VIVE LES ENFANTS : ENSEIGNER AUX ENFANTS À BIEN MANGER, BOUGER D’AVANTAGE ET ACQUÉRIR LA COMPÉTENCE MÉDIATIQUE Linda Millar | Les Annonceurs responsables en publicité pour enfants E n tant qu’ enseignantes et enseignants, nous semblons sans cesse greffer un élément de plus sur un programme d’études déjà surchargé. Lorsqu’on nous demande si nous devrions nous préoccuper de l’embonpoint et de l’obésité d’enfants auxquels nous enseignons, il nous faut, une fois de plus, nous demander « Est-ce un impératif? ». En un mot, « Oui ». Constat D’après l’édition 2004 de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, 26 % des enfants et ados canadiens ont de l’embonpoint ou sont obèses. Malheureusement, à moins qu’on n’intervienne, rien n’aura changé dans le cas de jusqu’à 80 % d’entre eux, rendus à l’âge adulte. Or, tout enfant obèse ou ayant de l’embonpoint est plus sujet à certaines maladies chroniques évitables comme : • l’hypertension artérielle; • le diabète de type 2; • • • • • • une maladie coronarienne; un accident vasculaire cérébral; l’apnée du sommeil et d’autres problèmes respiratoires; • certains cancers, comme le cancer du sein, du côlon et de l’endomètre (ou col de l’utérus); les problèmes de santé mentale, notamment une faible estime de soi et la dépression. • Il ressort d’une étude s’intitulant Children’s Lifestyle and School Performance Study, menée à Halifax (Nouvelle-Écosse), que la fréquentation et le rendement scolaires, la durée de l’attention, la fatigue et l’hyperactivité sont tous influencés par l’apport nutritionnel et le niveau d’activité physique de l’enfant. Où en sommes-nous aujourd’hui? Pour une quatrième année consécutive, Jeunes en forme Canada a donné au pays la note globale « D », indiquant ainsi que la majorité des jeunes Canadiens et Canadiennes n’a pas accès à suffisamment de services et de possibilités d’activité physique. Les principales constatations de son bilan, paru en mai dernier, sont les suivantes : • Quatre-vingt-dix pour cent (90 %) des jeunes Canadiens et Canadiennes n’atteignent pas les normes Dalhousie University, Faculté de médecine, Children’s Lifestyle and School Performance Study, 2006. • recommandées dans les guides d’activité physique canadiens pour les enfants et les jeunes, selon des mesures objectives (ICRCP). Environ la moitié des enfants et des jeunes interrogés au cours des diverses études ont affirmé être actifs physiquement, ce qui contredit la constatation qui précède (enquête HBSC, Sondage sur le mieux-être des élèves du Nouveau-Brunswick, sondage TTFM). Le niveau d’activité physique baisse à l’adolescence. Au cours du Sondage sur le mieux-être des élèves du Nouveau-Brunswick, le pourcentage des jeunes se disant actifs était plus élevé parmi les élèves la 6e à la 8e année (58 %) que parmi ceux de la 9e à la 12e (47 %). Les filles sont moins actives que les garçons. Lors du sondage TTFM, 50 % des garçons ont affirmé faire 90 minutes d’activité physique presque tous les jours, alors que c’était le cas pour 36 % seulement des filles. Cinquante-neuf pour cent (59 %) des garçons contre 45 % des filles participant au Sondage sur le mieux-être des élèves du Nouveau-Brunswick ont indiqué être actifs. On note un lien étroit entre le statut socioéconomique de la famille et le niveau d’activité physique (enquête HBSC). L’école ne doit pas s’inscrire dans cet environnement obésigène. Elle doit au contraire constituer un élément de solution afin d’aider les jeunes à connaître une longue vie, en santé. Jeunes en forme Canada, Il est temps que nos jeunes se débranchent – Bulletin canadien de l’activité physique chez les jeunes, 2008. Ibid. Jeunes en forme Canada, Il est temps que nos jeunes se débranchent – Bulletin canadien de l’activité physique chez les jeunes, 2008. Ibid. Ibid. 19 | VIVE LES ENFANTS | Quelles sont les solutions? Une équation toute simple L’obésité juvénile est un problème extrêmement complexe, dont la solution nécessite collaboration et concertation. Les recherches effectuées démontrent que le blâme ne revient à aucun secteur particulier. Cependant, tous les secteurs de la société doivent participer à la solution : la famille, l’école et la collectivité ont toutes un rôle crucial à jouer pour assurer la réussite des stratégies adoptées. Bien que l’obésité juvénile n’ait rien de simple, il existe une manière assez facile d’expliquer aux enfants l’importance de bien équilibrer leur alimentation et leur activité physique. Si on leur présente les aliments comme de l’« énergie qui entre » et l’activité physique comme de l’« énergie qui sort », ils en viennent à voir leur corps comme une bascule, qui doit monter et descendre de façon équilibrée. Les enfants savent avoir besoin d’une saine alimentation. Ils savent aussi qu’ils devraient faire de l’activité physique. Toutefois, ils semblent avoir de la difficulté à faire le lien entre ces deux notions. Il est difficile pour eux de déterminer quand et dans quelle mesure manger et bouger et comment faire de petits changements qui auront un bienfait énorme sur leur santé, à court et à long terme. En observant les recommandations de Bien manger avec le Guide alimentaire canadien et en apprenant ce qu’ils devraient manger, en quelle quantité et à quelle fréquence, les enfants peuvent commencer à faire de petits changements dans leur alimentation qui auront une incidence sur leur santé, dans l’immédiat et dans l’avenir. Santé Canada offre également le Guide d’activité physique canadien pour les jeunes et le Guide d’activité physique canadien pour les enfants, qui renferment des renseignements très utiles sur la quantité, le type et la fréquence des mouvements requis pour favoriser une saine croissance. L’organisme Annonceurs responsables en publicité pour enfants, en consultation avec des spécialistes bien en vue du domaine de l’obésité chez les enfants, indique trois « fondements » sur lesquels il faut prendre appui pour entraîner un changement positif dans la santé de nos enfants. Ce sont : l’activité physique, une saine alimentation et la compétence médiatique. Qu’est-ce que Vive les enfants? Le groupe des Annonceurs responsables en publicité pour enfants (AREPE) a collaboré avec des spécialistes pour monter et offrir un programme national bilingue, axé sur les moyens d’aider les enfants à « bien manger, bouger davantage et acquérir la compétence médiatique ». S’aidant des ressources collectives mises à leur disposition par un consortium sans but lucratif d’organismes gouvernementaux, d’entreprises industrielles, d’agences de publicité, de maisons de production, d’établissements d’enseignement, de parents et d’organismes communautaires, l’AREPE a mis sur pied une campagne de sensibilisation et de marketing social s’échelonnant sur plusieurs années. Le personnel de l’éducation a accès à une série de leçons qui s’articulent autour de trois messages d’intérêt public produits par l’AREPE et qui, s’harmonisant avec les programmes-cadres provinciaux, peuvent être intégrées aux programmes d’études de la maternelle à la 8e année. Il existe également, pour les parents et les collectivités, un programme national bilingue parallèle au programme conçu pour les éducatrices et éducateurs. Ce programme offre aux adultes des conseils, outils et stratégies qui les aident à favoriser et soutenir un mode de vie sain et actif dans leur famille et leur collectivité. Ce matériel, qui a l’appui d’associations éducatives et parentales réputées, dont la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants, l’Association canadienne des directeurs d’école et la Fédération canadienne des associations foyer-école, peut être téléchargé sans frais du site Web de l’AREPE, accessible à www.cca-kids.ca. 20 Traduction du Guide alimentaire canadien Bien manger avec le Guide alimentaire canadien a été traduit en dix autres langues : arabe, chinois, coréen, espagnol, farsi (persan), ourdou, pendjabi, russe, tagalog et tamoul. Il en existe aussi une version à l’intention du personnel de l’éducation, qu’on peut télécharger à partir de www.hc-sc.gc.ca/ fn-an/alt_formats/hpfb-dgpsa/pdf/pubs/res-educat-fra.pdf. Celui-ci trouvera par ailleurs une édition des guides d’activité physique canadiens pour les enfants et les jeunes à www.phacaspc.gc.ca/pau-uap/guideap/enfants_jeunes/ressource. html#2. Pourquoi la compétence médiatique? Vous vous demandez peut-être ce que la compétence médiatique a à voir avec l’embonpoint et l’obésité chez les jeunes. Nos enfants vivent dans un milieu où les médias foisonnent, et ce qu’ils voient dans les magazines, sur Internet, à la télévision et au cinéma ne correspond pas toujours aux modes de vie les plus sains. En apprenant à décortiquer la publicité et les autres médias, ils découvrent le premier principe – qui est également le plus important – de la compétence médiatique : tous les médias sont une construction, une création d’un groupe de spécialistes qui cible un groupe particulier, pour un motif particulier. Grâce aux effets spéciaux, à l’aérographie et à d’autres perfectionnements techniques, les apparences sont souvent trompeuses : ce qui paraît être un jeune et beau corps ne l’est peut-être pas tant que ça en réalité! Quand on considère en plus le temps que les jeunes passent à se balader sur Internet, clavarder, parler au téléphone, jouer avec des consoles de poche, regarder la télévision et écouter leurs airs favoris sur leur baladeur, il n’est pas étonnant de constater qu’ils ne font pas assez d’activité physique. | VIVE LES ENFANTS | • • Dans le troisième quadrant, il est mis dans des situations lui permettant de se servir de cette nouvelle information de différentes façons, amusantes et intéressantes, et de vérifier si ce qu’il apprend contribue vraiment à changer sa vie. Enfin, dans le quatrième quadrant – sans doute le plus important – il partage ses nouvelles connaissances et les habiletés qu’il a acquises avec d’autres. Il organise un salon du savoir, une assemblée, un cercle ou une activité à l’heure du midi, par exemple, ou encore il enseigne à des camarades plus jeunes. Il y a d’innombrables possibilités. À ce stade, l’enfant est en mesure de participer lui-même à la solution. Dans le contexte du problème de l’embonpoint et de l’obésité chez les jeunes, cela signifie qu’il commence à promouvoir un mode de vie actif et sain et provoque un changement véritable dans sa propre vie et dans celle d’autres personnes. C’est à ce moment-là que nous pouvons avoir une influence déterminante sur lui et l’encourager à faire de même auprès des autres. Prochaines étapes En leur apprenant à équilibrer leurs loisirs actifs et passifs, nous les encourageons à acquérir de saines habitudes qu’ils pourront conserver toute leur vie. Le programme Vive les enfants de l’AREPE reconnaît l’importance d’enseigner aux enfants à bien choisir ce qu’ils regardent, à développer leur esprit critique et à naviguer en toute sécurité. Il comporte des leçons sur les principes de la compétence médiatique ainsi qu’une section intitulée « Publicité 101 », qui aide les éducatrices et éducateurs et les parents à travailler avec les enfants, afin de leur procurer les outils nécessaires pour devenir des téléspectateurs avertis et de judicieux consommateurs de publicité. D’abord, demandez-vous : La roue de l’apprentissage Commencez par de petites choses et pensez grand. Téléchargez les plans de leçons; envoyez aux parents les conseils à leur intention; allez faire une marche avec vos élèves; organisez un salon de l’alimentation; invitez une ou un diététiste à venir parler à votre classe ou un organisme communautaire local à la renseigner sur ce qui se fait dans la collectivité; lancez à vos élèves un « défi des loisirs actifs », en les invitant à danser, sauter, bouger, bien manger et bien vivre! Nous fréquentons l’université et acquérons une formation pédagogique dans le but d’apprendre les meilleurs moyens d’accrocher les enfants et d’avoir une influence positive sur leur vie. Puis nous arrivons en classe et faisons tout en notre pouvoir pour enseigner le mieux possible. La roue de l’apprentissage, créée par l’AREPE, met à la disposition des éducateurs un aidemémoire qui peut s’avérer un outil d’enseignement utile dans toutes les matières. On peut illustrer l’apprentissage que fait l’enfant comme un cercle, divisé en quatre quadrants. • • Dans le premier quadrant, l’enfant est amené à s’intéresser à la matière qui lui est présentée par les liens qui sont établis entre celle-ci et son vécu. Dans le deuxième quadrant, il reçoit de l’information exacte et actuelle, à la portée de son groupe d’âge, sur différents sujets. • • • • Est-ce que je fais tout ce que je peux pour aider mes élèves à mener une vie active et saine? Est-ce que j’adopte des comportements sains avec eux? Est-ce que j’encourage de petites améliorations quotidiennes de leurs habitudes alimentaires et de leur activité physique, et souligne leurs réalisations? Est-ce que je leur inculque les principes de la compétence médiatique et les encourage à équilibrer leurs loisirs actifs et passifs? Au sujet de l’auteure Linda Millar est une ancienne enseignante de l’Ottawa-Carleton District School Board. Ayant travaillé plus de 25 ans dans le domaine de la prévention, elle est aujourd’hui conseillère en éducation auprès des Annonceurs responsables en publicité pour enfants. Pour en savoir plus sur cet organisme et les divers programmes et ressources qu’il offre, consultez son site à www.cca-kids.ca. 21