Unis, qui se caractérise en termes analytiques comme capitalisme libéral de
marché ? Ce mouvement se regroupe habituellement sous le vocable de varieties
of capitalism (VOC).
Selon un mouvement parallèle, un nombre significatif de travaux inspirés
par la théorie de la régulation (TR) ont cherché dans des comparaisons interna-
tionales le moyen de percer les régimes de croissance émergents susceptibles de
succéder au fordisme qui avait marqué la rapide et régulière croissance des
Trente Glorieuses ou encore du Golden Age. Dans le passé, les affinités de la TR
se dirigeaient plutôt vers la théorie de la Social Structure of Accumulation (SSA)
(Bowles, Gordon, Weisskopf [1986]). La convergence des préoccupations por-
tait respectivement sur la caractérisation du régime de croissance de l’après
seconde guerre mondiale à partir de la transformation du rapport capital-travail
(Marglin, Schor [1990)] et la recherche d’alternatives à ce régime, avec un accent
tout particulier sur les contradictions Gintis que rencontrait la mise en œuvre
des programmes conservateurs (Epstein, [1995]). Par contre, la SSA s’est pres-
que exclusivement intéressée à la dynamique du capitalisme américain, sans
beaucoup de référence aux autres pays, implicitement analysés comme de sim-
ples déclinaisons de la configuration américaine. Aussi, les trajectoires de la TR
et de la SSA ont progressivement divergé au cours des années 1990. Par contre
est apparu un interlocuteur nouveau, constitué par la VOC, qui partage avec la
TR tant l’orientation pluridisciplinaire – puisqu’elle est le fait de politologues, de
sociologues de l’économie, d’historiens et d’économistes – qu’un usage intensif
des comparaisons internationales dans le but d’élaborer une théorie plus géné-
rale des formes du capitalisme.
Cette convergence d’intérêts pour une économie institutionnelle n’est pas
sans reposer la question de la pertinence, de l’originalité et du devenir de la TR.
Incapables de trouver un successeur au fordisme, certains n’hésitent pas à
considérer que la théorie est morte avec la crise de ce régime (Jessop [1997]).
D’autres évaluations critiques de la TR soulignent qu’à vouloir multiplier les
comparaisons la théorie a dégénéré en une simple description, au point de pen-
ser que le destin des régulationnistes est de dresser une carte un pour un des
capitalismes, alors même qu’une rapide tectonique des plaques modifie en
permanence les institutions et les modes de régulation du capitalisme (Husson
[1999]). La montée en régime des problématiques de la VOC (Iversen, Soskice
[2000] ; Hall, Soskice [2001] ; Streeck, Yamamura [2001] ; Gourevitch, Hawes
[2002]) permet tout autant une alliance – communauté de visions et de projets –
qu’une mise en concurrence – spécialement redoutable lorsqu’on sait l’extrême
inégalité de diffusion des travaux de langue française et de ceux émanant des
universités et centres de recherches anglo-saxons.
Sous la pression conjuguée de ces facteurs, il serait tentant de conclure que
la TR est devenue une variante mineure de la VOC. Au demeurant, l’une et
l’autre de ces problématiques éprouvent quelques difficultés à lutter avec les
gros bataillons qui cherchent à étendre la pertinence de la théorie néoclassique à
des économies riches en procédures de coordination autres que le marché
(normes, conventions, règles, routines, droit, contrat…). Dans la mesure où la