CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
LA MATIÈRE DE L’ESPRIT
L’origine matérielle, naturelle
et contingente de l’esprit
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-233
LA MATIÈRE DE L’ESPRIT - LA MATÉRIALITÉ DE L’ESPRIT
L’origine matérielle, naturelle et contingente de l’esprit
conférence d’Éric Lowen donnée le 10/01/2009
à la Maison de la philosophie à Toulouse
Pendant des millénaires, la corporalité et la matière ont été opposé à l’esprit, à la pensée, à
l’âme, à la conscience. Cette manière de concevoir dualement l’homme et le monde, issue
d’une interprétation primaire et intuitive de la réalité, est à l’origine des croyances dans
l’existence de l’âme, de l’esprit et de réalités métaphysiques. Or, ce que nous comprenons
aujourd’hui dans le domaine de l’origine de la vie et de la pensée bouleverse radicalement
ces conceptions traditionnelles. Non seulement l’opposition classique entre l’esprit et la
matière n’a plus lieu d’être, car la matière de l’esprit est bien la matière, mais aussi l’idée que
nous nous faisions de l’homme : nous ne sommes pas un esprit dans un corps, nous
sommes un corps doté d’un esprit, d’une conscience. Réflexions sur le pouvoir créateur de la
matière et sur le fait que nous sommes une matière pensante.
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-233 : “La matière de l’esprit, la matérialité de l’esprit” - 10/01/2009 - page 2
LA MATIÈRE DE L’ESPRIT - LA MATÉRIALITÉ DE L’ESPRIT
L’origine matérielle, naturelle et contingente de l’esprit
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Nous ne sommes pas seulement corps, ou seulement esprit ;
nous sommes corps et esprit tout ensemble.
George Sand (1804-1876)
Histoire de ma vie, 1855
I ESPRIT VERSUS MATIÈRE
1 - L’opposition immémoriale entre l’esprit et la matière
2 - L’origine intuitive et empirique de la notion d’esprit
3 - L’origine plus récente et scientifique de la notion de matière
4 - Une opposition duale, antithétique et symétrique : la matière comme miroir inversé de l’esprit
A - Considéré comme transcendant
B - Considéré comme immatériel
C - Considéré comme d’ordre finaliste
D - Considéré comme éternel
E - Considéré comme source de la vie
F - Considéré comme source de tout ce qui est bon, beau, bien et grand dans l’homme
G - Considéré comme source de valeur
H - Considéré comme la vraie réalité, pour ne pas dire la seule réalité de l’homme
5 - Un dualisme anthropologique adossé à un dualisme cosmologique : physique vs métaphysique
6 - Une opposition servant de matrice pour des valeurs : matérialisme vs spiritualisme
7 - Une opposition avec la matière se déployant selon trois dimensions structurelles
A - L’esprit n’est pas fait de matière
B - L’esprit n’est pas de nature matérielle
C - L’esprit n’est pas œuvre matérielle
II LA RÉVOLUTION NOUMÉNALE
1 - Des convictions qui reposaient sur l’ignorance de la nature réelle de la matière et de l’esprit
2 - Le bouleversement progressif de ces idées par l’émergence des sciences cognitives
3 - La confirmation des hypothèses de la matérialité de l’esprit et de l’unicité de l’homme
4 - Une double découverte : il n’y a pas d’opposition et la réalité est l’inverse de ces conceptions
5 - Ce ne sont plus des “ismes” mais des réalités, ce ne sont plus des positions convictionnelles
III LA TRIPLE MATÉRIALITÉ DE L’ESPRIT
1 - La matière de l’esprit est bien la matière et le cerveau est son organe
2 - L’esprit est bien une réalité matérielle : conscience et pensée sont bien matérielles
3 - L’esprit est une œuvre de la matière et ses productions sont bien matérielles
IV LE NOUVEAU STATUT DE L’ESPRIT HUMAIN
1 - L’origine naturelle, immanente, matérielle et contingente de l’esprit
2 - L’esprit existe bien, mais il n’a rien à voir avec les croyances spiritualistes antérieures
3 - L’homme est un corps doté d’un esprit, et non l’inverse
4 - L’homme est une unité, il n’y a pas de solution du continuité ontologique entre esprit et corps
5 - Si l’homme est doté d’un esprit, d’autres espèces animales peuvent l’être et le sont bien
6 - L’esprit est bien une production de l’animalité, et non l’opposé de l’animalité
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-233 : “La matière de l’esprit, la matérialité de l’esprit” - 10/01/2009 - page 3
V LE NOUVEAU STATUT DE LA MATIÈRE
1 - Une double mutation : le statut de l’esprit et de la matière
2 - Matérialisation de l’esprit, spiritualisation de la matière
3 - L’esprit est une propriété émergente de la matière vivante
4 - Une expression de la dynamique de complexification du vivant, dont l’esprit est une production
5 - La réhabilitation de la matière et de ses pouvoirs créateurs - là est le vrai miracle !
VI CONCLUSION
1 - La fin de l’opposition entre matière et esprit, une continuité ontologique
2 - Un nouveau fondement pour la compréhension du monde, de l’homme et de soi
3 - L’attachement aux illusions antérieures est désormais source d’obscurantisme
ORA ET LABORA
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-233 : “La matière de l’esprit, la matérialité de l’esprit” - 10/01/2009 - page 4
Document 1 : La lente reconnaissance du rôle vital du cerveau.
Dès que l'homme a commencé à penser, il a cherché à définir le principe auquel attribuer
l'unité et l'organisation de ses fonctions corporelles. Sa première impulsion a été de
rechercher un «quelque chose» dont la présence serait indispensable à la vie.
Un bras ou une jambe seront amputés sans que la vie cesse ou qu'elle soit
essentiellement modifiée ; par contre, un cadavre dont tous les membres et les organes
visibles du corps sont intacts ne respire pas. Privé de respirer pendant cinq minutes, un
homme meurt, quoiqu'aucune autre violence ne lui ait été faite ; de plus, le souffle,
invisible et intangible, est aussi mystérieux que la vie même. Il n'est donc pas étonnant
que, dans plusieurs langues anciennes, le mot signifiant «souffle» ait pris le sens de
«âme», c'est-à-dire de ce qui représente l'essence même de la vie : en hébreu nephesh
et makh, en grec pneuma, en latin spiritus et anima ont eu la double signification de
«souffle» et de «essence de la vie».
Un autre composant mobile du corps, lui aussi nécessaire à la vie, est le sang : une
étrange substance liquide douée de vie, comme le souffle est une étrange substance
gazeuse douée de vie également. La perte du sang entraîne la perte de la vie, et un mort
ne saigne pas. Lorsque la Bible prescrit des sacrifices rituels, elle montre clairement que,
pour les Israélites (et probablement aussi pour les peuples voisins), le sang est l'essence
de la vie : on ne peut manger de viande que lorsqu'elle a été vidée de son sang, puisque
le sang représente la vie et qu'il est défendu de manger ce qui vit. Dans la Genèse (9 : 4)
on peut lire : «Vous ne mangerez point de chair avec son âme, qui est son sang.»
Du sang il était facile de passer au cœur : chez un mort, le cœur ne bat plus. Cela a suffi
pour associer le cœur à l'idée de la vie et pour en faire le siège des émotions. Aujourd'hui
encore, on parle de «cœur brisé», de «cœur gros», ou «léger» et de «bon cœur».
Le souffle, le sang et le cœur, tous trois mobiles, et que la mort fige dans l'immobilité...
Sans doute était-ce un progrès d'aller au-delà de constatations aussi évidentes : on en
vint ensuite à considérer le foie comme un organe extrêmement important (ce qui est
exact, mais pour d'autres raisons que celles que l'on en donnait alors). Les prêtres et les
devins cherchaient des présages dans le foie des animaux sacrifiés. À cause peut-être
de son importance dans la divination, ou seulement en considération de sa taille - c'est le
plus volumineux des viscères - ou parce qu'il est rempli de sang, ou pour tous ces motifs
réunis, on vit dans le foie le siège de la vie et des émotions (une trace de cette croyance
se retrouve dans l'argot actuel : on dit d'un homme saisi de peur qu'il «a les foies». La
rate, un autre organe riche en sang a aussi influencé notre langage : ne dit-on pas «se
dilater la rate» pour exprimer une forte hilarité ?).
Il peut paraître bizarre que les Anciens n'aient pas songé à faire du cerveau le siège de la
vie ou, au moins, l'organe coordinateur des activités du corps : il est proportionnellement
beaucoup plus développé chez l'homme que chez les animaux. Mais il n'est ni mobile,
comme le coeur, ni rempli de sang, comme le coeur, le foie et la rate ; de plus, il est
caché sous un revêtement osseux, placé à l'écart de la niasse du corps, et beaucoup
moins accessible que les autres organes.
Aristote, le plus célèbre des philosophes grecs, croyait que le cerveau avait pour fonction
de rafraîchir le sang échauffé qui le parcourt. Le concept moderne du cerveau, siège de
la pensée et, par le truchement des nerfs, récepteur de sensations et initiateur des
mouvements, n'a été définitivement admis qu'à partir du XIXème siècle. Isaac Asimov (1920-1992)
Le cerveau, 1977
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-233 : “La matière de l’esprit, la matérialité de l’esprit” - 10/01/2009 - page 5
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !