MAPAR 2007
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Leurs manifestations sont multiples, allant d’une simple urticaire au grand
choc anaphylactique ou au décollement cutané, parfois mortels. Il existe en outre
des réactions revêtant les symptômes d’une allergie mais sans mécanisme
allergique, véritables diagnostics différentiels qu’il faut savoir évoquer.
Les mécanismes des réactions allergiques sont variés et loin d’être parfai-
tement élucidés [4-6]. Lorsqu’elles sont authentiquement liées à une réaction
d’hypersensibilité, les réactions de chronologie immédiate ou très accélérée,
de type urticaire/angiœdème par exemple, sont le plus souvent dépendantes
des immunoglobulines (Ig) E ; quant aux réactions non immédiates, comme, par
exemple, les exanthèmes maculo-papuleux, elles impliquent une activation de
lymphocytes T spécifiques.
L’hétérogénéité clinique des réactions d’hypersensibilité médicamenteuse
reflète la pluralité des mécanismes immuno-pathogéniques impliqués, et explique
en grande partie la faiblesse actuelle des outils biologiques de diagnostic des
allergies médicamenteuses. Or, seul un diagnostic formel d’allergie médica-
menteuse permet de mettre en place les mesures adaptées de prévention et
de traitement.
1. FRÉQUENCE ET FACTEURS DE RISQUE
Certains médicaments, dont les pénicillines exposent davantage que d’autres
aux réactions d’hypersensibilité médicamenteuse. La prévalence des réactions
allergiques aux antibiotiques est largement sous-estimée, comme toujours en
allergies médicamenteuses, puisque leur déclaration n’est pas systématique.
Près de 0,7 à 10 % des traitements par pénicillines s’accompagnent de réac-
tions allergiques immédiates [7], dont 1 sur 5 000 anaphylaxies graves, parfois
fatales [8].
La grande majorité des décès est liée aux chocs anaphylactiques, dont la
mortalité est de l’ordre de 2,5 % [9]. Ainsi, aux Etats-Unis, le nombre de décès par
chocs anaphylactiques aux pénicillines serait proche de 500 par an [10]. Les autres
causes de décès, plus rares, sont représentées par des atteintes particulières de
la peau, avec décollement cutané (syndrome de Lyell notamment), ou atteinte
extensive associée des muqueuses (syndrome de Stevens-Johnson) ou multi-
organes (DRESS ou Drug Reaction with Eosinophilia and Systemic Symptoms).
Le surcoût de telles réactions n’a jamais été évalué précisément.
Les facteurs favorisant les réactions allergiques aux médicaments sont
diversement appréciés. Les enfants seraient moins souvent touchés que les
adultes, mais l’influence de l’âge n’est pas clairement déterminée. Toutefois,
chez l’enfant, seul le quart des réactions attribuées à des antibiotiques résulte
d’une authentique réaction d’hypersensibilité médicamenteuse [2] . La majorité
des études épidémiologiques montrent que les femmes sont 2 fois plus attein-
tes que les hommes [2]. L’atopie, qui prédispose les individus à produire des
quantités excessives d’IgE contre les allergènes de l’environnement (pollens,
moisissures, acariens…) ne paraît pas être un facteur de risque significatif pour
la majorité des allergies médicamenteuses [2, 11] [12]. Il est hautement probable
qu’interviennent d’autres prédispositions génétiques, notamment pharmacogé-
nétiques, qui commencent seulement à être abordées par la recherche [2, 13].
Des haplotypes HLA particuliers semblent impliqués dans les réactions retardées
aux amino-pénicillines (HLA A2 et DR W52), à l’abacavir (B57, DR7 DQ3) [2, 14].