CONFÉRENCE PHILOSOPHIQUE
“Plus l’être humain sera éclairé, plus il sera libre.”
Voltaire
CONNAISSANCE ET LIBERTÉ,
IGNORANCE ET SERVITUDE
Le rôle émancipateur de la connaissance
CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
Association ALDÉRAN Toulouse
pour la promotion de la Philosophie
MAISON DE LA PHILOSOPHIE
29 rue de la digue, 31300 Toulouse
Tél : 05.61.42.14.40
Site : www.alderan-philo.org conférence N°1600-166
CONNAISSANCE ET LIBERTÉ,
IGNORANCE ET SERVITUDE
Le rôle émancipateur de la connaissance
Conférence d’Éric Lowen donnée le 20/01/2011
à la Maison de la philosophie à Toulouse
La connaissance est source de pouvoirs. Le premier des pouvoirs que procure la
connaissance n’est pas envers la nature mais à l’égard de soi-même puisqu’elle libère de
l’ignorance. Quels sont les rapports entre la connaissance et la liberté, ainsi que leurs notions
inverses : l’ignorance et la servitude ? Peut-on être libre dans l’ignorance ? La réponse est
non. C’est pour cela que l’ignorance est un instrument d’asservissement et de domination
largement employé par les régimes autoritaires. La connaissance est une contre-force face à
la servitude, elle est même une des conditions obligatoires de la liberté.
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CONNAISSANCE ET LIBERTÉ, IGNORANCE ET SERVITUDE
Le rôle émancipateur de la connaissance
PLAN DE LA CONFÉRENCE PAR ÉRIC LOWEN
La connaissance de toute la nature nous délivre de la superstition,
nous libère de la crainte de la mort,
nous empêche d’être troublés par l’ignorance des choses,
de laquelle proviennent souvent d’horribles épouvantes.
Cicéron (-106,-43)
De finibus, I, XIX, 63
L'ignorance qui se sçait, qui se juge et qui se condamne,
ce n'est pas une entière ignorance ;
pour l'estre, il fault qu'elle s'ignore soy mesme.
Michel Eyquem de Montaigne (1533-1592)
Essais, II, 230
I CONDITION HUMAINE ET CONNAISSANCE
1 - L’Être Humain est un être en devenir
2 - Nous venons au monde dans la situation de table rase (la Tabula Rasa aristotélicienne)
3 - Le rôle essentiel de l’apprentissage culturel et social dans la construction humaine
4 - La prise de conscience très tôt en philosophie des enjeux de l’ignorance et de la connaissance
5 - Une double relation très forte entre connaissance et liberté, et ignorance et servitude
II IGNORANCE ET SERVITUDE
1 - Qu’est-ce que l’ignorance ?
2 - Qu’est-ce que la servitude ?
3 - L’ignorance de responsabilité (différent de l’inconnaissance)
4 - L’ignorance se traduit par inconscience et incompréhension
5 - L’ignorance est source de peurs, de croyances et de superstitions
6 - L’ignorance d’une chose empêche d’interagir activement avec, un rapport passif et subitiste
7 - On ne peut combattre ou se libérer d’une aliénation qu’on ignore
8 - L’ignorance de soi, un impouvoir sur soi qui aboutit à une auto-servitude
9 - L’ignorance du monde, un impouvoir sur le monde qui mène à une servitude à l’égard du monde
10 - La nature aliénante de l’ignorance est amplifiée par les inégalités cognitives dans les sociétés
11 - La connaissance de l’ignorance d’autrui donne un pouvoir ascendant sur autrui
12 - L’instrumentalisation de l’ignorance d’autrui, l’ignorance comme instrument de pouvoir
13 - Le danger des ignorantismes, une variante des obscurantismes
III CONNAISSANCE ET LIBERTÉ
1 - Qu’est-ce que la connaissance ?
2 - Qu’est-ce que la liberté ?
3 - La connaissance de responsabilité (différent de la connaissance collective)
4 - La connaissance se traduit par conscience et compréhension
5 - La connaissance permet d’établir une relation sereine, éclairante et positive avec les choses
6 - La connaissance d’une chose donne la possibilité d’interagir activement avec cette chose
7 - On peut travailler, maîtriser ou se libérer d’une chose que l’on connaît
8 - La connaissance de soi, un pouvoir sur soi qui aboutit à une auto-émancipation
9 - La connaissance du monde, un pouvoir sur le monde qui aboutit à une libération des
déterminismes naturels et sociaux
10 - La nature émancipatrice de la connaissance est amplifiée par son partage démocratique
11 - La connaissance de son ignorance permet de s’en libérer
12 - La connaissance comme instrument de contre-pouvoir des forces sociales aliénantes
13 - L’intérêt des philosophies “philocognitives”, un éloge des philosophies des Lumières
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IV CONCLUSION
1 - Une articulation rigoureuse entre connaissance et liberté, ignorance et servitude
2 - L’ignorance est en soi un processus assujettissant
3 - La connaissance est émancipatrice et une condition obligatoire de la liberté
4 - La conquête de la liberté passe par la sortie de l’ignorance et la conquête de la connaissance
5 - Qui veut être libre doit faire l’effort des moyens de la connaissance et d’une progression
en connaissance
ORA ET LABORA
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Document 1 : À la naissance, l’Être Humain est dépourvu de savoirs et de connaissance. C’est le principe
de la table rase aristotélicienne. Ce qui veut dire que l’Être Humain est ignorant par sa nature primaire et
connaissant par sa nature secondaire que lui apporte l’acquisition culturelle.
Supposons donc qu'au commencement l'âme est ce qu'on appelle une Table rase, vide
de tous caractères, sans aucune idée, quelle qu'elle soit. Comment vient-elle à recevoir
des idées ? Par quel moyen en acquiert-elle cette prodigieuse quantité que l'Imagination
de l'Homme, toujours agissante et sans bornes, lui présente avec une variété presque
infinie ? D'où puise-t-elle tous ces matériaux qui sont comme le fond de tous ses
raisonnements et de toutes ses connaissances ? À cela, je réponds en un mot, de
l'expérience : c'est le fondement de toutes nos connaissances, et c'est de qu'elles
tirent leur première origine. Les observations que nous faisons sur les objets extérieurs et
sensibles, ou sur les opérations intérieures de notre âme, que nous apercevons et sur
lesquelles nous réfléchissons nous-mêmes, fournissent à notre esprit les matériaux de
toutes ses pensées. Ce sont les deux sources d'où découlent toutes les idées que
nous avons, ou que nous pouvons avoir naturellement. John Locke (1632-1704)
Essai sur l’entendement humain, 1690
Document 2 : Dans sa célèbre anti-utopie politique 1984, George Orwell a poussé jusqu’à son paroxysme
le principe de pouvoir social qu’induit l’ignorance pour un gouvernement désirant contrôler une population.
Dans cette société pas si fictive que cela, le Parti au pouvoir en a même fait un slogan politique pour inciter
à l’ignorance volontaire.
La guerre, c'est la paix, la liberté c'est l'esclavage, l'ignorance c'est la force.
George Orwell (1903-1950)
1984, 1948
Document 3 : La dimension émancipatrice de la connaissance commence, avant le contenu de
l’information, dans l’exercice de son propre esprit, de son propre raisonnement. Rien que le fait de penser
par soi-même est en soi émancipateur. Ce célèbre texte de Kant souligne ma responsabilité par rapport à la
connaissance dont je suis responsable quand j’utilise mon propre esprit, autant que l’ignorance dont je suis
responsable lorsque je n’utilise pas mon esprit.
Les Lumières sont ce qui fait sortir l'homme de la minorité qu'il doit s'imputer à lui-même.
La minorité consiste dans l'incapacitéil est de se servir de son intelligence sans être
dirigé par autrui. Il doit s'imputer à lui-même cette minorité, quand elle n'a pas pour objet
le manque d'intelligence, mais l'absence de la résolution et du courage nécessaires pour
user de son esprit sans être guidé par un autre. Sapere Aude, aie le courage de te servir
de ta propre intelligence ! Voilà donc la devise des Lumières. Emmanuel Kant (1724 -1804)
Réponse à cette question : Qu'est-ce que les Lumières ?, 1784
Document 4 : L’accès à la connaissance passe d’abord par l’accès aux moyens de la connaissance que
sont l’école, l’éducation et l’instruction. Les processus d’émancipation passent donc pour les esclaves et les
opprimés par la conquête des outils du savoirs.
Lis et instruis-toi, mon enfant, lui dit le vieil homme. Ainsi nous autres esclaves, nous
aurons une arme. Sinon, nous sommes comme les bêtes des champs. Le même dieu qui
donna le feu aux hommes leur a donné le pouvoir de coucher par écrit ses pensées afin
qu'ils puissent évoquer les pensées des dieux en cet âge d'or lointain. Car les hommes,
en ce temps-là, étaient près des dieux et discutaient librement avec eux, en ce temps-là il
n'y avait pas d'esclaves. Et ces jours-là reviendront. Fast Howard (1914-2003)
Spartacus, 1951
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