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contes et des mythologies, des
fables et des romans initiatiques
que nous allons nous-mêmes lire à
haute voix et faire discuter pour
enrichir le support de nos leçons
d’écriture ou de lecture. N’ayons pas
peur de faire le programme de mathé-
matiques ou de physique en sortant
une question ou une expérimentation
du «Voyage au centre de la terre» ou
de «La guerre du feu».
C’est en donnant une culture partagée
par tous, et non des cours supplé-
mentaires aux moins bons, que nous
allons pouvoir trouver cette dimension
«groupale» indispensable à la pédago -
gie dans une classe hétérogène. Seul
ce fond commun permet de répondre
à la fois à la demande de ceux qui
doivent structurer leur pensée pour
apprendre et de ceux qui doivent
seulement être stimulés pour en arriver
à l’excellence. Il est là le défi de la
pédagogie du XXIe siècle.
Quelles sont les conséquences
pratiques pour la formation des
enseignants et pour l’organisation des
enseignements à l’École ?
S. B. : Resituer les grandes lignes du
programme, à partir d’une médiation
culturelle qui va permettre de faire de
l’interaction entre les disciplines
comme je le propose, n’est pas si com -
pliqué. Je prétends même que c’est à
la portée d’un enseignant débutant.
À une condition toutefois : qu’il soit
soutenu par un véritable travail en
équipe.
Aucune formation initiale, aussi
brillante soit-elle, ne remplacera les
bienfaits d’une coréflexion entre
professeurs pour soutenir un débutant.
Pour améliorer l’efficacité de toutes
les actions pédagogiques, on ne fera
jamais mieux que d’analyser à plu -
sieurs des exemples concrets venant
de la pratique et pouvant donner lieu
à expérimentation. Aucune école,
aucun collège, aucun lieu de formation
ne devraient fonctionner sans
organiser une réflexion hebdomadaire
entre professeurs sur les pratiques
pédagogiques. Mon expérience d’ani -
mateur de ces groupes de réflexion
me montre que c’est bien ici que se
trouve la plus grande marge de
progression pour notre École.
Pourquoi le travail en équipe
des professeurs n’est-il pas géné-
ralisé ?
S. B. : La raison en est simple. Derrière
les problèmes d’organisation et
d’emploi du temps toujours mis en
avant pour expliquer que ces réunions
ne peuvent avoir lieu, il existe chez les
enseignants une véritable crainte de
se montrer dans la difficulté.
La réponse, que chacun va trouver
pour traiter avec les élèves difficiles,
nécessite des choix et une implication
personnelle qu’il est parfois délicat de
mettre en avant et d’analyser dans une
réunion avec des collègues de son
école ou de son collège.
C’est sans doute pour cette raison que
ces réunions ont tant de mal à se
généraliser. Pour dépasser l’écueil, ces
séances de travail collectives doivent
donc être comprises dans l’emploi du
temps des professeurs, devenir obliga-
toires et être payées. C’est comme cela
qu’un jour, elles contribueront très
certainement à la mise en place d’un
véritable travail en équipe dans chaque
école et dans chaque collège.
Entretien réalisé
par Thierry Foulkes
Retrouvez la vidéo de cet interview
sur le site www.se-unsa.org
rubrique «Métier», sous-rubrique «Actu».
Syndicat des enseignants - UNSA
Serge Boimare est directeur
pédagogique du CMPP Claude
Bernard de Paris qui accueille
des enfants en grande difficulté.
Depuis plus de quarante ans,
il travaille avec des enfants
et des adolescents en échec
scolaire comme instituteur
et psycho-pédagogue.
Par ailleurs, il anime des groupes
de réflexion avec des professeurs
sur leurs pratiques pédagogiques.
Il est l’auteur de «L’enfant et la peur
d’apprendre» (déjà vendu en France
à 35 000 exemplaires), dans lequel
il expose son expérience.
Il met en pratique, depuis plus
de trente ans, une démarche
psychopédagogique auprès d’enfants
qui ont pour point commun de
refuser avec force les apprentissages
scolaires. Il vient de publier
«Ces enfants empêchés de penser»
aux éditions Dunod.
Serge Boimare
La culture et le langage sont des outils essentiels pour vaincre l’échec scolaire.
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Interview