Chez les sujets jeunes, no-
tamment les blessés mé-
dullaires, les escarres se rencon-
trent surtout en service aigu, dans
les jours suivant le traumatisme,
en service de suite et réadaptation
ou à domicile.
Trois situations sont favorables à
leur survenue. D’abord, l’évalua-
tion des facteurs de risque cutané
est parfois rapidement faite car les
facteurs de risque vital sont élevés
et prioritaires. Ensuite, c’est une
escarre liée à une appréciation in-
suffisante des changements au ni-
veau du patient. Les conditions de
prévention initiales sont mainte-
nues alors que des modifications
chez le patient et/ou dans son
mode de vie nécessitent la mise en
place de protocoles particuliers,
nouveaux et adaptés. Enfin, c’est
le plus souvent une non-adapta-
tion du patient à son handicap
d’un point de vue matériel, phy-
sique, physiologique ou encore
psychologique.
Gestion de la plaie
Recourir aux arbres décisionnels
est une condition pour choisir le
bon support et le pansement le
plus adapté. Entre chaque panse-
ment, il faut procéder à un net-
toyage délicat de la plaie avec de
l’eau du robinet ou du sérum
physiologique, sécher cette plaie
avec précaution en la tamponnant
délicatement avec du coton hy-
drofibre. Les soins s’exécutent se-
lon l’échelle colorielle :
–la nécrose (pastille noire) né-
cessite trois actions concomi-
tantes : détersion mécanique soit
par l’infirmière, soit au bloc opé-
ratoire, puis mise en place d’hy-
drogel et d’hydrocolloïdes tous les
2 ou 3 jours
;
–plaie fibrineuse, plaie creuse et
ulcérée, plaie nécrotique humide
(pastille jaune) : détersion méca-
nique puis mise en place d’hy-
drogel, d’hydrocolloïdes ou d’hy-
drocellulaires si la plaie est peu
exsudative. Si la plaie est très ex-
sudative, mise en place d’algi-
nates, d’hydrofibres, d’hydrocol-
loïdes ou d’hydrocellulaires. Dans
tous les cas, changement du pan-
sement tous les jours ou tous les
2jours
;
–plaie bourgeonnante (pastille
rouge) : on emploie les alginates
ou les hydrofibres pour une plaie
très exsudative, que l’on change
tous les 2 ou 3 jours. Les hydro-
colloïdes ou les hydrofibres sont
réservés à une plaie non exsuda-
tive, et on les change seulement
tous les 3 ou 4 jours
;
–plaie en voie d’épidermisa-
tion ou plaie au stade de la dés-
épidermisation (pastille rose) :
mettre en place un hydrocolloïde
transparent, un film semi-per-
méable ou un pansement gras
pendant un maximum de jours
afin d’éviter tout changement in-
tempestif du pansement pouvant
endommager la plaie et gêner sa
cicatrisation.
Les escarres du sujet âgé
Ce sont les escarres consécutives
à une immobilisation prolongée.
D’où la nécessité d’éviter l’alite-
ment de façon impérieuse. Car
un sujet alité âgé devient vite un
sujet grabataire. Les facteurs in-
trinsèques sont aussi plus déter-
minants que chez le sujet jeune.
Comme chez le sujet jeune, la ges-
tion de la plaie se fait d’abord par
un nettoyage à l’eau du robinet ou
au sérum physiologique. Les soins
s’exécutent aussi selon l’évaluation
colorielle. En cas de phlyctènes et
si ces dernières sont à contenu
clair, les percer, laisser le toit de la
bulle en place, puis recouvrir
d’une plaque d’hydrocolloïde. Si
elles sont à contenu hémorra-
gique, les percer et découper le toit
de la bulle. Recouvrir d’une plaque
d’hydrocolloïde si elles ne saignent
plus, d’un alginate si elles sont hé-
morragiques. Dans tous les cas,
maintenir par une compresse et
une bande tissée extensible de
fixation. Si la plaie est infectée :
procéder à un nettoyage à l’eau et
au savon, puis éventuellement à
un traitement antiseptique, et sur-
tout ne pas oublier de rincer abon-
damment. Les pansements occlu-
sifs sont contre-indiqués. Les
plaies infectées étant souvent ex-
sudatives, placer soit un alginate
recouvert de compresses et d’une
bande, soit un hydrofibre permet-
tant de drainer les exsudats, re-
couvert également de compresses
et d’une bande. Dans tous les cas,
changer le pansement tous les
jours afin de suivre l’évolution de
l’infection. Si la plaie est nauséa-
bonde, des pansements à base de
charbon sont directement posés
sur l’escarre, maintenus par des
compresses et une bande. Ils peu-
vent également être posés en pan-
sement secondaire par dessus un
pansement gras.
Au stade 1 de l’escarre, carac-
térisé par une rougeur persis-
tante à la pression, supprimer les
appuis, ne pas masser et poser
un film hydrocolloïde afin d’évi-
ter les frottements. A ce stade,
l’escarre doit être traitée éner-
giquement pour ne pas arriver à
la plaie. Cependant, le meilleur
des traitements reste toujours la
prévention.
Anne Cormi
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Escarres
Quand l’âge détermine le soin
Selon que le sujet est jeune ou plus âgé, les escarres sont
localisées différemment et nécessitent une prévention
particulière. Les escarres peuvent être prévenues aussi
en connaissant les facteurs de risque lié à l’origine de
l’immobilisation.
Professions Santé Infirmier Infirmière - No27-28 - juin-juillet-août 2001