Quelles stratégies de communication pour sensibiliser les adolescents à la prévention ?
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les plus vulnérables dont la situation s’aggrave. S’agissant du rapport au changement, les jeunes
ne semblent pas réfractaires à celui-ci ou effrayés par lui, au contraire des adultes. En revanche,
dans une période qui privilégie les réponses – voir « la réponse » - aux questions, l’absence de
formulation des questions engendre des réponses inadaptées.
Des adolescents d’aujourd’hui pas si différents des adolescents d’hier
Le groupe d’âge des jeunes se caractérise à la fois par des constantes et des changements. Au rang
des constantes, leur corps change et les transformations pubertaires n’ont pas encore été évincées
par les évolutions technologiques. Cette maturation demeure à cet égard déterminante pour la
suite du parcours de l’adolescent. En outre, les jeunes d’aujourd’hui, à l’image des générations
précédentes, expriment un désir d’appartenance générationnelle qui évolue néanmoins vers un
sentiment d’appartenance à des groupes d’âge de plus en plus étroits. Ainsi, le sentiment
d’appartenance s’oriente des groupes des collégiens et des lycées à des subdivisions plus fines des
groupes d’âge. Alors que le rapport des jeunes à leurs camarades du même âge conserve toute sa
vivacité, les jeunes manifestent des attentes identiques vis-à-vis des adultes. En effet, les
études témoignent du fait que les parents conservent la première place du « hit-parade » des
adultes importants, une situation souvent autrement perçue par les parents eux-mêmes. Pourtant,
les jeunes ne maltraitent leurs parents qu’en raison d’un fort investissement affectif. Dans le cas
contraire, l’indifférence et la cohabitation pacifique seraient la règle. De manière générale, les
figures d’adultes rencontrées à l’occasion du parcours d’un adolescent sont constamment investies
d’attentes.
Parallèlement, le besoin de transmission est de plus en plus fort. Dans une période qui privilégie le
présent et l’immédiat, ce besoin d’inscription dans une histoire et une filiation culturelle ou
familiale apparaît prégnant. Une fois encore, l’adolescent feindra l’indifférence vis-à-vis des
parcours de vie familiaux mais n’en perdra cependant pas une miette. L’un des problèmes
principaux des adultes réside dans l’inversion des attentes. En effet, les attentes classiques de
l’enfant correspondaient à obtenir l’assurance de l’amour de ses parents. Or, la dynamique est
actuellement inverse et de nombreux parents cherchent à être rassurés sur l’amour de leurs
enfants. Dans ce cadre, de nombreux parents arrivent en consultation effondrés parce que leur
enfant leur a dit « je ne t’aime plus », vivant cette réaction ordinaire comme une atteinte directe
au modèle du bon parent qu’ils avaient endossé.
Enfin, les jeunes se caractérisent toujours par un besoin d’exploration. La jeunesse est
caractérisée par le besoin d’exploration de son être, de ses capacités et de ses compétences. Cette
exploration amène à côtoyer les limites d’un « soi » pour partie inconnu. Cette démarche
d’exploration est improprement qualifiée de « prise de risques ». Or, le fait de prendre des risques
correspond au fait de prendre possession d’un territoire mais aussi de capacités physiques et
relationnelles nouvelles. Dans cette perspective, ce besoin d’exploration et de « prise de risques »
apparaît fondamental.
Les écueils de l’hyperstimulation des enfants
Au rang des changements, quelques données nouvelles appellent une attention particulière. Les
adolescents d’aujourd’hui sont les bébés d’hier. Or, ces anciens bébés sont depuis une quinzaine
d’années l’objet de nombreuses sollicitations bien intentionnées dont nous savons que l’enfer est
pavé. En effet, de nombreux parents estiment qu’en stimulant précocement leur enfant, ils
l’aideront à s’inscrire plus facilement dans le monde de demain et dans la grande compétition
mondiale qui l’attend. Ainsi, les berceaux sont dès la naissance submergés de jeux à haute valeur
technologique qui ont vocation à développer les compétences des enfants au travers de diverses