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LA PIÈCE
L’histoire se passe en France, dans les années 70.
Rosalie est aimée par César qu’elle aime aussi. César est drôle et sûr, il parle et aime fort, entoure
Rosalie de chaleur et de verbe. Rosalie est une femme indépendante et lumineuse qui aime la
vie, la liberté et César...
Mais un jour resurgit l’énigmatique et silencieux David, ancien amant de Rosalie, qui est parti
cinq ans plus tôt, laissant leur histoire inachevée.
Rosalie va osciller entre les deux hommes, envisager les possibles, et les regarder l’aimer. Chacun
à sa façon tentera de la garder ou de la séduire mais Rosalie fera un autre choix...
LE MOT DE L’AUTEUR
Quelle émotion! Rosalie, César et David: on s’était quitté depuis longtemps. Je ne regarde pas le lm
quand il passe à la télévision, parce qu’aussitôt je revois ma Rosalie, je revois César les yeux éteints sur
leurs lits de mort et c’est un crève-coeur.
Et voilà qu’un soir de printemps, passant devant un petit théâtre ( les Déchargeurs à Paris ), je les
entends. J’entre, et je les vois.
Je les vois vivants sur la scène, les trois personnages comme une ribambelle, leurs visages multipliés,
leurs voix en écho, en canon, leurs âmes...Leurs âmes échangées dans des miroirs que les jeunes
comédiens se tendent les uns aux autres: ils et elles sont toute une troupe magniquement animée,
inventée par Anne-Marie Philipe. A eux tous, à elles toutes, ils composent une Rosalie ni tout à fait
la même ni tout à fait une autre, ils démasquent César et c’est David qui apparaît en surimpression,
prols empruntés, gestes dépareillés, les scènes se suivent et s’inversent, les acteurs se passent les mots
comme des balles, quel jeu troublant!
Les ombres de Romy, de Sami et de Montand sont là naturellement, brassées comme des cartes.
Mais c’est moi qui, comme tout auteur vivant de transparences, les vois en ligrane. Ce soir dans nos
regards, les jeunes acteurs sont au pouvoir. Seuls entre eux, entre elles.
On m’a raconté l’histoire épatante d’Anouilh se postant au fond de l’orchestre, dans un théâtre où
l’on jouait une de ses pièces. A vrai dire, on la «revisitait», ça se faisait déjà. Une ouvreuse s’approche
de lui dans la pénombre: « Monsieur...Cette pièce, pourriez-vous me dire de quoi il retourne?» Anouilh
répond doucement: «J’aimerais vous aider, Madame, mais moi-même je n’y comprends rien...»
Au petit théâtre des Déchargeurs, j’ai tout compris, mes amis, j’ai tout aimé. Soyez embrassés.
Jean-Loup Dabadie
LE MOT DU METTEUR EN SCÈNE
L’Atelier des Déchargeurs que je dirige a établi un partenariat avec la ville de Deauville qui nous
permet, au terme de deux résidences sur place, de créer un spectacle dans le beau théâtre du casino. Je
cherchais donc à adapter pour Deauville - ville de cinéma, ville des cinéastes - un lm culte et «César et
Rosalie» m’est apparu comme une évidence. Mis en scène par Claude Sautet, sorti en 1972, porté par
Romy Schneider, Yves Montand et Sami Frey, le lm raconte l’histoire d’un trio amoureux.
Nous sommes partis, mes comédiens et moi-même, des dialogues de Jean-Loup Dabadie et Claude
Sautet et avons imaginé le passage de l’écran à la scène. Plusieurs problèmes se sont posés à nous
dans cette tentative de théâtralisation: comment rendre les changements de lieu? Comment jouer
une scène en voiture sans voiture? Comment être à Noirmoutier sous la pluie sans image de la plage?
Comment rendre l’atmosphère enfumée d’une partie de poker? Et celle du marché de Sète?
Cette aventure théâtrale, commencée à la mi-septembre 2013, nous a passionnés et je suis heureuse
que vous la découvriez...
La pièce a été créée à Deauville le 9 février 2014 et reprise aux Déchargeurs en Mai 2014.
Anne-Marie Philipe