POINT DE VUE D’ELUS
AVEC LA VENTE ANNONCÉE DE
SA FILIALE DAVIGEL, NESTLÉ
POURSUIT SA CURE MINCEUR
Octobre 2015
Entreen avec Stéphane Baumgartner Délég Syndical Central
CGT, Membre du comité de groupe Nestlé en France, Délégué du
personnel, Membre du CHSCT, Membre du CE, Secrétaire Général du
syndicat CGT Davigel.
DAVIGEL, apparent au groupe NESTLÉ qui met en œuvre une polique de recentrage de ses acvités. Dans
En novembre 2014, NESTLÉ, leader mondial de l’agroalimentaire, a annoncé qu’elle cherchait un nouveau
partenaire pour : “aider sa liale DAVIGEL dans sa prochaine phase de croissance et assurer son développement”.
Une manière habile d’annoncer la cession future de l’entreprise jugée insusamment rentable par rapport aux
autres sociétés du groupe. De fait, six mois après l’annonce de ce qui devait être un partenariat, NESTLÉ
ocialisait la reprise de DAVIGEL par le groupe britannique BRAKES détenu par BAIN CAPITAL, une société
américaine spécialisée en capital-invesssement. Rappelons que cee cession intervient après d’autres
opéraons de délestage iniées dès 2013. À l’instar d’autres géants comme UNILEVER ou PROCTER & GAMBLE,
NESTLÉ s’est en eet lancée dans une stratégie de recentrage de ses acvités autour de son cœur de méer et
de ses marques phares, dans le secteur de la nutrion, de la santé et du bien-être. Un recentrage qui s’est déjà
traduit par la cession de plusieurs marques de produits diétéques : JENNY CRAIG, POWERBAR, MUSASHI et en
2015 par la vente de COCINERA (plats surgelés) à la liale espagnole du groupe FINDUS. Si nous pouvons
comprendre la volonté stratégique qui conduit au rapprochement entre DAVIGEL et BRAKES (amélioraon des
services, ouverture sur de nouveaux marchés internaonaux), nous sommes néanmoins inquiets quant au
devenir des salariés dans ce nouveau contexte. Les intérêts du Groupe BRAKES, propriété du fonds
d’invesssement BAIN CAPITAL, sont avant tout dictés par une logique nancière de retour sur invesssement
pour les aconnaires qui se traduira inévitablement par des économies tous azimuts et les mesures sociales qui
vont avec. Aujourd’hui cee vente à déjà des répercussions économiques pour DAVIGEL. Elle se traduit
concrètement par l’arrêt des invesssements du groupe NESTLÉ sur les sites de producon.
Quels sont les risques sociaux que vous avez idené dans le cadre de ce projet de vente à un concurrent
détenu par un fond d’invesssement ?
La vente de DAVIGEL à BRAKES qui possède déjà en France une liale concurrente, elle aussi spécialisée dans la
distribuon de produits frais et surgelés et d’épicerie pour le secteur de la restauraon hors foyers, va très
rapidement poser des problèmes de doublons de postes au sein des deux entreprises qui sont censées
connuer à exister de manière autonome sur le même marché, avec leur siège social et leurs sites de
distribuon disncts. La coexistence de deux entreprises concurrentes au sein d’un même groupe n’est de
notre point de vue pas viable. À la demande de NESTLÉ et parce que les organisaons syndicales l’ont exigé,
BRAKES s’est engagée à ne lancer aucun plan social dans les 18 mois qui suivraient le rachat, mais passé ce
délai, qu’adviendra-t-il ?
Octobre 2015
Suppressions de postes, délocalisaons, réorganisaons des services et de la producon, revente à la découpe
sont autant de scénarios possibles auxquels nous serons probablement confrontés à moyen termes. Ils sont
d’autant plus plausibles que, BAIN CAPITAL, le fonds de pension américain qui déent BRAKES a déjà à son acf
la faillite de l’usine SAMSONITE d’Hénin-Beaumont en 2007 avec le licenciement de 200 salariés.Non contents
d’être inquiets sur leur sort, les salariés sont désabusés. Leur entreprise, DAVIGEL, qui a réalisé en 2014 un
chire d’aaires de 700 millions d’euros faisait gure de liale exemplaire du groupe. Dans ces condions, il est
d’autant plus injuste qu’ils fassent demain les frais de mesures sociales dictées par la nanciarisaon d’une
économie uniquement basée sur les prots et la rentabilité.
Quelles acons syndicales menez-vous actuellement pour peser sur les condions du projet de cession ?
Le 9 juillet dernier, les organisaons syndicales qui devaient donner leur avis, en Comité d’Entreprise, sur le
projet de cession ont décidé de ne pas prendre part au vote. Ils ont présenté une résoluon adoptée à
l’unanimité par les élus et valant avis sur ce projet. Dans les mois qui viennent, les représentants du personnel
vont se montrer parculièrement vigilants sur les condions de rachat et sur les garanes sociales apportées par
l’acquéreur anglais BRAKES. Pour les salariés en eet, l’engagement pris de ne pas mere en place de plan social
pendant les 18 mois suivant le rachat est largement insusant. Parmi les acons syndicales à mener
rapidement, nous réclamons la reprise des négociaons sur l’accord de Geson Prévisionnel des Emplois et des
Compétences pour 3 ans. Objecf de cee GPEC : sécuriser le devenir des emplois et des salariés et obtenir des
garanes fermes et acceptables. En parallèle, nous réclamons à la direcon plus de transparence et plus
d’informaons sur l’avancement du projet, des études et des audits que le Groupe BRAKES sera amené à réaliser
sur notre système d’informaon ou sur tout autre sujet suscepble d’avoir une incidence sur nos emplois et nos
condions de travail. Grâce au travail mené conjointement avec un cabinet d’avocats missionné pour l’occasion
par les élus et avec APEX qui intervient déjà dans le cadre de l’examen de nos comptes, nous rééchissons à
l’élaboraon d’un plan d’acons stratégique. Grâce aux proposions concrètes et aux revendicaons claires que
nous serons en mesure de formuler, nous souhaitons peser d’avantage dans les futures négociaons. Nous
privilégions pour l’instant le dialogue et l’écoute à la mobilisaon mais nous saurons nous faire entendre.
REPERES
DAVIGEL est spécialisée dans la vente de produits surgelés et réfrigérés pour les restaurants et
restaurants collecfs. Rachetée par le groupe NESTLÉ en 1989, elle emploie 3 100 personnes
(dont 820 sur le site dieppois) et possède trois ateliers de fabricaon à Oranville (Seine-
Marime), Ponvy (Morbihan) et Barbezieux (Charente) ainsi que des liales en Espagne, en Italie
et au Portugal. En 2014, DAVIGEL a réalisé un CA de 700 millions d’euros.
1 / 2 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !