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des projections de BMO Groupe financier, qui prévoit que le
taux sur l’obligation à échéance de dix ans passera de 3,46 à
3,86 % en 2010, puis à 4,66 % en 2011. La hausse prévue
pourrait osciller entre 150 et 200 points de base pour l’obli-
gation de cinq ans. « Les gens peuvent peut-être espérer
traverser l’inflation. » Il suggère un compromis consistant à
faire appel au marché monétaire, dans l’attente qu’un certi-
ficat de placement garanti rapporte 4 % ou 5 % sur l’échéance
de cinq ans, tout en insistant sur le faible risque des actions
en ce moment, qui soutient la pondération suivante : 60 % du
portefeuille aux actions et 40 % aux obligations. « Dans un
environnement inflationniste, deux grands instruments se
démarquent : les actions et l’immobilier », résume-t-il.
Pierre Bernard retient également cette toile de fond
sans toutefois endosser la répartition 60-40. Du moins, le
vice-président de la Gestion de portefeuille du bureau
montréalais de l’Industrielle Alliance s’en tient à son
modèle de répartition, qui associe l’âge au pourcentage à
détenir en titres à revenu fixe. « À 25 ans, c’est 25 % en
marché monétaire et obligation. À 60 ans, c’est 60 %. »
Cette règle étant, le spécialiste de l’Industrielle Alliance
précise qu’un contexte de reprise de l’inflation favorise d’abord
le marché monétaire et les dépôts à court terme. Suivent les
éléments d’actif tangibles tels l’art, l’immobilier et l’or, lequel
atteint présentement des sommets historiques sous le coup du
recul du dollar américain. Ces éléments d’actif répondent bien
à une inflation contrôlée. Puis viennent les actions. D’abord
les grandes capitalisations et les actions mondiales, puis les
petites capitalisations et les marchés spécialisés. À l’inverse, il
faut vendre les obligations dans une telle conjoncture.
Pierre Bernard ne voit cependant pas de dérapage infla-
tionniste à l’horizon. « Il existe deux formes d’inflation. Celle
venant de la consommation et celle émanant du marché en
capitaux. » Le gestionnaire rappelle que pour l’heure, le
semblant de reprise vient de cette combinaison de politi-
ques monétaire et fiscale particulièrement audacieuses,
adoptées afin qu’on évite le pire. « Il y a beaucoup de liqui-
dités. Mais l’argent reste dans le marché des capitaux. Dans
la croissance observée du PIB, le gros est venu de la variable
“ G ” de l’équation, “ G ” pour dépenses gouvernementales.
Pour activer une reprise véritable, il faut créer un climat de
confiance. Et tant que l’emploi demeure problématique, la
consommation ne suit pas. »
Le gestionnaire d’Industrielle Alliance ne
travaille présentement ni avec un scénario d’in-
flation, ni avec des projections de hausse des taux
d’intérêt. « Je n’ai pas peur de l’inflation. Elle ne
me semble pas proche. Deux gros moteurs, les
États-Unis et la Chine, semblent de nouveau en
marche. Et les marchés s’ouvrent. La crainte du
protectionnisme est réelle. Mais la baisse du dollar
américain va permettre aux États-Unis d’éviter
de recourir à des barrières tarifaires. Quant aux
taux d’intérêt, j’ai de la difficulté à voir un mou-
vement haussier des taux directeurs. Notamment
au Canada, surtout si le dollar canadien s’ache-
mine vers la parité. Aux États-Unis, si cette
hausse survenait, elle s’expliquerait par un regain
de confiance. Elle résulterait d’une confiance
revenue ». Si les banques centrales resserrent trop rapidement
la vis, l’économie risque de replonger en récession.
MARCHÉS DES CAPITAUX
Pierre Bernard rappelle que l’argent reste cantonné dans le
marché des capitaux. C’est là que l’inflation prend forme
présentement. « Aujourd’hui, les entreprises en bénéficient,
car elles peuvent ainsi reconstruire leur bilan et renforcer
leur capitalisation. Cette concentration de liquidités dans le
marché des capitaux peut créer une bulle et confiner l’enri-
chissement à un petit groupe de gens, à Wall Street. On
observe présentement trop d’argent courant après trop peu
de biens. » Mais tôt ou tard, cet argent ne devra-t-il pas être
redéployé dans l’économie dite réelle ? « Oui, plus tard ;
mais il serait faux de croire qu’on va revivre le scénario de la
fin des années 1970, avec son dérapage inflationniste. »
Quant à la bulle, « on sourcille ici devant une poussée de
50 % des Bourses, mais ailleurs, on peut observer une pous-
sée de 100 %. Si l’on se fie aux dernières statistiques de
l’Institut des fonds d’investissement du Canada, les fonds
d’actions sont toujours en position de rachat net. Les fonds
du marché monétaire, obligataires et équilibrés retiennent
le plus l’attention. La prudence demeure. »
Faut-il se méfier de l’inflation ?
« Compte tenu de la baisse considérable
des taux d’intérêt, le marché
obligataire fait face au pire scénario
des 30 dernières années. » William André Nadeau,
gestionnaire de portefeuille
et président d’Orientation Finance