Spécial colloque
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LENTRAINEUR DE SKI ALPIN
La psychologie du sport est peu abordée
dans nos colonnes alors quelle suscite un
vif intérêt depuis quelques années. Cest
sans doute pourquoi le thème de la prépa-
ration mentale a mobilisé un nombre iné-
galé de participants à ce type de colloque
technico-médical, puisque nous avons lar-
gement dépassé la centaine. Tous ont pu
apprécier la qualité des intervenants qui a
largement répondu aux attentes du public.
Nous présentons nos excuses pour lab-
sence des champions qui figuraient sur
notre annonce. Nous tenons à remercier
profondément Laure Péquegnot qui s’est
rendue disponible au pied levé. Mention
spéciale à Pascal Silvestre qui nous a pro-
posé un magnifique duo avec Laure, aussi
riche quoriginal.
Merci à Nicolas Coulmy qui est venu pré-
senter les travaux menés par la FFS en
lieu et place dEmilie Baudoin, empêchée.
Ce dossier est constitué des communica-
tions transmises par les acteurs. Certains
nous ont laissé un document exclusif très
complet ; dautres ont restreint leur texte à
une ou deux pages ; enfin nous avons ré-
cupéré les supports de la présentation
orale des derniers. Quils soient tous re-
merciés pour leur participation et la pas-
sion dont ils ont tous fait preuve.
Gérard GAUTIER
Sont intervenus :
- Annick Barthalais (Enseignante, mem-
bre de la SFPS) «Les travaux précur-
seurs du Dr André Bouvet»
- Virginie Jacob (Psychologue du sport):
«De la préparation psychologique à la
préparation mentale»
- Raphaèle Blum (Coach/Préparateur
mental) : «La préparation mentale chez
les catégories jeunes en ski alpin»
- Jean-Philippe Heuzé (Enseignant-
chercheur) : «L'efficacité du psychologue
selon les athlètes»
- Emilie Beaudoin (Psychologue du
sport) : Présentation du travail de la com-
mission FFS « Développement des habi-
letés mentales et suivi psychologique
des athlètes »
- Luc Guibbert (psychologue du sport)
«Une stratégie d'intervention pour la pré-
paration des JO de Turin (ski de
bosses)»
- Bertrand Donzé (Entraîneur de
l’équipe universitaire haut-niveau) «L’en-
traîneur d’escalade face à la peur du
grimpeur»
- Pascal Silvestre (Entraîneur au Comité
de Savoie, ex-coach du groupe tech-
nique féminin france)
Crédit photos : J.C. LIPRANDI et B. COUTURIER
Seyssins le 16 octobre 2009
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2N° 72 - Décembre 2009
Le Dr Andrè Bouvet avait déjà compris l’importance des facteurs psycho-
logiques dans la performance des skieurs, il y a près de… 50 ans (eh oui !)
et il aurait été heureux de voir un tel rassemblement d’entraîneurs… inté-
ressés par le thème de la préparation mentale.
« Au début… le muscle a été privilégié par rapport au cerveau et la méde-
cine s’est attachée à la biomécanique et à la physiologie délaissant les fac-
teurs plus subtils et plus mystérieux du comportement. … Mais on ne peut
plus ignorer la part qui revient aux facteurs psychiques dans la réussite ou
l’échec en compétition… » (BMS n° 37, 1979)
Le domaine psychologique apparaît un peu comme mystérieux pour le
monde sportif, Andrè. Bouvet met en garde contre les « gourous » qui pour-
raient être néfastes pour les athlètes : « Il est tentant de faire appel au
« sorcier » qui pourrait exploiter les pouvoirs de l’esprit par quelques opé-
rations magiques et conduire l’athlète aux plus hautes marches du po-
dium »
Par son action, et celles de la Commission médicale, il va tenter de dé-
mystifier cette thématique, en s’appuyant sur des connaissances scienti-
fiques, et en invitant les entraîneurs à se former pour optimiser les
performances de leurs athlètes.
Au delà des objectifs classiques (prévention des blessures, surveillance,
soins..) la Commission Médicale met en place une démarche scientifique
novatrice pour contribuer à l’amélioration de la performance des skieurs.
Différentes recherches sont initiées pour étudier les facteurs physiques,
physiologiques et psychologiques de la performance en ski alpin. Les
connaissances scientifiques (dans tous les domaines) sont mobilisées. Des
intervenants spécialistes sont sollicités (E. Ruchpaul, P. Baleydier, M. Lé-
vêque, M.C.Lobrichon, J. Roget…) Les résultats sont diffusés par le Bul-
letin Médical du ski, par des communications (dès 1965 à Rome au premier
congrès international de psychologie du sport) et par des actions de for-
mations des entraîneurs.
EN INTRODUCTION À LA JOURNÉE SUR
EN INTRODUCTION À LA JOURNÉE SUR
LA PRÉPARATION MENTALE
LA PRÉPARATION MENTALE
Par Annick BARTHALAIS
« Un skieur sans
tête çà nexiste
pas un entraî-
neur sans tête, çà
nexiste pas et la
technique du ski
implique la mise
en jeu de nom-
breux processus
mentaux ! »
Spécial colloque
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LENTRAINEUR DE SKI ALPIN
Identifier les facteurs de la performance de haut niveau néces-
site de comprendre le fonctionnement psychologique du skieur,
de connaître les processus psychologiques indispensables à
l’apprentissage de la technique.
Cela passera par la recherche : la Commision Médicale va in-
nover et utiliser différents outils d’évaluation ; les skieurs des
équipes de France (et aussi les plus jeunes) passent à une bat-
terie de tests particulièrement adaptés.
•Test de personnalité :
- QPS de Thill
- Test des couleurs de Luscher
- Entretien individualisé
•Aptitudes psychomotrices :
- Test de Macquarie (aptitudes visuo motrices, repré-
sentation spatiale
- Temps de réaction (signal auditif, visuel membres in-
férieurs)
- Labyrinthe enregistreur (mémorisation)
•Contrôle émotionnel :
-Trémomètre
Ces travaux vont permettre de définir un profil de performance
du skieur de haut niveau.
Ces travaux vont permettre l’évaluation psychologique des
skieurs et le suivi de leur évolution au cours de la carrière. Leurs
résultats sont confrontés aux observations des entraîneurs et
veulent être une aide à l’entraînement.
Différents profils de personnalité existent selon la discipline (M.
Lévêque, C. Bourbon) mais des ressources intellectuelles cer-
taines s’avèrent indispensables.
La maîtrise émotionnelle est très importante chez les cham-
pions, et le test du trémomètre met en évidence la progression
parallèle (voire superposable) de la performance, des points FIS
et des résultats au test.
Différentes techniques de relaxation sont intégrées à l’entraîne-
ment dès les années 60… (yoga, hatha yoga pour les cham-
pions). G. Perillat affirme : « en 1965 je suis venu au yoga. J’en
faisais chaque jourC. Bozon, B. Orcel, JC. Killy, le pratiquaient
aussi ».
Ces techniques sont adaptées aux tempéraments, à la person-
nalide chaque coureur et chacun y trouve un intérêt : une meil-
leure concentration, et récupération (A.Famose), une meilleure
gestion de l’influx, et plus de souplesse (G. Perillat), la connais-
sance de soi, un bon contrôle de la respiration et du tonus mus-
culaire (I. Lafforgue) (BMS n° 43)
Il y a une réelle volonté de collaborer avec les entraîneurs. Pour
A. Bouvet, l’intervention psychologique «… elle est affaire de
l’entraîneur. Il lui appartient de bien connaître le caractère de
ses skieurs, de créer un climat de confiance et d’émulation, d’in-
tégrer dans l’entraînement des techniques de relaxation et d’en-
traînement mental » (BM n° 39, 1980)
Les skieurs les plus performants ont des aptitudes visuo-mo-
trices excellentes ; leur capacide mémorisation est rapide
(mémorisation spatiale, rythmique…) et ils sont très “imageants”
(très bonne représentation mentale des actions et situations).
D’autres facteurs ont un impact sur la performance. La qualité
de l’apprentissage, l’encadrement technique, l’environnement
affectif et relationnel, le contexte scolaire et/ou professionnel, la
cohérence de la politique sportive tout au long de la carrière ont
un impact sur la motivation..
Il semble que la dimension psychologique de la performance soit
mieux prise en compte actuellement.
« Les échecs ou les rejets de la part du milieu tiennent souvent
au caractère insolite ou agressif d’expériences parachutées, ou
à des psychologues de laboratoire ou de formation trop exclusi-
vement universitaire, ou encore à des attitudes de méfiance ou
d’hostilité de l’encadrement sportif. » (BMS n° 37, 1979)
FACTEURS LIMITANTS PROFIL DE
PERFORMANCE
Bulletin médical n° 38, 1980
FACTEURS DE REUSSITE
Q.I. -, lenteur
INTELLIGENCE
Q.I. +, vivacité, analyse
déficiente MEMOIRE Sélective, topographique
Instabilité des temps de
réaction
APTITUDES SENSORIMOTRICES Rapidité perceptive
sens kinesthésique
APPRE NTISSAGE
hyperémotivité anxiété
Médiocre
Faible
CONTROLE EMOTIONNEL
REGULATION TONIQUE
RESISTANCE AU STRESS
Maîtrise calme
Stable ajustée
élevée
Névrosisme, renoncement
Problèmes relationnels
FORCE DU MOI
Confiance en soi, adaptabilité
sociale, conduite réfléchie
Faible, instable, à court terme
bas
MOTIVATION
NIVEAU DASPIRATION
objectif à long terme
détermination, persévérance
élevé
André BOUVET
Médecin, neuro-psychiatre,
skieur
Président la Commission
Médicale de la Fédération
Française de Ski à de nom-
breuses reprises,
jusqu’en1988
Un pionnier en psychologie
du sport : orientations et ac-
tions novatrices de la Com-
mission Médicale
Spécial colloque
4N° 72 - Décembre 2009
Les difficultés identifiées par A. Bouvet ne sont peut être pas
toutes balayées, mais la communication et l’information circulent
mieux. « C’est un problème de relation et de communication
entre les trois intéressés : psychologue-entraîneur-athlète.
Relation triangulaire qui implique :
a) que le psychologue soit qualifié et ait une bonne connais-
sance de la discipline sportive en question…
b) que le milieu sportif soit sensibilisé à l’approche psycholo-
gique.» (BMS n° 37, 1979)
Et j’ajouterai…qu’il est nécessaire que l’entraîneur se sente plei-
nement concerné… qu’il développe à l’entraînement les habile-
tés mentales du skieur (traitement de l’information, mémorisa-
tion, contrôle émotionnel…) et qu’il tienne compte du contexte
et de l’environnement relationnel, professionnel.
C’est un tout, qui permet au skieur d’être en confiance et d’ex-
primer au mieux son potentiel.
Annick BARTHALAIS
Enseignante, Membre de la SFPS
BE 3 entraîneur ski alpin
Bibliographie
Le Bulletin Médical du Ski (BMS) :
N° 37, 1979 A. BOUVET : psychologie du sport (1).
N° 38, 1980 A. BOUVET : la personnalité du skieur.
N° 39, 1980 A. BOUVET : psychologie du sport (2).
N° 40, 1981 C. BOURBON : la personnalité de l’athlète féminine.
J.P. HERRY : surveillance médicale SSE Chamonix (bilan
psychologique).
N° 41, 1982 A. BOUVET : les motivations.
N° 42, 1983 A. BOUVET : méthode de relaxation au service des
sportifs.
N° 43, 1983 A. BOUVET : relaxation yoga, parole des champions.
N° 44, 1984 M. LEVEQUE : propos du psychologue.
A. BOUVET : les effets psychologiques de l’échauffement.
N° 45, 1984 D. ROQUES : résumé de thèse.
N° 49, 1986 R. CHAUVIER, formation et pouvoir pédagogique.
- A. BOUVET, Activités sportives et maturation de la personnalité chez
l’enfant (Société Française de Psychologie du Sport et de l’Education
Corporelle, ANNECY 1985).
- A. BOUVET, L’évaluation des jeunes espoirs (Entraînement du com-
pétiteur de haut niveau, Colloque ALTITUDE, GAP 1985.
- A. BOUVET, Perception et mémorisation de l’espace chez le sportif.
3ème Congrès international de psychologie du sport, 1987, Paris.
R. Krzentowski, Aspects médico psychologiques du ski alpin de com-
pétition, 197.
- A. BARTHALAIS, Ski alpin : la préparation psychologique de la com-
pétition, Mémoire INSEP, 1988, BE 3ème degré.
- C. BOURBON, La personnalité de l’athlète féminin de compétition de
haut niveau, spécialisé dans l’épreuve de descente en ski alpin. 1981.
- L. CRESTE, Aspects psychologiques du sportif : application au ski
alpin de compétition, 1984.
- J.P. HERRY, Apprentissage et mémoire topographique du skieur de
compétition, 1976.
- D. ROQUES, Test de Macquarie, épreuve du trémomètre, inventaire
de personnalité d’Eysenck, dans le cadre du bilan médico-psycholo-
gique du sportif de compétition de haut niveau, 1983.
- J. TREVELO, Apport de la psychologie à l’entraînement et à la péda-
gogie du ski de compétition Mémoire INSEP, 1976.
Article sur le colloque paru dans le DAUPHINE LIBERE du 21 octobre 2009
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LENTRAINEUR DE SKI ALPIN
-La performance et le mental sont des
termes de plus en plus associés dans le
discours sur le sport. Il est apparaît main-
tenant comme une évidence qu’un sportif
pour réussir, être performant a besoin non
seulement de physique, de technique mais
aussi d’un mental pour gagner.
Malheureusement, nous rencontrons peu
de sportifs qui consultent un psychologue
du sport, préparateur mental ou autre spé-
cialiste, dans le but d’améliorer sa perfor-
mance actuelle. Bien souvent, c’est quand
tout va mal, lorsque le corps ne pond
plus, lorsque la tête ne suit plus… que
l’athlète s’interroge sur son mental…
Il cherche alors une solution à ses difficul-
tés, sorte de potion magique qui lui per-
mettrait de goûter de nouveau à la
performance.
Hors, tout comme le physique se travaille,
le corps se modèle, le « mental » se pré-
pare, s’entraîne. Attention cependant à ne
pas considérer les techniques de prépara-
tion mentale comme une solution miracle
à d’autres difficultés plus personnelles,
plus « psychologiques ».
Préparation psychologique / préparation
mentale sont, pour moi, deux approches
complémentaires.
DEFINITION
Comment définir ses deux types de prépa-
ration :
Par préparation psychologique j’entends :
l’individu (en l’occurrence sportif) pris
dans son environnement. L’environne-
ment c’est bien entendu l’environnement
sportif mais également la cellule familiale,
les relations affectives, les relations ami-
cales, la scolarité ou la profession…
Le sportif n’est pas qu’un sportif. Il a une
vie à côté. Le rôle du psychologue est de
comprendre comment le sportif parvient à
trouver un équilibre entre le sportif et
l’homme, la femme qu’il est dans la so-
ciété.
Les difficultés rencontrées sur le terrain
sportif sont parfois le simple reflet de diffi-
cultés rencontrées ailleurs :
« Je vis un conflit dans mon couple... je ne
parviens plus à être aussi concentré à l’en-
traînement. »
« A chaque difficulté que je dois dépasser,
je n’y arrive pas. J’ai peur et je fais des
contre performances. Et pourtant j’ai ap-
pris des techniques de gestion du stress…
cela ne marche pas ! Petit, j’étais déjà
comme ça. J’ai marché très tard »
« je ne parviens pas à dépasser la place
de 5 en coupe du monde. Dans ma tête,
dès que je suis devant je lâche. Mon frère
lui est devant, c’est un champion. Moi, je
ne parviens à le battre qu’à l’entraîne-
ment »…
Ces exemples vous permettront de com-
prendre très simplement le lien entre per-
formance et difficultés psychologiques.
La préparation psychologique repose es-
sentiellement sur des entretiens de face à
face cliniques.
Elle peut parfois s’accompagner de tests
de personnalité notamment.
Lors de ses entretiens, le psychologue fait
une sorte d’état des lieux. Il cherche à
comprendre l’individu dans sa globalité. Il
l’interroge donc sur sa famille, sur ses loi-
sirs, globalement sur ce qu’il vit en dehors
du sport. Il s’intéresse aussi à la manière
dont il vit, pratique son sport. Le but est de
pointer à la fois les ressources et les diffi-
cultés que l’individu a à sa disposition. Il
s’agit aussi d’amener la personne à mieux
se connaître.
D’ailleurs une meilleure connaissance de
soi permet parfois d’atténuer des doutes
sur ses capacités.
DE LA PR
DE LA PRÉ
ÉPARATION PSYCHOLOGIQUE
PARATION PSYCHOLOGIQUE
A LA PR
A LA PRÉ
ÉPARATION MENTALE
PARATION MENTALE
Par Virginie JACOB DALLA COSTA
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