- 1 -
Sommaire du CHAPITRE 12
Les bananes et plantains (Musa sp.) et les palmiers
Les bananes et plantains (Musa sp.)
Description du bananier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
Taxonomie, évolution et dispersion de la culture du bananier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Écologie, méthodes de culture et utilisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
Utilisation des bananes, variétés et amélioration génétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Statistiques de production (FAOSTAT 2001, révisé) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Les palmiers
Introduction: les Arécaceae (Palmiers) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Description morphologique-anatomique des palmiers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Le cocotier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Écologie et condition de culture. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Statistiques de production pour 2001 (FAOSTAT, révisé) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Palme à huile. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
Statistiques de production de la palme à huile (FAOSTAT 2001, révisé) . . . . . . . . . . . . . . 17
Le dattier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Statistiques de production du dattier (FAOSTAT 2001, révisé) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Autres espèces de palmiers utilisés dans différentes régions du monde. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
- 2 -
Les bananes et plantains (Musa sp.)
La banane est considérée comme le plus important fruit tropical. Comparé à la production mondiale de tous
les fruits, la production de bananes n’est surpassée que par celle du raisin. Dans les régions tempérées
on connaît surtout la banane de dessert sucrée qui est consommée crue, mais près de la moitié de la
production de bananes provient des plantains, riches en amidon, qui doivent être cuits et qui sont consommés
localement comme légumes. Dans beaucoup de régions tropicales, particulièrement en Afrique de l’Est, la banane,
en particulier sous forme de plantain, est l’aliment principal des populations locales. Cette plante herbacée, qui
a l’allure d’un petit arbre, est originaire du sud-est de l’Asie elle a été l’une des premières plantes à être
domestiquée. Deux espèces de la famille des Musacées (Monocotylédones) sont impliquées dans l’évolution des
bananes et des plantains, Musa acuminata Colla et Musa balbisiana Colla. Les variétés de bananes sucrées sont
issues de la domestication de M. acuminata, tandis que les plantains sont originaires des croisements entre les
deux espèces de Musa. La culture du bananier s’est étendue à toutes les régions tropicales du globe. A partir du
19e siècle la banane est devenue une denrée d’exportation importante pour l’économie des pays des régions
tropicales, en particulier ceux d’Amérique et d’Asie. En 2001, la production globale de bananes (dessert) était
estimée à 68,9 MTM, à laquelle s’ajoutait près de 30 MTM de plantains destinés à l’alimentation locale. Environ
45 % de la production de bananes sucrées est exportée pour être consommée principalement dans les pays
industrialisés des régions tempérées. Les principaux producteurs étaient l’Inde, le Brésil, l’Équateur, l’Indonésie,
les Philippines et la Chine. Près de 31 MTM de bananes de desserts étaient exportées par plusieurs pays
asiatiques (Philippines, Indonésie, Thaïlande) et américains (Brésil, Équateur, Colombie, Costa Rica, Guatemala,
Honduras, Panama, El Salvador).
Description du bananier
Bien que ressemblant à un arbrisseau, le bananier cultivé soit une espèce herbacée vivace de grande taille
pouvant atteindre entre 2 et 9 mètres de hauteur (Figure 1). Sa culture est établie par propagation végétative
à partir de bougeons adventifs situés sur la vraie tige (corme) qui est souterraine. La tige aérienne (pseudo-
tronc ou pseudo-tige) n’en est pas une, mais elle est formée par l’emboîtement spiralé des pétioles des feuilles
qui naissent directement du rhizome. Le système racinaire est peu développé latéralement ou en profondeur.
La croissance des jeunes feuilles se fait en traversant le tube composé par les pétioles des feuilles plus âgées.
Les feuilles arrangées en spirale forment une couronne foliaire terminale. Elles sont longues, larges, lises et
simples, mais frangées. Les centaines de nervures parallèles partent d’une nervure médiane proéminente. Le
nombre de feuilles fonctionnelles permanentes par bananier varie entre 10 à 15 et celles-ci peuvent atteindre
des dimensions va-riant entre 1 m et 2 m de longueur. Suite à la croissance végétative qui se déroule sur une
période de 7 à 9 mois, une inflorescence se développe verticalement d’un méristème situé à l’apex du corme
souterrain. Cette inflorescence éventuellement émergera de l’apex de la pseudo-tige et se recourbera vers le sol
entraînée par son poids et par un géotropisme positif (Figure 1).
L’inflorescence est un épi complexe constitué d’un pédoncule bien développé et solide sur lequel les fleurs
sont arrangées en grappes nodales, chaque grappe étant protégée par une feuille modifiée (bractée) qui se
détache éventuellement, le tout formant une “main” de bananes. Le nombre de fleurs par nœud varie de 5 à
15 et le nombre de nœuds par inflorescence peut varier entre 5 et 20. Les 5 à 15 premiers nœuds produisent
des fleurs zygomorphes qui sont structurellement hermaphrodites, mais fonctionnellement femelles. Les nœuds
distaux produisent des fleurs qui sont aussi structurellement hermaphrodites mais fonctionnellement mâles.
Certains nœuds en position intermédiaire peuvent porter des fleurs hermaphrodites, qui sont stériles. Toutes les
fleurs possèdent un périanthe fortement zygomorphe composé d’un tépale composé, abaxiale, à 4 lobes qui est
formé de 4 tépales soudés (dont deux de dimensions très réduites) et d’un tépale adaxiale libre réduit. Les fleurs
“femelles” d’une longueur de 8-12 cm possèdent un ovaire infère triloculaire plus long que le périanthe, un style
et 3 stigmates lobés et 5 staminoïdes dépourvus de pollen fertile. Lors de la maturation du fruit, qui se développe
sans pollinisation (parthénocarpie), l’ovaire persiste et se développe alors que le périanthe et le stigmate se
détachent laissant une cicatrice à l’extrémité libre du fruit mâture. Les fleurs “mâles” d’une longueur de 4-6 cm
possèdent 5 étamines et de longues anthères, contenant rarement du pollen viable chez les variétés cultivées,
- 3 -
et un ovaire réduit ainsi qu’un style et un stigmate minces. Le fruit, qui est le résultat du développement de
l’ovaire infère, est une baie charnue allongée comportant trois rangées d’ovules avortés et trois zones de suture
qui délimitent les trois locules de l’ovaire et qui opposent une moindre résistance lorsque l’on “pèle” la banane.
La pulpe du fruit, riche en glucides, se développe à partir de la paroi de l’ovaire qui devient éventuellement
la “peau” de la banane. Les baies, contrairement à l’axe de l’inflorescence, se développent par un processus
de géotropisme négatif (et non par un processus de phototropisme positif), recourbant le fruit et pointant
l’extrémité libre du fruit en position opposée au sol. Le bananier produit généralement une inflorescence par
plant et l’infructescence qui se développe, le régime, peut être composée de 60 à 120 baies avec un poids qui
peut atteindre les 40-80 Kg (Figure 1).
Les baies de la banane se différencient de celles des plantains par leurs dimensions plus réduites et par la
coloration jaune de leur peau (méso et exocarpe) à maturité, ce qui contraste avec la couleur verte à mauve de
la peau des plantains qui est beaucoup plus épaisse. La distinction la plus marquée est le fait que la ‘’pulpe’’ mûre
des bananes de dessert est composée d’amidon fortement hydrolysé et d’une proportion importante de sucres
non-crystallisables (6-9 % du poids de la pulpe) ce qui permet qu’elle puisse être consommée crue. Par contre,
la pulpe du plantain est formée d’une forte proportion d’amidon non hydrolysée et ne contient que des traces
de sucres à maturité ce qui la rend inconsommable, à moins d’être soumise à une cuisson préalable.
A
B
C
DE F GH
I
J
K
L
Figure 1. Musa groupe
AAB cv Mysore: Banane.
A.- Jeune plante; B.- Base
de la plante avec drageon;
C.- Inflorescence; D.- Fleur
femelle avec bractée; E.- Fleur
mâle avec bractée; F.- Fleur
femelle; G.- Fleur femelle
avec périanthe ouvert; H.-
Coupe longitudinale d’une
fleur femelle; I.- Fleur mâle;
J. Fleur male avec périanthe
ouvert; K.- Coupe longitu-
dinale d’une fleur male; L.-
Régime de bananes.
- 4 -
Taxonomie, évolution et dispersion de la culture du bananier :
Les bananiers cultivés proviennent de l’évolution de deux espèces de monocotylédones placées dans la
famille des Musacées. La famille des Musacées est divisée en deux genres, Ensete et Musa comportant des
espèces herbacées vivaces. Le genre Musa est divisé en quatre sections (tableau 1). Bien que plusieurs espèces
spontanées de Ensete et de Musa sont utilisées pour leurs fibres, comme plantes ornementales et pour leurs
cormes souterrains comestibles, seulement trois espèces de Musa sont impliquées dans l’évolution des bananes
cultivées pour leurs fruits comestibles. Musa fe’i, dont les fruits parthénocarpiques sont comestibles, est utilisée
localement à petite échelle en Asie du Sud-Est, particulièrement en Indonésie et en Malaisie. Musa acuminata et
M. balbisiana, placées dans la section Eumusa, sont impliquées dans l’évolution des bananes et plantains cultivés
(Figure 2). Les formes spontanées de ces deux espèces sont originaires de l’Asie du Sud-Est. Musa acuminata
est distribuée dans les régions tropicales humides et l’on considère que son évolution sous culture a commencé
dans la péninsule malaysienne. L’espèce spontanée produit des fruits non-comestibles peu charnus et pourvus de
très nombreuses graines dures. Les cormes de cette plante étaient probablement utilisés comme aliment par les
peuples préhistoriques habitant les régions côtières de la Malaisie, mais une mutation fortuite déterminant une
stérilité des fleurs femelles et le développement des fruits sans fertilisation par un processus de parthénogenèse
a rendu les fruits attrayants pour la consommation humaine. Les premiers bananiers qui ont été sélectionnés et
cultivés étaient probablement diploïdes (2n = 22), mais par la suite un processus de polyploïdisation accidentel
a produit des plants triploïdes stériles (2n = 33), dont les fruits étaient plus développés, plus charnus et sucrés
que ceux des formes diploïdes cultivées. Ces formes triploïdes de Musa acuminata ont très certainement été
sélectionnées et propagées végétativement par la suite et les variétés traditionnelles et modernes de bananes
sucrées de dessert sont dérivées de cette espèce. Plus récemment, des variétés tétraploïdes (2n = 44) ont été
produites au cours des programmes d’amélioration génétique établis à partir de 1920. Bien que la plupart
des variétés tétraploïdes n’aient pas donné des résultats escomptés, quelques variétés commerciales issues de
ces programmes, tels que la variété “Jamaica 1242”, ont remplacé des variétés commerciales triploïdes dans
certaines régions d’Amérique centrale et d’Asie.
La deuxième espèce, Musa balbisiana (2n=22), originaire des régions subtropicales (régions des moussons)
du sud de l’Asie et tropicales du sud-est de l’Asie, des Philippines à la Nouvelle-Guinée, est impliquée dans
l’évolution des plantains. Les formes spontanées de cette espèce produisent des fruits grenus issus de la
pollinisation croisée assistée par les insectes et chauves-souris. Il est probable que des formes cultivées de
Tableau 1.
Famille des Musacées (Monocotylédonées):
Genres et sections du genre Musa
Genre Chromosome Section Distribution # espèces Utilisation
# de base
Ensete 9 - Afrique de l’Ouest 7-8 Fibres,”légume”
à N. Guinee (corme)
Musa 10 Australimusa Queensland aux 5-6 Fibres, fruit
Philippines (banane fe’i)
10 Callimusa Indochine à 5-6 ornementale
Indonésie
11 Rhodochlamys Inde->lndochine 5-6 ornementale
- 5 -
M. acuminata diploïdes ont été mises en contact avec des plantes de M. balbisiana lors de la diffusion de
la culture du bananier dans des régions subtropicales du sous-continent indien. Les formes diploïdes de M.
acuminata n’étant que partiellement stériles, il y aurait eu au moins un épisode d’hybridation spontanée et
accidentelle qui aurait généré des hybrides inter-spécifiques naturels diploïdes (2n = 22) entre cette espèce et
M. balbisiana. Par la suite, un processus de polyploïdisation aurait permis le développement de formes triploïdes
(2n = 33) de ces hybrides comportant deux compléments génomiques de M. acuminata et un complément de
M. balbisiana (AAB)(Figure 2). Les programmes d’hybridations contrôlées établis plus récemment ont produit
des hybrides triploïdes de combinaisons génomiques ABB et des hybrides tétraploïdes (2n = 44; AABB) qui ont
l’avantage d’introduire une résistance à une maladie fongique provoquée par Fusarium oxysporum, la maladie
de Panama. Cette maladie s’est avérée très destructrice dans les plantations de bananiers d’Amérique au cours
des 19-20e siècles.
Bien que les premières preuves archéologiques de la présence de bananes cultivées en Asie (découvertes
dans le centre de l’Inde) ne remontent qu’au 6ème siècle avant notre ère, l’on considère que la culture de cette
plante a commencé plusieurs milliers d’années auparavant dans les régions tropicales de l’Asie. Le géographe
Carl Sauer a même proposé que cette plante ait été une des premières à être cultivée en Asie du Sud-Est, qui
Fi
g
ure
2
.
É
volution des bananes et
p
lantain
s
N
o
n
cu
l
t
i
v
é
es
M
min
A
(
2n=22
)
Climat tro
p
ical humid
e
Cu
l
t
i
v
é
es
M
usa
acu
min
ata
A
A
(
2n=22
)
Cu
l
t
i
v
é
es
M
usa
acu
min
ata
AA
A
(
3n=33
)
M
usa
ba
l
b
i
s
i
a
n
a
B
B
(
2n=22
)
M
usa
acu
min
ata
AAA
A
(
2n=44
)
H
y
brides inters
p
é
cifique
s
(
Plantains
)
A
B
(
2n=22
)
; h
y
brides
˙
n
atu
r
e
l
s
˙
A
AB
(
2n=33
)
:
p
lantains commerciaux
,
ada
pt
é
s
au
x
c
lim
ats
de
m
ousso
n
s
A
BB; AABB
(
2n=33; 44
)
;
p
lantain
s
am
é
li
or
é
s
à
p
artir de 1945;
r
é
s
i
sta
n
ce
à
Di
p
l
o
ï
d
i
e
(
p
ollen
)
P
a
r
th
é
nocar
p
i
e
Fl
eu
r
s
st
é
ril
es
Sans
p
art
h
é
nocar
p
i
e
ada
pt
é
au
x
c
lim
ats
de
m
ousso
n
s
1 / 20 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !