Dossier artistique

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LES SUPPLIANTES / TRILOGIE TRAGIQUE
TROISIÈME ÉPISODE
VICTORIA est une tragédie contemporaine, à ce jour en cours d'écriture. Elle constitue le
troisième volet du projet LES SUPPLIANTES (trilogie tragique), cycle de recherche sur les
formes tragiques mené par la compagnie du zieu dans les bleus.
Elle est à la fois le point de départ et l'aboutissement de ce cycle : en 2006, proposition fut
faite à Félix Jousserand, jeune auteur français, de se confronter, au côté d'une équipe de
création, à des formes tragiques issues d'une certaine tradition théâtrale et de travailler, au
regard de ces confrontations, à l'écriture d'une tragédie contemporaine en prise avec les
problématiques de son temps.
À partir de février 2009, des ateliers de recherche et des résidences de création sont mis en
place à L’ÉCHANGEUR - scène conventionnée de Fère-en-Tardenois, au THÉÂTRE MASSALIA
– La Friche La Belle de Mai à Marseille et à la Gare Mondiale, lieu de recherche et de
confrontation théâtrale à Bergerac. Victoria sera créée au cours de la saison 2009-2010.
TEXTE : Félix Jousserand
MISE EN SCÈNE : Nathalie Garraud et Olivier Saccomano
SCÉNOGRAPHIE : Jean-François Garraud
CRÉATION COSTUMES : Sarah Leterrier, assistée de Sabrina Noiraux
ACTEURS : Julien Bonnet, Virginie Colemyn, Rama Grinberg, distribution
AUTRES MEMBRES DU GROUPE DE RECHERCHE :
en cours
Mike Sens, Valérie Mitteaux et Anna Pitoun
PRODUCTION : DU ZIEU DANS LES BLEUS
COPRODUCTION : L’ÉCHANGEUR - scène conventionnée de Fère-en-Tardenois,
à Bergerac, le THÉÂTRE MASSALIA - Friche La Belle de Mai, à Marseille.
la
GARE MONDIALE
DU ZIEU DANS LES BLEUS reçoit le soutien du MINISTÈRE DE LA CULTURE - DRAC PICARDIE,
CONSEIL RÉGIONAL DE PICARDIE et du CONSEIL GÉNÉRAL DE L’AISNE.
du
reçoit le soutien du
compagnonnage d’auteur.
DU ZIEU DANS LES BLEUS
DU ZIEU DANS LES BLEUS
LES SUPPLIANTES
MINISTÈRE DE LA CULTURE - DMDTS
est parrainé par le groupe
au titre du
ALIS.
01
PRÉAMBULE
LES SUPPLIANTES est conçu comme un cycle de recherche et d’expérimentation
contemporaine sur les formes tragiques. Il s’articule à la création de trois tragédies.
En préambule, pour définir ce projet, voici les arguments qui en sont à la fois les fondations
et les questions centrales :
1 - UNE TRAGÉDIE EST UN TEXTE DE THÉÂTRE
Ce qui nous tient, dans la tragédie, c’est d’abord la consistance d’une forme textuelle.
Depuis quelques années, sous la bannière du “texte-matériau”, le combat avec la consistance
du texte n’a plus souvent lieu : on s’intéresse plus à une “matière tragique” malléable,
recyclable à volonté (réduite à deux éléments : la grandeur et la violence, la “grande violence”
qui ouvre en général la voie à un théâtre compassionnel, néo-romantique), qu’à la forme de
la tragédie.
Or, aucun sujet, aucun fait, aucune image, aucun accident, aucune atmosphère, aucun récit
ne sont par eux-mêmes tragiques. La tragédie opère par sa forme, qui livre une situation à
un affrontement de paroles contradictoires.
Elle recueille dans le dialogue l’impossibilité d’un consensus. La tragédie est discordante.
2 - UNE TRAGÉDIE TRAVAILLE AUX CHARNIÈRES DE L’HISTOIRE
La tragédie n’agite pas des éléments éternels (le destin, la mort, l’amour, la condition
humaine, qu’il faudrait écrire avec les majuscules qui conviennent à l’absolu), mais articule
éternellement le passé au présent. Elle a toujours procédé par un détour historique :
les tragédies grecques mettaient en question les catégories de la démocratie naissante
à partir des héros mythiques, les tragédies françaises celles de la monarchie à partir des
héros antiques, etc. Ce détour est la condition nécessaire pour que l’Histoire soit posée
comme un problème, comme une construction. Si ce détour nous semble essentiel
aujourd’hui, c’est que nous sommes en train de sortir d’une longue période d’après-guerre,
et que de nouvelles catégories se sont formées (terrorisme, liberté individuelle, droit de la
personne…) sur lesquelles le présent médiatique se règle et cherche son confort de lecture,
par-delà la complexité historique des situations.
Le temps de la tragédie n’est pas le passé simple, ni le présent simple, mais le présent
compliqué par un passé. La tragédie est embarrassante.
3 - UNE TRAGÉDIE EST UNE FORME CRITIQUE
Les tragédies ressemblent à des bombes à retardement. Les personnages s’y attardent à dire,
à déplier, à argumenter, à programmer leurs actes. La tragédie n’est donc pas l’explosion
spontanée et immédiate des émotions et des actions. Dans la tragédie, il n’y a pas de grande
passion sans grande raison, elle fait éclater cette opposition simpliste. Les émotions et les
actions y sont tressées dans une grille de parole, dans une logique rigoureuse. Ici, le lyrisme
est en même temps analyse, la beauté est en même temps démonstration. Cet attardement
est le temps de la critique : les actes et les émotions mûrissent dans les paroles, et s’exposent
aux contradictions que les catégories de chaque personnage mettent en jeu.
La tragédie ne reflète pas une contradiction, mais elle la force à faire retour sur elle-même.
C’est une forme réflexive. La tragédie est pensante.
LES SUPPLIANTES
02
LES SUPPLIANTES
(TRILOGIE TRAGIQUE)
Lorsqu’en 2005 nous avons initié LES SUPPLIANTES, nous l’avons pensé comme un chemin.
Dès le départ, nous avions décidé que ce chemin nous mènerait à l’écriture et à la mise en
scène d’une pièce, la troisième pièce de la trilogie, dont nous ne savions rien encore. Nous
l’appelions la “tragédie manquante”.
Ce que nous savions concernait seulement le mode de travail choisi : il y aurait, sur trois
ans, la création de trois pièces, la mise en place d’un laboratoire permanent réunissant les
participants aux trois projets (auteur, traducteurs, metteurs en scène, producteurs, acteurs,
scénographes…), et l’organisation d’ateliers de recherche et de pratique à destination
d’amateurs, conduits par les membres du laboratoire.
Ces trois espaces se questionnant et s’alimentant les uns les autres.
La proposition faite à Félix Jousserand concernant l’écriture de la troisième tragédie était
donc, dès l’origine, organiquement reliée à la totalité du cycle : il en serait le compagnon et
pas seulement l’auteur d’une des parties. Participant aux réunions de travail dramaturgiques,
menant des ateliers amateurs, assistant aux premières lectures et à des sessions de
répétitions, il nourrirait sa visée d’écriture de ces temps de travail et de réflexion sur la
forme tragique.
Ce temps de découverte des enjeux d’une forme textuelle comme celle de la tragédie était
propice au questionnement concernant l’écriture, dans la mesure où, au démarrage, nous
n’avions le texte « tout fait » d’aucune des deux premières pièces :
— Le texte d’ISMÈNE (le premier épisode, créé en 2007) n’existait pas. Il a été composé
à partir d’un texte d’Eschyle (Les Sept contre Thèbes, retraduit en 2006 à notre
demande par Pierre Judet de la Combe) et d’un texte de Sophocle (Antigone, traduit
par Jean et Mayotte Bollack, dont les conseils furent précieux).
— Le texte d’URSULE d’Howard Barker (le deuxième épisode, créé en 2008) n’était pas
traduit en français. Il le fut en 2007, à notre demande, par Mike Sens, membre de la
compagnie d’Howard Barker.
À chaque fois, l’établissement du texte pour le plateau a donc été l’occasion d’un questionnement
actuel, partagé avec les traducteurs (Pierre Judet de la Combe, Jean et Mayotte Bollack, Mike
Sens) et les auteurs (Howard Barker, Félix Jousserand), portant sur la forme des textes et
l’inscription historique de ces formes.
Ainsi, notre recherche ne relève pas d’une entreprise archéologique (de la tragédie antique
à la tragédie contemporaine) dont la rigueur supposée nous permettrait d’aboutir à une
nouvelle forme théâtrale, qui serait en quelque sorte un équivalent contemporain à des
modèles textuels historiques. Au contraire, nous envisageons la construction de chaque
texte comme proposant son propre terrain d’expérimentation, à partir duquel mettre en acte
des nécessités contemporaines.
LES SUPPLIANTES
03
LA TRAGÉDIE
MANQUANTE
Notre choix était de nous confronter à des textes issus d’une certaine tradition théâtrale et
de CONFRONTER UN AUTEUR D’AUJOURD’HUI À CES FORMES, non pour lui fixer des impératifs ou
des modèles à suivre, mais pour le questionner lui aussi sur la forme de l’écriture théâtrale
aujourd’hui, à la lumière d’une possible mise en acte contemporaine de ces textes. À une
époque, la nôtre, souvent engoncée dans la triste alternative post-moderne/réactionnaire,
il nous semblait important de travailler, au théâtre et par le théâtre, à établir un rapport à
l’Histoire et à l’art dégagé de cette ornière.
Le compagnonnage avec Félix Jousserand s’est engagé sur ces bases.
Il a aussi reposé sur deux points qui, dès le début, nous ont semblé essentiels et qui ont
motivé notre engagement dans un travail en commun :
Tout d’abord, Félix Jousserand n’est pas seulement auteur, il dit ses textes sur scène (slam).
Ses textes, comme des textes de théâtre, sont donc écrits pour être dits, écrits en anticipant
un acte de parole publique qui aura lieu sur scène.
Cette dimension, propre à sa pratique du slam, est porteuse d’une forte intuition théâtrale,
d’un sens de l’exécution qui doit tenir compte de l’efficace de la parole, et des détours
rhétoriques opératoires pour développer une narration qui maintienne l’attention et l’intérêt
de l’auditoire.
Ensuite, Félix Jousserand est un écrivain d’une génération, la nôtre, qui est celle de
“l’après-après-guerre”. Mais son écriture n’en est pas l’expression spontanée : ses textes
n’expriment pas l’époque, ni ne la reflètent mais, d’une certaine façon, la font voir,
en jouant avec ses codes. Témoins de l’époque et en dialogue avec leur époque et ses modes
d’énonciation, ses textes, dans une certaine mesure, jouent le jeu de leur temps, ce qui les
éloignent au moins de toute naïveté expressive (jugement sur l’époque) ou de toute modestie
narcissique (“l’intime” et ses dérivés).
Aussi, son écriture ne met rien “à nu”, mais fait jouer, au contraire, dans le travail aiguisé
de la forme, un sens du masque, qui nous semble être le mode sur lequel le théâtre peut,
aujourd’hui encore, travailler son intervention dans le cours d’une Histoire.
LES SUPPLIANTES
04
VICTORIA
PAR FÉLIX JOUSSERAND
La collaboration avec la compagnie DU ZIEU DANS LES BLEUS sur ce projet d'écriture d'une
TRAGÉDIE se donne comme la suite logique des travaux dans lesquels je suis engagé depuis
maintenant une dizaine d'années : d'une part en matière d'expérimentation de formes orales
contemporaines et percutantes, d'autre part dans une entreprise de déconstruction de la
novlangue commandant le réel tel qu'il nous est aujourd'hui donné à voir (à entendre) dans
les canaux de diffusion majoritaires –
Outre la joie de collaborer avec une compagnie et une metteuse en scène avec qui nous
partageons depuis plusieurs années certains points de vue intellectuels et esthétiques –
outre l'intérêt qu'à représenté pour moi, depuis deux ans maintenant, l'immersion dans un
travail de groupe et la "formation" aux problématiques de la tragédie, à son histoire et à ses
formes –
la TRAGÉDIE à laquelle je suis en train de travailler nous offre l'opportunité d'une mise en
scène à grande échelle de ressorts rhétoriques et argumentatifs d'ordinaire évacués par les
formes spectaculaires en circulation –
la pièce de théâtre que je suis en train d'écrire s'appelle VICTORIA - le théâtre des opérations
est celui du château de la belle au bois dormant perché sur un sommet d'Asie Centrale - le
commerce des armes va bon train - le bloc de l'est est tombé et les questions morales - un
certain nombre de questions morales disons - ont été remises à plat - on en discute - les
acheteurs potentiels sont légion - les armes coûtent cher "victoria"
"victoria"
"victoria"
"victoria"
"victoria"
sera construite à la manière d'un gros livret d'opéra tragique va reposer sur un travail de polyphonie va travailler la contradiction va traquer la contradiction va traquer la contraction -
le texte de "victoria" est d'abord une aventure personnelle - une expérimentation des
possibles et contraintes liés à la forme théâtrale, à partir de la recherche de formes orales
dans laquelle je suis immergé depuis plusieurs années - c'est ensuite une aventure collective
dans la mesure où la notion de "solo" s'estompe ici au profit d'une partition à plusieurs voix
- une adaptation avec différents interprètes - le temps de travail avec du zieu dans les bleus
et les comédiens me permettra d'éprouver le texte tout au long de son élaboration et de
prendre mes marques en mettant en avant ou discriminant certaines options en vue de la
mise en scène j'ai du mal à parler de chantier d'investigation mais l'idée - consistant à se plonger dans
l'histoire récente, celle de la course au nucléaire, de la chute du bloc soviétique et de
l'économie souterraine liée au commerce des armes - m'a amené à effectuer un long travail
préparatoire de recueil d'informations et de données sur l'ensemble de ces questions les premières recherches sur l'atome - les centrifugeuses nucléaires - le courrier d'Einstein au
président Roosevelt lui réclamant de doter les Etats-Unis de la Bombe - les rapports d'essais
nucléaires - Hiroshima –
LES SUPPLIANTES
05
Il y a dans l'idée du golem la connexion la plus saisissante, me semble-t-il, avec la
problématique tragique telle que le monde d'aujourd'hui ou, disons, l'histoire moderne, nous
permet de la poser - la perspective d'une annihilation complète de l'humanité par elle-même
et l'influence morbide de cet état de fait sur le commerce des relations intimes et politiques la grande braderie de l'arsenal nucléaire de l'ex-Union Soviétique entamée au début des
années 1990 nous permet d'entrer de plain-pied dans cette question - la fin justifie toujours
les moyens - voila l'idée - et la problématique de la responsabilité individuelle et collective
lui est consubstantielle le bal des marchands d'armes - le cynique et l'idéaliste - la société des scientifiques
la denrée rare c'est le mensonge c'est le bien le plus recherché - ici la chose est à voir
comme une impossibilité de dialoguer - de se confronter - de ne pas être d'accord de se mettre front contre front - où il y a une "communication" entre les protagonistes
(protos = premier + agôn = combat) mais où ça n'a vraiment aucune influence sur le cours
des choses - les foyers antagonistes se renvoient avec le langage une balle imaginaire qu'ils
ne voient jamais vraiment mais qui elle de son côté va bien tranquille vers son dénouement
- imaginons leur propre perte - alors qu’eux sont inaptes à avoir de l'influence avec les
choix qu'ils s'imposent - on ne se comprend pas et le pire se présente naturellement ça monte dans les étages comme on le dit maintenant - en moins de 2 secondes - parce que
les échelles de valeur sont pas les mêmes - ils croient avoir un langage qui leur permettrait
de se mettre en relation mais non - l'incommunicabilité alors même que les acteurs ont le
sentiment d'avoir "raison" - de viser juste à la poupe de la ville - l'incommunicabilité
comme mode discursif privilégié du monde d'aujourd'hui comme à mon habitude le texte contiendra des éléments de collage - collage - portraits actions - photos - etc - en vue d'élaborer une pièce composite soutenue par un fantôme
de récit - unité de lieu - unité de personnages - unité de problématique - par contre il y a
narration car c'est indispensable pour le travail de la scène - pour l'agencement et
l'enchaînement des différentes interventions - le problème de la narration est a priori résolu
en se plongeant dans les faits divers - il n'y a pas d'autre réalité disponible de toute façon et les temps de travail consacrés à l'étude de la question de la tragédie antique avec DU ZIEU
DANS LES BLEUS semblent accréditer ce point de vue - reste ensuite à "décadrer" la réalité
traitée pour mettre en lumière les problématiques de notre temps en les faisant apparaître
par opposition à la pseudo-réalité telle qu'envisagée dans la pièce fiction et réalité la mythologie et l'idéologie les dieux et la bombe A athènes et moscou il y a en permanence un abîme entre le jeu des rapports humains, le vocabulaire qui le dirige
et les conséquences effectives de ces derniers - c'est cette violence d'un langage peinant
à "dire" quelque chose, d'une réalité ne pouvant plus être saisie pour ce qu'elle est (et non
simplement telle qu'un simple effet d'annonce) que VICTORIA utilise comme ressort d'une
tragédie pour notre temps - argumentation multi-source - et fictionnalisation des échanges cession des têtes nucléaires à bas prix entre les murs de la cité gris chiné qui sent le parfum du camphre - des abris anti-atomiques
et des réceptions soignées –
LES SUPPLIANTES
06
VICTORIA
(extrait) :
Choeur - on efface pas ce qui a été fait - on sait comment ça se termine - la bombe explose
- les explosifs c'est très facile à trouver pour celle qui a une tête nucléaire chez elle - il est
dit que little boy et victoria ne savent pas ce qu'elles veulent - on dit qu'elles s'aiment il est dit que nos hommes sont des proies sexuelles - on est arrivé au maximum de la beauté
- on ne peut plus avancer - non non - proies sexuelles et oisiveté - il est dit que les
discussions ne servent à rien dans le jeu personnel qui se développe entre les murs de la zone
présidentielle - la chose est intégrée - on lâche rien - tout le monde aura raison quand tout
le monde recevra les radiations - on aime les héros - qui croira qu'un seul héros est capable
de changer le cours du dollar ? il est dit que les soldats ont la dalle et que la fin justifie les
moyens quel que soit le cas de figure - il est dit que little boy est fatiguée et qu'elle ne va
pas se réveiller - on est soumis à la pression des infra-basses - les gestes au ralenti ne vont
pas ralentir encore ni accélérer - le final est intégré - oui - d'abord l'ombre disparaît et
après le soleil se couche - on va pouvoir observer que sur un cercle au sol de 300 mètres de
rayon le sol est vitrifié en rond - les données et le rendu - on sait que la zone où il y avait eu
avant le palais aura un sol vitrifié - il est entendu que si il n'y a pas de fin il n'y a pas de
réserve de moyens - et que les gens sont contents quand ils sont vivants - la mort sans les
remords - contents - on voit le nom des victoires qui se mélange à celui des échecs il est dit qu'on ne distingue pas les cages de verre qui arrêtent les paroles de little boy et
victoria quand elles se parlent - non non - mais que la vitrification fait que le verre fond intégration désintégration - il est dit qu'il y a un grand pas pour l'humanité qui a été
franchi - il ne peut pas y avoir autre chose qu'un grand pas pour l'humanité dans le fait
divers le plus tapageur - il est certain qu'on s'amuse bien au palais mais on voit dès le début
que si le temps n'est pas compté il est déjà bien entamé - on ne s'amuse pas sans raison on verra comment les intermédiaires ont la main sur le double discours et utiliseront l'art
de la rançon - quand il faudra des justifications - le palais sera vitrifié - le pays sera irradié
- il est dit que les réactions enchaînent à la vitesse du son - non non - les enchaînements ne
sont pas maîtrisés par les intermédiaires - ce qui est dit sans y penser - les champignons
atomiques ont le mérite de clarifier certaines relations - la décision finale appartient à une
enfant de 19 ans qui porte le nom de la bombe à 100 000 morts - il n'y a pas de surprise les villes nouvelles ne sont pas faites pour durer longtemps - on est en asie centrale - on a
des problèmes de communication - et la communication aujourd'hui c'est important - disent
les commerçants assis en tailleur par terre dans le quartier de la zone présidentielle - il est
dit également que la poussière qui se dégage vient se coller sur les yeux - il est dit que
victoria boit des sirops compliqués depuis qu'elle est sortie de sa condition - les négociations
ne négocieront rien - on ne se comprendra pas - il peut se passer quelque chose avant la fin
ça ne change rien - les connexions entre les personnalités elles fonctionnent pas - en mode
sans échec - on sait où on va et c'est ça qui est le strimulant le plus puissant - little boy ne
tiendra pas le sultanat - victoria ne la baisera pas - il est dit que victoria ne prendra pas
les rênes - non non - les escarpins collés au sol par la mélasse fondue - après les ablutions les derviches - il est dit qu'on n'y pensera plus - non non –
LES SUPPLIANTES
07
QUESTIONS
PAR NATHALIE GARRAUD ET OLIVIER SACCOMANO
Depuis le début de nos recherches sur les formes tragiques, nous défendons l’idée d’un
travail théâtral qui construise une véritable expérience poétique : nous tenons que le poème
tragique articule mot à mot un DIRE, c’est-à-dire un énoncé conditionné par un mode
d’énonciation, et que c’est à partir de ce DIRE que se déploient des actions, des rapports,
des images.
En termes de dispositif scénique et de direction d’acteurs, cela implique une recherche dont
la visée est le dire en tant qu’acte et dont l’enjeu principal est la production du “jeu” dans
le rapport de l’acteur à la forme et au mouvement du poème. Pour le dire autrement, nous
pensons que le théâtre que nous cherchons à faire relève d’une révélation scénique du poème,
de sa mise en actes, et non de son illustration, de sa déconstruction ou de son interprétation.
D’une certaine manière, avec VICTORIA, nous pouvons dire que nous nous retrouvons poussés
dans les retranchements de notre recherche. Partant de “l'incommunicabilité comme mode
discursif privilégié du monde d'aujourd'hui”, l’auteur propose une confrontation entre le
poème lui-même, qui met en question une forme d’inefficacité du langage – à l’époque de
la “communication” - et notre travail théâtral, qui requiert justement une efficacité absolue
du langage, dégagé de toute velléité de communication…
Qu’est-ce que la mise en actes d’un poème mettant à jour l’impuissance supposée du
langage, sa limite critique ?
Qu’est-ce qu’une tragédie, en tant que forme théâtrale, dans un monde où il est largement
admis que le langage aboie dans le vide, tandis que passe la caravane des marchands ?
Qu’est-ce qu’une histoire, une fiction, dans un monde où l’homme situe rarement dans le
langage son rapport à une vérité ?
Dans le monde aujourd’hui, quel est le rapport entre le langage et l’action, a fortiori sur une
scène de théâtre ?
LES SUPPLIANTES
08
PAROLE
ET ACTION
La question du rapport entre l’action et le langage, telle qu’elle est posée dans
est centrale parce qu’elle nous oblige à repenser les catégories dramatiques :
VICTORIA,
Le statut du chœur, qui ici ne se constitue pas, ne se présente pas, comme un “témoin”
de l’action, mais bien comme un moteur. Les informations qu’il donne construisent l’action
au lieu de la commenter, ce qui déplace aussi les protagonistes : ils ne sont pas placés sous
le regard du chœur, mais dépendent de celui-ci, de ce qu’il dit d’eux. Comme si les deux pôles
(protagonistes et chœur) ne trouvaient pas la stabilité du face-à-face mais se manipulaient
sans cesse au gré des besoins changeants des uns et des autres. Stratégie plutôt qu’ordre fixe.
Le statut du personnage, puisque la partition textuelle ici fragmentée, répartie entre
dialogues et chœur, semble nous éloigner d’une approche en termes de “rôle”, mais résiste
pourtant à sa dissolution dans la pure et trop simple performance textuelle. Nous percevons
la nécessité de constitution d’unités individuelles, qui nous porterait vers la construction
de figures théâtrales s’appuyant sur des figures textuelles ou figures poétiques, soutenant le
dialogue, mais transférables d’un acteur à un autre (l’habit faisant le moine). En plus de ces
figures, nous percevons la nécessité de faire apparaître ce que nous appelons des figurants,
habitants anonymes du plateau et de la fiction, population marquée par les archétypes d’une
époque, d’un lieu, d’une situation.
Le statut du public, parce que ce qui est mis en jeu ici, pour les acteurs comme pour
les spectateurs, dans la question du rapport au langage, c’est le rapport à la fable.
Loin des propositions supposant un public “méfiant” à l’égard du théâtre et de ses fables
et cherchant à lui redonner confiance à coups de clins d’œil ironiques ou de grands yeux
hypnotiseurs, la proposition de Felix Jousserand nous engage précisément à jouer avec ce
que le public est encore capable de croire en tant que spectateur/acteur de la Fable et de
l’Histoire… Cela nous demande donc de penser et de construire sur le plateau un nouveau
rapport possible entre un acteur/spectateur et un spectateur/acteur, et de remettre en
question la séparation de l’acteur et du spectateur par d’autres moyens que l’abolition
pure et simple ou le maintien convenu d’une limite entre les uns et les autres.
Voici quelques-uns des problèmes face auxquels nous nous trouvons depuis la lecture de la
première version de VICTORIA. Acteurs, metteurs en scène, scénographes… nous aurons sur le
plateau dans les mois qui viennent, à nous y confronter, en mettant le texte à l’épreuve du
plateau et le plateau à l’épreuve du texte. Nous aurons, au fur et à mesure de la production
du texte et jusqu’à sa création, à mettre en forme théâtralement ces problèmes.
C’est la raison pour laquelle le processus de création mis en place pour ce troisième épisode
diffère quelque peu de celui des précédentes créations de la trilogie. Les temps de travail,
s’étalant sur plusieurs mois, doivent permettre des aller-retour entre le travail de recherche
au plateau avec les acteurs, la recherche de dispositifs scéniques, et le travail d’écriture.
LES SUPPLIANTES
09
FÉLIX JOUSSERAND
Félix Jousserand, dit Félix J, est né en 1978. Auteur, performer et éditeur, il est l'un des auteurs
- pour ne pas dire activistes - issus de ce qu'on a depuis appelé la scène slam parisienne.
Il démarre ses activités dès 2000 et co-fonde rapidement le collectif SPOKE ORKESTRA avec
D' de Kabal et Nada. Il s'illustre par une production importante, littéraire et musicale, scénique
et éditoriale (direction des éditions SPOKE). Son travail s'articule donc naturellement autour
de l'oralité et de formes littéraires populaires et percutantes. Il dépeint les grandes métropoles,
les bénéfices de la culture de masse et l'amour.
CRÉATION DES EDITIONS SPOKE – 2002 :
15 titres au catalogue / www.spokevousparle.com - structure autodiffusée, spécialisée dans
les formes contemporaines et alternatives de la littérature (slam, rap, poésie sonore)
MEMBRE DU COLLECTIF DE SLAM POÉSIE SPOKE ORKESTRA – 2002 :
Premier album : "Interdit aux mineurs" - mai 2004
Deuxième Album "SPOKE ORKESTRA n'existe pas" – octobre 2007
DUM DUM PREMIER ALBUM SOLO – AVRIL 2006
Vincent Artaud (Basse) + Régis Ceccarelli (Batt) + Gilles Coronado (Guit) + Félix J (Voix)
FONDATION ROYAUMONT :
Résidence avec les frères Chemirani - 2005 - écriture, production et tournée
CONCERTS / PERFORMANCES :
Le Divan du Monde, New Morning, Le Théâtre du Rond-Point (Paris), Les Halles de Sckaerbeck
(Bruxelles), Le Zénith et La Boule Noire (Paris), Fête de l'huma 2005, La Comédie de Reims,
Olympia (Paris), Glob Théâtre (Bordeaux), Festival Blues / Seine, La Maroquinerie, les Bouffes
du Nord, Festival Sons d’Hiver, Les 38èmes Rugissants (Grenoble), Les Francophonies (Limoges),
Le Printemps de Bourges, Festival Rock en Seine (Paris), Demandez l'impossible (Bordeaux),
Mythos (Rennes), Paroles et Musiques (St Etienne), Jazz à Vienne, Festival du film policier de
Cognac...
DIRECTION D'ATELIERS D'ÉCRITURE :
Aulnay, Noisy, Bordeaux, Fère-en-Tardenois, Marseille...
Opération SLAM CARAVANE visant à promouvoir ateliers et scènes ouvertes dans le 93
Saison 05/06 - Résidence de travail à Aulnay-sous-Bois (93)
THÉÂTRE :
2007 : Tournée Beauté déviante - Création du Théâtre des Tafurs (Bordeaux)
2008 : Résidence et création à La Comédie Française - Nuit Blanche 2008 2007-2010 : Commande d'écriture et compagnonnage avec du zieu dans les bleus
PUBLICATIONS :
"Anthologie du Slam" - Editions Seghers – collectif – 2002
"Spécial K." - Revue LIGNE NOIRE – 2002
"1er Mai" - Editions Spoke – 2002
"La plus grande grande pièce du monde" - collectif - Editions de l’Amandier – 2003
"Etranger chez soi-même" - collectif sous la direction de Tonie Morrison – Ed. Bourgois – 2007
"BLAH - anthologie du slam" – Coédition Spoke / Florent Massot – 2007
"Basketville" – Editions du Diable Vauvert – à paraître mars 2009
DISQUES :
"Interdit aux mineurs" avec SPOKE ORKESTRA - 2004 - 55 / BMG
"Dum Dum" - avec Vincent Artaud - avril 2006 - BFLAT / Discograph
"Tchernobyl mon Amour" sur la compilation "Tchernobyl 20 ans " - Productions Spéciales - 2006
"Le chanteur engagé" sur la compilation SLAM / Mouvement - MELODIK MUSIC – 2006
"Merci Merci" sur la compilation BOUCHAZOREILL SLAM - Because music – 2007
"N'existe pas" avec SPOKE ORKESTRA – 2007
LES SUPPLIANTES
10
DUZIEU DANS
LES BLEUS
DU ZIEU DANS LES BLEUS
La compagnie DU ZIEU DANS LES BLEUS a été créée à Paris en 1998. Il s’agit dans un premier
temps d’un groupe de recherche sur les écritures contemporaines, réunissant de jeunes auteurs,
acteurs, architectes et plasticiens.
La compagnie devient professionnelle en 2003 avec la création d’une pièce d’Howard Barker
mise en scène par Nathalie Garraud, Les Européens, reprise en 2005. Entre 2003 et 2005, la
compagnie développe également un travail de recherche et de création entre la France et le
Liban, en collaboration avec de jeunes artistes palestiniens et libanais (Les Enfants d’Edward
Bond, Traces de Nathalie Garraud, Dans le dos des villes surprises d’après des poèmes d’Aimé
Césaire).
En 2005, Nathalie Garraud et Olivier Saccomano mettent en place un cycle de recherche sur
les formes tragiques, intitulé Les Suppliantes (trilogie tragique). La première pièce de la
trilogie, Ismène d’après Eschyle et Sophocle, est créée en octobre 2007 ; la deuxième pièce,
Ursule d’Howard Barker, en octobre 2008. La troisième pièce de la trilogie, Victoria de Félix
Jousserand, sera créée en 2009-2010.
Depuis 2006, DU ZIEU DANS LES BLEUS est installée à Fère-en-Tardenois (Picardie)
sous le parrainage du groupe ALIS, avec lequel elle développe des projets comme LE LABO,
(laboratoire de recherche sur la machine théâtrale et l’écriture scénique), ou Les Rencontres
du Caire (rencontres entre artistes de France et du Monde Arabe, 2008).
NATHALIE GARRAUD,
metteur en scène
Nathalie Garraud est née en 1977. Après une formation de comédienne, elle crée
la compagnie DU ZIEU DANS LES BLEUS. Entre 2001 et 2003, elle travaille régulièrement
au Liban dans des camps de réfugiés palestiniens avec l’association ASILES (Actions et
Solidarités Interculturelles), où elle crée notamment Les Enfants d’Edward Bond.
Cette expérience la conduit à mettre en scène, en France en 2003, Les Européens d’Howard
Barker, spectacle repris en 2005. Entre 2003 et 2005, elle poursuit également un travail
au Liban sur des projets plus personnels, issus de rencontres avec des artistes libanais
et palestiniens : Traces, dont elle écrit le texte, Dans le dos des villes surprises d’après
des poèmes d’Aimé Césaire.
En 2004, elle rencontre en Jordanie Pierre Fourny du groupe ALIS, avec lequel elle met en
place un laboratoire de recherche sur la machine théâtrale et l’écriture scénique, LE LABO.
Depuis 2005, elle travaille avec Olivier Saccomano à la conception d’un cycle de recherche
sur les formes tragiques, intitulé Les Suppliantes (trilogie tragique), dont les deux premiers
volets ont été créés : Ismène d’après Eschyle et Sophocle (2007), puis Ursule d’Howard
Barker (2008).
OLIVIER SACCOMANO,
metteur en scène
Olivier Saccomano est né en 1972. Après des études de philosophie, il crée à Marseille
la compagnie Théâtre de la Peste. Entre 1998 et 2003, il met en scène C’est bien, c’est mal
(d’après des textes de Bernanos, Brecht, Duras), Monk alone / Étude n°1, Le bruit de la mer /
Étude n°2 (d’après Aurélia Steiner de Duras), Le poème de Beyrouth / Étude n°3 (Mahmoud
Darwich), Évocation / Étude n°4 (à partir de l’œuvre de John Cage), Le monde était-il
renversé ? (d’après trois monologues d’animaux de Franz Kafka), Thèbes et ailleurs
(d’après Œdipe roi, Les sept contre Thèbes, Antigone, de Sophocle et Eschyle), Confession
de Stavroguine (d’après Les démons de Dostoïevski). Enseignant au Département Théâtre
de l’Université de Provence, il coordonne en 2003 et 2004 les Ateliers de Recherche Théâtrale,
et y rencontre Nathalie Garraud avec laquelle il collabore désormais au sein de la compagnie
DU ZIEU DANS LES BLEUS, d’abord comme dramaturge (Ismène d’après Eschyle et Sophocle en
2007), puis comme co-metteur en scène (Ursule d’Howard Barker en 2008).
LES SUPPLIANTES
11
PRESSE
NATHALIE GARRAUD, LARGES HORIZONS
Sous le titre général Les Suppliantes, un premier épisode, Ismène, lie Les Sept contre Thèbes
et Antigone de Sophocle. Le deuxième épisode est une pièce d’Howard Barker : Ursule la
peur de l’estuaire, inspirée de l’histoire de Sainte Ursule et des onze mille vierges. Manque…
le troisième volet, la pièce manquante. L’équipe se met au travail. “Une écriture pour notre
temps”. Nathalie Garraud voit loin, croit à la recherche. Elle entreprend. Elle a raison. Mais
voilà des artistes à défendre.
Le Figaro – juin 2006
LES SURPRENANTS OBJETS LITTÉRAIRES DE FÉLIX JOUSSERAND
Musi-poèmes ? Opéras parlés ? Polars rythmiques ? Voilà huit ans que Félix Jousserand
produit d’étranges objets littéraires dont le nom reste à inventer. Si ce jeune homme de 28
ans fraye avec la scène “slam”, il en récuse l’étiquette : son travail pointu est le contraire
d’un art instantané. (…) A force d’acuité, Felix Jousserand atteint parfois à la poésie pure,
celle des espaces urbains irréels où “les funérariums se construisent en bordure des zones
industrielles/l’université adossée au multiplexe”. (…) L’auteur-interprète estime accomplir un
acte “à la fois littéraire et politique”. Littéraire au sens strict : inspiré par Faulkner, il livre
des histoires simples où la forme découle du fond. Politique au sens large, pour être “totalement
aux prises avec le réel”.
Le Monde des Livres – juillet 2006
ISMÈNE, PLUS ANTIGONE QU’ANTIGONE
Au Théâtre Massalia, à la Friche Belle de Mai à Marseille, la compagnie du zieu dans les
bleus a présenté fin octobre un spectacle intransigeant, qui s’empare de la langue tragique
comme d’une lame, reflet d’un monde qui ne transige pas. Un univers fort et entier, pas du
tout contemporain, en ce qu’il semble loin de nous. Si loin de nos “tragédies”. Au tout début,
le plateau est lourd d’un temps sacré. Lent et circulaire. Un temps que rien ne devrait venir
déchirer. Et puis les mots commencent à venir s’y déverser, comme du sable, à faire gripper
la machine. Les mots annoncent la guerre, le fratricide, les mots préfacent le cliquetis des
armes, les mots préfigurent le grondement des hordes guerrières. Description clinique d’un
siège. Une description méticuleuse, et qui dure. D’une guerre gagnée et perdue, tout à la fois.
(…) Un monde au crépuscule. Soudain illuminé d’un trait vif : le fiancé d’Ismène, incandescente
parole de celui qui suit celle qui suit Ismène. Un enchaînement, sans fin. Mais un cri d’amour.
Mouvement – octobre 2007
FOI, SANG ET VOLUPTÉ
Le Théâtre Massalia nous a proposé un spectacle époustouflant de rigoureuse beauté avec
Ursule, pièce de l'auteur anglais Howard Barker écrite en 2001 et monté par Nathalie Garraud
et Olivier Saccomano. (…) Dernière image inoubliable de la robe de Placide baignant dans le
sang et dessinant au sol le trait final de la tragédie ! La scénographie remarquablement sobre
et efficace joue sur les clairs-obscurs et les reflets, faisant appel à des réminiscences picturales,
notamment aux portraits de Cranach. La traduction de Mike Sens et le langage décalé des
personnages sont généreusement servis par des acteurs magnifiques : luminosité d'Ursule
(Rama Grinberg), raucité de Placide (Virginie Colemyn), nudité assumée de Lucas (Hugo Dillon),
ambiguïté de Léonore, voyante aveugle (ou l'inverse !) dont le rôle est tenu par Julien Bonnet.
Zibeline – janvier 2009
LE THÉÂTRE DONT ON NE REVIENT PAS
La compagnie du zieu dans les bleus continue à déployer une intrigante trilogie tragique.
Après l’assise grecque (Ismène), c’est au tour du dramaturge contemporain Howard Barker de
nous renvoyer à notre condition d’irréconciliables. Ursule est une pièce saturée de spasmes
et de cris d’amour, qui n’épargnent pas le Christ, grande obsession restant sans réponse de
l’écrivain. Comme toujours dans son théâtre de la catastrophe, on ressort en se disant qu’on
est aussi fait de ce bois-là et qu’on n’en revient toujours pas.
Mouvement – janvier 2009
LES SUPPLIANTES
12
c/o ALIS
Route de Dormans
02130 Fère-en-Tardenois
WWW.DUZIEU.NET
Nathalie Garraud
[email protected]
06 03 12 22 50
Olivier Saccomano
[email protected]
06 14 29 96 04
la
PRODUCTION : DU ZIEU DANS LES BLEUS
COPRODUCTION : L’ÉCHANGEUR - scène conventionnée de Fère-en-Tardenois,
GARE MONDIALE à Bergerac, le THÉÂTRE MASSALIA - LA FRICHE LA BELLE DE MAI à Marseille.
DU ZIEU DANS LES BLEUS reçoit le soutien du MINISTÈRE DE LA CULTURE - DRAC PICARDIE,
du CONSEIL RÉGIONAL DE PICARDIE et du CONSEIL GÉNÉRAL DE L’AISNE.
DU ZIEU DANS LES BLEUS
bénéficie de l’aide de la DMDTS - MINISTÈRE DE LA CULTURE au titre du
compagnonnage d’auteur avec Félix Jousserand.
DU ZIEU DANS LES BLEUS
est parrainé par le groupe
ALIS.
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