur afin de réduire
le décalage des significations des mots et
par conséquent la relation entre eux sur le
terrain, relation de confiance qui se met en
place vers un but commun.
Feed-back
Dans la démarche d’apprentissage, le
feed-back de l’athlète dès le plus jeune
âge est primordial dans le sens qu’il donne
à sa pratique et à ses actions.
On peut lui demander de reformuler la
consigne ou la correction afin de voir s’il a
bien compris et intégré ce que l’entraîneur
lui a demandé.
3- Communication non verbale
Les messages non verbaux sont associés
en permanence aux messages verbaux.
Les attitudes et les comportements sont
autant de messages que le jeune décode
automatiquement.
Veiller à donner le même message comportemental et verbal.
Ex : si vous parlez haut et fort sur un ton
très sûr et en même temps, vous vous
grattez la tête en regardant vers le bas,
vous donnez le message inverse à travers
vos paroles et vos expressions de visage.
4- La communication hors terrain
L’entraîneur crée de « l’entrain ». Les progrès visent autant la performance sportive
du skieur que son épanouissement personnel. Un des rôles de l’entraîneur est de
réguler perpétuellement le niveau de motivation du sportif en prenant en compte
aussi bien les paramètres sportifs qu’extra-sportifs.
L’environnement du skieur comme l’entou-
rage, la famille, l’éloignement de la famille,
une blessure et un retour à l’activité, la relation entraîneur-entraîné, la représentation de la compétition...vont influer sur ses
performances.
En effet, certaines situations ou divers événements que traversent le sportif influent
directement sur sa motivation à s’entraîner
ou à concourir. Des comportements opposés peuvent alors apparaître : soit une surmotivation entraînant une activation
intense conduisant jusqu’au surentraînement, soit une baisse d’investissement
tant en compétition comme à l’entraînement conduisant aux contre-performances.
Souvent, ces comportements sont occasionnés par un changement de structure
d’entraînement, une sélection, une non sélection, plus de temps disponible pour
s’entraîner, un problème personnel, une
contre performance, une performance, les
parents ou différentes pressions.
Outre les capacités à déceler les dysfonctionnements, l’entraîneur doit privilégier
une communication optimale, une écoute
(engagement de soi dans la relation avec
le skieur), une présence, un accompagnement, un soutien afin de modifier judicieusement le comportement du sportif (savoir
recadrer énergiquement, savoir stimuler,
encourager ...) et de créer un rapport de
confiance.
Ainsi l’entraîneur doit mettre en place un
contexte optimal en accompagnant le
skieur dans sa croissance, ses projets, son
identité…
LES PEURS: APPRENDRE À
SAVOIR-PERDRE
La peur est une menace ressentie à partir
de stimuli facilement identifiables comme
la peur d’échouer, de tomber ou encore de
se blesser.
Le refoulement de la peur est très souvent
présent dans l’apprentissage du skieur. «
Si tu as peur, tu rentres à la maison »,
« fais un autre sport… » ou quand le skieur
voit que les autres du groupe n’ont pas
peur, il va enfouir cette peur et suivre le
groupe. Être constamment fort, au risque
de paraître ridicule, de ne plus être reconnu, de ne pas être remarqué…
Si je montre une faiblesse, je vais être jugé
et peut-être rejeté alors je la cache et je la
refoule jusqu’au jour où elle ressort pouvant entraîner une blessure, une non sélection, une mise à l’écart…
Dès lors où le skieur va percevoir un décalage entre ses ressources et la tâche,
une situation menaçante pour son intégrité, il va stresser. Cet état de stress peut
durer ; même si cette perception de décalage est ponctuelle, la conséquence qui
11
Spécial colloque
gressé ? ». Ils cherchent à faire la démonstration de progrès personnel et d’apprentissage : plus ils font des efforts, plus
ils progressent.
Ainsi, l’impression d’avoir donné son maximum procure un sentiment de compétence.
s’en suit peut durer longtemps.
Plus tard, en pôle France, en équipe de
France, si j’échoue, on me vire… peurs…
de descendre d’un groupe… recours : la
fuite (abandon, sortie), la blessure : le
corps parle à notre place. Les blessures la
veille de partir, à l’échauffement, pendant
la course ? Blessure de fatigue ? Ou solution de secours pour dire stop ?
La peur de perdre : si j’échoue, si je fais
une faute… alors on ne m’aime plus …
Et si on intégrait cette notion dans l’apprentissage, qu’est-ce que cela changerait ?
Par la communication avec le jeune : si
une peur apparait : peur de mal faire: oui
et après ? Qu’est-ce qui va t’arriver si tu te
fais mal ? Tu ne vas plus être aimé ? Tu
ne vas plus être apprécié ? Tu vas paraître
nul ? Et après ?
En intégrant cette notion d’acceptation, de
compréhension et de domination de la
peur dans la vision de l’entraînement permettrait au skieur de se concentrer sur ses
objectifs, sur la façon de les atteindre sans
toutes les pensées négatives entravant la
performance.
Des les catégories jeunes, le skieur doit
apprendre à accepter, à comprendre et à
intégrer l’erreur ou l’échec dans sa vision :
savoir traiter l’erreur sans jugement. L’erreur fait partie de la réussite, il doit se donner le droit à l’erreur.
Le skieur sera ainsi non pas motivé par
peur de… la sanction, du manque de reconnaissance, de la perte de l’amour du
père ou de la mère… mais par envie d’innover, de se démarquer, de produire…
pas fuir… mais aller vers…
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LE CONTRÔLE DES
ÉMOTIONS
« Celui qui perd le contrôle émotionnel
perd la compétition » (J.Taylor, psychologue du sport).
Les émotions sont l’élément-clé, finales et
déterminantes dans la production de la
performance. Elles sont primordiales car
«puissantes et immédiates», elles guident
les performances du skieur.
Les skieurs doivent tirer parti de leurs
émotions pour réaliser pleinement leurs
capacités et développer les challenges
émotionnels : encourager la prise de
risques, rendre les erreurs acceptables et
redéfinir le succès et l’échec comme
contrôlables.
L’orientation de la motivation
Pourquoi le jeune se lève-t-il tous les jours
pour venir s’entraîner ? Motivation, mais
vers quoi ?
La motivation correspond ici à une recherche de performance, d’excellence.
L’atteinte ou la non-atteinte est évaluée
par des critères sociaux, personnels et
d’objectifs ; elle sollicite donc la compétence et l’effort.
Le skieur a une motivation soit liée aux bénéfices qu’il tire directement de son activité, soit qui renvoie à l’ensemble des
récompenses et des sanctions.
Certains se sentent compétents en se référant à des critères personnels (à leur
propre performance) et sur un processus
de comparaison temporelle : « Ai-je pro-
Certains ont besoin de démontrer qu’ils
sont les meilleurs. Le skieur est donc ici
préoccupé par son positionnement par
rapport aux autres : il veut « démontrer »
sa compétence et « dissimuler » son incompétence. Il va démontrer son habileté
en montrant une supériorité face aux autres. « Où je me situe par rapport aux autres? Suis-je bon ? Suis-je ridicule ? ».
Le skieur se repose ici sur des critères externes : sur la comparaison et la performance des autres skieurs.
Il peut avoir progressé sans pour autant se
sentir compétent parce qu’il reste en dessous des meilleurs. Il peut aussi se sentir
compétent quand il obtient le même résultat que les autres, mais avec moins d’effort. Ainsi son effort augmente sa
performance mais signale son incompétence en cas d’échec.
Il faut tout de même préserver l’affrontement compétitif car l’incertitude du résultat,
attachée à la compétition, a un côté motivant.
De plus, le but que poursuit le skieur dépend à la fois de sa personnalité et du
contexte.
En effet, à travers ses relations avec son
entourage ainsi que des feed-backs apportés par les personnes référentes, il a une
prédisposition à s’orienter sur l’activité ou
sur les autres.
Le contexte a une part importante dans le
fait qu’il influence le choix du skieur à
s’orienter soit vers sa propre performance
soit vers une comparaison.
L’environnement l’amène à adopter un
comportement adapté qui va lui permettre
de réussir. Un but impliquant une comparaison sera induit lors de tests ou de compétitions (feed-backs normatifs) alors que
le but vers sa propre performance sera induit lorsque les feed-backs insisteront sur
l’investissement et les progrès en réduisant les récompenses, punitions…
LA FIXATION DE BUTS
Afin de mettre en place chez le skieur une
motivation constante et élevée, il est nécessaire de développer une stratégie d’objectifs (amener le skieur à savoir où il va,
à gérer les nouveaux choix qui se présentent à lui).
Tout d’abord les buts devront être orientés
vers la propre performance des skieurs,
N° 72 - Décembre 2009
Spécial colloque
spécifiques et difficiles mais réalisables et
hiérarchisés à long et à court terme.
Pour optimiser cette stratégie de buts, le
skieur peut écrire ses propres buts sur un
« cahier de buts » et développer des stratégies d’atteinte de ses buts (planification,
…).
L’entraîneur doit :
Prendre en considération la personnalité
de chaque sportif et orienter des stratégies
vers des critères personnels.
Favoriser l’engagement personnel du
sportif vers les buts visés en encourageant
les progrès et en laissant le skieur participer à ses propres buts.
Soutenir le skieur dans ses efforts pour atteindre ses buts : communiquer avec l’entourage pour lui signifier l’importance des
performances de maîtrise à côté de celle
habituellement accordée aux résultats.
Evaluer les progrès dans la réalisation des
buts d’après les stratégies d’évaluation initialement prévues.
Ainsi, grâce à cette stratégie de buts, le
skieur sait où il va, apprend à se connaître
et à gérer les choix qui se présentent à lui,
ce qui augmente sa motivation et ainsi sa
performance.
LA CONCENTRATION ET LES
STRATÉGIES
Que ce soit pendant les entraînements ou
pendant les compétitions, le skieur est
placé devant des situations où il lui est nécessaire de s’adapter en permanence.
Il est plongé dans un environnement et reçoit des informations très variées qu’il doit
apprendre à traiter. Elles sont d’ordre visuel, auditif ou kinesthésique.
Il sera intéressant ici d’amener le skieur à
sélectionner les informations pertinentes
pour l’action et de délaisser très vite les
non-pertinentes afin qu’il soit le plus efficace.
De nombreuses stratégies peuvent être
mises en place comme des ancrages, de
l’imagerie mentale où le skieur utilisera ses
différents sens pour créer ou reproduire
une situation dans sa tête, ce qui sera utile
dans son apprentissage mais également
dans d’autres domaines comme le
contrôle énergétique ou le contrôle émotionnel.
Ainsi grâce à la mise en place de straté-
gies de concentration optimisant la qualité
et l’intensité, le skieur pourra focaliser son
attention sur les points essentiels.
Un travail sur les croyances est également
intéressant à aborder où le but sera de diminuer les croyances négatives liées à soi
et aux autres et de les changer en des
croyances positives.
LA CONFIANCE EN SOI
La confiance en soi peut être définie
comme une sorte de croyance. Elle est la
conviction qu’a le skieur dans sa capacité
à atteindre son objectif.
La plupart des jeunes skieurs ne savent
pas pourquoi elle apparaît et surtout pourquoi elle disparaît. Après un échec, certains savent très vite la reconstruire,
d’autres vivent cet évènement comme une
perte d’estime de soi.
Les différents potentiels que nous venons
de voir influent sur la confiance en soi de
l’athlète. Lorsque l’ensemble du travail
mental accompli et des savoir-faire est mis
en œuvre, cela va constituer un équilibre
qui va optimiser la confiance en soi de
l’athlète.
La confiance en soi et la performance sont
liées, au fur et à mesure que la confiance
augmente, la performance va augmenter.
Or, lorsque la confiance devient excessive,
la performance diminue rapidement. Pour
que les skieurs soient performants, il faut
que leur niveau de confiance soit optimal. :
« Zone optimale de confiance ».
Un skieur qui manque de confiance en lui
va se concentrer sur ses faiblesses plutôt
que sur ses forces. Souvent, ils expliquent
leurs baisses de performance par la
baisse de confiance. Mais il faut chercher
la cause de cette baisse. La confiance est
une construction de tous les instants.
L’oscillation du niveau de confiance est habituelle et normale mais le skieur doit être
capable de retrouver ce niveau avant
l’épreuve.
S’aimer soi même, s’accepter tel qu’on est,
c’est le socle de la confiance.
Quelques questions simples pour estimer
le manque « d’amour de soi » :
- qui suis-je ?
- quels sont mes défauts / mes qualités ?
- de quoi suis-je capable ?
- quels sont mes réussites / mes échecs ?
- est- ce que je conduis ma vie comme je
le souhaite ?
- est-ce que je triche avec moi-même ?
- quelle est ma valeur à mes yeux / aux
yeux des autres ?
- suis-je en paix avec moi-même ou fréquemment insatisfait ?
Les réponses données seront d’excellentes indications pour établir une vision
positive du skieur et pouvoir établir ou rétablir la confiance.
CONCLUSION
Les interventions en préparation mentale
chez les catégories jeunes en ski se centrent principalement sur la communication
verbale et non verbale à mettre en place,
la représentation des mots, le non jugement, l’acceptation des peurs, la relation
entraîneur-entraîné qui vont entraîner un
rapport de confiance, un langage et des
objectifs communs et des bases solides
pour la suite dans l’évolution du skieur.
Le but est d’amener le jeune skieur à se
connaître, à s’écouter, à donner du sens à
ce qu’il fait afin de le rendre autonome
pour la suite.
La notion de plaisir est à privilégier notamment à travers des buts impliquant des critères personnels, de progrès et d’effort
pour se dépasser.
La concentration mentale pourrait être utile
à mieux mettre en œuvre la phase psychologique de préparation. De même, la
phase psychologique de l’action pourrait
être travaillée par des techniques d’habileté mentale qui permettent de développer
la détection des moments opportuns pour
la mise en œuvre de cette action (c’est en
fait ce que préconise Dominique Keller
dans « approche du piquet en slalom », n°
71 de septembre 2009), la phase de relaxation émotionnelle pourrait être
conduite par les techniques appropriées
dites de relaxation, et enfin celle du bilan
par des techniques de méditation par
exemple, ou de développement de l’attention. Une démarche de ce type permettrait
à l’entraîneur de s’adapter à chaque type
de skieur et de choisir, avec l’accord de ce
dernier, la ou les phases à travailler. Elle
aurait de plus l’avantage de rester simple,
en laissant l’aspect théorique à la psychologie et le concret aux techniques mentales . 
[email protected]
Références Bibliographiques
Cox, R.H. (2005). Psychologie du sport. De Boeck.
Durand-Bush, N. & Salmela, J.H. (1995)
Locke, E.A., & Latham, G.P. (1985). The application of goal setting to sports. Journal of Sport Psychology
Nicholls, J.G. (1984). Conceptions of ability and achievement motivation. In R. Ames & C. Ames (Eds.), Research on motivationin education:
Student motivation (Vol. I). New York: Academic Press
Target, C. (2003). Manuel de préparation mentale. Chiron
“L’ENTRAINEUR DE SKI ALPIN”
13
L’EFFICACITÉ DU
PSYCHOLOGUE DU SPORT
SELON LES ATHLÈTES
Jean-Philippe Heuzé
Université Joseph Fourier, Laboratoire SENS,
Centre d’Expertise et de Formation en Activités Physiques et Sportives
L’intervention psychologique auprès de sportifs reste encore marquée par des attitudes ou des à priori négatifs (Lévèque,
1993). Souvent, elle suscite un certain scepticisme de la part des
acteurs sportifs (Bull, 1995), voire soulève une appréhension, une
crainte d’être stigmatisé par les autres (son entraîneur, ses partenaires d’entraînement, en particulier) si ces derniers apprennent
que l’on consulte un(e) psychologue du sport (Martin et al., 2001).
Combattre ces attitudes suppose d’informer tous les acteurs sportifs sur la réalité d’une intervention psychologique, ses conditions
d’efficacité. Les témoignages d’anciens champions ayant recouru
à ce type de dispositif peuvent également remplir cette fonction.
En s’appuyant sur des entretiens réalisés avec une trentaine de
sportifs de niveau international, cet article propose de rapporter
le point de vue des athlètes sur leur travail réalisé avec un(e) psychologue du sport et les éléments qui, selon eux, concourent à
l’efficacité de cet intervenant.
En 2004, Anderson, Miles, Robinson et Mahoney ont publié une enquête réalisée auprès de trente sportifs internationaux
(20 femmes et 10 hommes) ayant travaillé entre 1 et 9 ans avec
un(e) psychologue du sport. Dans cette enquête, les auteurs demandaient aux participants de décrire les qualités importantes
d’un(e) psychologue du sport et les activités réalisées avec lui/elle
qui, selon eux, concouraient à l’efficacité de l’intervention.
En terme de personnalité, les sportifs ont souligné
qu’un(e) psychologue du sport devait être calme, posé(e), extraverti(e), honnête et digne de confiance. Cette dernière qualité
était présentée comme une caractéristique fondamentale pour
développer une relation de travail avec les sportifs.
Les athlètes ont également associé l’efficacité du/de la
psychologue du sport à sa qualité d’écoute permettant aux sportifs de facilement lui parler, se confier. Ils ont également insisté
sur la disponibilité de cet intervenant, ce qui pouvait supposer son
14
immersion dans la situation vécue par les sportifs (par exemple,
partager des stages, des entraînements). A cette disponibilité
s’ajoutait son accessibilité, soit une attitude générale (comportements, propos) perçue par les athlètes et interprétée comme la
possibilité pour eux de l’aborder, de l’approcher. Enfin, l’empathie,
soit l’intuition des sentiments, des humeurs, des émotions ressenties par les sportifs, était également attendue par les athlètes.
Le/la psychologue du sport a également été présenté(e)
par les participants de cette étude comme un médiateur de la relation entraîneur-entraîné. Les sportifs percevaient cet intervenant
comme une personne neutre entre l’entraîneur et l’athlète, permettant de faire le lien entre les deux. Mais parfois, la neutralité
de cet intervenant, perçu comme un membre du staff technique
de l’entraîneur, interrogeait, inquiétait, amenait à douter de la
confidentialité du travail pouvant être réalisé avec lui/elle. Partington et Orlick (1991) ont souligné combien il était important
pour un(e) psychologue du sport d’expliciter, de clarifier son rôle
auprès des athlètes et de leur(s) entraîneur(s) pour construire
une relation de confiance avec eux.
Une question récurrente dans le domaine de l’intervention psychologique, en contexte sportif, concerne le niveau de
connaissance du/de la psychologue de l’activité sportive pratiquée par les personnes avec qui il/elle travaille. Certains sportifs
se considèrent mieux compris par un intervenant disposant d’une
bonne connaissance de leur activité sportive. Mais ce sentiment
n’est pas partagé par tous, car d’autres estiment, au contraire,
qu’une méconnaissance du sport confère à cet intervenant un regard plus objectif, original, novateur sur leurs pratiques. Cette méconnaissance de l’activité sportive peut aussi prémunir
l’intervenant contre une confusion possible des rôles qui le
conduirait à conseiller des athlètes dans des domaines ne relevant pas de la préparation psychologique (par exemple, des élé-
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Spécial colloque
ments techniques ou tactiques). Enfin, certains sportifs considèrent qu’un intervenant non spécialiste de leur discipline leur permet plus facilement de « prendre un temps mort » par rapport au
sport, de se distancier de leur activité. Face à ces avis contradictoires, Anderson et ses collègues (2004) estiment plus important
de témoigner aux athlètes un intérêt pour leur sport, une volonté
d’apprendre les spécificités de leur activité au travers de leur discours, que de posséder une bonne connaissance du sport pratiqué.
Une dernière qualité associée à l’efficacité d’un(e) psychologue du sport concerne l’ouverture de cet intervenant. Les
internationaux interrogés ont apprécié travailler avec une personne qui ne parlait pas toujours de psychologie du sport, n’était
pas toujours en train de les observer, mais les percevait dans leur
globalité et leur individualité, en ne les réduisant pas à des sportifs.
Concernant les activités réalisées, les sportifs ont rapporté avoir appris et développé différentes habiletés mentales. Si
la relaxation constituait l’habileté la plus fréquemment travaillée
avec les psychologues du sport, l’imagerie, la concentration, le
contrôle du niveau d’activation, la motivation, la confiance en soi,
étaient également enseignés. Selon les athlètes, l’efficacité de
ces activités reposait sur leur intégration dans un travail de préparation à la compétition, voire dans une évaluation post compétitive.
Outre ces activités, les athlètes ont mentionné un travail
de dynamique de groupe pour développer et entretenir la cohésion entre les athlètes sélectionné(e)s pour représenter leur pays
dans une discipline particulière. Le travail en groupe leur permettait de partager des idées avec leurs partenaires, de mieux les
comprendre, mais également de se familiariser avec le/la psy-
chologue du sport quand ils hésitaient à franchir le pas d’un entretien individuel.
A ces actions classiques en contexte sportif s’adjoignait
une activité de conseil, fortement appréciée par les sportifs, pour
les aider à faire face à des difficultés ponctuelles, comme un
conflit avec autrui, une perturbation du sommeil, la survenue
d’une blessure (Sullivan & Nashman, 1998).
D’une manière générale, ces activités étaient perçues
par les athlètes comme un moyen de mieux se connaître, d’apprendre à s’assumer en étant sensibilisés à leurs propres pensées, leurs forces et leurs faiblesses, leurs réactions et
sentiments à l’égard d’autrui. Elles étaient réalisées dans des situations variées, allant d’un face à face individuel avec l’intervenant à des réunions collectives permettant de partager des idées,
de mieux se comprendre, voire de se familiariser avec le contenu
d’une intervention psychologique. Ces activités étaient programmées à distance des compétitions, ce qui constituait un critère
majeur d’efficacité selon les internationaux.
Pour conclure, l’efficacité d’un(e) psychologue du sport
repose sur différents critères recouvrant aussi bien des caractéristiques individuelles que des compétences professionnelles développées dans et à l’issue d’une formation solide en psychologie
du sport (Anderson, 2000). L’efficacité de l’intervention dépend
aussi du contexte dans lequel elle est délivrée (Heuzé, 2009 ; Lévèque, 2005), par exemple à distance de la compétition, soutenue
par l’entraîneur, intégrée dans le quotidien des athlètes. Lorsque
ces critères sont respectés, une collaboration fructueuse se met
en place entre le/la psychologue du sport et l’athlète, conduisant
ce dernier à évaluer positivement le service reçu et à envisager
une nouvelle collaboration, si nécessaire (Anderson et al., 2004)

Bibliographie
Anderson, M. B. « Doing sport psychology »,
Champaign, IL : Human Kinetics, 2000.
Anderson, A., Miles, A., Robinson, P., & Mahoney,
C. « Evaluating the athlete’s perception of the
sport psychologist’s effectiveness: What should
we be assessing? », Psychology of Sport and Exercise, 5, 255-277, 2004.
Bull, S. « Reflections on a 5-year consultancy program with the England women’s cricket team »,
The Sport Psychologist, 9, 148-161, 1995.
Heuzé, J. P. « Intervention psychologique auprès
d’une équipe sportive professionnelle » Bulletin de
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Lévèque, M. « Sport et psychologie. L’apport du
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Lévèque, M. « Aspects éthiques et déontologiques de l’intervention auprès des sportifs » Bulletin de Psychologie, 58, 475, 91-95, 2005.
Martin, S. B., Akers, A., & Jackson, A. W. « Male
and female athletes’ and nonathletes’ expectations about sport psychology », Consulting Journal of Applied Sport Psychology, 13, 18-39, 2001.
Partington, J., & Orlick, T. « An analysis of
Olympic sport psychology consultant’s best-ever
consulting experiences », The Sport Psychologist,
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Sullivan, P. A., & Nashman, H. W. « Self-perceptions of the role of the USOC Sport Psychologists
in working with Olympic athletes » The Sport Psychologist, 12, 95-103, 1998.
“L’ENTRAINEUR DE SKI ALPIN”
15
PREVENTION ET
ACCOMPAGNEMENT
PSYCHOLOGIQUE DE
L’ATHLÈTE BLESSÉ
Jean-Philippe Heuzé
Université Joseph Fourier, Laboratoire SENS,
Centre d’Expertise et de Formation
Depuis une vingtaine d’années, la psychologie du sport
s’est intéressée à la blessure, pour comprendre les facteurs psychologiques à l’origine de celle-ci et les réactions psychologiques
des athlètes blessés (Brewer, 1994 ; Evans & Hardy, 1995 ;
Wiese-Bjornstal et al., 1998). Les psychologues du sport espèrent
ainsi développer des programmes de prévention de la blessure
et améliorer la prise en charge des athlètes blessés en leur proposant un accompagnement psychologique (Williams, 2001). Cet
article vise à (1) décrire les principaux antécédents psychologiques de la blessure sportive, (2) rapporter quelques programmes de prévention de cette blessure, puis (3) présenter des
modalités d’accompagnement psychologique de l’athlète blessé.
Dans la littérature sur la blessure sportive, le stress apparaît comme un concept central défini comme une réponse non
spécifique de l’organisme à une demande qui lui est faite. Les
psychologues du sport considèrent que des facteurs de stress seraient à l’origine de certaines blessures, mais celles-ci constitueraient en elles-mêmes un facteur de stress auquel le sportif doit
faire face. Dès 1988, Andersen et Williams ont proposé un modèle
du stress et de la blessure (Williams & Andersen, 1998 ; Figure
1) regroupant les antécédents psychologiques de la blessure en
trois facteurs psychosociaux : la personnalité de l’athlète, son histoire personnelle, ses ressources de coping. Dans ce modèle, ces
facteurs ne sont pas directement responsables de la blessure,
mais en opérant séparément ou de manière combinée, ils atténuent ou exacerbent la réponse de stress du sportif (Petrie &
Perna, 2004). Dans ce dernier cas, ces facteurs créent des conditions favorables à la survenue de blessures.
Parmi les facteurs psychosociaux, les travaux sur la relation entre la personnalité de l’athlète et la blessure en sport ont
produit des résultats peu consistants. Les recherches s’orientent
vers les caractéristiques de la personnalité classiquement associées à une évaluation menaçante des situations d’évaluation :
personnalité de type A (hyperactivité, impatience, exigence vis-àvis de soi et des autres, etc.), trait d’anxiété élevé (tendance à
percevoir les situations de compétition comme étant menaçantes
16
Figure 1. Modèle du stress et de la blessure (Andersen
& Williams, 1988 ; Williams & Andersen, 1998).
et à répondre à celles-ci par des sentiments d’appréhension et
de tension), faible endurance (faible goût du risque, du changement, investissement dans peu d’activités). En augmentant la menace perçue, ces caractéristiques personnelles pourraient
indirectement favoriser des blessures.
A contrario, les études, qui ont lié les blessures à l’histoire des sportifs et à leurs ressources de coping, ont produit des
résultats plus convergents. Les événements stressants majeurs
survenant dans la vie d’un athlète (décès d’un proche, perte d’emploi, rupture sentimentale, par exemple) multiplieraient par 2 à 5
le risque de blessure (Williams, 2001). Les tracas du quotidien
augmenteraient brutalement dans la dizaine de jours qui précèdent une blessure (Fawkner et al., 1999). Enfin, les événements
de vie expliqueraient 10 à 15% des blessures constatées (voire
31% pour des joueurs déjà blessés lors de la saison antérieure)
chez les joueurs de rugby disposant d’un faible soutien social et
utilisant des stratégies de coping centrées sur l’évitement (Maddison & Prapavessis, 2005).
Pour limiter l’intensité de la réponse de stress imputable
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Spécial colloque
aux facteurs psychosociaux, les programmes de prévention de
la blessure mobilisent des techniques cognitives et comportementales de management du stress (Johnson et al., 2005 ; Maddison
& Prapavessis, 2005). Ces dernières comportent différentes
phases qui visent (1) à sensibiliser un athlète à ses propres réactions au stress, (2) à lui apprendre diverses habiletés mentales
(imagerie, relaxation, contrôle des pensées, fixation de buts, planification des événements) (3) qu’il devra utiliser dans des situations identifiées de stress, (4) puis dans des situations de la vie
quotidienne. Cette formation est dispensée au cours d’entretiens
de 1h30 à 2h, programmés pendant la présaison ou la saison
elle-même, auxquels s’ajoutent des exercices complémentaires
à réaliser de manière autonome. D’une durée de 6 à 12 mois, ces
programmes ont démontré leur efficacité en réduisant significativement le nombre de blessures constatées (Johnson et al., 2005)
ou le temps d’indisponibilité après blessure (Maddison & Prapavessis, 2005). Les psychologues du sport conseillent d’implanter
ces programmes pendant la phase préparatoire à la compétition
sportive et de les poursuivre tout au long de la saison sportive.
Ces programmes de prévention ne prémunissent pas
pour autant les athlètes contre toute blessure pouvant survenir
pendant les entraînements ou les compétitions sportives. Aussi,
la psychologie du sport s’est également intéressée à l’accompagnement des sportifs blessés. Comme les réactions psychologiques à la blessure mobilisent des réponses composites aux
niveaux émotionnel (détresse, incrédulité, frustration, colère, dépression, etc.), comportemental (isolement, moindre adhésion au
programme de réhabilitation, etc.) et cognitif (pensées négatives,
doutes, peurs de reprendre trop vite, de se blesser à nouveau,
de ne pas retrouver son niveau sportif, etc.), les dispositifs d’accompagnement poursuivent différents objectifs : maintenir l’équilibre émotionnel de l’athlète, identifier et mobiliser les stratégies
de coping disponibles, soutenir l’efficacité personnelle, favoriser
le processus de réhabilitation. Les moyens employés comprennent l’utilisation des habiletés mentales et la réalisation d’entretiens individualisés.
Plusieurs études se sont intéressées à l’utilisation de
l’imagerie mentale et de la relaxation dans des protocoles d’accompagnement d’athlètes blessés (Cupal & Brewer, 2001 ; Ross
& Berger, 1996). Elles ont démontré que des sportifs opérés d’un
genou, employant ces habiletés, ressentaient moins de douleur
après une opération chirurgicale, éprouvaient moins d’anxiété,
récupéraient plus rapidement leur force musculaire, voire leur niveau d’activité physique antérieur.
Outre ces habiletés, l’entretien constitue un outil fondamental dans l’accompagnement psychologique des athlètes blessés. Il permet d’aider ces derniers à prendre conscience de la
situation et de leurs réactions personnelles dans celle-ci. Récemment, Gutkind (2004) a proposé une procédure particulière d’entretien aboutissant à un conseil bref centré sur la solution. Cette
procédure postule que le sportif est capable d’identifier par luimême les difficultés qu’il rencontre, les objectifs du conseil qu’il
vient chercher et les solutions devant le conduire à atteindre ses
objectifs. L’entretien est structurée en différentes étapes au cours
desquelles le sportif (1) énonce le problème le plus important qu’il
souhaite solutionner, (2) établit des objectifs à atteindre, (3) explore des situations particulières de la vie quotidienne dans lesquelles ce problème ne se manifeste pas, afin (4) d’identifier des
solutions à mettre en œuvre. L’entretien se termine par (5) la formulation d’un ou plusieurs conseils reprenant les solutions identifiées à l’étape antérieure et incitant l’individu à les mettre en
œuvre dans des tâches spécifiques.
Les travaux rapidement présentés dans cet article suscitent plusieurs éléments de réflexion. Ils incitent à aller au-delà
d’une simple vision médicale de la blessure et de sa rééducation
en soulignant l’impact de variables psychologiques sur la survenue de la blessure, son traitement et la reprise d’une activité sportive. Ces travaux pointent également l’importance des habiletés
mentales et de leur développement au cours de la pratique sportive. Si celles-ci sont employées dans le cadre de la préparation
mentale à la compétition, elles sont également mobilisées dans
les programmes de prévention de la blessure sportive ou de l’accompagnement de l’athlète blessé. Elles devraient donc faire partie de la formation des entraîneurs pour que ces derniers les
intègrent dans les séances conduites avec leurs athlètes. 
[email protected]
Bibliographie
Andersen, M. B., & Williams, J. M. « A model of stress and athletic injuries: Prediction and prevention » Journal of Sport & Exercise Psychology, 10, 294-306, 1988.
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Cupal, D. D., & Brewer, B. W. « Effects of relaxation and guided imagery on knee strength, reinjury anxiety, and pain following
anterior cruciate ligament reconstruction », Rehabilitation Psychology, 46, 28-43, 2001.
Evans, L., & Hardy, L. « Sport injury and grief responses: A review », Journal of Sport & Exercise Psychology, 17, 227-245,
1995.
Fawkner, H. J., McMurray, N. E., & Summers, J. J. « Athletic injury and minor life events: A prospective study », Journal of Science and Medicine in Sport, 2, 117-124, 1999.
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Maddison, R., & Prapavessis, H. « A psychological approach to the prediction and prevention of athletic injury », Journal of
Sport & Exercise Psychology, 27, 289-310, 2005.
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Williams, J. M., & Andersen, M. B. « Psychosocial antecedents of sport injury: Review and critique of the stress and injury
model », Journal of Applied Sport Psychology, 10, 5-25, 1998.
“L’ENTRAINEUR DE SKI ALPIN”
17
«Développement des habiletés
mentales et suivi psychologique
des athlètes»
par Nicolas Coulmy ( texte d'Emilie Beaudoin-Pelosse)
18
N° 72 - Décembre 2009
Spécial colloque
“L’ENTRAINEUR DE SKI ALPIN”
19
Spécial colloque
U n e s t r a t é g ie d ’i n t e r v e n t io n
p o u r l a p r é p a r a t io n d e s J . O
d e P E K IN
L’accompagnement
p s y c h o lo g iq u e e n
f r e es t yl e b o s se s
Après la demande du Responsable ski de bosses
pour un apport psychologique dans le cadre de l’optimisation des résultats aux J.O de PEKIN, une
convention a été passée. Elle mettait l’accent sur les
“ territoires ” d’intervention de chacun des protagonistes (entraineurs – experts) et sur la méthodologie
proposée. Cette dernière utilisait une grille d’analyse
déjà expérimentée avec d’autres Fédérations (en
fonction de l’OBJECTIF quelle était la DEMARCHE
annoncée, quel CONTENU permettrait de l’opérationnaliser, en fonction d’un ECHEANCIER à mettre
en place, accompagné d’une EVALUATION permanente)
La DEMARCHE identifiait les 3 projets du skieur
(sportif – professionnel – personnel) et s’appuyait sur
des entretiens dits de positionnement et de régulation
ainsi que sur des observations en situation de compétition avec une analyse à 3 (entraineur – athlète –
psychologue) à partir de vidéo afin d’initier une préparation mentale (P.M).
Le CONTENU proposait des techniques permettant
d’une part de cerner la personnalité des athlètes à
l’aide de questionnaires, tests, échelles d’évaluation
et d’autre part de participer à l’optimisation de sa performance par la mise en place d'une P.M s’appuyant
sur des “ outils ” ( l’imagerie mentale – le monologue
interne – la restructuration cognitive – ainsi que des
techniques de régulation psychotonique : relaxation
et contrôle respiratoire) choisis en fonction des objectifs préalablement déterminés. Ce contenu, montrant la place de la P.M dans l’accompagnement
psychologique (A .P) se complétait de techniques
telles que la programmation neurolinguistique, l’analyse transactionnelle qui permettent d’améliorer la
communication.
L’ECHEANCIER a été mis en place avec l’encadrement et 2 périodes ont été déterminées :
1e période : de juillet 04 à mars 05 - Objectif les
C.M de RUCKA
2e période : d’avril 05 à février 06 – Objectif les
J.O de PEKIN
L’EVALUATION permanente s’est faite particulière-
20
ment lors des 3 moments d’appropriation (compréhension – acquisition – utilisation), le but étant de vérifier l’intégration de ces techniques dans les
stratégies compétitives en même temps que l’évolution des conduites souhaitées par l’athlète.
1e PERIODE se terminant lors des C.M de RUCKA
Elle a vu se succéder, lors des journées de juillet et
novembre 04, une analyse de la personnalité des
skieurs et un apprentissage puis un approfondissement de certaines techniques de P.M qui, après le
choix de l’athlète et avec le concours de l’entraineur,
ont été incluses et adaptées après observation en
situations compétitives et analyse vidéo dans des
stratégies employées et testées lors des Coupes du
Monde (décembre 04 à janvier 05).
La préparation des C.M lors d’un regroupement
début mars a permis de préciser, avec l’entraîneur
notamment, les ressources du moment et les stratégies “ de réussite ” élaborées en Coupe du Monde
afin de les adapter à la spécificité de ce championnat..
Sur le site des C.M (15 – 21 mars), à partir de réunions de l’encadrement, les décisions de “ marche à
suivre ” ont été prises incluant la P.M sous forme de
visualisation – simulation - stratégie de course. Elles
mettent l’accent sur la concentration – les routines –
la maitrise émotionnelle - la relation.
Après les C.M (F : 5e – G : 4e et 11e) fin mars, 2
types de bilan ont été effectués. Un bilan de l’encadrement sur les différentes actions, interventions,
choix faits lors des C.M. Un Bilan individuel avec le
skieur – l’entraineur – le psychologue sur les paramètres du résultat sportif. Ces 2 bilans ont été suivis
d’une réunion du staff afin de déterminer les points
positifs à adapter à la spécificité des J.O et de “ pointer ” les désaccords voire les conflits possibles susceptibles d’émerger à TURIN.
2e PERIODE se terminant lors des J.O de TURIN.
Il a été repris la démarche des entretiens et des observations avec l’analyse Vidéo à 3.
L’Entretien de Positionnement d’avril 05 en présence
de l’entraineur a précisé les points forts à peaufiner
et les points faibles à développer ainsi que la hiérarchisation des 3 Projets.
L’Entretien de Régulation en juillet 05 a été l’occasion,
en fonction des Coupes du Monde et par rapport à
l’objectif final, d’orienter les conduites des skieurs.
L’observation des Coupes a permis d’insister sur –
l’abord de la compétition – la stratégie des 2 courses
– l’autorégulation des émotions.
Un problème s’est posé avec des skieurs blessés
qui n’ont pu participer aux Coupes. Un “ travail ” spécifique en relation avec les experts (médecin – préparateur physique) a été initié faisant appel à
l’imagerie mentale avec le support vidéo et aux
TRPT (relaxation – contrôle respiratoire). Ceci a été
régulé par des échanges téléphoniques.
Dans le même temps une proposition a été faite au
Staff dont je faisais parti pour la durée des J.O :
- Animer les Réunions et veiller aux changements
comportementaux lors du séjours
- Participer aux bilans-vidéo au quotidien avec le
skieur et l’entraineur
- Observer lors de séances de “ visualisation ” pour
guider le skieur en situation de simulations chronométrées sous le contrôle de l’entraineur
- Organiser les réunions en soirée, de 20mn maximum, pour le bilan du jour et la préparation du lendemain.
Ceci a produit le résultat suivant : F. 3e et G. 9e et
11e
En guise de conclusion une question se pose : comment évaluer l’apport psychologique de cet accompagnement ? Les critères concrets se résument au
résultat quant aux autres critères plus subjectifs ils
dépendent du niveau de satisfaction du binôme majeur de la performance l’entraineur et l’athlète. 
Luc Guibbert
Psychologue, intervenant dans le Freestyle :
Bosses – ski cross
[email protected]
N° 72 - Décembre 2009
L’ENTRAÎNEUR FACE
À LA PEUR DU GRIMPEUR
Par Bertrand Donzé
Introduction
1- La peur en escalade de haut niveau.
Il est toujours difficile de trouver dans la littérature spécialisée, des méthodes ou recettes concrètes visant à réduire sinon éliminer, les phénomènes de peur et leurs effets, à propos du comportement des
athlètes de haut niveau dans les sports à risques, lors des entraînements « aux limites », et des grandes compétitions. Mon intervention
fait figure ici davantage de témoignage d’entraîneur en escalade sans
aucune prétention, plutôt que du fruit d’une quelconque démarche
scientifique. Cependant, je dois tout de même prévenir que je suis influencé par une série de travaux sur l’entraînement qui ont débuté en
milieu des années 90 sous la responsabilité de Marc Durand. Ces
travaux m’ont très franchement aidé à trouver mes repères afin de
suivre plusieurs grimpeurs de niveaux internationaux.
Celle ci se singularise nettement par rapport à celle des grimpeurs de
plus faibles niveaux ; elle est plus discrète et pas toujours observable.
Elle est plurielle, il n’existe pas une peur mais des peurs ! Dit autrement la palette des colorations émotionnelles est dense et les agents
anxiogènes sont nombreux : la peur du vide liée au caractère impressionnant du milieu bien sûr, mais chaque grimpeur ne sera gêné que
par un effet de contexte très précis et isolé : certaines formes de préhensions (prises fuyantes ou pincettes..), des configurations de reliefs
particulières ou certaines ruptures d’inclinaisons ou d’itinéraires, des
grains d’adhérence ou des effets de toucher du rocher, l’espacement
variable des points de protection… En fait chaque grimpeur qui est
en proie à un inconfort émotionnel, va identifier et reconnaître un détail
dans le contexte d’action qui lui est propre et qui va agir comme un
déclencheur personnel de stress.
Trois postulats théoriques président à ce regard sur l’entraînement :
- Le caractère indissociable de l’athlète et son contexte d’action.
C’est une référence directe au grand chercheur chilien Francisco Varela (1989), qui lui parlait de « totalité dynamique complexe » pour
évoquer le rapport des actions, des acteurs à leur contexte (notion de
«couplage structurel affects/indic contextuels»).
- Toute action est « située » (culturellement, sportivement, climatiquement…), à savoir que toute action est unique, imprévisible et singulière… ( Lucy Suchman, 1987).
- Le primat de l’acteur : C’est à partir des sensations, ressentis, repères, regards du grimpeur ou de l’athlète que va s’organiser la réflexion (Jacques Theureau, 1993) d’où une nécessité impérieuse pour
le coach, et dans le cadre de ces problèmes là, de recourir nécessairement à l’empathie ( Berthoz, 2004).
Enfin, ajoutons à cela une conviction personnelle (mais tout à fait discutable) : une émotion de nature inhibitrice ou gênante n’est pas forcément une émotion « à maîtriser » mais une émotion à effacer au
profit d’une autre. Je dis cela, car la littérature abonde de cette notion
« la maîtrise des émotions »… Elle me paraît inopérante dans le cadre
des entraînements de haut niveau tout simplement car cela induirait
de mettre l’athlète dans une double tâche simultanée : celle de
conduire techniquement son déplacement, et parallèlement de livrer
un combat intérieur, qui de toute façon ne pourra que déboucher sur
des tensions très handicapantes notamment au niveau de la nécessité
de se relâcher.
“L’ENTRAINEUR DE SKI ALPIN”
2- Les manifestations de la peur en acte
Il est déjà assez difficile d’établir une idée précise du problème à traiter
à partir des simples manifestations orales par exemple lors des débriefings : les communications orales sont entachées de « bruits sémantiques » ou d’incapacités « à exprimer » la profondeur ou
l’intensité de l’inconfort émotionnel. Parfois une expression très marquée ( les grands orateurs) pour une frayeur négligeable ou facile à
traiter, et souvent des gênes très marquées pour des témoignages,
ténues, pudiques, pénibles à avouer au coach…
Reste alors l’observation du grimpeur avec un œil « alerté » pour le
coach, afin d’ identifier en acte, les indices comportementaux significatifs de l’émotion négative (Vitgosky 1934), qui souvent dans ce sport
ont tendance à se dissimuler à travers ceux de la fatigue.
Je ne m’étendrai pas sur les indices que j’appellerais macroscopiques et qui se retrouvent dans tous les sports : tonicité généralisée,
manque d’engagement de certaines ou toutes les parties du corps
dans l’enchaînement des actions, placements respiratoires erronés,
crispation distale, absence de sensations proprioceptives organisatrices, stratégies d’exploration visuelle réduites…
Les indices microscopiques de manifestations de
la peur chez le grimpeur.
C’est à ce grain d’analyse là, et d’observation qu’il convient de béné-
21
Spécial colloque
ficier d’une « histoire » qui souvent caractérise la dyade entraîneur/entraîné (Jacques Saury, 2001). Ces indices infimes sont souvent invisibles par un coach qui ne connaît pas le grimpeur depuis plusieurs
années, dans son style de grimpe et dans toutes les dimensions physique et affective que celui ci noue avec la difficulté du support à grimper (roche ou mur artificiel). Il s’agira de repérer des formes
inhabituelles de progression, et qui ne seraient pas immédiatement
perçues comme une dégradation de la technique, mais un phénomène extrêmement fin de « dé-stucturation motrice » nuisant à terme
à l’accès à la performance : enchaînement de méthodes gestuelles
différentes, avec des régimes de contractions musculaires eux aussi
différents (augmentation des blocages de bras, moins de mouvements
explosifs, augmentation de la durée des contrôles visuels sur les pointages de pieds…). Nous parlons d’ici d’un grimpeur qui n’a pas
conscience de sa peur ou qui ne veut pas le reconnaître même à lui
même, et pour lequel la fiabilité de l’observation du coach lui sera essentielle, même la vidéo demeure inopérante !
3- Tentative de traitement d’élimination de la peur
La tâche est audacieuse pour ne pas dire prétentieuse : simplement
réduire ou s’accommoder d’un inconfort émotionnel même léger, se
marie mal avec la recherche de performance optimale; Ce qui est recherché ici est tout simplement l’engagement total, sans freins, sans
inhibitions, sans raisonnement… En escalade on dit « rien lâcher »
(mais en ski ce serait peut être « tout lâcher » ?) C’est en tout cas
dans cet ordre d’idée que je vous propose deux méthodes d’entraînement qui ont eu quelques résultats, avec toute la prudence qu’il
convient de garder à l’esprit puisqu’elles n’auront jamais d’application
universelle. Je suis aussi conscient du caractère baroque de ces
« modes opératoires » face aux théories scientifiques et aux chercheurs ici qui sont censés les représenter.
a) L’accompagnement vertical ( soutenir)
Il s’agit de faire grimper en parallèle au grimpeur coaché, un partenaire dans un itinéraire plus facile. Le grimpeur accompagnateur sera
évidemment quelqu’un du même team (car l’esprit d’équipe est très
important en escalade) mais surtout très proche affectivement de la
personne suivie dans cet entraînement. Il aura pour tâche de l’encourager voir de le guider mais uniquement dans une communication
orale dite « horizontale » c’est à dire toujours au même niveau d’altitude (comme au sol), et avec une voix peu élevée. L’objectif ici est de
« casser » la verticalité et l’impression de hauteur. Habituellement les
consignes techniques et tactiques, criées à haute voix du pied de la
paroi par le coach accentuent défavorablement les crispations en augmentant la sensation de hauteur et de solitude du grimpeur, qui par
ailleurs peut attribuer le ton du coach (forcément à haute voix pour
couvrir la distance ) à un début de colère ou de déception… On est là
sur un risque de transmission des émotions négatives qui se surajoutent à celles déjà vécues par la situation. Tout est lié. Ainsi, préférence
d’une intervention douce, rapprochée du grimpeur, à l’intervention dure
mais éloignée de lui.
Le grimpeur accompagnateur régule sa présence en fonction des
risques de chute du grimpeur visé et se rapproche au maximum au
moment de la chute. L’idée est de soutenir affectivement en terme de
présence proche pour faire oublier la quantité de corde déployée entre
les points d‘ancrage, et chercher à faire éviter l’opération mentale inutile, consistant à calculer le risque de hauteur de chute, afin de
concentrer entièrement toute l’attention sur les mouvements à exécuter .
b) la dé-cristallisation (durcir)
Terme emprunté à Kurt Lewin, dans sa fameuse théorie de psychologie sociale sur le changement des habitudes alimentaires. Je reprends
donc cette formulation de façon tout à fait personnelle (et sauvage),
pour désigner cette fois ci une méthode qui va dans le sens du durcissement de l’attitude du coach, d’une façon non frontale.
Tout comme certains indices d’actions très contextuels « in situ » peuvent être des déclencheurs émotionnels, les mots le sont aussi (théorie
du constructivisme social d’Averill, 1980). Il s’agit en fait de se préoccuper de la gêne émotionnelle du grimpeur de manière secondaire
pour se concentrer sur une inquiétude récurrente et douloureuse du
grimpeur, et connue du coach. Il ne s’agit pas d’évoquer la vie privée
et sensible du grimpeur, mais des sujets habituels qui posent parfois
cruellement problème dans la carrière sportive d’un champion (relation
avec la fédération, des médias, sponsors etc…). Dans un briefing
préalable à une situation d’entraînement, il convient donc de mettre le
grimpeur dans une situation affective d’attaque sur un thème différent
et étranger à sa peur pour le lui faire oublier momentanément (décristallisation des sentiments) le temps d’une séance. Nous sommes ici
dans un cas de figure ou cette situation fera figure de dernière chance.
Il s’agit donc de faire glisser cette émotion à un état affectif plus profond
mais sur un agent anxiogène d’une autre nature, et nécessitant de
l’agressivité pour tenter de le résoudre. Il ne s’agit aucunement de manipuler en bricolant des sentiments artificiels, mais de rester toujours
dans l’évocation de la vérité en désignant par exemple les conséquences probables d’un échec sportif. La sollicitation en cours d’entraînement, de l’énergie qui découle de la fierté naturelle et de son
amour propre, peut faire renverser la tendance, en stimulant de
l’agressivité, seule émotion que je connaisse capable d’effacer la peur
en acte. En cas de réussite ou de progrès tangible, l’importance du
dé-briefing à chaud devient cruciale pour tenter de ré-installer une
émotion positive (augmentation de l’image de soi, fixation des bonnes
sensations, soulagement et confiance retrouvée dans la dyade entraîneur/entraîné…) correspondant à la re-cristallisation d’un nouvel «état
affectif» propice à la production de performance.
Conclusion
Tout est irrationnel dans cette réflexion qui touche aux aspects les plus
complexes de la nature humaine. Nous sommes nous, entraîneurs, à
la recherche des méthodes qui donnent des résultats tangibles souvent à court terme, et il apparaît parfois que celles ci nous dépassent
et ne trouvent aucune explication. Pour autant nous tentons de les appliquer en les adaptant à des contextes pleins de surprises. Même si
dans le milieux de l’entraînement, notre ego sur dimensionné est bien
souvent générateur d’énergie, le recours à l’humilité non pas en tant
qu’ «attitude sociale pour faire chic», mais comme méthode de base,
est tout à fait crucial. 
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Bibliographie
Durand M., Arzel G., Saury J., «Quelles sciences pour le sport»
AFRAPS 1997, recherche et intervention en sport et
en condition physique : réflexion sur les conditions d’un domaine cognitif consensuel.
Berthoz A., Jorland G, 2004, L’Empathie, Odile jacob.
Maturana H., Varela F., 1994, l’arbre de la connaissance, Addison-Wesley.
Suchman L., 1987, Plans and Situated action. . Cambridge University Press
Theureau J. ,2000, Anthropologie cognitive et analyse des compétences, in L’analyse de la singularité de l’action, PUF.
Varela F. , 1989, Connaître les sciences cognitives, Seuil.
Vygostski L , 1934/1998. Théorie des émotions, L’Harmattan.
22
N° 72 - Décembre 2009
LA PREPARATION
MENTALE DANS
L’ACTION
Par Pascal SILVESTRE
“L’ENTRAINEUR DE SKI ALPIN”
23
Spécial colloque
A droite Laure Pequegnod attentive aux interventions des participants.
Ci dessous Laure Pequegnod et Pascal Silvestre lors de leur "duo"
de questions-réponses
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