Université catholique de Louvain
FACULTE DE THEOLOGIE
DE LA VERITE ABSOLUE A LA VERITE DONATION :
INTERACTION ENTRE LA RATIONALITE
PHILOSOPHIQUE ET LA RATIONALITE THEOLOGIQUE
CONFRONTATION ENTRE MARTIN HEIDEGGER ET
CLAUDE GEFFRE
POUR UNE ETHIQUE DU PLURALISME
Mémoire présenté par Jean Paul NIYIGENA
sous la direction du Professeur Eric GAZIAUX
en vue de l’obtention du
Master en THEOLOGIE
LOUVAIN-LA-NEUVE
JUIN 2010
i
DEDICACE
A Charlotte UWAMAHORO
ii
REMERCIEMENTS
Nous exprimons nos sincères gratitudes à Monsieur le Professeur Eric Gaziaux pour
avoir accepté de diriger ce mémoire. Sa disponibilité et son sens de rigueur scientifique ont
été essentiels à la réalisation de ce travail.
Notre reconnaissance va à l’endroit de Monsieur le Professeur André Wénin pour son
soutien humain. Nous remercions tout le personnel de la faculté de Théologie de l’UCL dont
le soutien financier a été indispensable durant ces trois années.
A Son Excellence Monseigneur Kizito Bahujimihigo, évêque émérite de Kibungo,
nous disons merci.
Nous exprimons notre gratitude à Monsieur Jean-Léonard Nkurunziza pour son
hospitalité fraternelle.
A tous ceux et toutes celles dont les gestes ont contribué à la réalisation de ce travail,
nous exprimons notre reconnaissance.
1
INTRODUCTION GENERALE
0.1. Choix de la thématique
La colonne vertébrale de notre travail est la notion de la vérité. La place de la vérité,
dans les sphères aussi bien philosophiques que théologiques, est, sans aucun doute, centrale.
Dans un cadre d’un mémoire de master en théologie éthique fondamentale, nous avons voulu
axer notre réflexion sur la question de la vérité en nous basant sur sa mutation de sens et ses
possibles répercussions sur l’éthique du pluralisme.
Maintes réflexions sur la possibilité d’une éthique du pluralisme, dans d’autres
domaines scientifiques comme la philosophie politique et morale, ont été formulées à partir
des notions comme la justice sociale, l’espace privé, l’espace public, les différentes théories
de la communication, etc. Il nous semble que les fondements d’une éthique du pluralisme
peuvent être pensés à partir de la notion de vérité en tenant compte de l’évolution de son sens
souvent tacite et pourtant important dans la vie quotidienne.
Le lieu de notre réflexion, à savoir : rationalité philosophique et rationalité théologique,
a été choisi en vertu de la place qu’occupe la notion de vérité dans ces domaines à la fois si
proches et si distincts. La philosophie et la théologie constituent également les terrains une
certaine interaction et une forme d’interpellation mutuelles sont développées depuis les débuts
du christianisme. Dans la mesure l’une a influé d’une manière indéniable sur l’autre, nous
pensons qu’il convient de sculpter le sens de la vérité aussi bien dans la philosophie que dans
la théologie chrétienne.
De la métaphysique de Platon jusqu’à la métaphysique de Schelling en passant par celle
d’Aristote et de Thomas d’Aquin, force est de constater que la notion de la vérité est soit
rapprochée soit confondue avec la notion du Dieu chrétien. Cette intercommunication entre la
métaphysique et la théologie autour du sens de la vérité a façonné la manière chrétienne d’être
dans la vérité et de concevoir la vérité. Convaincu de l’interactivité entre les deux rationalités
autour de la vérité, nous pensons que toute tentative de repenser la vérité en philosophie
conduit à se questionner sur la vérité en théologie. La crise de la métaphysique classique ne
laisse pas indemne la notion de vérité en théologie.
Nous sommes persuadé que la vérité tient lieu de moteur dans notre manière d’être au
monde aussi bien pour nos propres et personnelles aspirations que nos relations scientifiques
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et interpersonnelles. Cependant, nous remarquons qu’il y a plusieurs manières de penser la
vérité voire de se réclamer de celle-ci. Partant d’une intelligibilité et d’une communicabilité
présupposées pour toute vérité, même celle révélée, nous pensons qu’il y a une pensée
philosophiquement et théologiquement soutenable qui érigerait la vérité en fondement d’une
éthique du pluralisme à l’heure où, même dans une même Eglise, la pluralité peut être
fructueuse.
Autant nous partons du constat d’après lequel la théologie qui s’est développée en
corrélation avec la métaphysique classique qui sous-tendait un certain style de la vérité aurait
posé les fondements d’une éthique qui a régi la culture occidentale en général et l’Eglise
catholique en particulier, autant nous pensons que la théologie moderne, en lien avec la
nouvelle forme de pensée qui a supplanté la métaphysique traditionnelle, serait capable de
nous fournir les possibilités de penser des fondements d’une éthique du pluralisme, partir du
sens de la vérité.
La conception de la vérité comme absolue est tributaire de la métaphysique telle qu’elle
a été pensée de Platon jusqu’à la modernité. La conception de la vérité comme absolue
influence le positionnement, face aux autres, de celui qui s’en réclame. Penser que l’on se
situe dans la vérité absolue est susceptible de nous couper des autres qui pourraient se
positionner autrement par rapport à ce que nous prenons pour la vérité absolue. Notre projet
se bâtit sur la problématique suivante : En quoi le passage de la conception de la vérité
comme absolue à la « vérité donation » peut-il constituer les bases à travers lesquelles les
fondements d’une éthique du pluralisme peuvent être pensés ? Quel serait le sens de la
« vérité donation » et en quoi elle serait théologiquement et philosophiquement susceptible de
favoriser les fondements d’une éthique du pluralisme ? La tentative de réponse à ces questions
s’étendra sur l’ensemble de notre travail.
0.2. Choix des auteurs
La formulation de notre sujet sous-entend un nécessaire recours à au moins deux
auteurs, l’un pour la rationalité philosophique, l’autre pour la rationalité théologique. Du côté
de la rationalité philosophique, nous tenterons de dialoguer avec Martin Heidegger. Du côté
de la rationalité théologique, notre interlocuteur sera Claude Geffré. Plus d’une raison nous
ont poussé à les choisir comme nos principaux auteurs.
L’importance de la pensée de Heidegger est liée à sa manière de repenser la tradition
de la philosophie qu’il appelle la métaphysique. Le sens qu’il donne au dialogue nécessaire
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