Direction générale de la présidence Direction des relations avec les parlements nationaux Unité de la coopération institutionnelle Bruxelles, le 21 janvier 2014 Note d'information sur la conférence "Les parlements de l'Union européenne dans le cadre de la gouvernance mondiale" Objet: Comment améliorer la coopération entre les parlements nationaux de l'Union européenne et le Parlement européen au sein des assemblées multilatérales? 1. Parlements et mondialisation Depuis quelques années, les parlements voient leur rôle se renforcer progressivement et sont de plus en plus écoutés sur la scène politique. Ils assument en effet des tâches centrales dans un environnement international de plus en plus mondialisé. Les parlements sont tout d'abord les principaux législateurs, dotés de l'initiative législative et du pouvoir d'adopter les textes de loi. Par ailleurs, ils jouent un rôle de médiation important car ils constituent des interfaces actives et concrètes entre les autorités et les citoyens. Enfin, ils contrôlent les exécutifs, assurant ainsi l'équilibre des pouvoirs. Dans le cadre de cette évolution, une initiative a notamment vu le jour, qui vise à "parlementariser" les Nations unies en créant une Assemblée parlementaire des Nations unies (APNU) élue au suffrage direct, et fait l'objet de discussions politiques depuis plusieurs années. En 2001, le Parlement européen s'est déclaré en faveur de l'APNU, afin de renforcer le caractère démocratique, la responsabilité devant les citoyens et la transparence de la gouvernance mondiale, ainsi que la participation des populations aux activités des Nations unies. La déclaration de Bruxelles intitulée "Vers un ordre international démocratique et équitable" a ensuite été adoptée le 17 octobre 2013 par les députés favorables à ce projet. L'initiative en faveur de l'APNU illustre la réelle volonté de donner à la mondialisation un caractère parlementaire plus affirmé. Les dernières discussions au sein de la commission des affaires étrangères du Parlement européen ont montré que le soutien à cette idée ne faiblit pas. La commission s'est déclarée prête à plaider aux côtés de l'Union interparlementaire (UIP) pour la création de l'APNU, mais a estimé que cette assemblée, si elle voyait le jour, devrait rester au sein des Nations unies. Les derniers élargissements de l'Union ont amélioré son image et accru son influence, ainsi que celle de sa branche parlementaire, au sein des organisations multilatérales et régionales. Cette évolution exige des parlements nationaux et du Parlement européen des efforts supplémentaires afin d'assurer une représentation parlementaire à la hauteur du rôle international de l'Union. [email protected] - www.europarl.europa.eu B-1047 Brussels - Tel +32 2 28 42687 F-67070 Strasbourg - Tel +33 3 88 1 64507 2. État des lieux en matière d'assemblées multilatérales Les assemblées et forums parlementaires multilatéraux présentent des structures organisationnelles, des listes de membres et des bases de coopération diverses. Certains sont institutionnalisés et possèdent un secrétariat permanent (commissions, bureau); d'autres se réunissent ponctuellement et s'apparentent plus à des forums de consultation, dotés toutefois d'un poids politique international important (dans le cadre du G8 et du G20, par exemple). Les assemblées parlementaires multilatérales sont constituées sur une base géographique régionale, sur la base d'impératifs de sécurité ou sur une base linguistique ou religieuse. Comme le montre la liste en annexe, l'Union européenne entretient actuellement une coopération interparlementaire avec 32 assemblées ou forums multilatéraux, abstraction faite des organes parlementaires créés par le traité de Lisbonne (par exemple, la COSAC). 19 d'entre eux coopèrent tant avec le Parlement européen qu'avec des parlements nationaux des États membres. Parmi eux, on compte deux assemblées internationales (l'UIP et la Conférence parlementaire sur l'OMC), deux assemblées fondées sur des critères de défense et de sécurité (les Assemblées parlementaires de l'OSCE et de l'OTAN), deux forums de coordination multilatérale (la Conférence des présidents de parlements du G8 et le Forum de consultation des présidents de parlements du G20), 14 assemblées régionales (dont les Assemblées parlementaires du Conseil de l'Europe et de l'Organisation de coopération économique de la mer Noire, ainsi que la Conférence parlementaire de la mer Baltique) et une assemblée fondée sur un critère linguistique (l'Assemblée parlementaire de la Francophonie). Au sein de cinq autres assemblées, seuls des parlements nationaux sont représentés (la Dimension parlementaire de l'Initiative centre-européenne, l'Assemblée interparlementaire de l'orthodoxie, l'Association parlementaire du Commonwealth, l'Assemblée balte et le Parlement Benelux). Six autres n'entretiennent des relations qu'avec le Parlement européen (dont les assemblées parlementaires Euronest et EuroLat, ainsi que l'APP ACP-UE). Au sein de deux assemblées, enfin, est représentée la Turquie, pays candidat à l'adhésion à l'Union européenne (la PUIC et la TURKPA). Les parlements nationaux des États membres de l'Union ne participent pas à toutes les assemblées interparlementaires régionales créées par le Parlement européen. En revanche, on notera que certains d'entre eux, pour des raisons historiques et culturelles, entretiennent des relations politiques bilatérales très suivies avec des parlements de pays qui participent à d'autres assemblées multilatérales régionales (la Conférence parlementaire de la mer Baltique, l'Assemblée parlementaire de l'Organisation de coopération économique de la mer Noire, le Forum parlementaire de l'ASEP, la Conférence parlementaire du Commonwealth, etc.) Lorsqu'une assemblée multilatérale se réunit, le Parlement européen y est généralement représenté par une délégation, permanente ou ad hoc, composée de plusieurs députés ou par son Président ou un vice-président. Les parlements nationaux des États membres envoient eux aussi soit une délégation de députés, soit leur président ou un de leurs viceprésidents. La décision du Parlement européen d'être représenté lors d'une réunion peut 2 être fixée par une résolution, auquel cas la délégation ad hoc ou le Président ou viceprésident reçoit un mandat clair. Un rôle spécifique incombe au chef de la délégation ad hoc, afin qu'une position commune soit adoptée. 3. Difficultés de coordination Voici quelques exemples de coopération insatisfaisante entre le Parlement européen et les parlements nationaux: Le G8 & le G20 Le Parlement européen et certains des parlements des États membres sont représentés dans les volets parlementaires du G8 et du G20. Ils peuvent ainsi influencer l'activité de ces organes qui œuvrent, à plusieurs niveaux, à fixer un agenda réglementaire mondial. Les présidents ou représentants des parlements nationaux et du Parlement européen échangent leurs vues et discutent du rôle des meilleures pratiques parlementaires à l'échelle mondiale, tout en contribuant à la légitimité démocratique, à la responsabilité devant les citoyens et à la transparence des processus de décision. La conférence parlementaire sur l'OMC La coordination entre les parlements nationaux et le Parlement européen pourrait également être améliorée au sein de la Conférence parlementaire sur l'OMC, coorganisée par l'UIP et le Parlement européen. Les députés nationaux et européens pourraient contribuer à une meilleure compréhension par les citoyens de la stratégie commerciale (qui concerne non seulement les échanges de biens industriels et de produits agricoles, mais également des questions pointues comme le commerce en ligne, les droits de propriété intellectuelle, le respect des droits sociaux et de la biodiversité, les services culturels, les investissements étrangers, etc.). L'enjeu est d'autant plus grand que les décisions de l'OMC ont aujourd'hui des conséquences directes sur la vie de chaque citoyen européen. L'intégration régionale Enfin, il pourrait être judicieux de développer une dimension parlementaire européenne dans les processus d'intégration régionale en cours dans les pays du partenariat oriental, en Amérique latine, en Afrique et en Asie du sud-est. 3. Possibilités de coopération renforcée Comment accroître l'influence du Parlement européen et des parlements nationaux au sein des assemblées multilatérales internationales? Le concept-clé, cela va sans dire, est celui de la coopération renforcée. Il existe en effet des possibilités d'utiliser et de renforcer la dimension parlementaire de l'Union au sein des assemblées parlementaires multilatérales et des forums internationaux. L'Union pourrait ainsi peser davantage au sein des assemblées multilatérales si son Parlement et les parlements nationaux de ses États membres parlaient d'une seule voix. Il ne s'agit pas de se comporter systématiquement comme un "bloc", mais de s'efforcer d'améliorer la coordination au cas par cas dans chacune de ces assemblées. 4. Suggestions Que faire, concrètement, pour favoriser une telle évolution? 3 1. Deux fois par an, un calendrier des réunions de toutes les assemblées multilatérales auxquelles participent des représentants du Parlement européen et des parlements nationaux pourrait être élaboré conjointement par le parlement du pays qui assure la présidence de l'Union et le Parlement européen. Ce programme exhaustif permettrait d'organiser les travaux aussi rationnellement que possible. 2. Afin d'assurer la meilleure coordination possible entre les positions défendues par les parlements nationaux et le Parlement européen au sein de ces assemblées, il conviendrait: de nouer des contacts professionnels en amont des séances plénières afin: A. de définir clairement les sujets ou les points de l'ordre du jour pour lesquels la coopération pourrait déboucher sur un résultat concret; B. de se coordonner et, si possible, de trouver une position commune afin de défendre le plus efficacement possible nos valeurs et nos intérêts; C. d'informer de manière anticipée des difficultés susceptibles de survenir et de s'efforcer, autant que possible, de les aplanir; D. de diminuer la méfiance qui existe parfois entre les échelons parlementaires nationaux et européens. de créer des ponts au niveau administratif en encourageant les discussions informelles, afin de recueillir un maximum d'informations et de nouer des contacts professionnels étroits entre les fonctionnaires des services concernés; de rendre plus visible la coopération renforcée entre le Parlement européen et les parlements nationaux représentés dans les assemblées multilatérales en organisant des conférences de presse communes et en effectuant des déclarations communes à la presse lors des sessions plénières des assemblées ou en réaction à des événements internationaux graves et soudains. 4