mycine C. Les résultats de ces essais sont
prometteurs mais, compte tenu de leur
méthodologie et des protocoles utilisés,
il faut attendre les résultats des essais ran-
domisés en cours en Occident. Un essai
du NSABP (C-06), comparant les asso-
ciations Uft/acide folinique et 5FU/acide
folinique en situation adjuvante a inclus
1530patients. Les premières données
concernant la toxicité pour 473 patients
montrent un profil de toxicité compa-
rable dans les deux bras (19).
Comme pour la capécitabine, l’asso-
ciation Uft® + radiothérapie dans le trai-
tement du cancer du rectum a montré
de bons résultats dans les études de
phases I-II, la toxicité limitante étant la
diarrhée. La dose d’Uft varie entre 300
et 400 mg/m2/j administrée en continue
5 jours sur 7 ou de façon séquentielle 2
semaines par mois pendant la durée de
l’irradiation, associée ou non à de
l’acide folinique. Dans les deux études
de phase II (20, 21), qui ont inclus 68
et 41 patients, les taux de réponse com-
plète histologique sont de 8 et 15% et
ceux de tumeurs en downstaging de 65
et 63%.
Places des formes orales
du 5FU dans la prise
en charge du cancer
colorectal en 2003
Les formes orales du 5FU peuvent
constituer une alternative à la forme
injectable si elles présentent une effi-
cacité et une tolérance au moins égales
à celles des protocoles de référence tout
en améliorant le confort de vie des
patients et en diminuant le coût des trai-
tements.
Efficacité et tolérance : La capécita-
bine et l’Uft ont obtenu une autorisation
de mise sur le marché pour le traitement
du cancer colorectal métastatique en
première ligne après avoir montré une
efficacité et une tolérance au moins
égales à celles du protocole FUFOL (4-
6, 14, 15). Cependant, ce protocole n’est
plus le protocole de référence en France,
un essai de phaseIII ayant montré que
le protocole LV5FU2 était plus efficace
et moins toxique que le protocole
FUFOL (tableau I) (22). Cela explique
que les conclusions des experts de la
réunion pour les recommandations pour
la pratique clinique pour la prise en
charge des métastases hépatiques des
cancers colorectaux (Paris, janvier
2003) ne recommandent pas l’utilisa-
tion de ces drogues en dehors de situa-
tions particulières où elles peuvent être
une alternative thérapeutique, par
exemple chez des patients pour lesquels
il n’existe pas ou plus d’espoir de trai-
tement chirurgical et/ou refusant un trai-
tement par voie veineuse, notamment
chez les patients âgés ou en mauvais état
général. Par ailleurs, en première ligne,
de plus en plus de patients sont traités
par une association de type
5FU/AF/oxaliplatine ou 5FU/AF/irino-
técan qui ont une efficacité supérieure
à celle de l’association 5FU/AF
(tableau I) (23, 24). Or, les données
concernant les dérivés oraux du 5FU
avec l’oxaliplatine et l’irinotécan sont
encore trop parcellaires pour permettre
leur utilisation en dehors d’essais cli-
niques. De plus, ces protocoles, néces-
sitant un abord veineux, ne permettent
plus un traitement “tout oral” ambula-
toire. Cependant, l’intérêt de ces chi-
miothérapies combinées agressives en
première ligne de traitement chez les
patients pour lesquels il n’existe pas
d’espoir de chirurgie curative reste
débattu, car des données rétrospectives
suggèrent que le nombre de lignes de
chimiothérapie reçues pourrait égale-
ment influencer la survie des patients.
D’autres stratégies sont donc en cours
d’évaluation, avec notamment des
chimiothérapies qui préservent une pre-
mière ligne par 5FU seul ou qui propo-
sent une chimiothérapie d’entretien par
5FU seul après obtention d’une réponse
par une association. Dans l’avenir, les
traitements par voie orale trouveront
peut-être une place au sein de ces stra-
tégies. En situation adjuvante ou en
association avec la radiothérapie, on ne
peut pas encore recommander l’utilisa-
tion de ces drogues en dehors d’essais
cliniques, compte tenu des données
actuellement disponibles. En termes de
tolérance, il convient de signaler que,
pour la capécitabine, dans une popula-
tion de patients sélectionnés, une adap-
tation de dose a dû être réalisée chez un
patient sur trois en raison d’effets secon-
daires (syndrome mains-pieds, diar-
rhée) (7), ce qui invite à une certaine
prudence dans la posologie de départ,
lorsque ce produit est prescrit chez des
patients âgés ou en mauvais état géné-
ral, comme le suggère un éditorial
récent paru dans le Journal of Clinical
Oncology (25). Pour l’UFT, on dispose
de moins de données, mais dans les
deux essais publiés, une diarrhée sévère
(grades 3-4) est rapportée chez près de
20 % des patients (14, 15).
Confort de vie des patients : les médi-
caments commercialisés répondent
incontestablement au désir des patients
de pouvoir bénéficier de traitement
ambulatoire. Dans un essai, le nombre
moyen de visites par patient à l’hôpital
est de 7,1 dans le bras chimiothérapie
orale versus 25,5 dans le bras chimio-
thérapie IV (26). Cependant, dans les
deux essais qui comportent une évalua-
tion de la qualité de vie des patients, il
n’y a pas de bénéfice en faveur du trai-
tement par voie orale (14, 15). Néan-
moins, les critères d’évaluation de la
qualité de vie dans ces études peuvent
être discutés. La contrainte thérapeu-
tique d’une prise médicamenteuse quo-
tidienne n’a jamais été évaluée de façon
comparative en termes d’observance,
d’efficacité, de tolérance et de qualité de
vie avec les chimiothérapies infusion-
nelles réalisées en hôpital de jour ou à
domicile avec des dispositifs de perfu-
sion ambulatoire. Seules des études de
ce type pourraient permettre d’évaluer
précisément le bénéfice des traitements
oraux, y compris pour la qualité de vie,
de même que leur bénéfice éventuel en
termes de coût/efficacité. En effet, ces
drogues restent actuellement très coû-
teuses : ainsi, les prix d’une cure de
capécitabine et d’UFT sont respective-
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Question d’actualité
Act. Méd. Int. - Gastroentérologie (17), n° 5, juin 2003
Question d’actualité