La BCE choisit le verbe pour combattre l`inflation faible

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vendredi 04 avril 2014 - N 5405
www.latribune.fr
France Métropolitaine
CAC 40 : 4449,33 pts +0,42%
FTSE (6 649 / -0,15%)
1 = 1,3718$ (-0,35%)
BRENT (105,2$ / +0,80%)
OR (1 284,9$ / -0,42%)
La BCE choisit le verbe pour
combattre l'inflation faible
Aucune baisse des taux,
aucune action non
conventionnelle, aucune
mesure nouvelle. Seule
inflexion : une inflexion de
parole en guise
d'introduction. Mario Draghi a
insisté sur la détermination et
l'unité de la BCE pour
combattre la faiblesse de
l'inflation. On en restera là
pour cette fois.
FISCALITÉ DES ENTREPRISES
TÉLÉCOMS
BANQUE DE DÉTAIL
Le gouvernement
prépare un CICE pour
tous les salariés
Roaming : les
eurodéputés votent la fin
des frais d'itinérance
Comment bâtir "l'Airbus"
des moyens de paiement
Selon nos informations, le crédit
d'impôt pour la compétitivité et l'emploi
pourrait être dopé pour bénéficier à
toutes les entreprises.
Le "roaming", les frais d'itinérance
facturés par les opérateurs, sera
supprimé au sein des pays de l'Union
d'ici au 15 décembre 2015.
Au même titre que l'aéronautique ou le
luxe, la France dispose d'un fleuron
industriel caché : les moyens de
paiement.
Sommaire
04/04/2014
ÉCONOMIE
Le gouvernement prépare un CICE pour tous les
salariés
Selon nos informations, le crédit d’impôt pour la compétitivité et
l’emploi (CICE) pourrait être dopé pour bénéficier à toutes les
entreprises et à tous les profils d’emplois.
Les Français veulent relancer l'économie mais pas à leurs dépens
"Il y a une vraie cohérence à plaider ce que Laurent Fabius appelle la
diplomatie économique" (Elisabeth Guigou)
Le quai d'Orsay obtient la tutelle du commerce extérieur
Ce que pense la presse étrangère du gouvernement Valls
Patrimoine : l'ancienne ministre Benguigui visée par une enquête
préliminaire
2.892 euros : le coût mensuel moyen d'une place en maison de
retraite
"Un petit boulot (payé moins que le Smic) c'est mieux que pas de
boulot" (Pascal Lamy)
Michel Sapin veut renégocier la baisse du déficit avec Bruxelles
"Commissaire européen? Je m'en sentirais parfaitement capable"
(Moscovici)
En Chine, une affaire de corruption à 10,5 milliards d'euros
La croissance des services rassure un peu en Chine
Zone euro: l'OCDE suggère un peu de souplesse dans la rigueur
"Commissaire européen? Je m'en sentirais parfaitement capable"
(Moscovici)
La BCE choisit l'arme verbale pour combattre l'inflation faible
La BCE maintient ses taux en avril
La Grèce revient sur les marchés : une victoire de l'austérité ?
Ukraine: bientôt la suppression des droits de douane par l'UE
ENTREPRISE
Edition du 04/04/2014
page 2/101
Sommaire
04/04/2014
Et si le Qatar montait à bord du Rafale en juin
Le Qatar pourrait annoncer son choix en faveur du Rafale lors de
la visite officielle à Paris au mois de juin du nouvel émir, cheikh
Tamim Ben Hamad Al Thani.
Les aéroports doivent-ils payer les compagnies pour les attirer ?
(Aéroports de Paris, Air France)
Les français raffolent des petits "faux 4x4" en plein boom
Roaming : les eurodéputés votent la fin des frais d'itinérance mobile
fin 2015
Amazon veut rentrer dans votre salon avec sa box Fire TV
Le britannique Kingfisher (Castorama, Brico Dépôt) veut racheter Mr
Bricolage
Ankara lève la censure de Twitter
Cuba : les Etats-Unis retentent le coup de la baie des Cochons avec
un faux Twitter
BANQUE & FINANCE
Comment bâtir "l'Airbus" des moyens de paiement
Les moyens de paiement constituent une filière d’excellence en
France, au même titre que l’aéronautique ou le luxe, affirme
Georges Pauget, ancien patron du Crédit agricole.
Le shadow banking, ou la découverte du libéralisme par les
épargnants chinois
L'Inde autorise la création de nouvelles banques pour la première
fois... depuis 10 ans
Propriétaires : ne remboursez pas votre crédit, vous risqueriez le
chômage
À quoi ressemble le propriétaire français de demain ?
Bruxelles fait vaciller les fondations de la RATP et de la SNCF
TERRITOIRES
Edition du 04/04/2014
page 3/101
Sommaire
04/04/2014
Armor-Lux n'habille plus la police mais fabriquera
désormais les uniformes des agents SNCF
L’entreprise de prêt-à-porter finistérienne Armor-Lux a remporté
l’appel d’offres lancé par la compagnie ferroviaire. Les premières
tenues seront livrées à l’automne 2014.
#PLTJE : la bravoure et l'ingéniosité des jeunes entrepreneurs du
Nord-Est récompensée
OPINIONS
Quel gouvernement pour une Inde en difficulté
économique?
Le futur premier ministre de l’Inde, Narendra Modi, aura fort à
faire pour sortir le pays d’une phase critique de son
développement. Par Quentin Gollier, consultant
Par pitié, arrêtons avec le "courage managérial" !
Vers un modèle de crowdfunding à la française
Les nouveaux modes de cyber-escroquerie
Casablanca gagne ses galons de place financière internationale
Edition du 04/04/2014
page 4/101
5 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
FISCALITÉ DES ENTREPRISES > Selon nos informations, le crédit d’impôt pour
la compétitivité et l’emploi (CICE) pourrait être dopé pour bénéficier à toutes les
entreprises et à tous les profils d’emplois.
Fabien Piliu
Le gouvernement prépare un CICE pour tous
les salariés
Se dirige-t-on vers un crédit d'emploi CICE universel ? C'est, semble-t-il, la dernière piste retenue
par l'exécutif, en particulier par l'Elysée, à la manette sur ce dossier. Pendant, que les
gouvernements passent, la présidence cogite…
Quelle forme pourrait prendre le nouveau crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) ?
Selon nos informations, à la suite des Assises de la fiscalité qui avaient débuté le 29 janvier,
l'Elysée réfléchit sérieusement à ajouter deux seuils supplémentaires au CICE, en vigueur depuis
le 1er janvier. Cette mesure sera l'une des mesures majeures du Pacte de responsabilité.
Un CICE à trois tranches
Selon nos informations, un taux de 8% serait créé pour les rémunérations inférieures à 1,5% SMIC.
Entre 1,5 et 2,5 SMIC, le taux resterait à 6%. Pour les rémunérations supérieures à 2,5 SMIC, un
nouveau taux serait créé, fixé à 2%.
Pour mémoire, le CICE bénéficie à l'ensemble des entreprises employant des salariés, imposées à
6 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
l'impôt sur les sociétés (IS) ou à l'impôt sur le revenu (IR) d'après leur bénéfice réel et ce, quel que
soit le mode d'exploitation (entreprise individuelle, société de personnes, société de capitaux...), et
quel que soit le secteur d'activité. Exclues du dispositif initialement, les TPE peuvent désormais en
bénéficier.
Jusqu'ici, ce crédit d'impôt portait sur l'ensemble des rémunérations versées aux salariés au cours
d'une année civile qui n'excédaient pas 2,5 fois le SMIC calculé sur la base de la durée légale de
travail, augmentée le cas échéant des heures complémentaires ou supplémentaires de travail selon
les mêmes conditions que celles qui s'appliquent en matière d'allègements généraux de cotisations
sociales.
Des avantages cumulées
Fruit des cogitations qui se sont exprimées lors des Assises de la fiscalité, cette solution qui serait
financée par des économies, aurait le mérite de toucher toutes les entreprises. Avec la première
tranche, l'exécutif espère stimuler l'emploi des bas salaires, les moins qualifiés, sachant que ce
crédit d'impôt se cumulerait avec les allègements de charges patronales dits Fillon sur les salaires
inférieures à 1,6 SMIC. Quant à la création d'une tranche marginale, elle permettrait de faciliter
pour les entreprises le recrutement d'emplois qualifiés, permettant de développer leurs activités à
l'export et l'innovation.
Le verdict ne devrait pas tarder à tomber, le gouvernement devant présenter son pacte de
responsabilité avant le 15 avril, date à laquelle la France enverra son document d'orientation sur la
trajectoire des dépenses publiques à la Commission européenne.
7 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
SONDAGE > Les Français pensent qu’une réduction des dépenses publiques est
nécessaire. Mais ils ne sont pas forcément prêts à faire de cadeaux pour relancer
l’économie.
latribune.fr
Les Français veulent relancer l'économie
mais pas à leurs dépens
Malgré les signes d'amélioration de la situation économique ces derniers mois, les Français ne
versent pas dans l'optimisme. A peine moins des deux tiers d'entre eux (73%), se disent plutôt
moins confiants dans l'avenir économique du pays, selon le baromètre de l'économie BVA pour
Axys Consultants publié jeudi. C'est un point de plus qu'un mois auparavant. Seulement 24% des
personnes interrogées se disent au contraire plutôt confiantes (-2 points par rapport au précédent
sondage).
Réduire les dépenses plutôt qu'augmenter les impôts
Parmi les mesures les plus efficaces pour stimuler la croissance, une forte réduction des dépenses
publiques arrive en tête pour 76% des personnes interrogées, contre 23% qui la jugent pas
efficace.
Pas moins de 90% des personnes interrogées privilégient même cette solution à une hausse des
impôts pour réduire le déficit public.
Pas forcément prêts à faire des cadeaux
8 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
Les personnes interrogées jugent en revanche qu'une réduction de la taxation du capital ne serait
pas une bonne solution pour relancer les investissements (59%).
Supprimer les cotisations familiales que paient les entreprises en compensant ce manque à gagner
par une hausse de la TVA ou de la CSG est par ailleurs rejeté par 69% des sondés.
Et 74% d'entre eux considèrent que ne plus augmenter le Smic pour limiter les freins à l'embauche
n'est pas une solution.
Exigences sociales
Enfin, 50% des personnes interrogées jugent que lors du rachat de grandes entreprises françaises,
le gouvernement doit absolument intervenir pour s'assurer que les conditions sociales et fiscales du
rachat soient les meilleures possibles.
Mais 47% d'entre eux estiment aussi que le gouvernement ne doit pas intervenir car cela relève du
secteur privé et le gouvernement ne doit pas décourager les initiatives des entreprises privées.
9 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
LA PHRASE DU JOUR > Pour la présidente de la commission des Affaires
étrangères à l’Assemblée, il est bon que "nos postes diplomatiques soient
d’abord et avant tout engagés sur la réussite de la France, la réussite de nos
entreprises".
latribune.fr
"Il y a une vraie cohérence à plaider ce que
Laurent Fabius appelle la diplomatie
économique" (Elisabeth Guigou)
La députée PS Elisabeth Guigou a approuvé jeudi le concept de "diplomatie économique", défendu
par Laurent Fabius - dont les attributions de ministre des Affaires étrangères ont été, dans le
gouvernement de Manuel Valls, élargies au développement international - qui revendique le
portefeuille du Commerce extérieur que veut aussi Arnaud Montebourg, désormais ministre de
l'Economie, du Redressement productif et du Numérique.
"Je pense qu'il y a une vraie cohérence à plaider ce que Laurent Fabius appelle la diplomatie
économique", a déclaré l'ex-ministre des Affaires européennes sur i>TELE au lendemain de la
formation du gouvernement, sans que soit précisée la répartition des rôles entre le Quai d'Orsay et
Bercy concernant le commerce extérieur.
Lutte entre Montebourg et Fabius
"Le commerce extérieur est dans le champ d'attribution de Laurent Fabius" , a en effet déclaré
10 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
mercredi un responsable au Quai d'Orsay préférant rester anonyme, alors que l'entourage d'Arnaud
Montebourg avait pourtant assuré peu avant que ce domaine relèverait du portefeuille du nouveau
ministre de l'Economie.
>> Commerce extérieur: et si Arnaud Montebourg subissait un camouflet ?
Pour la présidente de la commission des Affaires étrangères à l'Assemblée, il est bon que
"nos postes diplomatiques soient d'abord et avant tout engagés sur la réussite de la France, la
réussite de nos entreprises".
"On peut faire confiance à Manuel Valls pour ne pas tolérer les couacs", avait auparavant relevé
Elisabeth Guigou.
>> Lire notre enquête : Diplomatie économique : Laurent Fabius a-t-il changé quelque chose
?
11 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
REMANIEMENT > Le Commerce extérieur ne sera donc pas supervisé depuis
Bercy, comme le demandait Arnaud Montebourg.
latribune.fr
Le quai d'Orsay obtient la tutelle du
commerce extérieur
C'était le feuilleton "remaniement" du jour. Arnaud Montebourg à Bercy et Laurent Fabius au Quai
d'Orsay se querellaient à propos du Commerce extérieur. Manuel Valls a tranché. Les attributions
de l'ancien ministère, qui était dirigé par Nicole Bricq, seront finalement placées sous la supervision
du ministre des Affaires étrangères, selon l'entourage du Premier ministre qui a confié ces
informations à Reuters. Un peu plus tôt, la radio RTL publiait une information similaire.
Des décrets pour préciser le partage des tâches
Parmi les dossiers "chauds" du commerce extérieur français figurent des missions stratégiques,
comme, par exemple, les négociations sur le traité de libre-échange entre les États-Unis et l'Union
européenne.
Reste à savoir comment ces missions seront partagées entre Bercy et le Quai d'Orsay. "
Les décrets préciseront les modalités de collaboration entre le ministère des Affaires étrangères et
le ministère de l'Économie", indique à ce sujet la source de Reuters à Matignon.
Fleur Pellerin secrétaire d'Etat?
12 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
Manuel Valls doit en outre préciser qui sera en charge du commerce extérieur sous la tutelle du
ministre des Affaires étrangères. Le nom de Fleur Pellerin, auparavant à l'Économie numérique, a
régulièrement été cité. Mardi prochain, après la déclaration de politique générale, le nouveau
Premier ministre devrait donner les noms des dix secrétaires d'Etats qui devraient rejoindre son
gouvernement.
>> A lire aussi: "Commerce extérieur: et si Montebourg subissait un camouflet"
13 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
REMANIEMENT > Les titres de presse étrangère ont immédiatement réagi à
l’annonce du nouveau gouvernement. Ils en retiennent surtout un resserrement à
gauche, la promotion du protectionniste Arnaud Montebourg à l’Economie, et le
retour de Ségolène Royal.
latribune.fr
Ce que pense la presse étrangère du
gouvernement Valls
La composition du gouvernement Valls est loin d'être une affaire franco-française. Lourde de sens
pour l'Union européenne, elle a suscité de vives réactions chez nos voisins ainsi
qu'outre-atlantique. Après avoir largement spéculé sur les possibles scénarios de remaniement, les
titres de presse étrangère livrent leurs analyses de la nouvelle équipe présentée mercredi 2 avril.
Financial Times: Montebourg menace "les engagements pro-business" de Hollande
Pour le quotidien britannique, le gouvernement Valls, composé "essentiellement de ministres déjà
en place" , est un mélange "d'alliés proches (de Hollande) et de personnalités incontournable du
parti" . Il témoigne d'un "resserrement à gauche" et devrait " décevoir" ceux qui espéraient que le
Président saisirait l'occasion pour "faire entrer des outsiders, comme Pascal Lamy".
Le "FT" s'inquiète notamment de la promotion d'Arnaud Montebourg, "partisan radical de
l'intervention de l'Etat et détracteur acharné des politiques d'austérité de Berlin", à la tête d'un vaste
ministère de l'Economie. Une nomination qui "menace de jeter la confusion sur les récents
14 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
engagements pro-business de Hollande".
Wall Street Journal: "les différents courants socialistes" sont satisfaits
Pour le quotidien financier américain , la nouvelle équipe gouvernementale rassemble des "
poids lourds du parti" - parmi lesquels "la mère des enfants de Hollande" - et établit "un
équilibre entre les différents courants socialistes" . Il insiste sur le "triple challenge" que devra
relever le gouvernement Valls : "relancer la croissance à travers des baisses d'impôts",
"renverser la courbe du chômage" et "regagner un électorat de gauche déçu".
Le quotidien rappelle par ailleurs que le nouveau ministre des Finances, Michel Sapin, qui aura la
tâche de négocier une plus grande flexibilité budgétaire auprès de Bruxelles, "a mené à bien de
nombreuses promesses de campagne" de François Hollande, mais "a connu moins de succès (...)
quant à la lutte contre le chômage".
Die Welt : une regrettable "mise à l'écart de Moscovici"
A l'instar du WSJ, le journal allemand insiste surtout sur le passage de Michel Sapin au ministère
des Finances et sur la lourde tâche qui l'attend "d'expliquer à ses collègues de Bruxelles pourquoi
la France n'a pas réduit son déficit." Et le quotidien de déplorer " la mise à l'écart de Pierre
Moscovici qui avait noué une relation enrichissante avec Wolfgang Schäuble", son homologue
allemand.
Süddeutschezeitung : Valls est "un coup de Poker"
Pour le quotidien bavarois, ce remaniement ministériel est une partie de carte s : François
Hollande, "le prudent tacticien tente un coup de poker et mise toutes ses chances sur une seule
carte. Le joker s'appelle Valls." Un mauvais calcul estime le journal, car "François Hollande devient
dépendant de son plus grand vassal. Le chef d'Etat le plus impopulaire de l'histoire de la Ve
République, s'est risqué à faire du ministre préféré des Français le numéro 2".
Ségolène Royal, coqueluche des journaux allemands
Ce qui retient également l'attention de la presse allemande, c'est le retour de Ségolène Royal sur le
devant de la scène politique. Les journaux n'hésitent pas à faire dans le people. "La revanche de
l'ex" titre le très sérieux Frankfurter Allgmeneine Zeitung, tandis que Le Spiegel synthétise plus
sobrement "Ségolène royal fait son retour au gouvernement".
Il Sole 24 Ore : équilibre entre le "volcanique" Montebourg et le "fidèle" Sapin
Le quotidien économique italien prévoit "des relations mouvementées entre Paris et Bruxelles", à
15 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
cause de la nomination d'Arnaud Montebourg, "le prophète volcanique du patriotisme économique"
et "militant du "non" à la Constitution européenne en 2005".
Il Sole 24 Ore souligne toutefois que François Hollande et Manuel Valls ont fait en sorte "d'équilibre
La Stampa : Economie à deux têtes ; et "vengeance tardive" de Ségolène Royal
Le quotidien de Turin insiste également sur "une forte discontinuité dans l'économie, dont la gestion
est partagée entre deux différents dicastères", et met en avant les différences entre Arnaud
Montebourg, "ennemi de l'austérité et partisan du patriotisme économique comme de
l'interventionnisme publique", et Michel Sapin, chargé des relations avec les adeptes de la rigueur,
notamment l'UE et l'Allemagne.
Le quotidien souligne aussi le retour sur la scène politique de Ségolène Royal, "confinée dans les
limbes après sa défaite" aux présidentielles de 2007. Il s'agit " une vengeance tardive, puisqu'elle
est rappelée juste au moment où le parti verse dans des difficultés bien plus graves que celles qui
lui étaient imputées à l'époque", analyse le journal italien.
El Pais: Montebourg, "fléau de la Commission européenne" et "germanophobe furibond"
Comme ses homologues italiens, le quotidien espagnol pro-européen considère que "la nouveauté
la plus marquante" est le "changement d'équipe économique" avec la sortie du "libéral Moscovici"
et la promotion du très "polémique et protectionniste" Arnaud Montebourg.
Le journal n'hésite pas à qualifier le nouveau ministre de l'Economie de "fléau de la Commission
européenne", "champion de l'antimondialisation", "germanophobe furibond" et "eurohostile". Arnaud
Montebourg, qui a "une clef de lecture personnelle" de l'Europe, "ne sera cependant pas la voix de
la France à Bruxelles", rappelle El Pais, puisque cette fonction reviendra au "compagnon de service
militaire de Hollande", Michel Sapin, ministre des Finances.
El Mundo: "L'unique nouvelle", c'est Royal qui "sort de son couvent"
Le quotidien espagnol de centre-droit reste relativement avare en analyse générale sur le
gouvernement Valls, qui présente "très peu de nouvelles têtes" , mais consacre deux articles à
Ségolène Royal , "l'unique grande nouvelle" de ce remaniement. Il s'interroge avec ironie sur la
capacité du Président et de "son ex-compagne de 30 ans" à gérer leur relation au travail
maintenant que celle-ci est "sorti de son couvent".
16 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
TRANSPARENCE > La police judiciaire de Paris se penchera sur les déclarations
de patrimoine de l’ancienne ministre de la Francophonie.
latribune.fr
Patrimoine : l'ancienne ministre Benguigui
visée par une enquête préliminaire
Le parquet de Paris a ouvert mercredi une enquête préliminaire sur les déclarations de patrimoine
de l'ancienne ministre de la Francophonie Yamina Benguigui, a-t-il annoncé dans un communiqué.
L'enquête répond au "doute sérieux quant à l'exhaustivité, l'exactitude et la sincérité" de ces
déclarations exprimé le 31 mars par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique et
porté à la connaissance du procureur de la République de Paris.
La Haute Autorité reproche à l'ex-ministre d'avoir omis de déclarer qu'elle était copropriétaire
depuis 2005 d'une société anonyme de droit belge, G2, actionnaire à 99% de sa société de
production Bandits productions.
Des manquements susceptibles de lourdes peines
Mme Benguigui a vendu ses parts en janvier 2014 pour 430.000 euros. Elle avait indiqué dans un
communiqué "n'avoir perçu aucun produit de cette cession compte tenu de l'insuffisance de
trésorerie de la société G2".
17 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
L'enquête est confiée à l'Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales
(OCLCIFF) de la police judiciaire et vise à déterminer si les déclarations de l'ancienne ministre sont
bien conformes aux lois sur la transparence de la vie politique de 2011 et 2013. Selon le dernier de
ces textes, ces "manquements", s'ils étaient avérés, sont susceptibles d'être punis de trois ans de
prison, 45.000 euros d'amende et dix ans d'inéligibilité.
Yamina Benguigui a réfuté toute "fraude de quelque nature que ce soit" ou tout
"enrichissement personnel" . La maire de Paris, Anne Hidalgo, lui a toutefois demandé de
démissionner du Conseil de Paris.
18 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
LE CHIFFRE DU JOUR > Les résidents ou leur famille, les conseils généraux et
l’assurance maladie dépensent en moyenne près de 35.000 euros par an pour une
place en maison de retraite médicalisée.
latribune.fr
2.892 euros : le coût mensuel moyen d'une
place en maison de retraite
Un tiers pour l'hôtellerie, un tiers pour les soins, un quart pour l'accompagnement et le reste pour
"la vie sociale" (les différentes activités proposées par l'établissement). Ainsi se décompose le coût
moyen d'une place au sein d'un établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes.
En tout, celui-ci atteint 34.707 euros par an, soit 2.892 euros par mois selon une estimation
établie par la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS) et par la Caisse nationale de
solidarité pour l'autonomie à partir de données fournies par 50 établissements d'hébergement pour
personnes âgées dépendantes (Ehpad) en 2013.
L'hôtellerie aussi coûteuse que les soins
Une somme à répartir entre les résidents eux-mêmes ou leurs proches, les collectivités locales et
l'Assurance maladie. Dans le détail, les soins représente en moyenne 11.844 euros par an, dont
2.007 financés par l'Assurance maladie. L'hôtellerie coûte à peu près autant (11.616 euros) et
l'accompagnement dans la vie quotidienne 8.500 euros.
Projet de loi à venir
19 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
Une autre étude du cabinet KPMG publiée en février 2013 conclut qu'une place en maison de
retraite coûtait en moyenne 1.857 euros aux pensionnaires.
Le gouvernement précédent avait déjà promis un projet de loi visant à rendre les maisons de
retraites plus accessibles "à tous les Français". Le maintien à domicile des personnes âgées fait
pour sa part l'objet d'un autre projet de loi, devant être présenté prochainement en conseil des
ministres.
20 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
LA CITATION > L’ancien directeur général de l’OMC a plaidé mercredi pour plus
de "flexibilité" sur le marché du travail.
latribune.fr
"Un petit boulot (payé moins que le Smic)
c'est mieux que pas de boulot" (Pascal Lamy)
"Je sais que je ne suis pas en harmonie avec une bonne partie de mes camarades socialistes mais je
pense qu'il faut, à ce niveau de chômage, aller davantage vers de la flexibilité et vers des boulots qui ne
sont pas forcément payés au Smic."
Voici ce qu'a déclaré Pascal Lamy, ex-directeur général de l'Organisation mondiale du commerce
(OMC) et proche du président François Hollande mercredi lors de l'émission "Questions d'Info",
dont l'AFP est partenaire.
"Un petit boulot c'est mieux que pas de boulot"
A la question lui demandant de confirmer s'il s'agissait de rémunérer ces emplois " moins que le
Smic", Pascal Lamy a répondu: "Oui absolument." Et de préciser:
"Un petit boulot, c'est mieux que pas de boulot. Je ne réponds pas ça dans l'absolu, je n'aurais pas dit
ça il y a 10 ans ou il y a 20 ans, mais à ce niveau de chômage..."
"Une réforme qui n'a pas marché n'est pas forcément une mauvaise idée"
21 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
Pour l'ancien commissaire européen socialiste, "il faut accepter de temps en temps de franchir les
espaces symboliques de ce type pour rentrer dans la réalité et la transformer".
Même au risque, selon lui, de rappeller le " Smic jeunes " d'Edouard Balladur ou le "CPE" de
Dominique de Villepin, tous deux abandonnés après des semaines de contestation sociale:
"Ce n'est pas parce qu'une réforme n'a pas marché ou parce qu'on a reculé devant la pression de
l'opinion que c'est une mauvaise idée. Si on prenait tous les réformes qu'on a essayées à un moment,
qui n'ont pas marché et si on ne les avait pas reprises, on serait encore au Moyen-Age."
22 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
BUDGET > Le nouveau ministre des Finances a expliqué vouloir ralentir le rythme
de la réduction du déficit public à Bruxelles.
latribune.fr
Michel Sapin veut renégocier la baisse du
déficit avec Bruxelles
Ce n'est pas vraiment une surprise, François Hollande l'a déjà évoqué du bout des lèvres. Le
ministre des Finances et des Comptes publics, Michel Sapin, a annoncé jeudi à demi-mot qu'il allait
renégocier avec Bruxelles le rythme de réduction du déficit public.
Objectif non tenu
Pour rappel, l'objectif initial était de passer sous la barre des 3% de déficit public en 2013, puis en
2015, grâce un deuxième délai. Il y a peu, Bruxelles avait tapé du poing sur la table et prévenu que
l'objectif ne pourrait pas être atteint.
L'annonce d'un déficit public à 4,3% du produit intérieur brut en 2013, contre 4,1% attendus, la
semaine dernière est venue contredire les pronostics de l'exécutif, qui répétait à qui voulait
l'entendre que les objectifs seraient tenus.
>> Lire Politique budgétaire: les deux options de François Hollande
Ralentir le rythme
23 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
"Les objectifs sont des objectifs que nous tiendrons, cela fait partie du cap, il n'est pas question de
changer de cap", a martelé au micro de France Inter le fraîchement nommé ministre des Finances.
Mais pour lui, on peut très bien changer le rythme de la marche tout en gardant la même direction:
"C'est le chemin, c'est le rythme lui-même qui sera discuté dans un intérêt commun. Ce n'est pas la
France qui arrive à genoux, en demandant, en implorant, non, c'est pas ça, c'est l'intérêt commun de
l'Europe de trouver le bon rythme, le rythme adapté à la situation".
Dans les faits, la marge de manœuvre s'annonce étroite. Car la Commission européenne s'était
déjà montrée très sévère, début mars. Elle exigeait alors plus de coupes dans les dépenses, et la
mise en place de réformes drastiques pour relancer la compétitivité. Des sanctions avaient été
évoquées, même si en réalité, cela est peu probable.
>> Lire Pour la France, les marge de manoeuvre s'annonce étroite face à Bruxelles
24 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
LA PHRASE DU JOUR > Le poste de commissaire européen semble parfaitement
convenir aux nouvelles ambitions de Pierre Moscovici. L’ancien ministre de
l’Economie se verrait bien passer de Bercy à la Commission, mais il n’est pas le
seul à avoir le regard tourné vers Bruxelles...
latribune.fr
"Commissaire européen? Je m'en sentirais
parfaitement capable" (Moscovici)
"Si le président souhaite me donner d'autres responsabilités au service du pays, je suis
évidemment disponible". Interrogé dans la cour de Matignon, Pierre Moscovici s'était bien
positionné dès ce jeudi matin pour une éventuelle candidature au poste de commissaire européen,
insistant sur son profil "d'Européen convaincu".
Guigou candidate
C'était sans compter les convoitises d'autres membres du PS, même inattendues. Elisabeth
Guigou, ancienne ministre de la Justice de 1997 à 2000 et présidente de la commission des
Affaires étrangères à l'Assemblée Nationale, s'est dite intéressée par le poste, dans une interview
aux Echos.
" J'ai toujours indiqué que ma priorité c'était l'Europe " s'est-elle justifiée. Son nom avait d'ailleurs
circulé ces derniers jours pour prendre la tête du nouveau Ministère de l'Economie. Une
compétition est-elle ouverte entre Pierre Moscovici et Elisabeth Guigou?
25 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
La principale intéressée parle davantage d'une "concurrence positive et stimulante" :
"Nous sommes amis, donc il n'y aura pas de mots désagréables entre nous. C'est au président de la
République de choisir et ce n'est pas mauvais qu'il ait plusieurs bonnes cartes en main"
Un successeur à Michel Barnier
Pierre Moscovici, après avoir fait le deuil de son mandat ministériel - " Si on m'avait demandé de
continuer je l'aurais fait, mais il faut aussi savoir tourner les pages " a-t-il indiqué - risque une
seconde déception. François Hollande devra faire un nouveau choix dans les semaines à venir.
Celui ou celle qu'il désignera remplacera le commissaire français sortant Michel Barnier.
Ce dernier a échoué à prendre la tête de liste du Parti Populaire Européen (PPE) face à l'ancien
premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, pour les élections européennes du 25 mai
prochain.
Le président de la Commission européenne sera désigné par les dirigeants européens lors d'un
prochain sommet et il choisira ensuite, avec les gouvernements des 28, les membres de son
équipe. La nouvelle Commission entrera en fonction à l'automne prochain.
26 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
LE CHIFFRE DU JOUR > Le démantèlement du vaste réseau de l’ancien chef de la
police politique Zhou Yongkang a conduit au gel de comptes et à la saisie de
biens pour une valeur totale de 90 milliards de yuans, soit 10,53 milliards d’euros.
Il devient ainsi la nouvelle cible de la lutte anti-corruption du régime.
Tiphaine Honoré
En Chine, une affaire de corruption à 10,5
milliards d'euros
C'est un réseau tentaculaire que les autorités anti-corruption chinoises se félicitent d'avoir
démantelé ce week-end. 90 milliards de yuans de biens confisqués aux associés et à des membres
de la famille de Zhou Yongkang, soit 10,53 milliards d'euros, le montant bat des records. Celui des
personnes incarcérées également : trois cents de ses proches ou de ses collaborateurs sont
aujourd'hui en détention provisoire.
Une opération de nettoyage des élites
Par cette mise en examen, c'est un rival de poids que vient de neutraliser le président actuel Xi
Jinping. Ce dernier a engagé depuis l'an dernier une opération de nettoyage des élites pour asseoir
son pouvoir et son autorité. Cette lutte anti-corruption a déjà fait tomber des têtes. Après Bo Xilai,
l'ancien chef du parti-communiste de la ville-province de Chongqing, condamné à la prison à vie
pour corruption et abus de pouvoir en octobre 2013, celle de Zhou Yongkang semble être la
prochaine sur sa liste.
Une source confie au journal Libération que Xi Jinping voulait "se débarrasser" de lui :
27 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
"Mais ce n'est pas si simple, car Zhou possède des dossiers sur de nombreuses familles de hauts
dirigeants, et leur publication pourrait faire l'effet d'une bombe atomique"
Il n'empêche, le président chinois n'a pas hésité à donner son feu vert aux enquêteurs pour
investiguer sur Zhou Yongkang depuis un an.
L'ancien chef de la police politique chinoise, qui se faisait appeler "Big Brother" se trouve
aujourd'hui au cœur du plus grand scandale de corruption dans le pays depuis soixante ans,
rapporte le South China Morning Post. Le quotidien chinois commente :
"Le montant des sommes impliquées et le nombre de personnes interpellées font de cette affaire l'une
des plus importantes de la Chine moderne "
Les procureurs ont gelé les avoirs de plusieurs comptes bancaires d'une somme totale de 37
milliards de yuans (4,3 milliards d'euros) et saisi des obligations d'une valeur combinée de 51
milliards de yuans (6 milliards d'euros) après avoir fait une descente dans des propriétés à Pékin et
Shanghai.
Les enquêteurs ont aussi confisqué près de 300 appartements et villas d'un montant de 1,5
milliards de yuans, des tableaux d'art contemporain et antique d'une valeur marchande de 1 milliard
de yuan et plus de 60 véhicules.
Trois cents personnes en détention provisoire
Ce vaste coup de filet dans le réseau de Zhou Yongkang a abouti à l'incarcération de trois cents
personnes, presque toutes fonctionnaires d'Etat ou de provinces. Une dizaine de ces officiels
occupaient un rang très élevé, tel que vice-ministre délégué au sein du parti. Parmi eux, Jiang
Jiemin, ex-PDG du géant chinois PetroChina et de China National Petroleum Corporation (CNPC),
ainsi que l'ancien vice-ministre de la Sécurité Publique Li Dongsheng.
Plus de dix membres de la famille du septuagénaire ont également été placés en détention.
Notamment son épouse Jia Xiaoye, ancienne journaliste de télévision, et son fils aîné Zhou Bin.
La majorité de ces trois cents suspects - dont certains ont mystérieusement "disparus" de la
circulation depuis plus d'un an - n'ont pas été inculpés au tribunal, ni même incarcérés légalement.
Ce qui fait dire au correspondant de Libération en Chine que ces arrestations se sont déroulées "en
dehors du système judiciaire".
Une purge politique
28 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
Les motifs juridiques de ces arrestations ne sont pas encore véritablement établis ni justifiés, ce qui
amplifie la théorie de la purge politique. Le South China Morning Post évoque un retour de bâton
après le soutien affiché de Zhou à l'ancien chef du parti-communiste de la ville-province de
Chongqing, Bo Xilai, condamné à la prison à vie pour corruption et abus de pouvoir.
Dès novembre dernier, le président Xi Jinping a cherché à se renseigner sur les accusations qui
pesaient sur Zhou Yongkang. Les allégations évoquées aujourd'hui seraient celles de violation de
la discipline du parti, le jargon officiel pour parler de corruption.Une source du South China Morning
Post indique que l'ancien chef de la police politique s'est refusé à coopérer avec les enquêteurs, se
disant victime d'une lutte de pouvoir politique. A 71 ans, Zhou Yongkang devient le politicien
chinois le plus âgé à être la cible d'une enquête pour corruption depuis que le Parti Communiste a
pris le pouvoir en 1949.
29 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
CONJONCTURE > La secteur chinois des services a poursuivi sa progression le
mois dernier. Il reste l’un des rares motifs de satisfaction dans un contexte de
crainte d’un ralentissement économique national.
latribune.fr
La croissance des services rassure un peu en
Chine
C'est sans doute l'une des seules vraies bonnes nouvelles concernant la Chine ces derniers temps.
Le secteur des services a poursuivi sa progression entre février et mars. L'indice PMI du bureau
national des statistiques, qui au dessus de 50 marque une expansion, était à 54,5. C'est toutefois
légèrement moins bien que les 55 du mois précédent.
Rééquilibrage du modèle économique
Cette statistique est importante dans le contexte actuel, car les autorités cherchent précisément à
développer les services dans le cadre du rééquilibrage du modèle économique de la Chine, qu'ils
souhaitent plus tournée vers la demande intérieure. A l'inverse, le secteur manufacturier chinois ne
cesse de montrer des signes de faiblesse ces derniers mois.
"Les données montrent que le secteur non-manufacturier connaît encore une croissance relativement
rapide", écrit Cai Jin, vice-président de la Fédération nationale de la logistique et des achats, dans un
communiqué accompagnant les données.
30 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
POLITIQUE ÉCONOMIQUE > Constatant une légère amélioration économique
mais des fragilités persistantes, l’Organisation de coopération et de
développement économique conseille aux Européens de ralentir le rythme de la
rigueur là où cela serait nécessaire, à condition de respecter les programmes
budgétaires.
latribune.fr
Zone euro: l'OCDE suggère un peu de
souplesse dans la rigueur
" Les économies de la zone euro (…), semblent voir le bout du tunne l", reconnaît l'OCDE. Aussi
doivent-elles poursuivre leurs efforts. Notamment en matière d'assainissement budgétaire. C'est ce
que concluent les économistes de l'organisation dans leur rapport publié ce 3 avril. Ces derniers
recommandent en particulier :
●
La poursuite des politiques "d'assainissement budgétaire"
Celles-ci doivent avoir lieu "comme prévu, en respectant le Pacte de stabilité et de croissance
" signé en 2012. L'OCDE rappelle que la France a prévu de ralentir le rythme des "
efforts d'assainissement" en 2014 et 2015 - tout comme L'Espagne et l'Italie.
Ces conclusions arrivent quelques heures après que Michel Sapin, le nouveau ministre français
des Finances, ait expliqué vouloir demander un délai à Bruxelles pour la réduction de son déficit
public.
31 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
>> Michel Sapin veut renégocier la baisse du déficit avec Bruxelles
Dans le même sens, l'OCDE explique que "la majeure partie de l'assainissement budgétaire jugé
nécessaire pour ramener les ratios dette/PIB à des niveaux prudents a déjà été accomplie".
"Étant donné les progrès déjà accomplis et la santé encore vacillante de l'économie, un ralentissement
du rythme de l'ajustement budgétaire est approprié et conforme aux obligations d'assainissement si les
programmes budgétaires sont appliqués".
Reste à savoir si l'OCDE compte la France dans les pays qui ont déjà accompli ces efforts. Celle-ci
n'a en effet jamais respecté ses engagements vis-à-vis de Bruxelles depuis le début de la crise des
dettes souveraines.
●
Des réformes de la santé et de l'éducation
Sans préciser les pays où ces réformes structurelles peuvent avoir lieu, ils défendent davantage
des réformes " dans les secteurs de l'éducation et de la santé " qu'un simple relèvement de l'âge
effectif du départ à la retraite. Car celui-ci " ne pèserait pas beaucoup sur la croissance à court
terme" même s'il "augmenterait la croissance de la production potentielle à long terme". De même,
concernant les réductions d'effectifs dans la fonction publique, ils estiment qu'elles doivent en
même temps être accompagnées de garanties sur la continuité d'un bon niveau d'efficience des
services publics.
●
Une union bancaire qui rend des comptes
Par ailleurs, l'OCDE soutient une nouvelle fois la création d'un mécanisme unique de supervision
bancaire au sein de la zone euro. Celui-ci doit-être accompagné " d'un processus de décision
prévisible et rapide qui doit rendre des comptes au pouvoir politique".
>> Union bancaire: un compromis trouvé, mais est-ce le bon?
●
Un accord de libre-échange, une taxe carbone...
Enfin, l'organisme conseille à l'ensemble des pays de l'UE de "redynamiser le marché unique",
notamment grâce aux accords de libre-échanges avec les Etats-Unis, actuellement en négociation
s. En matière de transition énergétique, il soutient la mise en place d'une taxe sur les émissions de
CO2 pour "chaque secteur".
32 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
LA PHRASE DU JOUR > Le poste de commissaire européen semble parfaitement
convenir aux nouvelles ambitions de Pierre Moscovici. L’ancien ministre de
l’Economie se verrait bien passer de Bercy à la Commission, mais il n’est pas le
seul à avoir le regard tourné vers Bruxelles...
latribune.fr
"Commissaire européen? Je m'en sentirais
parfaitement capable" (Moscovici)
"Si le président souhaite me donner d'autres responsabilités au service du pays, je suis
évidemment disponible". Interrogé dans la cour de Matignon, Pierre Moscovici s'était bien
positionné dès ce jeudi matin pour une éventuelle candidature au poste de commissaire européen,
insistant sur son profil "d'Européen convaincu".
Guigou candidate
C'était sans compter les convoitises d'autres membres du PS, même inattendues. Elisabeth
Guigou, ancienne ministre de la Justice de 1997 à 2000 et présidente de la commission des
Affaires étrangères à l'Assemblée Nationale, s'est dite intéressée par le poste, dans une interview
aux Echos.
" J'ai toujours indiqué que ma priorité c'était l'Europe " s'est-elle justifiée. Son nom avait d'ailleurs
circulé ces derniers jours pour prendre la tête du nouveau Ministère de l'Economie. Une
compétition est-elle ouverte entre Pierre Moscovici et Elisabeth Guigou?
33 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
La principale intéressée parle davantage d'une "concurrence positive et stimulante" :
"Nous sommes amis, donc il n'y aura pas de mots désagréables entre nous. C'est au président de la
République de choisir et ce n'est pas mauvais qu'il ait plusieurs bonnes cartes en main"
Un successeur à Michel Barnier
Pierre Moscovici, après avoir fait le deuil de son mandat ministériel - " Si on m'avait demandé de
continuer je l'aurais fait, mais il faut aussi savoir tourner les pages " a-t-il indiqué - risque une
seconde déception. François Hollande devra faire un nouveau choix dans les semaines à venir.
Celui ou celle qu'il désignera remplacera le commissaire français sortant Michel Barnier.
Ce dernier a échoué à prendre la tête de liste du Parti Populaire Européen (PPE) face à l'ancien
premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, pour les élections européennes du 25 mai
prochain.
Le président de la Commission européenne sera désigné par les dirigeants européens lors d'un
prochain sommet et il choisira ensuite, avec les gouvernements des 28, les membres de son
équipe. La nouvelle Commission entrera en fonction à l'automne prochain.
34 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
POLITIQUE MONÉTAIRE > Mario Draghi a insisté sur la détermination et l’unité de
la BCE pour combattre la faiblesse de l’inflation. On en restera là pour cette fois.
Romaric Godin
La BCE choisit l'arme verbale pour combattre
l'inflation faible
Pour la BCE, il est donc toujours aussi urgent de ne rien faire. Aucune baisse des taux, aucune
action non conventionnelle, aucune mesure nouvelle. Seule inflexion : une inflexion de parole.
Dans son discours introductif, le président de l'institution de Francfort a indiqué que « le conseil des
gouverneurs était unanime pour envisager aussi toute les mesures non conventionnelles
nécessaire en cas de période prolongée de faible inflation. »
Message d'assouplissement
Le message est double. D'abord, l'assouplissement quantitatif (QE), l'impression massive de
monnaie, n'est plus à exclure. Mario Draghi a, du reste, reconnu, que cette option avait été
discutée dans le conseil, à la différence du mois dernier. Ces mesures sont donc clairement sur la
table. Deuxième message : la Bundesbank allemande et ses alliés ne posent plus leur veto à cet
assouplissement. Grosso modo, on savait déjà tout cela compte tenu des messages qui avaient été
envoyés ces dernières semaines.
L'euro en baisse
Pour autant, la confirmation de cette option a donné un coup de faiblesse à l'euro qui, vers 16
35 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
heures était proche de 1,3715 dollar, contre 1,3776 mercredi soir. Mario Draghi peut donc espérer
gagner une partie de son pari : faire chuter l'euro par la parole et la menace pour redonner un peu
d'allant à l'inflation. Il est vrai que, verbalement, la BCE est montée d'un cran. Mais il faut se
montrer prudent. Jusqu'ici, l'effet des paroles de Mario Draghi s'est montré limité sur le taux de
change. Et sans effet durable, pas d'effet sur l'inflation.
Pas de panique…
D'autant que, pour le reste, Mario Draghi a été égal à lui-même, se voulant rassurant, puis
inquiétant ; déterminé puis hésitant. Ainsi a-t-il tenté de désamorcer le mauvais chiffre de l'inflation
en mars (0,5 % contre 0,7 % en avril) en rappelant que l'essentiel de la désinflation ( « 70 % ») était
due à l'énergie et à l'alimentation, « éléments exogènes », que l'effet de base était responsable en
partie de la baisse et que les Pâques était tardives cette année… Et comme il n'existe pas, selon
lui, de risque de déflation, il n'y avait là pas de quoi intervenir.
… mais la situation est inquiétante
Pourtant, l'ancien gouverneur de la Banque d'Italie s'est montré inquiet de cette période de longue
inflation faible qui pourrait freiner la reprise et rendre plus difficile le remboursement de la dette. Il
s'est même montré parfois alarmiste : « Ma plus grande crainte est en fait déjà une réalité en
partie. C'est celle d'une stagnation prolongée que nous voyons déjà. » Et pour cause : depuis
novembre, la BCE promet cette longue période de faible inflation. Mario Draghi a aussi mis en relief
la situation difficile de la zone euro : manque de dynamique du crédit, ajustement des bilans, fort
chômage. Mais de là à agir…
Dans son discours introductif, Mario Draghi, a indiqué que les « anticipations d'inflation restaient
bien ancrées. » Mais il admet, quelques minutes plus tard que le conseil des gouverneurs doit
observer les effets du mauvais chiffre de mars sur ces anticipations, lesquelles en fait sur les
marchés ont depuis quelques mois quitté largement le secteur des 2 % visés par la BCE…
La nature du QE encore problématique
Comme toujours depuis novembre dernier et la stratégie du « wait and see » (attendre et observer),
Mario Draghi semble effrayé à l'idée d'aller plus avant dans les méthodes non conventionnelles. Il a
ainsi prévenu que le « QE » en zone euro, en raison du poids des banques, serait plus difficile à
mettre en place et plus risqué. Il a néanmoins donné quelques pistes, évoquant une « attention
soutenue » accordée à la possibilité du taux d'intérêt négatif et la discussion « brève » autour du
LTRO, l'apport de liquidité à long terme. Mais aussitôt, il a admis que les membres du conseil des
gouverneurs ont une vision « assez différente » du QE. Bref, rien n'est vraiment décidé dans le
détail et l'on comprend pourquoi on en reste à l'arme de la parole. Sera-ce suffisant ? Sans doute
pas. D'ici quelques mois, une vraie action de la BCE semble inévitable. Mais le choix de cette
action semble encore difficile à faire.
36 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
37 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
POLITIQUE MONÉTAIRE > La BCE a maintenu ses taux inchangés en avril. Mais
avancera-t-elle dans le non conventionnel ?
Romaric Godin
La BCE maintient ses taux en avril
La Banque centrale européenne (BCE) a donc décidé de maintenir inchangés ses taux directeurs
en avril. Le taux principal de refinancement demeure donc à 0,25 % et le taux de dépôt à 0 %.
Inflation en baisse
Le Conseil des gouverneurs n'a donc pas décidé de jouer sur les taux en réponse au nouvel
affaiblissement de l'inflation dans la zone euro qui a été estimée à 0,5 % en mars par Eurostat lundi
dernier, après 0,7 % en février.
De nouvelles mesures ?
Ce mouvement était d'autant plus attendu qu'une baisse du taux directeur de la BCE, un temps
évoqué, de 0,25 % à 0,10 %, ne changerait radicalement rien à la situation de la zone euro.
L'essentiel est désormais de savoir si, durant sa conférence de presse, Mario Draghi va annoncer
ou non de nouvelles mesures non conventionnelles. A suivre, donc…
38 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
CRISE DE LA ZONE EURO > Athènes devrait revenir sur les marchés en juin. Ces
derniers piaffent d’impatience. Mais est-ce raisonnable ?
Romaric Godin
La Grèce revient sur les marchés : une
victoire de l'austérité ?
L'annonce mercredi 2 avril du retour en juin de la Grèce sur les marchés est passée un peu
inaperçue en France, constitution du nouveau gouvernement oblige. C'est pourtant une des plus
importante de ces cinq dernières années, car il s'agit, ni plus, ni moins, que de la fin officielle de la
« crise grecque », terme qui servit longtemps de résumé à l'ensemble de la tourmente européenne.
Techniquement, en effet, la crise de la zone euro a débuté lorsque, fin 2009, le premier ministre
grec d'alors, George Papandréou, avait annoncé que le déficit hellénique avait été revu
drastiquement à la hausse. Doutant de la sincérité des comptes d'Athènes et de sa capacité à
rembourser, les marchés cessèrent alors de prêter de l'argent à la Grèce. Incapable de se
refinancer, le pays dut alors se tourner vers ses « partenaires » européens. Le retour sur les
marchés marque donc la fin de cette période.
Inévitables cris de victoire
Il faut donc s'attendre à des cris de joie et de victoire un peu partout en Europe lorsque la Grèce
aura levé ses fonds sur les marchés. Ne sera-ce pas la preuve éclatante que les critiques envers la
stratégie menée depuis 2010 étaient infondées ? N'y faudra-t-il pas voir là un succès éclatant de
39 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
l'Europe et la preuve de sa capacité à surmonter les crises les plus profondes ? N'est-ce pas la
preuve que l'austérité est une politique efficace et, partant, la seule possible ? Le mémorandum,
dont on disait qu'il était infaisable, n'a-t-il pas été fait ? Tout ceci sera dit, proclamé et rabâché à
l'envie par les gouvernants et officiels européens. Mais qu'en est-il en réalité ?
Un enthousiasme des marchés raisonnables ?
La Grèce a effectivement redressé ses comptes publics avec une rapidité remarquable.
Historiquement, ce redressement sera sans doute un cas d'école. Les marchés ont-ils pour autant
raison de se jeter avec appétit sur la dette hellénique ? On peut en douter.
Deux restructurations de la dette privée, mais une dette encore lourde
Ce redressement s'est fait au prix d'une double restructuration de la dette publique. Les détenteurs
de dette grecque ont payé un lourd tribut au « sauvetage de la Grèce », notamment lors du plan dit
PSI de 2012. Certains y ont perdu plus de la moitié de leurs fonds. Elément aggravant : pour éviter
de faire prendre le moindre risque au contribuable des autres pays européens, la facture a été
particulièrement lourde pour les investisseurs privés. En cas de nouvelle difficulté, il en sera de
même. D'autant que le poids de la dette privée est désormais plus faible. Ceci devrait donc refroidir
les investisseurs avertis. D'autant que, malgré ces annulations, la dette publique hellénique
représente encore plus de 170 % du PIB, niveau inimaginable avant la crise. Autrement dit, le
risque de défaut n'est pas écarté. N'oublions pas que ceux-là même qui fêteront le succès du plan
grec jugent avec sévérité le niveau de la dette publique française (95 % du PIB) ou italienne (130
%). Bref, objectivement, l'investissement dans la dette grecque semble bien risqué. Dans une
situation normale, les investisseurs se garderaient bien de s'y aventurer.
Ce qui motive les marchés
Pourquoi alors les marchés se montrent-ils si impatients de pouvoir acheter de la dette grecque ?
Parce que le pays retrouve la croissance ? Ce n'est pas réellement sérieux. Le PIB hellénique a
fondu d'un quart en cinq ans. Pour 2014, on annonce une croissance de 0,6 %. La Grèce va mettre
des années, peut-être des décennies à se remettre d'un tel choc. Surtout, on ignore quel modèle
économique va pouvoir développer le pays. On a vu combien le poids de la dette est lourd. Pour se
maintenir sur les marchés et pouvoir honorer ses futurs engagements, le gouvernement hellénique
va devoir maintenir une austérité budgétaire sévère. Parallèlement, il va falloir également au pays
maintenir un coût du travail bas pour conserver l'avantage compétitif acquis. Autrement dit, la
chape de plomb sur la demande intérieure risque de perdurer.
Reprise fragile
Du coup, la reprise grecque est fragile parce qu'elle dépend des exportations, des investissements
40 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
étrangers et du tourisme, donc de la croissance mondiale. Vienne un choc externe et il faudra
encore un plan de rigueur qui fera plonger le pays dans une nouvelle tourmente. Bref, la Grèce
pourra bien afficher des taux de croissance supérieur à 2 % dans les années qui viennent, elle ne
sera pas encore sortie d'affaire pour autant.
Effets sociaux désastreux
D'autant que les effets sociaux et politiques de la crise causée par la stratégie européenne sont loin
d'être effacés. Pire même, ils pourraient bien encore se renforcer. Alors que le gouvernement grec
enchaîne en effet les satisfecits, la situation sociale du pays demeure très préoccupante et, il faut le
répéter, l'action européenne pour affaiblir les effets des plans d'ajustement a été nulle. C'est le prix
de la logique de dévaluation interne : il faut souffrir pour être compétitif et « payer » ses erreurs du
passé. Mais pour les Grecs, confrontés à un taux de chômage de 27,5 %, à une dégradation des
services médicaux, à une augmentation de la natalité infantile et à une réduction des deux tiers de
leur richesse personnelle, ce discours est évident difficile à accepter.
Paysage politique éclaté
La conséquence de cet abandon, c'est évidemment un paysage politique éclaté. Les partis hostiles
à l'austérité et à la politique européenne sont majoritaires en Grèce. Syriza, la coalition de la
gauche radicale, fait la course en tête dans les sondages. Le parti néo-nazi Aube Dorée n'est pas à
genou, malgré les procès et les débordements. L'opposition en Grèce réclame une nouvelle
annulation de dettes. Pire même, la situation du gouvernement devient délicate, à chaque vote
d'une loi imposée par la troïka, sa majorité se réduit. Cette semaine encore, la coalition Nouvelle
Démocratie-Pasok a perdu un député : elle ne tient donc plus qu'à un fil. Sur la dernière loi sur les
banques la semaine dernière, la majorité a été de 151 voix sur 300. Et puis, il y a l'élection future
du président de la République, prévue en début d'année prochaine, qui pourrait provoquer une
dissolution de l'assemblée nationale, la Vouli . En cas d'élections anticipées, les Grecs
accorderont-ils une nouvelle majorité aux partis pro-austérité comme en 2012 ? Rien n'est moins
sûr. Et dans ce cas, pour alléger le fardeau, une restructuration de la dette n'est pas à exclure de la
part d'un gouvernement hostile à l'austérité.
Optimisme dans la solidarité de la zone euro
Il faut donc le répéter : les conditions objectives rendent l'achat de titres grecs très risqué. L'appétit
des marchés vient donc d'ailleurs. Et la seule explication réside dans la conviction qu'ont acquise
les marchés depuis l'été 2012 que la zone euro est redevenue une zone de solidarité. Conviction
qui repose sur deux piliers : le MES, le fonds de sauvetage permanent de la zone euro et ses 500
milliards d'euros, et l'OMT, le programme de rachat illimité de la BCE. Voici ce que se disent les
investisseurs : les taux des titres « sûrs » sont bas. Le tapering de la Fed risque de les faire
remonter. Les titres émergents sentent la poudre. En revanche, les obligations d'Etat des pays
périphériques de la zone euro disposent d'atouts aguicheurs : sécurisés par les mécanismes
41 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
décrits plus haut, ils offrent des rendements alléchants. Surtout en cette période d'inflation basse,
voire pour certains pays de déflation. Voici les vraies raisons de l'appétit des marchés. L'austérité
n'y est, en réalité, pour rien puisque, comme on l'a vu, elle a continué à fragiliser le pays.
Une solidarité pourtant sous conditions
Reste à savoir si le calcul est bon. Car s'il l'est, on pourra avancer l'argument que c'est bel et bien
grâce à l'euro et aux mécanismes de solidarité issus de la crise que la Grèce a accès aux marchés.
Or, force est de constater qu'on en est encore loin. Le Mécanisme européen de Stabilité (MES) ne
peut en effet verser des fonds qu'avec l'accord du Bundestag allemand, selon la décision de la
Cour de Karlsruhe de septembre 2012 . Acheter de la dette grecque, c'est tirer une créance en
blanc sur le contribuable allemand, dont on sait, par ailleurs, qu'il est fort sensible du côté du
portefeuille. C'est se dire sûr que le monde politique allemand acceptera d'accorder de nouvelles
garanties à la Grèce. On peut penser que cela ne se fera pas automatiquement. Loin de là. Quant
à l'OMT, il est en sursis au mieux, hors d'état de fonctionner au pire après la décision de la Cour de
Karlsruhe de février dernier. Là encore, la solidarité implicite liée à l'euro est donc mise à mal.
Victoire à la Pyrrhus ?
Au point que l'on peut se demander si les investisseurs ne souffrent pas de la même myopie
qu'avant la crise, croyant dur comme fer à l'existence d'une solidarité implicite au sein de la zone
euro. Dans ce cas, la victoire de l'austérité et de l'Europe ne serait qu'une victoire à la Pyrrhus. Ce
n'est pas, évidemment, à souhaiter pour la malheureuse Grèce, mais le sol de ce succès reste très
mouvant…
42 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
CRISE UKRAINIENNE > Les députés européens ont voté en faveur de la
suppression des droits de douanes sur les produits ukrainiens. Dans le même
temps, la Russie met fin au tarif préférentiel du gaz livré à Kiev.
latribune.fr
Ukraine: bientôt la suppression des droits de
douane par l'UE
Le Parlement européen a donné jeudi son feu vert à une quasi suppression des droits de douane
pour les produits exportés par l'Ukraine vers l'Union européenne, afin d'aider le nouveau pouvoir
pro-européen de Kiev.
Les députés européens ont en effet approuvé à une très large majorité la proposition faite début
mars par la Commission de réduire les tarifs douaniers pour un montant de près de 500 millions
d'euros en année pleine.
95% des importations de biens industriels
"C'est le moment de démontrer notre soutien en termes concrets, afin d'aider l'Ukraine pendant la
crise économique qu'elle traverse, face à une pression accrue du Kremlin", a déclaré le rapporteur
du texte, l'élu polonais Pawel Zalewski. Et d'ajouter : "comme Poutine ferme le marché russe aux
exportations ukrainiennes, nous ouvrons le nôtre"...
Cette mesure unilatérale supprimera les droits de douane sur 94,7% des importations de biens
43 Économie
LA TRIBUNE 04/04/2014
industriels et sur plus de 80% des produits agricoles. Elle devrait permettre aux fabricants et
exportateurs ukrainiens d'économiser l'équivalent de 487 millions d'euros en année pleine, dans le
cadre du plan d'aide massif de l'UE d'au moins 11 milliards d'euros.
Pour entrer en vigueur, cette disposition doit encore être approuvée par le Conseil européen, qui
représente les 28 pays de l'UE, et devrait être formalisée courant avril. Elle devrait alors s'appliquer
jusqu'au 1e novembre 2014, ou jusqu'à ce que l'accord d'association UE-Ukraine, incluant un
accord commercial renforcé, entre en vigueur, a précisé le Parlement.
Moscou annule son dernier rabais sur le gaz
Parallèlement, la Russie intensifie ses sanctions envers Kiev. Moscou a ainsi annulé jeudi le
dernier rabais octroyé à l'Ukraine sur les livraisons de gaz russe, faisant passer le prix des 1.000
mètres cubes de 385 à 485 dollars - soit l'un des prix les plus élevés appliqués aux pays
européens. Cette annonce, par le patron de Gazprom Alexeï Miller, met de facto fin à une réduction
de 100 dollars accordée en 2010 lors d'un accord entre Moscou et Kiev.
Mardi, Gazprom avait déjà annoncé mettre fin à un autre rabais sur le gaz, octroyé en décembre
2013 à Kiev en échange de son renoncement à un accord avec l'Union européenne, augmentant
de fait son prix de plus d'un tiers, à 385 dollars les 1.000 mètres cubes.
"Que nos partenaires ukrainiens cherchent les finances nécessaires pour rembourser leurs dettes
et payer leurs factures, car sans cela aucune coopération, ni dans ce domaine ni dans d'autres
domaines, ne peut être mise en œuvre", a lancé le Premier ministre russe Dimitri Medvedev, qui
exige que l'Ukraine rembourse sa dette de 2,2 milliards de dollars. Moscou envisagerait également
de réclamer une compensation pour le manque-à-gagner occasionné au budget russe par le tarif
préférentiel appliqué depuis 2010. La guerre économique s'annonce féroce.
44 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
ARMEMENT > Le Qatar pourrait annoncer son choix en faveur du Rafale lors de
la visite officielle à Paris au mois de juin du nouvel émir, cheikh Tamim Ben
Hamad Al Thani.
Michel Cabirol
Et si le Qatar montait à bord du Rafale en juin
Et si le Qatar annonçait sa décision de choisir le Rafale en juin lors de la visite à Paris du nouvel
émir, cheikh Tamim Ben Hamad Al Thani ? En tout cas, toute la filière industrielle aéronautique
militaire française l'espère. Tout comme le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui a bâti la
loi de programmation militaire sur un contrat export de l'avion de combat fabriqué par Dassault
Aviation. "Raisonnablement, nous pouvons croire à une telle annonce avant l'été de la part du
Qatar", explique l'un des industriels contactés par "La Tribune". La signature d'une lettre d'intention
(LoI) entre le Qatar et Dassault Aviation pourrait être signée à cette occasion. Inch Allah, comme se
le répètent en boucle les industriels...
Selon nos informations, les discussions ont toutefois repris depuis le mois de mars après une
période où Doha avait semble-t-il, mis en suspens ce dossier. Durant trois mois environ, les Qataris
n'ont plus donné signe de vie sur le Rafale. Pour autant, à Paris, durant cette période, les
industriels et les étatiques ne semblaient pas trop inquiets de ce silence. "Il faut s'inscrire dans la
durée avec Doha, ils ont leur propre tempo", expliquait-on à "La Tribune". Et c'est en mars que les
Qataris ont finalement repris langue avec le Team Rafale (Dassault Aviation, Thales et Safran) en
posant par salves de nouvelles questions sur l'avion de combat.
72 avions de combat
45 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
De douze appareils - des Mirage 2000-5 -, le Qatar voudrait augmenter sa flotte d'avions de
combat à 72, dont un premier lot de 36. En tout cas c'est que Doha souhaitait l'été dernier. Un
client qui a de toute façon les moyens de s'offrir 72 avions de combat. Dans ce cadre, l'émirat avait
envoyé en août dernier un appel d'offres (Request for Proposal) à trois candidats : Dassault
Aviation, Lockheed Martin et le consortium Eurofighter. Selon un calendrier informel, le Qatar devait
choisir un fournisseur pour un premier lot de 36 appareils d'ici à la fin 2013 et entrer ensuite avec
ce constructeur en négociations exclusives. Dassault Aviation tenait la corde pour ce premier lot.
Mais le calendrier a dérapé en raison, notamment, du jeu étrange des Américains. Mi-septembre,
Londres, qui propose Eurofighter Typhoon, et Paris, qui soutient le Rafale (Dassault Aviation)
, avaient rendu leur offre conformément au calendrier fixé par Doha. Mais pas Washington. Du
coup, les deux enveloppes contenant les offres du consortium Eurofighter (BAE Systems, EADS et
l'italien Finmeccanica) et de Dassault Aviation ont dormi plusieurs mois au fond d'un coffre avant
d'être décachetées… une fois la réponse des Américains réceptionnée par les Qataris. Et
curieusement, les États-Unis n'ont finalement pas proposé le F-35, selon des sources
concordantes.
La LPM prévoit la livraison de 26 Rafale
Le ministre de la Défense a fait un sacré pari en inscrivant la livraison de seulement 26 Rafale dans
la LPM (2014-2019). Elle fixe la livraison de 11 Rafale en 2014 puis 2015, quatre en 2016 et puis
aucun entre 2017 et 2019. Pour compenser l'absence de livraisons de 11 Rafale par an, Jean-Yves
Le Drian a fait le pari de l'export. Aujourd'hui on est entré dans le "money time" pour conclure un
contrat à l'exportation. Car i l faut en moyenne trois ans pour fabriquer un Rafale à partir de la
signature du contrat.
S'il réussit, le ministère pourra économiser la livraison de 11 Rafale, soit autour de 1 milliard par an.
A contrario, il s'expose à des pénalités très lourdes de Dassault Aviation, qui lui-même fait vivre
500 fournisseurs dont Thales et Safran, ses principaux partenaires. "Le contrat stipule la livraison
annuelle de onze Rafale. "C'est la cadence minimale fixée au regard de la continuité industrielle et
de la capacité des fournisseurs de Dassault à produire les équipements nécessaires" , avait
expliqué en 2012 le délégué général pour l'armement (DGA), Laurent Collet-Billon. Si un contrat
export n'était pas signé, la LPM prévoit une clause de revoyure pour trouver de nouvelles solutions.
Avions ravitailleurs et hélicoptères NH90 pour le Qatar
Fin mars, le Qatar a déjà signé une lettre d'intention pour l'achat de 22 hélicoptères NH90, pour un
montant de près de deux milliards d'euros. Il s'agit de douze appareils en version TTH (transport
tactique) et de dix NFH (lutte anti-surface et anti-sous-marine). Programme lancé par l'OTAN (via
l'agence NAHEMA), le NH90 est produit par NHIndustries, un consortium regroupant Airbus
Helicopters, l'Italien AgustaWestland et le néerlandais Fokker Aerostructure. Les Qataris avaient
46 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
également annoncé leur intention d'acquérir deux avions ravitailleurs MRTT.
L'Italie et l'Espagne peuvent également remercier le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian,
qui a arraché le dernier jour du salon naval de défense (DIMDEX) cette annonce, qui a même
surpris certains industriels. C'est AgustaWestland qui assemble la version navale du NH90 sur son
site de Venise, à l'exception de ceux destinés à la France. Et c'est en Espagne que les A330-200
fabriqués à Toulouse (un tiers du prix de l'avion) sont convertis à Getafe (Espagne) en A330
MRTT.
47 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
AÉRIEN > Pour les aéroports dont une grande partie des bénéfices est réalisée
par les commerces, l’idée d’un financement des compagnies pour attirer plus de
trafic a été évoquée dans un séminaire. Ce schéma pose la question de la caisse
unique et de la double caisse, un point de friction entre les compagnies et les
aéroports.
Fabrice Gliszczynski
Les aéroports doivent-ils payer les
compagnies pour les attirer ? (Aéroports de
Paris, Air France)
Et si le modèle s'inversait ? Si, plutôt que de prélever des redevances aux compagnies aériennes
pour les services rendus, les grands aéroports payaient les compagnies aériennes pour qu'elles se
posent sur leur tarmac ? Un peu à la manière de certaines collectivités locales pour attirer Ryanair
sur des petits aéroports, mais sans aucune subvention.
"Ne pas décourager les avions"
Ce schéma, pour le moins baroque, a été évoqué en début d'année par l'économiste Anne Perrot à
l'occasion du séminaire Nasse présidé par Emmanuel Combe, vice-président de l'Autorité de la
concurrence.
"On peut, à l'extrême, imaginer un système où l'aéroport paye les compagnies pour faire atterrir
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LA TRIBUNE 04/04/2014
leurs avions et engendrer des recettes commerciales (…). Cela ne choquerait pas un économiste",
avait-elle alors déclaré au sujet des plateformes "bifaces", qui tirent des revenus non seulement de
l'activité aéronautique mais aussi des commerces en aéroport.
L'exemple de Tampa
L'idée qui sous-tend ce modèle est simple : les boutiques et autres espaces commerciaux sont un
facteur d'attractivité pour les passagers, lesquels génèrent des recettes pour les aéroports. Ces
derniers ont par conséquent intérêt à attirer les compagnies et leurs passagers par des redevances
pas trop élevées. « Il ne faut pas décourager les avions », faisait valoir Anne Perrot, à la manière
"de la presse qui ne doit pas décourager les lecteurs par des prix trop élevés pour attirer des
recettes publicitaires". Et de citer l'exemple de l'aéroport de Tampa qui partage les recettes des
concessions commerciales avec les compagnies aériennes.
Caisse unique et double caisse
Selon elle, le meilleur système pour tirer partie du "côté biface" d'un aéroport, est de mélanger dans
une caisse unique les recettes des "deux côtés du marché", celles liées aux services aéronautiques
et celles liées aux services commerciaux. Ce mécanisme, préconisé par l'OACI (organisation
internationale de l'aviation civile), permet de subventionner les premiers par les seconds. Et donc
de modérer les redevances aux compagnies aériennes. "La plupart des aéroports européens
fonctionnent en caisse unique", rappelait Anne Perrot. Dans le cas d'une caisse séparée au
contraire, les objectifs de rentabilité de l'activité aéronautique poussent à augmenter les
redevances. Francfort a séparé ses caisses.
Contrat de régulation économique
Ce schéma de caisse unique est, bien entendu, du petit lait pour les compagnies aériennes
françaises qui s'élèvent régulièrement contre les hausses des redevances aéroportuaires. En
France, où le contrat de régulation économique (CRE, qui fixe les investissements et les
redevances sur ne durée de 5 ans) signé en 2010 entre l'Etat et Aéroports de Paris a introduit une
« caisse aménagée », les transporteurs demandent un retour à la caisse unique pour le prochain
CRE (2016-2020). Ce dernier fixera les investissements et le niveau de redevances.
"C'est notre leimotiv", explique Jean-Pierre Sauvage, le président du Board Airlines
Representatives, qui regroupe toutes les compagnies étrangères présentes dans l'Hexagone mais
aussi Air France.
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LA TRIBUNE 04/04/2014
"Le transport aérien amène dans les aérogares une clientèle qui vient dépenser son argent dans les
boutiques. La contrepartie serait qu'une part du bénéfice soit reversée aux coûts de traitement des
passagers", explique Jean-Pierre Bes, le secrétaire général du Scara. Pour autant, ce dernier souligne
que ce n'est pas tant une histoire de simple ou de double caisse qu'une exigence de rendement moins
élevé de la part de certains aéroports.
Aéroports de Paris ne l'entend pas de cette oreille. Ses dirigeants réfutent non seulement
l'affirmation que les passagers sont les seuls clients des compagnies (ce sont aussi les clients de
l'aéroport disent-ils), mais aussi l'idée d'un retour à la caisse unique.
"La caisse unique n'incite pas à progresser"
"Relisez Xavier Fontanet, professeur de stratégie à HEC, dans son texte sur les mathématiques
élémentaires, explique Edward Arkwrigth, le directeur général adjoint finances et stratégie d'Aéroports
de Paris. Pour éviter de décourager un élève en difficulté, un professeur décide de relever ses notes
pour le stimuler et de baisser celles du bon élève. Résultat, le bon élève se décourage sans que son
camarade soit davantage stimulé. C'est cela la caisse unique : un système où l'on risque de ne pas être
incité à progresser".
ADP souhaite la stabilité du périmètre
Et d'ajouter : "notre objectif est d'avoir une rentabilité minimale sur le périmètre régulé. Quand un
actionnaire confie son argent à une entreprise, il espère être rémunéré au moins au niveau du coût
du capital. Ce qui n'est pas le cas avec le CRE en cours, puisque la rentabilité était de 3,5% en
début de période et sera comprise entre 3,8% et 4,3% en fin de contrat pour un coût du capital de
6%. Les compagnies aériennes n'ont donc pas souffert d'une recherche excessive de rentabilité de
la part d'Aéroports de Paris, qui reste inférieure à ce qu'elle devrait être". Pour le prochain CRE,
ADP souhaite une stabilité du périmètre", indique Edward Arkwrigth.
Pas de souci pour ADP
Selon un observateur favorable à la double caisse, un retour à la caisse unique obligerait ADP à
sortir de la cote "car aucun actionnaire, autre que l'Etat, ne souhaiterait investir dans ADP avec un
tel schéma". Le gestionnaire des aéroports parisiens n'a aucun souci à se faire. L'Etat, actionnaire
à plus de 50% d'ADP, ne cassera pas un outil qui lui rapporte chaque année des gros dividendes.
En outre, même si aujourd'hui l'idée n'est pas d'actualité, l'Etat ne peut se permettre de signer un
CRE pénalisant pour ADP, au cas où il chercherait à se désengager d'une partie de ses parts pour
les céder à un acteur privé. Une telle opération peut rapporter gros au regard de la capitalisation
d'ADP. Encore faut-il que le cahier des charges ne décourage pas les investisseurs privés. Aussi
stratégique soient les aéroports parisiens, cette hypothèse ne peut être écartée au regard de l'état
des finances publiques.
50 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
La caisse unique favorise la congestion
La caisse unique n'est pas sans poser des problèmes fait valoir Anne Perrot, notamment sur les
aéroports saturés. Favorisant l'activité, elle accroit en effet la congestion. Aussi, di-t-elle, « il y a un
relatif consensus pour privilégier la caisse unique pour les aéroports qui ne sont pas congestionnés
et la double caisse dans le cas contraire ».
51 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
AUTOMOBILE > Les véhicules "tout-terrain-tous-chemins" ont le vent en poupe
en France. Ils représentent 22% du marché total, contre 16% il y a un an. Le petit
Renault Captur et le Peugeot 2008 sont les deux modèles les plus vendus.
Alain-Gabriel Verdevoye
Les français raffolent des petits "faux 4x4" en
plein boom
Une seule catégorie de véhicules a le vent en poupe en France: les 4x4. Etrange, non? Vilipendés
par les prétendus écologistes, ces véhicules réputés énormes, voraces et polluants représentent
désormais 22% des immatriculations totales de voitures au premier trimestre, contre 16%
seulement il y a un an, moins de 15% il y a deux ans, 12% il y a trois...
Ces modèles jouissent même d'une part de marché supérieure en France à celle qu'ils ont en
Europe occidentale en moyenne (20%). Ah, évidemment, ces modèles "tout-terrain-tous-chemins",
ne sont plus ni gros, ni voraces, ni même 4x4 ... Dans leur écrasante majorité, il s'agit de faux
baroudeurs à deux roues motrices seulement, incapables d'ailleurs d'affronter le moindre chemin
un peu creux!
Doublement des ventes
Surélevés et grimés en aventuriers moyennant quelques plastiques proéminents en guise de
pare-chocs, ces faux 4x4 sont désormais surtout des petits véhicules, extrapolés directement des
citadines avec lesquelles ils partagent leur plate-forme. Avec l'avantage d'une ligne jugée plus
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LA TRIBUNE 04/04/2014
flatteuse, d'une position de conduite surélevée et même d'une fonctionnalité copiée des
monospaces...
Au sein des "tout-terrain-tous-chemins", les "petits" ont vu leurs ventes carrément doubler en
France l'an dernier à 143.400 unités... contre moins de 100.000 pour les "compacts" (hors le
Peugeot 3008 qui appartient plutôt à la catégorie des monospaces) et... 12.000 à peine pour les
"gros" 4x4 traditionnels (type Toyota Land Cruiser ou Mercedes ML).
Le Renault Captur, le plus vendu
Premier "SUV" vendu dans l'Hexagone, le petit Renault Captur est même au premier trimestre le
troisième modèle le plus vendu en France, tous véhicules confondus, derrière sa soeur Clio et la
Peugeot 208. Le 2008 de la marque au lion, concurrent du Captur et dérivé de la 208, est la
cinquième voiture du marché français derrière la Citroën C3. Le Dacia Duster roumain à bas coûts
arrive au treizième rang. Contrairement aux Captur et 2008, le Duster existe en version à quatre
roues motrices et peut être, lui, considéré comme un vrai véhicule 4x4.polyvalent.
Ce succès est-il favorable au "made in France"? Si les Captur et Duster sont fabriqués
respectivement en Espagne et en Roumanie, le 2008 fait tourner le site alsacien de Mulhouse. La
production de ce modèle va même passer à 860 véhicules par jour, contre 680 aujourd'hui. La mise
en place d'une nouvelle demi-équipe de nuit est prévue courant septembre. Elle compensera l'arrêt
en juillet d'une demi-équipe dédiée aux Citroën C4 et DS4. "Nous sommes à plus de 120.000
commandes en un an", affirme-t-on chez Peugeot. Le 2008 est labellisé "Origine France garantie".
Il sera lancé au printemps en Chine avec une fabrication à Wuhan, puis dans un an en Amérique
latine, avec une industrialisation au Brésil.
Monospaces en berne
Ces véhicules "tout-terrain-tous-chemins" (selon l'appellation du CCFA, le Comité français des
constructeurs automobiles) progressent... au détriment des berlines, passées de 60 à 55% du
marché en un an dans l'Hexagone, et des monospaces, jugés trop utilitaires, en perte de vitesse
(10% à peine du marché total contre 11% en 2013) ainsi que des "ludospaces", des dérivés
d'utilitaires légers. Ces derniers ne pèsent plus que 6% du marché français (7% un an
auparavant).
53 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
TÉLÉCOMS > Le Parlement européen vient d’adopter ce jeudi la proposition de
règlement sur la neutralité du Net et le surcoût appliqué sur les appels et le surf à
l’étranger au sein de l’Union. Mais il n’est pas sûr que le texte soit approuvé
avant la fin de l’année par les 28 États.
Delphine Cuny
Roaming : les eurodéputés votent la fin des
frais d'itinérance mobile fin 2015
Neelie Kroes a réussi son pari. Le Parlement européen vient de voter, à 534 voix pour, 25 contre et
58 abstentions, sa proposition de règlement sur le marché unique des télécoms, baptisée «
continent connecté. » Deux mesures phare dans ce texte : la fin du « roaming », les frais
d'itinérance facturés par les opérateurs lorsque vous appelez ou surfez à l'étranger. Ces surcoûts
seront supprimés au sein des pays de l'Union d'ici au 15 décembre 2015.
La Commissaire européenne au Numérique Neelie Kroes en avait fait son cheval de bataille,
appelant les opérateurs à en finir avec le roaming, un frein à la consommation des européens en
déplacement. L'autre mesure à la fois polémique et emblématique porte sur la neutralité du Net : «
les fournisseurs d'accès Internet ne pourront plus bloquer ou ralentir les services Internet de leurs
concurrents » se félicitent les eurodéputés dans un communiqué. Ces derniers sont même allés
plus loin que la Commission en apportant « des garanties supplémentaires pour maintenir
l'ouverture d'Internet. »
« Rendre la vie des Européens moins coûteuse »
54 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
«Ce vote est la réponse que l'UE apporte aux attentes de la population et c'est exactement à cela
que l'UE doit servir: lever les obstacles pour rendre la vie des Européens plus facile et moins
coûteuse » s'est réjouie Neelie Kroes. « Les États membres de l'UE vont désormais poursuivre leur
examen du règlement et la Commission espère obtenir leur accord final d'ici à la fin de 2014 »
a-t-elle indiqué. Ce qui n'est pas gagné.
Les opérateurs, qui étaient vent debout contre cette proposition, devraient faire pression sur les
gouvernements pour que l'adoption du texte soit repoussée. « Notre secteur, déjà en difficulté, se
retrouve encore une fois ponctionné alors que les opérateurs doivent faire face à des
investissements majeurs de près de 30 milliards d'euros pour financer le déploiement de la 4G en
mobile et de la fibre optique dans le fixe » déplore ainsi la Fédération française des télécoms (FFT).
Anticipation des opérateurs français, Free pionnier
Pour autant, le lobby des opérateurs assure que ces derniers « ne sont pas a priori contre la baisse
et la disparition éventuelle à terme des frais de roaming » et souligne que « les opérateurs français
ont anticipé. » En effet, changement de cap depuis le début de l'année, Orange, Bouygues et SFR
ont progressivement ajouté dans leurs forfaits des heures d'appels et une quantité de données plus
ou moins importantes utilisables en Europe plusieurs jours par an. Free Mobile avait été le premier,
en avril 2013, à inclure le roaming dans son forfait à 19,99 euros par mois vers certaines
destinations, le Portugal, puis l'Italie, l'Allemagne, etc.
La FFT a salué l'ajout par le Parlement de la notion de « fair use » (usage raisonnable) pour éviter
les contournements abusifs de cette réglementation : par exemple, que des consommateurs
achètent un forfait à très bas prix dans un petit pays pour l'utiliser dans leur pays de résidence
toute l'année. « Des plafonds pourraient être exceptionnellement imposés » indique le Parlement.
Encadrer et limiter la gestion du trafic
Du côté de la neutralité du Net, les eurodéputés ont réduit les cas exceptionnels dans lesquels les
fournisseurs d'accès pourraient pratiquer de la gestion du trafic : en application d'une décision de
justice, pour préserver la sécurité des réseaux ou pour prévenir une congestion temporaire.
Les opérateurs pourront toujours proposer des « services spécialisés » comme la vidéo à la
demande ou le cloud « s'ils ne portent pas atteinte à la disponibilité ou la qualité des services
d'autres entreprises. » Or le groupe des régulateurs européens des télécoms (ORECE) « a signalé
que plusieurs fournisseurs d'accès à Internet bloquaient ou ralentissaient des services tels que
Skype » relèvent les eurodéputés.
55 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
HIGH-TECH > Le groupe de distribution en ligne arrive sur le marché des boîtiers
connectés, où il espère notamment concurrencer l’Apple TV et la clé Chromecast
de Google. Son vrai but est toutefois ailleurs puisqu’Amazon reste un vendeur de
contenu avant tout.
latribune.fr
Amazon veut rentrer dans votre salon avec sa
box Fire TV
Amazon veut s'imposer comme un géant multimédia. Le groupe de distribution en ligne a présenté
à New York un petit boîtier noir baptisé "Amazon Fire TV", qui permettra de regarder des vidéos en
ligne sur un téléviseur mais aussi d'écouter de la musique ou de jouer à des jeux vidéo.
Disponible immédiatement sur le marché américain pour 99 dollars (72 euros), il se branche sur le
port HDMI de la télévision et s'accompagne d'une télécommande. Une manette, vendue en option
à 39,99 dollars, peut également être reliée au boîtier pour jouer à des jeux vidéos.
Forte concurrence dans le secteur
Des dispositifs existent déjà, comme la clé Chromecast, dont Google dit avoir écoulé "des millions"
d'exemplaires depuis son lancement cet été aux États-Unis pour 35 dollars (35 euros en France
depuis le 19 mars), ou encore les décodeurs de la société Roku (vendus de 49,99 à 99,99 dollars)
ou l'Apple TV (99 dollars).
>> Google lance sa clé pour la TV Chromecast en France à prix cassé
Le streaming avec ces appareils est "trop frustrant", affirme toutefois le vice-président de l'unité
Kindle de tablettes et contenus numérique, Peter Larsen. Les utilisateurs se plaignent, selon lui,
d'une offre de contenus limitée ou de performances pas toujours à la hauteur, par exemple quand il
faut attendre pendant de longues minutes le début d'un film pendant qu'il se charge.
Fire TV revendique un processeur trois fois plus puissant que Chromecast, Roku ou Apple TV,
quatre fois plus de mémoire et "un écosystème ouvert". "C'est le moyen le plus simple de regarder
Netflix" , a ainsi fait valoir Peter Larsen, alors que le service est concurrent et n'hésite pas à se
moquer d'Amazon.
Une porte entrée pour Amazon
56 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
"Le vrai avenir de la télé pour Amazon devra aller au-delà [du décodeur]", estime James McQuivey,
un analyste du cabinet Forrester., avançant l'hypothèse de mises à jour ultérieures de l'appareil
pour "permettre de faire des courses depuis son salon".
FireTV est seulement la deuxième incursion d'Amazon dans la fabrication d'appareils après les
liseuses et tablettes Kindle. L'entreprise américaine ne cherche pas à faire des bénéfices en
vendant ses tablettes, elles servent de produits d'appel pour ses contenus numériques (livres,
musique ou vidéo). Fire TV devrait suivre la même stratégie.
57 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
NÉGOCIATIONS > Le groupe britannique, qui détient déjà Castorama et Brico
Dépôt, souhaite encore renforcer sa présence en France.
latribune.fr
Le britannique Kingfisher (Castorama, Brico
Dépôt) veut racheter Mr Bricolage
Après Castorama et Brico Dépôt, Mr Bricolage va probablement aussi devenir la propriété de
Kingfisher. Le groupe britannique a annoncé jeudi être en "négociations exclusives" avec les
principaux actionnaires de l'enseigne, en vue de la racheter.
L'opération valorise Mr Bricolage à environ 275 millions d'euros en incluant la dette. Kingfisher
compte acquérir la part de 41,9% détenue par l'entité détenue par les franchisés (ANPF) et celle de
26,2% de la famille Tabur, avant de racheter la part des minoritaires, au prix de 15 euros par titre (
soit une valorisation d'environ 1,60 euros par rapport au cours de mercredi).
"Dans le cadre de cette transaction, le réseau existant de franchisés et d'affiliés de Mr Bricolage sera
maintenu et ses membres se verront offrir des conditions commerciales améliorées", assure le groupe
britannique .
En attente du feu vert des autorités de la concurrence
Ce rachat ajouterait au portefeuille de Kingfischer, qui revendique la place de numéro un du
secteur des magasins de bricolage en Europe, "une troisième enseigne, solide et complémentaire
58 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
des deux marques couronnées de succès de Kingfisher en France" , a commenté le directeur
général du groupe, Ian Cheshire.
Fin décembre, Mr Bricolage disposait de 809 points de vente en France (en propre et sous
franchise) et de 69 magasins dans 10 autres pays. Le groupe a vu l'an dernier son bénéfice net
chuter de 39,8%, à 6,8 millions d'euros.
Le rachat est suspendu à l'autorisation des autorités de la concurrence. Il ne devrait donc pas être
finalisé avant le début du mois de février 2015, date de fin de l'exercice 2014/2015 de Kingfisher.
59 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
INTERNET > Le gouvernement turque autorise à nouveau les tweets, après les
avoir bloqués pendant deux semaines.
latribune.fr
Ankara lève la censure de Twitter
Les Turcs sont de nouveau autorisés à gazouiller. Le gouvernement de Recep Tayyip Erdogan a
décidé de lever l'interdiction polémique qui visait à bloquer l'usage du réseau social. L'autorité de
régulation des télécoms a indiqué qu'elle lancerait la procédure technique visant à permettre à
nouveau aux internautes d'utiliser le site, toujours inaccessible jeudi matin.
Désaveu de la Cour suprême
La veille, la Cour suprême turque avait désavoué le Premier ministre en émettant un avis soutenant
la levée de cette sanction . Cette interdiction faisait par ailleurs l'objet d'une vive campagne de
critiques de la part de certains internautes et a également été condamnée par l'UE comme une
violation de la liberté d'expression. D'autant plus que, peu après, l'accès à la plateforme vidéo
YouTube a également été bloqué.
Censure à la veille des municipales
Cette censure a été mise en place deux semaines plus tôt, à la suite de la publication d'accusations
de corruption visant le régime du Premier Ministre et juste avant le scrutin municipal du 30 mars en
Turquie, remporté haut la main par la majorité.
60 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
61 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
INTERNET > Pourquoi les Etats-Unis ont-ils financé un réseau social à Cuba ?
Selon des journalistes américains, il s’agissait de provoquer un printemps cubain
et de déstabiliser l’éternel rival communiste...
Etienne Goetz
Cuba : les Etats-Unis retentent le coup de la
baie des Cochons avec un faux Twitter
Les Etats-Unis n'en sont pas à un incident diplomatique près avec Cuba. Des journalistes d'AP
viennent de révéler que l'Agence des Etats-Unis pour le développement international a
secrètement mis au point un réseau social sur l'île dans l'espoir qu'il devienne un jour le Twitter
cubain.
Le printemps cubain n'aura pas lieu
Le nouvel outil aurait eu pour but final de rassembler une masse importante de jeunes cubains et
d'animer des groupes de dissidents afin de déstabiliser le gouvernement communiste . Tout
a commencé en 2009, mais s'est arrêté à peine deux ans plus tard, faute de fonds.
Le réseau en question s'appelle ZunZuneo . Ce nom vient de l'argot cubain pour désigner le
sifflotement d'un oiseau. Le réseau fonctionne uniquement à base de SMS, mais son principe est
celui de Twitter puisqu'il permet aux utilisateurs de se suivre mutuellement, de lire les messages de
chacun et même de rejoindre des groupes de discussion.
Le réseau connut un relatif succès. Les messages sont le seul moyen de connecter les Cubains à
62 Entreprise
LA TRIBUNE 04/04/2014
un monde plus étendu. A Cuba, i nternet est rare, cher et limité . Pour justifier les limitations
d'internet, le régime cubain a d'ailleurs souvent utilisé comme prétexte les tentatives américaines
de déstabilisation du gouvernement. Avec les récentes révélations, Cuba est conforté dans ses
craintes.
Aucun lien visible avec les Etats-Unis
Près de 40.000 Cubains auraient été séduits. Ils n'avaient aucune idée que le réseau social était
financé par les Etats-Unis. Encore moins que les ingénieurs américains à la tête du réseau
collectaient leurs données personnelles. Selon les informations d'AP, les cubains étaient classés
dans des catégories selon leur tendance politique.
D'après l'enquête menée par les journalistes d'AP, le réseau a été créé à partir de sociétés écran et
financées par des banques étrangères. Les utilisateurs n'avaient aucun moyen d'établir un lien
avec les Etats-Unis.
Le fondateur de Twitter était-il de la partie ? Et la maison blanche ?
Visiblement, le projet était important. Selon AP, Suzanne Hall, travaillant auprès de la secrétaire
d'Etat, Hilary Clinton, aurait apporté son aide pour recruter Jack Dorsey, le fondateur de Twitter. Ce
dernier n'a pas souhaité s'exprimer, mais il semblerait qu'il ait refusé les propositions du
gouvernement.
Pour l'agence de presse, le projet pourrait ne pas respecter le droit américain. De plus, les
responsables de l'Agence des Etats-Unis pour le développement international n'ont pas
communiqué sur le sujet. On ne sait pas qui a approuvé le programme encore moins si la maison
blanche était au courant. Et aucun lanceur d'alerte cubain pour le dire.
>> Lire aussi : A Cuba, des avantages fiscaux pour attirer les investisseurs étrangers
63 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
BANQUE DE DÉTAIL > Les moyens de paiement constituent une filière
d’excellence en France, au même titre que l’aéronautique ou le luxe, affirme
Georges Pauget, ancien patron du Crédit agricole.
Christine Lejoux
Comment bâtir "l'Airbus" des moyens de
paiement
La France dispose d'un fleuron industriel caché, ignoré d'elle-même. A savoir les moyens de
paiement. Telle est la conviction de Georges Pauget, ancien directeur général du Crédit agricole et
aujourd'hui président du cabinet de conseil Economie, finance et stratégie, qui considère ce secteur
comme une filière d'excellence française, au même titre que le luxe ou l'aéronautique.
Une filière dont Georges Pauget a présenté une cartographie, jeudi 3 avril, dans le sillage
du rapport sur l'avenir des moyens de paiement en France, que l'ancien patron de la banque verte
avait publié en 2012 avec Emmanuel Constans , médiateur des ministères économiques et
financiers. L'objectif : démontrer par A plus B que les moyens de paiement constituent en France
une industrie créatrice de valeur et d'emplois, une excellence qu'il convient de préserver à l'heure
où le secteur est bousculé par l'arrivé de nouveaux entrants tels que les géants de l'Internet
PayPal, Google ou encore Amazon.
L'industrie française des moyens de paiement emploie 90.000 personnes
"L'opinion publique réduit l'univers des moyens de paiement aux banques, mais celles-ci sont
64 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
largement minoritaires dans cette filière, qui est véritablement industrielle" , précise Georges
Pauget. De fait, sur les quelque 240 sociétés que compte le secteur des moyens de paiement en
France, la moitié environ n'est pas issue du monde bancaire. Il s'agit d'entreprises comme le
spécialiste de la carte à puce Gemalto ou le fabricant de terminaux de paiement Ingenico, qui sont
en outre "des champions européens, voire mondiaux", insiste Georges Pauget.
Il est vrai que Gemalto ne compte pas moins de 10.000 collaborateurs dans le monde, pour un
chiffre d'affaires annuel qui dépasse les 2 milliards d'euros, celui d'Ingenico excédant le milliard, et
les effectifs de la société se montant à 4.500. Au total, l'industrie française des moyens de
paiement - puisqu'il faut donc parler d'industrie - emploie 90.000 personnes (dont 72.000 emplois
indirects). Ce nombre a surpris Pascal Burg, du cabinet de conseil Edgar, Dunn & Company, qui a
réalisé avec Georges Pauget la cartographie de la filière française des moyens de paiement :
" Nous pensions que le secteur ne comptait pas plus de 40.000 à 50.000 collaborateurs. Le chiffre de
90.000 n'est pas si éloigné des 140.000 emplois comptabilisés aussi bien dans la filière de
l'aéronautique que dans celle du luxe, en France."
Après la vague de la carte à puce, celle du digital
Quant au poids économique de la filière française des moyens de paiement, Pascal Burg l'estime
à 6 ou 7 milliards d'euros, sur la base de la valeur ajoutée par employé calculée par l'Insee.
Laquelle ressort à 95.000 euros dans le domaine des moyens de paiement, soit un montant
supérieur de 23% à la moyenne française, tous secteurs d'activité confondus. Si l'industrie
française des moyens de paiement est si performante, c'est parce qu'elle a été portée par la vague
de la carte à puce, créé en France et qui a été déployée sur les cartes bancaires à partir de 1992.
Or "la carte à puce ne sera plus le produit phare, au cours des prochaines années, compte tenu de
l'émergence du paiement par mobiles", prévient Georges Pauget. "Après la première vague de la
carte à puce, nous assistons aujourd'hui à une deuxième vague dans le domaine des paiements,
qu'il ne faut pas rater, celle du digital, avec la montée en puissance de portefeuilles électroniques
comme PayPal et Buyster [développé par les opérateurs de télécommunications Orange,
Bouygues Télécom, SFR et la SSII Atos ; Ndlr]", renchérit Pascal Burg.
Des acteurs qui doivent coordonner leur contre-offensive
Certes, les acteurs traditionnels des moyens de paiement en France ont commencé à répliquer à
l'offensive de ces nouveaux entrants. En témoignent les lancements successifs, à l'automne
dernier, du portefeuille numérique Paylib, porté sur les fonts baptismaux par BNP Paribas, la
Société générale et la Banque Postale, puis du portefeuille digital V.me, qui associe BPCE, LCL et
le système de paiement Visa. Mais tout cela " manque de coordination et pose le problème de
l'absence d'interopérabilité (entre les différents systèmes ainsi créés)" , regrette Georges Pauget.
65 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
Pour l'ancien patron du Crédit agricole, les acteurs des moyens de paiement doivent donc coopérer
afin de mener à bien leur contre-offensive contre leurs nouveaux concurrents.
Coopérer entre eux, mais pas seulement : il leur faut également " collaborer avec cinq des 34
filières industrielles qui avaient été jugées les plus porteuses par François Hollande et Arnaud
Montebourg en septembre dernier " , ajoute Georges Paujet. A savoir le "big data" (analyse de
masses de données colossales), le "cloud computing" (informatique dans le nuage), les objets
connectés, les services sans contact et, enfin, la cybersécurité. Autant de domaines dans lesquels
excellent aussi bien de grands groupes hexagonaux comme Thales et Safran que des start-up
françaises telles que Talend ou Criteo.
La part de marché des grands acteurs français se limite à 3% en Europe
L'objectif étant, pour Georges Pauget, qui reprend l'allégorie avec la filière aéronautique, "
de construire l'Airbus des moyens de paiement." A l'échelon français d'abord, puis à l'échelle
européenne, "car il ne faut pas rester franco-français dans l'Europe des paiements", met en garde
Georges Pauget.
De fait, la part de marché des plus grands acteurs français des moyens de paiement n'excède pas
3% en Europe, selon l'ancien directeur général du Crédit agricole. Pour qui " il faut donner aux
grands industriels français du secteur des paiements les moyens de préserver, voire d'accroître,
leurs performances à l'échelle mondiale." Il ne s'agit pas là de simples souhaits. Georges Pauget a
bien l'intention de "conduire un projet industriel" en ce sens.
66 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
CHINE > De nombreux épargnants chinois financent le shadow banking sans le
savoir au travers de produits patrimoniaux qui leur sont vendus par les banques.
Les premiers défauts d’entreprises financées par cette voie totalement libéralisée
pourraient causer leurs premières déconvenues.
Romain Renier
Le shadow banking, ou la découverte du
libéralisme par les épargnants chinois
Ralentissement de la croissance, exposition exponentielle au crédit, finance alternative hors de
contrôle... malgré des messages qui se veulent rassurants de la part des autorités, la tension est
palpable en Chine. L'une des craintes, citée régulièrement, est celle d'une implosion du système
financier. Sans même aller aussi loin, les épargnants chinois sont en première ligne pour payer
l'addition des excès de la finance de leur pays, en plein virage vers une économie de marché.
Un système bancaire classique inefficace
Pour comprendre, il faut s'intéresser au fonctionnement du crédit en Chine. Les banques
commerciales, contrôlées par l'État, ne peuvent en effet prêter que dans la limite des taux d'intérêts
définis par la banque centrale chinoise, la People Bank of China (PBOC). Dés que ceux-ci ne
suffisent pas à garantir leurs risques, ce qui est presque toujours le cas pour les entreprises
privées, elles ne prêtent pas.
C'est la raison pour laquelle la quasi totalité des liquidités injectées par la PBOC pour soutenir
67 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
l'économie du pays, face au ralentissement mondial après 2008, sont venues nourrir les
entreprises d'État et les gouvernement locaux.
Or, dans le cadre du rééquilibrage de la croissance axé sur une montée en gamme et une plus
grande place accordée au marché, les autorités ont décidé de mettre l'accent sur les entreprises
privées.
>> Lire Les grands enjeux de 2014 : la Chine, malade de son système bancaire (série)
Le shadow banking comme substitut
Afin de leur assurer un financement, alors qu'elles sont par nature porteuses de risque faute d'une
garantie de l'État, Pékin a fait la part belle à une finance alternative : le shadow banking. Dans les
faits, il s'agit de permettre à des sociétés prenant la forme de trusts de jouer le rôle de banques au
service du secteur privé.
"Le shadow banking n'est pas une mauvaise chose. C'est un pas vers la libéralisation des taux d'intérêts
vers laquelle veulent tendre les autorités," explique Xinghang Li, gérant d'un fonds actions marchés
asiatiques chez OFI Asset Management.
L'ennui, c'est que ces trusts ne sont pas des banques. Ils ne sont donc soumis ni aux taux d'intérêt
fixés par les autorités, ni aux exigences de fonds propres que doivent respecter les établissements
bancaires. Bien que détenus par des entreprises d'État, ils ne sont en fait soumis à aucune
régulation pour le moment.
Près de 19% du PIB
Ils pesaient pourtant quelque 10.900 milliards de yuans (1.300 milliards d'euros) fin 2013, selon la
China Trustee Association, un organisme sous la coupe de la PBOC. Soit 19% du produit intérieur
brut (PIB) chinois. Pas moins de 32% de cette somme aurait financé des opérations immobilières.
La Réserve Fédérale de San Francisco estime même le poids de cette finance de l'ombre chinoise
à 4.800 milliards de dollars (3.500 milliards d'euros) selon une étude parue en avril dernier. Même
si, il faut le reconnaître, c'est moins qu'aux États-Unis, où le shadow banking pesait au bas mot
25.000 milliards de dollars à la fin 2011.
>> Lire : "Shadow banking", le système bancaire parallèle qui valait 67.000 milliards de
dollars
Financement par l'épargne
68 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
Mais là où le bât blesse, c'est que le gros du financement de ces trusts est assuré par l'épargne
privée. Et, si certains savent ce qu'ils font, de nombreux petits épargnants ne seraient pas au
courant, comme le souligne Xinghang Li.
"Les banques vendent des produits d'épargne aux particuliers appelés Wealth Product Management
(WPM) qui contiennent des créances sur ces trusts, en échange desquels elles promettent aux
particuliers un rendement de 5 à 8%," explique le gérant.
Ces produits d'épargne sont très attractifs pour les particuliers, car le taux de dépôt est fixé à moins
de 3% par la banque centrale, sans que les banques ne puissent y déroger. Mais les acheteurs de
ces produits ne savent pas nécessairement ce qu'il y a dedans. Jusqu'ici, ils pouvaient cependant
compter sur l'Etat pour intervenir et éviter les défauts.
Première série de défauts obligataires
Sauf que les deux premiers défauts obligataires de l'Histoire de Chine, tous deux survenus ces
dernières semaines, et le possible éclatement d'une bulle immobilière, ont attisé la crainte d'un
effondrement du château de cartes.
"Malheureusement, j'ai bien peur que des cas isolés de défauts de ce type soient difficiles à éviter," a
d'ailleurs prévenu le Premier ministre Li Keqiang suite au premier d'entre eux , celui du fabricant de
panneaux solaires Chaori.
Une manière d'annoncer que désormais, Pékin n'interviendra plus à tous les coups pour sauver les
investisseurs imprudents, en particulier dans les secteurs en surcapacité. A titre d'indice, le second
défaut obligataire concernait une petite entreprise de construction, Xuzhou Zhongsen Tonghao.
Les épargnants en première ligne
Pour le moment, les deux cas de défaut avérés restent isolés et les montants sont faibles. La
solvabilité des trusts, censés produire les intérêts reversés aux épargnants au travers des produits
patrimoniaux (WPM) n'a par ailleurs pas été remise en cause.
Mais "il y aura d'autres défauts de ce type, met en garde Xinghang Li, car cela va dans le sens d'un
assainissement de l'économie."
La question est donc désormais de savoir qui aura à assumer le risque en bout de chaîne. En
principe, selon la réglementation chinoise, ce sont les épargnants détenteurs de ces produits
69 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
patrimoniaux qui, en qualité d'investisseurs, sont responsables de leurs pertes.
Signes de tension chez les épargnants
Il y a toutefois peu de chance pour que la banque centrale prenne le risque de provoquer une
panique généralisée, expliquent les analystes. Mais il n'en demeure pas moins que la confiance
qu'ont les Chinois dans leur système bancaire commence à s'effriter.
En témoignent les trois jours de panique provoqués par des rumeurs d'insolvabilité de deux
banques dans la ville de Yancheng, au nord de Shanghaï, la semaine dernière. Les clients y étaient
venus en masse retirer leurs économies avant que la PBOC ne soit obligée de les rassurer. C'est
ce type de panique, connu sous le nom de bank run , qui avait provoqué la chute de la banque
britannique Northern Rock, emblème de la crise financière de 2008.
Les investisseurs internationaux ne seront donc sans doute bientôt plus les seuls à exiger
davantage de transparence dans le système financier chinois. Transparence sans laquelle
l'introduction de la notion de risque, pendant de l'économie de marché, ne se fera pas sans heurt.
70 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
BANQUE > Deux sociétés financières indiennes devraient bientôt obtenir une
licence commerciale. L’Inde cherche à intégrer les plus pauvres au système
bancaire officiel.
latribune.fr
L'Inde autorise la création de nouvelles
banques pour la première fois... depuis 10 ans
Nouveau signe de libéralisation en Inde. Les autorités indiennes ont annoncé mercredi leur
intention d'accorder des licences bancaires à deux établissements, pour la première fois depuis
une décennie. Un moyen d'intégrer davantage d'Indiens, et notamment les plus pauvres, dans le
système bancaire officiel.
Seuls 35% des Indiens ont un compte en banque
La Reserve Bank of India (RBI), qui fait office de banque centrale, a ainsi donné son accord
"de principe" à IDFC, un important établissement d'octroi de crédits aux projets d'infrastructure,
ainsi qu'à la Bandhan Financial Services, une société spécialisée dans le financement de
micro-crédits, dans l'est de l' Inde - elle prête aux plus pauvres qui n'ont pas accès au système
bancaire - pour ouvrir des banques.
Seuls 35% des Indiens adultes possèdent un compte en banque , un chiffre que la RBI juge
"minuscule" et qui, selon elle, témoigne du "besoin pressant d'accélérer" l'intégration des Indiens
les plus pauvres dans le système bancaire.
71 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
Les licences octroyées obligent les nouvelles banques à ouvrir 25% de leurs succursales dans les
régions rurales dépourvues de services bancaires. Les deux sociétés ont été choisies parmi 25
candidats, dont des poids lourds tels que le groupe ADAG, détenu par le millionnaire Anil Ambani.
Refonte de la réglementation en vue
La banque centrale a souligné que ce choix d'IDFC et de Bandhan s'était fait sur la base de leur
expérience de dix ans dans le monde des affaires et de leurs projets de gestion pour les
banques. Elle entend désormais réviser les règlements concernant l'octroi de licences à l'avenir et
accorder des licences "plus régulièrement" . Notons à cet égard que Bandhan est la première
société de micro-finance à obtenir une licence bancaire.
Le secteur bancaire indien, très fortement réglementé, est actuellement dominé par les banques
publiques. Après l'amorce de libéralisation de l'économie indienne, la banque centrale avait
accordé dix licences commerciales en 1994 et deux autres en 2004.
72 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
ETUDE > Et si les propriétaires restaient plus longtemps au chômage que les
locataires? Beaucoup se sont cassés les dents sur cette question. Trois
chercheurs belges ont trouvé la solution au problème: l’endettement.
Etienne Goetz
Propriétaires : ne remboursez pas votre
crédit, vous risqueriez le chômage
Quand on devient propriétaire d'une maison, on s'enracine, de fait on perd en mobilité et en
flexibilité. D'ailleurs, on ne s'installe définitivement que quand on est à peu près sûr de vouloir
rester au même endroit toute sa vie : pour travailler, pour élever ses enfants…
La tentation est grande de penser que les propriétaires déménagent moins souvent. Et si on va un
peu peu plus loin : qu'une fois au chômage, les propriétaires ont du mal à retrouver un emploi, la
mobilité étant la clé de l'emploi. Cette analyse, aussi séduisante soit elle, ne correspond pourtant
pas à la réalité.
Le crédit ou le facteur clé
Les différentes études menées sur le sujet se contredisent les unes les autres et n'ont pas réussi à
clairement déterminer un lien de cause à effet entre propriété et chômage.
La solution arrive de Belgique . Stijn Baert, Freddy Heylen et Daan Isebaert, économistes à
l'université de Gand ont réussi à isoler un facteur pour comprendre le lien entre les deux : le crédit.
73 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
L'endettement est stimulant
L'étude met en évidence que les propriétaires ayant déjà remboursé toutes leurs créances restent
plus longtemps au chômage avant de retrouver un emploi. Les chercheurs ont pris soin de prendre
en compte l'effet de l'âge. On ne peut donc pas réfuter la conclusion au prétexte que les personnes
pleinement propriétaires sont plus âgées et ont donc moins de chances sur le marché du travail.
En revanche, les personnes endettées restent moins longtemps au chômage. La pression
financière est visiblement stimulante pour trouver plus rapidement un travail et accepter plus de
compromis. Les propriétaires avec un crédit à rembourser sont même plus efficaces que les
locataires quand il s'agit de retrouver un emploi.
La morale de cette histoire : pour rester un jeune cadre dynamique, mieux vaut ne pas payer ses
dettes.
74 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
IMMOBILIER > La population des acquéreurs vieillit et leur budget devient de
plus en consistant, Les moins de 40 ans ne représentent plus que 42% des futurs
acquéreurs, contre 52% en 2009, selon une enquête récente.
latribune.fr
À quoi ressemble le propriétaire français de
demain ?
Les propriétaires français sont de plus en plus vieux et riches. Tel est le portrait des candidats à
l'acquisition d'un bien immobilier qui consultent De particulier à particulier (pap.fr), selon la 6e
enquête habitat réalisée par le site auprès de 6.405 de ses utilisateurs, entre décembre 2013 et
février 2014.
Près de six acheteurs potentiels sur dix sont quadragénaires ou plus, contre moins de cinq en
2009. Les moins de 40 ans ne représentent plus que 42% des futurs acquéreurs, contre 52% en
2009, alors que la proportion de retraités a doublé en 5 ans, passant de 7,2% en 2009 à 14,3% en
2014.
"Bien évidemment, le vieillissement de la population des acquéreurs, conjugué à un niveau de prix
restant très élevé, élimine les catégories les moins aisées de l'accession à la propriété. Ce mouvement,
entamé à partir de 2009, s'est poursuivi jusqu'à maintenant", souligne l'enquête.
L'apport financier des candidats à l'achat s'accroît
75 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
Près de sept candidats à l'achat sur dix sont déjà propriétaires d'un logement, alors qu'en 2009 les
secondo-accédants représentaient seulement le 57,5% des futurs acquéreurs. Ces candidats à
l'achat immobilier sont le plus souvent issus des classes sociales aisées, puisque 37,6% sont des
cadres supérieurs contre 18,6% d'employés.
Leur apport financier a d'ailleurs crû de façon conséquente, puisque plus d'un tiers prévoit
désormais de financer au moins la moitié de son achat immobilier sans recourir à un prêt. En 2009,
ils n'étaient que 23% dans ce cas.
Le montant moyen des projets d'acquisition a également grimpé, puisqu'un quart des acquéreurs
potentiels envisagent de dépenser plus de 400.000 euros (contre 13,9% en 2009) et un sur deux dit
s'être constitué un budget de plus de 250.000 euros (contre 36,7%).
Crédit photo : SalFalko via Flickr CC License by.
76 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
AIDE D'ETAT > La Cour de justice de l’UE a confirmé jeudi l’interdiction faite à
Paris d’accorder une garantie illimitée à La Poste, en l’assimilant à une aide
d’Etat illicite.
latribune.fr
Bruxelles fait vaciller les fondations de la
RATP et de la SNCF
La Cour de justice de l'Union européenne a tranché. Elle a en effet confirmé un arrêt du Tribunal de
l'UE qui, en 2012, avait validé une décision de la Commission selon laquelle la garantie étatique
accordée à La Poste, du fait de son statut d'établissement public à caractère industriel et
commercial (Epic), constituait une aide incompatible avec le droit européen.
Un avantage par rapport aux concurrents
Bruxelles avait estimé en 2010 que le statut d'Epic conférait à La Poste l'équivalent d'une "
garantie financière implicite et illimitée" de l'Etat, qui la protégeait donc de la faillite et lui procurait
donc un avantage sur ses concurrents. Au nom de la libre concurrence, la Commission avait alors
réclamé la suppression de cette garantie.
La transformation de La Poste en société anonyme, le 1er mars 2010, a de fait mis fin au différend.
La France à l'attaque
77 Banque & Finance
LA TRIBUNE 04/04/2014
La France a quand même jugé bon d'attaquer sur le fond la décision de Bruxelles. Elle a ainsi fait
valoir que l'entreprise ne tirait pas avantage de son statut juridique mais de son actionnariat,
puissant et stable, en l'occurrence l'Etat.
Il s'agissait de protéger ses autres Epic comme la SNCF, la RATP mais aussi l'Opéra de Paris ou
la Comédie française. Mais, en septembre 2012, le Tribunal de l'UE a contrecarré l'analyse de
Paris et a donné raison à Bruxelles. La décision du Tribunal n'a pas eu d'incidence pour La Poste,
devenue une société anonyme.
Reste que selon Paris, cette décision pourrait remettre en cause le financement de tous les autres
Epic, qui, d'après cette juridiction, bénéficient donc d'une garantie indue liée à leur statut.
78 Territoires
LA TRIBUNE 04/04/2014
HABILLEMENT > L’entreprise de prêt-à-porter finistérienne Armor-Lux a remporté
l’appel d’offres lancé par la compagnie ferroviaire. Les premières tenues seront
livrées à l’automne 2014.
latribune.fr
Armor-Lux n'habille plus la police mais
fabriquera désormais les uniformes des
agents SNCF
Bonne nouvelle pour Armor-Lux. La marque bretonne emblématique du "Made in France" vient de
remporter un appel d'offre lancé par la SNCF, qui lui permettra dorénavant d'habiller les quelque
33.000 agents de la compagnie ferroviaire.
Tenues livrées dès l'automne prochain
L'entreprise de prêt-à-porter finistérienne devra assurer la fabrication et la distribution de la
nouvelle tenue portée par les agents, dont les premières tenues seront livrées à l'automne 2014,
précise la SNCF dans un communiqué.
" La qualité des matières proposées par l'entreprise quimpéroise, l'efficacité de ses services
logistiques et ses innovations correspondent pleinement à la volonté de la SNCF d'améliorer la
qualité des tenues professionnelles", a précisé l'entreprise publique dans son communiqué.
Compenser la perte des uniformes de la police
79 Territoires
LA TRIBUNE 04/04/2014
Ce contrat devrait en partie permettre à la PME bretonne de compenser la perte, en 2013, du
marché des uniformes de la police, au profit d'une filiale du groupe GDF Suez, associée à deux
PME françaises. Un événement qui avait mis le ministre du Redressement productif de l'époque,
Arnaud Montebourg, vent debout. Il avait alors plaidé pour que son fleuron du "Made in France",
obtienne tout-de-même "une partie du chiffre d'affaires et des pièces à réaliser".
De son côté, l'entreprise finistérienne avait contesté devant le tribunal administratif de Paris les
conditions d'attribution de ce marché, au mois de mai dernier. En vain.
80 Territoires
LA TRIBUNE 04/04/2014
#PLTJE > Le jury régional du Prix La Tribune du Jeune Entrepreneur, réuni ce
mardi 1er avril au Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais à Lille, a qualifié pour
la finale nationale des entrepreneurs persévérants et qui ont su repenser leurs
activités face à l’échec, et qui ont su se montrer créatifs pour développer leur
projet avec peu de ressources.
Perrine Créquy
#PLTJE : la bravoure et l'ingéniosité des
jeunes entrepreneurs du Nord-Est
récompensée
Pour entreprendre, il faut une idée, une équipe, une bonne exécution du projet. Mais il faut aussi
faire face aux difficultés, qu'elles concernent le financement, les ruptures technologiques qui
rendent votre produit obsolète alors qu'il vient d'être commercialisé, les disputes entre associés,
etc. C'est un hommage aux entrepreneurs qui persévèrent, qui réalisent "des pivots" en repensant
leur activité de fond en comble pour éviter la disparition de leur société, qu'a adressé le jury du Prix
La Tribune du Jeune Entrepreneur, réunis mardi 1er avril au Conseil Régional du
Nord-Pas-de-Calais, à Lille, pour choisir les candidats de Picardie, du Nord ou encore d'Alsace qui
concourront en finale nationale le 29 avril prochain.
Un service innovant... et respectueux de l'environnement
81 Territoires
LA TRIBUNE 04/04/2014
Ainsi, dans la catégorie Green Business, ils ont plébiscité Romain Sarels, le fondateur de Pubeco.
Depuis 2007, il oeuvre pour la dématérialisation des publicités promotionnelles et catalogues
distribués dans les boîtes à lettres, qui génèrent chaque année 40 kg de déchets par foyer. Un
million de ses autocollants "Pub non merci" ont été distribués en France. Mais il lui a fallu cinq
années pour prouver que sa plateforme, qui permet aux consommateurs de consulter ces
prospectus en ligne, donne autant de visibilité aux messages publicitaires que le papier.
Désormais, il repense son modèle de négociation avec ses partenaires de la grande distribution, et
déploie un système d'abonnement. "Nous n'avons pas de grands brevets, mais nous innovons en
termes de service", a-t-il souligné. Sa société emploie une vingtaine de personnes à Orchies (59).
Et pour Laurent Vitoux, délégué régional Nord-Pas-de-Calais d'Orange, "Romain Sarels sait faire
évoluer son modèle, il n'a pas peur de négocier avec la grande distribution. C'est un entrepreneur
solide."
Des produits électroniques made in France... et rentables!
Jean-Christophe Coevoet, fondateur de Texiom et finaliste du Nord-Est dans la catégorie Industrie
du PLTJE, s'est attaqué seul à un défi de taille : prouver que l'on peut produire en France des
produits industriels électroniques rentables. Pour réaliser l'alarme anti-accident domestiques
(incendies, fuite 'eau, etc.) qu'il a conçue, il a choisi de travailler avec des entreprises françaises, et
essentiellement nordistes, créant des emplois induits.
Pour diviser par trois le budget nécessaire à la production de cet objet connecté, cet entrepreneur
basé à Lille fait du troc de compétences, consacrant 10% de son temps de chef d'entreprise à des
missions de consulting pour bénéficier en retour d'un coup de pouce utile mais non monétisé de
ses partenaires. Sa présentation a emporté l'adhésion des jurés, notamment de Blandine Laloy,
chargée d'affaires Création de Bpifrance.
Un entrepreneur armé pour l'avenir
Dans la catégorie Numérique, le jury a été impressionné par le pivot réalisé par Maxence
Devoghelaere, le fondateur du studio de création et de distribution de jeux dématérialisés 3DDuo,
aujourd'hui âgé de 29 ans. Il a raconté l'échec du premier projet de son entreprise, la réalisation
d'un jeu vidéo qui n'a pas trouvé son marché, et qui l'a contraint à licencier 10 personnes. "Il a la
témérité et la capacité à rebondir caractéristique des entrepreneurs", a souligné Dimitri Perrier,
chargé de mission Expert au service d'activité de la direction de l'action économique au Conseil
Régional du Nord-Pas-de-Calais.
Egalement chanteur d'un groupe de rock, Maxence Devoghelaere souhaite "montrer aux jeunes
que l'on peut entreprendre et relever les défis de la création d'entreprise, tout en continuant de
82 Territoires
LA TRIBUNE 04/04/2014
vivre sa passion". Pour Véronique Poncin, directeur régional Nord-Pas-de-Calais Picardie de
l'assureur mutualiste AG2R La Mondiale, "cet entrepreneur est armé pour l'avenir. Il a le potentiel
pour développer sa société, qui emploie déjà 35 salariés."
Un métier classique, mais un angle inédit
David Melo Pena, sélectionné pour représenter le Nord-Est dans la catégorie Services, a lui aussi
connu les affres de la fermeture d'une entreprise. Après un BTS commercial, il a commencé à
travailler à l'âge de 19 ans dans l'immobilier, un secteur qu'il n'a jamais quitté. Mais la première
société qu'il a créée, à l'âge de 21 ans, n'aura duré qu'un an. Sans se décourager, il en a fondé une
deuxième, puis une troisième, In Vestiss France, en 2007.
Depuis sept ans, il crée de la valeur et de l'emploi grâce à un concept simple : acheter des
propriétés, les diviser, et les revendre à des prix 20% inférieurs aux prix de marché. Ce marchand
de biens basé en Picardie dispose de quatre bureaux et intervient dans une dizaine de
départements. Il s'apprête à embaucher son 14e salarié. Philippe Kuhn, directeur du marché des
entreprises de Caisse d'Epargne Nord France Europe, a souligné "l'efficacité de cette entreprise qui
a su trouver un angle d'attaque intéressant dans un métier des plus classiques".
Vivre une histoire, plutôt que de la lire
Dans la catégorie Start, qui accueille les entrepreneurs qui débutent, le choix a été difficile, tant les
projets portés par les trois candidats étaient aboutis. C'est finalement le Strasbourgeois Rémy
Perla qui a obtenu le sésame pour la finale nationale du Prix La Tribune du Jeune Entrepreneur.
Son entreprise "Rêve aux lettres" vise à promouvoir la lecture chez les enfants, en leur faisant vivre
une histoire plutôt que la découvrir à travers un livre. L'enfant abonné à ce service reçoit des
courriers qui lui sont adressés au titre d'un mandat fictif - de roi par exemple - et sollicitent des
prises de décision de sa part, qu'il doit notifier en rédigeant des lettres à son tour. La suite des
échanges est ainsi adaptée en fonction des réponses de l'enfant.
Pour assurer ce service personnalisé à grande échelle, Rémy Perla, ingénieur informatique, a mis
au point un logiciel qui calcule les scénarios possibles à partir de l'histoire pré-rédigée. Il négocie
actuellement un partenariat avec La Poste et pour mettre les lettres sous plis, il fait appel aux
travailleurs en situation de handicap d'un Etablissement et service d'aide par le travail (Esat) de la
Région Alsace. Les jurés parents étaient prêts à souscrire immédiatement un abonnement pour
leurs enfants. Pour Alain Laruelle, directeur commercial régional Nord Ouest d'EDF, il n'y a pas de
doute : "Le projet de Rémy Perla a le potentiel pour devenir un phénomène de société chez les
83 Territoires
LA TRIBUNE 04/04/2014
enfants, à l'instar d'Harry Potter."
L'ensemble de ces lauréats de la région Nord-est ont été félicités et encouragés par Françoise Dal,
conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais, membre de la Commission Développement
économique, Schéma régional de développement économique, Nouvelles Technologies,
Enseignement supérieur et Recherche.
84 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
OPINIONS > Le futur premier ministre de l’Inde, Narendra Modi, aura fort à faire
pour sortir le pays d’une phase critique de son développement. Par Quentin
Gollier, consultant
Quentin Gollier
Quel gouvernement pour une Inde en
difficulté économique?
"Exploitant les doutes et les tensions alimentés par l'ouverture de l'Inde au monde, Modi a
transformé son Etat [le Gujarat] en une forteresse de l'extrémisme hindou, réduisant en lambeaux
le vision de Gandhi d'une coexistence laïque » annonçait Robert D. Kaplan dans The Atlantic en
2009, « Un jour, il pourrait bien gouverner la plus grande démocratie du monde ».
Vers une défaite historique du parti du Congrès
Alors que l'Inde s'affaire avant les élections qui se dérouleront entre le 7 avril et le 12 mai - afin de
permettre à l'ensemble des 814 millions de votants de participer -, le Parti du Congrès (PdC, qui
possède aujourd'hui 206 députés sur 545), qui a traditionnellement dominé la politique du pays
depuis l'indépendance, se dirige à en croire les sondages, vers une défaite historique.
Assemblant derrière lui la disparate Alliance Progressive Unie actuellement au pouvoir, le PdC se
voit opposé à l'Alliance Démocratique Nationale, emmenée par le Bharatiya Janata Party (BJP, 117
députés actuellement), "le Parti du Peuple Indien", et son leader incontesté, Narendra Modi. Les
sondages semblent donner un net avantage à cette dernière, notamment du fait de la composition
85 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
très à droite et très libérale de la plupart de ses membres face à un PdC - et son lourd héritage
socialiste - usé par une décennie de pouvoir sous l'égide du premier-ministre sortant, Manmohan
Singh.
Le futur premier ministre, une énigme
Personnage double, naviguant adroitement entre le nationalisme hindou le plus violent et un
programme économique centré sur l'ouverture au monde des régions sous son contrôle, Mr. Modi
reste une énigme, alors même qu'il semble sur le point de prendre les rênes du gouvernement
indien.
Né en 1950 dans une petite ville du nord de ce qui est alors l'Etat de Bombay (avant sa partition
entre Gujarat et Mahrshtra en 1960) au sein d'une famille nombreuse d'épiciers, Narendra Modi
prend vite le chemin de la rue après l'école, et s'occupe avec son frère d'un petit étal de thé à
proximité de la station de bus de la ville.
Peu porté sur les études, il finit par rencontrer dans son adolescence des membres du RSS (le
Rashtriya Swayamsevak Sangh, ou Organisation Nationale des Volontaires) qui lui présentent la
philosophie de cette organisation nationaliste, disposant d'une branche paramilitaire, mais qui
fournit aux familles hindoues des circuits parallèles d'éducation et de santé alternatives aux
services publics calamiteux.
Des équipes composées exclusivement d'hindous
Gagnant progressivement ses galons politiques sous l'étendard vert et safran du BJP et faisant des
références constantes aux grandes épiques indiennes tel que le Ramayana - n'hésitant pas à
traiter ses adversaires de « mangeurs de bœufs » éloignés de la fameuse hindutva (l'hindouité) -,
au centre de l'idéologie de son parti, Mr. Modi prend rapidement soin de nommer des équipes
exclusivement composées d'hindous alors que près de 10% de la population de l'Etat est
musulmane et est centrale dans le fonctionnement économique de l'Etat (les musulmans gujaratis
étant réputés pour leur esprit entrepreneurial). En 2001, il finit sans surprise par prendre la tête du
gouvernement du Gujarat.
Un programme nationaliste
Porté au pouvoir sur un programme nationaliste et jouant en permanence des symboles de
l'hindutva, Narendra Modi contribue à mettre en place un climat tendu entre communautés, jusqu'à
l'explosion en 2002, quand un incendie apparemment criminel dans un train de pèlerins hindous
provoque plusieurs semaines d'émeutes qui verront la mort de près de 2000 personnes, en
écrasante majorité musulmanes autour d'Ahmedabad. A ce jour, l'implication de Mr. Modi dans ces
violences demeure contestée, mais de lourds soupçons pèsent sur plusieurs de ses décisions,
86 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
notamment celle ayant porté sur le rapatriement des cadavres des pèlerins vers Ahmedabad,
provoquant la vague de violence dans la capitale de l'Etat. Narendra Modi a pris bien soin jusqu'à
maintenant de ne jamais faire allusion à cette série de tragiques événements.
Comme le dit Kaplan, « il aurait pu y avoir tellement de manières ingénieuses pour Modi de montrer
des remords pour 2002 sans pour autant admettre une quelconque culpabilité, mais il n'a jamais
montré d'intérêt à le faire »… En tous les cas, de nombreuses voix s'élèvent rapidement une fois le
calme revenu, et appellent à sa démission. Mr. Modi accepte finalement à la demande de ses
contradicteurs, et dissout l'Assemblée. Aux élections qui suivent, le BJP remporte 127 sièges sur
les 182 que compte l'assemblée du Gujarat.
Dans le trio de tête des Etats indiens
Cette facette nationaliste et inquiétante du personnage de Mr. Modi ne doit pourtant pas faire
oublier ses accomplissements colossaux à la tête du Gujarat. Comme le rappelle Arvind
Panagariya, un ancien Chief Economist de l'Asian Development Bank, « les critiques qui insistent à
examiner toute chose liée à Modi à travers l'optique de 2002 échouent à séparer l'économique du
politique et son condamnés à la myopie ». De fait, il est indéniable que la gestion énergique (et
souvent à la limite de l'autoritaire) de Mr. Modi a permis au Gujarat de se placer dans le trio de tête
des Etats indiens à la plus forte croissance ces dernières années. Des politiques de
développement ambitieuses ont été lancées, notamment dans les transports, et de lourds
investissements en infrastructure ont été mis en place, permettant par exemple une production
d'énergie équilibrée, un domaine où l'Inde continue encore lourdement de pécher.
Un super PDG
« Le style de gouvernance de Modi est entièrement antidémocratique, bien que très efficace,
mettant l'accent sur une bureaucratie limitée et propre dont il a totalement pris le contrôle »
continue Mr. Kaplan, « et ce, tout en poussant son propre parti vers le banc de touche, en lui
montrant presque du mépris ». De même pour Christophe Jaffrelot (CERI), les raisons pour
lesquelles les indiens en arrivent à voter pour Mr. Modi tiennent « tout d'abord au fait qu'une partie
de la classe moyenne perçoit Modi comme un « super PDG », Nirendra Dev, un de ses biographes,
expliquant qu'il « fonctionne comme un chef d'entreprise moderne cherchant toujours à créer des
résultats concrets et souvent suspecté de mettre les règles et les lois à l'arrière-plan » ».
Combattre la corruption?
Pourtant, comme le dit Mr. Crabtree (du Financial Times), « peu transpire des plans de Modi pour
réparer l'économie exsangue du pays ». De fait, effectuant sans cesse des contorsions
dangereuses entre ses discours pro-business, ultranationalistes ou anti-corruption (malgré ses
bonnes connections dans le monde de l'entreprise indien), Mr. Modi aime promettre beaucoup, sur
de nombreux fronts. S'il a réussi à mettre le Gujarat sur les rails de la mondialisation, il n'est pas
87 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
encore certain qu'il dispose de la volonté nécessaire pour briser les liens délétères entre les
politiciens et la richesse immense des entrepreneurs corrompus qui se sont accaparés d'immenses
pans de l'économie indienne ces deux dernières décennies.
Les marchés lui font confiance
Le vice-roi Curzon du raj britannique décrivait déjà au début du XXème siècle les réformes du
gouvernement, « qui tournent et tournent comme la Terre autour du soleil, dossier après dossier
dans la danse de la bureaucratie quotidienne, imposante, solennelle, assurée et désespérément
lente ». Malgré l'importante confiance des marchés dans la capacité de Mr. Modi à remettre l'Inde
sur les rails (l'index de Bombay continue de grimper de façon impressionnante avec chaque
sondage le rapprochant de la victoire), la capacité d'un réformateur décidé à s'attaquer aux lourds
blocages institutionnels, qui continuent d'empoisonner le fonctionnement économique de l'Inde
depuis la chute de l'empire britannique, reste à démontrer.
Une phase critique du développement de l'Inde
En tous les cas, le côté dynamique de Mr. Modi, mêlé à sa capacité à mobiliser les foules par ses
harangues patriotiques pourrait bien permettre au BJP de reconquérir le pouvoir pour la seconde
fois après leur expérience de 1998 à 2004 qui avait vu le parti naviguer délicatement entre son
programme nationaliste et sa volonté profonde de libéraliser économiquement le pays. Profitant de
la poussée de religiosité de la nouvelle classe moyenne (due pour Jaffrelot au « besoin de
compenser par la religion les formes de matérialismes de plus en plus prégnantes qui sont
apparues après des années de fort taux de croissance ») et de la chute libre de la popularité du
PdC après le mandat de Manmohan Singh, Narendra Modi pourrait bien être amené à gérer une
phase critique du développement de l'Inde alors que les émergents traversent une zone de
tempête.
Tentant comme il est pour les leaders des pays en développement d'instrumentaliser les tensions
sociales en cas de difficultés économiques, difficile aujourd'hui de prédire si l'Inde mettra à sa tête
l'entrepreneur décidé et efficace, ou le croisé hindou, fidèle aux thèses originelles d'un BJP surfant
sur le renouveau identitaire qui secoue la communauté majoritaire du pays.
88 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
OPINIONS > Cette nouvelle mode dans le vocabulaire managérial agace
particulièrement Sylvie Deffayet Davrout, professeur de management à l’EDHEC
Business School. En effet, qui voudrait devenir manager si cela implique d’être
un héros ?
Sylvie Deffayet Davrout
Par pitié, arrêtons avec le "courage
managérial" !
Au risque de me mettre à dos DRH et responsables de formation avec lesquels j'entretiens
pourtant des relations extrêmement constructives, je m'élève haut et fort contre un abus de langage
qui, comporte le risque de véritablement torpiller le métier de "manager". Depuis 2 ans environ, il
fleurit dans le discours de l'entreprise que désormais, il faudrait faire preuve de " courage m
On ne compte plus les chartes de bonnes pratiques ou nouveaux référentiels de management qui
en comportent la mention et s'en enorgueillissent. L'expression est sur de nombreuses lèvres et
pas uniquement chez les experts des fonctions RH. Les managers eux-mêmes ont commencé à
s'emparer et même à goûter au vocable. (Car en effet on ne peut pas parler de nouveau
concept). Que se passe-t-il donc dans le monde du travail d'aujourd'hui pour qu'on ait besoin
d'ajouter "courage" à "managérial" ou même "managérial" à "courage"?
Le plaisir de manager passe à la trappe
89 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
Que dit le Larousse du courage ? "Fermeté, force de caractère qui permet d'affronter le danger, la
souffrance, les revers, les circonstances difficiles" Tout est dit ; on confirme que cela (le
management) va être dur. Comment donner envie d'y aller dans ces conditions ? Il y a 10 ans,
nous proposions déjà une conférence sur "pourquoi j'irais manager ?" ; elle aurait encore plus
d'actualité aujourd'hui.
Et quid du plaisir à y aller …au management, quid de l'envie de diriger des personnes… ? De cette
envie et/ou du plaisir à manager, pas un mot, aucune mention dans les chartes ou référentiels.
Pourtant, ne serait-ce pas la première dimension dont il faudrait se soucier quand on confie des
équipes à un responsable ?
Le manager, un "sur-homme" ?
A qui profite le crime ? Sans doute aux consultants ou formateurs en manque d'activité ou
d'originalité. On brandit le courage managérial comme un incontournable grâce à un levier qui a fait
ses preuves depuis belle lurette : la peur. Et gare à celui qui n'a pas suivi le module ad'hoc ! Au
fait, ça s'enseigne comment le courage managérial ? En formation commando ? En re-sautant à
l'élastique comme dans les années 80 ?
Parler et diffuser le courage managérial , c'est porter la responsabilité de véhiculer la croyance
selon laquelle le management serait forcément un acte difficile, héroïque, voire exceptionnel.
Certes on retrouve là finalement une représentation classique du leadership ; le grand ou
sur-homme (au propre comme au figuré) n'est pas loin.
L'impuissance tacite des managers
Mais il y a beaucoup plus grave : gravé dans le marbre d'un référentiel qui va servir à évaluer le
manager, le courage managérial secrète intrinsèquement une suspicion d'impuissance à agir chez
ces mêmes managers. Sinon, pourquoi le mentionner ? Pourquoi ne pas parler tout simplement de
"management", de "direction" ou d'encadrement ? Trop banal, manquant de force ou désuet me
direz-vous.
On voit poindre le malaise. Que dit-il ? A force d'éluder la question du pouvoir et de l'autorité dans
le management contemporain, on se retrouve piégé par nos propres mots et les injonctions de
comportements qui en découlent. D'ailleurs, les plus fervents défenseurs du courage managérial ne
se trouvent-il pas dans des entreprises qui ont re-poussé très loin (trop loin) le minimum
d'investissement de la " posture d'autorité" , les entreprises où l'obsession de la bonne relation a
presque confisqué l'idée que l'autorité (et non l'autoritarisme) puisse être attendue par les
équipes ?
90 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
Un terme contre-productif
Rappelons avec Raphael Draï qu'autorité vient du verbe latin " augeo" qui veut dire augmenter ;
l'autorité est donc une force qui sert à soutenir et à accroître[1]. Faut-il faire preuve d'un courage
managérial spécifique pour cela ou tout simplement être motivé par ce projet de faire grandir les
hommes et les organisations ? La peur peut être bon moteur du côté de celui qui doit emmener les
troupes vers le succès. Mais qu'en est-il des troupes ? Le courage tous les jours est épuisant et
certainement pas durable.
Par posture d'autorité on peut entendre : une manière bien à soi de "se tenir" devant l'autorité,
mentalement, affectivement mais aussi physiquement. Il est très rare que les organisations de
travail permettent aux managers ou futurs managers d'identifier ce qui fondent leur leadership ou
autorité, autrement dit quelles sont leurs ressources bien à eux pour diriger ; ce qu'ils activent
comme représentations explicites ou implicites quand ils exercent cette fameuse relation
d'influence qui est au cœur de leur métier. Ce courage là, "force d'âme qui me permet de me
regarder tel que je suis" (2) pour ensuite choisir mon comportement de responsable a en effet toute
sa place chez le manager responsable, formule fréquemment reprise aujourd'hui également.
Cette force d'âme là peut se cultiver à travers nombre de formations ou coachings qui permettent
au manager d'entrer en contact avec ses forces, ses lacunes et ses fragilités. Brandir le
courage managérial comme une injonction qui distinguerait les bons et les mauvais ne peut que
convaincre certains de ne surtout pas ou plus se frotter au management, en même temps qu'il
empêche la construction de ce manager responsable, conscient de ce qu'il engage à titre
personnel dans la relation d'autorité.
Réinvestir le management
Certes le vocabulaire qui caractérise les relations de travail et en particulier la relation
d'encadrement aurait besoin d'une grande révision pour nous sortir du classicisme et de certains
relents autoritaires. Notre vocabulaire du pouvoir dans l'entreprise nous pose toujours autant de
problèmes : on parle de "collaborateur" pour éviter "subordonné" ; de leadership pour éviter
"autorité" (que l'on confond avec l'autoritarisme) ; il est compréhensible que l'on soit quelque peu
perdu et tenté par de nouvelles formules.
A ce compte là, on peut se demander si tous les métiers dont la relation d'influence est au cœur
vont se voir affublés aussi du courage ? Vendre, Commercer, Entreprendre, Enseigner, oserai-je
dire "Parenter" ? peut-être n'en sommes nous pas loin en effet.
91 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
Bien sûr que ces relations demandent énergie et un engagement personnel de tous les jours. Bien
sûr que l'envie de manager ne fait pas partie de tous les managers, mais ce n'est pas en renouant
avec des représentations qui ne font que renvoyer au manager son impuissance à agir que nous
ferons progresser la cause du management, c'est-à-dire celle d'un pouvoir exercé sainement et
avec autorité dans l'entreprise. Ce qui est à réinvestir, c'est le management lui-même. Et si on s'y
mettait ?
_______________
(1) Draï. R., (2000), Anamnèse et horizons, "Quelle autorité ?", Autrement n° 198, pp 71- 91
(2) Barth I, Matin Y.H., (2014) Le Manager et le Philosophe, Le Passeur Editions
92 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
OPINIONS > L’audacieuse réglementation du financement participatif orchestrée
par Fleur Pellerin n’a rien à envier à ses cousines américaines ou britanniques.
De quoi faire de la France un modèle de l’économie alternative... Par Mehdi
Ouchallal et Stéphanie Roy, avocats spécialisés en capital investissement.
Mehdi Ouchallal & Stéphanie Roy
Vers un modèle de crowdfunding à la
française
Le crowdfunding, qui consiste en la rencontre (quasi)directe entre l'épargnant et l'entrepreneur, en
écartant les intermédiaires traditionnels du financement, est-il en passe de devenir un nouveau
catalyseur de croissance et de développement ?
Les prévisions de croissance de ce secteur laissent penser qu'il dépassera le cadre de la seule
finance solidaire et pourrait redéfinir les fondements des modes de financements de l'économie
réelle.
Ce phénomène récent accentue le foisonnement des projets innovants, paradoxal mais logique en
période de crise : les jeunes talents, boudés par les grandes sociétés en réductions d'effectifs,
s'expriment dans l'entrepreneuriat.
La crise et la pression des PME
93 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
La période de crise que les pays occidentaux traversent a vu grandir une double défiance : d'une
part, celle des épargnants envers les offres classiques d'épargnes, dont les acteurs sont souvent
jugés responsables de la crise, et d'autre part, celle des acteurs classiques et monopolistiques de
la finance, dépositaires officiels de l'épargne, envers les PME jugées trop risquées.
Une impressionnante montée du phénomène crowdfunding a alors été observée : poussées à
contourner les circuits traditionnels de financement, les start-ups et PME, en mode 2.0, sollicitent
directement l'épargne via Internet. Certaines y ont trouvé non seulement les financements
recherchés, mais aussi, par un effet collatéral vertueux, un vecteur marketing de leur projet
entrepreneurial : l'investisseur d'aujourd'hui sera le client de demain. D'aucuns parlent même de ce
phénomène comme ayant transformé la consommation : autrefois passive elle peut désormais être
active.
Un obstacle : la réglementation
Ce contournement par le web, naturel dans de nombreux secteurs de l'économie, s'est heurté en
matière financière à de puissants obstacles réglementaires dont les régulateurs de la finance sont
les gardiens. La banque et la finance sont des métiers à risque qui, selon la réglementation en
vigueur, doivent être réservés à des experts agréés, le plus souvent sous peine de sanctions
pénales.
Ainsi en est-il de l'exercice pour les plateformes de l'activité d'établissement de paiement, de
prestataire de services de paiement ou d'intermédiaire financier en placement de titres financiers,
mais également de la violation du monopole bancaire pour les prêteurs, et de l'offre au public de
titres financiers sans visa du régulateur pour les entreprises levant des fonds en capital. Autant dire
qu'en pratique, toutes ces opérations sont strictement réservées aux professionnels de la banque
et de la finance.
Une poussée des acteurs du crowdfunding
Nous avons alors assisté en peu de temps à une poussée des acteurs du crowdfunding, relayée
par une presse attentive, qui s'est fait l'écho de la cause de la finance participative et de ses vertus
principalement en matière de création d'emplois et de richesses, dans une période où les courbes
de la croissance et du chômage n'esquissent aucun sourire.
Cet effet médiatique, en plus de nourrir le flux d'investisseurs internautes, a fini par bénéficier d'une
oreille favorable des responsables politiques. Aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, en Italie et enfin,
en France, des travaux ont été amorcés sur ce sujet pour offrir au crowdfunding un espace de
développement.
94 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
Une brèche dans la réglementation
En France, faisant suite aux assises de l'entrepreneuriat en avril 2013 et à une consultation
publique pour une nouvelle réglementation, Fleur Pellerin a annoncé, le 14 février 2014, les
principes d'un nouveau régime pour la finance participative, instaurant des statuts spécifiques
allégés pour les plateformes et autorisant les entreprises à lever via cet outil jusqu'à un millions
d'euros par an : ces assouplissements constituent une véritable brèche dans la réglementation
bancaire et financière.
Les acteurs traditionnels de la banque et la finance ont accordé peu d'intérêt à ces récents
développements. Beaucoup d'entre eux jugeant les volumes d'investissements peu significatifs et
leurs marchés non concernés par ce nouvel outil de financement, assimilé à du micro-crédit. Le
phénomène du crowdfunding, désormais systémique, en ce sens qu'il établit une connexion directe
de l'économie avec l'épargne va toutefois rapidement prendre ses lettres de noblesse auprès de
ces acteurs traditionnels, dans un cadre règlementaire favorisé et encore en évolution, avec un
soutien politique marqué et d'attractifs et florissants projets à financer.
La France, un espace d'essor du crowdfunding ?
Le crowdfunding est à ce jour bien moins développé en France que dans les pays anglo-saxons,
mais plusieurs indices laissent penser que la France constituera un espace géographique favorable
à l'essor de cette nouvelle finance.
Tout d'abord, les Français sont les champions de l'épargne et les PME françaises tiennent un rang
plus qu'honorable dans les secteurs innovants. La réforme sur le crowdfunding aura ainsi pour
vertu de permettre la connexion entre ces deux mondes.
Par ailleurs, il existe en France une culture institutionnelle de l'investissement en PME, accentuée
par l'incitation fiscale à investir en PME instaurée par la loi dite TEPA (travail, emploi , pouvoir
d'achat). Les sociétés de venture capital françaises sont parmi les plus foisonnantes et
performantes en Europe. De même, certaines banques et sociétés d'assurances mutualistes
françaises affichent leur politique de proximité avec le tissu des PME. La mise en place de
synergies pourra apporter leurs expertises sectorielles aux secteur de l'equity crowdfunding
(plateformes d'investissements en actions) et du lending crowdfunding (plateformes
d'investissements en prêts), notamment en matière d'analyse de rentabilité et de risques dans la
sélection de dossiers à présenter aux internautes, ainsi qu'en matière de savoir-faire dans la
relation entre l'entrepreneur et ses prêteurs ou investisseurs-actionnaires, auxquels il faudra
95 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
apprendre à vivre ensemble au sein du capital d'une société.
De leur côté, les fonds de capital-investissement et les banques de proximité sauront une fois de
plus s'adapter à l'économie de demain et aux besoins de ses acteurs. En effet, leur positionnement
privilégié dans le financement et le refinancement des PME les place en première ligne pour
identifier bons nombre des projets ainsi que les synergies qu'ils recèlent. La mise en place d'un
cadre économique et juridique de qualité satisfaisant aux équilibres entre les intérêts et les risques
des investisseurs, des PME et des plateformes sera un gage de développement de partenariat
pérenne en la matière. De ces synergies pourrait découler un modèle de crowdfunding à la
Française.
Une réforme audacieuse et avant-gardiste
Enfin, la réforme telle qu'annoncée par le gouvernement français est en elle-même la plus
audacieuse tant en Europe que dans le reste du Monde. Tout en imposant des garde-fous tenant à
la transparence en matière de frais, la bonne information de l'épargnant sur les risques encourus et
la modélisation d'un processus interactif permettant de guider l'investisseur dans son choix
d'investir en fonction de ses objectifs et de sa situation personnelle, c'est la réglementation qui
posera le moins de barrières à l'entrée pour l'investisseur (aucun plafonnement d'investissement
exigé selon les ressources de l'internaute, contrairement à ce qui sera prévu aux Etats-Unis ou au
Royaume-Uni), pour l'entreprise qui souhaite lever des fonds (aucune condition d'activité
cantonnée à certains secteurs, contrairement à ce qui est prévu en Italie) et pour les plateformes
de crowdfunding (aucun minimum en fonds propres requis, hors cas spécifiques d'encaissement de
fonds). Il en ressort qu'il est fort probable, non sans que cela ne soulève de nouvelles
problématiques réglementaires transfrontalières, que la France attire tant les entreprises que les
épargnants étrangers : la particularité bien connue d'Internet étant d'ignorer les frontières.
« Faire de la France un Pays pionnier du financement participatif ». Tel était l'objectif affiché par
Bercy le 14 février dernier. Ce positionnement avant-gardiste s'inscrit sans surprise dans une
certaine culture française qui nourrit l'espoir de bâtir un modèle économique et financier alternatif
fondé sur un subtil équilibre entre le développement de l'esprit entrepreneurial, d'une part, et la
participation et la solidarité, d'autre part.
96 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
OPINIONS > Les attaques de systèmes informatiques par DDoS (saturation des
serveurs) se multiplient. Quelle stratégie adopter pour éviter cette puissante
cybecriminalité? Par Adrian Bisaz, Vice President Sales EMEA de Corero Network
Security
Adrian Bisaz
Les nouveaux modes de cyber-escroquerie
« Allo ? Ici le commissariat, on vient de fracturer votre bureau, merci de venir vérifier si on ne vous
a rien volé, toutes affaires cessantes ». Voilà une manœuvre de diversion classique, qui permet
aux cambrioleurs de profiter de votre absence certaine pour pénétrer chez vous et faire main basse
sur vos biens les plus précieux.
Un type d'attaque équivalent existe dans le cybermonde. Le DDoS (envoi à un serveur d'un grand
nombre de requêtes pour le "planter") remplace le faux coup de fil en détournant l'attention des
professionnels du réseau et de la sécurité qui se précipitent alors pour contrer l'attaque par déni de
service.
Une méthode utilisée par les Etats
Les DDoS sont aussi une méthode extrêmement efficace qu'utilisent les Etats pour masquer leurs
intentions réelles. Les exemples sont multiples. Parmi les plus récents, l'Otan a été la cible
d'attaques informatiques par DDoS revendiquées par des pirates ukrainiens, suite à plusieurs
autres attaques menées contre l'Ukraine où un puissant virus informatique aurait infiltré des
ordinateurs, selon un rapport du groupe britannique de défense BAE Systems. Nul ne sait quel était
97 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
l'objectif réel de ces représailles.
Comment une attaque DDoS peut-elle masquer un vol de données ?
Utiliser le déni de service pour faire diversion est à la fois simple et redoutable. Pendant que
l'entreprise est occupée à repousser l'attaque, les cybercriminels ont le loisir de contourner la
sécurité affaiblie pour voler des informations monnayables ou stratégiques. Et les cas de diversion
se multiplient, tant la méthode est efficace. Lorsqu'une entreprise est attaquée, tous les yeux et
toutes les alertes se focalisent sur l'attaque. Il ne reste que peu de personnes et moins de
ressources pour maintenir la protection du système d'information. L'attaque distrait les experts de la
sécurité, occupe les systèmes de sécurité, différant ainsi l'examen de nouvelles alarmes. Les
voleurs ou les pirates ont alors le loisir d'intervenir à partir de comptes à privilèges, par exemple
pour détourner des fonds dans une banque, exfiltrer des données ou installer un système espion
qui sera utilisé plus tard.
Surveiller les attaques par DDoS
Pour de nombreux observateurs, les outils étant faciles à obtenir sur le marché clandestin du
piratage, ce type d'attaque va encore se développer dans les mois qui viennent. Pour les contrer,
les entreprises doivent rester vigilantes et accroître leur protection.
L'an dernier, diverses attaques DDoS, dirigées contre les institutions financières ont servi de
couverture à des fraudes. Plusieurs banques ont été victimes de virements non autorisés. Les
cyber-malfaiteurs prennent le contrôle du système de transfert monétaire, faisant main basse sur
les avoirs des clients ou détournant des ordres à leur profit. Une attaque par DDoS est alors
lancée, avant ou après le transfert de fonds, empêchant que la banque puisse identifier rapidement
la transaction frauduleuse.
Subissant un flot d'attaques, les institutions financières en pointe cherchent à accroître leur
protection et unissent leurs efforts pour mieux endiguer le fléau. Face à l'ampleur des attaques par
déni de service distribué, les banques n'ont en effet guère le choix. Elles doivent prendre des
mesures vigoureuses.
Former le personnel de l'entreprise
C'est un fait malheureusement indéniable : c'est le plus souvent une erreur interne qui permet
l'intrusion. Informer les salariés des ruses utilisées par les cyber-délinquants est donc essentiel. Le
clic sur un lien ou l'ouverture de la pièce jointe d'un e-mail provenant d'une personne inconnue peut
être le point de départ d'un processus qui sera difficilement maîtrisable. Le phishing est aussi un
moyen efficace pour une personne mal intentionnée de placer un logiciel malveillant dans un
système et de voler des informations. Il faut aussi sécuriser absolument toutes les connexions au
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LA TRIBUNE 04/04/2014
réseau de l'entreprise et aux informations de du système depuis un ordinateur, une tablette ou un
smartphone personnel...
Enfin, il convient de surveiller les comptes à privilèges, les connexions et les activités qui se
produisent en dehors des heures de bureau. L'examen des journaux de sécurité permet de
déterminer si des activités suspectes ont eu lieu avant, pendant ou après l'attaque. Mais il faut aller
encore plus loin et mettre en place une solution anti-DDoS, contrant les attaques du réseau et
éliminant le mauvais trafic avant qu'il n'atteigne d'autres parties de l'infrastructure .
Une première ligne de défense
Les solutions de sécurité traditionnelles comme les pare-feu et les IPS se révèlent
malheureusement parfaitement inefficaces face aux cyber-menaces avancées. Elles sont d'ailleurs
souvent elles-mêmes la cible d'attaques. C'est pour cette raison qu'il est nécessaire de déployer
une première ligne de défense entre Internet et le réseau de l'entreprise, construite pour résister
aux cyber-menaces modernes, assurant ainsi la continuité des activités et des services. Les
interruptions ou blocages de service que provoquent les attaques peuvent avoir un coût très élevé
selon le type d'activité en ligne. Elles occasionnent une perte de productivité mais altèrent aussi
fortement l'image de l'entreprise.
La première ligne de défense offre une protection sans interruption contre les cyber-menaces qui
évoluent en permanence. Elle arrêtera un large éventail d'attaques DDoS et de cyber-menaces de
nouvelle génération, sans dégrader les performances de l'entreprise. Il faut en effet une protection
maximale des actifs informatiques critiques tout en autorisant un total accès pour les utilisateurs
légitimes et aux applications. En écartant les menaces des DDoS, la sécurité du réseau répond aux
exigences de protection de l'entreprise moderne et conserve le patrimoine numérique en évitant les
fuites de données. Il est ainsi possible de contrer la cupidité des cybercriminels utilisant les
attaques DDoS pour détourner des fonds ou dérober des informations monnayables ou des
données sensibles.
La prévention est la vraie bonne méthode
Contrer une attaque identifiée, en analyser les effets, remettre le système affaibli en état de rendre
à nouveau les services requis est indispensable, et c'est le rôle des équipes d'experts et de
maintenance sécurité. Mais cette intervention technique s'effectue quand le mal est déjà fait, et le
ver peut-être dans le fruit. La prévention par la formation, la protection par une ligne de défense qui
agit avant que l'attaque n'atteigne son but, laissant aussi les pare-feu et les IPS jouer pleinement
leur rôle, voilà sans aucun doute la méthode la plus appropriée. Pour qu'une simple attaque DDoS
ne soit pas le début d'une cascade de phénomènes plus graves pour l'entreprise.
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LA TRIBUNE 04/04/2014
OPINIONS > L’intégration économique du continent africain passe d’abord par
l’intégration financière, plus simple à mettre en oeuvre. La place de Casablanca y
contribue largement. Par Saïd Ibrahimi, CEO de Casablanca Finance City
Authority
Par Saïd Ibrahimi*
Casablanca gagne ses galons de place
financière internationale
Il y a une semaine, la place financière marocaine à vocation panafricaine, Casablanca Finance City
a effectué une entrée très remarquée dans l'indice international global Financial Centres Index
(GFCI) , se plaçant directement à la seconde place africaine, derrière Johannesburg et devant
Maurice.
Cette percée d'une jeune place - Casablanca Finance City a 4 ans d'existence- est la confirmation
de la vocation de « hub » africain du Maroc, comme en atteste la récente note stratégique publiée
par l'Institut Thomas More, un Think Tank européen basé à Paris et Bruxelles.
Au delà des considérations techniques qui ont permis l'entrée de Casablanca Finance City dans
cet indice telles que l'agrégation des classements internationaux du Maroc en matière de « doing
business », de compétitivité ou d'infrastructures, il est important de rappeler que le GFCI prend en
compte les appréciations de la communauté financière mondiale à travers des questionnaires qui
permettent d'apprécier le potentiel des places financières et de les comparer entre elles.
Le continent africaine, un potentiel équivalent à celui de la Chine...
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LA TRIBUNE 04/04/2014
Ce dernier point est essentiel dans la mesure où la (62ème) place encourageante obtenue par
Casablanca est le reflet de l'installation de cette destination financière comme une place crédible,
en mesure de répondre à la fragmentation financière africaine, pour laquelle elle ambitionne de
jouer le rôle de fédérateur-catalyseur. Il est aujourd'hui communément admis que le décollage
économique global du continent africain est contraint par un niveau d'intégration particulièrement
faible.
C'est l'homme d'affaires et militant de la bonne gouvernance en Afrique, Mo Ibrahim qui le rappelait
tout récemment lors de la conférence internationale Africa Ceo Forum et dont Casablanca Finance
city était l'un des partenaires privilégiés : le continent est un marché comparable en termes de
démographie et de potentiel économique à la Chine.
... mais 54 pays
Mais la différence fondamentale est que là où vous avez un seul pays (la Chine), en Afrique vous
êtes confrontés à 54 pays et autant de frontières, de réglementations et de chemins critiques pour
l'investisseur, entravant ainsi les échanges et bloquant la libération du plein potentiel de croissance
africain.
C'est donc précisément parce que l'intégration économique en Afrique est un processus long, qui
nécessite un volontarisme politique très fort, que le Maroc a acquis la conviction que de toutes les
formes d'intégration, l'intégration financière est sans conteste la plus simple et la moins coûteuse
(politiquement) à mettre œuvre dans des délais raisonnables, via une place financière dédiée qui
viendrait fédérer les marchés et les énergies économiques.
Casablanca Finance City partenaire des pays de l'Afrique de l'Ouest
C'est là l'ambition de Casablanca Finance City, qui se positionne comme fédérateur et partenaire
des pays de l'Afrique de l'ouest et du centre, avec lesquels le Maroc dispose de liens privilégiés,
comme en atteste la récente tournée dans la région du chef de l'Etat, Sa Majesté le roi Mohammed
VI, et lors de laquelle de nombreux partenariats bilatéraux et multilatéraux ont été signés.
De surcroit, au sein de ce vaste espace d'Afrique de l'ouest et du centre, les entreprises
marocaines ont démontré depuis quinze ans leur dynamisme économique, notamment dans le
secteur des services. Banques, assurances et opérateurs de télécommunications marocains sont
ainsi présents dans pas moins de 23 pays africains, témoignant de l'extraordinaire vitalité de
l'entreprenariat chérifien dans le continent.
Pour cet ensemble de raisons, il n'est donc pas anodin -ni surprenant- que la place financière
panafricaine de Casablanca ait rapidement intégré les indices internationaux. Et de nombreuses
101 Opinions
LA TRIBUNE 04/04/2014
institutions internationales, dont l'assureur américain AIG, BNP Paribas, la Coface ou encore le
Boston Consulting Group -pour ne citer que ceux-là- avaient déjà devancé les indices en rejoignant
Casablanca Finance City afin d'y établir la base de leurs opérations africaines.
Cette confiance nous oblige, et elle nous encourage également à poursuivre nos efforts en matière
de formulation d'une offre unique émanant d'un pays qui peut se prévaloir d'une triple ouverture sur
le monde : Méditerranéenne, Africaine et Arabe.
Cette triple identité est aujourd'hui une force. Elle atteste en effet de la capacité du Maroc à jouer
-avec humilité- le rôle d'organisateur d'un dialogue entre l'Afrique et le monde, notamment à travers
sa vocation à devenir un point de convergence pour les acteurs économiques et financiers
intéressés par le formidable potentiel africain.
* Centralien, ancien trésorier général du Royaume, Saïd Ibrahimi est CEO de Casablanca Finance
City Authority , place financière à vocation panafricaine initiée par le Maroc.
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