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point du cortex correspond à une stimulation d’une partie spécifique du corps. L’organisation
des cartes corticales est semblable chez tous les individus d’une espèce donnée. Elle est
surtout déterminée par des facteurs génétiques.
Afin de déterminer si un apprentissage peut modifier ces cartes corticales, des travaux ont
été réalisés sur des musiciens. Plusieurs études ont montré l’existence d’une réorganisation
corticale chez les musiciens ayant bénéficié d’un apprentissage musical intensif et de longue
durée. Ces études ont eu recours à la magnétoencéphalographie (= analyse des courants
magnétiques produits par le cortex). L’âge du début de l’apprentissage influence la plasticité
chez le musicien : plus l’apprentissage est précoce, plus le cerveau est plastique.
A la base, notre cerveau n’est pas équipé pour l’apprentissage de la lecture (pas de
prédisposition génétique) ; en outre, la pression sélective sur la lecture a longtemps été très
faible ; c’est pourquoi le cerveau ne s’est pas adapté (cf. Stanislas Dehaen : « Les neurones
de la lecture »). Une fois 4-5 ans, le cerveau gauche de l’enfant est prêt pour l’apprentissage
de la lecture : la petite aire qui traitait les visages jusqu’à 4-5 ans va devenir plastique pour
prendre en charge l’écriture et la lecture. A ce stade, quelques mois suffisent à
l’apprentissage. Par contre, apprendre à lire à des analphabètes est un processus très long,
car leur cerveau manque de spasticité puisqu’on a dépassé la fenêtre de plasticité.
Les neurophysiologistes ont une responsabilité éthique. Il est par exemple important que
ceux qui mettent des structures d’aide en place connaissent l’existence de ces fenêtres.
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Questions – Réponses
1. Pour améliorer la plasticité cérébrale d’une personne âgée, il faut entrainer le cerveau.
La motivation, le désir d’interaction et de stimulation sont des remèdes. Il faut entretenir
la réserve cognitive. L’important, c’est le nombre de cellules, pas les connexions.
2. En cas de nouvel apprentissage, une réorganisation des cellules a lieu. Au début de la
lecture, on a parfois des pseudo-dyslexies. En effet, le principe de codage de la vision
est la symétrie. Or, pour apprendre à lire, il faut abandonner la symétrie pour adopter la
dissymétrie (cf. « Les neurosciences cognitives à l’école » S. Dehaene). Une lecture
purement globale semble beaucoup moins efficace que la lecture analytique.
3. Certaines personnes ne sont pas physionomistes. Une adulte peut garder en mémoire 5
à 10 000 visages. Mais il existe de grandes différences individuelles, sans que ce soit lié
à des syndromes spécifiques.
4. Le bilinguisme précoce est très efficace ; cependant, à partir de 3 langues on constate
une confusion. Plus tard, un accent persistera.
5. Un AVC entraine plus ou moins de handicap en fonction de la localisation et de la
profondeur de la lésion, et de la récupération. Si l’adulte récupère, cela signifie que l’AVC
n’a pas détruit tout l’hémisphère. Il n’y a pas de cicatrisation, ni de nouvelles cellules. Il y
a eu des tentatives d’injections de cellules souches, mais la prolifération cellulaire est
difficile à contrôler ; or elle peut favoriser le développement de tumeurs.
6. Avec les jeunes enfants, il est essentiel de jouer avec les images, de leur apprendre à
coder des différences au niveau graphique et auditif, de mobiliser leur motricité, de
chanter avec eux.
7. Dans le ventre de sa mère, le système auditif est vite mature. L’enfant entend surtout la
prosodie de la voix de sa mère. Il est possible que le fait d’entendre de la musique soit
décodé par l’embryon.
8. La fenêtre de plasticité de l’attachement mère-enfant est très précoce.