odedys

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Cogni-Sciences
30, avenue Marcellin Berthelot
38100 Grenoble
04 76 74 74 67 04 76 74 76 08
e.mail : [email protected]
Laboratoire de Psychologie et Neurocognition
CNRS (UMR 5105)
Université Pierre Mendès France
1251 Ave Centrale BP 47X
04 76 82 58 93 04 76 82 78 34
web: http://www.grenoble.iufm.fr/recherch/cognisciences
Outil de DÉpistage des DYSlexies
Septembre 2005
Partie I : Les principes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
1
Remerciements
L'ODÉDYS
Est composé de sub-tests extraits du BALE
(Bilan Analytique du Langage Écrit)
Les auteurs:
Monique JACQUIER-ROUX, Sylviane VALDOIS, Michel ZORMAN
Pour les ajouts de la version 2 : Christine LEQUETTE, Guillemette POUGET
Jacquier-Roux M., Médecin de l'Education nationale, médecin conseiller technique de l’Inspecteur
d’Académie DSDEN de la Loire.
Valdois S., Orthophoniste et Neuropsychologue, Laboratoire de Psychologie Expérimentale (UMR
5105, CNRS), Université Pierre Mendès France, Grenoble.
Zorman M., Médecin de santé publique et de l'Education nationale, Cogni-Sciences, IUFM de
l'Académie de Grenoble.
Lequette C., Médecin de l'Education nationale, Cogni-Sciences IUFM de Grenoble.
Pouget G., Médecin de l'Education nationale, Cogni-Sciences IUFM de Grenoble.
Remercient les membres de Cogni-Sciences IUFM de Grenoble qui ont collaboré à son
élaboration ou à sa mise au point:
Dominique LEPAUL, médecin de l'Education nationale
Marc REICHELT, enseignant de mathématiques, statisticien.
Marie-Françoise DEVAUX , enseignante de lettres en collège.
Pascal DUC, enseignant de lettres en collège.
Hélène SAVIN, enseignante de lettres en collège.
Ainsi que les médecins, infirmières de l'Education nationale du Service de Promotion de la Santé
en Faveur des Elèves, les psychologues des RASED et les psychologues Conseillers d’Orientation de
l'Académie de Grenoble qui ont étalonné le BALE durant les années scolaires 1999/2000 et
2000/2001.
Michèle COLCANAP – Manon DE TONNAC – Marie Gabrielle LANIER – Véronique AZZANO –
Anne GERVASONI – Dominique LALANE – Cécile DUCOUSSO – Ginette BLANC – Jacqueline
HERLUISON – Nicole LAUXEROIS – Catherine DUVERNEUIL – Aline GORRE – Thérèse
MOSSUZ – Marie Paule PEYRE – Marie Pierre ROCHE – Florence BORGHESE – Christine
CHAN – Odile DEBRU – Suzanne DIEUDONNE – Marie Claire GRUFFY – Annie BRIGNOLI –
Andrée BOILLEY – Hélène ALLAMAND – Dominique CLAPPE – Fabienne HENRY - Florence
WARENGHEM – Brigitte BELLE – Françoise DECLE – Chantal JOUAN – Marie Josée RAUX –
Brigitte THIRION – Françoise LECOURVOISIER – Guillemette POUGET – Elsa PEIFFER –
Catherine BOUCHARD – Catherine GUIENNE – Chantal JOUVE – Catherine ROCANCOURT
Partie I : Les principes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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Coordonateurs de l’outil de Repérage Orthographique Collectif (ROC)
Montpellier :
I. ALLAL médecin de l’Education nationale, A. BOUDINOT psychologue CHU, R. CHEMINALLANCELOT Praticien hospitalier CHU Gui de Chauliac, C. DAVY-AUBERTIN médecin conseiller
technique de l’Inspecteur d’Académie de l’Hérault.
Rennes
J. DIVRY Conseiller pédagogique, C.MAITROT médecin conseiller technique auprès du recteur.
C. WILLHELM IEN AIS.
Les enseignants qui ont participé à l’étalonnage de la dictée de phrases « ROC » :
Grenoble :
Mme ALONZO, Mme ATABAK, Mme BADOR, Mme DUVERNOY, Mme FALCETTA, M. GOS,
Mme HUGONNARD, Mme IRAGNE, Mme JEANGUIOT, M. LEBLANC, Mme MAUVY, Mme
M’HADBI, MICROMATIS, M. PETITPIERRE, M. SABY, Mme SARTEL, Mme TAN, Mme
VALLET,
Montpellier :
Mme ARAUD, Mme BOULAIS, Melle COTTI, Mme FOURNIER, Mme GUIGO, Mme ILLY,
Mme JOUVE, Mme LABAU, Mme LOUVOIS, M. MAURIES, Mme MESONNIER, Mme
MORERA, M. NERAUD, Mme RAYSSAC, Mme VERSINI.
Rennes :
Mme BATTAIS, Mme CORBEL, Mme CRETORS-PAYRE, Mme DELACROIX, Mme
DELVERT, Mme DUGUET, M. GAUTIER, Mme GEREGAIN, M. LEGRAND, Mme LE
GUILLOU,Mme LOUVEL, Mme MORTIN, Mme REINE, M. SIHRI, M. SIMON, Mme TESSIER,
TESTARD.
Etalonnage ODEDYS-5ème
M-C. BELLAMI, M-J. RAUX, E. TURBAN, médecins de l’Education nationale
Partie I : Les principes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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ODÉDYS 2
Outil de DÉpistage des DYSlexies
REMERCIEMENTS
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LES PRINCIPES
QUELLES NOUVEAUTÉS DANS LA VERSION 2?
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INTRODUCTION
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1. DIFFÉRENCIER DIFFICULTÉS ET TROUBLES
7
2. ODÉDYS (OUTIL DE DÉPISTAGE DES DYSLEXIES) VERSION 2
2.1. Ce qu'est ODÉDYS
2.2. L'objectif ODÉDYS (2)
2.3. A qui s'adresse ODÉDYS (2)
2.4. ODÉDYS (2), un outil de dépistage cognitif
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3. LES ÉPREUVES
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L'Alouette
Les épreuves de lecture
Dictée de mots
Dictée de phrases
Répétition de mots et de logatomes
Dénomination rapide.
Les épreuves métaphonologiques
Les épreuves de mémoire
Les épreuves visuelles
CONSIGNES POUR LES ÉPREUVES
Introduction
1. L’Alouette
2. Lecture de mots
3. Comparaison de suites de lettres
4. Dictée de Phrases « Petit garçon » (seulement pour le CM2/6e/5e)
5. Répétition de mots et de logatomes
6. Suppression du phonème initial.
7. Fusion de phonèmes
8. Dénomination rapide
9. Dictée de mots
10. Mémoire
11. Les cloches
ÉTALONNAGE
Complément pour la version 2 :
CE1
CE2
CM1
CM2
5e
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LES ÉPREUVES LE LIVRET DE L'ÉLÈVE
GUIDE DE PASSATION DES ÉPREUVES
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LES ÉPREUVES
Fiche 1 : Lecture de mots fréquents pour : CE1
Fiche 2 : Lecture de mots non fréquents pour : CE2
CM1
Fiche 3 : Séquences de lettres :
Fiche 4 : Dénomination rapide:
Fiche 5 : Listes de la dictée de mots:
Fiche 6 :Texte de la dictée de phrases « Petit garçon » :
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CM2
5e
LIVRET DE L'ÉLÈVE
Anamnèse
L’Alouette :
Lecture de mots fréquents :ž pour : CE1
Lecture de mots moins fréquents : ž pour : CE2 CM1 CM2 5e
Comparaison de séquences de lettres ž
Test des cloches :
Suppression de phonèmes initiaux
Fusion de phonèmes
Mémoire :
Répétition de mots
Répétition de logatomes
Dénomination rapide
Tableau pour la dictée de mots :
Page pour la dictée de phrases :
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CADRE THÉORIQUE
1. LE CADRE THÉORIQUE (LES DÉFICITS COGNITIFS)
1.1. Le modèle de lecture à deux voies
Procédure lexicale
Procédure phonologique
1.2. Interprétation des dyslexies développementales dans ce cadre théorique
1.3. Les habiletés sous-jacentes à la lecture évaluées par ODÉDYS
Capacités métaphonologiques
Dénomination rapide.
Mémoire verbale à court terme et de travail.
Le traitement visuel
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2. DESCRIPTION DE L'EXAMEN ET DES ÉPREUVES
2.1. Recommandations
2.2. Les limites
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3. DEUX EXEMPLES DE PROFIL DE DYSLEXIE
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RÉFÉRENCES
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Partie I : Les principes
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Les principes d’ODÉDYS
Quelles nouveautés dans la version 2?
Après plusieurs années de pratique de l’ODÉDYS (édité en 2002), les
utilisateurs et nous-mêmes avons souhaité étoffer la batterie de tests de dépistage
des dyslexies en ajoutant quelques épreuves et en prolongeant l’étalonnage jusqu’à
la classe de 5e de collège. Nous l’avons réalisé dans cette version 2 en respectant le
cadre d’un dépistage qui suppose une facilité d’utilisation et un faible coût en
temps.
La version 2 de l’ODÉDYS inclut :
• Deux nouvelles épreuves de langage oral étalonnées sur tous les niveaux :
- une épreuve de répétition de mots et de logatomes,
- une épreuve de dénomination rapide.
• Une dictée de phrases étalonnée pour les niveaux : CM2, 5ème
- avec un score d’orthographe d’usage
- et avec un score d’orthographe grammaticale
• Un étalonnage pour le niveau 5ème de collège de toutes les épreuves
Partie I : Les principes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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Introduction
Les recherches de ces vingt dernières années ont permis d'identifier les différentes
compétences mises en jeu dans la lecture. Comme le reprend le projet de programme pour le cycle
2 (septembre 2001): "Apprendre à lire, c'est apprendre à mettre en jeu en même temps deux
activités très différentes: celle qui conduit à identifier des mots écrits, celle qui conduit à en
comprendre la signification ... Seule la reconnaissance des mots est spécifique de la lecture. La
seconde n'est pas dissemblable de celle qui porte sur le langage oral …". Les élèves qui présentent
des difficultés de lecture et d'orthographe dues à un trouble de la reconnaissance des mots sont
environ 10 à 15%, du cycle 3 au collège. Il est important de pouvoir les identifier au plus tôt afin
de leur proposer une prise en charge pédagogique adaptée et si nécessaire une prise en charge
orthophonique.
1. Différencier difficultés et troubles
Il est important de distinguer parmi les enfants faibles lecteurs ceux qui présentent de
simples difficultés de lecture (retard simple) et ceux dont les faibles compétences en lecture
résultent d’un trouble cognitif (les enfants dyslexiques). Les difficultés des enfants qui présentent
un retard simple persévèrent moins dans le temps et leurs causes sont multifactorielles. Ce sont
essentiellement des causes environnementales (familiales ou scolaires) qui rendent l’apprentissage
de la lecture problématique. Dans ces cas, une approche pédagogique et éducative adaptée permet
d'améliorer assez rapidement les performances de l'enfant.
La dyslexie développementale est un trouble durable et persistant chez un enfant qui a une
intelligence normale. Les moyens récents d'investigation du cerveau comme l'imagerie médicale
ont permis d'établir que ce handicap est la conséquence d'un défaut de maturation d'une partie de la
zone du cerveau dédiée au langage. Quelque soit l'environnement social, culturel, éducatif et
pédagogique, le trouble serait apparu. Ces différents facteurs, s'ils sont défavorables aux
apprentissages, peuvent être un facteur aggravant mais en aucun cas la cause de la dyslexie. Le
dysfonctionnement cognitif à l’origine des dyslexies sera présent tout au long de la scolarité de
l’enfant et encore au cours de sa vie d'adulte (figure 1).
Partie I : Les principes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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. Figure 1 Chaîne causale des difficultés de lecture (d’après U. Frith)
Au début de l'apprentissage de la lecture (cycle 2), il est difficile de différencier un simple
retard de lecture d’un trouble spécifique. Certains enfants mettent plus de temps que d'autres à
démarrer leur apprentissage de la lecture. Parfois une simple aide, ou un soutien approprié, va
suffire à engager l'enfant dans cet apprentissage. C'est quand la situation d'échec dure malgré les
interventions et les aides (maître spécialisé, orthophoniste, …) qu'il devient fort probable que l'on
ait affaire à un trouble spécifique du langage écrit (dyslexie). Un diagnostic de dyslexie ne peut
être posé au mieux qu’après 18 mois d’apprentissage de la lecture. Or, il est tout à fait primordial
de dépister au plus tôt les enfants qui risquent de développer des difficultés en lecture afin
d'adopter le plus rapidement possible des mesures permettant de leur venir en aide et d'empêcher
que ces difficultés ne retentissent sur l'ensemble des autres apprentissages.
Cette nécessité d'un dépistage précoce implique de rechercher très tôt l’existence de
troubles associés et de facteurs dont on sait qu'ils sont souvent présents dans le contexte des
dyslexies. La présence d’un ou plusieurs de ces éléments chez un enfant de grande section de
maternelle ou chez un enfant de CP qui n'apprend pas à lire conduira à l’identifier comme étant « à
risque de développer une dyslexie ». Parmi les facteurs d’alerte qui doivent être recherchés,
notons: de faibles capacités de conscience phonologique (manipulation intentionnelle des unités
sonores : rimes, syllabes, phonèmes), l'existence d'un trouble du langage oral et/ou de la mémoire
verbale (répétition de mots, de chiffres) des troubles du graphisme, des difficultés de dénomination
des lettres (reconnaissance et identification des lettres). La présence d’antécédents familiaux de
dyslexie est également un indice dont il faut tenir compte dans la mesure où on reconnaît
aujourd’hui la dimension héréditaire des troubles dyslexiques. Bien qu’aucun signe, aucun trouble,
ne caractérise à coup sûr une dyslexie en maternelle ou au CP, leur présence doit conduire
l’enseignant à proposer des aides pédagogiques adaptées aux difficultés des élèves.
Partie I : Les principes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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C’est essentiellement le critère de durabilité qui est pris en compte dans la définition du
trouble dyslexique. L'OMS, dans sa Classification Internationale des Maladies de 1992 (CIM 10),
définit la dyslexie comme un trouble durable du langage écrit qui se traduit pour le sujet par au
moins 18 mois de retard de lecture par rapport à l’âge scolaire. Cet écart de 18 mois étant jugé
significatif pour des enfants ayant entre 8 et 12 ans. On parle de dyslexie si l’enfant a normalement
fréquenté l’école et n’a pas subi de carence éducative. Ce trouble n’est pas secondaire à : une
déficience sensorielle, mentale ou motrice, des lésions cérébrales, une pathologie neurologique, un
trouble envahissant du développement.
2. ODÉDYS (Outil de DÉpistage des DYSlexies) version 2
2.1. Ce qu'est ODÉDYS
Après le développement et la mise au point du BSEDS 5-6 (Zorman & Jacquier-Roux,
1999, 2002) qui est un outil de dépistage des difficultés et troubles du langage oral et des risques
de dyslexie, le besoin s'est exprimé pour un outil de dépistage et de suivi des enfants dyslexiques
auquel répond ODÉDYS. Après la version 3 du BSEDS, il est apparu nécessaire de faire paraître
cette version 2 d’ODÉDYS qui tient compte des demandes des praticiens qui l’ont utilisé pendant
ces trois dernières années.
Dans le cadre du Laboratoire Cogni-Sciences de l’IUFM de Grenoble, M. Jacquier-Roux,
S. Valdois et M. Zorman et C. Lequette, G. Pouget pour les ajouts de cette version 2, en
collaboration avec les médecins et infirmières du Service de promotion de la santé en faveur des
élèves, des psychologues du RASED et des psychologues Conseillers d'Orientation de l’Académie
1
de Grenoble, ont élaboré et étalonné une batterie (B.A.L.E ., Bilan Analytique du Langage Ecrit.).
Le BALE permet le diagnostic analytique des troubles du langage écrit à partir d'une analyse des
procédures de lecture et des processus cognitifs sous-jacents impliqués dans la lecture et
l'orthographe. Il a été étalonné durant les années scolaires 1999/2000 et 2000/2001.
ODÉDYS est issu de cette batterie qui comprend de nombreuses épreuves. Il a été conçu
comme un examen rapide permettant le dépistage des enfants dyslexiques. Dans la mesure où les
épreuves présentées dans le cadre d’ODÉDYS et l’étalonnage correspondant sont issues du
B.A.L.E, certains éléments d’information sur l’élaboration du B.A.L.E seront donnés dans cette
section.
Le B.A.L.E comprend plus de 40 épreuves qui couvrent un large éventail de fonctions
(langage oral, lecture, orthographe, mémoire, capacités métaphonologiques, traitements visuels).
Partie I : Les principes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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Ce bilan permet de faire un diagnostic précis de l'intensité et du type de dyslexie. Pour cela, il se
fonde sur des modèles cognitifs du langage oral et du langage écrit. Il analyse les deux voies de
lecture ainsi que les fonctions cognitives qui y participent. Depuis deux ans, le B.A.L.E est utilisé
par les auteurs et a permis d'analyser les troubles d'apprentissage de la lecture de plus de 200
enfants. En 2001, quelques médecins et psychologues scolaires de l'Académie de Grenoble ont été
formés pour réaliser, avec cette batterie, des examens d'enfants présentant des troubles de la
lecture et de l'orthographe. Après avoir effectué plus d'une centaine d'examens d'enfants, il semble
que le BALE réponde aux objectifs qui étaient fixés et permette un diagnostic spécifique, sensible
et reproductible. La passation du BALE et d'éventuelles épreuves complémentaires nécessite un
temps d’évaluation qui varie entre 2 et 4 heures. Les épreuves du BALE ont été passées dans 28
classes de décembre 1999 à avril 2000 auprès de 669 élèves du CE1 au CM2. Pour l'étalonner,
nous avons retiré: les données de 20 enfants (3 %) présentant une pathologie (surdité, déficience
mentale, pathologie du langage oral, …) ayant des conséquences sur l’apprentissage des langages
et celles de 113 enfants (17 %) présentant un retard scolaire (d'au moins un an). Au total, les
épreuves du BALE ont été validées auprès de 536 élèves du CE1 au CM2 (CE1 : n=143, CE2 :
n=127, CM1 : n=116, CM2 : n=150), exempts de pathologies connues ayant une influence sur les
apprentissages et n'ayant jamais redoublé. Par ailleurs, pour l’ensemble de la France et pour
l’année scolaire 1999-2000, 14,7 % des élèves scolarisés en primaire étaient en REP. Dans notre
échantillon, nous avons pondéré les résultats afin que les élèves de REP représentent 15 % de la
population, ce qui correspond à la moyenne nationale de représentation des élèves de REP en
primaire. Pour le niveau 5ede collège, l’étalonnage a été réalisé, en début 2005, auprès de 158
élèves, mais n’ont été retenu que 129 élèves n’ayant jamais redoublé (29 élèves avaient redoublé
au moins une fois, 18% de la population).
ODÉDYS est donc un outil de dépistage des dyslexies qui a été construit en extrayant
quelques épreuves du BALE. Sa passation est beaucoup plus rapide, en moyenne 20 minutes à une
demi-heure, mais il est également très incomplet et ne permet notamment pas d’établir avec
certitude le type de dyslexie que présente l’enfant.
2.2. L'objectif ODÉDYS (2)
ODÉDYS est un outil de dépistage qui n’utilise qu’un nombre restreint d’épreuves : une
épreuve donnant l'âge lexique, une épreuve de lecture, 2 épreuves d’orthographe, 1 épreuve de
répétition de mots et de logatomes, 1 épreuve de dénomination rapide, 2 épreuves
métaphonologiques, une épreuve de mémoire verbale à court terme et de travail et de travail, deux
Partie I : Les principes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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épreuves de traitement visuel. Il ne permet pas un examen exhaustif des mécanismes cognitifs
impliqués dans l’acte de lecture et ne mesure pas précisément l’intensité du trouble. ODEDYS ne
propose notamment pas d’évaluation du niveau de langage oral (vocabulaire, morpho-syntaxe en
réception, production) ou de compréhension écrite. Il ne permet d’estimer, ni les capacités
attentionnelles des enfants, ni leur efficience intellectuelle. Donc, ODÉDYS ne permet pas de faire
un diagnostic différentiel entre une dyslexie et un retard de lecture d’une autre nature.
CEPENDANT
ODÉDYS permet d’évaluer le niveau de lecture et d’orthographe des enfants du CE1 au
CM2 et de préciser si les difficultés portent davantage sur les procédures lexicale ou analytique de
lecture et d’écriture. Il propose quelques épreuves visant à estimer le niveau de conscience
phonémique des enfants, leurs capacités de mémoire verbale à court terme et de travail et de
traitement visuel. Ces épreuves complémentaires ont été retenues dans la mesure où ce sont les
épreuves du B.A.L.E les plus sensibles à la dyslexie. Nous avons examiné, avec les épreuves
retenues dans ODÉDYS, un certain nombre d'enfants dyslexiques qui ont eu, par ailleurs, un bilan
complet en utilisant le BALE. Il apparaît que les épreuves retenues dans ODÉDYS sont assez
sensibles (tous les sujets dyslexiques auraient été dépistés). Des enfants dyslexiques ont été suivis
et des passations répétées des épreuves dans le temps ont été réalisées. Elles ont permis de mesurer
l'évolution des performances dans les domaines considérés, en montrant une bonne sensibilité aux
2
variations et une bonne reproductibilité .
Si une dyslexie est dépistée suite à la passation d’ODÉDYS, l’examen devra déboucher sur
un bilan plus complet afin de faire le diagnostic. Lorsque la dyslexie est confirmée, il faudra
mettre en place des prises en charge rééducatives et pédagogiques les plus adaptées et précoces
possible. ODÉDYS permet également d'effectuer un suivi au cours de la scolarité afin de mesurer
l'évolution des enfants présentant une dyslexie ou des difficultés en lecture, en particulier ceux qui
e
ont présenté des risques de dyslexie au bilan de 6 année (BSEDS 5-6).
La mise en évidence de difficultés de lecture touchant spécifiquement certains types d’item
(mots irréguliers ou pseudo-mots) ou la mise en évidence de troubles associés, phonologiques ou
visuels, pourra constituer une première indication permettant de mettre en place des entraînements
adaptés en classe. Mais un bilan plus complet est absolument nécessaire pour orienter la prise en
charge rééducative et définir les modalités précises des adaptations pédagogiques.
Partie I : Les principes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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2.3. A qui s'adresse ODÉDYS (2)
ODÉDYS s'adresse à des professionnels cliniciens formés à l'approche de la
neuropsychologie cognitive (orthophonistes, psychologues, médecins). Son utilisation pour des
dépistages individuels ou pour des suivis de cohorte doit être confiée à des personnels formés au
cadre théorique, à l'évaluation en situation duelle et à l'utilisation (méthodologie précise) des
épreuves composant ODÉDYS. A l'issu de l'examen, les données recueillies doivent être
interprétées dans le cadre des modèles théoriques de référence en tenant compte tant de l’aspect
quantitatif (permettant de situer l'enfant par rapport aux sujets de même niveau scolaire), que de
l’aspect qualitatif (nature des erreurs). Il sera aussi nécessaire d'interpréter les résultats en fonction
des éléments apportés par l'enseignant, les parents, l’anamnèse.
Le professionnel qui aura utilisé ODÉDYS dans un objectif de dépistage devra, au terme de
l’évaluation, décider si on peut en rester là et dans ce cas donner des recommandations (guidance
pédagogique et éducative). Ces recommandations doivent donner des informations claires sur
l'analyse du fonctionnement de l'enfant (lecture, orthographe) et être compréhensibles par les
enseignants et les parents afin qu'ils puissent ajuster la pédagogie, l'aide et l'accompagnement
nécessaires. Il pourra, au contraire, décider que des bilans complémentaires (langage, attention,
QI, bilan psychologique, examen sensoriel, exploration fonctionnelle, …) sont nécessaires et
adresser l’enfant, en concertation avec le médecin traitant, pour un ou des bilans complémentaires
chez
un
spécialiste
(orthophoniste,
neuropédiatre,
neuropsychologue,
ophtalmologiste,
pédopsychiatre, …) ou au CHU dans un centre de référence et de diagnostic des troubles du
langage.
Si les normes servent de guide à la réflexion et permettent de mesurer l'ampleur du déficit
ou du dysfonctionnement cognitif, elles ne doivent pas conduire à des interprétations dépourvues
de sens théorique et clinique. C'est l’interprétation des résultats dans un cadre théorique précis qui
permettra au clinicien de cerner la nature des difficultés et des déficiences cognitives mises en
évidence.
Compte tenu de ces différentes exigences, il semble que ce sont les psychologues, les
orthophonistes et les médecins qui doivent être les principaux utilisateurs d’ODÉDYS.
2.4. ODÉDYS (2), un outil de dépistage cognitif
La définition (cf. partie 1, p. 7) donnée par les classifications médicales internationales
(CIM 10, DSM IV) est essentiellement symptomatique et retient essentiellement des critères
Partie I : Les principes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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négatifs (par élimination) qui ne correspondent plus réellement au niveau des connaissances
scientifiques et cliniques actuelles et ne rendent pas compte de la spécificité du trouble de langage
écrit. Les tests de lecture traditionnels mesurent des indicateurs globaux de performance comme la
vitesse de lecture et l'âge lexique (Alouette). S'ils permettent de situer l'enfant par rapport à sa
classe d’âge, ils ne donnent aucune information sur la nature des troubles associés et les causes
potentielles des difficultés de lecture. Le dépistage cognitif des dyslexies développementales se
doit d'être conduit en référence à un modèle cognitif. Il s'agit de spécifier la nature des difficultés
de lecture et de rechercher les dysfonctionnements cognitifs qui leur sont associés. Pour cela, il est
nécessaire de proposer à l’enfant des épreuves spécifiques testant chacune des composantes
impliquées dans la lecture. L’évaluation permet ainsi de déterminer quels sont les processus de
lecture fonctionnels et ceux qui ne se sont pas mis en place au cours de l’apprentissage. Elle
conduit à dresser pour le langage écrit un profil cognitif de l’enfant mais cela au prix d’un temps
de passation nécessairement long.
ODÉDYS propose un dépistage rapide des troubles de la lecture qui permet une première
évaluation de la fonctionnalité des procédures de lecture et une première approche des troubles
cognitifs associés. Il renferme quelques épreuves permettant une première estimation des capacités
de traitement métaphonologique de l’enfant, de ses aptitudes en mémoire verbale à court terme et
de travail et de ses capacités de traitement visuel. ODÉDYS permet ainsi de faire une hypothèse
raisonnable quant à la nature des troubles associés aux difficultés de lecture et potentiellement
responsables de ces difficultés.
Partie I : Les principes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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3. Les épreuves
L'Alouette1
Tout examen des capacités de lecture nécessite une estimation du niveau de lecture avec un
test normé. Le test de l’Alouette (Lefavrais, 1967) est proposé afin de déterminer l’âge lexique de
l’enfant. Il s’agit d’un texte de 265 mots que l’enfant doit lire à haute voix. Il dispose pour cela
d’un maximum de 3 minutes. Le nombre d’erreurs et le temps de lecture (s'il est inférieur à 3
minutes) sont notés. Les tableaux de référence de ce test donnent un âge de lecture et une
correspondance en termes de niveau scolaire. On parle de trouble durable de la lecture si l’âge
lexique est inférieur de 18 mois à l’âge réel pour des enfants ayant entre 8 et 12 ans. Le texte de
l’Alouette est un texte qui véhicule peu de sens et renferme des mots peu fréquents ce qui en fait
un texte très particulier et non représentatif des textes auquel l’enfant est habituellement confronté.
Cependant, ce test est très sensible aux difficultés de lecture, notamment parce que l’enfant ne peut
utiliser de stratégies d’anticipation ou d'inférence qui pourraient masquer ses difficultés. Un réétalonnage de l’épreuve a été effectué dans le cadre de la normalisation des épreuves du BALE et
montre que les normes proposées originalement ne diffèrent pas significativement des normes que
nous avons obtenues. (Le test n’est pas fourni dans ODÉDYS).
Les épreuves de lecture
Des listes de mots réguliers et irréguliers et de pseudo-mots sont proposées pour évaluer les
différentes procédures de lecture. Des listes de mots fréquents (1ère liste) sont proposées pour
évaluer le niveau de lecture des enfants de CE1 ; des listes de mots moins fréquents (2e liste) ont
été retenues pour l’évaluation des enfants du CE2 au CM2 afin d’augmenter la sensibilité du test.
Les pseudo-mots sont appariés du point de vue de leur longueur et de leur structure phonémique
avec les mots réguliers. Les différents types de mots sont présentés par colonne (20 items pour
chaque liste) ne renfermant que des mots réguliers, irréguliers ou des pseudo-mots. Les enfants
sont avertis de la nature des items (mots existants ou mots inventés) avant la lecture de chaque
liste. Ils doivent ensuite lire les 20 items successifs, le plus rapidement possible, et en faisant le
moins d’erreurs possible. La nature des réponses est notée par l’examinateur en face de chaque
mot et le temps global de lecture des 20 items est relevé pour chaque liste. A la fin de l’épreuve,
l’examinateur dispose ainsi de trois types d’informations : le score sur chacune des listes, le temps
de lecture par liste, et la nature des erreurs produites. C’est sur la base de ces trois types
d’information qu’il devra conclure à l’intégrité ou au dysfonctionnement de l’une ou l’autre des
procédures de lecture.
1
Aux Editions du Centre de Psychologie Appliquée 25 rue de la Plaine 75980 Paris Cedex 20
Partie I : Les principes
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14
Lorsqu’un enfant présente un dysfonctionnement de la procédure lexicale de lecture :
- ses performances en lecture de mots irréguliers sont significativement plus faibles en
termes de score et de temps que celles des enfants témoins du même âge réel.
- son temps de lecture est plus élevé que celui des témoins lors de la lecture des mots
réguliers même s’il ne commet pas d’erreurs sur ces items.
- la lecture des pseudo-mots est plus ou moins préservée mais les erreurs, lorsqu’il y en a,
ne résultent pas de confusions entre sons proches (t/d, c/g, f/v, s/z, ch/j).
- les erreurs de régularisation sont fréquentes lors de la lecture des mots irréguliers (e.g.,
tabac -> tabak, galop -> galope, femme -> feume)..
Lorsqu’un enfant présente un dysfonctionnement de la procédure analytique de lecture :
- ses performances en lecture de mots irréguliers sont relativement préservées en termes de
score et de temps et les erreurs lorsqu’il y en a ne sont pas très majoritairement des régularisations.
- le temps de lecture sur les mots réguliers est comparable à celui des témoins.
- la performance en lecture de pseudo-mots est significativement plus faible que celle des
enfants témoins que l’on considère le score ou le temps de lecture.
- les erreurs sont essentiellement des paralexies phonémiques par addition, omission,
substitution ou déplacement de phonèmes. Des erreurs de lexicalisation peuvent être observées
(aivron -> avion ou aviron, toir -> trois) ainsi que des confusions entre sourdes et sonores (faute ->
faude ; splendeur -> splenteur).
Les épreuves d'orthographe
Dictée de mots
Une dictée de mots irréguliers, réguliers et de pseudo-mots permet d'analyser les
procédures analytique et lexicale d’écriture. Des listes bloquées de 10 mots réguliers, 10 mots
irréguliers et 10 pseudo-mots sont successivement dictées à l’enfant.
Un déficit de la procédure lexicale d’écriture se manifestera par une performance
particulièrement déficitaire en dictée de mots irréguliers alors que l’écriture des pseudo-mots est
relativement préservée. Les erreurs sont alors très majoritairement des erreurs phonologiquement
plausibles (e.g., seconde Æ segonde ; fusil Æ fusi, galop Æ galeau). Ces enfants peuvent
également faire des erreurs sur les mots réguliers dans la mesure où leur écriture des mots est
exclusivement guidée par la forme phonologique (e.g., frite Æ fritte, verbe Æ verb).
Un déficit de la procédure analytique d’écriture sera marqué principalement par de faibles
performances en écriture de pseudo-mots et la production d’erreurs résultant de confusions entre
Partie I : Les principes
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15
sons proches (nagul Æ nacul, bartin Æ bardin), d’omissions de sons (brachau Æ bachau), de
déplacements (famir Æ fimare) ou d’additions (datoir Æ dratoire). L’écriture sous dictée des mots
réguliers et irréguliers est relativement préservée, mais peut également conduire à quelques
productions non plausibles phonologiquement.
Dans l'analyse, la démarche doit consister à comprendre quelles sont les stratégies de
lecture et d'écriture utilisées par l'enfant. Il faudra essayer d'évaluer si les deux procédures sont
opérationnelles et celle qui est préférentiellement employée par l'enfant. Pour cela, les trois types
d'information correspondant au score de réussite, au temps de lecture et à la nature des erreurs
doivent être pris en compte. On s’attend à observer une certaine cohérence entre les performances
en lecture et en orthographe dans la mesure où une forme de dysorthographie est typiquement
associée à chaque type de dyslexie.
Dictée de phrases
La dictée de phrases contient 10 mots cibles pour l’orthographe d’usage et 10 accords
cibles pour l’orthographe d’accord. L’évaluation de l’orthographe au moyen des listes de mots
réguliers, irréguliers et pseudo-mots de l’ODÉDYS permet d’évaluer l’efficience des voies
lexicales et phonologiques mises en œuvre dans l’acquisition de l’orthographe d’usage. Cette
épreuve ne rend pas toujours compte de l’intensité de la dysorthographie car elle n’exige que de
produire l’orthographe d’usage d’un mot isolé en dehors d’un contexte de phrase ou de texte, sans
nécessité de maintenir l’énoncé en mémoire, ni d’accorder.
Certains élèves dyslexiques à partir du cycle 3 peuvent s’en sortir dans ce type d’épreuves
ou simplement avoir des résultats faibles, mais non déviants. A partir du CM2, une situation plus
en rapport avec les exigences scolaires telle que l’épreuve de dictée de phrases permet de
compléter l’évaluation de l’orthographe avec les scores d’usage et d’accord. La dictée requiert une
plus grande charge attentionnelle, l’enfant doit maintenir en mémoire verbale à court terme et de
travail une partie de l’énoncé pendant qu’il doit rechercher l’orthographe d’usage, l’orthographe
d’accord et déclencher les micro-contractions des muscles moteurs des doigts de la main
impliquée dans l’écriture.
La dictée de phrases permet d’évaluer le fonctionnement des deux procédures (lexicales et
phonologique) moins bien que la dictée de mots isolés (réguliers, irréguliers et pseudo-mots), mais
elle donne un plus juste reflet du niveau de dysorthographie et du désavantage subi par l’élève en
situation scolaire.
Partie I : Les principes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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Langage oral
Répétition de mots et de logatomes
Elle permet d’évaluer la capacité de « décodage-encodage audiophonatoire », et l’existence
d’un trouble de la production phonologique. Les erreurs ou confusions lors de la répétition de
logatome sont souvent associés aux troubles du langage oral. Une mémoire verbale à court terme
déficitaire ou limitée rend difficile la répétition des logatomes longs (4 syllabes et plus). Cette
épreuve peut révéler un trouble de la programmation ou de la réalisation motrice de l’articulation
avec une altération de la fluidité et/ ou de l’intelligibilité du langage.
Dénomination rapide
Dans le sub-test de dénomination rapide, le sujet doit nommer le plus rapidement possible
des séries de cinq images présentées à cinq reprises dans un ordre aléatoire. Denkla et Rudel
(1976) ont élaboré un test «Rapid automatized naming» ou RAN test, ils ont mis en évidence des
temps de dénomination beaucoup plus lents chez les dyslexiques que chez les enfants normaux.
Les dyslexiques sont aussi moins performants dans cette tâche que des enfants en difficultés
générales d’apprentissage. Pour les auteurs, l’interprétation de cette lenteur spécifique aux
dyslexiques ne dépendrait, ni de la vitesse d’articulation, ni de la connaissance du vocabulaire, ni
de l’identification visuelle des stimuli, mais de leur incapacité à accéder de façon automatique à
« l’image motrice » des mots, nécessaire à leur dénomination rapide. La dénomination rapide
s’apparente en partie à l’activité de lecture dans la mesure où, il faut effectuer un appariement
visuo-verbal pour prononcer le mot.
Les épreuves métaphonologiques
Deux épreuves métaphonologiques sont proposées afin d’estimer le niveau de conscience
phonémique des enfants. Les résultats aux épreuves de conscience phonémique vont permettre de
savoir la part qui peut être attribuée au trouble phonologique quant à l'origine des déficiences
constatées en lecture et orthographe. En effet, il est largement admis que la capacité de manipuler
les segments sonores de la parole est prédictive de l'apprentissage de la lecture. Il y a une forte
relation de causalité entre la conscience phonologique et la maîtrise du code alphabétique et une
relation de réciprocité entre la conscience phonémique et l'acquisition de la lecture. Les deux
épreuves proposées dans ODÉDYS demandent d’identifier et de manipuler des phonèmes. Ces
épreuves ont été retenues dans la mesure où la manipulation des phonèmes est plus sensible à
l’apprentissage de la lecture et plus souvent perturbée dans le contexte des dyslexies. Les unités
phonologiques de taille supérieure comme la rime ou la syllabe sont en général correctement
Partie I : Les principes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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traitées par les enfants dès avant le CP et donnent moins systématiquement lieu à des erreurs chez
les enfants dyslexiques.
Les deux épreuves de conscience phonémique retenues sont:
- Une épreuve de suppression du phonème initial : Un mot est énoncé oralement par
l’expérimentateur. L’enfant doit produire un nouveau mot résultant de l’omission du premier
phonème du mot proposé (exemple : « cane » Æ /an/ « âne »). La plupart des mots énoncés
commencent par un groupe consonantique (exemple : flou Æ /lu/ ; trou Æ /ru/ ; pli Æ /li/). Il est
particulièrement difficile aux enfants dyslexiques ayant un trouble de la conscience phonémique
de scinder ce groupe consonantique initial et ils ont souvent tendance à l’omettre dans sa totalité
(flou Æ /u/ ; prose Æ /oz/).
- Une épreuve d’acronyme (fusion de phonèmes): Deux mots sont successivement énoncés
oralement par l’expérimentateur (exemple : chien - accroupi). L’enfant doit isoler le premier
phonème de chaque mot puis produire la syllabe résultant de leur fusion (« cha » dans l’exemple
précédent). Divers types d’erreur peuvent être observés dans cette épreuve, il n’est pas rare
d’obtenir des réponses du type /ka/ dans l’exemple précédent. Ce type de réponse résulte d’un
traitement basé sur la première lettre (le « c » de chien) plutôt que le premier son. Ces erreurs
démontrent que l’enfant a mis en place une stratégie orthographique faute de pouvoir traiter la
séquence sonore du mot. La plupart des paires de mots proposées dans cette épreuve permettent de
mettre en évidence un tel biais orthographique dans les réponses.
Les épreuves de mémoire
Une épreuve d’empan de chiffres endroit permet d’évaluer les capacités de mémoire
verbale à court terme des enfants. Elle consiste à déterminer le nombre maximal de chiffres que
l’enfant est capable de répéter dans l’ordre où ils ont été énoncés. Le nombre de chiffres qui
peuvent être répétés dans l’ordre inverse de celui où ils ont été énoncés (empan de chiffres envers)
permet une estimation des capacités de mémoire de travail.
Les épreuves visuelles
Deux épreuves visuelles ont été retenues dans ODÉDYS afin d’évaluer d’éventuelles
difficultés de traitement visuel qui pourraient empêcher le traitement exhaustif de la séquence
orthographique des mots et ainsi limiter le développement du lexique orthographique:
- Une épreuve de comparaison de séquences de lettres sans signification : une liste de 20
paires de séquences est présentée à l’enfant qui doit les comparer deux à deux et déterminer si
Partie I : Les principes
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elles sont identiques ou différentes. Les séquences sont composées de 3 à 5 lettres et diffèrent soit
à cause de la permutation de deux éléments de la séquence (exemple : MTL TML) soit parce
qu’une des lettres a été substituée par une lettre visuellement proche (exemple : AFQ AEQ). La
qualité et le temps de réponse sont pris en compte.
- Le test des cloches a été élaboré par Gauthier, Dehaut & Joanette (1989) afin d’évaluer la
négligence visuelle chez les adultes cérébro-lésés. Il est ici utilisé afin de mesurer les capacités
visuo-attentionnelles des enfants dans le cadre d’une épreuve de recherche de cibles parmi des
distracteurs. Le test consiste à présenter à l’enfant une feuille renfermant 112 dessins d’objets
(scie, pomme, cheval, voiture, nuage…) dont 35 cloches. La tâche consiste pour l’enfant à barrer
le plus de cloches possibles pendant un temps de 2 minutes. Le score (nombre de cloches barrées
en deux minutes) est pris en compte ainsi que la stratégie de balayage visuel.
Partie I : Les principes
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CONSIGNES
POUR LES ÉPREUVES
Septembre 2005
Partie II : Consignes
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CONSIGNES POUR LES ÉPREUVES DE L'ODÉDYS
Introduction
La plupart des épreuves d’ODÉDYS sont chronométrées, il faut donc vous munir d’un
chronomètre dès le début des épreuves. Vous disposez de fiches d'épreuves « pour l’enfant », qui
doivent lui être remises une à une, et du "livret de l'élève" où doivent être notées les réponses, les
scores et les temps. Pour les épreuves chronométrées qui doivent être réalisées le plus vite et le
mieux possible, il n’y a aucune consigne particulière concernant l’écart entre deux épreuves
successives. Vous pouvez donc ménager des temps de pause entre les différentes épreuves adaptés
aux efforts fournis par l’enfant. L’ordre de passation des différentes épreuves que nous proposons
est identique d’un enfant à l’autre ; il tient compte de la charge attentionnelle et cognitive des
épreuves successives.
1. L’Alouette
Expliquer à l’enfant :
- qu’il doit lire le texte à voix haute, le mieux possible,
- que celui-ci n’a pas vraiment de sens et qu'il n'y a rien à comprendre.
- qu’on le chronomètre (arrêt après 3 mn).
Déclencher le chronomètre lorsque l’enfant commence sa lecture (le titre n’est pas à lire),
l’arrêter quand l’enfant a fini la page ou au bout de 3 minutes de lecture s’il n’a pas fini, en notant
sur la fiche où il s'est arrêté.
Quand un enfant bute sur un mot, attendre 5 secondes (en comptant 301,302,303,304,305),
puis lui dire de passer au mot suivant.
Entourer les mots non lus (erreur).
Rayer toutes les lignes sautées (mots non parcourus à soustraire du nombre total de mots).
Entourer les mots mal lus, “ déformés ” ou remplacés (erreurs).
Un mot mal lu initialement puis corrigé n’est pas décompté comme une erreur.
Noter :
le score apparent, c’est-à-dire le nombre de mots lus en 3 minutes, en s’aidant des chiffres
situés en bout de ligne (Le nombre de mots faisant partie de lignes sautées est déduit).
le temps de lecture s’il est inférieur à trois minutes.
le nombre d’erreurs (mots mal lus, mots sautés isolément, mots non lus en 5 secondes), le
mot mal lu puis corrigé n’est pas une faute.
En fin de bilan, on se reportera aux tableaux pour établir l’âge lexique.
Partie II : Consignes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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2. Lecture de mots
Donner à l’enfant la fiche de lecture de mots correspondant à sa classe, avec un cache
(carton ou feuille A4). Expliquer qu’il doit lire les mots par colonne le plus rapidement possible.
Découvrez la première colonne des mots irréguliers et lui demander s'il est prêt à lire. Lorsqu'il
répond oui donner le top de départ en déclenchant le chronomètre. Découvrez la 2e colonne et
procéder comme précédemment. A la 3e colonne, préciser qu’elle est composée "de mots qui
n’existent pas et qui ne veulent rien dire" et qu’il faudra lire ce qui est écrit sans chercher à
comprendre.
Ne pas oublier de déclencher le chronomètre au début de chaque colonne et l’arrêter
en fin de lecture de chaque colonne.
Au fur et à mesure de la lecture, noter les erreurs (c'est à dire ce qu'il a lu, afin de pouvoir
analyser a posteriori la nature des erreurs : régularisation, erreur sonore, confusion visuelle,
simplification, lexicalisation, …) sur la feuille correspondante en regard du mot :
Si l’enfant lit bien le mot, ne rien mettre dans la case.
S’il régularise les mots irréguliers, noter R..
Pour les autres erreurs, noter ce qui est produit ou la partie du mot comportant l’erreur.
Noter le temps en seconde et le score de réussite sur 20 pour chaque colonne.
3. Comparaison de suites de lettres
Donner à l’enfant la feuille-épreuve de comparaison de suites de lettres. Il doit comparer
les suites de lettres qu’il découvre successivement et dire selon le cas “ pareil ” ou “ pas
pareil ”. Spécifier que les 2 suites ne sont pas pareilles si les lettres ne sont pas identiques ou pas
dans le même ordre. Commencer par les séquences d’essai pour lesquelles on fait un retour
commenté à l’enfant. Puis suivre sur la fiche de recueil correspondante et noter la réponse donnée.
Chronométrer l’épreuve. Démarrer le chronomètre lorsque la première paire de séquences
est découverte, l’arrêter après la réponse de l’enfant à la dernière paire.
Observer sa façon de faire, s’il suit avec le doigt ou pas ; s’il compare les séquences lettre à
lettre.
Enregistrer le score de réussite sur 20 et le temps en secondes.
Partie II : Consignes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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4. Dictée de phrases « Petit garçon » (seulement pour le CM2/6e/5e)
Donner à l’enfant une feuille blanche avec des lignes sur laquelle il va écrire la dictée.
Le texte de la dictée est celui proposé dans le ROC2 (Repérage Orthographique Collectif)
si l’élève a déjà bénéficié du repérage avec son enseignant, il faut récupérer les résultats. Sinon
vous trouverez cette dictée à faire réaliser à l’enfant dans la Partie IV Epreuves (p 46, fiche 6) .
La correction va vous donner 2 scores sur 10 : un score d’orthographe d’usage et un score
d’orthographe d’accord.
U : le score d’usage (maximum 10)
A : le score d’accord (maximum 10)
Pour le score d’usage, ne tenir compte que des mots en gras correctement orthographiés,
sans tenir compte de leurs accords.
Pour le score d’accord, ne tenir compte que des mots ou parties de mots signalés en gras cidessous sans se soucier de l’orthographe d’usage.
Vous ne relisez pas le texte.
Á la fin de la dictée, l’enfant pose le stylo sans relire son texte et sans apporter de
correction.
L’étalonnage de cette épreuve a été réalisé dans ces conditions.
5. Répétition de mots et de logatomes
Faire répéter l’une après l’autre les mots et les logatomes des 2 listes ci-dessous. Noter le score
de mots et de non mots correctement répétés (si l’enfant prononce de façon erronée une première
fois et se corrige ensuite compter une erreur) par exemple l’enfant dit : /peulpe/ puis corrige en
/peuple/, noter 0.
Enregistrer le score de répétition de mots sur 16
Enregistrer le score de répétition de logatome sur 20
6. Suppression du phonème initial
L’enfant doit supprimer le premier phonème de chaque mot donné oralement et énoncer le
nouveau mot résultant de cette suppression.
Expliquer la consigne : “ maintenant tu vas supprimer le premier son du mot que je te dis
et donner le mot restant ”.
Donner un exemple : “ si je dis feuille, j’enlève le premier son, c’est /f/, il reste /oeil /”. Lui
faire faire un essai avec régle qui donne /aigle/.
2
Le ROC est une batterie de repérage des troubles de l’orthographe et de la lecture à usage des enseignants. Il concerne
les élèves de CM2-6e-5e. Il sera en accès sur le site web de Cogni-Sciences en Janvier 2006.
Partie II : Consignes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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Donner deux autres exemples : « ombrage » et « tracteur ».
Corriger l’enfant si nécessaire. Réprendre comme précédemment en explicitant :
Le premier son de « ombrage est /om/, si on l’enlève il reste /brage/.
Le premier son de « tracteur » est /t/, si on l’enlève il reste /racteur/.
Lui donner les mots de la liste un à un.
Noter sans commentaire la réponse de l’enfant si elle est fausse ; mettre une croix si elle est juste.
Noter le score de réussite sur 10.
Bien que cette épreuve ne soit pas chronométrée, il est conseillé de noter le temps car
certains enfants vont réaliser cette épreuve très lentement (plusieurs minutes) et avec un effort de
concentration et une charge mentale importants et visibles pour l'examinateur. Ces éléments
devront être pris en compte au moment de l'interprétation des résultats.
7. Fusion de phonèmes
L’enfant doit isoler le premier phonème de deux mots qui lui sont donnés oralement, les
fusionner et donner la syllabe résultante.
Expliquer la consigne : “ Je vais te dire deux mots. Tu dois prendre le premier son de
chaque mot et les mettre ensemble pour faire une syllabe.
Donner un exemple avec: « bonne // année » , tu prends le /b/ de « bonne » et le /a/ de
« année », et tu les mets ensemble : b et a -> ba -> la réponse est « ba »
On donne ensuite deux autres exemples avec correction :
Si je dis « chaise // orange » tu me dis ?
Dans tous les cas, on reprend la démarche avec l’enfant : tu prends le /ch/ de « chaise» et le
/o/ de « orange », et tu les mets ensemble : ch et o -> cho -> la réponse est « cho »
Si l’enfant dit « co » bien insister sur le fait que c’est le premier son qui compte et pas la
première lettre.
Si je dis « gros // outil », tu dis… ?
On reprend la démarche pour isoler /g/ et /ou/ -> réponse /gou/
Si l’enfant dit « go » bien insister sur le fait que c’est le premier son qui compte et pas la
première lettre.
Lui donner ensuite les dix séries de mots de la fiche. Noter ses réponses sans commentaire.
Noter le score sur 10.
Bien que cette épreuve ne soit pas chronométrée, il est conseillé de noter le temps car
certains enfants vont réaliser cette épreuve très lentement (plusieurs minutes) et avec un effort de
concentration et une charge mentale importants et visibles pour l'examinateur. Par ailleurs, il peut
Partie II : Consignes
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
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se tromper, donner la syllabe, puis après réflexion corriger, etc. Ces éléments devront être pris en
compte au moment de l'interprétation des résultats.
8. Dénomination rapide
Ce test est composé d’une planche de 25 images de 5 dessins différents disposés de
manière aléatoire que l’enfant doit dénommer le plus rapidement possible.
Placer devant l’enfant la feuille comportant les images et lui demander de nommer les
images se trouvant dans la première colonne (dans laquelle les 5 images différentes sont présentes)
pour s’assurer qu’elles sont bien connues. Préciser à l’enfant qu’il ne doit pas utiliser de
déterminant, il doit dire : RAISIN- CHAPEAU-COUTEAU- LAPIN- CISEAU
Lui expliquer ensuite qu’il doit nommer l’image de chaque case en suivant les lignes
horizontalement dans le sens de la lecture et que l’on va noter le temps qu’il met.
Déclencher le chronomètre au premier son qu’énonce l’enfant. Arrêter le chronomètre à
la fin de la dénomination de la dernière image.
Si l’enfant s’arrête sur une case, attendre 5 secondes et lui demander de passer à la
suivante.
Noter le temps en secondes et le nombre d’erreurs.
Il n’y a pas de score d’erreurs dans l’étalonnage car elles sont exceptionnelles et elles doivent
être interprétés (s’il y en a plus d’une) comme un dysfonctionnement.
9. Dictée de mots
Donner à l’enfant la fiche où figurent les colonnes pour écrire les dictées de mots.
Dicter les mots par colonne en précisant pour la troisième liste qu’il s’agit de mots qui
n’existent et qui n’ont pas de sens.
Noter le score sur 10 pour chaque colonne.
Pour la correction des non-mots, on accorde 1 point pour toute forme orthographique
phonologiquement correcte (qui se lit comme le mot dicté). Ex nagul, nagule, nagulle =1point.
Partie II : Consignes
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10. Mémoire
Empan endroit de mémoire verbale à court terme
Donner oralement la première suite de 2 chiffres en énonçant bien chacun des chiffres avec un
espace d'une seconde entre chaque chiffre (ce qui est lent mais indispensable). Demander à l’enfant
de les répéter, dans le même ordre. Enoncer dans l’ordre les suites de chiffres de la fiche, en séparant
bien chaque chiffre d’une seconde. L’enfant répète les chiffres dans le même ordre. On arrête lorsque
l’enfant a deux échecs pour une suite de même nombre de chiffres (ex : échoue 2 fois pour une suite
de 5 chiffres).
L’empan endroit est le nombre de chiffres de la plus longue suite donnée juste.
Empan envers de mémoire verbale de travail
Redonner à l’enfant les mêmes suites de chiffres de manière identique (une seconde entre chaque
chiffre), et lui demander de répéter la séquence de chiffres entendue dans l’ordre inverse, c'est-à-dire
en commençant par la fin. Noter les réponses dans les colonnes correspondantes.
L’empan envers est le nombre de chiffres de la plus longue suite répétée sans erreur et dans l’ordre
à l’envers.
11. Les cloches
Se munir d’un chronomètre et donner à l’enfant un crayon feutre en bon état.
L’épreuve est limitée à 2 minutes.
Montrer à l’enfant un dessin de cloche. Puis vous l’avertissez que lorsque l’on déclenchera
le chronomètre, il devra barrer toutes les cloches qu’il repère sur la feuille.
Noter le temps mis par l’enfant, s’il est inférieur à 2 minutes.
Noter la stratégie de recherche employée à l’aide de la fiche de positionnement des
cloches :
Avec un crayon, tracer un trait d’une cloche à l’autre dans l’ordre suivi par l’enfant.
Score : Noter le nombre de cloches barrées (x/35) et la stratégie.
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ÉTALONNAGE
Septembre 2005
Partie III: Étalonnage
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ÉTALONNAGE ODÉDYS 23
Le BALE (Bilan Analytique du Langage Écrit), dont est extrait ODÉDYS, a été étalonné durant
l'année scolaire 1999/2000 auprès d'un échantillon représentatif d’élèves de l'académie de Grenoble
par des médecins, infirmières de l'Education nationale du SPSFE, des psychologues des RASED et
des psychologues Conseillers d’Orientation.
1. Au total 669 bilans individuels ont été réalisés dans 30 classes de l’Académie de Grenoble du
CE1 au CM2.
2. Les bilans des élèves du CE1 au CM2 ont été réalisés entre le mois de novembre et le mois de
février.
3. Ont été retirées des données les performances de 20 enfants présentant des pathologies avérées
(surdité, déficience mentale, pathologie du langage oral, …) ayant des conséquences sur
l’apprentissage du langage écrit (3 % de la population).
4. Ont été retirées des données les performances de 113 élèves en retard scolaire (ayant au moins
redoublé une fois); leurs résultats ont été traités séparément (17 % de la population).
5. Pour l’ensemble de la France et pour l’année scolaire 1999-2000, 14,7 % des élèves scolarisés en
primaire étaient en REP. Dans notre échantillon, nous avons pondéré les résultats afin que les
élèves de REP représentent 15 % de la population.
6. Les résultats par année scolaire comprennent des élèves (CE1-CM2 : n=536) qui répondent aux
critères suivants :
•
Ils ne présentent pas de pathologies connues ayant une influence sur l’acquisition de l’écrit.
•
Ils n’ont pas redoublé.
•
La représentation des élèves de REP est celle de la moyenne nationale en élémentaire.
•
L’échantillon retenu dans chaque classe : CE1 : n=143, CE2 : n=127, CM1 :n=116, CM2 : n=150
3
L’étalonnage des épreuves de répétition de mots, de logatomes et de dénomination rapide pour ces classes avait été
réalisé dans le cadre du BALE.
Partie III: Étalonnage
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
28
Complément pour la version 2 :
Étalonnage pour la 5e de collège et de la dictée de phrases, CM2, 6e, 5e.
Etalonnage 5e
Durant l’année scolaire 2004-2005, nous avons élaboré et étalonné un outil (ROC4) à
destination des enseignants pour le repérage des enfants en difficultés d’orthographe et de lecture
en CM2, 6ème et 5ème. Ce projet et ce travail sont les produits de la collaboration des académies de
Montpellier, de Rennes, de Grenoble et des Centres de référence des troubles d’apprentissages des
CHU de Montpellier et de Grenoble.
Nous avons profité de cette initiative pour prolonger l’étalonnage de l’ODÉDYS en classe
de 5e dans le but d’avoir des références pour les élèves de collège.
Un tirage au sort de 6 classes de 5e a été effectué dans l’ensemble des classes de 5e du
département de l’Isère par la méthode des pas sur le fichier de l’inspection académique et une 7e
classe a été réalisée dans le département des Yvelines.
Entre les mois de janvier et mai 2005, les médecins de l’Education nationale ont fait passer
l’ensemble des sub-tests d’Odédys 2 en individuel à 158 élèves de 5e. Pour chacun de ces 158
enfants, les médecins ont saisi eux-mêmes, puis autocontrôlé sous Excel, les données.
•
Ont été retirées des données les résultats de n=29 élèves (18%) en retard scolaire (ayant au
moins redoublé une fois).
•
Une pondération des n=129 élèves non redoublants a été réalisée afin d’ajuster les
proportions des CSP des parents aux valeurs observées dans la population scolaire nationale.
•
Chacun des scores et temps des sub-tests ont été étalonnés de deux manières : en moyenne et
écart-type et en déciles.
La dictée de phrases : « Petit garçon »
•
La dictée de phrases a été administrée collectivement dans le cadre du ROC pour les classes
de CM2, 6e, 5e par les enseignants de ces classes des trois académies de Grenoble, Montpellier et
Rennes en fin de trimestre 2004 et janvier 2005. L’étalonnage de cette dictée pour Odédys 2 a
été réalisé sur l’ensemble des élèves n’ayant jamais redoublé de ces classes. Pour chaque niveau,
il y a 18 classes, 6 dans chacune des académies susnommées. Les classes ont été tirées au sort
dans l’ensemble des classes des différents niveau (CM2, 6e, 5e, des départements, de l’Ille et
Vilaine de l’Hérault et de l’Isère selon le même principe que celui développé précédemment.
4
Outil de Repérage Orthographique Collectif.
Partie III: Étalonnage
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
29
•
Une pondération de cet échantillon a été réalisée afin d’ajuster les proportions des CSP des
parents aux valeurs observées dans la population scolaire nationale.
Au total :
- En 5e, la dictée de phrases a été étalonnée à partir des n= 366 observations, d’élèves non
redoublants des 18 classes de 5e de l’enquête ROC Le poids relatif des REP est de : 16.2 %.
- En 6e, la dictée de phrases a été étalonnée à partir des n= 336 observations, d’élèves non
redoublants des 18 classes de 6e de l’enquête ROC. Le poids relatif des REP est de : 15.6 %.
- En CM2, la dictée de phrases a été étalonnée à partir des n= 327 observations, d’élèves non
redoublants des 18 classes de CM2 de l’enquête ROC. Le poids relatif des REP est de : 18 %.
•
Les données ont été traitées avec le logiciel SPSS 12.0.
Partie III: Étalonnage
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
30
CE1
-2é-t
c10
-1é-t
moy
c90
é-t
répétition de mots
14
14
14.5
15.5
16
0.9
répétition de logatomes
15
16
16.9
18.4
20
1.5
tps dénomination images
40
40
33.0
26.3
19
6.7
Langage oral
Lecture de mots fréquents (1ère liste)
irréguliers
score /20
temps (sec)
7
109
10
86
10.7
78.3
14.5
47.1
19
18
3.8
31.1
réguliers
score /20
temps (sec)
13
81
15
61
15.5
58.9
18.1
37.0
20
16
2.5
21.8
non-mots
score /20
temps (sec)
9
93
11
77
11.9
70.1
15.3
46.6
19
26
3.4
23.4
Dictée de mots
irréguliers
score /10
0
1
1.3
4.0
8
2.8
réguliers
score /10
5
5
6.4
8.3
10
1.9
non-mots
score /10
4
5
5.8
7.8
10
2.0
Epreuves métaphonologiques
fusion
score /10
1
2
3.7
6.5
10
2.8
suppression
score /10
0
2
3.2
6.2
10
3.0
score /35
18
21
22.6
26.8
32
4.2
score /20
temps (sec)
16
153
17
124
17.7
124.0
19.1
94.9
20
64
1.4
29.1
endroit
3
4
4.0
4.6
5
0.6
envers
1
2
2.3
3.2
4
0.9
Epreuves visuelles
cloches
comparaison
Mémoire de chiffres
CE1
Partie III: Étalonnage
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
31
CE2
-2é-t
c10
-1é-t
moy
c90
é-t
répétition de mots
14
14
14.6
15.6
16
1.0
répétition de logatomes
16
17
17.3
18.8
20
1.5
tps dénomination images
34
31
29.3
24.4
19
4.9
Langage oral
Lecture de mots moins fréquents (2ième liste)
irréguliers
score /20
temps (sec)
2
79
5
70
6.1
61.9
9.9
44.5
14
28
3.7
17.5
réguliers
score /20
temps (sec)
13
61
14
56
15.4
47.9
17.6
35.1
20
21
2.2
12.8
non-mots
score /20
temps (sec)
9
71
12
64
12.3
56.0
15.6
41.6
19
26
3.2
14.5
Dictée de mots
irréguliers
score /10
1
3
3.5
5.7
9
2.2
réguliers
score /10
6
7
7.1
8.5
10
1.4
non-mots
score /10
5
7
6.9
8.4
10
1.5
Epreuves métaphonologiques
fusion
score /10
4
5
5.7
7.9
10
2.2
suppression
score /10
2
3
4.7
7.4
10
2.7
score /35
21
22
24.8
29.0
33
4.1
score /20
temps (sec)
18
126
18
112
18.4
103.4
19.4
80.5
20
55
0.9
22.8
endroit
3
4
3.9
4.5
5
0.7
envers
2
2
2.6
3.5
5
0.9
Epreuves visuelles
cloches
comparaison
Mémoire de chiffres
CE2
Partie III: Étalonnage
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
32
CM1
-2é-t
c10
-1é-t
moy
c90
é-t
répétition de mots
15
16
15.7
15.9
16
0.3
répétition de logatomes
17
17
17.8
19.0
20
1.2
tps dénomination images
32
28
27.2
22.3
17
5.0
Langage oral
Lecture de mots moins fréquents (2ième liste)
irréguliers
score /20
temps (sec)
5
51
8
42
9.3
40.6
13.2
30.2
18
18
3.9
10.4
réguliers
score /20
temps (sec)
14
43
16
38
16.4
34.6
18.4
26.5
20
16
2.0
8.1
non-mots
score /20
temps (sec)
12
52
13
48
14.2
42.6
16.6
33.2
20
21
2.4
9.5
Dictée de mots
irréguliers
score /10
5
6
6.2
7.9
10
1.7
réguliers
score /10
8
8
8.6
9.4
10
0.9
non-mots
score /10
7
8
8.1
9.2
10
1.1
Epreuves métaphonologiques
fusion
score /10
3
5
5.5
7.9
10
2.4
suppression
score /10
3
3
5.3
7.8
10
2.6
score /35
22
25
26.0
29.8
34
3.8
score /20
temps (sec)
18
98
19
87
18.6
81.6
19.5
65.6
20
47
0.9
16.0
endroit
4
4
4.2
4.7
5
0.5
envers
2
2
2.6
3.6
5
0.9
Epreuves visuelles
cloches
comparaison
Mémoire de chiffres
CM1
Partie III: Étalonnage
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
33
CM2
-2é-t
c10
-1é-t
moy
c90
é-t
Langage oral
répétition de mots
15
15
15.5
15.9
16
0.4
répétition de logatomes
17
18
18.4
19.4
20
1.0
tps dénomination images
30
26
25.7
21.1
15
4.6
Lecture de mots moins fréquents (2ième liste)
irréguliers
score /20
temps (sec)
8
42
10
35
11.7
32.7
15.2
23.2
19
14
3.5
9.5
réguliers
score /20
temps (sec)
15
39
16
31
16.8
29.9
18.6
21.0
20
13
1.8
9.0
non-mots
score /20
temps (sec)
12
47
14
39
14.6
37.1
16.9
27.4
20
18
2.3
9.6
Dictée de mots
irréguliers
score /10
6
7
7.2
8.7
10
1.5
réguliers
score /10
8
9
8.6
9.4
10
0.8
non-mots
score /10
7
8
8.4
9.3
10
1.0
Dictée de phrases
mots d'usage
score /10
4
5
5.8
7.7
10
2.0
accords
score /10
1
2
3.0
5.0
8
2.0
Epreuves métaphonologiques
fusion
score /10
4
5
5.8
7.8
10
2.0
suppression
score /10
3
3
5.2
7.7
10
2.5
score /35
25
27
28.1
31.4
34
3.3
score /20
temps (sec)
18
93
19
80
18.7
76.4
19.6
60.2
20
42
0.9
16.2
endroit
3
4
4.4
5.3
6
0.9
envers
2
3
2.9
4.0
5
1.1
Epreuves visuelles
cloches
comparaison
Mémoire de chiffres
CM2
Partie III: Étalonnage
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
34
5e
-2é-t
c10
-1é-t
moy
c90
é-t
Lecture de mots moins fréquents (2ième liste)
irréguliers
score /20
temps (sec)
13
33
13
27
15.2
26.5
17.7
19.7
20
13
2.6
6.8
réguliers
score /20
temps (sec)
18
29
19
25
18.6
23.5
19.4
17.8
20
12
0.8
5.7
non-mots
score /20
temps (sec)
14
39
15
34
15.9
31.9
17.8
24.5
20
17
1.9
7.5
Dictée de mots
irréguliers
score /10
5
7
7.0
8.5
10
1.5
réguliers
score /10
7
8
8.3
9.3
10
1.0
non-mots
score /10
8
8
8.5
9.3
10
0.9
mots d'usage score /10
6
6
7.1
8.5
10
1.4
accords
2
4
4.4
6.6
10
2.2
Dictée de phrases
score /10
Epreuves métaphonologiques
fusion
score /10
temps (sec)
3
109
4
93
5.1
85.4
7.5
62.3
10
37
2.4
23.2
suppression
score /10
temps (sec)
4
61
5
49
6.4
48.6
8.3
36.2
10
23
2.0
12.4
score /35
27
29
29.7
32.3
35
2.6
score /20
temps (sec)
18
65
18
60
18.5
54.9
19.4
44.6
20
33
0.9
10.3
Epreuves visuelles
cloches
comparaison
Mémoire de chiffres
endroit
4
5
5.0
6.0
7
0.97
envers
2
3
3.3
4.3
6
1.03
5e
Partie III: Étalonnage
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
35
Cogni-Sciences
30, avenue Marcellin Berthelot
38100 Grenoble
04 76 74 74 67 04 76 74 76 08
e.mail : [email protected]
Laboratoire de Psychologie et Neurocognition
CNRS (UMR 5105)
Université Pierre Mendès France
1251 Ave Centrale BP 47X
04 76 82 58 93 04 76 82 78 34
web: http://www.grenoble.iufm.fr/recherch/cognisciences
Outil de DÉpistage des DYSlexies
LES ÉPREUVES
LE LIVRET DE L'ÉLÈVE
Septembre 2005
Partie V : Cadre théorique
ODÉDYS(vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
LES ÉPREUVES ET LE LIVRET
Guide de passation des épreuves
Pour la passation des épreuves, vous devez vous munir des consignes et des fiches suivantes. Celles-ci sont de
deux sortes :
Les épreuves se composent :
™ De 4 fiches qui sont présentées à l’enfant : les deux fiches de lectures de mots, la fiche de comparaison de
séquences de lettres et la fiche de dénomination rapide.
Ces fiches sont données une à une à l’enfant au fur et à mesure des épreuves.
Elles doivent être reproduites de bonne qualité et mises sous une protection transparente pour éviter leur
détérioration. Aucune modification ne doit y être apportée car elles correspondent à la forme étalonnée et
toute modification invaliderait l’étalonnage fourni.
™ De 2 fiches pour les sub-tests d’orthographe, une des fiches comporte la liste des mots pour la dictée de
mots et l’autre le texte de la dictée de phrases.
Le livret de l’élève
Les autres fiches sont regroupées sous forme de « Livret de l’élève » qui sera reproduit pour chaque bilan.
L’examinateur suit les épreuves sur ce livret au fur et à mesure de la passation et note les scores, les erreurs et
les temps.
- La première page est consacrée aux renseignements concernant l’élève, à l’anamnèse et l’âge lexique à
l’Alouette.
- Sur les 2 pages suivantes sont notées les erreurs de lecture.
- Sur la page de comparaison de lettres, vous cochez dans la case correspondante à la réponse de l’élève
« pareil » ou « pas pareil ». Les plages grisées correspondent aux réponses attendues, ainsi toute croix dans une
case blanche est une erreur. Noter le nombre de cloches barrées en 2 minutes.
- La page suivante sert à la passation et à la notation des résultats des épreuves orales de phonologie et de
mémoire.
- La page suivante sert à la passation et la notation des 2 épreuves de répétition de mots et de logatomes ainsi
qu’à la notation des résultats de la dénomination rapide.
- Les 2 pages suivantes servent à l’épreuve des cloches : vous donnez la feuille de sub-test à l’enfant et suivez
le parcours sur la feuille de positionnement des cloches.
- Les 2 pages suivantes sont celles où l’enfant réalise les 2 dictées : de mots et de phrases.
Les épreuves
Partie IV : Épreuves
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
37
Fiche 1 : Lecture de mots fréquents pour : CE1
irréguliers
réguliers
pseudo-mots
Femme
Faute
Sande
Hier
Nuit
Chon
Ville
Vague
Givor
Monsieur
Montagne
Bondeuse
Sept
Soin
Sule
Août
Soif
Toir
Dix
Mal
Mic
Seconde
Sauvage
Taubage
Million
Mission
Mardion
Fusil
Fuite
Fudin
Echo
Elan
Esan
Tronc
Animé
Trane
Tabac
Talon
Tagin
Orchestre
Splendeur
Splindron
Moyen
Maman
Modan
Parfum
Pardon
Tandir
Cacahuète
Caravelle
Taparelle
Equateur
Electron
Abindeur
Gentil
Jaloux
Gental
Examen
Envoyé
Ontage
Partie IV : Épreuves
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
38
Fiche 2 : Lecture de mots non fréquents pour : CE2
CM1
CM2
5e
irréguliers
réguliers
pseudo-mots
Net
Sac
Rac
Galop
Congé
Gavin
Dolmen
Dorade
Caldon
Respect
Rigueur
Rigende
Bourg
Asile
Plour
Aiguille
Approche
Vatriche
Poêle
Piège
Pisal
Baptême
Bottine
Bertale
Oignon
Hausse
Aivron
Aquarelle
Astronome
Pacirande
Orchidée
Alchimie
Anchovée
Agenda
Avanie
Agante
Compteur
Courroie
Courlone
Stand
Baril
Stipe
Toast
Cargo
Torac
Escroc
Esquif
Casine
Cake
Cric
Bate
Chorale
Cagoule
Coginte
Aquarium
Acrobate
Abranise
Paon
Bise
Glon
Partie IV : Épreuves
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
39
Fiche 3 : Séquences de lettres
Essai :
FUMN
FUMN
R G O H
R C O H
GDKZ
GDKZ
A X R Q Z
A X R Q Z
T P U
P T U
M Z O K
M Z O K
B T I D G
B T I D C
R K Z
R K Z
T O B D F
T O D B F
W H C
W H C
M S N T
M S N T
P T O R F
P T Q R F
U S X B
U X S B
V P O
V P Q
O R Q
O R Q
A F Q
A E Q
X K T E
X T K E
C R M K S
C R M K S
D F E B Z
D F E B Z
M T L
T M L
E N S K B
F N S K B
A R B
A R B
Partie IV : Épreuves
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
40
Fiche 4 : Dénomination rapide
Partie IV : Épreuves
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
41
Fiche 5 : Listes de la dictée de mots
Liste A
Liste B
Liste C
Mots irréguliers
Mots réguliers
Pseudo-mots
seconde
ordure
gontra
monsieur
poisson
copage
million
jardin
bartin
femme
bille
datoir
ville
chapeau
majon
fusil
vigne
nagule
tabac
frite
savette
galop
gare
bracho
août
verbe
famire
parfum
couleur
poulan
Partie IV : Épreuves
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
42
Fiche 6 :Texte de la dictée de phrases « Petit garçon »
Je vais vous raconter l’histoire d’un gentil petit garçon qui s’appelle Jo.
Il habite chez son oncle, un vieux monsieur qui vit dans un bourg. Cet enfant
possède un don extraordinaire. En effet, grâce à ses yeux verts, il voit
beaucoup plus loin et précisément que tout le monde ! Dans ses pupilles se
trouvent des jumelles intégrées, microscopiques et invisibles.
9 Vous ne relisez pas le texte.
9 Á la fin de la dictée, l’enfant pose le stylo sans relire son texte et sans apporter de correction.
L’étalonnage de cette épreuve a été réalisé dans ces conditions
Comptabilisez seulement les mots des 2 listes suivantes correctement orthographiés en 2 scores ( 1
point par mot correct) : (pour l’orthographe d’usage ne tenez pas compte des éventuelles erreurs d’accord, et
pour l’orthographe d’accord ne tenez pas compte des éventuelles erreurs d’usage). Vous évaluez les parties
des mots en gras dans les deux colonnes qui suivent.
Usage
l’histoire
vais
gentil
raconter
habite
vit
vieux
cet
monsieur
verts
bourg
voit
extraordinaire
ses (pupilles)
yeux
trouvent
beaucoup
intégrées
pupille
invisibles
Score=
Je vais vous raconter
oncle, un
Accord
/10
Score=
/10
l’histoire d’un gentil petit garçon qui s’appelle Jo. Il habite chez son
vieux monsieur qui vit dans un bourg. Cet enfant possède un don extraordinaire.
En effet, grâce à ses
yeux verts, il voit beaucoup plus loin et précisément que tout le monde ! Dans
ses pupilles se trouvent des jumelles intégrées, microscopiques et invisibles.
Partie IV : Épreuves
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
43
ODÉDYS 2
Livret de l'élève
Examen réalisé par:
Nom :
Prénom :
Sexe :
Date de naissance :
Age au moment de l’examen :
Classe :
Adresse :
Date de l’examen :
Anamnèse
Développement moteur, langage, social
Antécédents personnels
Pathologie :
Scolarité :
Rééducation :
Antécédents familiaux (en lien avec un trouble des apprentissages) :
Pour le médecin examen clinique:
Sensoriel (vue, audition)
Neurologique
Moteur (global, praxies,…)
L’Alouette :
Age lexique :
Partie IV : Épreuves
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44
Lecture de mots fréquents :ž pour : CE1
irréguliers
réguliers
non-mots
Femme
Faute
Sande
Hier
Nuit
Chon
Ville
Vague
Givor
Monsieur
Montagne
Bondeuse
Sept
Soin
Sule
Août
Soif
Toir
Dix
Mal
Mic
Seconde
Sauvage
Taubage
Million
Mission
Mardion
Fusil
Fuite
Fudin
Echo
Elan
Esan
Tronc
Animé
Trane
Tabac
Talon
Tagin
Orchestre
Splendeur
Splindron
Moyen
Maman
Modan
Parfum
Pardon
Tandir
Cacahuète
Caravelle
Taparelle
Equateur
Electron
Abindeur
Gentil
Jaloux
Gental
Examen
Envoyé
Ontage
score
/ 20
temps
Partie IV : Épreuves
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score
temps
/ 20
score
/ 20
temps
45
Lecture de mots moins fréquents : ž pour : CE2 CM1 CM2 5e
irréguliers
réguliers
pseudo-mots
Net
Sac
Rac
Galop
Congé
Gavin
Dolmen
Dorade
Caldon
Respect
Rigueur
Rigende
Bourg
Asile
Plour
Aiguille
Approche
Vatriche
Poêle
Piège
Pisal
Baptême
Bottine
Bertale
Oignon
Hausse
Aivron
Aquarelle
Astronome
Pacirande
Orchidée
Alchimie
Anchovée
Agenda
Avanie
Agante
Compteur
Courroie
Courlone
Stand
Baril
Stipe
Toast
Cargo
Torac
Escroc
Esquif
Casine
Cake
Cric
Bate
Chorale
Cagoule
Coginte
Aquarium
Acrobate
Abranise
Paon
Bise
Glon
score
/ 20
temps
Partie IV : Épreuves
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score
temps
/ 20
score
/ 20
temps
46
Comparaison de séquences de lettres ž
Séquences à comparer
GDKZ
GDKZ
AXRQZ
AXRQZ
TPU
PTU
MZOK
MZOK
BTIDG
BTIDC
RKZ
RKZ
TOBDF
TODBF
WHC
WHC
MSNT
MSNT
PTORF
PTQRF
USXB
UXSB
VPO
VPQ
ORQ
ORQ
AFQ
AEQ
XKTE
XTKE
CRMKS
CRMKS
DFEBZ
DFEBZ
MTL
TML
ENSKB
FNSKB
ARB
ARB
Pareil
Pas pareil
Score :
/20
Temps :
Test des cloches :
Score en 2 minutes :
Temps si inférieur à 2 minutes :
Stratégie :
Partie IV : Épreuves
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47
Suppression de phonèmes initiaux
Réponse
Attendue
OUVERT
BRAME
FLOU
CANE
DRAINE
ONDINE
CLOS
TROU
PLI
PROSE
Réponse
donnée
vert
rame
lou
ane
rène
dine
lo
rou
li
roz
Score : /10
Fusion de phonèmes
Réponse
Photo artistique
(FA)
Chien accroupi
(CHA)
Bébé ourson
(BOU)
Tortue enlevée
(TEN)
Bel oiseau
(BOI)
Réponse
Cher Auguste
(CHO)
Gant épais
(GUE)
Cousin infernal
(KIN)
Gentil invité
(JIN)
Grave entorse
(GAN)
Score : /10
Mémoire :
Empan de chiffres : mettre une croix si l’épreuve est réussie
Empan
endroit
Empan envers
2-9
1-5-3
7-2-4
2-6-7-1
3-9-4-6
4-7-2-9-5
8-3-6-2-4
6-3-2-1-4-8
5-7-9-3-6-4
3-5-1-8-7-9-2
2-8-9-4-6-1-7-3
Partie IV : Épreuves
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48
Répétition de mots
Boxe – spectacle – géographie – peuple – crocodile – brouette – hélicoptère – catastrophe -goéland –
kiosque – scrupule – pauvreté – bibliothèque – filtre – extraordinaire – brioche.
Répétition de mots :
/16
Répétition de logatomes
Panbi – linou - chan(e)du – gontra – zulseu – lurir – bartin – yéroi – nuronli – rikapé – moluné – favikèr –
jifazeu – koguchi – todonkin – bimindal – fanvéréti – moukorido – farvikéru - mandurlanoti.
Répétition de logatomes : /20
Dénomination rapide
Nombre d’erreurs :
Temps :
Partie IV : Épreuves
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49
Test des Cloches
Partie IV : Épreuves
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50
Stratégie de recherche des cloches
Partie IV : Épreuves
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51
Tableau pour la dictée de mots :
Liste A
Liste B
Liste C
Score : /10
Score : /10
Score : /10
Partie IV : Épreuves
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52
Page pour la dictée de phrases :
Score d’orthographe d’usage:
/10
Score d’orthographe d’accord :
/10
Partie IV : Épreuves
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53
Cogni-Sciences
30, avenue Marcellin Berthelot
38100 Grenoble
04 76 74 74 67 04 76 74 76 08
e.mail : [email protected]
Laboratoire de Psychologie et Neurocognition
CNRS (UMR 5105)
Université Pierre Mendès France
1251 Ave Centrale BP 47X
04 76 82 58 93 04 76 82 78 34
web: http://www.grenoble.iufm.fr/recherch/cognisciences
Outil de DÉpistage des DYSlexies
Cadre théorique
Deux exemples de profil de dyslexie
Références
Septembre 2005
Partie V : Cadre théorique
ODÉDYS(vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
1. Le cadre théorique (les déficits cognitifs)
1.1. Le modèle de lecture à deux voies
Le modèle double-voie est très fréquemment utilisé comme modèle de référence tant pour
l’évaluation des pathologies acquises que développementales (Carbonnel, Gilet, Martory &
Valdois, 1996 ; Gombert, Colé, Valdois, Goigoux, Mousty & Fayol, 2000). Dans la mesure où il
s’agit d’un modèle statique rendant compte du système cognitif d’un lecteur expert, son utilisation
en contexte développemental est critiquable. Il faudrait dans l’idéal disposer d’un modèle de
référence capable de décrire la dynamique du système de lecture au cours de l’apprentissage. Or,
les modèles développementaux à étapes dont nous disposons actuellement (Frith, 1985; Harris et
Coltheart, 1986, Seymour, 1986, 1993) sont insuffisamment spécifiés, quant aux composantes
cognitives mises en jeu à chaque étape, pour guider l’évaluation cognitive.
Le modèle à double-voie du lecteur adulte reste donc le plus utilisé en contexte
développemental. On admet néanmoins que la voie analytique (phonologique) tient une place
prépondérante en début d’apprentissage dans la mesure où elle est chronologiquement la première
et la seule à être générative. Si l'on conçoit que chez l'adulte les deux voies sont relativement
autonomes, il semble peu plausible que ces deux voies soient aussi distinctes chez l’enfant en
apprentissage. On admet généralement que les deux voies ne sont pas totalement indépendantes
lors de l’apprentissage, les traitements effectués par la voie phonologique contribuant à enrichir les
connaissances lexicales (Share, 1995; 1999). Le niveau de compétence analytique va donc
partiellement déterminer le niveau de compétence lexicale de l’enfant. Cet état des connaissances
implique pour l’interprétation des résultats de la prudence et de la nuance en contexte
développemental.
Une présentation succincte du modèle double-voie est proposée ici en rappel. Les modèles
à deux-voies (Figure 2) postulent l’existence de deux procédures intervenant tant en lecture qu’en
écriture:
Procédure lexicale
La procédure lexicale, symbolisée dans ce cadre théorique par la voie lexicale (ou voie
d’adressage), effectue un traitement simultané de tous les éléments du mot (ou stimulus d’entrée).
L’ensemble des unités qui composent le mot est traité en parallèle conduisant à l’activation de
connaissances mémorisées sur la forme orthographique ou sonore des mots appris précédemment.
En lecture après le traitement visuel, la représentation orthographique du mot est activée au sein
du lexique orthographique et donne accès à la forme sonore (phonologique) correspondant à ce
Partie V : Cadre théorique
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
55
mot et à son sens. Lorsque le mot « chameau » est présenté par écrit, les traitements visuels mis en
jeu conduisent à activer au sein du lexique orthographique la trace mémorisée de la forme
orthographique de ce mot : <CHAMEAU>. L’activation de cette trace orthographique va
permettre d’une part, d’évoquer l’ensemble des sens qui lui ont été associés lors des rencontres
antérieures et d’autre part, d’activer globalement la forme phonologique mémorisée du mot :
/Samo/. Pour la production écrite sous dictée, un traitement similaire est supposé à l’œuvre :
l’analyse de la séquence auditive du mot conduira à activer la représentation phonologique
correspondante au sein du lexique phonologique. La représentation orthographique du mot ne sera
activée que secondairement sur la base de l’activation phonologique et du sens.
Fig 2. Le modèle double voie de lecture comme cadre pour l’évaluation cognitive
Procédure
Lexicale
Mot écrit
Procédure
Phonologique
Analyse visuelle
Lexique
orthographique
Système
sémantique
Lexique
phonologique
•segmentation
•Système de conversion
grapho-phonèmique
•Synthèse
Mémoire à
court terme
Mot oral
Procédure phonologique
Le second système, symbolisé par la voie phonologique (ou voie d’assemblage), se
caractérise par un traitement analytique séquentiel du mot ou pseudo-mot (stimulus d’entrée). Il
repose sur la connaissance des relations orthographe/prononciation et met en jeu un système de
règles de conversion graphème-phonème apprises explicitement à l’école. Les règles de
conversion seraient ensuite stockées en mémoire indépendamment des informations lexicales. Le
Partie V: Cadre théorique
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
56
mot « chameau » lorsqu’il est traité via ce système fera l’objet d’une segmentation en graphèmes
<CH-A-M-EAU>, puis à chaque graphème sera attribué le phonème qui lui est le plus
fréquemment associé dans la langue (CH -> /S/; A -> /a/; M -> /m/; EAU -> /o/). Cette étape de
conversion est suivie d’une synthèse phonémique (ou fusion) permettant de reconstruire en un tout
unifié la séquence des phonèmes ainsi générée (/S/-/a/-/m/-/o/ -> /Samo/). Il en va de même en
production écrite : la séquence auditive du mot est segmentée en phonèmes, à chaque phonème est
associé le graphème correspondant puis une synthèse graphémique permet de générer la séquence
du mot.
Chacune des deux procédures de lecture (ou d’écriture) est mise en œuvre spécifiquement
pour le traitement de certains types de mots: la voie lexicale ne peut traiter que les mots déjà
appris dont les représentations sont disponibles au sein des lexiques orthographiques et
phonologiques. Elle est indispensable à la lecture ou à l'écriture des mots irréguliers dont la
phonologie ou l’orthographe ne peuvent être générées par application des règles de transcodage
graphème-phonème ou phonème-graphème (ex: monsieur, toast). Cette particularité des mots
irréguliers qui ne peuvent être traités que par la voie lexicale est utilisée lors de l’évaluation des
enfants présentant des troubles d’apprentissage de la lecture. Des listes de mots irréguliers leur
sont systématiquement proposées afin de tester l’intégrité de la voie lexicale : Une bonne
performance lors de la lecture de ces mots montre que la procédure lexicale est opérationnelle; une
performance faible en lecture de mots irréguliers comparée à la lecture des mots réguliers ou des
pseudo-mots suggère une défaillance de la procédure lexicale. Des erreurs particulières, appelées
« régularisations », sont attendues lorsque la procédure lexicale est déficitaire et que la lecture
repose essentiellement sur le traitement analytique. Dans ce cas, les mots « chaos », ou
« monsieur » seront lus /Saos/ ou /môsjoeR/ dans la mesure où « ch » se prononce le plus souvent
/S/ en français, où « on » est le plus souvent associé au phonème /ô/ et la séquence « eur » à /oeR/.
La présence de difficultés spécifiques en lecture de mots irréguliers et la production d’erreurs de
régularisation plaident donc en faveur d’une voie lexicale non fonctionnelle et d’une lecture
essentiellement analytique réalisée par la voie phonologique.
Seule la voie phonologique permet le traitement des mots nouveaux (mots non appris
précédemment ou « pseudo-mots » qui sont des mots inventés pour les besoins de l’expérience ;
exemple : verdulin, clavoir, dispante). Les règles de transcodage graphème-phonème en lecture et
phonème-graphème en production écrite s’appliquent et conduisent à générer une forme
phonologique ou orthographique plausible du mot (ou pseudo-mots). Dans la mesure où le
traitement des mots nouveaux est spécifiquement dédié à ce système, des listes de pseudo-mots
Partie V: Cadre théorique
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
57
sont systématiquement proposées en lecture et en dictée aux enfants présentant des difficultés de
langage écrit afin de tester l’intégrité de la voie phonologique. Une bonne performance en lecture
ou dictée de pseudo-mots indique que la voie phonologique est opérationnelle, une performance
médiocre suppose une atteinte de cette voie. Des erreurs de deux types sont observées dans ce cas:
des erreurs de « lexicalisation » et des erreurs phonémiques. Les lexicalisations correspondent à la
production d’un mot existant à la place du pseudo-mot proposé (e.g., « corabone , boinde » seront
alors lus, « carbone » et « blonde »). Elles témoignent du fait que l’enfant a recours à ses
connaissances lexicales pour traiter la séquence à lire. Les « erreurs phonémiques » correspondent
à une approximation du pseudo-mot par addition (e.g., miscla » -> « miscala »), omission (e.g.,
miscla » -> « micla »), substitution (e.g., miscla » -> « niscla »), ou déplacement (e.g., miscla » ->
« miscal ») de phonèmes. Elles démontrent que la procédure analytique a été utilisée mais qu’elle
n’est pas suffisamment efficace pour assurer un traitement correct de la séquence à lire. La
présence de difficultés en lecture de pseudo-mots et d’erreurs phonémiques et de lexicalisation
traduit donc une défaillance de la voie phonologique et une lecture de l'enfant essentiellement
réalisée par la voie lexicale.
L’évaluation cognitive va donc consister (au minimum) à proposer des listes de mots
réguliers et irréguliers et des listes de pseudo-mots tant en lecture qu’en dictée de façon à estimer
l’intégrité des deux systèmes de lecture et d’écriture. ODÉDYS permet d’évaluer les performances
des enfants sur ces différents types d’items et donc d’estimer le niveau d’efficience des procédures
lexicale et analytique de lecture et d’écriture. Outre le score obtenu sur les différentes épreuves, la
nature des erreurs est également prise en compte ainsi que le temps mis pour effectuer la tâche.
1.2. Interprétation des dyslexies développementales dans ce cadre théorique
Plusieurs formes de dyslexies développementales ont été identifiées par référence au
modèle à double voie selon qu’elles se caractérisent par une difficulté à mettre en place la
procédure lexicale ou analytique de lecture, ou les deux (Valdois, 1993; 2000).
La dyslexie phonologique, dans sa forme pure, se caractérise par une atteinte sélective de la
lecture des pseudo-mots. Ces enfants ont des performances anormalement faibles et/ou des temps
de lecture exagérément longs lorsque des mots nouveaux leur sont présentés, alors qu’ils sont par
ailleurs capables de lire les mots qui leur sont familiers, que ceux-ci soient réguliers ou irréguliers.
Cette difficulté en lecture de pseudo-mots démontre l’inefficacité de la procédure analytique de
lecture et se manifeste, également, par la production d’erreurs phonémiques ou d’erreurs de
Partie V: Cadre théorique
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
58
lexicalisation. L’enfant dyslexique phonologique présente une dysorthographie associée du même
type avec des difficultés plus marquées en dictée de pseudo-mots qu’en dictée de mots réguliers ou
irréguliers. Les productions écrites sont souvent « non phonologiquement plausibles », c’est à dire
que le mot écrit par l’enfant ne se prononce pas comme le mot qui lui a été dicté (exemple : prince
-> pince ou moutarde -> noutrade ; garçon -> carson). Ces enfants ont fréquemment des troubles
associés du langage oral, des capacités limitées de mémoire verbale à court terme et de travail et
des difficultés marquées sur la plupart des épreuves évaluant la conscience phonémique. Le degré
de sévérité du trouble peut varier assez considérablement d’un enfant à l’autre et les formes pures
sont relativement rares en clinique. Il n’est pas rare en effet qu’un enfant dyslexique phonologique
présente également un faible niveau de performance en lecture ou écriture de mots irréguliers (le
trouble étant alors jugé secondaire à l’inefficacité de la procédure analytique). C’est le plus
souvent la présence d’un trouble massif de la conscience phonologique et le degré d’atteinte
relative des deux procédures de lecture qui permettra de typer la dyslexie.
La dyslexie de surface, dans sa forme pure, se caractérise par une atteinte sélective de la
lecture des mots irréguliers alors que la lecture des mots réguliers et des pseudo-mots est
relativement préservée. Cette difficulté sélective à lire les mots irréguliers traduit un
dysfonctionnement de la procédure lexicale de lecture. Ces enfants produisent des erreurs de
régularisation qui démontrent que le traitement est essentiellement effectué par la procédure
analytique de lecture. Ils produisent fréquemment des erreurs visuelles résultant de la confusion
entre lettres proches (ex : jaloux -> jalon ; cadeau -> codeau ; radio -> rabio) ou de difficultés à
coder l’ordre des lettres (ex : abranise -> arbansié). L’enfant dyslexique de surface présente une
dysorthographie associée du même type avec des difficultés plus marquées en dictée de mots
irréguliers qu’en dictée de mots réguliers ou de pseudo-mots (Martinet & Valdois, 1999). Les
productions écrites sont pour la plupart « phonologiquement plausibles », c’est à dire que le mot
écrit par l’enfant se prononce comme le mot qui lui a été dicté (exemple : haricot -> aricau ou
monsieur -> messieu). Ces enfants ne présentent pas de troubles associés du langage oral ; ils ont
de bonnes capacités de mémoire verbale à court terme et de travail et une bonne conscience
phonémique. Ils présentent par ailleurs des difficultés de traitement visuel qui se manifestent
fréquemment par des difficultés à comparer des séquences de lettres ou à identifier des cibles
parmi des distracteurs (qu’il s’agisse de matériel verbal ou non verbal). Les formes pures de
dyslexies de surface sont relativement rares en clinique. Ces enfants peuvent en effet également
présenter de faibles performances en lecture de pseudo-mots lorsque les difficultés de traitement
visuel sont importantes. C’est le plus souvent l’absence de trouble de la conscience phonologique,
Partie V: Cadre théorique
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
59
la présence de difficultés de traitement visuel et l’existence d’une dysorthographie massive
touchant l’orthographe d’usage des mots qui amènent alors à poser un diagnostic de dyslexie de
surface.
Enfin, certains enfants dyslexiques présentent un trouble mixte dans la mesure où les
performances de lecture sont globalement très faibles quelle que soit la nature des items proposés
(mots, réguliers ou irréguliers, ou pseudo-mots). Ces enfants présentent les troubles associés
décrits dans les deux formes de dyslexies précédentes ; ils ont des difficultés marquées de
conscience phonémique et des troubles du traitement visuo-attentionnel. Ces dyslexies sont
sévères et se rencontrent le plus souvent chez des enfants dont le retard en lecture est important.
1.3. Les habiletés sous-jacentes à la lecture évaluées par ODÉDYS
Les recherches effectuées ces dernières années en neuropsychologie ont permis d’identifier
un certain nombre de compétences nécessaires à l’établissement du système cognitif de lecture
et/ou qui facilitent l’apprentissage de la lecture. Ces compétences sont fréquemment limitées ou
déficitaires chez les enfants dyslexiques. ODÉDYS propose un certain nombre d’épreuves visant à
évaluer certaines de ces compétences : des épreuves métaphonologiques afin d’estimer le niveau
de conscience phonologique des enfants, des épreuves d’empan verbal susceptibles de mettre en
évidence un trouble de la mémoire verbale à court terme et de travail et des épreuves de traitement
visuel. Les épreuves visuelles, sur papier, proposées dans ODÉDYS sont des instruments
insuffisamment spécifiques et précis, elles ne peuvent mettre en évidence que les troubles
importants de traitement visuel. D’autres épreuves permettant d'analyser le traitement visuel
impliqué dans l'activité de lecture et permettant de contrôler différentes variables (temps de
présentation des stimuli, temps de réaction, …) sont nécessaires et font l'objet de développement.
Capacités métaphonologiques
Les capacités métaphonologiques de l’enfant sont mesurées par le biais d’épreuves
demandant d’identifier et de manipuler de façon intentionnelle les unités sonores de la langue,
comme les rimes, les syllabes, les phonèmes. Elles permettent d’estimer le niveau de conscience
phonologique de l’enfant. Depuis vingt ans, de très nombreuses recherches ont montré
l’importance de la conscience phonologique dans l'acquisition de la lecture (pour une revue; voir
Gombert, 1992). Le niveau de conscience phonologique de l’enfant pré-lecteur est ce qui prédit le
mieux sa réussite ultérieure en lecture (Best et col, 1993, Content et col, 1982, Lundberg et col,
1987).
Partie V: Cadre théorique
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
60
En effet, l’utilisation de la correspondance entre lettres et sons dans l’identification des
mots écrits suppose l’existence d’une capacité à identifier dans la parole les unités phonologiques
à mettre en rapport avec les unités visuelles perçues. Un bon niveau de conscience phonologique
est donc nécessaire à l’établissement des procédures de conversion de la voie phonologique de
lecture. Il est également démontré qu’un entraînement des capacités métaphonologiques facilite et
améliore l'acquisition de la lecture (pour une revue, Ehri, 1999, ou Ehri & al., 2001). A l’inverse,
un trouble de la conscience phonologique a été systématiquement décrit dans le contexte des
dyslexies phonologiques. ODÉDYS propose deux épreuves métaphonologiques permettant
d’estimer le niveau de conscience phonémique des enfants.
Dénomination rapide
Dans le test de dénomination rapide le sujet doit nommer le plus rapidement possible des
séries de cinq images présentées en cinq lignes dans un ordre aléatoire. Denkla et Rudel (1976) ont
élaboré un test «Rapid automatized naming» ou RAN test, ils ont mis en évidence des temps de
dénomination beaucoup plus lents chez les dyslexiques que chez les enfants normaux. Les
dyslexiques sont aussi moins performant dans cette tâche que des enfants en difficultés plus
générales d’apprentissage. Pour les auteurs, l’interprétation de cette lenteur spécifique aux
dyslexiques ne dépendrait ni de la vitesse d’articulation, ni de la connaissance du vocabulaire, ni
de l’identification visuelle des stimuli mais de leur incapacité à accéder de façon automatique à
« l’image motrice » des mots, nécessaire à leur dénomination rapide. La dénomination rapide
s’apparente en partie à l’activité de lecture dans la mesure où dans celle-ci il faut il faut effectuer
un appariement visuo-verbal pour prononcer le mot représenté par une séquence graphémique et
dans la dénomination rapide il faut faire ce même appariement pour prononcer le mot représenté
par une image.
Les études longitudinales, pour la prédiction des difficultés de lecture, montrent que les futurs
dyslexiques se distinguent des futurs normolecteurs dès 5 ans dans les tâches impliquant
spécifiquement des traitements phonologiques. Les épreuves qui prédisent le mieux sont des
épreuves de traitements phonologiques : conscience phonologique, dénomination rapide, mémoire
verbale à court terme et de travail (Sprenger-Charolles, 2003 ; Zorman 2004 ; Elbro, 2005).
Mémoire verbale à court terme et de travail
Dans le modèle à deux voies (fig. 2), les deux procédures de lecture mettent en jeu une
mémoire verbale temporaire qui maintient l'information durant le temps d'articulation. La mémoire
verbale à court terme et de travail est également mobilisée par les opérations de la voie
Partie V: Cadre théorique
ODÉDYS (vers 2) 09/2005 Cogni-Sciences IUFM de Grenoble
61
d'assemblage (procédure analytique) dans la mesure où les opérations de conversion et de synthèse
nécessitent de maintenir actives les informations successivement générées lors du traitement. De
nombreuses études montrent que les enfants dyslexiques (phonologique ou mixte) ont des
capacités limitées ou déficientes dans le codage phonologique en mémoire à court terme (Mann &
Liberman, 1984, Gathercole & Baddeley, 1990). Une épreuve simple de mémoire verbale à court
terme et de travail est incluse dans ODÉDYS.
Le traitement visuel
Dès l'origine de l'identification de la dyslexie comme trouble, l'ophtalmologiste James
Hinshelwood (1917) fit l’hypothèse que des déficits visuels d'origine corticale (liés à un
développement anormal de la région pariétale gauche) pourraient être à l’origine des dyslexies
développementales. Il avait fait cette hypothèse en constatant la similitude des troubles entre la
dyslexie de l’enfant et la cécité verbale acquise de l'adulte. Tout le monde s’accorde aujourd’hui
pour dire que l’intégrité des traitements visuels est nécessaire à l’activité de lecture.
S’il convient de s’assurer que l’enfant en difficultés d’apprentissage de la lecture ne
présente pas de trouble perceptif visuel avant de parler de dyslexie développementale, néanmoins
de nombreux travaux mentionnent l’existence de difficultés d’analyse visuelle chez les enfants
dyslexiques. Ces dernières années, c’est surtout la présence d’un déficit du système visuel
magnocellulaire qui a été recherchée et mise en évidence dans le contexte des dyslexies
notamment phonologiques (Slaghuis, Lovegrove & Davidson, 1993; Stein 1993). Cependant,
objectiver la présence d’un déficit de ce système requiert un matériel très sophistiqué qui ne peut
être proposé dans le cadre d’un bilan neuropsychologique classique. Par ailleurs, des difficultés de
traitement visuel ont été mises en évidence chez les enfants dyslexiques sur du matériel plus
classique (Willows, Kruk & Corcos, 1993) et dans des épreuves de comparaison de formes ou de
séquences, de jugement de similarité ou de recherche de cibles parmi des distracteurs (Marendaz,
Valdois & Walch, 1996).
Des difficultés de traitement visuo-attentionnel semblent également exister chez les enfants
dyslexiques (Facoetti & coll, 2000), les capacités de traitement visuo-attentionnel étant par ailleurs
corrélées au niveau de lecture chez l’enfant normo-lecteur (Casco, Tressoldi & Dellantonio, 1998).
Enfin, des troubles visuo-attentionnels ont été mis en évidence dans le contexte des dyslexies de
Partie V: Cadre théorique
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surface (Valdois, 1996 ; Launay & Valdois, 1999) et semblent ne pas se manifester chez les
dyslexiques phonologiques (Valdois, Bosse, Zorman, David & Pellat, Soumis). Deux épreuves
mettant en jeu les traitements visuels ont été retenues dans ODÉDYS afin de pointer d’éventuelles
difficultés à ce niveau chez les enfants évalués.
2. Description de l'examen et des épreuves
2.1. Recommandations
Le recueil des résultats aux épreuves d'ODÉDYS, ni même leur analyse, ne remplacent le
raisonnement clinique. Les données recueillies peuvent être comparées aux performances
étalonnées ce qui permet de situer les performances de l’enfant par rapport à ses pairs et constitue
une aide au diagnostic. Cependant, l’interprétation des résultats nécessite de prendre en compte
d’autres connaissances et informations issues de la concertation avec l’enseignant et les parents,
comme les compétences sociales, l’évolution, les comportements dans différents contextes
(familial, scolaire, jeux,…). Ceci peut amener à revoir les conclusions de l’examen, mais doit aussi
permettre de mieux définir le type d'aide éducative et pédagogique proposé, les éventuelles
explorations complémentaires à pratiquer et les prises en charge spécifiques à demander.
Le dépistage de la dyslexie ne peut se faire sans une anamnèse détaillée depuis la
grossesse. On doit être tout particulièrement attentif aux éléments du développement, en
particulier du langage oral (qualité de l'expression verbale) et des fonctions neuro-sensorielles
(audition, vision), et faire le point sur les rééducations déjà entreprises. Parmi les antécédents
familiaux, seront recherchés ceux en lien avec un trouble des apprentissages. Il faudra obtenir un
bilan pédagogique détaillé qui est une dimension nécessaire à la bonne interprétation des
difficultés de l’enfant. Une évaluation du niveau d’efficience intellectuelle peut également être
nécessaire. Un examen clinique médical (neurologique, sensoriel, moteur global, praxies, …)
permet de compléter le bilan et d'envisager d'autres origines aux troubles et d'autres examens
complémentaires si nécessaires.
2.2. Les limites
Tout d'abord, il faut être attentif à ne pas parler de dyslexie face à tout problème scolaire ou
à tout trouble de l'apprentissage. Ces difficultés peuvent être dues à d'autres déficiences : trouble
attentionnel, déficit marqué du langage oral (dysphasie), trouble praxique (dyspraxie). D'autres
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facteurs extérieurs non spécifiques au langage écrit peuvent aussi altérer son acquisition. Une
déficience mentale, des troubles du comportement importants, les conditions socio-éducatives
(carence) et/ou socio-culturelles sont autant de facteurs en relation avec les apprentissages qui
peuvent expliquer les difficultés de l'enfant. L'importance de s'assurer que l'enfant a une bonne
audition et une bonne vision de près n'est plus à rappeler.
Dans la mesure où ODÉDYS a été construit dans le but d’offrir au clinicien un examen
rapide permettant de dépister des troubles dyslexiques, il présente deux grandes différences par
rapport à un bilan visant le diagnostic : 1) chacune des épreuves est composée d'un nombre limité
d'items et 2) certaines des fonctions cognitives impliquées dans l'apprentissage de la lecture et de
l'orthographe ne sont pas du tout explorées. Le faible nombre d'items aux épreuves implique une
attention particulière pour les réaliser dans les meilleures conditions (calme, assurance de la
compréhension de la consigne, bonne coopération de l’enfant…). L'examinateur doit être
particulièrement conscient des limites introduites par l’absence d'évaluation du langage oral tant
en réception qu’en production, (discrimination, vocabulaire, syntaxe, dénomination, fluence, …) et
l’absence d’épreuves estimant les capacités d’attention-concentration des enfants ou leurs
capacités de compréhension écrite. Si une partie de ces informations peut être déduite
subjectivement des éléments connus de l'enseignant et des parents, l’absence de mesure objective
implique une grande prudence dans l'interprétation des résultats.
3. Deux exemples de profil de dyslexie
Pour illustrer ce que l'on peut mettre en évidence avec ODÉDYS, nous décrirons deux cas
contrastés, ceux de Florine et Nicolas, qui sont assez prototypiques de la variété des profils que
l’on peut rencontrer dans le contexte des dyslexies développementales.
Florine et Nicolas sont deux jeunes enfants qui ont à peu près le même âge chronologique
puisqu’ils sont respectivement âgés de 10 ans 5 mois et 10 ans 8 mois. Ils ont un niveau
intellectuel normal. Florine est en CM1, elle a redoublé le CE2 à cause de ses difficultés en lecture
et en orthographe ; Nicolas est en CM2 et n’a jamais redoublé. Les deux enfants ne présentent ni
déficience sensorielle, ni trouble du comportement, ni histoire médicale particulière. Ils ont
toujours suivi une scolarisation régulière. Les difficultés scolaires de Florine ont commencé en
CE1. Actuellement, elle est très bonne à l'oral et l'enseignante la qualifie "d'intelligence vive". Elle
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n’a bénéficié que de 20 séances d’orthophonie en CE1. Nicolas a eu des difficultés dès le début du
CP et a manifesté un désintérêt pour l’école à partir du CE1. Actuellement, il participe un peu à
l'oral, mais l'enseignant le qualifie de "globalement éteint". Une psychothérapie familiale a été
proposée durant 8 mois, au cours du CE2, en réponse à ses difficultés d’apprentissage.
La passation du test de l’Alouette lors de l’examen montre que ces deux enfants présentent
un niveau de lecture très significativement inférieur au niveau attendu compte tenu de leur âge.
L’âge lexique de Florine est estimé à 8 ans 1 mois sur cette épreuve et celui de Nicolas à
7ans 7 mois.
Les épreuves de lecture de mots, réguliers et irréguliers et de pseudo-mots d’ODÉDYS leur
ont été proposées. Les résultats de ces épreuves, le score et le temps sont présentés dans le tableau
1, et comparés aux normes obtenues auprès d’enfants de même âge chronologique (et de niveau
CM2).
Tableau 1 lecture des mots et pseudo-mots isolés
Mots réguliers
Florine
Nicolas
Score Temps
15/20 39"
Score Temps
14/20 44"
Témoins CM2
Moy et e.t.
Score
temps
19,0/1,6
24"/8,9
Mots irréguliers 6/20
49"
12/20
54"
15,9/3,7
26,6"/10,6
Pseudo mots
45"
8/20
76"
17,8/2,0
26"/8,3
14/20
On constate que les performances de Florine sont comparables pour les mots réguliers et
les pseudo-mots alors qu’elle obtient un score plus faible sur les mots irréguliers. Les temps de
lecture sont similaires quelque soient les items à lire et globalement un peu longs comparativement
aux enfants témoins. Florine fait 8 erreurs de régularisations sur les 14 erreurs produites lors de la
lecture des mots irréguliers. Les autres erreurs sont principalement des confusions entre lettres
visuellement proches (exemple : avanie Æ avance, bate Æ bote , gavin Æ gaviu) ou des erreurs
d’omission (exemple : escroc Æ ecor). On ne note par contre aucune confusion de type sonore.
Nicolas a de meilleures performances sur les mots réguliers et irréguliers que sur les pseudomots. Son temps de lecture est particulièrement long pour les pseudo-mots. Si on examine les
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types d'erreurs: Nicolas fait une erreur de lexicalisation (aivron Æ avion) et quelques erreurs de
type confusion sourde/sonore (cagoule Æ cacoule, astronome Æ adronome).
Les performances de ces deux enfants en dictée de mots et de pseudo-mots sont présentées
dans le tableau 2. Leurs résultats sont très similaires à ceux obtenus en lecture, avec des difficultés
marquées à orthographier les mots irréguliers chez Florine et un score anormalement faible en
dictée de pseudo-mots chez Nicolas.
Tableau 2 : Dictée de mots et pseudo-mots
Florine
7/10
3/10
7/10
Mots réguliers
Mots irréguliers
Pseudo mots
Nicolas
7/10
7/10
4/10
Témoins CM2
9,5 (±0,8)
8,7 (±1,5)
9,3 (±1,0)
Florine fait des erreurs qui pour l'essentiel sont des erreurs phonologiquement plausibles:
ordure Æ ordur, fusil Æ fusi, tabac Æ taba, parfum Æ parfain, seconde Æ segonde. Le nombre
d’erreurs phonologiquement plausibles est beaucoup moins élevé chez Nicolas (femme Æ famme,
seconde Æ segond). Des confusions sourdes/sonores (bartin Æ bardin, gontra Æ contra), des
inversions (bracho Æ barchaut) et des ajouts (datoir Æ dartoir) sont également observés chez lui.
Les épreuves métaphonologiques, la tâche de mémoire à court terme et les épreuves
visuelles d’ODÉDYS ont également été proposées à ces enfants afin de déterminer la nature des
troubles cognitifs qui sont associés à leurs difficultés de lecture et d’écriture. Leurs résultats sont
présentés dans le tableau 3.
Tableau 3 : Troubles cognitifs associés
Métaphonologie
Acronymes
Suppression
Mémoire à CT
Empan endroit
Empan envers
Tâches visuelles
Comparaison
Cloches
Florine
Nicolas
Témoins CM2
8/10
9/10
3/10
5/10
7.8 (2.0)
7.7 (2.5)
7
5
5
3
5.3 (0.9)
4.0 (1.1)
18/20
98"
29/35
20/20
33/35
63"
19.6 (0.9) 60.2" (16.2)
31,4 (3,3)
L'examen des capacités métaphonologiques montre que Florine a des scores dans la
moyenne ou même au-dessus de la moyenne des témoins de CM2. Elle ne présente donc aucun
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trouble de la conscience phonémique. Par contre, Nicolas a des performances extrêmement faibles
sur les deux épreuves proposées. Florine et Nicolas se distinguent également quant à leurs
capacités de mémoire phonologique à court terme. Le codage phonologique en mémoire à court
terme et en mémoire de travail de Nicolas est plus faible que celui de Florine dont les scores sont
nettement supérieurs à la moyenne. Sur le plan des traitements visuels, Nicolas ne démontre
aucune difficulté et réalise les épreuves en un temps relativement court alors que la performance
de Florine est faible (<– 2 e.t.) dans la comparaison de séquences de lettres que l’on considère son
score ou son temps il en est de même pour le score de l'épreuve des cloches.
Les résultats de Florine et Nicolas au test de l’Alouette montrent que tous deux présentent un
retard significatif dans l’apprentissage de la lecture (de plus de 2 ans). La passation des épreuves
d’ODÉDYS montre, en outre, qu’ils présentent des profils cognitifs bien différenciés alors qu’ils
sont très comparables en termes d’âge chronologique et de niveau de lecture. Florine manifeste
une difficulté sélective en lecture et écriture de mots irréguliers qui suggère un dysfonctionnement
de la procédure lexicale. La nature des erreurs qu’elle produit (régularisations en lecture et erreurs
phonologiquement plausibles en dictée) montre qu’elle recourt principalement à un traitement de
type analytique. Ses faibles performances pour les mots irréguliers indiquent que son lexique
orthographique est très insuffisamment développé. Florine démontre par ailleurs de bonnes
capacités de traitement métaphonologique et de mémoire phonologique à court terme ce qui
suggère qu’elle ne présente pas de trouble phonologique associé. Les résultats de Florine sont en
faveur d'une dyslexie développementale de surface qui est probablement en relation avec ses
faibles capacités de traitement visuel.
Nicolas, au contraire, présente un trouble sélectif de la lecture et de l’écriture des pseudomots qui suggère un dysfonctionnement de la procédure analytique. Celui-ci se manifeste
qualitativement par la production d’erreurs phonologiques (confusions sourdes/sonores,
déformations du mot par omission, addition, substitution ou déplacement de phonèmes). Les
bonnes aptitudes de Nicolas à traiter les mots réguliers et irréguliers montrent qu’il recourt à un
traitement lexical efficace. Ce traitement conduit dans certains cas à des erreurs de lexicalisations.
Les faibles performances de Nicolas sur les épreuves métaphonologiques et de mémoire verbale
conduisent à penser qu’il souffre d’un trouble phonologique sous-jacent sans doute responsable du
dysfonctionnement des procédures analytiques de lecture et d’écriture. Son profil est conforme à
celui des dyslexies développementales phonologiques. L’absence de trouble des traitements
visuels est par ailleurs compatible avec le développement a priori normal de ses compétences
lexicales.
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A l'issue de l'exposé de ces deux cas, on peut constater que les épreuves proposées dans le
cadre d’ODÉDYS permettent de faire des hypothèses raisonnables quant à la spécificité du trouble
dyslexique et à la nature des troubles cognitifs associés aux difficultés de lecture et d’écriture des
enfants. Il constitue une première étape de l’évaluation qui devra nécessairement conduire, dans le
cas de Florine et Nicolas par exemple, à un bilan complémentaire permettant 1) d'évaluer les
différentes composantes du langage oral, 2) de confirmer la stabilité des déficits mis en évidence,
3) de préciser leur nature, 4) de confirmer le type de dyslexie qu’ils présentent et 5) d’estimer
l’impact du trouble sur les autres dimensions de la lecture et de l’orthographe.
ODÉDYS peut aussi être utilisé pour le suivi des enfants dyslexiques. Les évaluations
répétées dans le temps permettent de mesurer les progrès de l'enfant pour lequel ont pu être mises
en place une rééducation orthophonique ainsi qu’une aide et des adaptations pédagogiques
spécifiques.
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