14 septembre - 4 novembre 2016
Théâtre de l’Odéon - 6e
DOM JUAN
de Molière
mise en scène Jean-François Sivadier
Location 01 44 85 40 40 / www.theatre-odeon.eu
Tarifs de 6€ à 40€ (séries 1, 2, 3, 4)
Horaires mardi au samedi 20h, dimanche 15h
relâche exceptionnelle le dimanche 18 septembre
Odéon-Théâtre de l’Europe
Théâtre de l’Odéon
place de l’Odéon Paris 6e
Métro Odéon (lignes 4 et 10) - RER B Luxembourg
Service de presse
Lydie Debièvre, Jeanne Clavel
01 44 85 40 73 / presse@theatre-odeon.fr
Dossier et photos également disponibles sur www.theatre-odeon.eu
nom d’utilisateur : presse / mot de passe : podeon82
14 septembre - 4 novembre 2016
Théâtre de l’Odéon - 6e
DOM JUAN
de Molière
mise en scène Jean-François Sivadier
avec
Marc Arnaud Gusman, Dom Carlos, Dom Louis
Nicolas Bouchaud Dom Juan Tenorio
Stephen Butel Pierrot, Dom Alonse, Monsieur Dimanche
Vincent Guédon Sganarelle
Lucie Valon Charlotte, Le Pauvre, La Violette
Marie Vialle Elvire, Mathurine
collaboration artistique
Nicolas Bouchaud, Véronique Timsit
scénographie
Daniel Jeanneteau, Jean-François Sivadier, Christian Tirole
lumière
Philippe Berthomé
costumes
Virginie Gervaise
maquillages, perruques
Cécile Kretschmar
son
Eve-Anne Joalland
production déléguée : Théâtre National de Bretagne / Rennes ; coproduction : Compagnie
Italienne avec Orchestre, Odéon – Théâtre de l’Europe, MC2 : Grenoble ; Châteauvallon -
Scène Nationale, Le Grand T - Théâtre de Loire-Atlantique, Printemps des Comédiens -
Montpellier, avec le soutien du Cercle de l’Odéon
Durée 2h30
Spectacle créé au TNB / Rennes, du 22 mars au 2 avril 2016
Extrait
SGANARELLE — Je veux savoir un peu vos pensées à fond.
Est-il possible que vous ne croyiez point du tout au Ciel ?
DOM JUAN Laissons cela.
SGANARELLE — C’est-à-dire que non. Et à l’Enfer ?
DOM JUAN Eh.
SGANARELLE — Tout de même. Et au diable, s’il vous plaît ?
DOM JUAN Oui, oui.
Dom Juan, Molière, Acte III, scène 1
Tournée 2016 / 2017 :
23 novembre au 3 décembre 2016 - Théâtre Vidy, Lausanne (Suisse)
7 au 17 décembre 2016 - Le Grand T, Nantes
3 au 14 janvier 2017 - Théâtre National de Strasbourg
19 au 28 janvier 2017 - MC2, Grenoble
Avec Tartuffe, note Jean-François Sivadier, Molière était « allé trop loin » ; avec Dom Juan, il va plus
loin encore. Par ce nouveau coup de folle audace, Molière invente sa version de l’un des derniers
mythes qu’ait produits la littérature de l’Occident. Dom Juan, avec Hamlet, avec Faust, compte
parmi les grandes figures inaugurales de la modernité. Il y entre à grands pas, marchant ferme sur
ces « deux jambes » que sont « le rire et l’effroi ». Son siècle est celui qu’a ouvert Galilée, autre
héros cher au metteur en scène. Désormais, la croyance n’est plus affaire de soumission à une
autorité, spirituelle ou temporelle, mais de rationalité argumentée. L’existence n’a plus à se
conformer aux commandements d’aucun Commandeur : elle est faite pour être explorée, par toutes
les voies. À la crédulité superstitieuse, simple réflexe conditionné, se substitue la libre réflexion du
libertin. Dom Juan s’y voue avec une insolence, un appétit, une allégresse extraordinaires. Et ce
« tour du monde », dans cette pièce à rebondissements, capricieuse et romanesque, « ressemble
surtout à un tour sur lui-même », à l’état des lieux d’un sujet résolu à « tenter d’épuiser le monde et
de s’épuiser lui-même pour se sentir vivant ». Improvisateur romanesque et sauvage, le Dom Juan
de Nicolas Bouchaud, fidèle compagnon théâtral de Sivadier, saccage tout sur sa route, toutes les
convenances éthiques et esthétiques. Les lois sont des liens, mais qui ne ligotent que leurs victi-
mes consentantes. Dom Juan ne s’engage qu’au dégagement, à la variation indéfinie, au voyage
sans limites et sans retour (il est significatif que la seule fois qu’il tient parole, il cause sa perte sur
une poignée de main). Tant pis pour les autres.
Dom Juan viole, Dom Juan séduit. Il fuit, il combat. Lâche, brave, subtil, brutal voire criminel, peu lui
importe. Il ne craint rien, et surtout pas la contradiction ni même le ridicule. Il lui suffit d’être soi et
fidèle à soi. L’hypocrisie, qu’il découvre en fin de parcours, n’est qu’une arme de plus dans sa
panoplie. Pourquoi donc devrait-il être sincère envers quiconque ? Tout devoir n’est qu’une dette,
et Dom Juan ne s’en reconnaît aucune. C’est l’éternelle illusion des pères que de croire que leurs
fils leur doivent le jour ; c’est la sempiternelle naïveté des créanciers qui les persuade que leurs
débiteurs sont tenus de les rembourser ; c’est l’immortelle bêtise des valets que d’espérer de leurs
maîtres qu’ils leur régleront leurs gages avant que le rideau ne tombe. Et que dire des pauvres
épouses qui se fient aux belles promesses de leurs maris ?
Jongleur, joueur, acteur, Dom Juan selon Sivadier est un « corps offert comme un espace de projec-
tion à toutes les interprétations ». Un peu clown aussi, car « la comédie commence toujours dans la
rencontre malheureuse de la théorie et de la pratique ». Faisant de la scène « une arène » où jouer
ses tours avant sa mise à mort, Dom Juan serait insaisissable s’il n’y avait la statue du
Commandeur au bout de sa route. Mais il n’est même pas sûr que « le convive de pierre » maîtrise
tout à fait ce diable d’homme. Car le feu de la damnation consume Dom Juan, mais n’efface pas
les paroles qu’il a prononcées... Et la machine infernale qu’est le théâtre de « la bande à Sivadier »
est là pour en attiser les flammes – au présent, soir après soir.
Le rire et l’effroi
“Le plateau est un lieu proche de la mort où les libertés sont possibles”
Jean Genet
Dom Juan est avant tout l’histoire d’un geste impossible.
La poignée de main entre un mortel et une statue de pierre venue de l’au-delà pour l’anéantir. Le
mythe commence là. Dans la rencontre fatale entre celui qui s’est fait un devoir de ne croire en rien
et de rire de tout, et la seule chose capable de le confondre et de lui passer définitivement l’envie
de rire.
Face à l’adversaire suprême qu’il semble avoir cherché (ou fui) toute sa vie, il se paie le luxe d’un
dernier coup de théâtre : il regarde la statue dans les yeux, saisit la main tendue comme il signerait
son oeuvre : sans trembler. Dans la joie de savoir que sa disparition brutale laissera le public aussi
désorienté que son valet. En voyant disparaître le monstre (qui sera hué ou applaudi), impossible de
savoir si l’on se sent soulagé ou orphelin. Délivré ou abandonné. Trahi ou vengé.
Aucune morale dans le point final, aucune leçon. Pas de verdict, ni pour lui ni pour les autres :
coupable(s) non coupable(s), pas de : ici les bourreaux et ici les victimes.
C’est à cet impossible que Molière choisit de nous confronter. En faisant de nous les jurés d’un
procès qui n’a pas lieu.
Car à la fin, celui qui a, pendant deux heures, piétiné le sacré sous toutes ses formes est « puni par
les flammes de l’enfer », mais sa parole est toujours vivante et, personne n’est dupe, la statue est
en carton-pâte.
Avec Tartuffe, Molière est allé trop loin. La pièce est interdite. Imaginons que la colère de l’auteur
n’a d’égale que son excitation à comprendre qu’il a touché le nerf de la guerre. Dans le costume de
Sganarelle, il entre sur la scène du Palais-Royal comme un bonimenteur de foire ; il revient, dès le
premier mot, à la charge avec un message sans équivoque : Tartuffe était le signe avant-coureur de
celui qui va entrer et qui, lui, n’a besoin d’aucun masque. Tartuffe était un faux dévot, Dom Juan est
un athée véritable.
Vous en avez eu trop ? Vous en aurez encore plus.
Molière métamorphose un sujet d’édification religieuse en une profession de foi matérialiste.
Avant même d’être quelqu’un, Dom Juan est un corps offert comme un espace de projection à
toutes les interprétations. Impossible de définir, absolument, celui qui a tort en ayant l’air d’avoir
raison parce qu’il parle tout comme un livre. Celui dont on ne peut saisir l’identité qu’au regard de
ses actions contradictoires et des réponses ambigües aux questions précises qu’on lui pose : «
Vous n’avez pas peur de la vengeance divine ? — C’est une affaire entre le Ciel et moi ! ».
Dans le sursis que laisse une mort inéluctable et sans cesse différée, rien d’autre à faire que divertir
pour se divertir, construire du théâtre et des romans, des obstacles où il est sûr de devoir engager
son corps dans la bataille, de mouiller sa chemise. Et, en cherchant dans la drogue du vertige la
promesse d’une adrénaline de plus en plus forte, il tente d’épuiser le monde et de s’épuiser lui-
même pour se sentir vivant.
Mais aucun rôle chez Molière qui ne porte en lui son propre clown et qui n’offre au public, l’occa-
sion de rire de lui. La comédie commence toujours dans la rencontre malheureuse de la théorie et
de la pratique. Celui qui a projeté de conquérir les autres mondes décide d ‘abord d’enlever une
illustre inconnue avec une petite barque qui fait immédiatement naufrage.
Dans ce tour du monde qui ressemble surtout à un tour sur lui-même, l’esquisse, l’instantané et
l’improvisation, font de la scène une arène où se succèdent des numéros interchangeables et sur-
tout imprévisibles.
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