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Mises: Lord Keynes and Law’s Say http://www.institutcoppet.org/
de compte contre d’autres biens que s’échangent les biens, nous fait savoir Jean-Baptiste
Say : la monnaie n’est que le moyen d’échange communément utilisé, elle ne joue qu’un rôle
d’intermédiaire ; ce que le vendeur veut finalement obtenir en échange de biens vendus, ce
sont d’autres biens ; tout bien produit est donc en lui-même un prix, pour ainsi dire, en terme
des autres biens produits. C’est pourquoi la situation du producteur d’un bien quelconque se
trouve effectivement améliorée par tout accroissement de la production des autres biens. Ce
qui porte tort aux intérêts du producteur d’un article déterminé, c’est de ne pas avoir
correctement prévu la situation à venir du marché. Supposons qu’il ait surestimé la demande
du public pour sa marchandise et sous-estimé sa propre demande d’autres biens : les
consommateurs ne se soucient pas d’un entrepreneur aussi maladroit ; ses produits, ils ne les
achètent qu’à des prix qui lui font subir des pertes et ils le forcent, s’il ne corrige pas ses
erreurs à temps, à se retirer des affaires. Pour leur part, les entrepreneurs qui ont mieux su
prévoir la demande font des profits et se retrouvent en position d’accroître leurs activités
commerciales. Voilà, dit Say, la vérité qui se cache derrière les affirmations brouillonnes des
hommes d’affaires selon lesquelles la principale difficulté ne serait pas de produire mais de
vendre. Il serait plus exact de dire que le premier et principal problème du monde des affaires,
c’est de produire de la meilleure façon et au meilleur prix les articles qui satisferont les
besoins les plus pressants non encore satisfaits du public. C’est ainsi qu’Adam Smith et Jean-
Baptiste Say ont démoli l’explication la plus ancienne et la plus naturelle des crises
économiques, qu’avaient inspirée les épanchements ordinaires d’entrepreneurs incompétents.
Certes, leur contribution n’avait été que négative. Ils avaient démoli la croyance selon
laquelle les périodes récurrentes de mauvaises affaires étaient dues à une pénurie de monnaie
et à une surproduction générale, mais ils ne nous avaient pas donné de théorie élaborée de la
conjoncture. Ce phénomène, c’est la Currency School britannique qui, bien plus tard,
commencera à l’expliquer. Les contributions d’Adam Smith et de Jean-Baptiste Say, si