SOCIOLOGIE DU TRAVAIL ET DE L ’EMPLOI Guy Minguet Copyright.Guy.Minguet.emn PRESENTATION Objet du cours: La métamorphose industrielle Objectifs d ’apprentissage de la session Comprendre : en quoi la nature du travail et de l ’emploi s’est modifiée avec le temps, selon quels mécanismes, selon quels invariants dans ce contexte de globalisation Explorer: les effets de ces facteurs technologiques, économiques et politiques sur le travail humain, les relations d ’emploi Deux niveaux d ’apprentissage L ’intention porte sur: la sensibilisation : aux dynamiques de changement La dynamique de recentrage et d ’externalisation l ’acquisition d ’un glossaire Terminologie: recentrage, externalisation, délocalisation, déindustrialisation, tertiarisation Présentations Successivement: Le recentrage -- refocusing L ’externalisation -- outsourcing, offshorization La délocalisation Vs la relocalisation -- nearshore, onshore L ’industrialisation Vs Dé-industrialisation Les écosystèmes industriels émergents Définir: recentrage -ou refocusing Still, just, made in Italy Du recentrage de l ’entreprise Définition: Se recentrer sur son métier, et accroître son avantage concurrentiel pas ses points forts Elle consiste pour les conglomérats ou grands groupes industriels verticalement intégrés à s’interroger sur ce que sont exactement les activités de leur cœur de métier et à s’y recentrer, en cédant toutes les autres Consécutif au mouvement de « financiarisation « Une accélération de la réorganisation internationale des activités des firmes industrielles à la recherche d’une efficacité accrue. Mouvement de financiarisation R Caractérisation: R Ce dernier a été décisif dans le déclenchement des stratégies de recentrage. R Ce processus s’est amorcé au début des années 1980 aux États-Unis -raiders. Ces entrepreneurs financiers avaient compris que la logique conglomérale de constitution des entreprises correspondait peut-être à une stratégie de dirigeants, mais qu’elle n’avait pas nécessairement de sens en termes de création de valeur pour l’actionnaire. R Ils pensaient qu’il n’incombait pas aux managers de constituer un portefeuille permettant de lisser les cycles d’activités et les profits, mais que cette activité financière devait revenir selon toute logique à des gestionnaires financiers. Selon eux, le rôle d’une entreprise industrielle était de se concentrer sur son cœur de métier afin de délivrer le maximum de valeur aux actionnaires. Un capitalisme actionnarial R Caractérisation: R Les entreprises se sont transformées elles-mêmes selon la logique de l’arbitrage entre les différentes activités de portefeuille et de maximisation de la valeur pour les actionnaires R De cette manière, nous avons également assisté au mouvement de “déconglomérisation ”.Exemple: la Compagnie générale d’électricité R La Compagnie générale d’électricité avait des activités dans des secteurs aussi diversifiés que ceux de la télécommunication, du ferroviaire, de la machine outil, de la banque ou de la presse dans les années 1980. R À l’heure actuelle, cette entreprise est devenue Alcatel qui s’est concentrée dans quelques segments du métier des télécommunications: comme fournisseur de produits et de services La “déverticalisation ” R La crise de la télématique automobile (Bonnefous, 2003) R La plupart des constructeurs automobiles se lancent fin 1990 sur le marché télématique. R Ainsi, chaque grand constructeur se dote de son “ entité ” télématique afin de permettre à ses véhicules d’accéder à des services télématiques. On retrouve entre autres : R General Motors qui développe les services Onstar ; R Ford Motor Company en partenariat avec l’opérateur Qualcomm qui fonde la société Wingcast R DaimlerChrysler qui constitue la société Tegaron en collaboration avec Deutsche Telekom R PSA Peugeot Citroën qui s’associe avec Vivendi pour créer Egery ; R Renault qui développe son service d’appel d’urgence et d’information trafic, Odysline… R Mais ces nombreuses initiatives ont de grandes difficultés à se concrétiser, principalement en Europe, la plupart connaissent l’échec. La “déverticalisation ” R La crise de la télématique automobile R Si cette période a été marquée chez les constructeurs par l’arrêt où le ralentissement des initiatives, elle a été aussi particulièrement difficile chez les fournisseurs d’équipements électroniques embarqués. Ceux-ci ont été en effet incités par les constructeurs à investir pour suivre les générations successives de matériel. Dans ce contexte de marché qui ne décollait pas, chaque génération “ cannibalisait ” alors la précédente sans que les fournisseurs puissent amortir les investissements nécessaires qui ont été conséquents R Le processus d’innovation n’est pas parvenu ici à mettre en concordance des temporalités de l’investissement et de la consommation. R La logique de l’industrie automobile avait intégré toutes les activités inhérentes à son secteur depuis la fabrication de la tôle jusqu’à l’assemblage du véhicule en passant par les composants mécaniques, électriques ou électroniques. Depuis vingt ans, nous assistons de la part des constructeurs automobiles à un repli général et progressif vers le métier d’assembleur. Définir: externalisation ou outsourcing Du recentrage à l ’externalisation Définition: L'outsourcing : fait partie d'une nouvelle stratégie d'organisation des entreprises et qui consiste à se focaliser sur leur cœur de métier, en faisant de la sous-traitance. Sous-traiter des éléments non stratégiques à des prestataires permet de meilleures prestations à des coûts inférieurs et une meilleure flexibilité. Cette opération s’accompagne d’une cession des équipements et d’un transfert du personnel. De plus, on parle d'outsourcing offshore lorsque le prestataire de service se trouve à l'étranger. Du recentrage à l ’externalisation Définition: La logique de l’externalisation s’explique simplement. Lorsque l’entreprise s’est recentrée sur son cœur de métier, elle lui applique le raisonnement qu’elle exerçait sur son portefeuille d’activités, c’est-à-dire qu’elle externalise chaque segment de son activité où elle n’est pas la plus performante. L’externalisation qui a longtemps porté sur des fonctions jugées périphériques de l’entreprise (formation, juridique, recrutement, sécurité, entretien, logistique support) porte aujourd’hui sur des fonctions plus essentielles (comptabilité, informatique, maintenance, fabrication). Le cœur de métier et l ’externalisation: controverse Modalités: Dans le cadre de l'e-business, il s'agit de l'analyse d'un système d'information, son développement, voire sa maintenance. L'entreprise peut aller jusqu'à confier la gestion complète de ses ressources informatiques à des tiers : on parlera alors d'infogérance ou de facilities management. Mais les termes sont très proches et parfois utilisés indifféremment. L'externalisation possède ses défenseurs et ses détracteurs. Pour les premiers, en se libérant des problèmes informatiques, l'entreprise pourra se focaliser sur son cœur de métier. Elle pourra également réduire ses coûts. Pour les seconds, l'entreprise perd une partie de son savoir-faire et devient dépendante de prestataires extérieurs. Une chose est certaine : les contrats d'infogérance doivent être minutieusement établis, surtout en ce qui concerne la qualité du service fourni par le prestataire. Le système de fabless fabs Modalités: Le modèle de fabless fabs a été bâti dans le domaine des composants électroniques. L’essentiel des compétences de ce secteur se trouvait aux États-Unis où toutes les activités de conception étaient prises en charge. Or, les entreprises se sont rendu compte qu’elles passaient par des phases de sous-investissement ou de surinvestissement. Elles n’étaient donc jamais en situation optimale (voir cycle économique ci après) Elles ont donc mutualisé leurs capacités productives pour faire des économies, puis elles ont décidé de séparer les activités de conception des composants, de la stylique des équipements et la conception des logiciels d’interface. Ce fut le premier modèle de fabless fabs, puisque les fonderies destinées à la fabrication des composants ont été installées à Taiwan. % croissance -10 -20 -30 -40 2003 2001 1999 1997 1995 1993 1991 1989 1987 1985 1983 Cycle du marché 60 50 40 30 20 10 0 Le système de fabless fabs Le modèle de fabless fabs Ce modèle a été appliqué aux secteurs de l’informatique et de l’électronique. Des entreprises nouvelles comme Solectron ou Flextronics dont la spécialité est la gestion de production sont apparues, elles reprenaient les usines cédées par des manufacturiers classiques dans les pays d’origine pour optimiser leur plan de charge puis elles ont récupéré d’autres productions externalisées ; elles ont ainsi bâti au total une activité nouvelle de production externalisée. Dans un deuxième temps, le travail de rationalisation achevé dans les pays d’origine, elles ont fini par délocaliser leurs activités en Chine. Depuis, il est très intéressant de constater que ces mêmes entreprises sont montées également en gamme et proposent aujourd’hui des services complets de sous-traitance manufacturière Flextronics, Chine Solectron , Suzhou, Chine Manufacturing Flextronics, Malmö Solectron , Milpitas, Californie Du côté des fournisseurs Exemple: Alcatel, équipementier télécoms Serge Tchuruk se propose d'externaliser les activités manufacturières à faible valeur ajoutée. Le groupe reste évasif quant au nombre de sites de production qu'il compte effectivement conserver. il l'a déjà fait en cédant l'usine de téléphonie mobile de Laval (Mayenne) au singapourien Flextronics. L'équipementier précise que 10 à 12.000 personnes sur les 110.000 qu'il emploie dans le monde sont concernées (Le Monde, 28/06/01) Alcatel ne prend pas une longueur d'avance. Il se met simplement au niveau de Nortel ou de Cisco qui n'ont jamais eu à fabriquer de terminaux Le groupe exclut de céder ses productions dans les secteurs de l'espace, des sous-marins, des composants ou des réseaux optiques autant de branches "extrêmement pointues" Le cœur de métier et l ’externalisation: controverse Le problème Le délicat tracé entre le cœur de métier (core competence) et ce qui ne l ’est pas, ce qui constitue le périmètre volatil de l ’activité exemple: en ce moment, l’industrie financière s’interroge sur le caractère stratégique du système d’information. Les grandes banques ont commencé à externaliser cette activité à des entreprises d’infogérance. Or, plus récemment, JP Morgan Chase a pris la décision d’intégrer à nouveau son activité d’infogérance qu’elle avait confiée IBM Global Services. En effet, les dirigeants ont estimé que le système d’information était au cœur de l’activité financière « nearshore outsourcing » une question politique : gouvernance du réseau, arbitrage, révision de doctrine, Définir: délocalisation ou offshoring Délocaliser : séparer et déplacer l’activité productive Définition économique: c’est séparer les lieux (les pays) de fabrication ou de transformation des marchandises de leurs lieux (ou pays) de consommation c’est déplacer l’activité productive des entreprises vers des pays étrangers. La production délocalise en s’effectuant en dehors de territoire national, elle offre ses emplois aux résidants des pays d’accueil elle consiste dans la fermeture d’une unité de production nationale, l’ouverture de la production d’une unité à l’étranger et la réimplantation de la production réalisée à l’étranger pour servir le marché national et le redéploiement spatial du centre de gravité économique des groupes, qui est largement lié à la dynamique des marchés et de l’organisation Un déplacement de l’activité productive La délocalisation économique est le transfert d'activités, de capitaux et d'emplois en des régions du pays ou du monde bénéficiant d'un avantage compétitif du fait: soit de coûts plus bas (main d'œuvre peu coûteuse, meilleur accès aux ressources naturelles, fiscalité et réglementation plus attractives) soit d'un pôle de compétence technologique, ou du moins de personnel compétent soit d'un marché local assurant des débouchés plus vastes ou intéressants soit d'infrastructures mieux adaptées ou d'un environnement plus attrayant séparation de la décision « strategic sourcing », entre la conception [R & I & D], approvisionnement [sourcing], assemblage [manufacturing]; localisation « captive » d ’activités stratégiques [R & I & D] Des pratiques anciennes, des habits neufs Constats Pas nouveau, vagues successives depuis les années 1960 -- exemples dans les filières cuir/ chaussure et habillement/mode. Voir les cas de ERAM, de Benetton, Catimini Mais élargissement récent aux productions high-tech et aux services Difficultés de mesure et d’évaluation rigoureuse du phénomène Interprétation Fondamentalement, une délocalisation correspond à une substitution de travail par du travail A ce titre, s’écarte de la dynamique historique de l’industrialisation depuis le XIX° siècle : substitution capital/travail (automatisation, production de masse) Ses habits neufs: les délocalisations s ’ancrent dans les traditions et les coutumes régionales -- lois, « code » du travail, pratiques administratives et politiques Histoire de la transnationalisation Période Figure de la firme Stratégie Moyens de la stratégie Années 1950 Firme primaire D’approvisionnement Intégration de ressources primaires Années 1960 Firme multidomestique De marché Filiales relais Années 1970 et 1980 Firme multinationale De production rationalisée Filiales ateliers Années 1980 - Firme globale • De flexibilité • D’innovation Firmes réseaux Eléments favorisant les délocalisations Constats Processus d’externalisation vers les sociétés de services spécialisées Recours croissant au personnel intérimaire Multiplication des échelons de sous-traitance Fragmentation du processus productif par les TI Baisse continue des coûts de transport --sauf lorsque les énergies sont plus chères (gaz, acier, etc) Poids croissant des échanges intra-groupes dans le commerce international Formes de délocalisation R Une typologie entre délocalisations d’accompagnement R R ET délocalisations offensives R R le fournisseur suit son donneur d’ordre : Valeo arrête sa production en Espagne parce que Volkswagen délocalise une partie de sa production espagnole en Slovaquie concentration de l’entreprise sur son cœur de compétence : Dyson délocalise sa production d’aspirateurs auprès d’un sous-traitant malaysien et délocalisations défensives R R Lafuma délocalise en Chine pour résister à une concurrence débridée En cas de mévente, des marques de l’automobile délocalisent l’assemblage – au détriment des équipementiers Renault et PSA assemblent plus de véhicules à l'étranger qu'en France R Face à la mévente, les constructeurs français ont réduit leur production dans l'Hexagone de 20 % au quatrième trimestre. En revanche, ils ont continué à pousser les feux hors des frontières. Airbus, une entreprise qui peine à se restructurer R L'avionneur européen veut se recentrer sur son métier de base - la conception d'avions, l'assemblage et la vente -. Il entend réduire de deux ans le temps de développement d'un appareil, qui passerait donc de sept ans et demi à cinq ans et demi. Mais comme il n'a plus les moyens de mener de front tous ses investissements, Airbus va chercher des "partenaires à risques", des équipementiers qui accepteront d'investir dans les nouveaux programmes, comme le futur long-courrier A350 Les suppressions d'emplois chez Airbus La France serait la plus touchée avec 4 300 postes supprimés, dont 1 100 au siège à Toulouse, et une vente de site (Saint-Nazaire Ville). Viennent ensuite l'Allemagne, l'Angleterre puis l'Espagne. Boeing s'apprête à achever sa mutation Rattrapé par Airbus, le groupe américain décide de changer entièrement son modèle industriel en abandonnant la fabrication, pour se concentrer sur la conception, l'assemblage et la livraison d'avions. Son objectif est de réduire les coûts, le temps de développement et d'utiliser de nouveaux matériaux. Boeing cède des sites industriels et lance simultanément l'opération "Best of Industry". Il s'agit de faire fabriquer les éléments de la structure par d'autres équipementiers plus performants. Le temps où Boeing faisait tout est donc terminé. Airbus, dont les sites de construction emploient plus de 50 000 personnes à travers l'Europe, veut s'inspirer du modèle industriel de Boeing et espère externaliser 50 % de la fabrication de ses avions. Stratégie et géopolitique La délocalisation: pousse les pays, régions et agglomérations à des politiques de redynamisation améliorant leur attractivité économique et incitant à la création de nouvelles activités pour remplacer le « vide » économique incite à des formes de management très décentralisées, par exemple le système de l'entreprise étendue, permettant de coordonner sans engager de grands capitaux les meilleures sources de produits et de compétences dans les divers points de la planète et d'être par ailleurs présents sur les marchés économiques les plus porteurs ; induit à l'inverse la tentation de protectionnisme, risquant d'être contreproductive, en isolant des flux économiques mondiaux et en amenuisant le pouvoir d'achat du fait que l'absence de concurrence entraîne des prix internes élevés par manque d'efforts d'amélioration et création de rente de monopoles locaux, diminuant encore davantage la compétitivité. Ecosystèmes industriels Dans les pays émergents apparaissent de véritables écosystèmes high tech. Le co-développement et la fabrication de produits techniques en des délais records et avec une assurance qualité conséquente a changé la donne. En termes de standards de qualité, les deux meilleures entreprises mondiales dans le domaine du service informatique sont indiennes. Ce type de délocalisation n’est donc pas si anodin et mérite plus de réflexion puisque nous glissons vers une délocalisation des cols blancs (voir les exemples de HP, de IBM, des SSII) Ecosystèmes industriels et géopolitique R Partenariat stratégique Dès les années 80: la France passe des accords bilatéraux ventes de centrales nucléaires, d ’équipements (sous-marins, frégates, avions, armes) contre des importations de consommables « commodities » : habillement, textile, alimentation R 2005: accès en Chine pour Airbus pour des accords de fabrication d ’avions et de formation in situ. Idem pour la pharmacie, la chimie et les machines-outils R 2006: accès en Inde pour Airbus et pour des sous-marins. Idem pour du matériel électronique A 380, Blagnac Au plan social La délocalisation entraîne des créations d'emploi dans les pays d'implantation (exemple en France de l'usine Toyota à Valenciennes). Toutefois : elle crée aussi des licenciements, et des pertes d'emplois indirects, difficiles à compenser dans les pays ayant des faiblesses compétitives. La menace de délocalisations peut aussi être un moyen de pression sur les conditions de travail (amplitude horaire quotidienne, travail de nuit, durée des congés payés, sécurité sociale, âge et taux de retraite) lorsque celles-ci posent un problème économique. Elles sont donc souvent mal vécues par les salariés et les autres collaborateurs L’actualité du problème : les délocalisations Entreprise Origine Destination Nombre d’emplois ST Microelectronics Rennes Singapour 400 Snappon Eure et Loir République Tchèque 225 Vishay Haut-Rhin Hongrie 292 Facom Val de Loire Taïwan 248 Thomson Côte d’Or Chine 400 Délocalisation et emplois Les arguments favorables Les emplois de services représentent 70% de l’emploi total dans ce pays (et dans les économies des pays riches en général), et très peu d’entre eux sont susceptibles d’être délocalisés car ils supposent une proximité des producteurs et des consommateurs. Les emplois qualifiés ne sont pas encore menacés par la concurrence des pays riches du fait du retard de ces pays gardant de faible taux de scolarisation dans les études supérieures Les délocalisations de certaines étapes du processus de production permettent de stimuler la compétitivité des entreprises résidentes, ce qui est source de croissance et d’emploi. Le gain de compétitivité permettrai une croissance d’environ 0,3% du PIB aux États-Unis. Les coûts à revoir Interroger les coûts Le coût de la main-d'oeuvre compte. Mais il est souvent moins important que le prix des matériaux, des machines, les frais de transport, le risque politique, le prix de l'énergie, la fiscalité, les brevets. Une enquête montre que si l'on prend en compte le véritable coût de production à l'étranger, et pas seulement les frais de fabrication, l'avantage est beaucoup moindre : l'économie réalisée en délocalisant est de 0,6% pour une entreprise high-tech, 6% pour un producteur de plastique, 13% pour une firme de prêt-à-porter (McKinsey, 2004). Délocalisation vers où ? Sur la période 1995-2001, 13 500 emplois auraient été délocalisés en moyenne chaque année dans l’industrie. On estime que cela représente environ 0,35 % du total de l’emploi industriel. Il ne s’agit pas d’un bilan sur l’emploi industriel français du phénomène de délocalisation. On ne s’intéresse qu’aux réductions d’effectifs qui seraient dues à des délocalisations, sans prendre en compte les délocalisations qui ont lieu vers la France et sont créatrices d’emplois domestiques. Délocalisation vers où ? Les délocalisations se feraient un peu plus souvent vers les pays développés Un peu plus de la moitié (53 %) des emplois délocalisés le seraient à destination des pays développés,notamment des pays limitrophes de la France et des ÉtatsUnis. Le reste, soit environ 6 400 emplois par an, le serait à destination de pays à bas salaires. Parmi ces pays, la Chine constituerait la principale destination, loin devant l’Europe de l’Est, l’Afrique du Nord, l’Amérique du Sud et les autres pays d’Asie Dans le cas des pays développés, le phénomène de “ délocalisation ” s’inscrit surtout dans un cadre de restructuration des grands groupes multinationaux. En cohérence avec cette logique, une délocalisation semble s’y opérer le plus souvent par filialisation. Vers les pays à bas coûts, en revanche, elle s’effectue le plus souvent par sous- traitance. L’attractivité de la France Flux d'investissements directs entrants en milliards d'€ 2002 Une attractivité ciblée Pays d’origine : Etats-Unis, Allemagne, RoyaumeUni, Italie Régions d’accueil : IDF, Rhône-Alpes, NPDC, MidiPyrénées Secteurs phares : automobile, services, logiciels et services informatiques, chimie, … Quelle taille, quels secteurs ? Les grands groupes et les secteurs à faible valeur ajoutée seraient plus souvent touchés Les délocalisations seraient surtout le fait de grands groupes, plutôt que de petites entreprises indépendantes. Elles représenteraient chaque année plus de 0,7 % de l’emploi dans les groupes ou entreprises de plus de 5 000 salariés, contre moins de 0,1 % dans ceux de moins de 50 salariés. Cela ne signifie pas que ces petites unités sont moins affectées par la concurrence internationale. Les conséquences pourraient simplement être différentes : fermeture et disparition pour les petites entreprises, délocalisations dans les filiales de grands groupes. Certains secteurs sont plus souvent touchés que d’autres par les délocalisations, même si celles-cis’observent dans pratiquement tous les secteurs industriels. Quelle taille, quels secteurs ? Les grands groupes et les secteurs à faible valeur ajoutée seraient plus souvent touchés Les délocalisations vers les pays à bas salaires sont ainsi nombreuses dans les secteurs de l’habillement et du textile, dans l’électronique et dans les industries des équipements du foyer. Il s’agit bien souvent de secteurs qui utilisent intensivement une main-d’œuvre peu qualifiée. En conséquence, les salariés non qualifiés seraient en moyenne plus touchés que les qualifiés. Cependant, aucune des catégories de qualification ne semble véritablement épargnée. Vers les pays développés, les délocalisations concerneraient surtout des secteurs très concentrés, où agissent de grands groupes multinationaux : automobile, aéronautique, pharmacie, électronique. Quelles régions ou agglomérations ? Certaines zones d’emplois françaises seraient plus fortement touchées Les délocalisations sur la période 1995-2001 auraient touché plus de 10 % des emplois industriels dans certaines zones d’emplois, alors que d’autres zones auraient été relativement épargnées. Au niveau des régions, certaines semblent un peu plus touchées, notamment la Basse-Normandie, la Lorraine et la région Champagne-Ardenne. Les différences sont néanmoins de moindre ampleur, comparées à celles entre secteurs. Il est difficile de déterminer si des zones sont plus “ vulnérables ” que d’autres au risque de délocalisation : ainsi, les zones les plus pauvres ou celles ayant le taux de chômage le plus élevé ne paraissent pas avoir été plus touchées par les délocalisations en moyenne que les zones riches ou ayant un chômage faible. Devenir de ces mouvements à la faveur de l’intégration économique des nouveaux membres de l’Union européenne et de la levée d’obstacles aux importations de textile et d’habillement, en particulier en provenance de Chine ? Délocalisation et services Toutefois Il faut remarquer que les secteurs d’activités concernés par les délocalisations sont de plus en plus nombreux comme l’atteste celle récente de certains services La délocalisation des services est liée à la disponibilité d’importantes infrastructures de communication, conséquence du développement des télécommunication et d’Internet à la fin des années 1990. Suite à l’informatisation de nombreux services, il a été possible de déplacer le lieu de production des services vers des pays à bas salaires sans que cela n’affecte le client. Délocalisation et services Toutefois L’inde est la première bénéficiaire de cette tendance car elle dispose d’une importante main-d’œuvre qualifiée et anglophone. Des services d’assistance technique sont par exemples fournis aux clients américains sans que ceux-ci ne connaissent la nationalité de leur interlocuteur. Une employée d'un centre d'appel de la banque HSBC en Inde, en novembre 2003. Délocalisation et services Exemples Le développement de l’industrie informatique en Inde, dans la ville de Bangalore par exemple, a été accéléré par l’implantation des grandes entreprises américaines. En France, des sociétés telles que Axa ou la Société Générale ont délocalisé leur comptabilité en Inde, British Airways et Swissair leur activité de réservation… Les centres d ’appel en Afrique, au Maghreb Les Pages Jaunes au Shri Lanka Interrogations : des conditions de travail, des relations d ’emploi « moyenâgeuses » au delà des descriptions de Zola, de Dickens, ou A, Londres La matière grise travaille à la chaîne SSII: usines logicielles, industrialisation des prestations Des centres de services « offshore » pour des réponses à des appels d ’offre de grands comptes pour l ’Infogérance Riposte: « industrialisation » des bouts de prestations : « travailler vite des programmes propres » -exemples: progiciels intégrés, Sap, Oracle Puis des centres regroupés « nearshoring » ou « onshore » en régions Des processus très encadrés, rationalisés, standardisés -- modèles CMM Le modèle d ’affaires et d ’organisation ? Les délocalisés des continents émergents -- Inde, Singapour, ¾ Interrogations : des conditions de travail tronçonnées, des des relations d ’emploi La matière grise est elle une matière première ? Le contenu du travail: la prestation logiciel comme « commodité » = consommable de « servuction » Une définition économique des commodités : Un produit standardisé aux qualités parfaitement définies et connues des acheteurs; La compétition entre producteurs ne passe que par les prix: pas de différenciation produit possible Un produit devient une commodité quand a disparu, par des élaborations successives, toute différence qualitative issue de son origine naturelle Parmi les produits de base: les métaux raffinés (mais pas les minerais) les produits pétroliers raffinés (mais pas “ le ” brut), les tourteaux de soja, le sucre raffiné Parmi les produits manufacturés plus élaborés: les rails, les ronds à béton, les composants électroniques standards Parmi les services: le fret, l ’électricité quid du développement logiciel ? Délocalisation et R&D La complexité des organisations de délocalisation: L ’Oréal R & D en Chine Le groupe investit dans l ’exploration des connaissances : spécificités cosmétiques de la population chinoise, L’Oréal Institute for Ethnic Hair and Skin Research, Pudong et découvre la bureaucratie d ’une administration et d ’un état totalitaire -- 47 dossiers pour une implantation de site La bureaucratie est historiquement née et pensée en Chine il y plus d ’un millénaire, de même le mandarinat La R & D implique aussi les sciences sociales : l ’ethno -marketing réalisé par une société d ’études en France -- associée à Paris Sorbonne L’exemple de Novartis Clariant Sandoz Vends sa division produits chimiques (2,3 milliards de FS de CA, 8000 salariés) Ciba vends ses activités chimie de spécialité (8,5 milliards de FS) Novartis = (Suisse) Ciba-Geigy (Suisse) Coopération K K : 50% en 1992 CHIMIE 59% santé 27% agrochimie 14% nutrition Fusion (mars 1996) PHARMACIE Sandoz (Suisse) K Coopération (xénogreffes) K : 50% Myriad Genetics et autres ESB Intérêts dans autres ESB (une centaine) Chiron ( EU) K : 50% Genetic Therapy (Gaithersburg) Imutran (GB : Cambridge) (3,6% en 1991, contrôle en 1995) Biotransplant (EU : Boston) Systemix Biocine ( EU : Californie) ESB Coopération John Hopkins University Max Planck Institute UNIVERSITES Dur, dur !!! Exemples (2) IBM annonce en son intention de supprimer entre 10 000 et 13 000 emplois sur un total de près de 319 000 salariés dans 170 pays, soit de 3 % à 4 % des effectifs mondiaux (Le Monde du 6 mai). Principales activités visées : les services informatiques aux Etats-Unis et en Europe, dont les performances sont jugées médiocres. Economies espérées : de 300 millions à 500 millions de dollars pour "Big Blue" (le surnom d'IBM), qui réalise plus de 1 milliard de dollars de bénéfices par trimestre. La France est pourtant particulièrement touchée par les suppressions d'emplois annoncées en mai : 769 postes vont y être supprimés (sur 12 000), principalement dans les activités de services. IBM France risque en outre de perdre son rôle de tête de pont d'IBM en Europe. Dur , dur !! Exemples (3) (suite) De fait, le siège social d'IBM Europe va être réorganisé, avec deux "centres de décision opérationnels" , l'un à Madrid, en Espagne, et l'autre à Zurich, en Suisse, "de façon à être plus proches de nos clients" , précise un porte-parole français d'IBM, qui ajoute : "La structure européenne sera beaucoup plus légère. » « On a connu l'Irlande, il y a quatre ans, puis Madrid, et maintenant, c'est l'Inde. Il faudra quand même que l'entreprise reconnaisse un jour les limites de cette politique de recherche de la main-d'oeuvre le meilleur marché possible, notamment pour ses clients » CFDT Pour IBM, dont la moitié du chiffre d'affaires provient aujourd'hui de la vente de services, le coût de revient d'un ingénieur devient en effet une variable essentielle. Un ingénieur américain coûterait 75 000 dollars par an, contre 15 000 pour un indien... Restructurations négociées Hewlett-Packard France -- octobre 2005 des restructurations suite à de mauvais résultats financiers, à des choix stratégiques controversés (cf Carly Fiorina) Hewlett-Packard a annoncé son plan de restructuration mondiale : une réduction des effectifs de 14 500 personnes soit 10 % des postes au cours des 18 prochains mois. Le 1/4 de l’effectif touché par le plan social -- 1 240 suppressions de postes envisagées Des activités déportées à Bangalore, ou en Pologne et en Slovaquie Une mobilisation collective suivie des cadres Une re-négociation de l ’accord RTT Solidarité internationale Une filiale du groupe Yves Rocher -- 2005 Une société au Burkina Faso qui fabriquait pour le compte du Groupe Yr créée en 1996 Pertes, fermeture, et licenciement de 117 ouvrières Constestation du mode de calcul pour l’indemnité de fin de contrat --mobilisation syndicale internationale et médiatisation Un accord amiable -- pour des compléments aux indemnités Ne pas externaliser, ne pas délocaliser: un choix Une énorme capacité d’anticipation et d’innovation La recherche de produits nouveaux, des marchés futurs: la R &D La qualité élevée, la marque, la «niche» du haut de gamme Le design, les brevets, l ’inventivité en relations étroites avec leurs territoires d’implantation un atout de taille: un actionnariat stable et familial Une GRH inventive, volontariste, négociatrice: recrutement local, fidélisation, formation profesionnelle la plupart reconnaissent faire fabriquer une partie de leurs produits à l’étranger ou y avoir des filiales Pas de recette miracle: «C’est toute une alchimie, un équilibre à trouver», Bruno Fille, PDG Manitou, Ancenis, 44 La productivité du travail dépend de… L’intensité capitalistique. Quelles politiques d’investissement? La qualité de la main d’œuvre. Quelles politiques de formation? Des modes d’organisation des entreprises. Quelles pratiques manageriales? Quelle métamorphose de la grande entreprise? Thomson pourrait en être une préfiguration, puisqu’elle a fait disparaître 85 % de son activité au cours de ces quatre dernières années. Il ne s’agit plus d’une entreprise électronique grand public. Elle a atrophié son cœur de métier manufacturier et elle se déploie vers l’amont, puisque la propriété industrielle est devenue l’une de ses principales sources de revenu, et en aval vers les services en devenant un opérateur professionnel de l’audiovisuel aux États-Unis. Ses activités productives n’existent plus qu’en Chine et provisoirement au Mexique, en Pologne et en Italie. Retour sur les délocalisations Actionnaires ROI Managers Pression sur le coût du travail Salariés Quelle solution ? Actionnaires (FDP) Managers Salariés Actionnaires individuels « Il y a donc un argument sérieux pour la représentation collective des intérêts des mandants [actionnaires individuels], dotée d’une capacité d’expertise qui réduise l’asymétrie d’information vis-à-vis des gestionnaires [de fonds]. C’est légitimement aux syndicats de remplir ce vide dans la médiation du rapport financier et du rapport salarial » (Aglietta, 1999) Définir: travail géographiquement distribué ou remote work Cap Gemini, Inde Ici, maintenant, n’importe où, n’importe quand ? Définition S’affranchir (sous contraintes) de la distance, de la présence, du contrôle, du temps, grâce au transfert d’informations, aux supports de communications Typologie: Travail à distance -- Working From Home (WFH) ou E -Work, ou Home Based Telecommunicating (HBT) Centres d’appel (call centers) Equipes virtuelles (virtual teams) Télécentre ou télékiosque (neighbourhood work centre) Services informatiques, industrie du logiciel (Inde, Philippines, Chili) Business people, Call Center Broker, salle de marché, Boston Salaire moyen d’un programmeur, en Euros, 2002 Etats Unis 5 000 France Entre 2 500 et 3 000 Inde Chine Entre 500 et 900 700 Russie Entre 400 et 700 Europe de l’Est Entre 400 et 700 Philippines 500 Définir: dé-industrialisation La distinction : délocalisation/désindustrialisation Désindustrialisation: se définit comme le recul de la part de l’industrie dans l’emploi total On comprend d’emblée toute la difficulté à manier un tel concept dans le débat public : la part de l’industrie dans l’emploi peut baisser, sans que l’emploi industriel recule, si l’emploi total progresse. La part de l’industrie dans l’emploi peut baisser, mais non la part de l’industrie dans la richesse créée, si les gains de productivité y sont plus rapides que dans les services. Enfin l’employé d’une société de nettoyage occupé dans un atelier industriel se demandera à bon droit s’il travaille dans l’industrie ou dans les services ! Les constats Désindustrialisation: D’après Rowthorn et Ramaswamy (1999), le commerce Nord-Sud, donc un champ plus vaste que la seule délocalisation, expliquerait 20 % de la diminution de l’emploi industriel observée dans les pays développés de 1970 à 1994 Une actualisation de cette étude sur la période 1970-2002 (Boulhol, 2004) parvient à une estimation de l’ordre de 15 % en moyenne pour les pays industriels, notamment à une perte de 250 000 emplois industriels dans le cas de la France Tous les pays développés connaissent une baisse tendancielle de l’emploi industriel au profit de l’emploi dans les services, la France ayant été plutôt moins affectée (diminution de 14 % des emplois dans l’industrie de 1991 à 2003) que des pays plus industriels comme l’Allemagne (– 29 %). Les constats Emploi Réduction des emplois du périmètre industriel (-30%) Phénomène d’externalisation vers les services marchands aux entreprises (dont 30% de l’activité est à destination de l’industrie) Élévation des compétences et déplacement des spécialisations professionnelles Croissance de l’investissement immatériel (R&D et publicité) Le Blanc Gilles, "L'industrie dans l'économie française (1978-2003) : une étude comparée", Etude réalisée pour le Cercle de l'Industrie / Institut de l'Entreprise, 2005. Comparaisons internationales L ’étude des dynamiques industrielles au cours des 25 dernières années souligne trois résultats principaux : une évolution comparable sur la période considérée du poids de l’industrie dans la valeur ajoutée, l’emploi, l’investissement ; la baisse de ces indicateurs relatifs est en France comparable à la moyenne des autres pays observés (un peu plus élevée qu’en Allemagne et en Italie mais moins marquée qu’au Royaume-Uni), de meilleures performances françaises en matière de R&D et de productivité du travail dans l’industrie un classement relatif défavorable persistant de la France, puisque le poids de son industrie dans l’économie en termes de valeur ajoutée, d’emplois et d’investissement reste plus faible que dans les autres pays étudiés sur toute la période examinée. Le Blanc Gilles, "L'industrie dans l'économie française (1978-2003) : une étude comparée", Etude réalisée pour le Cercle de l'Industrie / Institut de l'Entreprise, 2005. Répartition de l’emploi total Références: The Conference Board (2004), Can Manufacturing Survive in Advanced Countries ? Le déclin de l’emploi industriel aux USA Définition Une énigme D ’où le travail du futur proviendra t il ? Le travail « hybride « technico -serviciel (fig 6) Le travail artisanal Le travail sur mesure : solution intégrée client La qualification: valeur sure Le travail avec autrui 74 Une énigme : qualification et emplois 75 Une énigme : proespective pour 2015 Voir rapport Boissard, 3 janvier 2007 Dossier module 1 76 Au final: Quelles leçons ? Quel bilan ? Persistance du fait industriel : croissance de la valeur ajoutée en volume, poids décisif dans la R&D, l’investissement des entreprises et les échanges extérieurs,stabilisation des indicateurs dans les années 1990 Importance des dynamiques à la périphérie du cœur industriel (au sens statistique) : services marchands aux entreprises, transport, mise en marché des produits… Prise en compte des phénomènes masqués : externalisation d’emplois industriels dans les services, investissement immatériel La restructuration de l’industrie française (1985-1995) sur un ensemble productif contracté mais performant (hausse de la productivité du travail) Le Blanc Gilles, "L'industrie dans l'économie française (1978-2003) : une étude comparée", Etude réalisée pour le Cercle de l'Industrie / Institut de l'Entreprise, 2005. Quelles leçons ? Quel bilan ? Comparer les coûts horaires de main d’œuvre n’a guère de sens (Le Blanc, 2005) Bilan global intégrant la productivité, le coût unitaire du travail, le coût des transports, l’environnement fiscal et social Théorie du commerce international justifiant l’intérêt de l’échange : spécialisation des pays selon leurs avantages comparatifs (ressources naturelles, main d’œuvre, capital, technologie). Le Blanc Gilles, "L'industrie dans l'économie française (1978-2003) : une étude comparée", Etude réalisée pour le Cercle de l'Industrie / Institut de l'Entreprise, 2005. Quelles leçons ? Quel bilan ? Les économies européennes choisissent des activités à forte valeur ajoutée, intensives en capital, innovantes, requérant du travail qualifié, mais à faible contenu en emploi Conséquences : un bénéfice global au niveau du pays mais une baisse du niveau de l’emploi Se pose donc un problème de répartition des bénéfices des échanges au sein de la collectivité nationale, donc de politique publique Fortes inégalités géographiques et sectorielles dans les gains et les pertes. Le Blanc Gilles, "L'industrie dans l'économie française (1978-2003) : une étude comparée", Etude réalisée pour le Cercle de l'Industrie / Institut de l'Entreprise, 2005. Quelles leçons ? Quel bilan ? En particulier au plan local, car les emplois détruits et les emplois créés par le commerce international ne seront que rarement intégralement compensés dans une même zone géographique ou bassin d’emploi Poids des spécialisations historiques -- une région = une production une identification Conséquences: (1) une double difficulté de gestion de déclin, de transition, et de sortie par modernisation; (2) un travail sur les représentations de l ’action commune socio -économique et politique Problème de formation et d’évolution des compétences Le Blanc Gilles, "L'industrie dans l'économie française (1978-2003) : une étude comparée", Etude réalisée pour le Cercle de l'Industrie / Institut de l'Entreprise, 2005. Quelles réponses pratiquées, possibles ? Pour les entreprises, l’internationalisation des marchés constitue une menace mais aussi la possibilité de nouveaux marchés Face à l’intensification de la concurrence en prix, stratégies de différenciation produit (design, saison) et d’innovation (concourante, exploratoire) Pour cela, importance de l’articulation efficace entre R&D, production et mise en marché Parier sur les processus de qualité, de personnalisation et de relations au consommateur, de maintenabilité, de sureté Le Blanc Gilles, "L'industrie dans l'économie française (1978-2003) : une étude comparée", Etude réalisée pour le Cercle de l'Industrie / Institut de l'Entreprise, 2005. Les leçons du modèle allemand? L’économie allemande est la 1° puissance exportatrice mondiale – devant les Usa et la Chine Ce qui implique un système productif contingent –produits à forte valeur ajoutée, une « compétence » cumulée dans la politique exportatrice depuis 4 décennies, un couplage étroit société/éducation/qualification Ne pas s’intéresser aux produits et aux secteurs standards, aux activité de base « commodities » qui souffrent d’emblée de la menace des pays à faible coût de main d’œuvre, aux marchés du travail déréglementés Le Blanc Gilles, "L'industrie dans l'économie française (1978-2003) : une étude comparée", Etude réalisée pour le Cercle de l'Industrie / Institut de l'Entreprise, 2005.