le shofar
5
Il y a un bon nombre d’années, sur le che-
min qui remonte du Kotel pour retourner en
ville, un homme aux longs cheveux et barbe
gris, vêtu d’une longue robe en satin mauve,
jouait de la harpe en chantant des psaumes.
Une réincarnation du roi David? Peut être,
mais en tous cas, quelqu’un qui veut nous
faire partager son émotion pour ces textes
millénaires.
Depuis la plus haute antiquité, la musique a
occupé une place prédominante parmi les
arts. Pour les Grecs et les Romains, elle par-
ticipait du domaine du sacré et ne pouvait
donc pas être galvaudée.
Dans la tradition juive, la musique se
retrouve également renseignée très tôt dans
les écritures. La Tora nous parle du chant
après le passage de la mer Rouge: chant
de reconnaissance et de joie, du chant de
Myriam, et, finalement, du chant de Moïse au
moment de sa mort. Beaucoup de psaumes
commencent par de courtes instructions
aux chantres et aux musiciens. De tous
temps la vie juive a été rythmée par la
musique: musique toujours influencée par
les traditions et sonorités locales.
A l’approche de la 29ème fête de la musique du
21 au 23 juin prochain, votre Shofar aborde
ce thème si vaste. Notre occident a accès à
une période de musique de près de 700 ans:
durant cette période la musique a évolué, de
Guillaume de Machaut à Bach, puis Mozart,
Stravinsky, les Beatles jusqu’aux punks et à
la musique progressive.
Une fois n’est pas coutume, notre rabbin
aborde le vaste thème de la musique punk,
ce courant anglo-saxon dont on a surtout
retenu les excès et les tenues excentriques,
issu d’un berceau culturel et musical new-
yorkais et qui a fait de nombreux émules
et a ouvert la voie à de nombreuses ten-
dances musicales nouvelles. Mais, qu’a
donc le punk à voir avec la musique juive?
Il se trouve que le terreau culturel qui lui a
donné naissance était celui d’une certaine
intelligentzia juive new-yorkaise et que
beaucoup de ses musiciens et créateurs
étaient Juifs, et qu’ils ont importé dans
cette musique et dans les textes une part
d’identité juive que notre rabbin essaie
d’identifier.
Sur un mode plus classique, André Reinitz,
le musicien klezmer belge bien connu à qui
nous avons déjà eu la chance de consacrer
une interview dans le Shofar, retrace l’histo-
rique de la musique klezmer et trie pour nous
le klezmer réel d’aujourd’hui de toutes les
musiques d’origines diverses qu’on affuble
de ce nom sans qu’il soit toujours possible
de s’y retrouver.
Quelques membres de Beth Hillel nous ont
aussi fait parvenir leurs goûts en matière de
musique juive: nous résumons ces coups de
cœur, et levons aussi le voile sur la musique
que nous aimons écouter à Beth Hillel en
dehors de la musique à caractère religieux.
Anne De Potter enfin analyse en détail pour
nous la place de la musique dans le texte
biblique (Tanakh) avec de riches références
à quelques commentateurs contemporains.
De la musique au théâtre il n’y a qu’un pas
que nous franchissons avec la recension et
l’analyse toute en finesse de Madame Myra
Fischman qui a assisté à la pièce Shylock
au Centre Culturel Polonais de Bruxelles:
l’auteur/acteur y met en scène le personnage
Toutes les musiques
par Luc Bourgeois