4 JEAN–MARC DRÉZET
On considère l’action de GL(q)sur N(q, m, n)induite par l’action de GL(q)sur L(Cm⊗Cq,Cn).
Dans le cas (m, n, q) = (2,3,3) l’action d’un tore général T⊂GL(q)a un nombre fini de points
fixes. On en déduit à l’aide du théorème de Białynicki-Birula que N(3,2,3) possède une dé-
composition cellulaire, c’est à dire une filtration
X0=∅ ⊂ X1⊂ ··· ⊂ Xp=N(3,2,3)
par des sous-variétés fermées, telles que pour 1≤i≤p,Xi\Xi−1soit isomorphe à une union
disjointe d’espaces affines : Xi\Xi−1=`Xij . Il en découle que l’anneau de Chow de N(3,2,3)
est librement engendré comme Z-module par les classes des Xij, que la cohomologie entière de
N(3,2,3) est nulle en degré impair, et que le morphisme canonique
A∗(N(3,2,3)) −→ H2∗(N(3,2,3),Z)
est un isomorphisme. Le théorème de Białynicki-Birula permettrait aussi de calculer les nombres
de Betti de N(3,2,3) et de retrouver ainsi des résultats obtenus par la méthode d’Atiyah-
Bott, mais cette dernière donne en outre des générateurs de la cohomologie. Parmi les varié-
tés de modules de hauteur nulle isomorphes à N(3,2,3), citons M(4,−1,3),M(11,−4,13),
M(29,−11,73). Ces variétés lisses de dimension 6 sont les variétés de modules non triviales de
la plus petite dimension possible.
J’ignore si le théorème de Białynicki-Birula peut être employé pour les variétés N(q, m, n)
générales. Le point-clé est ici de prouver que l’action d’un tore général T⊂GL(q)n’a qu’un
nombre fini de points fixes.
Les nombres de Betti pairs de N(3,2,3) sont 1, 1, 3, 3, 3, 1, 1, tandis que ceux de Hilb3(P2)
sont 1, 2, 5, 6, 5, 2, 1, d’après [9].
Pour démontrer que l’action de Tsur N(3,2,3) possède un nombre fini de points fixes, on
utilisera une description précise de N(3,2,3), qui permettra en outre de montrer les liens qui
existent entre les deux variétés de modules de dimension 6, N(3,2,3) et Hilb3(P2):
Théorème 4 : II existe un morphisme Hilb3(P2)→N(3,2,3) qui est l’éclatement d’un plan
projectif contenu dans N(3,2,3).
Le diviseur exceptionnel de Hilb3(P2)est l’hypersurface des sous-schémas finis Zde longueur 3
tels qu’il existe une droite `de P2telle que Z⊂`.
Remarque – Les variétés de modules Mde dimension dau plus 5 admettent aussi une
décomposition cellulaire. En effet, seuls les cas suivants peuvent se produire :
d= 2 :Mest alors isomorphe à P2. Par exemple, Hilb1(P2),M(3,−1,2).
d= 4 :Mest alors isomorphe au fibré en espaces projectifs P(S2TP2). Si on impose
−1<c1
r≤0, les seules variétés de modules de dimension 4 sont Hilb2(P2)et M(2,−1,2).
d= 5 :Mest alors isomorphe à P5. Par exemple M(2,0,2),M(4,−2,4).