Sur cette photo datant de 2001, des membres d'Al-Qaïda s'entraînent au tir à
la AK-47.
Photo archives AFP
Publié le 03 mai 2011 à 07h57 | Mis à jour le 03 mai 2011 à 08h35
La fin de ben Laden n'est pas celle d'Al-Qaïda
Laura-Julie Perreault
La Presse
Pendant près d'un quart de siècle,
Oussama ben Laden a été l'étoile la
plus brillante de la constellation
Al-Qaïda. Mais son extinction ne
signifie pas pour autant la disparition
de la nébuleuse terroriste,
aujourd'hui présente dans près de
60 pays.
«Pour Al-Qaïda, c'est un échec
d'avoir perdu ben Laden, estime
Henry Abib, professeur de sciences
politiques à l'Université Concordia,
mais ça ne veut pas dire que
l'organisation va disparaître. Depuis
2001, Oussama ben Laden était
surtout un chef symbolique» et
n'était pas impliqué directement
dans les opérations menées au nom
de l'organisation. «Mais on ne peut pas sous-estimer l'importance des symboles», ajoute l'expert.
Au lendemain des attentats du 11 septembre, plus grand coup d'éclat d'Al-Qaïda, l'organisation a essuyé
plusieurs revers. Des centaines de ses membres ont été tués, ses infrastructures ont été détruites et ses chefs,
traqués par les forces américaines, ont dû opérer dans la clandestinité. Du coup, la nature d'Al-Qaïda s'est
transformée.
«Le génie de ben Laden, c'est d'avoir créé une organisation qui peut fonctionner sans son centre», a expliqué à
La Presse Olivier Roy, un des plus grands experts mondiaux de l'islamisme, lors d'une entrevue pour le neuvième
anniversaire des attentats du 11 septembre. Les sections les plus en vue d'Al-Qaïda, dont celles du Yémen et de
l'Afrique du Nord, agissent comme des franchises de la «marque» créée par ben Laden mais ont chacune leur
direction. Ces groupes locaux s'inspirent du concept et des techniques qui font la signature d'Al-Qaïda, mais ils
n'ont pas besoin de l'aval du chef suprême pour agir.
Au cours des dernières années, les experts ont d'ailleurs noté que si le djihad (la guerre sainte) contre l'Occident
reste l'objectif principal d'Al-Qaïda, des différences idéologiques ont apparu au cours des ans entre les différentes
factions du mouvement. La disparition du chef symbolique, seule figure rassembleuse de l'organisation, pourrait
rendre cette nébuleuse terroriste encore plus nébuleuse, croit Mark Sedra, professeur de sciences politiques à
l'Université de Waterloo et chercheur en matière de sécurité au Centre pour l'innovation en gouvernance
internationale. «Les idées centrales du mouvement qu'incarnait ben Laden peuvent perdre du poids. On peut
s'attendre à voir des groupes qui le composent se subdiviser encore», note l'expert.
Cette multiplicité du mouvement n'est pas rassurante. Il est notamment difficile de prévoir ce qui pourrait se
passer au cours des prochains jours et des prochaines semaines. Un ou des groupuscules pourraient décider de