SAISON 2015/2016
CENTRE DRAMATIQUE NATIONAL
ORLÉANS/LOIRET/CENTRE
DIRECTION ARTHUR NAUZYCIEL
LE THÉÂTRE EST
UNE IDÉE NEUVE
EN FRANCE
Dans le cours récent des événements
tragiques qui ont frappé notre pays,
chacun d’entre nous a pu éprouver,
avec une réalité brutale, que nous
formions une société. Face à la
barbarie, chacun a pu éprouver en lui
la capacité partagée à dire « je » pour
et avec un autre (« je suis Charlie »,
« je suis Ahmed », « je suis flic », « je
suis juif »…). Chacun a redécouvert
qu’il était possible de dire « nous »,
et qu’il était possible de dire « non ».
Cette réalité simple que nous
formons une société notre pays
a eu pourtant tendance à l’oublier,
au cours de plusieurs décennies où
il s’est persuadé qu’il était d’abord
et avant tout une économie.
Margaret Thatcher disait :
« Il n’y a pas de société. Il n’y a que
des hommes, des femmes et des
familles ». Les manifestations du
11 janvier 2015 suffisent à coup sûr
à lui donner tort : il y a bien une
société, qui se dresse lorsqu’elle
est blessée.
Mais il y a un autre enseignement
que nous pouvons tirer des attentats
du mois de janvier : c’est qu’une
société ne se décrète pas. Elle se
construit. Elle s’invente et s’élabore
dans la dispute et le compromis,
parce qu’elle est affaire de sens.
Et elle exige pour cela des
institutions, des espaces communs,
des politiques publiques, sans
lesquels le besoin de société resurgit
sous des formes pathologiques et
meurtrières. Passées la sidération
de la violence et l’exaltation du
rassemblement, la France « d’après »
a commencé à s’interroger sur ses
besoins réels en matière de sécurité,
de services sociaux, d’éducation,
de santé… Et de culture. (…)
Aujourd’hui, plus que jamais, nous
avons besoin de récits. Nous avons
besoin de récits infiniment multiples,
de représentations et de formes les
plus diverses possibles. Nous avons
besoin de maintenir ouvert l’espace
des variations et des interprétations,
nous avons besoin de doutes et
d’incertitudes. Le fondamentalisme
ne prospère qu’en imposant un sens
unique aux textes et au monde,
en pourchassant tous les actes
et tous les discours qui prétendent
faire varier le sens ou le faire jouer.
Oui, plus que jamais, nous avons
besoin de récits : c’est indispensable
à l’existence même d’une société
laïque.
C’est pourquoi nous disons
qu’aujourd’hui, le théâtre est une
idée neuve en France. Nous disons
que les fables et les simulacres de
cet art archaïque, si modestes et
fragiles soient-ils, auront leur rôle
à jouer dans l’invention de la France
« d’après », parce qu’ils contribuent à
l’entretien public de l’imaginaire dont
notre société a si ardemment besoin.
Et ce que nous disons ici de cette
nouveauté du théâtre, parce que nous
l’aimons et le défendons, parce qu’il
est notre vocation et notre mission,
vaut également pour les autres arts.
Et devrait valoir aussi pour les
crèches, pour les écoles, pour les
universités, pour les services sociaux,
pour les prisons, les hôpitaux et les
cours de justice… Pour tout ce que
Pierre Bourdieu, dans LA MISÈRE
DU MONDE, appelait « la main
gauche de l’état » : tous ces services
publics qui font tenir la société,
qui cherchent à la rendre habitable
et non pas simplement rentable.
Depuis trop longtemps dans notre
pays, un discours sommaire et très
idéologique tente de disqualifier ces
services publics, en les rendant
responsables de tous les maux et de
tous les échecs. (…) On ne dénoncera
jamais assez les dégâts provoqués
par cette conception étriquée de la
politique et de la société. Nous
continuons d’en subir les effets.
Pourtant, si nous voulons réinventer
la société, si nous voulons donner
une chance à la France « d’après »,
il nous faut reconquérir des espaces
publics. Des espaces laïcs et libres,
protégés de la pression violente des
intérêts privés, qu’ils soient religieux
ou économiques. Des espaces où
déployer des récits et développer des
imaginaires. Des espaces où élaborer
l’espoir d’un monde habitable.
C’est un combat urgent, et c’est
un combat politique.
Les théâtres que nous dirigeons
appartiennent résolument à ces
espaces-là. Et ils seront, comme
toujours dans leur histoire, de ce
combat-là. Ils sont plus que jamais
des territoires de la République.
Tribune cosige par l’ensemble
des directeurs-artistes des Centres
dramatiques nationaux, parue
dans Le Monde en janvier 2015.
LA SAISON
EXPANSION DU DOMAINE
DU THÉÂTRE
La saison 2015/2016 du CDN
Orléans/Loiret/Centre est à vivre
comme une dilatation de la forme
et du sens. Elle est expansion des
possibles du théâtre jusque dans
ses confins les plus éloignés.
Elle bascule du texte dramatique
à la littérature pure, de Molière à
Laurent Mauvignier ou Jean-Philippe
Toussaint. Elle concilie un spectacle
en langue des signes (Emmanuelle
Laborit) à un autre, porté par des
ventriloques (Gisèle Vienne). Elle
invite des enfants sur ses plateaux
(LE VOYAGE DE SETH) mais aussi
Emmanuelle Béart, Natalie Dessay,
Marie-Sophie Ferdane, Pio Marmaï,
Stanislas Nordey, Denis Podalydès,
Laurent Poitrenaux… Elle relie
l’ultra contemporain où priment
la danse, la performance, la vidéo
(Winter Family) au classicisme
trompeur qui privilégie l’acteur
sur le plateau (Pascal Rambert).
Elle cultive l’amour éternel
(TRISTAN) mais accomplit la
séparation (L’EMPIRE DES
LUMIÈRES). Elle soliloque follement
(UND) ou opte pour une polyphonie
sauvage (ROBERTO ZUCCO).
La saison 2015/2016 du CDN est
passage, traversée, franchissement
de frontières visibles et invisibles.
Son principe premier s’avoue
centrifuge, la division et la séparation
sont au cœur des spectacles qui la
forgent, mais sa tentation secrète
tend vers le mouvement centripète.
Elle est comme aimantée par son
noyau dur, lequel est franchement
politique.
Au fil des mois à venir, on note ainsi
la venue réitérée de metteurs en
scène-directeurs d’institutions
subventionnées par l’État et les
tutelles locales. De Lorient à
Marseille, en passant par Tours,
Gennevilliers, Valence, les quatre
coins de l’hexagone se sont donnés
rendez-vous à Orléans, qui devient de
la sorte la capitale symbolique de la
décentralisation. Autour et à partir
de ce centre de gravité, filent les
courbes qui constituent la géométrie
organique du théâtre, dont certaines
nous mèneront jusqu’à Séoul avec
l’accueil du Théâtre national de
Corée en mai 2016.
Mais pour finir, la programmation
du CDN Orléans/Loiret/Centre n’a
de sens que parce qu’elle obéit à un
principe supérieur en tous points à
ce qui vient d’être énoncé: le tissage
de tous ces éléments entre eux par
une force dominante. Cette force,
c’est la foi inébranlable, que
partagent public et artistes, dans
l’expansion du domaine du théâtre.
Bienvenue.
SAISON
2015/2016
29 SEP—02 OCT 2015
MACHA MAKEÏEFF
MOLIÈRE
TRISSOTIN
OU LES FEMMES
SAVANTES
19 NOV—20 NOV 2015
ÉRIC VIGNER
TRISTAN
03 DÉC—05 DÉC 2015
PASCAL RAMBERT
RÉPÉTITION
06 JAN—08 JAN 2016
PASCAL RAMBERT
ARGUMENT
06 JAN—15 JAN 2016
PASCAL RAMBERT
ARTHUR
NAUZYCIEL
DE MES
PROPRES MAINS
23 FÉV—26 FÉV 2016
DENNIS COOPER
GISÈLE VIENNE
PUPPENTHEATER
HALLE
THE
VENTRILOQUISTS
CONVENTION
10 MAR—12 MAR 2016
BERNARD-MARIE
KOLTÈS
RICHARD BRUNEL
ROBERTO ZUCCO
JEUNE PUBLIC
POUR TOUS DÈS 7 ANS
26 AVR—30 AVR 2016
EMMANUELLE
LABORIT
LA REINE-MÈRE
17 MAI—21 MAI 2016
KIM YOUNG-HA
ARTHUR
NAUZYCIEL
L’EMPIRE DES
LUMIÈRES
01 JUIN—04 JUIN 2016
HOWARD BARKER
JACQUES VINCEY
NATALIE DESSAY
UND
OPÉRA POUR ENFANTS
JUIN 2016
PHILIPPE DULAT
ARTHUR
NAUZYCIEL
LE VOYAGE
DE SETH
SPECTACLE HORS LES MURS
EN PARTENARIAT AVEC
LE BOUILLON
13 OCT—14 OCT 2015
BÉRANGÈRE
JANNELLE
Z COMME ZIGZAG
ÉVÉNEMENT
05 DÉC 2015
LAURENT
MAUVIGNIER
DENIS PODALYDÈS
CE QUE
J’APPELLE OUBLI
CARTE BLANCHE
À THÉÂTRE OUVERT
17 DÉC 2015
RODOLPHE CONGÉ
NICOLAS DOUTEY
L’INCROYABLE
MATIN/JOUR
MUSIQUE/LITTÉRATURE/VIDÉO
22 MAR 2016
JEAN-PHILIPPE
TOUSSAINT
M.M.M.M.
INDISCIPLINE
26 MAI 2016
WINTER FAMILY
NO WORLD/FPLL
SOIRÉES-DÉBAT
JOËLLE GAYOT
ORLÉANS BIS:
LE TOUR
DE FRANCE
DES CDN
LE TOUR DE FRANCE DES CDN
ÉTAPE N*1/ MARSEILLE
MACHA MAKEÏEFF
MOLIÈRE
TRISSOTIN
OU LES FEMMES
SAVANTES
MAR 29 SEP 2015 20H30
MER 30 SEP 2015 20H30
JEU 01 OCT 2015 19H30
VEN 02 OCT 2015 20H30
SALLE JEAN-LOUIS BARRAULT
DURÉE ESTIMÉE 2H15
Écrite en alexandrins, cette
grande comédie nous précipite au
ur d’un conflit familial où les
protagonistes s’écharpent à coups
de mots « Veux-tu toute ta vie
offenser la grammaire ? » est l’un
des cris du cœur qu’on entend au
passage mais aussi de désirs,
de mensonges et de stratames.
Cest que Philaminte, épouse
toute-puissante de Chrysale,
sa fille Armande et sa sœur
Bélise, n’entendent pas qu’on
les réduise à l’état domestique.
Ce sont des femmes qui pensent,
expérimentent, et qui le font
savoir. Face à elles, un époux
impuissant et père dépassé,
une cadette rebelle qui aspire
à un mariage libérateur,
deux prétendants : Clitandre,
l’amoureux tiraillé entre les deux
urs, et Trissotin, le pédant
verbeux, dangereux prédateur.
Cette faune cacophonique est mise
en sne par Macha Makeïeff
dont on sait l’attention qu’elle
porte aux détails qui foudroient
et le net intérêt pour ce que
dissimule la surface lisse des
apparences. On retrouve dans
TRISSOTIN OU LES FEMMES
SAVANTES ce regard déca,
tendre et drôle qui a marqué
les spectacles de la compagnie
Deschamps et Makeïeff,
également à l’origine de la série
visée Les Deschiens. Dans
cette nouvelle création, l’actuelle
directrice du Théâtre national
de La Criée à Marseille interroge
la place des femmes et leurs
possibilités démancipation dans
un monde encore très fortement
dominé par le masculin.
« Quoi ? Monsieur sait du grec ?
Ah ! permettez de grâce,
Que pour l’amour du grec,
Monsieur, on vous embrasse. »
— Philaminte, TRISSOTIN OU
LES FEMMES SAVANTES
Avec
Marie-Armelle Deguy
Arthur Deschamps
Karyll Elgrichi
Vanessa Fonte
Arthur Igual ou
Philippe Fenwick
Camille de la Guillonnière
Atmen Kelif
Ivan Ludlow
Thomas Morris
Geoffroy Rondeau
Vincent Winterhalter ou
Louis-Do de Lencquesaing
Maud Wyler
Texte: Molière; mise en scène, décor
et costumes: Macha Makeïeff;
lumières: Jean Bellorini, assisté de:
Olivier Tisseyre: son: Xavier Jacquot;
coiffures et maquillage: Cécile
Kretschmar; assistants à la mise en
scène: Gaëlle Hermant et Camille de
la Guillonnière; assistante à la
scénographie et accessoires: Margot
Clavières; construction d’accessoires:
Patrice Ynesta; assistante aux
costumes: Claudine Crauland;
régisseur général: André Neri;
iconographe: Guillaume Cassar;
diction: Valérie Bezançon; fabrication
du décor: Atelier Mékane
Production: Théâtre national de
Marseille La Criée
Coproduction: Festival des Nuits de
Fourvière; Théâtre Gérard Philipe,
Centre Dramatique National de
Saint-Denis; Centre Dramatique
National Orléans/Loiret/Centre;
Centre Dramatique Régional de
Tours–Théâtre Olympia
Création/Coproduction
CDN Orléans/Loiret/Centre
RENDEZ-VOUS
AUTOUR DU SPECTACLE
RENCONTRE AVEC L’ÉQUIPE
JEU 01 OCT 2015
ATELIER DU CDN
Dialogue à l’issue
de la représentation.
LE TOUR DE FRANCE DES CDN
ÉTAPE N*1/ MARSEILLE
ORLÉANS BIS
OCT 2015
ATELIER DU CDN
Joëlle Gayot, journaliste à France
Culture, reçoit Macha Makeïeff,
metteur en scène de TRISSOTIN
OU LES FEMMES SAVANTES
et directrice du Théâtre national
de La Criée à Marseille.
ORLÉANS BIS:
LE TOUR
DE FRANCE
DES CDN
La mission première d’un Centre
Dramatique National est la création
théâtrale. Créés au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale, il en existe
aujourd’hui une trentaine en France.
Mis au service du projet de
décentralisation dramatique et de
démocratisation culturelle imaginé
par Jean Zay, impulsé par Jeanne
Laurent puis André Malraux, ils sont
les piliers de la politique culturelle
hexagonale qui continue de défendre
l’idée que l’art, la culture et le
théâtre doivent répondre à une
mission de service public, c’est-à-dire
proposer une offre artistique de
qualité et accessible à tous sur
l’ensemble du territoire national.
La direction des CDN est confiée
à des metteurs en scène afin d’y
conduire un projet artistique sur
la durée, ancré sur un territoire
et partagé avec le public. Les CDN
sont aujourd’hui uniques au monde
et réunissent plus d’un million de
spectateurs chaque saison.
« Choix fort de programmation :
la saison 2015/2016 voit converger
dans les murs du théâtre des
metteurs en scène qui sont
également patrons de Centres
Dramatiques Nationaux.
Voici la liste : Macha Makeïeff/
Marseille, Éric Vigner/Lorient,
Pascal Rambert/Gennevilliers,
Arthur Nauzyciel/Orléans, Richard
Brunel/Valence et Jacques Vincey/
Tours. Puisque la décentralisation
s’est ici donnée rendez-vous, nous lui
consacrerons intégralement le cycle
des Orléans bis. Ils seront l’occasion
de passer au scanner ce réseau né
après-guerre. De l’économie à
l’esthétique, en passant par la
politique et l’histoire, les questions
ne manquent pas : comment les CDN
résistent-ils à la crise ? En quoi leur
existence est-elle nécessaire pour
combler tous les publics de toutes les
régions ? Pourquoi faut-il maintenir
des artistes à la tête de ces lieux ?… »
— Joëlle Gayot
LES DATES
DU TOUR DE FRANCE DES CDN
OCT 2015 MARSEILLE
NOV 2015 LORIENT
JAN 2016 GENNEVILLIERS
MAR 2016 VALENCE
MAI 2016 ORLÉANS
JUI 2016 TOURS
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