Centre interdépartemental de gestion de la petite couronne de la région Ile-de-France
Centre de gestion d'Eure-et-Loir
CONCOURS SUR TITRES AVEC EPREUVES
D’ASSISTANT SOCIO-EDUCATIF TERRITORIAL
SESSION D'AVRIL 2007
RAPPORT ETABLI A PARTIR D’UN DOSSIER
PORTANT SUR UNE SITUATION
EN RAPPORT AVEC LES MISSIONS DU CADRE D’EMPLOIS
ET NOTAMMENT LA DEONTOLOGIE DE LA PROFESSION
Durée : 3h00
Coefficient : 1
CONSEILLER(E) EN ECONOMIE SOCIALE ET FAMILIALE
Vous êtes conseiller(ère) en économie sociale et familiale à la direction de la solidarité du
département de X. Votre directeur vous demande de rédiger à son attention, exclusivement à
l'aide des documents ci-joints, un rapport relatif à la précarité alimentaire et au système de
l'aide alimentaire.
Document 1 : « L'alimentation comme dimension spécifique de la pauvreté » - INRA
Fiche de presse Info - 6 octobre 2005 - 2 pages
Document 2 : « Les épiceries sociales en France » - Alimentation et précarité 21-
Avril 2003 - 6 pages
Document 3 : « La lutte contre la précarité et l'exclusion en France » - www.aide-
alimentaire.org - 1 page
Document 4 : « Surveillance nutritionnelle des populations défavorisées : premiers
résultats de l'étude Abena » - INVS - Bulletin épidémiologique
hebdomadaire n° 11-12 - 21 mars 2006 - 7 pages
Document 5 : « Lutte contre la précarité - Aide alimentaire : nouer de solides
partenariats » - La Gazette des communes - 14 mars 2005 - 3 pages
Document 6 : « L'aide alimentaire » - www.croix rouge.fr - 1 page
Ce dossier 21 pages, y compris celle-ci.
Certains documents peuvent comporter des renvois à des notes ou à des documents
volontairement non fournis car non indispensables à la compréhension du sujet.
Vous ne devez faire apparaître aucun signe distinctif dans votre copie, ni votre
nom ou un nom fictif, ni signature ou paraphe.
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DOCUMENT 1
L'alimentation comme dimension spécifique de la pauvreté
La pauvreté, qu'elle soit appréhendée à partir de critères monétaires (revenu, niveau de vie) ou
non monétaire (éducation, professions et catégories socio-professionnelles), a une
répercussion sur l'alimentation des ménages. L'INRA a coordonné une recherche
interdisciplinaire sur l'alimentation des populations défavorisées en France, financée par
l'Observatoire National de la Pauvreté et de l'Exclusion Sociale. Ces travaux combinent une
approche économique basée sur les budgets des ménages, un éclairage par les sciences de la
nutrition, et des analyses sociologiques issues d'enquêtes de santé et de travail de terrain.
L'alimentation, une part importante du budget total des ménages défavorisés
L'alimentation occupe une position spécifique chez les ménages favorisés par son
importance dans le budget total : 22% pour les ménages en-dessous du seuil monétaire de
pauvreté (732 euros mensuels par ménage en 2000), 24% pour les ménages dans lesquels le
niveau d'études est inférieur au Certificat d'études primaires contre 18% en moyenne
nationale.
Des formes d'approvisionnement caractéristiques de la pauvreté
Les formes d'approvisionnement caractérisent la pauvreté. Pour les achats, qui représentent
en moyenne 74,4% du budget alimentaire, peu de différences sont observées selon le niveau
de revenu. Tel n'est pas le cas pour les repas à l'extérieur et l'autoconsommation.
La part du budget consacrée aux repas à l'extérieur croît avec le revenu : 16% pour les
ménages les plus pauvres versus 30% pour les plus riches. La croissance de la
consommation de repas à l'extérieur suit également le niveau de diplôme : les moins diplômés
dépensent une part faible de leur budget alimentaire dans les services de restauration (moins
de 8%), alors que les plus diplômés y consacrent près du tiers de leur consommation
alimentaire.
L'autoconsommation (produits du jardin par exemple) est davantage pratiquée par les
ménages les plus pauvres, ce qui contribue à atténuer l'inégalité de la consommation
alimentaire en valeur. Elle représente 7,7% du budget alimentaire des revenus les plus bas,
1,6% seulement des plus élevés.
La répartition du budget alimentaire par produits
Les boissons alcoolisées, le poisson, et dans une moindre mesure les fruits, sont les produits
sous-représentés en proportion dans le budget alimentaire des ménages aux revenus les
moins élevés. A l'inverse, la part budgétaire consacrée aux graisses, légumes, produits
céréaliers et viandes est supérieure pour ces ménages. On n'observe pratiquement pas de
différence pour les produits laitiers et les produits sucrés.
Concernant le niveau d'éducation, les moins diplômés consacrent une plus forte proportion du
budget pour la viande (25,5% contre 20% pour les plus diplômés) mais aussi pour les
matières grasses. La part des boissons alcoolisées est plus importante chez les plus diplômés
(10,3% contre 6,7% chez les moins diplômés).
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Une réactivité importante aux prix et au revenu
L'étude montre que la consommation des ménages défavorisés est plus réactive aux
variations de revenu pour toutes les grandes catégories alimentaires (en particulier les
produits céréaliers, les fruits et les produits laitiers), excepté le poisson et les produits sucrés.
Elle est également très réactive aux prix pour des produits stratégiques sur le plan nutritionnel
comme les fruits et légumes transformés ou le beurre. Mais d'autres variables doivent être
prises en compte, par exemple l'éducation, pour la consommation des corps gras. A revenu
donné, les non diplômés ont une consommation supérieure pour la plupart des corps gras.
Ces résultats recouvrent en partie un effet de génération : indépendamment du revenu et du
niveau d'éducation, les plus âgés (+ de 60 ans ) consomment davantage de corps gras. Ainsi
chez les ménages défavorisés et d'un niveau d'éducation inférieur au bac, on constate une
multiplicité de mécanismes de substitution (par exemple, une augmentation du prix du beurre
entraîne une consommation de substitution d'huile de tournesol). Des interventions de
taxation des corps gras sont actuellement en discussion dans certains pays européens (" fat
tax "). Mais le ciblage efficace de ces mesures à destination des populations défavorisées
semble délicat, les multiples mécanismes de substitution rendant plus difficile le contrôle de
l'impact final sur la consommation.
Des apports nutritionnels liés au revenu et à la profession de la mère pour les
enfants
Dans la population située en-dessous du seuil de pauvreté, les adultes ont une densité de leur
alimentation plus forte en fer, rétinol et cholestérol. Ces nutriments quasi-exclusivement
d'origine animale reflètent une plus forte consommation de viandes, volailles et abats. Les
femmes et les enfants présentent un apport plus faible en vitamines antioxydantes (C, E, ß-
carotène), reflétant une moindre consommation de fruits et légumes.
Par ailleurs, l'adéquation nutritionnelle de la femme et des enfants par rapport aux apports
nutritionnels conseillés (ANC) se révèle sensible aux variables socio-économiques comme le
revenu ou la profession. Par exemple, exercer une profession indépendante ou d'un statut
élevé est liée positivement à l'adéquation en calcium pour la femme ; appartenir à un ménage
en-dessous du seuil de pauvreté défavorise l'adéquation en vitamine C des enfants, de même
qu'avoir une mère ouvrière ; avoir une mère au foyer ou chômeuse a un impact positif sur
l'adéquation nutritionnelle totale et en calcium des enfants.
INRA
Fiche de Presse Info. 06/10/2005
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DOCUMENT 2
Les épiceries sociales en France
Dans les années 1990, les "épiceries sociales " émergent parallèlement à l’aide alimentaire
d’urgence (colis, repas, bon alimentaire, …) pour pallier l’évolution de la pauvreté en France.
Ces "épiceries sociales ", terme générique de ces nouvelles structures, proposent une aide
alimentaire plus ou moins variée à prix réduit. Aujourd’hui nommées "épicerie sociale ",
"épicerie solidaire ", "libre service alimentaire ", "boutique alimentaire ", "libre service social ",
"espace de solidarité, de conseil alimentaire et de libre échange ", ces structures ont toutes la
même vocation : travailler avec le bénéficiaire vers sa "réinsertion " car l’attente des
populations défavorisées va au-delà du simple besoin de se nourrir.
Ces lieux d’accueil naissent généralement d’un besoin local. Les conceptions, financements et
modes de fonctionnement sont propres à chacun. Ils dépendent de la politique sociale locale,
du dynamisme de l’équipe d’encadrement, des usagers et de leurs attentes. Il n'existe donc
pas de définition unique de " l’épicerie sociale ", puisqu’il y aura autant de définitions que
d’organismes existants. Malheureusement ces organismes d’aide alimentaire sont souvent
isolés et mal connus alors qu’ils recèlent de grandes richesses. Il est donc difficile aujourd’hui
de les recenser et d’évaluer les actions de "réinsertion " du fait de l'insuffisance voire de
l'inexistence d’organismes de coordination régionale et nationale.
Création d'une épicerie sociale
La création d’une épicerie sociale répond à un besoin local. Plusieurs cas sont possibles : s’il
existe déjà des aides alimentaires d’urgence, les associations caritatives se regroupent pour
remplacer l’aide d’urgence par une "épicerie sociale " afin "de proposer une aide de qualité et
non plus une aide de quantité ", ou pour compléter l’aide alimentaire d’urgence déjà existante
par cette entité nouvelle.
Dans tous les cas, les différentes associations caritatives peuvent être représentées au sein
de la structure ou être regroupées en une seule association. De toute évidence et d’après
notre panel, ce " mélange " d’acteurs de l’aide alimentaire apportera une richesse mais aussi
une difficulté supplémentaire dans la conception des projets.
Devenir bénéficiaire
Les critères d’acceptation des bénéficiaires sont spécifiques à chaque structure. Le plus
souvent le quotient familial est calculé en fonction de plusieurs critères : revenus du foyer,
nombre de personnes au foyer, charges... Chacune aura donc son " quotient familial seuil "
qui permettra la sélection des bénéficiaires. Cette sélection est réalisée par une assistante
sociale au centre social de la ville ou directement par des bénévoles.
Certaines associations acceptent des bénéficiaires justes au-dessus du quotient familial seuil
ou accueillent des personnes précaires ayant une pathologie (cancer, sida, hépatite,…).
D’autres acceptent toute personne défavorisée.
La participation des bénéficiaires
À la différence de l’aide alimentaire d’urgence, la participation financière est de rigueur dans
les épiceries sociales afin de rompre l’assistanat et développer l’intérêt que porte l’utilisateur
au produit. Elle est variable d’une épicerie à l’autre. Dans un premier temps le bénéficiaire
paye ses courses en euros à un prix correspondant à un pourcentage de la valeur marchande.
Dans les épiceries sociales qui ont signé une convention avec la Banque Alimentaire locale,
ce pourcentage est fixé à 10 %. Dans les autres, il peut atteindre jusqu’à 30 % du prix du
commerce. Le prix pourra aussi être progressif durant la période d’aide alimentaire afin qu'au
cours des semaines précédant sa sortie, le bénéficiaire puisse se rendre compte des prix
réels. D’autres structures fonctionnent au moyen de points ou de crédit : chaque bénéficiaire
hérite d’un certain nombre de points ou de crédit selon son quotient familial, qu’il pourra
" dépenser " comme il le souhaite en une ou plusieurs fois. D’autres encore utilisent des
systèmes de paiement par carnet de chèques délivré par la structure.
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Dans un deuxième temps, mais pas partout, ou pas toujours, le bénéficiaire signe un contrat
l’engageant dans un projet propre à sa situation et à l’organisme. Ce projet pourra être, par
exemple, une présence régulière dans des ateliers prédéfinis ou la démarche de régler tous
les mois une dette, ou une facture, d’acheter le trousseau du bébé.
L’approvisionnement des épiceries sociales
L’approvisionnement est un sujet délicat, souvent évoqué, considéré par les acteurs du terrain
comme un problème difficile à résoudre. Chaque entité se charge de son approvisionnement
par ses propres moyens. La complexité des relations de partenariat avec les acteurs
agroalimentaire, de logistique (récupération des denrées), d’hygiène (stockage, distribution),
financiers… ne facilite ni la régularité ni la variéalimentaire (exemple : carence en produits
frais).
La provenance des aliments
En règle générale, les épiceries sociales s’adressent en premier lieu aux Banques
Alimentaires. Dans tous les cas, les produits disponibles ont différentes provenances :
- Les stocks de la Communauté européenne
Ces denrées sont récupérées gratuitement via des organismes accrédités (Banques
alimentaires, Croix Rouge, Secours Populaire et Restos du cœur). Elles sont souvent peu
adaptées aux besoins des populations précarisées (conserves de viande pour les personnes
maghrébines, par exemple). La gamme des produits est limitée. On trouvera des matières
premières comme le blé, le lait, le riz, la viande de bœuf, les fruits et les légumes qui vont être
transformés par l’industrie. Une fois transformés, les produits reviennent à l’épicerie sociale
sous forme de conserves ou produits déshydratés. L’industrie prend en charge le coût de la
transformation en échange d’une partie des aliments qui lui sont cédés. Les quantités sont
variables, parfois insuffisantes, parfois excédentaires. Cette irrégularité d’une semaine à
l’autre n'est pas sans poser des problèmes de logistique.
- Les collectes ponctuelles
Auprès des particuliers lors de journées spéciales en accord avec une grande surface : ce
sont des produits issus du commerce. Ces produits doivent pouvoir être stockés. La gamme
sera donc limitée.
- Les collectes auprès de la grande distribution
Ces produits ne peuvent plus être mis sur le marché (proximité de la date de péremption,
détérioration de l’emballage, denrées invendues…) mais la qualité sanitaire des produits est
bonne. Souvent la distribution doit se faire rapidement. Ce sont des accords de proximité qui
dépendent du responsable du magasin concerné.
- Les producteurs locaux
Fournissent des fruits et légumes frais soit sous forme de dons (denrées invendues) soit à des
prix préférentiels.
- Les jardins
Ils fournissent des produits frais pour les distributions et sont, en me temps, un lieu de
réinsertion.
- Les achats de denrées pour compléter la gamme alimentaire
Le budget varie selon la structure. Certaines passent des contrats avec le point de vente
(grande distribution, grossiste…) pour bénéficier de prix inférieurs à ceux du commerce. Mais
d’autres doivent acheter au prix de la valeur marchande.
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