Document 1 : À la naissance, l’Être Humain est dépourvu de savoirs et de connaissance. C’est le principe
de la table rase aristotélicienne. Ce qui veut dire que l’Être Humain est ignorant par sa nature primaire et
connaissant par sa nature secondaire que lui apporte l’acquisition culturelle.
Supposons donc qu'au commencement l'âme est ce qu'on appelle une Table rase, vide
de tous caractères, sans aucune idée, quelle qu'elle soit. Comment vient-elle à recevoir
des idées ? Par quel moyen en acquiert-elle cette prodigieuse quantité que l'Imagination
de l'Homme, toujours agissante et sans bornes, lui présente avec une variété presque
infinie ? D'où puise-t-elle tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses
raisonnements et de toutes ses connaissances ? À cela, je réponds en un mot, de
l'expérience : c'est là le fondement de toutes nos connaissances, et c'est de là qu'elles
tirent leur première origine. Les observations que nous faisons sur les objets extérieurs et
sensibles, ou sur les opérations intérieures de notre âme, que nous apercevons et sur
lesquelles nous réfléchissons nous-mêmes, fournissent à notre esprit les matériaux de
toutes ses pensées. Ce sont là les deux sources d'où découlent toutes les idées que
nous avons, ou que nous pouvons avoir naturellement. John Locke (1632-1704)
Essai sur l’entendement humain, 1690
Document 2 : Dans sa célèbre anti-utopie politique 1984, George Orwell a poussé jusqu’à son paroxysme
le principe de pouvoir social qu’induit l’ignorance pour un gouvernement désirant contrôler une population.
Dans cette société pas si fictive que cela, le Parti au pouvoir en a même fait un slogan politique pour inciter
à l’ignorance volontaire.
La guerre, c'est la paix, la liberté c'est l'esclavage, l'ignorance c'est la force.
George Orwell (1903-1950)
1984, 1948
Document 3 : La dimension émancipatrice de la connaissance commence, avant le contenu de
l’information, dans l’exercice de son propre esprit, de son propre raisonnement. Rien que le fait de penser
par soi-même est en soi émancipateur. Ce célèbre texte de Kant souligne ma responsabilité par rapport à la
connaissance dont je suis responsable quand j’utilise mon propre esprit, autant que l’ignorance dont je suis
responsable lorsque je n’utilise pas mon esprit.
Les Lumières sont ce qui fait sortir l'homme de la minorité qu'il doit s'imputer à lui-même.
La minorité consiste dans l'incapacité où il est de se servir de son intelligence sans être
dirigé par autrui. Il doit s'imputer à lui-même cette minorité, quand elle n'a pas pour objet
le manque d'intelligence, mais l'absence de la résolution et du courage nécessaires pour
user de son esprit sans être guidé par un autre. Sapere Aude, aie le courage de te servir
de ta propre intelligence ! Voilà donc la devise des Lumières. Emmanuel Kant (1724 -1804)
Réponse à cette question : Qu'est-ce que les Lumières ?, 1784
Document 4 : L’accès à la connaissance passe d’abord par l’accès aux moyens de la connaissance que
sont l’école, l’éducation et l’instruction. Les processus d’émancipation passent donc pour les esclaves et les
opprimés par la conquête des outils du savoirs.
Lis et instruis-toi, mon enfant, lui dit le vieil homme. Ainsi nous autres esclaves, nous
aurons une arme. Sinon, nous sommes comme les bêtes des champs. Le même dieu qui
donna le feu aux hommes leur a donné le pouvoir de coucher par écrit ses pensées afin
qu'ils puissent évoquer les pensées des dieux en cet âge d'or lointain. Car les hommes,
en ce temps-là, étaient près des dieux et discutaient librement avec eux, en ce temps-là il
n'y avait pas d'esclaves. Et ces jours-là reviendront. Fast Howard (1914-2003)
Spartacus, 1951
Association ALDÉRAN © - Conférence 1600-166 : “Connaissance et liberté, Servitude et ignorance” - 15/12/2004 - page 5