
mémétique. L’épigenèse (ou épigénétique) est l’ensemble des facteurs environnementaux
(nutritionnels, sensoriels, l’expérience sociale) et intrinsèques (interactions entre les cellules,
sécrétions de substances chimiques : neuromédiateurs, hormones…) qui sont à la base surtout
de la plasticité développementale. La mémétique est l’étude de la transmission dans le temps
et l’espace des activités culturelles au sein des communautés humaines : le « même » est un
terme forgé par Richard Dawkins (Le gène égoïste, 1976) et désigne un réplicateur
indépendant de l’ADN et permettant de transmettre, en dehors donc de la voie génétique, une
unité d’information culturelle (idée, mode de pensée, savoir-faire, technique, habitudes,
traditions, us et coutumes…) qui se copie d’un cerveau vers un autre selon des processus
évolutionnistes ; ce sont surtout des apprentissages par imitation dans lesquels interviennent
les neurones miroirs. On est ainsi arrivé à ce paradoxe : les progrès dans les techniques
génétiques, dont le décryptage génomique, a mis un terme à l’idéologie du « tout génétique »
qui réduisait tout comportement, toute pathologie à l’expression d’un ou plusieurs gènes.
La neuroplasticité souligne donc le caractère obsolète du débat séculaire entre l’inné et
l’acquis. Charles Darwin fut le premier à le remarquer quand il dit que la sélection naturelle
ne peut se faire sans des variations spontanées de l’instinct : il définit l’adaptation comme un
dispositif permettant à la fois de saisir les occasions génétiques et de diriger le hasard vers des
voies compatibles avec la vie dans un milieu donné. L’empreinte perceptive, popularisée par
Konrad Lorenz, entérine cette obsolescence : la possibilité d’empreinte à la naissance qui se
traduit par un attachement profond et durable est innée car toutes les espèces évoluées
(certains poissons, les oiseaux et les mammifères la possèdent), mais l’attachement est une
acquisition dans la mesure où Lorenz s’est substitué à la mère naturelle des oisons. François
Jacob (Le jeu des possibles) fera, lui, de l’adaptation le résultat d’un dialogue permanent entre
les gènes et le milieu environnant, entre les facteurs biologiques et culturels.
La plasticité du SN s’organise ainsi à plusieurs niveaux : au cours du développement
de l’individu lors des premiers âges de la vie, mais aussi chez l’adulte. Elle concerne, de la
manière la plus visible, les comportements et leur malléabilité, mais également le niveau
structural du cerveau, notamment le cortex cérébral, siège des fonctions cognitives, qui a
l’aptitude à se modifier en fonction des diverses expériences vécues, et enfin le niveau
cellulaire et synaptique. D’où le plan (doc.1) : plasticité développementale (avec la notion de
période critique) ; plasticité comportementale chez l’adulte ; plasticité corticale ; plasticité
synaptique ; enfin, l’aspect clinique avec la plasticité réparatrice, c’est-à-dire la capacité
d’autoréparation du SN après lésions et les pistes thérapeutiques qu’elle promet dans la
médecine régénérative.