Des Parlements au parlementarisme - Histoire du Parlement de 1789 à nos jours.
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Cet ouvrage de plus de 500 pages est appelé à faire date : première synthèse sur l’histoire du
Parlement, il en propose une lecture globale, pluridisciplinaire par l’appel aux historiens, politistes,
historiens du droit, tous éminents spécialistes de l’histoire parlementaire. Edité sous l’égide du
Comité d’Histoire Politique et Parlementaire, il manifeste le dynamisme de l’équipe réunie autour
de Jean Garrigues, éditrice de la revue Parlements et dotée d’un site, http://.
http://www.parlements.org/
Les apports de cette histoire sont nombreux, vont du rappel des évènements, de l’évocation
d’assemblées méconnues (le tribunat napoléonien est ainsi rappelé à la mémoire collective), au
portrait de groupe des députés, à l’évocation du décor des Assemblées, si important pour une
histoire de la représentation nationale. Cette multiplicité s’agrège dans une histoire longue de
l’imposition du parlementarisme au cœur de la vie politique française, rythmée par la construction
longue des procédures parlementaires de contrôle des gouvernements.
Assemblées et révolutions
Assemblées et révolutions
De manière particulièrement heureuse, l’ouvrage débute par un rappel des Assemblées d’Ancien
Régime, cette tradition met à mal l’idée que la première Assemblée Nationale Constituante soit
issue de l’évènement, de la contrainte historique, qu’elle puisse être considérée comme une intruse
dans le processus révolutionnaire. Est mise en évidence le rôle des Parlements d’Ancien Régime
dont les remontrances au pouvoir royal sont commentées par l’opinion publique. Ce rôle
d’éducateur politique, les Parlements de Paris et de province en usent pour imposer leur vision
d’une représentation de la nation face au "despotisme royal". Le roi peine à mettre un frein à cette
contestation, née dans les années 1750, par l’alternance de mesures d’autorité, l’enregistrement
des décisions royales par lit de justice et de laisser aller, laissant démunis les partisans de la
monarchie absolue au sein des Parlements. La réelle popularité des Parlements cesse avec leur
acceptation de la convocation des Etats Généraux par ordre en septembre 1788. Le récit de la
convocation des Etats Généraux, de leur tenue amène quelques précisions bienvenues.
Traditionnellement, l’historiographie rappelle la floraison de libelles, de textes, de pamphlets dont
celui de Sieyès, Qu’est ce que le Tiers Etat ? est présenté comme le plus remarquable. De fait,
l’écho de ce texte fut relativement faible :
sur 638 pamphlets publiés de janvier à juin 1789 seuls 8 ont été influencés par le libelle. Avec les
Etats Généraux, se place le premier portrait de groupe, fouillé, des représentants des ordres,
lesquels constatent la vacuité du programme royal, ce qui laisse au Tiers Etat toute latitude pour
imposer le sien. Le récit de la transformation des Etats Généraux en Assemblée nationale est
classique mais débouche sur un point fondamental dans le parlementarisme tel qu’il se déploie
dans les siècles suivants, l’abandon du mandat impératif le 8 juillet 1789. Cet abandon marque la
reconnaissance de l’importance de la délibération dans la prise de décision des parlementaires. Les
aléas de la vie des Assemblées révolutionnaires, la lente construction du pouvoir des Assemblées
dans la rivalité avec la Commune insurgée, sont situées dans une géopolitique parisienne, au sein
d’un palais, les Tuileries dont les aménagements sont décrits avec minutie.
Cette présentation des décors, des paysages, donne le ton de la séquence révolutionnaire avec la
radicalisation des débats au sein des Assemblées qui se succèdent, Constituante, Législative,
Convention. Cette dernière est particulièrement étudiée avec une succession de portraits,
individuels et de groupes, une présentation des enjeux liés à la guerre civile et étrangère à partir
du point de vue des Assemblées. L’affrontement girondins/montagnards est restitué dans sa
complexité avec la présence de la Plaine dont un des membres, Barrère, théorise le gouvernement
d’exception. Après la chute de Robespierre, la nouvelle Constitution de l’an III instaure un
bicaméralisme qui devient la règle jusqu’à aujourd’hui. De même, la Chambre des députés trouve
son palais, le Palais Bourbon, devenu le lieu du parlementarisme en France. Avec la conjuration de
Saint Cloud, la centralité législative disparaît au profit du pouvoir exécutif autoritaire incarné par
Napoléon. Les Assemblées demeurent sous le Premier Empire, réduites à un rôle de consultation,
elles jouent un rôle à la fin de l’Empire puisqu’elles destituent l’Empereur en 1814. Avec l’arrivée
au pouvoir de Louis XVIII, se met en place un régime politique libéral très influencé par le modèle
britannique. Si le suffrage censitaire réduit le rôle de représentation de la nation, les débats à la