CORRIGÉ - ANALYSE D’UN DOCUMENT SUJET Š LES « ÉCONOMIES-MONDE » DEPUIS … Le document est un graphique tracé par Angus Maddison, un économiste britannique, dans lequel on trouve l’évolution du PIB par habitant entre 1850 et 2008 pour les États-Unis, le Royaume-Uni, le Brésil, la Chine, l’Inde et le monde. Ce graphique est extrait d’un ouvrage rédigé par Maddison en 2002 qui s’intitule L’économie mondiale. Une perspective millénaire. Après avoir mis en évidence les économies-monde successives depuis le milieu du XIXème siècle (I), on expliquera les raisons de leur émergence (II). I. Les économies-monde successives depuis le milieu du XIXème siècle Entre 1850 et les années qui précèdent la Première Guerre mondiale, l’économie mondiale est dominée par le Royaume-Uni : c’est ce pays en effet qui enregistre le PIB par habitant le plus élevé de la planète, et un PIB par habitant qui progresse. Celui passe de 2 500 dollars par habitants en 1850 à 5 000 dollars par habitants juste avant la Première Guerre mondiale. Après la Première Guerre mondiale – et jusqu’à la fin de la Guerre froide, l’économie-monde des EtatsUnis domine. En effet, à partir du début du XXème siècle, le PIB par habitant des États-Unis dépasse celui du Royaume-Uni et continue d’augmenter : en 1960, le PIB par habitant des États-Unis atteint 12 000 dollars contre 8 000 pour le Royaume-Uni ; en 1970, le PIB par habitant des États-Unis atteint 15 000 dollars, contre 12 000 dollars pour le Royaume-Uni. À partir des années 1990, l’économie-monde états-unienne cède sa place à une économie-monde multipolaire, c’est-à-dire où plusieurs pôles dominent l’économie mondiale (à la différence des deux économies-monde précédentes qui étaient unipolaires). Les États-Unis et le Royaume-Uni enregistrent toujours les PIB par habitant les plus élevés mais le Brésil, la Chine et l’Inde les rattrapent. Dès les années 1940, le PIB par habitant du Brésil, de l’Inde et de la Chine progresse mais c’est à partir des années 1990 que tous augmentent nettement et émergent vraiment. En 2008, ils atteignent 2 500 dollars par an et habitant en Inde, 6 000 dollars par an et par habitant en Chine et 7 000 dollars par an et par habitant au Brésil (contre 24 000 au Royaume-Uni et 32 000 dollars aux États-Unis). II. Les raisons de l’émergence de ces économies-monde Plusieurs raisons expliquent l’émergence de l’économie-monde britannique. Elle dispose du plus vaste empire colonial au monde qui lui fournit des matières premières en grande quantité et qui constitue un débouché non négligeable pour les produits manufacturés britanniques. De plus, le Royaume-Uni dispose de la plus vaste flotte mondiale, lui permettant ainsi de contrôler les mers et les océans pour transiter les échanges nécessaires au fonctionnement de son économie-monde. L’émergence de l’économie-monde états-unienne tient d’abord à l’essoufflement de l’économie-monde britannique : sur le graphique, on voit le PIB par habitant du Royaume-Uni stagner de 1900 à 1913. C’est précisément la décennie pendant laquelle les États-Unis détrônent le Royaume-Uni. Mais les États-Unis disposent de nombreux atouts expliquant l’émergence de leur économie-monde : des firmes transnationales solides, une puissance financière imposante (centrée sur Manhattan à New York, avec la bourse de Wall Street), un poids militaire considérable (ils assurent un quart des dépenses militaires mondiales), une place centrale dans les institutions internationales (le siège de l’ONU, de la Banque mondiale et du FMI sont à New York et à Washington, aux États-Unis). L’évolution vers une économie-monde multipolaire s’explique aussi par le ralentissement de la croissance états-unienne à partir des années 1990 (sur le graphique, on voit la courbe se fléchir ; c’est aussi le cas au Royaume-Uni) alors que des États comme le Brésil, la Chine et l’Inde voient leur croissance économique augmenter plus rapidement qu’auparavant (sur le graphique, la pente des courbes s’accentue). L’économie mondiale devient donc multipolaire à partir des années 1990 parce que les écarts se réduisent entre les pays de la Triade (États-Unis, Union européenne, Japon) et les pays émergents (Brésil, Chine, Inde). Leur forte croissance économique leur permet de rattraper (voire de dépasser pour le cas de la Chine) les puissances économiques mondiales traditionnelles comme les États-Unis.