L’Ecume des jours
Adapté du roman de Boris Vian
Cette histoire est entièrement vraie puisqu’elle a été imaginée d’un bout
à l’autre. Boris Vian
Porteur de projet : Emmanuel Dekoninck
L’Ecume des jours – Boris Vian /Emmanuel Dekoninck
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L’Ecume des jours
Adapté du roman de Boris Vian
Mise en scène et adaptation
: Emmanuel Dekoninck
Scénographie et Costumes: Ronald Beurms
Chorégraphie : Bérengère Bodin
Lumières : Thomas Vanneste
Avec : Julien Vargas, Michelangelo Marchese, Aurélien Ringueleim, Gilles Masson, Violette
Pallaro, Antojo, Marie Du Bled, Nancy Philippot.
Un spectacle d’Emmanuel Dekoninck, en coproduction avec la Comédie Claude Volter et
l’Atelier 210, le soutien de l’Eden/PBA – Centre culturel régional de Charleroi, le Centre
culturel de Marche- en –Famenne Ardenne, le centre culturel de Comines-Warneton, et le
centre culturel de Verviers.
Création : septembre – octobre – novembre 2011
L’Ecume des jours – Boris Vian /Emmanuel Dekoninck
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Vous trouverez ci-après une description du projet d’adaptation de « l’Ecume de jours » de
Boris Vian, par Emmanuel Dekoninck. Le spectacle sera créé en septembre 2011 à l’Atelier
210, et sera suivi d’une brève tournée en Wallonie (à Charleroi, Comines, et Marche-en-
Famenne) en octobre, et d’une série de représentations à la Comédie Claude Volter.
Nous sommes encore à la recherche de partenaires pour la création, en Wallonie.
L’écume des jours de Boris Vian
L’imagination vraie
Les univers imaginés me passionnent. Il me semble que c’est la meilleure façon de raconter
le réel. La conception d’un spectacle de théâtre n’a de sens pour moi que s’il fait écho au
réel. Or, paradoxalement, les univers réalistes me semblent très éloignés du réel. Ils sont
infestés de clichés et dépourvus de mystères. J’aime les histoires ou des protagonistes
humains, rugueux, naïfs, instinctifs, sont guidés par un environnement non réaliste mais
truffé de références au réel, de sens et de symboles. L’imagination au service de la vérité
incarnée par des humains sur un plateau de théâtre fait émerger la richesse et le
mystère du réel. « Une souris veut mourir mangée par un chat parce qu’elle ne peut plus
supporter la tristesse de Colin ».
Vian
Vian c’est une parole libre, subversive, intelligente et cohérente. Chez Vian le monde
extérieur est le miroir révélant le monde intérieur. L’imagination n’est jamais anodine, elle
nous éclaire le réel. EIle remplace les vérités cachées par les réalités révélées. Vian ne
photocopie pas le monde, il l’exprime. Ses thèmes sont ceux de la vie : L’amour, le plaisir,
l’argent, l’asservissement, le travail, la religion. Sa plume ne s’embarrasse pas de
dissertation, elle n’est qu’action. Ses personnages échappant à toute description
psychologique, échappent à tout cliché. Vian ne se situe pas dans les vapeurs des mondes
parallèles, c’est un écrivain du réel. Chez Vian, l’existence est fragile et menacée et seuls
valent les instants portés par le plaisir, la musique et l’amour. « L’Ecume des jours »
est un manifeste hédoniste.
L’adaptation
« L’Ecume des jours » est un roman théâtral, oral et visuel dans lequel le narrateur s’efface
pour décrire ses personnages de l’extérieur et choisit de privilégier leur parole. Les dialogues
occupent une place prioritaire et l’absence de commentaires de l’auteur fait du lecteur un
témoin direct des événements. Il n’y a pas de narration dans mon adaptation (ou réduite
à sa plus simple expression). Je veux faire de « l’Ecume des jours » un spectacle d’action.
L’Ecume des jours – Boris Vian /Emmanuel Dekoninck
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Les descriptions visuelles serviront de livret pour la chorégraphe, le directeur musical, le
créateur lumière et le scénographe. Ces artefacts pourront s’imbriquer dans le scénario
ajoutant à la dimension narrative, une dimension plus complexe, rugueuse, poétique,
émotionnelle. Attention, il ne s’agit en aucun cas de partir en roue libre, mais bien d’être au
service de la parole. Le langage simplement diffère. Le théâtre n’est pas obligatoirement une
suite de mots.
Mon envie de faire une nouvelle adaptation est la conséquence directe de la nécessité de
rendre sur scène toute la dimension humaine et poétique de la parole de Vian aujourd’hui.
Les thèmes et la langue
Dans cette histoire où les protagonistes n’apprennent la vie qu’au contact de la souffrance, la
séparation et la renonciation, la solitude et la mort sont autant de thèmes tragiques. L’histoire
ne verse pas pour autant dans le pathos, Vian adopte d’autres registres qui orientent
l’ensemble vers une légèreté apparente. Un langage simple, “bas”, familier, direct, des
questions simples et naïves pour exprimer la révolte devant la mort et la solitude
humaine. L’émotion surgit de phrases brèves, d’exclamations, d’expressions populaires, de
tours enfantins, elle est en phase avec la langue parlée et l’expérience du spectateur.
L’humour noir camoufle des situations désespérées ou dénonce l’indifférence pour la vie
humaine. Le burlesque (Partre, Douglas), le comique de geste (Biglemoi), le comique de
mots dans la parodie du langage outré d’un milieu social, les tournures compassées, les
faux proverbes, le surenchérissement dans le vouvoiement, les jurons à la père Ubu, la
désarticulation de la syntaxe traditionnelle produisent avec brio un style singulier.
Vian par le biais de la bouffonnerie loufoque (hommes d’églises et fonctionnaires) dénonce
les institutions. Ces personnages deviennent des personnages-types de comédie dont les
comportements et les propos font ressortir les défauts.
En contrepoint à ces portraits grinçants, un autre plan nous fait découvrir un monde
féérique. Où les souris jouent avec le soleil, où les orchidées ont un parfum de femme, ou la
chambre gonfle sous l’effet de la musique, bref, où la métaphore nous raconte le réel
révélant son mystère et sa poésie.
Cette mosaïque de tons, loin de nuire au spectacle, permet à la fois de mettre l’accent sur le
scandale de la mort, toucher la sensibilité, mener au rire ou à la critique.
L’Ecume des jours – Boris Vian /Emmanuel Dekoninck
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La rencontre : une définition du théâtre
Je suis athée et mon église est le théâtre. La communion existe, je l’ai expérimentée. La
grâce qui en émerge ne vient pas de mondes parallèles ni d’un Dieu quelconque. Elle est
immanente à cette rencontre entre humains. Au théâtre, le réel devient imaginaire pour
mieux comprendre le réel. L’événement n’est pas tant la représentation scénique que ce
qui émerge de la rencontre humaine durant le temps de cette représentation. Le temps
devient élastique et la parole prend toute sa dimension dans la réalité de l’instant. Dans cette
perspective le spectateur n’est plus un voyeur, mais un acteur à part entière. la puissance du
théâtre et sa grandeur tiennent dans le fait que le sens de la parole défendue a bien plus
d’impact au sein de la rencontre humaine que dans le sens formel de cette parole
même.
Un théâtre d’action
Les personnages du roman se construisent et se révèlent surtout de façon indirecte par les
lieux où ils évoluent, les objets qui les entourent, les actions qu’ils accomplissent et les
événements dont ils sont victimes ou témoins. Je transpose cela dans un théâtre de
l’action, ou le jeu est animal, sans psychologie, réactif, ancré dans la situation. Colin
court quand il songe à épouser Chloé, il court aussi quand il a ses visions funestes, il pleure,
se couche, il agit, il va chez le médecin, le marchand de remède, l’antiquitaire, il va chercher
du travail, monte des escaliers, va et vient. Malgré l’absence de psychologie, la cohérence
des péripéties et des comportements est telle que le spectateur peut s’identifier aux
personnages et les considérer comme des figures symboliques, des types qui incarnent des
comportements universels. Les caractères ne se lisent qu’à la lumière des actes. La
scénographie et l’atmosphère jouent un rôle de révélateur. Les lieux assument un rôle
symbolique. Les routes mènent vers des paysages inquiétants aux sombres couleurs. A la
patinoire, la cruauté et l’indifférence se donnent en spectacle. Par opposition, la maison
s’offre comme un foyer protecteur et lumineux, un refuge contre l’adversité avant de rétrécir
et de s’écrouler. Les modifications du décor et de l’atmosphère déterminent les
comportements et façonnent l’étau qui se resserre autour du couple. Le décor en
mouvement constant guidera les protagonistes.
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