Mélanome de la peau
Le mélanome est le plus rare des cancers de la peau
(2 % des cancers cutanés découverts) mais c'est aussi le
plus grave, notamment en cas de diagnostic tardif, en
raison de sa capacité à métastaser [1].
Le principal facteur de risque du mélanome et plus
largement de tous les cancers de la peau est l'exposition
au rayonnement solaire, particulièrement néfaste dans
l'enfance où la peau est très sensible aux ultraviolets. Le
risque de mélanome est aussi fonction du phototype des
individus, plus important chez les personnes à peau claire,
cheveux blonds ou roux et taches de rousseur, qui ne
bronzent pas ou peu. La présence de nombreux grains de
beauté (nævus) constitue également un facteur de risque
[1-3]. Enfin, 10 % des mélanomes surviennent dans un
contexte familial, défini comme la survenue d'au moins trois
mélanomes sur deux générations [4, 5].
La modification des habitudes d’exposition solaire, en lien
avec l'impératif social du bronzage et un mode de vie orienté
vers les activités de plein air, est à l'origine de l'augmenta-
tion importante de l'incidence du mélanome et de la mortali-
té liée à ce cancer depuis les années 50 dans tous les pays
d'Europe, l'Australie et les Etats-Unis [4, 6].
Les taux d’incidence standardisés ont fortement augmenté
en France entre 1980 et 2000, au rythme annuel moyen de
+ 5,9 % chez l’homme et de + 4,3 % chez la femme. Entre
2000 et 2005, la progression a été beaucoup plus modé-
rée, et les projections 2010 montrent une stabilisation des
taux d’incidence pour les deux sexes [7, 8]. Le nombre de
nouveaux cas est estimé à 3 300 chez l’homme et 4 100
chez la femme en 2005 [6].
La mortalité par mélanome a progressé de façon plus
modérée que l’incidence entre 1980 et 2000, avec des
hausses annuelles moyennes de 2,9 % chez l’homme et
de 2,2 % chez la femme. Depuis 2000, la mortalité a eu
tendance à se stabiliser [7, 8]. En 2007, le mélanome de la
peau a été à l’origine du décès de 866 hommes et 666
femmes en France métropolitaine [9].
Le mélanome de la peau est fréquent en Europe, même
si les niveaux d’incidence et de mortalité restent très en
dessous de ceux observés en Australie ou en Nouvelle-
Zélande. Au sein de l'Union européenne, la France
présente des taux d'incidence intermédiaires, entre les
taux élevés du nord de l'Europe et ceux, plus faibles, de
l'Europe du sud [10]. La situation est analogue pour la
mortalité par mélanome, avec toutefois un gradient nord-
sud moins marqué et une position légèrement plus favora-
ble de la France [10].
Le taux de survie relative à 5 ans en France est parmi
les meilleurs d'Europe pour les hommes (83 %), et en
position médiane pour les femmes (88 %) [11].
En France comme dans la plupart des pays, les mélano-
mes sont donc plus fréquents chez la femme, mais leur mor-
talité est plus élevée chez l’homme, ce qui peut s'expliquer
pour partie par un dépistage plus tardif chez ces derniers.
Les personnes atteintes d’un mélanome sont le plus
souvent admises en affection de longue durée (ALD). Entre
2005 et 2007, plus de 6 000 admissions en ALD ont ainsi
été prononcées en moyenne chaque année par les trois
principaux régimes d’assurance maladie [12]. Pour le seul
régime général, le nombre total de personnes en ALD pour
mélanome est estimé à 43 000 en 2009. Ce nombre a
pratiquement doublé en cinq ans [13].
Le traitement du mélanome est dominé par la chirurgie.
A un stade très précoce, il est guéri dans la quasi-totalité
des cas par simple exérèse chirurgicale. En revanche,
l'efficacité des traitements au stade métastatique (radio-
thérapie, chimiothérapie, immunothérapie) demeure
encore très faible avec un espoir dans les années à venir
avec la vaccination et la thérapie cellulaire [14].
Le mélanome a constitué le diagnostic principal de plus
de 12 000 séjours hospitaliers en court séjour en 2007
(hors séances de chimiothérapie et radiothérapie) [15].
L'intérêt du diagnostic précoce de cette tumeur est re-
connu. Son efficacité repose sur la complémentarité de
l'action du patient, du médecin généraliste (ou du méde-
cin du travail), du dermatologue et de l'anatomopatholo-
giste. Les campagnes d'incitation au diagnostic précoce,
développées en France comme dans de nombreux pays,
ont un impact positif mais limité dans le temps. Leur effi-
cacité en termes de diminution de la mortalité n'est pas
encore certaine [2].
La prévention primaire du mélanome reste donc essen-
tielle, par la réduction de l'exposition aux ultraviolets
solaires, au moyen de photo-protecteurs efficaces contre
les UVA et les UVB (indice SPF minimum de 40) mais aussi
aux ultra-violets artificiels, dont les dangers sont mainte-
nant clairement établis. La stabilisation de l'incidence du
mélanome et la baisse de la mortalité en Australie et dans
les pays du nord de l'Europe, probablement en lien avec
les actions massives d'information et de dépistage,
confortent ces orientations [2].
Dans les prochaines décennies, la raréfaction de l'ozone
atmosphérique est susceptible d'augmenter les doses
d'ultraviolets solaires et donc le risque de mélanome [7].
P a y s d e l a L o i r e
La santé observée en Pays de la Loire - 2011 Observatoire régional de la santé
25 mars 2011
Le nombre de nouveaux cas de mélanome de la peau diagnostiqués en 2005 dans la population régionale est estimé
à 460 (fig. 1). Environ 370 personnes ont été admises en affection de longue durée (ALD) pour cette pathologie en
moyenne chaque année sur la période 2005-2007 par les trois principaux régimes d'assurance maladie [12].
Ce cancer a causé 99 décès de Ligériens en moyenne chaque année entre 2003 et 2007 (fig. 4).
54 % des admissions en ALD et 39 % des décès concernent des moins de 65 ans (fig.4). L'incidence est, comme au
plan national, plus élevée chez les femmes que chez les hommes, mais la situation est inverse pour la mortalité (fig. 5).
L'évolution de l'incidence régionale est analogue à celle observée en France. Après une période de forte croissance
jusqu'en 2000, les taux standardisés régionaux d'incidence se stabilisent chez les femmes, et leur progression est dé-
sormais plus modérée chez les hommes (fig. 5).
En 2005, l'incidence du mélanome de la peau en Pays de la Loire est supérieure d'environ 10 % à la moyenne natio-
nale chez les hommes comme chez les femmes. Chez ces dernières, l'écart région/France, qui atteignait 18 % au début
des année 80 s'est réduit, alors que chez les hommes, il tend plutôt à augmenter (fig. 5).
La mortalité régionale connait des fluctuations importantes, en raison de la faiblesse des effectifs concernés, mais
globalement, elle est aussi supérieure à la moyenne nationale (fig. 5).