Dossier thématique
Préparation du champ opératoire
Elle comporte successivement une déter-
sion par une solution antiseptique mous-
sante, un rinçage au sérum physiologique
stérile, un séchage puis un badigeonnage
avec une solution antiseptique, de préfé-
rence en solution alcoolique, de la même
gamme que celle utilisée pour la douche
préopératoire et la phase de détersion.
La rémanence des solutions iodées est
supérieure à celle des chlorhexidines.
PRÉPARATION COLIQUE
Préparation mécanique
L’intérêt de la préparation mécanique
du côlon à titre systématique en chirur-
gie colo-rectale est maintenant contro-
versée. Le but de cette préparation est
d’obtenir un côlon vide et “propre”.
Le produit le plus largement utilisé, aussi
bien aux États-Unis qu’en France, est
un laxatif osmotique, le polyéthylène
glycol (PEG). Les autres préparations
mécaniques données per os sont des
laxatifs stimulants ou salins et des pur-
gatifs anthracéniques. La préparation
par lavement utilise soit un laxatif irri-
tant, soit une solution antiseptique à
base de povidone. Pour la chirurgie
colique élective, les études prospec-
tives randomisées – cependant toutes
très critiquables sur le plan méthodo-
logique – utilisant majoritairement le
PEG ne montrent pas d’avantage pour
ce type de préparation en termes de
complications infectieuses, notamment
pour les déhiscences anastomotiques.
Parmi les quatre méta-analyses dispo-
nibles, deux sont méthodologiquement
satisfaisantes et concluent à l’inutilité,
voire au caractère délétère en termes
de désunion anastomotique, de la pré-
paration mécanique par le PEG. On ne
peut conclure définitivement ni pour
les autres types de préparation méca-
nique, ni pour la chirurgie d’exérèse
du rectum. Si pour l’hémorroïdectomie,
l’administration quotidienne de lactu-
lose pendant les quatre jours préopéra-
toires est recommandée (RCP de la
SNFCP), c’est en fait parce qu’elle
diminue la douleur postopératoire. Il
n’y a pas, dans la littérature, de don-
nées particulières sur l’intérêt de la
préparation mécanique du côlon pour
la chirurgie du prolapsus du rectum ou
la réparation sphinctérienne.
Recommandation de la Conférence de
consensus “Gestion préopératoire du
risque infectieux” (Paris 2004)
En chirurgie colo-rectale, il est recom-
mandé de ne pas réaliser de prépara-
tion mécanique colique (D1).
STRATÉGIE DE PRÉVENTION DES
INFECTIONS DU SITE OPÉRATOIRE
La préparation du site opératoire doit
s’intégrer dans une stratégie globale de
prévention des infections du site opé-
ratoire. Celle-ci repose aussi :
– en préopératoire sur l’information
donnée à l’opéré quant à la nécessité
des mesures de préparation, qui doivent
faire l’objet de procédures écrites ;
– en peropératoire sur l’antibioprophy-
laxie débutée à l’induction anesthésique
et sur le respect des règles de fonc-
tionnement du bloc opératoire fixées
dans la charte du bloc ;
– en postopératoire sur l’évaluation
des infections dans un programme de
surveillance type INCISO. ■
Recommandations de la Conférence de consensus “Ges-
tion préopératoire du risque infectieux” (Paris 2004)
www.infectiologie.com/public/documents/consensus/
pdf/SFHH_prep-op-court.pdf
Le Courrier de colo-proctologie (V) - n° 2 - oct.-nov.-déc. 2004
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Prévention de l’endocardite bactérienne
F. Soulié*
L’ endocardite infectieuse est une maladie rare mais grave dont
l’incidence semble stable au cours des dernières décennies.
Les streptocoques sont les agents infectieux les plus souvent res-
ponsables.
La Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) a
émis en 2002 de nouvelles recommandations, révisant la conférence
de consensus de 1992.
En effet, depuis 1992, de nouvelles informations sont apparues :
– les bactériémies à risque d’induire une endocardite infectieuse
sont le plus souvent probablement dues au passage quotidien des
bactéries de la cavité buccale dans le sang lors des gestes de la vie
quotidienne ;
– il n’existe pas de preuve scientifique de l’efficacité ou de l’ineffi-
cacité de l’antibioprophylaxie ;
– à supposer qu’elle soit totalement efficace, l’utilisation large de
l’antibioprophylaxie n’éviterait qu’un nombre très faible d’endocardites ;
– l’augmentation du nombre de micro-organismes de moindre
sensibilité aux antibiotiques est un problème préoccupant. Il convient
donc de limiter l’indication de l’antibioprophylaxie de l’endocardite
aux situations où le rapport bénéfice individuel/bénéfice collectif
semble le plus élevé.
Il existe deux groupes de patients à risque.
– Patients à haut risque :
•prothèses valvulaires ;
•cardiopathies congénitales cyanogènes non opérées et dérivations
chirurgicales ;
•antécédent d’endocardite infectieuse.
– Patients à risque moins élevé :
•valvulopathies (IA, IM, RA) ;
•prolapsus de la valve mitrale ;
•bicuspidie aortique ;
•cardiopathies congénitales non cyanogènes, sauf CIA ;
•cardiomyopathie hypertrophique obstructive.
La chirurgie colo-rectale est une chirurgie où une antibioprophylaxie de
l’endocardite et une antibioprophylaxie préopératoire sont indiquées.
Il est donc souhaitable que l’antibiotique retenu pour l’antibiopro-
* Département d’anesthésie, Institut mutualiste Montsouris, Paris.