| Sébastien ABIS & Thierry POUCH |
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européenne, et à intégrer l’agriculture dans le processus général de la
modernisation et de la croissance économique.
La double impulsion donnée par la PAC et les LOA de 1960-
1962 débouchent sur une croissance soutenue des productions
agricoles françaises, faisant du secteur l’un des plus performants du
monde. La progression est telle qu’elle débouche sur la formation
d’avantages comparatifs orant à la France l’opportunité de
s’insérer dans les échanges internationaux de produits agricoles et
alimentaires, et d’en devenir l’un des grands exportateurs. Céréales
et produits céréaliers, produits laitiers, vins et boissons, sucre, tels
sont les principaux domaines dans lesquels la France va durablement
s’installer dans la position d’exportateur mondial de premier plan,
au point, progressivement, de dégager et d’accumuler des excédents
commerciaux agroalimentaires à partir de 1978 et jusqu’à nos jours.
En 2012, l’excédent commercial en produits agricoles et alimentaires
a frôlé les 12 milliards d’euros, juste derrière l’aéronautique.
L’entrée dans la mondialisation se concrétise toutefois par une
mutation de la hiérarchie des nations exportatrices de produits
agricoles. L’armation de nouveaux concurrents comme le Brésil
est porteuse d’une érosion relative des performances françaises à
l’exportation. Deuxième exportateur mondial en 1990, le secteur
connaît un déclassement ensuite puisqu’il occupait en 2011 le
cinquième rang, derrière les États-Unis, les Pays-Bas, l’Allemagne et
désormais le Brésil.
Cette érosion entre par conséquent pleinement dans la
problématique du déclin, dont le rapport de Louis Gallois retrace la
genèse tout en suggérant des pistes pour stopper cette dégradation
de la compétitivité de l’économie française. Sauf que le rapport
Gallois ne dit mot du secteur agricole, et très peu sur l’industrie de la
transformation. De plus, l’évolution du secteur agricole depuis 1990
est assez paradoxale. Non seulement l’érosion des parts de marché
est réelle, mais elle est en réalité contrebalancée par la solidité et la
durabilité de l’excédent commercial agroalimentaire. Il faut y voir le
signe que la France est en mesure, dans le contexte actuel de tensions