PREVENTION DES INFECTIONS DU SITE OPERATOIRE ET INFORMATION DE LA PERSONNE Sylvie PAGET – 2014-2015 PLAN INTRODUCTION 1- Les Infections du Site Opératoire (ISO) 1-1 Epidémiologie 1-2 Définition 1-3 Physiopathologie, voies de contamination 1-4 facteurs de risque 2- Prévention des Infections du Site Opératoire 2-1 Surveillance 2-2 Prévention préopératoire 3- Responsabilité et qualité des soins 4- Information de la personne opérée 1- Les Infections du site opératoire 1-1 Epidémiologie L’infection du site opératoire représente, en fréquence, la troisième infection associée aux soins Enquête Nationale de Prévalence (ENP) 2012 N°1 : Infections urinaires N°2 : Pneumopathies N°3 : Infections du site opératoire Infection du Site Opératoire ⇒ Impact humain, social, économique 1-2 Définition de l’infection du site opératoire Infection superficielle de l’incision : Infection survenant dans les 30 jours suivant l’intervention, et affectant la peau (ou les muqueuses), les tissus sous cutanés ou les tissus situés audessus de l’aponévrose de revêtement, diagnostiquée par : Cas N°1 : écoulement purulent de l’incision Cas N°2 : Micro-organisme associé à des polynucléaires neutrophiles à l’examen direct, isolé par culture obtenue de façon aseptique du liquide produit par une incision superficielle ou d’un prélèvement tissulaire Cas N°3 : ouverture de l’incision par le chirurgien et présence de l’un des signes suivants : douleur ou sensibilité à la palpation, tuméfaction localisée, rougeur, chaleur et micro-organisme isolé par culture OU culture non faite (une culture négative, en l’absence de traitement antibiotique, exclut le cas) Remarque : l’inflammation minime confinée aux points de pénétration des sutures ne doit pas être considérée comme une infection Infection profonde : Infection survenant dans les 30 jours, ou dans l’année s’il y a eu mise en place d’un implant, d’une prothèse ou d’un matériel prothétique, affectant les tissus ou organes ou espaces situés au niveau ou au dessous de l’aponévrose de revêtement, ou encore ouverts ou manipulés durant l’intervention, diagnostiquée par : Cas N°1 : Ecoulement purulent provenant d’un drain sous-aponévrotique ou placé dans l’organe ou le site ou l’espace Cas N°2 : Déhiscence spontanée de l’incision ou ouverture du chirurgien et au moins un des signes suivants : fièvre >38°C, douleur localisée, ou sensibilité à la palpation et micro-organisme isolé par culture, obtenue de façon aseptique, d’un prélèvement de l’organe ou di site ou de l’espace OU culture non faite ( une culture négative, en l’absence de traitement antibiotique, exclut le cas) Cas °3 : Abcès ou autres signes d’infection observés lors d’une ré intervention chirurgicale, d’un examen histopathologique, d’un examen d’imagerie ou d’un acte de radiologie interventionnelle Remarque: il est important d’envisager systématiquement la nécessité d’une reprise chirurgicale A quel niveau peut se situer une infection du site opératoire ? Il existe 3 niveaux d'infection : - les infections dites superficielles (60% des infections du site opératoire) - les infections profondes (25%) - les infections d'organe (15%) 1-3 Physiopathologie, voies de contamination : Pathogénèse Les voies de transmissions des microorganismes peuvent être exogènes (air, patients, personnel principalement ou /environnement) MAIS origine souvent endogène +++: provenant généralement du patient luimême 1-4 Facteurs de risque Facteurs de risque liés au patient (terrain) Facteurs de risque liés à l’intervention Geste opératoire :classification d’ALTEMEIER Le taux d’ISO varie donc en fonction des facteurs suivants : La spécialité chirurgicale, le type d’intervention et sa localisation Les modalités de l’intervention Le score du National Nosocomial Infection Surveillance (NNIS) Le caractère urgent ou programmé de l’intervention La durée de séjour pré opératoire qui favorise l’acquisition exogène de micro-organismes La présence d’un foyer infectieux de voisinage 2- Prévention des Infections du Site opératoire La surveillance et la prévention des ISO représentent donc un enjeu de santé publique important En France, un des objectifs du Plan stratégique IAS et Programme de Prévention des Infections Nosocomiales ( PROPIN) pour la période 2009 – 2013 : → La baisse d’un quart du taux d’incidence des ISO pour 100 actes (y compris les infections profondes) pour des interventions ciblées à faible risque d’infection Recommandations Conférence de Consensus (SFHH): Gestion préopératoire du risque infectieux, octobre 2013 2-1 Surveillance Le programme actuel ISO-RAISIN ( Réseau d’Alerte, d’Investigation et de Surveillance des IN) préconise une surveillance sur les gestes opératoires et une surveillance de toutes les ISO 7 indicateurs font l’objet de surveillance et d’évaluation ⇒ Tableau de bord des Infections nosocomiales pour les établissements de santé ICALIN 2: Indicateur Composite des Activités de Lutte contre les Infections nosocomiales ICSHA 2: Indicateur de la Consommation de produits hydro alcooliques (SHA) ICA-LISO : Indicateur Composite de Lutte contre Les Infections du Site Opératoire ICATB : Indicateur composite de bon usage des ATB ICA-BMR : Indicateur Composite de maitrise de la diffusion des Bactéries Multi-Résistantes ⇒ Score agrégé des activités : reflet global de la lutte contre les infections nosocomiales SARM : Indice triennal de Staphylococcus Aureus Résistant à la Méticilline 2-2 Prévention préopératoire : La prévention des ISO commence dès la période préopératoire Dépistage et stratégies préventives préopératoires La préparation cutanée de l’opéré En pré opératoire, quels dépistages et quelles stratégies préventives appliquer pour réduire le risque infectieux? Dépistage et stratégies préventives des infections bactériennes Antibioprophylaxie en chirurgie propre et propre contaminée La présence d’une infection bactérienne sans rapport avec l’indication opératoire doit faire différer celle-ci sauf urgence Dépistage et décolonisation non systématique du portage nasal de Staphylococcus aureus, Staphylococcus aureus résistants à la méticilline (SARM) ou autres infections bactériennes notamment bactéries multi résistantes (BMR) : uniquement recommandé chez les patients à haut risque, notamment en chirurgie cardiaque La préparation cutanée de l’opéré Le traitement des pilosités La toilette préopératoire L’hygiène bucco-dentaire La tenue du patient Antisepsie du site opératoire Objectif : Supprimer ou abaisser de manière significative au niveau de la zone opératoire, le nombre de microorganismes du patient, pendant la durée de l’acte chirurgical Traitement des pilosités Il est recommandé de ne pas pratiquer une dépilation, en routine Si la dépilation est réalisée, il est recommandé de privilégier la tonte , et non pas recourir au rasage mécanique. Quand faire la dépilation? : aucune recommandation ne peut être émise concernant la période de la dépilation (veille ou jour de l’intervention). Elle est cependant à réaliser avant la douche préopératoire Douche préopératoire Nombre de douches? : aucune recommandation ne peut être émise concernant le nombre de douches préopératoires Il est recommandé de pratiquer AU MOINS une douche préopératoire Quand? La veille ou le jour de l’intervention? : aucune recommandation ne peut être émise concernant le moment de la douche préopératoire Avec quel type de savon ? : aucune recommandation ne peut être émise sur le type de savon (savon antiseptique ou non antiseptique) à utiliser pour la douche préopératoire : Protocole CHU de Dijon ( Juin 2014): choix d’un savon doux en uni dose (40 ml) et propose si chirurgie en ambulatoire de conseiller de prendre un savon doux du commerce ( flacon neuf) Shampoing? Aucune recommandation ne peut être émise concernant la réalisation systématique du shampoing Un shampoing peut être prescrit lors d’une chirurgie de la tête ou du cou Il est recommandé de réaliser un shampoing préopératoire quand le cuir chevelu est dans le champ opératoire Particularités chez l’enfant Faire ôter les bijoux, alliances, piercings, vernis, prothèses auditives et dentaires ( sauf si avis contraire du chirurgien) …et indiquer au patient de ne pas les remettre après la douche : hygiène de base Hygiène bucco-dentaire Le brossage des dents est nécessaire pour tout opéré et entre dans le cadre de l’hygiène de base En chirurgie cardiaque et en chirurgie buccodentaire, il est prévu de pratiquer ou de faire pratiquer des bains de bouche antiseptiques en pré et postopératoire Tenue du patient Afin de limiter la contamination environnementale et réduire la dissémination des squames, le patient doit revêtir une tenue propre de l’hôpital, (non tissé ou micro fibre -coton à proscrire) La personne douchée se couche ensuite dans des draps propres Pour les patients pris en charge en ambulatoire : une blouse d’opéré propre leur sera fourni A l’arrivée au bloc, la personne devra revêtir une coiffe à UU Détersion et désinfection cutanée du site opératoire Détersion? : Aucune recommandation ne peut être émise concernant la détersion avant la réalisation d’une antisepsie sur la peau sans souillure. Recommandée uniquement sur peau souillée La détersion se réalise à l’aide d’une solution moussante antiseptique (après le traitement des pilosités), suivie d’un rinçage et d’un essuyage (dans le but de réduire la flore cutanée ou muqueuse et éliminer les souillures ou débris cutanés) puis désinfection par l’application d’un antiseptique alcoolique Désinfection cutanée : Il est fortement recommandé de pratiquer une désinfection large du site opératoire mais aucune recommandation ne peut être émise concernant l’antiseptique à utiliser Il est seulement recommandé de privilégier un antiseptique en solution alcoolique Si préparation du futur opéré conforme au protocole : antisepsie en un temps ( Importance du temps de contact = 1 mn) la désinfection permet de réduire la flore cutanée ou muqueuse au moment de l’incision et pendant l’intervention Le circuit patient 2 possibilités : -arrivée directe au bloc opératoire via le SAU urgence vitale -transit par l’unité de soins urgence différée Recommandations acceptables en urgence vitale Compenser le déficit de préparation préopératoire du patient (douche) par une détersion et désinfection rigoureuses… si possible..sinon si Urgence ++, réaliser uniquement une désinfection cutanée large du site opératoire avec un antiseptique alcoolique Privilégier les étapes de la détersion et désinfection plutôt que la dépilation 3- Responsabilité et qualité des soins EXERCICE DE LA PROFESSION IDE ACTES PROFESSIONNELS ARTICLE R.4311-5 DU CODE DE LA SANTE PUBLIQUE Dans le cadre de son rôle propre, propre l’IDE accomplit les actes ou dispense les soins suivants visant à identifier les risques et à assurer le confort et la sécurité de la personne et de son environnement et comprenant son information et celle de l’entourage : ….. « Préparation du patient en vue de son intervention, notamment soins cutanés préopératoires » Nécessité parfois d’aider ou de vérifier l’efficacité de la réalisation de la douche préopératoire pour les personnes ayant une dépendance Soin du rôle propre infirmier, qui peut être confié à l’aide soignant qualifié, en collaboration et sous la responsabilité de l’IDE Importance des transmissions : la réalisation ou non de la douche et de la dépilation doivent être tracées 4 – Information de la personne Nécessité d’informer les patients (Loi n°2002-203 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé. Journal Officiel 2002;5 mars) Rôle de l’IDE/ information (cf. Actes professionnels – Art R.4311-5 du Code de la Santé Publique) L’intérêt ainsi que la qualité de la technique doivent faire l’objet d’une information de la personne pour la prévention des ISO, qu’il soit en chirurgie ambulatoire ou classique Recommandations et Protocoles + utilisation de différents supports, brochures adaptés à l’adulte ou l’enfant Lien vers You tube http://www.youtube.com/watch?v=MS 8Uewpvhp4 CONCLUSION Important de respecter les recommandations Rigueur nécessaire dans l’asepsie de la peau Importance d’évoluer en permanence sur nos pratiques et de s’appuyer sur les dernières données issues de la science ( études scientifiques) recommandations D’après Edouard Brézin, physicien français, « Ce n’est pas en cherchant à améliorer la bougie que l’on a découvert l’électricité » Pour avoir accès aux résultats des établissements de santé : http://www.platines.sante.gouv.fr/ Pour en savoir plus sur les infections nosocomiales et le tableau de bord : http://www.sante.gouv.fr/les-infectionsnosocomiales.html http://www.sante.gouv.fr/tableau-de-bord-desinfections-nosocomiales-dans-les-établissements-desanté.html Pour en savoir plus sur vos droits, le site du défenseur des droits : http://www.securitesoins.fr/ Pour en savoir plus sur les données épidémiologiques : http://www.invs.sante.fr/raisin Bibliographie Société Française d’Hygiène Hospitalière ( SFHH) – Conférence de Consensus « Gestion pré opératoire du risque infectieux » octobre 2013 www.icalin.santé.gouv.fr www.invs.santé.fr : Réseau ISO Raisin – Surveillance des infections du site opératoire www.cclin-est.org : Protocole national de surveillance des ISO Protocoles de soins -CHU Dijon : préparation du futur opéré (19/06/2014) – Antisepsie cutanée (05/11/2013)