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et interpersonnelles. Cependant, nous remarquons qu’il y a plusieurs manières de penser la
vérité voire de se réclamer de celle-ci. Partant d’une intelligibilité et d’une communicabilité
présupposées pour toute vérité, même celle révélée, nous pensons qu’il y a une pensée
philosophiquement et théologiquement soutenable qui érigerait la vérité en fondement d’une
éthique du pluralisme à l’heure où, même dans une même Eglise, la pluralité peut être
fructueuse.
Autant nous partons du constat d’après lequel la théologie qui s’est développée en
corrélation avec la métaphysique classique qui sous-tendait un certain style de la vérité aurait
posé les fondements d’une éthique qui a régi la culture occidentale en général et l’Eglise
catholique en particulier, autant nous pensons que la théologie moderne, en lien avec la
nouvelle forme de pensée qui a supplanté la métaphysique traditionnelle, serait capable de
nous fournir les possibilités de penser des fondements d’une éthique du pluralisme, partir du
sens de la vérité.
La conception de la vérité comme absolue est tributaire de la métaphysique telle qu’elle
a été pensée de Platon jusqu’à la modernité. La conception de la vérité comme absolue
influence le positionnement, face aux autres, de celui qui s’en réclame. Penser que l’on se
situe dans la vérité absolue est susceptible de nous couper des autres qui pourraient se
positionner autrement par rapport à ce que nous prenons pour la vérité absolue. Notre projet
se bâtit sur la problématique suivante : En quoi le passage de la conception de la vérité
comme absolue à la « vérité donation » peut-il constituer les bases à travers lesquelles les
fondements d’une éthique du pluralisme peuvent être pensés ? Quel serait le sens de la
« vérité donation » et en quoi elle serait théologiquement et philosophiquement susceptible de
favoriser les fondements d’une éthique du pluralisme ? La tentative de réponse à ces questions
s’étendra sur l’ensemble de notre travail.
0.2. Choix des auteurs
La formulation de notre sujet sous-entend un nécessaire recours à au moins deux
auteurs, l’un pour la rationalité philosophique, l’autre pour la rationalité théologique. Du côté
de la rationalité philosophique, nous tenterons de dialoguer avec Martin Heidegger. Du côté
de la rationalité théologique, notre interlocuteur sera Claude Geffré. Plus d’une raison nous
ont poussé à les choisir comme nos principaux auteurs.
L’importance de la pensée de Heidegger est liée à sa manière de repenser la tradition
de la philosophie qu’il appelle la métaphysique. Le sens qu’il donne au dialogue nécessaire