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Désintermédiation du fi nancement des entreprises en Afrique
Paris EUROPLACE / Casablanca Finance City Authority
Le rapport sur la « Désintermédiation du fi nancement des
entreprises en Afrique », s’inscrit dans le cadre de l’accord
de coopération signé en avril 2013 entre Casablanca
Finance City Authority et Paris EUROPLACE. Il aborde la
thématique de la désintermédiation selon une approche
« transversale », en analysant l’ensemble de la chaine de
fi nancement, dans un contexte ou l’Afrique, nouvelle
frontière de la croissance économique mondiale, doit
relever les nombreux défi s liés au fi nancement. Le rapport
vise en particulier à :
- faire le point sur le processus de désintermédiation en
Afrique à la lumière des évolutions en cours sur les places
fi nancières « matures » et « émergentes » [1ère partie] ;
- analyser le potentiel de développement des
marchés de capitaux africains à l’aune des nouvelles
tendances de la fi nance mondiale, en particulier liées à
l’évolution réglementaire et prudentielle, la révolution
digitale, la montée en puissance des investisseurs dans
le fi nancement direct des entreprises mais aussi de la
mutation progressive de la demande de fi nancement des
entreprises [2ème partie] ;
- identifi er les axes de développement favorisant la
désintermédiation du fi nancement des entreprises en
Afrique et la diversifi cation des canaux de fi nancement
[3ème partie].
I. FINANCEMENT INTERMÉDIÉ OU « INDIRECT »
VS FINANCEMENT DÉSINTERMÉDIÉ OU « DIRECT »
ENJEU CRUCIAL DE L’INTERMÉDIATION DE
L’ÉPARGNE : LE RÔLE DES INVESTISSEURS
INSTITUTIONNELS
Les économies disposant de marchés fi nanciers
«matures», les Etats-Unis, l’Europe et un nombre croissant
de pays émergents disposent d’une base d’investisseurs
institutionnels, domestiques et internationaux importante.
Ceux-ci jouent un rôle crucial dans l’intermédiation de
l’épargne et son orientation vers les marchés fi nanciers,
et notamment le fi nancement des entreprises. Au niveau
mondial on estime le total des actifs gérés par les
investisseurs institutionnels à près de 74tr$ en 2014.
INTERMÉDIATION DE L’ÉPARGNE : OÙ EN EST
L’AFRIQUE ?
A. La taille des investisseurs institutionnels
domestiques africains est encore insuffi sante
pour soutenir effi cacement et durablement le
développement des marchés fi nanciers du continent :
- le secteur de l’assurance est encore de dimension
réduite et ne joue qu’un rôle très limité sur la plupart des
marchés fi nanciers africains ;
- les acteurs de la gestion de l’épargne-retraite (fonds
de pension et caisses de retraite) ne disposent pas d’une
assise suffi samment large pour intervenir effi cacement
sur les marchés fi nanciers en Afrique, en mobilisant des
fi nancements de long terme ;
- les acteurs du capital-investissement jouent un rôle
croissant, mais encore insuffi sant, dans la mobilisation
des fi nancements en faveur des entreprises en Afrique.
B. La base des investisseurs individuels en Afrique
reste limitée, comparée à d’autres régions du monde.
L’épargne des particuliers directement investie sur
les marchés fi nanciers joue un rôle important dans le
fi nancement des entreprises car il s’agit d’une épargne
généralement stable. Or, l’actionnariat individuel est peu
développé en Afrique, le taux de pénétration des marchés
boursiers dans la population est compris entre 10 et 20%
aux Etats-Unis et en Europe, entre 2 et 8% pour les pays
émergents et seulement entre 0 et 3% en Afrique.
C. Les investisseurs internationaux sont encore
insuffi samment présents en Afrique pour soutenir
durablement le développement des marchés fi nanciers.
Ils sont de plus en plus attirés par les opportunités
d’investissement croissantes en Afrique, tirées par une
croissance économique robuste et durable, une moindre
dépendance des revenus des matières premières, une
démographie favorable, une classe moyenne qui s’élargit,
etc.
Dans ce contexte, capter l’épargne internationale est un
enjeu prioritaire pour l’Afrique pour combler la faiblesse
de l’épargne domestique, qu’elle soit institutionnelle ou
Executive Summary