Université Paul Sabatier Faculté de médecine, Toulouse-Rangueil Rapport de stage Service de chirurgie générale Hopital Régional Honorio Delgado Arequipa, Pérou Pauline Lansalot-Matras (DCEM4) Juillet 2011 INTRODUCTION J’ai effectué durant le mois de juillet 2011, un stage à Arequipa au Pérou. Ce stage était le dernier de mon externat. Je voulais profiter de la possibilité qui nous est offerte par la faculté de faire des stages à l’étranger, pour découvrir un nouveau système médical, une façon différente de prendre en charge les patients et d’exercer la médecine, et par la même occasion de visiter un pays, avec son histoire, ses paysages, sa biodiversité, sa culture... C’est ainsi que j’ai décidé de partir au Pérou, un pays qui m’attirait depuis toujours, dans un continent que je ne connaissais pas, où la langue n’était pas une barrière pour communiquer avec les patients. Arequipa est la deuxième plus grande ville du pays, au sud du Pérou. C’est la ville de « l’éternel soleil », il y fait beau toute l’année. C’est une ville riche, de part son histoire, ses monuments, mais aussi sa proximité avec des volcans et les canyons les plus profonds au monde. Mon lieu de stage était le service de chirurgie générale, secteur homme. N’ayant jamais fais de stage en tant qu’externe en chirurgie, j’étais ravie de découvrir cette spécialité, et de voir comment elle était pratiquée au Pérou, pays qui est réputé pour avoir de très bons chirurgiens. LE STAGE Mon stage s’est déroulé à l’hôpital régional Honorio Delgado. Cet hôpital est un hôpital de l’Etat. Il y a deux types de système de santé au Pérou : un similaire à la France, dans lequel les patients ont une sécurité sociale, et donc une couverture maladie ; un autre pour les patients les plus démunis, qui n’ont pas de sécurité sociale et pour lesquels tous les frais de santé sont à leur charge. En fonction de leur système de santé, les patients ne sont pas hospitalisés dans les mêmes hôpitaux. Dans l’hôpital où j’ai effectué mon stage, les patients hospitalisés n’avaient pas de sécurité sociale ; ils avaient donc le plus souvent des maladies à un stade avancé (conséquence de la difficulté d’accès aux soins), peu de moyen pour obtenir des examens complémentaires, des problèmes sociaux dont il fallait tenir compte dans la prise en charge... Le service de chirurgie générale fonctionnait d’une manière similaire à celle que nous connaissons. Le chef de service était le Dr Hugo Paredes Nunez. Il y avait ensuite de nombreux chirurgiens, plus ou moins spécialisés ; des résidents en chirurgie (correspondant aux internes en France, le résidanat de chirurgie générale durant 3ans) ; des internes (après l’externat, les étudiants font des stages obligatoires pendant un an, en chirurgie générale, en médecine interne, en pédiatrie et en gynécologie, avant de passer le concours du résidanat) ; et des externes venant suivre la visite le matin avant d’assister à des cours de chirurgie. Les matinées commençaient par la visite de tous les patients, avec médecins, résidents, internes et externes. Puis, il fallait faire les pansements et les soins post-opératoires, qui étaient réalisés avec les internes du service. Ensuite, selon les programmations, on allait au bloc opératoire pour aider en tant que deuxième assistant, ou on reprenait les dossiers des patients difficiles avec un résident et on discutait, cherchait des solutions, tout en tenant compte des problèmes socio-économiques, de la difficulté d’accès aux examens complémentaires et de la poursuite des traitements à la sortie de l’hôpital. Nous étions 4 étudiantes françaises dans le service (de 2ème, 3ème et 6ème années) et une étudiante des Etats-Unis. Nous avons été très bien intégrées à toute l’équipe soignante. Les médecins étaient attentifs à ce que nous découvrions des pathologies fréquentes dans leurs pays que nous ne connaissions pas, à ce que nous participions toutes à des opérations au bloc opératoire, à ce que nous apprenions à réaliser les pansements (qui sont en général faits pas les infirmières en France). Mais ils étaient aussi à l’écoute de nos avis sur les patients, nous interrogeaient sur les techniques en France. Ce stage était pour nous un véritable échange. Les difficultés que j’ai pu rencontré dans le service concernaient essentiellement l’organisation. Les patients étaient opérés par un chirurgien puis restaient quelques jours dans le service pour les soins post-opératoires. Cependant, ils n’avaient pas de médecins référents. Ainsi, si l’état des patients se compliquait, ils pouvaient parfois attendre plusieurs jours avant qu’un médecin (qui ne les connaissait pas forcément) reprenne le dossier dans son intégralité, ou prenne une décision. Pour nous qui sommes habitués au mode de fonctionnement français, où tout va vite, il était difficile de voir que certains patients, dont l’état de santé était intolérable pour nous, pouvaient rester plusieurs jours sans qu’aucune décision ne soit prise. A cela, venait s’ajouter le manque de moyens ; il pouvait être par exemple moins onéreux d’opérer un patient pour voir s’il avait un cancer, plutôt que de faire un scanner. L’ACCUEIL Pendant toute la durée du stage, j’ai été accueillie par une étudiante en 4ème année de médecine. Je logeais dans sa famille, à 25 minutes en transport collectif de l’hôpital. Cela a été une expérience très intéressante. J’ai ainsi pu partager beaucoup de moments avec sa famille et ses amis. C’est durant cette période que j’ai vraiment découvert la culture, le mode de vie, les coutumes des Péruviens. L’interne du service où j’étais en stage était très active dans l’association APEMH Perù (association pour les échanges internationaux). Elle nous a donc beaucoup aidé à nous intégrer à l’équipe de l’hôpital, mais aussi auprès d’autres étudiants en médecine. Nous étions 6 étudiants étrangers à participer à l’échange avec l’IFMSA, 4 Françaises et 2 Suisses. Nous avons été accueillis par des étudiants de 4ème année, qui nous logeaient, et par les responsables de l’association, qui pour la plupart étaient internes, donc un peu moins disponibles. Cependant, même s’il n’y avait pas de programme social, ils ont quand même trouvé le temps d’organiser des soirées pour que nous nous rencontrions. C’est ensuite entre nous, que nous nous sommes retrouvés, pour visiter la ville et ses environs, et à notre tour nous avons organisé des sorties, où les étudiants d’Arequipa ont pris plaisir à nous rejoindre. CONCLUSION Ce stage a été une expérience très enrichissante. J’ai beaucoup appris, tant au niveau médical que humain. Cet échange m’a permis d’avoir un regard différent sur la médecine en France. En effet, j’ai redécouvert l’importance de l’examen clinique, qui est enseignée en stage mais souvent oubliée à l’ère des examens complémentaires. J’ai pris conscience des facilités que nous avons dans la prise en charge des patients, puisque le problème du coût est relégué au second plan, et qu’une prise en charge globale est mise en œuvre sans trop de difficultés. Cette prise de conscience est, je pense, fondamentale dans notre formation de futurs médecins. Les stages à l’étranger sont donc un très bon moyen de compléter nos stages hospitaliers en France. Les rencontres que j’ai faites lors de ce mois à Arequipa, et lors de mon voyage au Pérou m’ont aussi beaucoup apporté. Le fait de faire un stage dans un pays que l’on visite, est une façon très intéressante d’appréhender et découvrir ce pays, sa culture, ses coutumes...