L’architecture soft-tech
La recherche de la technique non traumatisante
Marine Morain, Lauréna Cazeaux
Architectes, ingénieurs
Arbor&Sens, architecture et conseil, Lyon
en partenariat avec :
L’architecture soft-tech
La recherche de la technique non traumatisante
Marine Morain, Lauréna Cazeaux
Architectes, ingénieurs
Arbor&Sens, architecture et conseil, Lyon
leschantiersleroymerlinsource
Direction de la publication : Marie-Reine Coudsi,
directrice Ă©ditoriale et des savoirs de l’habitat, Leroy Merlin
Coordination Ă©ditoriale : Denis Bernadet,
chargé de mission, Leroy Merlin Source
Coordination graphique - maquette : Emmanuel Besson
Corrections - relectures : BĂ©atrice Balmelle
SOMMAIRE
LE CONTEXTEACTUEL : NORMER ET PREVOIR L’IMPREVISIBLE .......................................................................... 4
POURQUOI L’APPROCHE SOFT-TECH EST-ELLE SOUHAITABLE? ....................................................................... 6
L’architecture et la technique : amour ou dĂ©samour .............................................................................................................................................. 6
De l’utilitĂ© d’une troisiĂšme voix ................................................................................................................................................................................................10
QU’EST-CE QUE L’ARCHITECTURE SOFT-TECH? ........................................................................................................................ 12
Soft-tech ou la technique non traumatisante .............................................................................................................................................................12
Soft-tech : dĂ©ïŹnition progressive ............................................................................................................................................................................................ 16
COMMENT ALLER VERS UNE ARCHITECTURE SOFT-TECH? .................................................................................. 19
Faisons renaĂźtre le CerbĂšre ............................................................................................................................................................................................................. 19
EïŹƒcience contre eïŹƒcacitĂ© ............................................................................................................................................................................................................. 20
La conception participative .......................................................................................................................................................................................................... 21
CONCLUSION .................................................................................................................................................................................................................................... 23
BIBLIOGRAPHIE / WEBOGRAPHIE ..................................................................................................................................................................... 24
OUVRAGES ............................................................................................................................................................................................................................................. 25
ANNEXES ................................................................................................................................................................................................................................................... 25
L’architecture soft-tech / mars 2014 / page 4
«
Le progrùs technique est comme une hache qu’on aurait mis dans les mains d’un psychopathe
. »
Albert Einstein
LE CONTEXTEACTUEL : NORMER ET PREVOIR L’IMPREVISIBLE
Le prĂ©alable Ă  la rĂ©ïŹ‚exion qui nous intĂ©resse, et que nous
dĂ©velopperons plus tard, est issu d’un constat terrain. Depuis
des années, le monde de la conception architecturale ou
technique des bĂątiments s’est lancĂ© dans une course eïŹ€rĂ©nĂ©e
à la performance : RT2000, puis RT2005, BBC, BBC+, RT2012

Chaque année de nouvelles exigences réglementaires, nor-
matives ou volontaires, tels de nombreux labels et référen-
tiels locaux, naissent. Les institutions normatives accentuent
la mutation du monde du bĂątiment vers une technique en
permanente Ă©volution, solution Ă©vidente aux enjeux de la
planÚte et aux attentes de confort toujours renouvelées

Ces outils (normes, labellisation, référentiels
) sont utiles
car ils permettent de faire évoluer les pratiques, en quantité
non inïŹnitĂ©simale. Ils initient un changement des rĂšgles de
conception ou de construction. Mais peuvent-ils prétendre
initier le changement des rùgles d’usage ? Sans doute pas,
mais c’est lĂ  une hypothĂšse Ă  vĂ©riïŹer encore

De fait, quelle est la légitimité sociale de ces normes,
de ces rÚgles, de ces référentiels ? Qui porte la question de
l’usage dans un projet de construction aujourd’hui ? Les
labels garantissent-ils le fait qu’un bñtiment soit construit
avant tout pour accueillir la vie et non pour la performance ?
Quels outils ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©s pour qualiïŹer le bien vivre
en plus du moins consommer ? Autant de questions sans
réponses claires, car éminemment complexes
 Pourtant
la question est déjà bel et bien posée par certains qui sou-
haitent voir Ă©merger la haute qualitĂ© d’usage au mĂȘme
titre que la haute qualité environnementale. Et la méthode
habituelle refait surface : multiplicité de critÚres, grilles ana-
lytiques, matrice de comparaison
 là encore, il faut trouver
une mĂ©thode universelle d’évaluation pour pouvoir noter
et comparer, classer, départager
 Ainsi nous fabriquons
des grilles pour classer les usagers, sans cesse changeants,
contrairement au bĂątiment, ïŹgĂ© !
Alors que des modÚles physiques permettent de prévoir
de façon trĂšs prĂ©cise le comportement d’un bĂątiment face
Ă  une sollicitation donnĂ©e, alors que l’ingĂ©nierie se perfec-
tionne, que la technique apporte de nouvelles solutions de
rĂ©gulation, plus ïŹnes, plus rapides, plus adaptables
 les sol-
licitations du bĂątiment, elles, ne s’aïŹƒnent pas, ne se rĂ©gulent
pas selon des lois gĂ©nĂ©rales : elles dĂ©pendent de l’usage rĂ©el,
instable, complexe et déterminé par des facteurs multiples.
Or, plus le bñtiment devient performant, plus le rîle de l’usa-
ger devient dĂ©terminant, et plus l’occupant risque d’ĂȘtre stig-
matisé en raison de ses mauvaises pratiques.
La question fondamentale, ïŹnalement, est d’interroger la
façon de rendre mouvantes les pratiques de conception et
de construction, pour respecter l’imprĂ©visibilitĂ© de l’habitant.
L’architecture soft-tech / mars 2014 / page 5
L’architecture est une discipline non spĂ©cialiste par
essence qui se prĂ©occupe d’abriter les hommes dans les
meilleures conditions. Ces conditions ne se limitent pas Ă 
oïŹ€rir un habitat sain et viable. Il s’agit de gĂ©rer le rapport de
l’individu au monde qui l’entoure et Ă  la sociĂ©tĂ©. L’architec-
ture va alors chercher le géographe pour connaßtre le terri-
toire, chercher le sociologue pour comprendre les groupes et
chercher le physiologiste pour comprendre les perceptions
du corps humain dans l’espace. L’émergence de l’approche
soft-tech, prĂ©sentĂ©e ici, est issue de la pratique de l’archi-
tecture mĂȘlĂ©e Ă  une approche thĂ©orique, et c’est le regard
singulier que nous portons sur la construction liée à notre
formation technique d’une part et architecturale d’autre part
qui nous a permis d’aboutir à cette synthùse.
Comprendre le fonctionnement pragmatique des objets
techniques et ĂȘtre Ă  l’écoute des individus et de leur rapport
au monde est la base de notre démarche, volontairement
non spĂ©cialiste, dĂ©ïŹnitivement complexe.
Cette contribution Ă  la rĂ©ïŹ‚exion que nous avons enga-
gĂ©e, dĂ©coule d’une pratique rĂ©elle au sein de l’agence
Arbor&Sens (Lyon). Nous, Marine Morain et Lauréna Cazeaux
(architectes-ingĂ©nieurs issues d’une double formation dis-
pensĂ©e par l’école nationale supĂ©rieure d’architecture de
Lyon et de l’école nationale des travaux publics de l’État),
avons opéré un retour systématique des usages réels des
solutions architecturales et techniques mises en Ɠuvre dans
des projets d’architecture, dite Ă  haute qualitĂ© environne-
mentale, produits par l’agence. Ainsi, nous interrogeons la
pertinence des outils mĂ©thodologiques et scientiïŹques que
nous utilisons sous un regard scientiïŹque : vĂ©riïŹer la validitĂ©
des hypothĂšses de modĂšles de plus en plus complexes utili-
sĂ©s dans la conception des bĂątiments, mĂȘme ordinaires.
C’est à partir de ces retours que la question du rîle des
concepteurs (qu’ils soient architectes ou ingĂ©nieurs) dans
la relation ïŹnale de l’usager au bĂątiment s’est posĂ©e. Cette
étude prétend rechercher dans quelle mesure les modélisa-
tions et promesses des techniques mises en Ɠuvre collent
Ă  la rĂ©alitĂ©, en s’appuyant sur des retours terrain d’opĂ©ra-
tions livrées depuis plusieurs années et sur des observa-
tions menĂ©es dans diïŹ€Ă©rents quartiers ayant fait l’objet de
démarches environnementales exemplaires. Les conclusions
menant à des écarts importants, toujours expliqués par
l’usage faute d’ĂȘtre expliquĂ©s par les modĂšles, une tentative
d’identiïŹcation des raisons majeures de discordance sera
avancée.
Leroy Merlin Source appuie ce travail depuis plus de
deux ans et a permis de mobiliser diïŹ€Ă©rents acteurs autour
de cette question de la relation entre technique et habitant.
Ainsi, nos remerciements vont naturellement Ă  nos interlo-
cuteurs, patients et exigeants : Marie-Reine Coudsi, Denis
Bernadet et Pascal Dreyer ; ainsi qu’aux intervenants extĂ©-
rieurs qui se sont impliqués dans ce travail, en particulier le
docteur Gaëtan Brisepierre.
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