La Fonction publique en Afrique : Ethique
Centre Africain de Formation et de Recherche Administrative pour le Développement - CAFRAD
Département des Affaires Sociales et Economiques des Nations Unies - UNDESA 2
Partie I : qu’est ce que l’Ethique ?
Il n'existe pas de définition convenue du terme "Ethique". Certains l'ont même assimilée
à la morale. La différence entre "la morale" et "I' Ethique" réside dans le fait que la morale
est liée à la conduite personnelle de l'individu, ses devoirs moraux et son respect des règles
conventionnelles. L'éthique se réfère aux principes de base de l'action juste et les règles de la
conduite (Chapman 1993). Le terme éthique peut faire référence aux caractéristiques morales,
qu'elles soient présentes ou absentes; ainsi, un administrateur ou un système administratif est
dit moral ou manquant de probité. Parfois, nous recherchons des valeurs particulières, telles
l'honnêteté ou le professionnalisme, mais souvent nous recherchons simplement une sorte de
conscience morale. Le terme éthique peut se référer, en même terme, à quelque chose de
différent, dénotant un ensemble de caractéristiques assumées être présentes et susceptibles de
prendre différentes formes. Dans ce sens, les organisations sont toujours morales; elles ne
diffèrent que dans les éthiques qu'elles représentent. Un fonctionnaire pourrait être considéré
comme manquant de probité si il ou elle s'écarte des normes morales de l'organisation, alors
que l'organisation ou l'institution, dans sa totalité, ne pourrait être considérée ainsi (Rohr,
1978). Ils ne diffèrent que dans les éthiques qu'ils représentent. Ce qui est intéressant c'est de
savoir comment un administrateur et/ou un responsable peut être considéré comme ayant une
conduite morale au sein d'un système ou une organisation dont les mécanismes opérationnels
manquent de probité. Ceci est une source importante des dilemmes d'éthique des responsables
du secteur public aussi bien dans les pays développés, que dans ceux en voie de
développement.
Une autre question conceptuelle nécessitant de la considération quant à l'éthique est
celle de la droiture et la responsabilité. La droiture fait référence à l'honnêteté individuelle, et
dans le cas de la conduite administrative, à la norme quasi universelle voulant que la fonction
publique en soi, ne doit pas être utilisée pour des gains privés. En se basant sur le concept de
la droiture, il semble que c'est bien l'éthique en tant que droiture qui définit les frontières de la
littérature comparative traditionnelle de corruption et fournit généralement le contexte pour
les débats portant sur la portée, le contenu et l'applicabilité générale des codes d'éthique
(Heidenheimer, 1970, Klitgaard, 1988). Cependant, la rectitude administrative n'est pas un
problème qui se prête à l'analyse systématique, et ce car tel que l'affirme Lippmann (1930, 61)
"nous ne pouvons jamais étudier la corruption en elle même, mais simplement la mise à nu de
celle-ci".
L'éthique en tant que responsabilité fait référence à la question de savoir auprès de qui
ou de quoi, l'administrateur cherche-t-il la conduite morale, en établissant, à titre d'exemple,
des choix politiques complexes et dans l'exercice des directives administratives. Vu la grande
différence qui existe entre les systèmes et les cultures à cet égard, il semble être bien plus
difficile d'établir des critères d'éthique qui englobent la responsabilité que de s'appuyer sur la
droiture. Et ce car : Une fois que l'on quitte le monde ordonné de la justice sociale et
administrative, l'ambiguïté règne. Dans la plupart des cas, le bien et le mal baignent dans la
confusion en raison des interprétations litigieuses souvent ancrées dans des clivages sociaux
politiques bien établis (Ajuogu, 1983: 387).
Le terme éthique revêt un sens étendu ou macro à même d'être appliqué a toutes les
cultures et à tout moment. Mais il a également un sens restrictif ou micro en relation à une
société spécifique ou groupe sociétaire. La perception macro appartient au bien ou au mal, au
bon ou au mauvais, alors que la perception micro fait référence à la manière d'interpréter le
bien ou le mal, le bon ou le mauvais, par une société spécifique, groupe sociétaire ou même
un individu (Dwivedi, 1978).