Chapitre 10 : Comment s'articulent marché du travail et gestion de l'emploi ?
travail des entreprises est de dire que toute modification du salaire conduit à une substitution du
facteur capital au facteur travail (ou l'inverse) : autrement dit, au remplacement des salariés par des
machines (ou l'inverse).
En effet, dans le modèle néo-classique, une entreprise produit avec deux facteurs de production
substituables : le travail et le capital. Cela signifie qu'une entreprise peut choisir une combinaison
productives intensive en travail (elle utilise beaucoup de travailleurs) ou, au contraire, intensive en
capital (elle utilise beaucoup de capital) pour produire une même quantité de biens ou services.
L'entreprise choisira sa combinaison productive en fonction du coût relatif des deux facteurs de
production. Si le travail coûte cher relativement au capital, l'entreprise choisira de produire surtout
avec du capital (combinaison productive intensive en capital). Au contraire, si le travail coûte peu
cher relativement au capital, l'entreprise choisira de produire surtout avec du travail (combinaison
productive intensive en travail).
Par conséquent, si le salaire augmente, l'entreprise remplacera des salariés par des machines, dont
le coût relatif baisse : elle pourra ainsi produire la même quantité de biens ou services pour moins
cher. Sa demande de travail baissera : elle licenciera des salariés. Au contraire, si le salaire baisse,
l'entreprise remplacera ses machines par des salariés. Sa demande de travail augmentera : elle
embauchera des salariés. On retrouve la conclusion de l'exercice précédent : la demande de travail
est une fonction décroissante du salaire.
Cette analyse permet de comprendre le fait que la demande de travail non qualifié est plus élevée
aux États-Unis qu'en France : durant les années 1980 et 1990, les salaires des moins qualifiés ont
augmenté en France, tandis qu'ils stagnaient aux États-Unis. Par conséquent, les entreprises
américaines ont continué à utiliser des travailleurs non qualifiés pour une série de tâches où les
entreprises françaises les ont remplacés par des machines : en particulier dans le domaine des
services (exemple : distributeurs automatiques à la place de vendeurs).
Question 1 : Quelle hypothèse fait le modèle néo-classique sur la production des entreprises ?
Question 2 : Pourquoi l'accroissement du salaire conduit une entreprise à adopter une
combinaison plus intensive en capital ?
Question 3 : Comment peut-on expliquer le fait qu'aux États-Unis beaucoup de services soient
accomplis par des travailleurs alors qu'en France ils le sont par des machines ?
Exercice 5 :
Dans le modèle néo-classique, les acteurs économiques sont rationnels : ils ne raisonnent donc pas
en fonction du salaire nominal mais du salaire réel. Le salaire nominal est le salaire tel qu'il figure
sur la fiche de paie. C'est ce que paie le patron en euros. Le salaire réel est égal au salaire nominal
moins les effets de l'inflation.
Salaire réel = salaire nominal – inflation
Pour un acteur rationnel, seul compte, en effet, la quantité de biens et services que permet de se
procurer une quantité de monnaie donnée (le salaire réel). Si, d'une année sur l'autre, le salaire
nominal reste inchangé, mais qu'il y a eu 50 % d'inflation, cela veut dire que, avec ce salaire
nominal, un acteur peut se procurer 50 % de biens en moins. Autrement dit, le salaire réel a baissé
de 50 % : on peut réellement se procurer 50 % de biens et services en moins d'une année sur l'autre.
Par conséquent, un acteur rationnel cherche toujours à savoir combien de biens et services un salaire
permet d'acheter : autrement dit, l'acteur rationnel ne s'intéresse qu'au salaire réel.
On peut donc reformuler plus précisément la manière dont se fixent l'offre et la demande de travail.
L'offre de travail est une fonction croissante du salaire réel : un salarié offrira une heure de travail
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