D É M AT É R I A L I S AT I O N Le FEC, l’archive et la sérénité Cette année a vu la généralisation d’une nouvelle obligation fiscale, la production du Fichier des Ecritures Comptables (FEC). Lors d’un contrôle fiscal d’une comptabilité informatisée, vous devez être capable de présenter ce fichier en respectant les critères définis par la DGFiP. D’ici quelques années, ce FEC sera à produire annuellement. M ais à l’examen des différents textes, on mesure que ce serait une erreur de croire qu’il suffit de produire un FEC pour avoir satisfait à toutes les obligations légales et avoir assuré à vos clients la sécurité juridique attendue. Pour prévenir des incidents informatiques (erreur de manipulation de fichiers, virus, bogue…), l’instruction fiscale relative au contrôle fiscal des comptabilités informatisées parue au Bulletin officiel des impôts du 12 septembre 2012, impose de figer les données dans un fichier d’archive. Grâce au processus d’archivage, ce fichier ne peut plus être modifié ou perdu, assurant la sécurité des données. Notons que l’instruction fiscale du 13 décembre 2013 a confirmé cette obligation, qui reste distincte du FEC. Les articles 921-3 et 921-4 du Plan comptable général (tel que publié dans le règlement 2014-03 du 5 juin 2014 par l’Autorité des normes comptables) sont tout aussi exigeants. Ainsi on y lit qu’il faut « garantir l’intangibilité des enregistrements ». Tous ces textes rappellent le principe suivant : les fichiers comptables constituent l’original de la comptabilité, les éditions n’étant qu’une copie de ces originaux. Il convient donc de garantir la valeur probante de ces originaux et leur conservation sur les durées de prescription (dix ans pour la plus longue), et cela en complément de la conservation du FEC. On pense souvent, à tort, qu’il suffit de maintenir en ligne les dernières années d’exercice (souvent trois années) et de les sauvegarder régulièrement pour satisfaire à cette obligation. Ce n’est malheureusement pas le cas : contrairement à une archive, la sauvegarde n’a pas de valeur probante car elle peut être modifiée. Elle est utile puisqu’elle permet de recharger un fichier en cas de panne, mais elle ne suffit pas à répondre aux obligations du Plan comptable général, du Code de commerce et de la loi fiscale. Edificas chargé d’élaborer des normes d’archivage adaptées à la profession comptable1 Comme pour les téléprocédures, Edificas s’est d’abord appuyé sur les normes internationales d’échanges publiées par les Nations Unies, pour les adapter, ensuite, aux spécificités françaises. Ces normes sont le socle sur lequel se construit la collaboration entre l’expert-comptable, l’éditeur de logiciel et un service d’archivage sécurisé déporté appelé tiers-archiveur ou coffre-fort électronique. Edificas a ensuite travaillé avec les éditeurs de logiciels pour attester la qualité de la mise en œuvre de la norme dans les outils. Vu les différences techniques et fonctionnelles entre les téléprocédures et l’archivage, les outils d’attestation ont été complètement revus par un groupe de travail ad hoc. De nombreux éditeurs ont participé à ces travaux et deux pilotes, ACD Groupe et Agiris/EIC, ont expérimenté avec succès la nouvelle procédure d’attestation, devenant ainsi les deux premiers éditeurs attestés. D’autres attestations garantissant que les logiciels produisent des fichiers qui répondent au cahier des charges établi par Edificas, sont attendues pour le premier semestre 2015. Le but de tous les acteurs concernés est d’offrir à l’expertcomptable une solution qui soit à la fois simple sur le plan technique et solide pour lui permettre de dématérialiser en toute sérénité. Après plusieurs mois de mise au point, le référentiel ADN Compta va pouvoir être pleinement mis en œuvre au sein des logiciels pour produire des archives garanties par les services de tiers archivage, permettant ainsi aux cabinets de répondre aux obligations de conservation et de garantir l’intégrité des données comptables. Les travaux s’enrichiront progressivement pour intégrer également l’archivage des pièces justificatives électroniques originales et proposer ainsi une procédure homogène et complète au moment même où ces pièces électroniques originales deviendront majoritaires dans les échanges. p EDIFICAS 1. Edificas est l’association, composée du Conseil supérieur, des éditeurs de logiciels comptables, de la DGFiP et d’autres acteurs impliqués dans les téléprocédures de la profession. Vous connaissez Edificas ou, à tout le moins, vous utilisez ses travaux puisque l’association pilote, entre autres, le développement des téléprocédures fiscales (EDI-TVA, EDITDFC, etc. et bientôt EDI-IR) et sociales (DSN, EDI-DSI, etc.). AVRIL 2015 SIC 339 27