Violences faites aux femmes
Un parcours en 6 séquences.
Les rapports entre les hommes et les femmes tels que nous les vivons aujourd’hui sont le
résultat d’une histoire longue et complexe, faite de rejets et d’ajustements, de luttes contre des
formes de société qui se sont constituées au fil des siècles et de réflexions qui ont
véritablement permis de faire avancer la situation des femmes en France et dans le monde.
Cependant, malgré les progrès indiscutables qui peuvent être constatés dans la place faite aux
femmes dans les sociétés antillaises, il demeure un certain nombre de questions qu’il est
urgent d’aborder tant ils déterminent l’avenir des individus dans nos sociétés .
Le texte Jaz de Koffi Kwahulé et la mise en scène qu’a choisi d’en proposer Gerty Dambury
sont un support à un questionnement sur :
- les rapports de domination,
- le harcèlement
- les violences conjugales et les agressions sexuelles
- la prise en compte des risques dans la conception de l’espace public,
- la folie,
- la manière dont l’art - en particulier le théâtre - rend compte de ces différentes
questions.
Les rapports de domination
La question des attitudes de domination des hommes sur les femmes trouve son origine dans
un certain nombre de stéréotypes diffusés dès la petite enfance sur le “role de l’homme” et le
“rôle de la femme”.
Ces stéréotypes reposent sur une conception essentialiste des hommes et des femmes : la
femme naîtrait dotée d’un certain nombre de qualités et de défauts, de même pour l’homme.
Les qualificatifs attribués aux deux sexes inscrivent les individus dans des évidences qu’il
devient, par la suite, difficile de combattre.
Ainsi les hommes l’on attend généralement des hommes qu’ils soient “courageux, forts, sûrs
d’eux-mêmes, maîtres de leurs émotions, entreprenants” et des femmes qu’elles soient
“douces, perfides, lâches, facilement dépassées par leurs émotions”. Certaines de ces
assertions connaissent des variations dans la société antillaise : en effet, la femme dite
potomitan n’est-elle pas elle aussi une représentation qui impose aux femmes des Antilles un
certain type de réactions face aux événements, sans qu’il leur soit toujours possible d’exprimer
leur ressenti véritable ?
À ces conceptions stéréotypées, la célèbre phrase de Simone de Beauvoir : “On ne naît pas
femme, on le devient”, apporte un démenti cinglant et porte l’accent sur le rôle de l’éducation et
de l’organisation de la société, de la place faite aux femmes dans la société.
Les femmes sont encore, pour beaucoup, ressenties comme coupables d’être attirantes,
coupables d’être libres, coupables de vouloir être maîtresses de leur destin.
“Et tu as le viol plaqué sur chaque pore de ta gueule,
sur le bout de tes doigts,
sur la pointe de tes seins,
sur la crête de ta fange”. Jaz, de Koffi Kwahulé.
Pistes pédagogiques
Etudier la place de la femme au sein de la société et de la famille en histoire, littérature,
philosophie.
On pourra avantageusement étudier des passages de Sé Kouto Sèl de France Alibar.
L’ouvrage de Simone Schwarz-Bart, Pluie et Vent sur Télumée-Miracle donnera aussi un
aperçu de la place de la femme au sortir de la société esclavagiste.
Analyser le rôle du cinéma dans la diffusion des stéréotypes sur le genre/ Analyse du western
et du film d’amour. (voir références)
Harcèlement au travail et dans l’espace public
Le harcèlement découle de manière quasi automatique du sentiment de domination abordé dans la
précédente séquence. Le harcèlement vient signifier que la femme appartient à l’homme et que, de
ce fait, que ce soit sur le lieu de travail, dans l’espace public, dans les groupes sociaux qu’ils
fréquentent tous deux, l’homme se pense autorisé à signifier à la femme les termes de sa domination.
Le harcèlement sur le lieu de travail est un phénomène en pleine expansion qui a été longtemps
sous-estimé mais qui, aujourd’hui, est puni par la loi. Cette loi concerne autant le harcèlement
provenant d’un supérieur hiérarchique que celui émanant d’un collègue de travail.
Le harcèlement sexuel dans le domaine public est également un délit : les attouchements, les
exhibitions, la masturbation. Il s’agit d’agressions sexuelles.
Les femmes et les jeunes filles ne jugent pas toujours nécessaire de porter à la connaissance de
leurs relations, parents et amis des faits qui sont graves et peuvent être le prélude à des agressions
caractérisées. Le fait d’être suivie, observée, insultée, de subir des avances en font partie.
Cette attitude de non-dénonciation des agressions dites mineures est en générale analysée par les
spécialistes comme une conséquence de l’éducation des jeunes filles à qui l’on inculque l’idée que
“tous les garçons sont comme cela”, à savoir qu’ils éprouvent le besoin de manifester leur intérêt à
une jeune femme par des attitudes qui ne sont pas respectueuses de l’intégrité de cette dernière.
En fait elle aurait dû.
À cause de ce qui s’était passé dans les escaliers.
De leur immeuble.
Jaz revenait de chez l’épicier.
Il l’attendait dans l’escalier. Jaz de Koffi Kwahulé
Pistes pédagogiques
La place de la femme dans la cité grecque : rapts, viols et sacrifices pourront être abordés en
classe d’hitoire en seconde
Iphigénie d’Euripide, extraits qui pourraient être étudiés en littérature
Le temps des jeunes filles dans la cité grecque (extraits, texte en annexe)
La morale, le sujet, le désir pourront être étudiés en philosophie
On pourra également aborder la question du Viol comme arme de guerre (cf. les derniers récits
concernant la République Démocratique du Congo)
Violences conjugales
Les chiffres sont incontournables : en France une femme meurt sous les coups de son mari
tous les deux jours et demi.
Cette explosion des chiffres a sans doute pour cause le fait que les femmes osent désormais
parler des violences qu’elles subissent et que la mort d’une femme sous les coups de son mari
n’est plus reléguée aux faits divers de la “passion amoureuse”.
Mais ce phénomène a toujours existé et est tellement répandu en Europe - où l’on peut
compter quasiment deux meurtres par jour - et dans le monde, qu’il conviendrait, selon
Ignacio Ramonet de le considérer comme une atteinte majeure aux droits de l’être humain.
“Cette violence – sur laquelle les organisations féministes attirent depuis longtemps
l’attention des gouvernants (6) – atteint, à l’échelle planétaire, un tel degré de virulence qu’il
faut désormais la considérer comme une violation majeure des droits de la personne
humaine, doublée d’un problème important de santé publique. Car il n’y a pas que les
attaques physiques, aussi meurtrières soient-elles, il y a aussi les violences psychologiques,
les menaces et intimidations, et les brutalités sexuelles. Dans de nombreux cas, d’ailleurs,
toutes les agressions se cumulent(Ignacio Ramonet, Violences mâles, Le Monde
diplomatique, juillet 2004).
De nouvelles lois ont été votées en ce sens et l’Espagne, en particulier, constitue un exemple
de la lutte engagée contre les violences faites aux femmes.
En France, la lutte contre les violences faites aux femmes a été décrétée “Grande Cause
Nationale de l’année 2010”.
Les rapports rédigés sur la question des violences conjugales pointent la question de l’emprise
de l’homme sur la femme et de l’espoir toujours maintenu par cette dernière que “les choses
vont s’arranger”. Cela pose la question de la vision de l’amour et de l’attachement qu’ont
certaines de ces femmes : être battue peut-il être la marque d’un amour immodéré ?
Nombre de nos proverbes – en français ou en créole – perpétuent une fausse vision de l’amour
et de l’attachement, ils ouvrent la porte à l’indulgence face à ces questions, voire à
l’amusement.
Vous voulez savoir pourquoi je ne le quitte pas ? Je ne peux pas quitter
quelqu’un qui m’aime autant, quelqu’un qui a peur que je l’abandonne. Je ne
sais pas ce qu’il y a sur moi mais il veut le garder. Et ça, c’est mon sirop à moi.
C’est mon sirop d’ici. Je n’ai jamais eu ça. Nulle part !
Trames de Gerty Dambury
Pistes pédagogiques
Vidéo : Film (2mn 30 s) d’Amnesty International, réalisé par Olivier Dahan “ne restons pas
muets face aux violences conjugales”
Film du Secrétariat d’etas chargé de la famille et de la solidarité : “La Voix”.
Littérature : Extraits de Trames de Gerty Dambury (La femme lapidée, La Femme sur le
boulevard)
Education Civique : Exercice de la citoyenneté : Garantir l’égalité des personnes.
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