Ma pharmacie est en ligne, c’est grave docteur ? 3/11
La situation jusqu’au 19/12/2012
La parapharmacie, sortie du monopole pharmaceutique
Jusqu’au 19/12/2012, seuls les produits de parapharmacie était autorisés
à la vente en ligne… que l’on soit pharmacien ou pas. La parapharmacie
(cosmétiques, bien-être, minceur,…) est en effet sortie du monopole
officinal en 1989. Chaînes de parapharmacie, grande distribution, sites
internet pure players se sont précipités sur le gâteau… avec des moyens
inégaux puisqu’eux ont le droit de faire de la publicité, mais pas les
pharmaciens. 25% du marché de la parapharmacie est ainsi sorti de
l’officine. La parapharmacie représente 15% du chiffre d’affaires de
l’officine.
Les médicaments, soumis et non-soumis à ordonnance : deux cas
différents à distinguer
La vente sur internet de médicaments avec ou sans ordonnance a toujours
été réservée au pharmacien.
En France, il n’a jamais été débattu que les médicaments soumis à
ordonnance soient vendus sur internet.
Mais aucun texte n’interdisait expressément le e-commerce de ceux sans
ordonnance, sans l’autoriser non plus (médicaments dits OTC : anti-
douleur, sevrage tabagique, toux, petites infections… - 15% des revenus
d’une officine française, soit un marché de 3-5 milliards d’euros). Au niveau
européen par contre, l’arrêt Doc Morris (CJUE du 11 décembre 2003, n°C-
322/01) affirmait déjà que les états membres ne pouvaient interdire
absolument la vente à distance de médicaments non soumis à ordonnance.
En 2011, une directive européenne (n° 2011/62/CE publiée le 01/07/2011)
imposait aux Etats membres de légiférer avant le 01/01/2013.
Les deux pharmacies (1) avant-gardistes qui se sont lancées dans le e-
commerce de médicament OTC fin 2012 s’appuyaient donc sur ce flou
juridique.
Le contexte économique difficile des pharmaciens français
Baisse des prix des médicaments, et des marges associées,
déremboursements par la Sécurité Sociale, pression à la diminution de la
consommation de médicaments, concurrence sur la parapharmacie… Le
pharmacien français est sous pression, au point qu’on estime que trois
officines ferment chaque semaine faute de rentabilité – situation
tristement inédite dans ce secteur !
Il est aisé de comprendre l’inquiétude du pharmacien qui craint de perdre
un nouveau monopole alors qu’il est déjà dans un contexte de crise.
La parapharmacie peut
être vendue sans
restriction (canal de
vente et distributeur).
Les médicaments
soumis à ordonnance ne
peuvent être vendus
qu’en pharmacie.
L’Union Européenne
imposait à la France de
légiférer quant aux
médicaments en vente
libre avant le
01/01/2013.