(score MACIS <6), y compris chez les
patients initialement N1 [20].
Le bénéfice le plus important de l’ad-
ministration post-opératoire d’iode 131 peut
donc s’observer chez les patients avec his-
tologie agressive, gros volume ganglion-
naire métastatique initial, métastases gan-
glionnaires en dehors du compartiment
central, et âge au-delà de 45 ans [19]. Ainsi,
certains auteurs recommandent l’adminis-
tration d’une activité élevée d’iode 131
parmi les patients avec risque intermédiaire
de rechute à ceux chez qui le risque de
rechute est le plus élevé et suggèrent qu’une
activité faible peut être insuffisante pour le
traitement [21]. L’intérêt d’administrer
l’iode 131 pour améliorer le devenir à long
terme des patients avec envahissement gan-
glionnaire central microscopique n’est pas
démontré en l’absence d’autres facteurs de
mauvais pronostic, et ainsi le curage gan-
glionnaire prophylactique peut permettre
d’éviter l’administration d’iode 131 aux
patients N0, mais ne doit pas indiquer cette
administration à tous les patients avec enva-
hissement ganglionnaire minime [22].
Les patients à risque intermédiaire peu-
vent être sélectionnés pour l’administration
d’iode 131 en fonction des données post-
opératoires du dosage de la Tg et de l’écho-
graphie cervicale: une fixation de l’iode
131 au niveau de métastases ganglionnaires
a été observée chez 12 % des patients avec
une concentration de de Tg sous l-T4 < 0,6
ng/mL [23], et dans une autre étude chez
6 % des patients avec une concentration de
Tg sous l-T4 < 1,0 ng/ml [24], et chez 7 %
des patients T1-T2, N1 avec une Tg stimu-
lée par la TSH < 1 ng/mL [25]. De plus, la
combinaison d’une échographie cervicale
post-opératoire sans anomalie suspecte et
d’une concentration de Tg stimulée par la
TSH < 10 ng/mL permet d’individualiser
un groupe de patients N1 chez qui le risque
de maladie persistante lors de l’adminis-
tration d’iode 131 est de 6 % [26]. Ainsi,
ni une concentration post-opératoire de Tg
< 1 ng/mL sous l-T4 ou après stimulation
par la TSH ne permet d’exclure compléte-
ment la possibilité que la SCE post-théra-
peutique puisse montrer des fixations gan-
glionnaires en dehors de l’aire
thyroïdienne, mais ces paramètres doivent
être pris en compte avec les autres facteurs
pronostiques pour décider de l’administra-
tion d’iode 131. Bien sûr, le risque de mala-
die persistante augmente avec la concen-
tration post-opératoire de la Tg.
ATA. Faible risque. Dans ce groupe,
le risque de décès lié au cancer et de per-
sistance de la maladie sont faibles, et il
n’existe pas de démonstration que l’admi-
nistration d’iode 131 décalée dans le temps
pour persistance de la maladie diminue les
chances de guérison.
L’administration d’iode 131 n’est pas
indiquée en cas de micro-cancer papillaire
de la thyroïde (< 1 cm, uni- ou multi-focal),
car la survie globale et la survie sans mala-
die sont excellentes en l’absence d’autres
facteurs de risque telles que l’extension
extra-thyroïdienne ou l’existence d’adéno-
pathies métastatiques ([3, 27, 28].
Chez 1298 patients à faible risque sui-
vis pendant une médiane de 10.3 ans,
aucun effet de l’administration post-opé-
ratoire d’iode 131 n’a été mis en évidence
sur la survie globale ou sur la survie sans
maladie [29]. Des données prospectives
suggèrent l’absence d’amélioration par
l’iode 131 de la survie globale, de la survie
spécifique ni de la survie sans maladie en
cas de stade I et II [15, 30]. Dans une étude
rétrospective de 290 patients à faible
risque(T1-T2, N0, M0) qui n’ont pas reçu
d’iode 131 et avec un suivi médian de 6
ans, un seul patient a fait une rechute cer-
vicale [12], 2012), et dans une autre étude
de 136 patients qui avaient une concentra-
tion de Tg stimulée par la TSH <1ng/ml et
une échographie cervicale sans anomalie
suspecte et qui n’ont pas reçu d’iode 131,
un seul a fait une rechute cervicale [31].
Le risque de maladie persistante est
encore plus faible chez certains patients à
faible risque. Une étude rétrospective a
montré qu’aucun des 136 patients à faible
risque (T1-T2) sans métastase ganglion-
naire et dont la concentration de Tg post-
opératoire était < 1 ng/mL après stimulation
par la TSH n’avait de fixation anormale sur
la SCE post-thérapeutique et ces patients
ne justifient probablement pas de l’admi-
nistration post-opératoire d’iode 131 en rou-
tine [25]. Dans d’autres études, aucune fixa-
tion d’iode 131 n’était décelable en dehors
de l’aire thyroïdienne chez aucun des 63
patients à faible risque dont la concentration
de Tg post-opératoire sous l-T4 était < 0,2
ng/mL [32], ni chez 132 patients à faible
risque avec une concentration de Tg
< 1 ng/mL après sevrage prolongé, ni chez
154 patients avec une concentration de
Tg < 0,25 ng/mL sous L-T4 [33, 34].
En conclusion, il n’existe que peu d’ar-
guments suggérant que l’ablation par
l’iode 131 puisse améliorer la mortalité
par cancer de la thyroïde et le risque de
rechute chez les patients à faible risque.
L’iode 131 doit donc être administré de
manière sélective en fonction des facteurs
pronostiques et des résultats de la concen-
tration de Tg et de l’échographie du cou
post-opératoires. Le risque de maladie per-
sistante est globalement de 3 % environ
chez les patients à faible risque et est
encore plus faible lorsque une concentra-
tion de Tg est indétectable, et dans ces
conditions l’administration d’iode 131 peut
ne pas être justifiée. Ceci est particulière-
ment vrai chez les patients N0 et proba-
blement aussi en cas d’envahissement gan-
glionnaire minime. A l’inverse, la
probabilité de démontrer des foyers
métastatiques fixant l’iode 131 sur la SCE
post-thérapeutique augmente la concen-
tration de Tg post-opératoire au-delà de 5-
10 ng/mL, suggérant que l’iode 131 doit
alors être administré même si l’échogra-
TABLE RONDE
43
Janvier-Février 2015 VOL 74 MCED www.mced.fr
Tableau 2. Protocole proposé pour l'ablation chez les patients
à risque faible ou intermédiaire
(1) Commencer la LT4 immédiatement après l'opération. Le traitement par L-T4 sera
maintenu tout le long de la procédure
(2) Programmer l'ablation à un moment adéquat pour le patient et pour l'équipe soignante
(peut être organisée 1 à 3 mois après l'opération voire plus si besoin)
(3) Administrer la rhTSH (10 UI en im J1 et J2)
(4) Administrer l'IRA à J3 (1,1 GBq , 30 mCi).
(5) Organiser une scintigraphie corps entier à J5-8.
JNDES_Grousin-Schlumberger_P36_P47:Mise en page 1 02/01/15 12:16 Page43