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Nous vous proposons un plan détaillé que vous pouvez rédiger en y intégrant des citations extraites du poème.
Introduction
Amorce : Le poète est souvent considéré comme un fantaisiste et un rêveur
(exemples). Queneau puise son inspiration poétique dans des sujets souvent
banals et par là même inattendus en poésie. Il marque aussi sa fantaisie dans
la forme de ses poèmes et dans un mélange de registres cocasse.
Le texte : Dans Courir les rues, le poème « En cas d’arrêt même prolongé »,
un incident banal pour tout Parisien – une panne de métro – suscite des
visions fantastiques angoissantes ; mais cet effroi est atténué par un
humour qui allège l’atmosphère.
Annonce du plan : le récit teinté d’humour d’une expérience banale ;
l’irruption du rêve dans une atmosphère angoissante.
I. Le récit teinté d’humour d’une expérience banale
1. L’évocation d’un incident banal : une panne dans le métro
• Cadre de l’incident précisé au premier et au dernier vers : « Le métro tombe
en panne / le métro repart » ; « les murs » et « les images sur les murs ».
• La panne de métro s’accompagne d’une panne d’électricité (v. 2 et 24).
• Le titre renvoie à une partie de la consigne donnée habituellement aux
voyageurs par haut-parleur ou sur des affiches dans cette situation : « En
cas d’arrêt même prolongé… ».
©HATIER
• Pas de noms propres ou de précisions spatiotemporelles qui donneraient
de la singularité à cet incident.
• L’évocation explicite de cet incident habituel, faite au présent (qui le rend
encore plus proche du lecteur), encadre le poème.
• Sa brièveté est suggérée par la brièveté du poème et par les vers, souvent
très courts (v. 2 : 2 syllabes ; v. 7 : 4 syllabes ; v. 20 : monosyllabe…).
2. L’évocation des voyageurs et de leurs réactions
• Des personnages indistincts, désignés de façon impersonnelle :
« personne », « un plaisantin », « quelqu’un ».
• L’attente des voyageurs est signalée à trois reprises : « personne ne
bronche » (2 fois), « silence ».
• Réactions : le « silence » et l’immobilité, suggérée par les formes négatives :
« pas un […] bouge », « pas un […] pas un… », traduisent le saisissement et la
panique des gens (d’autant plus qu’aucune cause de la panne n’est suggérée).
3. Un humour qui dédramatise l’incident
• L’étrangeté de cette foule figée (v. 4-7).
• Des références décalées et absurdes, des éléments surréalistes dans ce
contexte : « un bateau », « un pêcheur dans l’eau » en plein métro !
• L’incongruité de la farce d’un des voyageurs, à la réaction enfantine et
fantaisiste, est aussi en décalage avec la panique : « un plaisantin fait hou
hou » (naïveté de l’onomatopée).
• Le niveau de langue familier : « bronche(r) », « s’amène tout un peuple ».
• Les jeux de rimes : « éternue » / « revenue », comme si l’éternuement,
phénomène trivial qui évoque un bruit disgracieux, avait un pouvoir magique
(cf. la précision « en même temps »).
• La caricature des « fantômes » : « les dents longues et le nez creux ».
• Plus subtilement :
– le bric-à-brac des morceaux de musique, des tons, d’époques différentes
(v. 11, 12, 13) ;
– la fantaisie dans la longueur des vers et dans leur disposition sur la page.
[Transition]
Cette fantaisie est là pour désamorcer ce qui, au fond, est générateur
d’angoisse : un rêve fantastique.
II. L’irruption du rêve et de l’angoisse
1. Un cadre générateur d’angoisse
Un contexte qui crée une atmosphère propice à l’angoisse :
espace clos (le métro et ses « wagons ») ; obscurité (« wagons obscurs ») ;
froid (« courants d’air froid ») ; « silence » (phrase nominale qui fige la
scène) ; et immobilité.
©HATIER
2. Les éléments déclencheurs du rêve et de la fantasmagorie :
l’imagerie
Une vision soudaine, soudaineté rendue par l’expression « Et voilà que… ».
• Rôle des « affiches » dans le surgissement des images cauchemardesques (« ils descendent des affiches », « les images sur les murs ») → sont le
support matériel de la vision angoissée de la partie centrale du poème.
• Les images, au sens littéraire du terme, ajoutent des éléments déclencheurs
de rêve et générateurs d’angoisse : cf. métaphores des « catacombes » (référence morbide) et des « égouts » – qui suggèrent un espace insalubre – pour
désigner les « couloirs » ou le souterrain du métro (sorte de sépulcre).
3. Le cauchemar et la fantasmagorie : à voir et à entendre
• L’apparition des fantômes, présentés en foule (« peuple » ; emploi du pluriel), aux « dents » menaçantes (« longues » : quelque chose des vampires ?).
• La sonorisation de la scène :
– « chant » : fantômes associés à un chant révolutionnaire avec la
« Carmagnole », donc à la violence, et à la mort avec le « Dies irae » ;
– mélange hétéroclite de sons divers : « Carmagnole », air médiéval, prière,
« chalumeaux » ;
– l’impression d’un refrain lancinant par le retour de certaines sonorités
sourdes et nasales en -ant : « fantômes », « accompagnements », « dents »,
« descendent », « en », « arpentant », « faisant », « courants ».
• Les mouvements au ralenti : le verbe « descendent ». Le présent et le participe présent présentent les actions dans leur durée. L’expression « de
large en long » suggère la répétition du même mouvement, à laquelle
s’ajoute l’impression de proximité grandissante (due aux gros plans).
• Le mystère apporté par le verbe « se cachent ».
• L’absence de ponctuation → effet de ralenti et rythme lourd.
→ Tout cela nous fait vivre l’angoisse des voyageurs.
• Mais les traces d’humour, notamment la caricature des fantômes, tempèrent l’angoisse suggérée.
Conclusion
Fantaisie du mélange des registres et des tons propre aux surréalistes.
Mais, au-delà, affirmation des deux aspects de la poésie, à première vue
contradictoires : proche de la réalité et en même temps créatrice d’un autre
monde.
©HATIER
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