D’une part, 70 p. 100 des citoyens du pays souhaitent que le prochain
premier ministre instaure de meilleures relations
intergouvernementales. En ordre d’importance, c’est leur deuxième
priorité; un peu moins populaire que l’amélioration du financement des
soins de santé (73 p. 100), elle devance la hausse du financement de
l’éducation et de la formation (quelque 69 p. 100). Que la « dé-
concertation » suscite autant d’inquiétude, c’est quand même
extraordinaire! D’autre part, une majorité de citoyens croient qu’il faut
transférer des ressources fiscales du niveau fédéral vers les deux autres –
le provincial et le local.
Si convaincus qu’ils soient de la nécessité de ce transfert, les citoyens
hésitent toutefois à le réclamer pour de bon. Seuls 32 p. 100 d’entre eux
sont en faveur d’un déplacement des pouvoirs vers les administrations
provinciales, et 16 p. 100, vers les municipalités.
C’est que le citoyen en est venu au cours des 70 dernières années – avec
la Grande Crise, la Grande Guerre, l’État-providence – à considérer le
gouvernement fédéral, malgré ses ratés mémorables, comme le grand
producteur des biens publics et de l’intérêt commun, le grand
stabilisateur et redistributeur des revenus et des richesses. Ni les
gouvernements provinciaux (sauf celui du Québec) ni les gouvernements
municipaux n’ont amassé ce capital de confiance.
Dans le roman d’Alexandre Dumas, les trois mousquetaires ne sont pas
trois, cependant, mais quatre : il ne faut pas oublier D’Artagnan, le plus
fougueux, celui qui catalyse les énergies des autres. Comme il ne faut
pas oublier, dans nos structures politiques, les grandes villes.
La douzaine de centres urbains importants du pays – Toronto, Montréal
et Vancouver en tête – sont, dans une économie qui se mondialise et une
société de plus en plus pluraliste, les grandes locomotives du
développement économique et du progrès social. Ce sont des pôles de
croissance économique incontournables, les creusets où se définissent